Elections Régionales : les tracts en revue

A quelques jours du premier tour de ces régionales de mars 2010, la population a enfin reçu les tracts des partis politiques et coalitions en lice. Les meilleurs spécialistes de Haut Courant ont bien évidemment sauté sur l’occasion pour analyser, comparer et classer ces différents flyers.

En Languedoc-Roussillon, ce sont donc onze tracts et presque autant de bulletins de vote qui ont été envoyés à chaque électeur. Au cas par cas, les politologues de Haut Courant ont décortiqué, étudié, lu et relu ces tracts, avant de les passer au rayon X, afin bien entendu, d’établir un classement.

«Oui je suis révolté !»

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Christian JeanJean est révolté. Il nous le dit longuement, en colonne, en ligne, avec des petits tirets, en noir, en blanc, en jaune, sur fond bleu, blanc, rose ou vert.
Sur le recto, le candidat de l’Union Républicaine Populaire nous présente son CV, la liste des partis et mouvements qui le soutiennent, les raisons qui le poussent à être «révolté», mais aussi le pourquoi du comment il est «serein est déterminé».
Au verso, il présente son programme dans six cadres prenant la forme de cartes à jouer : développement économique, enseignement et formation, aménagement durable, tourisme, santé et nature et enfin culture régionale.
Au final, on a l’impression que le tract part dans tous les sens. Sans oublier les caractères en jaune. Avec un tract comme ça, on comprend que le pauvre Christian JeanJean soit révolté.

Les + :

  La croix de Lorraine

Les – :

  Trop brouillon

  Abime les yeux

La note Haut Courant : 3/10

«Le monde du travail a les moyens de se défendre»

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Le second tract à être passé à la loupe de HautCourant est celui de la liste Lutte Ouvrière, conduite par Liberto Plana.
Schéma de couleur très simple (caractères en noir sur du blanc ou du jaune pâle), aucune icône, aucune touche graphique, rien, si ce n’est une photo de Liberto Plana.
Le tract se résume plus ou moins à un pamphlet contre le grand patronat (le terme revient sept fois), les banques et les banquiers (dix fois), les actionnaires (quatre fois) et le gouvernement (quatre fois également) sur une page recto-verso.
Le problème, c’est que tout ça n’est pas très excitant. La révolution et «faire rendre gorge» au grand patronat, oui, mais pas sans dessin de poings levés, pas sans étoile rouge ou portrait du Che.

Les + :

  La Révolution

  Que du texte

Les – :

  Pas très glamour

  Que du texte

La note Haut Courant : 4/10

«La Région – La France – La Vie»

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Vient ensuite le tract de La Maison de la Vie et des Libertés, dirigée par Jean-Claude Martinez, dissident du FN.
Au contraire du tract de l’Union Républicaine Populaire, celui de la MVL et plus carré. Sur le recto, outre une photo de Jean-Claude Martinez et de quelques membres présents sur les listes, se trouve un rapide résumé du cursus du leader («JCM qui est-il ?»). Avec quelques charmantes et désuètes touches en occitan («Amics d’aqui Estimat amics») toujours utiles pour flatter la culture locale, «JCM» nous présente ses grandes idées pour «la vie» (le terme est utilisé onze fois sur le tract), notamment la création d’une «Alliance de civilisation Europe – Amérique latine».
Au recto, le programme est présenté en trois points : «protéger nos racines», «ouvrir nos ailes» et «embellir nos vies». On retrouve plusieurs cris de ralliement de l’extrême-droite : maintien de l’identité, préservation de la langue d’Oc et Catalane, sauvegarde du patrimoine agricole, ainsi que (plus étrange) la nécessité de faire la lumière sur les disparus d’Oran du 5 juillet 1962.
Mais là où «JCM» fait fort, c’est dans la conclusion de son appel aux électeurs : puisqu’il affirme qu’il peut leur «dire la vérité, [leur] montrer le chemin et [les] conduire à la solution». Nul doute que les languedociens sont maintenant rassurés.

Les + :

  L’occitan ça en jette

  Bonne présentation

Les – :

  Le curé n’aime pas la concurrence

  Où est la rhétorique provie ?

La note Haut Courant : 6/10

«Uniquement pour vous»

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Encore une fois, Georges Frêche fait dans l’originalité. Le tract de la liste «Tous pour le Languedoc-Roussillon avec Georges Frêche» est le seul à ne pas offrir une photo de son leader.
Et à vrai dire, le tract ne présente rien du tout. Quelques photos montrant un Languedoc-Roussillon où tout le monde rigole, une adresse internet et six formules qui veulent tout et rien dire à la fois au verso de la page. «Un destin pour chacun», «restons nous même», etc. Le tout sur un fond brun uni et sobre.
Le président de Région sortant avait annoncé qu’il n’avait pas besoin de faire campagne. C’est clairement ce qui ressort de ce tract. Mais les électeurs qui ne font pas encore partie de son fan club risquent d’être un peu déroutés.

Les + :

  La provoc’, toujours la provoc’

  Se lit vite

Les – :

  Et sinon, le programme, c’est quoi ?

