Montpellier Comédie Club : laboratoire de talents au Macadam Pub

Tous les troisièmes mercredis du mois, le sous-sol du Macadam Pub s’anime à l’occasion du Montpellier Comédie Club (MCC). La quinzaine d’artistes présents ce soir-là fait ses derniers préparatifs. Le spectacle commence à 20h et dès 19h45, une foule importante s’amasse devant l’entrée. Ce sont majoritairement des jeunes, entre 20 et 30 ans. Pourtant, pas de publicité, pas de grandes pancartes, rien ne semble annoncer l’événement.

20h. le public descend l’escalier raide en métal qui mène à la cave. Les spectateurs payent l’entrée puis pénètrent dans cette pièce sombre, exiguë, aux murs en pierre et au plafond bas et voûté. Au fond de la salle, une petite scène avec un simple rideau noir. Les verres tintent. Un petit bar est accessible sur la gauche du public. On s’y accoude, on discute, on échange avec les artistes, histoire de se détendre avant le début du spectacle. Puis les lumières s’éteignent, la musique démarre, le MCC peut commencer.

Julien, à l’origine du projet et présentateur du soir, lance avec entrain : « Montpellier Comédie !? » Et le public de répondre: « Club ! ». « Le MCC, ça marche surtout par le bouche-à-oreille. C’est l’effet « Fight Club » : les gens entrent dans le bar, se demandent ce qu’il y a en bas et quand ils apprécient, ils en parlent à leurs potes » annonce Julien. « On a imprimé 5 000 flyers, on n’en a distribué que 200. […] Et ce soir je ne pouvais pas faire entrer tout le monde » rajoute-t-il.

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Julien (un autre) à la guitare, Mélie en slameuse, Momo et Jérôme en animateurs de centre de loisirs irresponsables, Benoît en conteur : il y en a pour tous les goûts. Les interventions durent environ cinq minutes, le rythme y est. Sur scène, on crie, on bouge, on se vanne et on communique avec la salle. Le ton est vif, caustique et poétique. Les jeux de mots pleuvent et le public apprécie. Les spectateurs se marrent, interviennent et répondent parfois aux artistes. « Dans une salle de spectacle, les gens s’assoient et se disent: «Allez, fais-moi rire ». Ici, tout le monde réagit, c’est cette proximité que j’aime » s’enthousiasme Julien.

Robin est conteur au MCC. Pas d’artifices. En deuxième partie du spectacle, il relate seul, d’une voix calme et posée, l’histoire d’un vizir malchanceux enfermé dans les geôles d’un Sultan. Plus aucun bruit dans la salle, seule la voix du conteur résonne dans le sous-sol du Macadam. « Le conte nous fait retourner en enfance, le public voyage. La différence avec le sketch, c’est qu’à la fin, le public ne nous dit pas « bravo » mais « merci » » confie-t-il. « Au MCC, on mêle différents arts et je pense que le public s’y retrouve » conclut-il.

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Le conteur ne fait pas si bien dire. Luc, étudiant, ressort du pub le sourire aux lèvres : « J’ai connu le MCC grâce à un de mes amis. Je m’attendais à n’avoir que de l’humour mais en fait on découvre beaucoup d’autres univers. En plus l’ambiance est vraiment intimiste, il y a un côté plus véritable de l’artiste. »

Rémy, gérant du Macadam, a tout de suite accepté la proposition de Julien de créer une scène ouverte à Montpellier. « J’étais persuadé que ça allait marcher […] Dès la première édition, ça a été un succès ». Le tenant du pub, à l’accent du Midi prononcé et à la carrure de handballeur ajoute : « Ca me permet de découvrir de nouveaux artistes et ça peut leur permettre de faire des plus grandes salles par la suite. »

Le MCC existe depuis maintenant trois ans et la salle du Macadam ne désemplit pas. La diversité des artistes et l’interaction avec le public font l’originalité de cette scène ouverte atypique. Comme le résume Pitta, slameur : « Le MCC, c’est un laboratoire. Les artistes se testent face à un public et le public vient tester de la nouveauté. »

Kill Me Please : le suicide vous va si bien

Dans les salles depuis mercredi, Kill Me Please est une comédie noire à petit budget dans la droite lignée de « C’est arrivé près de chez vous ». Réunissant la crème de l’humour belge, Bouli Lanners et Benoit Poelvoorde en tête, sa grande réussite est de rendre hilarant un thème pour le moins tabou : le suicide.

Dans sa luxueuse clinique perdue au beau milieu de la campagne, le docteur Krueger a un projet : il veut « donner un peu de décence au suicide ». Chez lui se pressent alors toutes sortes de personnages bizarres et dépressifs, du comédien désabusé au jeune homme qui a « envie de mourir depuis tout petit ». Le bon docteur, humaniste supposé, leur propose un « suicide médical assisté ». Pour couronner le tout, les futurs euthanasiés pourront voir se réaliser une dernière volonté, afin de les accompagner dans ce grand voyage qu’est la mort.
Ainsi le vieux monsieur Nora veut mettre fin à ses jours en culbutant une jeune étudiante, tandis que Mme Rachel, vieille chanteuse lyrique aux cordes vocales détraquées, désire mourir en chantant la Marseillaise. Seulement voilà, une suite d’évènements macabres viendra rappeler à nos prétendants au suicide que la mort est bien souvent brutale. On ne dirait pas comme ça, mais c’est très drôle.

Du sourire coincé au rire sardonique

Dans un noir et blanc au grain très esthétique, le film est ouvert par un Benoît Poelvoorde troublant dans son rôle de célébrité au fond du trou. Mais voilà, le docteur Krueger ne voit aucune raison de lui administrer son suicide. Son présupposé cancer n’existe pas, il est riche et semble populaire. Alors le comédien lui rétorque qu’il n’a « pas les couilles de suicider quelqu’un de connu ». Et l’on commence à se crisper. Un sourire gêné, puis un rire libérateur, presque sardonique. Et l’on ne s’arrête plus.
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Les situations surréalistes, les personnages tous plus dérangés les uns que les autres, une histoire qui vire à l’accès de folie générale jusqu’au massacre burlesque orchestré par les chasseurs du patelin d’à côté, tout concourt à faire du film une véritable comédie morbide.

Si le suicide n’a rien d’amusant en soi, le réalisateur Olias Barco a su l’aborder de façon loufoque, réussissant à donner à ses personnages un aspect furieusement comique. À l’aide de dialogues ciselés, la clinique devient le théâtre d’absurdités sans nom. Pour notre plus grand plaisir évidemment.

L’héritage de l’humoir noir made in Belgium

Difficile alors de ne pas faire le rapprochement avec C’est arrivé près de chez vous, film culte montrant le quotidien banal d’un serial killer, zigouilleur incontrôlable au cynisme débordant, campé par Benoit Poelvoorde. Long métrage dans lequel figurait Vincent Tavier, aujourd’hui producteur de… Kill Me Please. Spécialiste des grands films à petit budget (Calvaire, Altraa), ce dernier a créé La Parti Production, société qui œuvre pour un autre cinéma, hors des sentiers battus du divertissement grand public.
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Si le rire provoqué par Kill Me Please peut être gênant, tant la réalisation se rapproche du documentaire, le film est bien une farce jubilatoire où l’on se fout de la gueule de la mort. Et puis comme on ne le cite jamais assez, clamons avec Pierre Desproges : « Au reste, est-ce qu’elle se gêne, elle, la mort, pour se rire de nous ? Est-ce qu’elle ne pratique pas l’humour noir, elle, la mort ? »

Patrick Timsit : « Sarkozy est un collaborateur »

Le roi du politiquement incorrect, Patrick Timsit, est de retour avec son « One Man Stand-Up Show». Jeudi 15 avril, l’humoriste sera sur la scène du Palais des Congrès du Cap d’Agde pour le 7eme Festival d’humour. Revenant sur l’actualité, il fait la part belle aux polémiques et autre débat sur l’identité nationale.