  Un destin pour le cœur économique agréable n’a pas de rides

La note Haut Courant : 6/10

«Râler c’est bien… Voter c’est mieux !»

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C’est un Jean-Marie Le Pen bronzé, souriant et rajeuni de 15 ans qui appelle à voter Front National aux élections régionales. On en oublierait presque de voter France … Jamet, tant la tête de liste de l’Hérault est éclipsée par la figure du leader du parti.
Le verso est quand à lui plus évocateur. Un dessin humoristique représente un individu visiblement stressé. Il a de quoi, puisque ses enfants et ses parents sont agressés, que sa voiture brûle, qu’il ne se sent plus chez lui et que son emploi, son salaire et sa retraite sont sacrifiés à la mondialisation par l’état UMP et les régions PS, PC et Verts.
Il ne lui reste qu’une solution : Voter Front National. Il redressera du même coup l’école, retrouvera la fraternité et établira la justice fiscale. On en oublierait presque les propositions régionales déclinées sur un fond bleu un peu pâlichon.
Bref, le tract FN joue sur le national autant que sur le régional, et assume. En même temps, le parti ne s’appelle pas le Front Languedocien, donc ça passe pour cette fois.

Les + :

  Le dessin

  Le général nous regarde depuis Paris

Les – :

  Où est la voix de (la) France ?

La note Haut Courant : 6/10

«L’écologie vue d’ici»

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Le tract de l’Alliance Écologiste Indépendante de Patrice Drevet se démarque de la majorité des autres tracts par l’absence d’une quelconque déclaration aux électeurs. Et non, pas de petit paragraphe signé par l’ancienne star nationale de la météo, juste une liste d’engagements expliqués en détails au verso du tract.
Sans surprise, tout tourne autour de l’écologie. Sans surprise toujours, le vert est la couleur dominante (pourquoi est-ce que les écologistes n’ont pas décidé de s’appeler « les gris » ou « les bleus turquoises » ? La question est posée).
Mais ce qui retient l’électeur potentiel, c’est surtout la photo de Patrice Drevet. L’homme qui décidait du temps qu’il ferait dans notre beau pays se tient là devant un étang, l’air sérieux mais serein. Derrière lui, une petite fille et un buisson. L’image s’imprime dans les esprits : « Patrice Drevet, la force tranquille, l’homme qui va protéger nos enfants, nos étangs et nos buissons ». Osana messire!

Les + :

  Patrice Drevet, ce héros

  Beau panorama

Les – :

  L’écologie sans Dany, c’est un peu comme le pain sans fromage

La note Haut Courant : 6/10

«Changer en Languedoc-Roussillon, c’est possible !»

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Difficile travail que de parler du tract de Raymond Couderc (UMP et associés). Au-delà du contenu qui a de forts airs de déjà-vu (réduire le chômage, faire de la région un pôle d’excellence international, etc), la forme est également très classique.
Beaucoup de bleu (UMP oblige), une photo de Raymond Courderc, le nom des différentes têtes de liste et un engagement au recto, ainsi qu’un programme (en trois points) au verso. Rien à redire. C’est propre, c’est clair, et c’est un peu ennuyeux. Petite particularité : le tract de Raymond Couderc est le seul qui se lise horizontalement et pas verticalement. Il est important de le souligner.
À la rigueur, il serait possible de se moquer de la photo sur laquelle une centaine de personnes se retrouve en rang d’oignons autour du maire de Béziers, mais ça serait de la mauvaise foi. Seul petit espoir : souligner que la liste UMP est la seule liste issue d’un grand parti national qui ne fasse pas appel aux caciques parisiens. Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Les + :

  Bonne présentation

Les – :

  Ça manque un peu de punch

La note Haut Courant : 7/10

«À Gauche maintenant !»

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La rose. N’est-ce pas là l’emblème du parti socialiste ? C’est ce qui marque d’emblée sur le flyer de «À Gauche maintenant !». Pour l’électeur inattentif qui ne connaitrait pas la tête de liste René Revol, une piqure de rappel lui indique que sa liste est soutenue par Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot et Marie-Georges Buffet.
Ce même électeur distrait ne mettra également pas longtemps pour voir que René Revol s’adresse à lui sous la forme d’une lettre (avec introduction en «Madame, monsieur») et pour qu’il ne loupe rien, le plus important à retenir est souligné en jaune notamment les transports collectifs gratuits. Ça permet de passer toutes ces longues lignes de texte inutiles pour aller directement à l’essentiel.
Au verso sont développées les propositions de la liste sur trois volets distincts : «Urgence sociale», «Urgence démocratique» et «Urgence écologique». Bref, c’est vraiment l’urgence.

Les + :

  Affichage clair du candidat et des propositions

Les – :

 La rose, c’est original comme symbole

La note Haut Courant : 7/10

«L’écologie c’est maintenant !»