Etes-vous heureux de venir présenter votre spectacle au Cap d’Agde ?

Oui, ce spectacle est toujours un plaisir à jouer. Je devais le présenter deux soirs à l’Olympia. Résultat : cela dure depuis deux ans et demi. Là, c’est la dernière tournée.

Vous le réadaptez au gré de l’actualité ?

Oui. Aujourd’hui, il n’a plus rien à voir avec celui joué à l’Olympia. En réalité, il n’a même plus de nom. A présent, je l’appelerai Décomplexé. A chaque retour de tournée, je ramène des pans entiers de spectacle. Avec Bruno Gaccio et Jean-François Halin, nous avons vraiment été inspiré.

Où puisez-vous votre inspiration ?

Le spectacle contient tout ce dont j’ai envie de parler : mes colères, mes doutes, ma vie… C’est un échantillon de mon quotidien : le couple, le non-couple, la famille, la mort, la vie, la religion, le racisme, les voyages… le Cap d’Agde !

Un sujet comme le débat sur l’identité nationale, ça vous inspire ?

Je l’évoque dans un sketch sur le match France-Irlande. De nos jours, on est décomplexé : on n’hésite pas à parler des étrangers, des Auvergnats et d’identité nationale. Alors, pourquoi se prendre la tête ? On marque un but de la main, pas de quoi avoir honte : on a gagné ! Vive la France !

Selon Stéphane Guillon, Sarkozy est le meilleur client qui soit. C’est vrai ?

Absolument. Il dit une chose le matin, on peut la mettre à coup sûr dans le spectacle le soir, telle quelle. C’est carrément un collaborateur, un auteur qui ne nous prend aucun droit d’auteur.

Un mot sur la polémique Eric Zemmour ?

Lorsqu’il dit que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, ce n’est pas exact. Si les chiffres lui donnent raison, la réalité non. En vérité, s’ils sont plus souvent arrêtés, c’est qu’au faciès, ce sont eux qui sont les plus contrôlés. Cette polémique est un faux débat.

Et concernant la polémique Guillon/Besson ?

Eric Besson a le droit de ne pas trouver drôle la caricature de Guillon et de lui répondre. Par contre, que Jean-Luc Hees, président de Radio France présente des excuses, c’est pas possible. Cela veut dire qu’il a le cul entre deux chaises et qu’il est tenu par le pouvoir.

Les comiques n’ont jamais autant eu la parole que de nos jours. Pourtant, il n’y a jamais eu autant de procédures contre eux. Il y a une vraie volonté de nous contrôler. C’est ça qui fait peur

Recueilli par Julie DERACHE

Philippe Gildas, 50 ans de journalisme et d’humour

«Comment réussir à la télévision quand on est petit, breton, avec de grandes oreilles ?» Avec humour et maintes anecdotes, Philippe Gildas nous livre une belle autobiographie. Il est ce jour, 14 avril, l’invité de la librairie Sauramps Odyssée où il se livrera à une séance de dédicace dès 15h, suivie d’une rencontre à 17h. Ce grand bavard répond aux questions des journalistes de demain.

Pour François Morel aussi, Stéphane Guillon a la grosse tête

En spectacle à Montpellier fin novembre, le journaliste et humoriste Didier Porte avait confié à la caméra de Hautcourant son agacement de voir Stéphane Guillon se prendre la « grosse tête ». Et recadré son petit camarade. Interview qui a crée un gros buzz dans le microcosme médiatique. Vendredi 4 décembre, c’est François Morel qui est revenu dans sa chronique de la matinale sur cette polémique, recadrant Guillon

Plus de 100 000 connexions directes et indirectes dix jours après la mise en ligne de la vidéo ! L’interview de Didier Porte réalisée par hautcourant (A LIRE : http://www.hautcourant.com/Quand-Didier-Porte-s-en-prend-a-l,902) a semé la panique dans le petit monde feutré des chroniqueurs et humoristes politiques, et a alimenté le mundillo médiatico-médiatique pendant plusieurs jours, de nombreux site reprenant l’information dont Rue89 (A LIRE : http://www.rue89.com/2009/11/27/france-inter-assaut-damabilites-entre-humoristes-du-matin-127738)
Lassé que le talentueux Stéphane Guillon, hypermédiatisé depuis une chronique sur les affres de la vie privée de Dominique Strauss-Kahn, soit considéré comme le dernier impertinent face au rouleau-compresseur médiatique sarkozyste, l’ancien journaliste de Culture Pub, chroniqueur à France Inter depuis plus de dix ans au Fou du Roi et le jeudi matin dans la matinale de Nicolas Demorand, a brisé le tabou en appelant son confrère à un peu plus de confraternité. Certes, Guillon est (très) bon, mais il n’est pas le premier à utiliser l’humour comme arme politique. D’autant qu’avant sa mise en avant dans la matinale grâce à l’ancien directeur de France Inter Frederic Schlesinger, Stéphane Guillon maniait peu la satire politique et était même d’une relative ignorance en ce domaine. Ce qu’ont rappelé les observateurs qui ont relayé l’affaire sortie par les étudiants du Master de journalisme de Montpellier 1 (A LIRE : http://www.lepost.fr/article/2009/11/27/1812143_didier-porte-l-anti-sarkozysme-de-guillon-est-de-pure-circonstance.html#xtor=RSS-37)
L’histoire aurait pu en rester là. La direction de France Inter se gardant bien de s’en mêler et Stéphane Guillon n’allant pas, au grand dam du Nouvel Obs (http://teleobs.nouvelobs.com/rubriques/vite-vu/articles/didier-porte-recadre-stephane-guillon) jusqu’à répondre sur les ondres de France Inter à Didier Porte.
Alors qu’on pensait l’affaire close, c’est François Morel qui a remis une couche vendredi 4 décembre 2009, dans sa chronique hebdomadaire de 7h55 (VOIR LA VIDEO : http://www.dailymotion.com/video/k5S9ur4xL7qoXn1i9SV). Faisant référence à une déclaration boursouflée de Guillon qui avait affirmé sur Canal + que les politiques n’osaient plus venir à France Inter le jour où lui y était de peur d’être éreintés, le « gentil » Morel a attaqué sa chronique par un « Vous avez remarqué le soulagement des gens du pouvoir ? (..) Ca fait deux jours que Stéphane Guillon, celui dont la verve risque de déstabiliser la République, n’est pas à l’antenne ! ». Pour enchainer que le jeudi et vendredi ce sont « les couilles molles » Porte et lui-même qui sont à l’antenne, pâles épouvantails selon les propos de Guillon. En trois minutes, François Morel a remis les choses en place, raillant la suffisance de celui qui a pris la grosse tête et appelant à d’autres polémiques. Car qui sont les vrais pourfendeurs du pouvoir, des pouvoirs ? Les Demorand, Legrand, Guetta comme le pensent Morel et Porte ? Ou les Guillon comme le sous-entend Guillon ? Peut-être les deux. Le mot de la fin revient cependant à François Morel dans la conclusion de sa chronique : « Un rigolo qui se prend pour sa statue c’est aussi drôle qu’André Santini qui se prend pour le nouveau Coluche ».

« Que ceux qui ont des enfants normaux restent à leur place »

Jean Louis Fournier était mardi soir à la médiathèque Emile Zola de Montpellier. Il y présentait son dernier ouvrage, « Où on va, Papa? », le récit autobiographique d’un père d’enfants handicapés.

« Je me demande, docteur, si mes enfants sont totalement normaux ». Dans ses pieds, deux « oiseaux ébouriffés » qui gazouillent, piaillent, et se griffent, la dizaine d’années à peine passée. Mathieu et Thomas. Ses deux fils handicapés, « des enfants pas comme les autres ». C’est un peu sa spécialité à Jean Louis Fournier, cet auteur aux livres pas comme les autres : « Ca laisse le bénéfice du doute ». Le ton sarcastique, parfois dur quand il n’est pas amer, de son dernier roman « Où on va, papa ? » lui a valu le prix Femina 2008 et le globe Crystal 2009. En bonus, un moment en compagnie des montpelliérains de la médiathèque Emile Zola un soir de mardi 2 Février.

Deux naissances, deux miracles à l’envers

20090203-20090203-DSC_0043.jpgA l’initiative de la librairie Sauramps, ce père de trois enfants, dont deux garçons handicapés, est étrangement venu parler plus de lui que de son dernier livre paru au éditions Stock en fin d’année. La salle est comble, la lumière chaleureuse, les têtes sont grises. Une main sous le menton, les lectrices de Jean Louis Fournier ont la posture de femmes concernées.
Jean Louis se raconte. La veille, il était au Lido. Pour y recevoir son « truc », le Globe Crystal Roman&Essai, décerné par un jury de plus de 4000 journalistes. Parler d’handicaps dans un lieu symbole de beauté et de réussite, « c’est assez insolite » ironise l’intéressé, les yeux encore pétillants. Parce que, «voyez vous, les danseuses du Lido c’est pas vraiment des handicapés, plutôt des chefs d’œuvre de la nature.»

« Deux miracles à l’envers » en deux ans, Jean Louis Fournier a connu l’enfer. Dans « Où on va, papa ?», le père et narrateur alterne confessions et moments partagés. Il a la voix sans timbre de ceux qui ont tout vécu. Des moments de folie où Thomas, 7 ans, tente d’enfiler sans succès son pull par le chas de l’aiguille, aux visites à l’institut, où parmi des adultes qui ne seront jamais que de vieux enfants, son fils tarde à le reconnaître. « Où on va, papa ? », ce refrain qui tournait en boucle à l’arrière de la Camaro lors des échappées du dimanche, Jean Louis Fournier ne l’entend plus. « Mon fils n’a plus envie d’aller nulle part » confie ce vieil écorché qui fait semblant d’être méchant.

La vierge Marie aux WC

Le rire agit sur lui comme un antidépresseur, un antalgique qu’il injecte dans sa vie et dont il repeint ses pages. « J’ai tendance à voir l’insolite des situations, du drôle dans le drame, un peu comme les enfants. » Le cartable au dos, Jean Louis Fournier mettait déjà son hygiène artistique au service de la paroisse locale. Ainsi l’effigie de Marie la Sainte a-t-elle participé à une expérience esthétique qui l’a vue passer du bénitier aux sacrosaints doubles WC.
« La reproduction n’était pas digne d’elle » rétorquera le bon samaritain au chanoine venu lui remonter les bretelles et médire auprès de la mère Fournier «ce gamin on en fera jamais rien ». Fort d’une vingtaine d’ouvrages à son actif, dont une collaboration prolifique avec l’humoriste Pierre Desproges, le petit garnement a défié les pronostics. Une dent tout de même contre celui qui n’aura pas su reconnaître son talent : « ce chanoine, j’espère qu’il est mort depuis longtemps et qu’il est bien en enfer !»

20090203-20090203-DSC_0041-2.jpg Le regard des autres, Jean Louis Fournier sait s’en passer. Pour ce qui est de leur pitié, il préfère faire sans. Les gens compatissants lui font horreur, la faute à des problèmes de transpiration : « Ils ont toujours la main moite lorsqu’ils la posent sur vous. Que ceux qui ont des enfants normaux restent à leur place et nous laissent tranquilles. » Son amour, Jean Louis Fournier le réserve à ses lecteurs. Bien qu’il espère mettre à l’aise la société avec ses moins chanceux, il croit encore en l’humanité tant « qu’elle achète son livre ». Pour ça, pas de pénuries à l’horizon. L’une après l’autre, les auditrices présentent pieusement leur exemplaire du dernier Fournier à la dédicace. Bon seigneur, Jean Louis rend l’hommage : « Mesdames je vous adore, ce n’est pas grâce à vos maris que je vends, c’est grâce à vous, continuez ! »

« Que ceux qui ont des enfants normaux restent à leur place »

Jean Louis Fournier était mardi soir à la médiathèque Emile Zola de Montpellier. Il y présentait son dernier ouvrage, « Où on va, Papa? », le récit autobiographique d’un père d’enfants handicapés.

« Je me demande, docteur, si mes enfants sont totalement normaux ». Dans ses pieds, deux « oiseaux ébouriffés » qui gazouillent, piaillent, et se griffent, la dizaine d’années à peine passée. Mathieu et Thomas. Ses deux fils handicapés, « des enfants pas comme les autres ». C’est un peu sa spécialité à Jean Louis Fournier, cet auteur aux livres pas comme les autres : « Ca laisse le bénéfice du doute ». Le ton sarcastique, parfois dur quand il n’est pas amer, de son dernier roman « Où on va, papa ? » lui a valu le prix Femina 2008 et le globe Crystal 2009. En bonus, un moment en compagnie des montpelliérains de la médiathèque Emile Zola un soir de mardi 2 Février.

Deux naissances, deux miracles à l’envers

20090203-20090203-DSC_0043.jpgA l’initiative de la librairie Sauramps, ce père de trois enfants, dont deux garçons handicapés, est étrangement venu parler plus de lui que de son dernier livre paru au éditions Stock en fin d’année. La salle est comble, la lumière chaleureuse, les têtes sont grises. Une main sous le menton, les lectrices de Jean Louis Fournier ont la posture de femmes concernées.
Jean Louis se raconte. La veille, il était au Lido. Pour y recevoir son « truc », le Globe Crystal Roman&Essai, décerné par un jury de plus de 4000 journalistes. Parler d’handicaps dans un lieu symbole de beauté et de réussite, « c’est assez insolite » ironise l’intéressé, les yeux encore pétillants. Parce que, «voyez vous, les danseuses du Lido c’est pas vraiment des handicapés, plutôt des chefs d’œuvre de la nature.»

« Deux miracles à l’envers » en deux ans, Jean Louis Fournier a connu l’enfer. Dans « Où on va, papa ?», le père et narrateur alterne confessions et moments partagés. Il a la voix sans timbre de ceux qui ont tout vécu. Des moments de folie où Thomas, 7 ans, tente d’enfiler sans succès son pull par le chas de l’aiguille, aux visites à l’institut, où parmi des adultes qui ne seront jamais que de vieux enfants, son fils tarde à le reconnaître. « Où on va, papa ? », ce refrain qui tournait en boucle à l’arrière de la Camaro lors des échappées du dimanche, Jean Louis Fournier ne l’entend plus. « Mon fils n’a plus envie d’aller nulle part » confie ce vieil écorché qui fait semblant d’être méchant.

La vierge Marie aux WC

Le rire agit sur lui comme un antidépresseur, un antalgique qu’il injecte dans sa vie et dont il repeint ses pages. « J’ai tendance à voir l’insolite des situations, du drôle dans le drame, un peu comme les enfants. » Le cartable au dos, Jean Louis Fournier mettait déjà son hygiène artistique au service de la paroisse locale. Ainsi l’effigie de Marie la Sainte a-t-elle participé à une expérience esthétique qui l’a vue passer du bénitier aux sacrosaints doubles WC.
« La reproduction n’était pas digne d’elle » rétorquera le bon samaritain au chanoine venu lui remonter les bretelles et médire auprès de la mère Fournier «ce gamin on en fera jamais rien ». Fort d’une vingtaine d’ouvrages à son actif, dont une collaboration prolifique avec l’humoriste Pierre Desproges, le petit garnement a défié les pronostics. Une dent tout de même contre celui qui n’aura pas su reconnaître son talent : « ce chanoine, j’espère qu’il est mort depuis longtemps et qu’il est bien en enfer !»

20090203-20090203-DSC_0041-2.jpg Le regard des autres, Jean Louis Fournier sait s’en passer. Pour ce qui est de leur pitié, il préfère faire sans. Les gens compatissants lui font horreur, la faute à des problèmes de transpiration : « Ils ont toujours la main moite lorsqu’ils la posent sur vous. Que ceux qui ont des enfants normaux restent à leur place et nous laissent tranquilles. » Son amour, Jean Louis Fournier le réserve à ses lecteurs. Bien qu’il espère mettre à l’aise la société avec ses moins chanceux, il croit encore en l’humanité tant « qu’elle achète son livre ». Pour ça, pas de pénuries à l’horizon. L’une après l’autre, les auditrices présentent pieusement leur exemplaire du dernier Fournier à la dédicace. Bon seigneur, Jean Louis rend l’hommage : « Mesdames je vous adore, ce n’est pas grâce à vos maris que je vends, c’est grâce à vous, continuez ! »

Montpellier fête la culture en 2009

Montpellier n’est pas Paris. Si « Tout Paris » il y a, tout n’est pas à Montpellier. Mais dans la capitale du Languedoc, dans cette cité à la vie douce et au soleil généreux, une culture, modeste mais altruiste, tend à se développer. En 2009, concerts, exercices scéniques et festivals alimenteront les lieux culturels de la ville, du Kawa Théâtre à l’Esplanade du Corum en passant par le Rockstore, donnant corps et âme à une ville qui aime se nourrir de culture.

Concerts : Lenny Kravitz et Indochine en tête d’affiche

En tournée pour « It’s time for a love revolution« , Lenny Kravitz (photo) sera l’atout majeur du Zénith de Montpellier et se produira, lui et ses ray-ban, le 28 avril sur la scène de Grammont. LENNY_KRAVITZ.jpg Dans le domaine étranger, Montpellier nous réserve d’ailleurs quelques belles surprises : Ayo (18 janvier au Corum, soul-funk-reggae allemand) Fall Out Boy (14 mars au Zénith, pop-punk-rock américain) et Ska-p (27 mai au Zénith, ska-punk-rock festif espagnol). Côté français, hormis Indochine (16 novembre au Zénith) qui s’affiche un peu partout en France, citons sans ordre de talent Julien Clerc (28 janvier, Zénith), Gojira (6 février, Rockstore), Debout sur le zinc (11 février, Rockstore), Patrice (21 février, Rockstore), Erik Truffaz (26 février, J.A.M), La Ruda (26 mars, l’Antirouille), Benabar (27 mars, Zénith), La chanson du dimanche (2 avril, Rockstore) Fatal Picards (24 avril, Rockstore), Babylon Circus (1er mai, Rockstore), Tryo (2 mai, Zénith), Thomac Dutronc (16 mai, Zénith) et Superbus (3 décembre, Zénith).

Exercices scéniques : du rire, des larmes… sans Dieudonné

Encore une fois, les théâtres de Montpellier afficheront des programmes riches et variés : « De Gaulle en mai » (du 20 au 24 janvier au Théâtre des Treize Vents), « Le clan des divorcés » (le 30 janvier à la Salle bleue), « Vive Bouchon » ( jusqu’au 28 février au Kawa Théâtre), ou encore « Les hommes viennent de Mars et les femmes de viennent de Venus » ( le 19 mai au Corum). Côté humour, Montpellier attire les meilleurs one-man-show du moment : Nicolas Canteloup (25 mars, Zénith), Franck Dubosc (28 mars, Zénith), Valérie Lemercier (31 mars, Zénith, photo) et Gad Elmaleh (10 et 11 décembre, Zénith). lemercidr.jpg Du rire pour 2009 donc, et non du négationnisme refoulé. Montpellier vient en effet de nous gratifier de sa première (bonne) résolution de l’année : déprogrammer Dieudonné, trublion médiatique inintéressant, du Kawa. Une décision qui fait date, et qui inscrit la ville comme une âpre défenseur du devoir de mémoire.

Festivals : la culture sous toutes ses formes

Chaque année, Montpellier met en exergue ses festivals pour une diversité et une densité exceptionnelle : cinéma (Festival chrétien du cinéma en février, Festival ciné Montpellier en mars, Cinéma sous les étoiles en août, Festival cinéma méditerranéen en octobre), sport (Montpellier danse en juin-juillet, Battle of the year en avril, Festival international des sports extrêmes – FISE – en mai) ou encore musique (Festival de Radio France en juillet, Electromind en juillet, Les internationales de la guitare en septembre). A ceci s’ajoutent les manifestations culturelles suivantes : Printemps des poètes en mars, Comédie du Livre en mai et Quartiers Libres en septembre qui dynamisent et étayent la vitalité culturelle de la ville.

Programmation Rockstore
Programmation Kawa Théâtre
Programmation Théâtre des Treize Vents
Programmation Opéras Montpellier
Programmation Musée Fabre

Un polar plus blanc que noir

Film réalisé par Samuel Benchetrit
Avec Anna Mouglalis, Edouard Baer, Jean Rochefort, Alain Bashung, Arno
France, 2007, 1h48

Une cafétéria vide et son parking désert au bord de la Nationale 17. Quatre histoires se croisent et se recoupent sur ce décor filmé en noir et blanc. Pas de quoi faire rêver.
Des rêves, les personnages n’en n’ont plus qu’un : devenir un gangster, un vrai, comme on en voit au cinéma. Un braqueur désarmé que personne ne craint, deux papas gâteau fauchés qui kidnappent une ado suicidaire, une rencontre inattendue entre des artistes passés de mode. Le bouquet final ? Une bande de papys flingueurs qui n’y voient plus grand-chose sans leur paire de lunettes à triple foyer. Le tout accompagné d’une bande originale qui passe de Schubert à Bob Marley. Autant prévenir tout de suite, il s’agit d’un genre hétéroclite.

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Après Janis et John en 2003, Samuel Benchetrit signe son deuxième long métrage avec un casting alléchant. Le titre de l’oeuvre en dit déjà long. J’ai toujours rêvé d’être un gangster révèle l’échec de ne pas devenir ce qu’on aurait espéré. Les héros du film sont des losers comiques, acteurs de situations complètement absurdes.
Nostalgique du cinéma d’antan, le réalisateur empreinte au septième art des années 1920’s ses saynètes burlesques : dans un intermède muet, Anna Mouglalis suit les traces de Charlie Chaplin avec brio dans une pantomime gracieuse. Ces gangsters à six sous ont tous une gueule, une fausse prestance empreintée aux vrais durs des grands polars américains. Quant à l’influence de Tarantino, elle ressort notamment à travers le découpage du scénario en chapitre, comme c’était le cas dans Kill Bill.
La caméra ne se presse pas, elle s’attarde sur chaque personnage. Pas de zapping possible. Certains moments semblent un peu longs, comme pour marquer un temps d’arrêt. Finalement, c’est assez reposant.
Présente dans la majeure partie des histoires, la serveuse Susie, interprétée par Anna Mouglalis, règne dans ce monde d’hommes un flingue dans la botte. Plantée au milieu de nulle part, sa cafet’ ressemble à un saloon. Avec de faux gangsters.