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Du bleu on passe au vert. Et du vert il y en a beaucoup sur le tract de la liste Europe Ecologie (ce n’est qu’une demi-surprise). Mais là encore, globalement, pas grand-chose à dire.
Une déclaration aux électeurs au recto, et «7 raisons de voter pour Europe Ecologie» au verso. A côté des fameuses sept raisons, une photo des stars du parti : Eva Joly, José Bové, Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit. Ces derniers expriment leur soutien à Jean-Louis Roumégas, qui a toute leur confiance pour «faire mieux et autrement à la tête de la Région». Un cynique répondrait « encore heureux ».
Sinon, et bien on remarque que tout le monde sourit chez Europe Ecologie. Et encore, sourire est un euphémisme : José Bové et « Dany » ont l’air de s’éclater. Non, vraiment, chez Europe Ecologie, qu’est-ce qu’on déconne.

Les + :

  Ils sont vraiment sympas chez Europe Ecologie

Les – :

  Un peu de sérieux les gars

La note Haut Courant : 8/10

«Retrouvons nos valeurs»

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Hop, on retrouve la rose, la vraie, estampillée PS. Pour signaler son attachement à la vraie gauche, la gauche des valeurs, sociale et progressiste, Hélène Mandroux décide d’utiliser autant que faire se peut le rouge. Mais un rouge plus pâle que celui de «À Gauche maintenant !». Un rouge socialiste, presque rose mais pas complétement.
Ceci dit, le tract du PS est loin d’être folichon à première vue : déclaration d’intention accompagnée d’une photo de la maire de Montpellier et des autres têtes de liste au recto, programme en quatre points au verso (sous forme de questions/réponses)… On reste dans le «classique mais efficace».
Là où le Parti Socialiste tente de faire la différence, c’est par la liste de ses soutiens. Et oui, au PS, c’est un peu comme chez Haut Courant, il y a des grosses signatures : Robert Badinter, Bertrand Delanoë, Arnaud Montebourg, André Vézinhet, Martine Aubry, Georges Semprun et Gérard Saumade. Non, clairement le FN et Europe Écologie peuvent aller se rhabiller. Ils ne font pas le poids.

Les + :

  Le PS pour l’abolition de la peine de mort

 Le PS contre Franco

Les – :

  Ils s’y croient un peu quand même

La note Haut Courant : 8/10

«Maitres chez nous»

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Voila sans conteste le tract qui remporte le titre de « meilleur tract politique régional » cette année. Pourquoi ? Et bien d’abord, parce que le symbole de la Ligue du Midi est un chevalier. En quoi un chevalier médiéval représenterait-il le Midi ? Est-ce un cathare ? Un templier ? Aucune idée, mais c’est la classe, et il fallait oser.
L’essentiel du programme de la Ligue du Midi est expliqué au verso du tract. Quatre points principaux : «Réformer la fiscalité/fusionner les collectivités», «Défendre l’Environnement/Relocaliser l’économie», «Combattre l’insécurité» et «Promouvoir l’identité». Le tout avec une citation de De Gaulle. La Ligue entend entre autre instaurer un délit d’activités «anti-identitaires» et «criminaliser les complices» des «clandestins et des délinquants étrangers». Tout un programme.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est cette image de Richard Roudier. Les mains sur les hanches, le leader de la Ligue du Midi adresse au lecteur un sourire enthousiaste. Parce que oui, dans les ligues identitaires de la droite-extrême, et bien on rigole aussi – parfois.

Les + :

  Le chevalier

  La franche rigolade

Les – :

  Le tract a un peu plus d’un siècle de retard

  Pas de référence au catharisme de nos ancêtres ou au complot judéo-maçonnique

La note Haut Courant : 9/10

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Christian Jeanjean 100% gagnant sur Facebook

La communication du candidat URP (Union Républicaine Populaire- Divers droite) Christian Jeanjean révèle les hautes ambitions d’une liste peu présente dans les sondages. Crédité de 4% des suffrages aux prochaines régionales, le maire de Palavas-les-Flots a été pourtant l’un des premiers languedociens à lancer sa campagne sur Internet.

Facebook

En quarante-sixième place du top 100 des personnalités politiques sur Facebook, Christian Jeanjean se targue d’être le premier élu régional de ce classement. Avec 2091 fans sur son profil, le Palavasien dépasse de loin son rival Raymond Couderc, candidat investi de l’UMP, qui plafonne à 1100 fans. A gauche, Georges Frêche totalise 1269 supporters. Plus étonnant encore, l’ancien député de l’Hérault dépasse aisément certains pontes de la politique nationale, tels que Martine Aubry, Marielle de Sarnez et Bernard Kouchner, bon dernier de ce palmarès. La page, créée dès 2008, témoigne de la volonté de Jeanjean d’asseoir sa candidature à la tête de la région.

Entré en dissidence avec le parti présidentiel, l’homme se sert de cet outil pour entretenir son réseau de fidèles, en actualisant quasi-quotidiennement ses informations. Sur ce profil, les récits de ses déplacements par la presse locale cohabitent avec les articles sur les régionales et la reprise d’enjeux nationaux. Son intérêt pour les problématiques sociales du Languedoc-Roussillon y est particulièrement relayé. Son équipe de campagne publie aussi des vidéos et des photos de ses interventions. Un flux constant est crée vers ses autres pages Facebook (son profil personnel et son groupe de soutien) et son site officiel de campagne.

Site officiel

Sans apporter beaucoup plus que sa présence sur Facebook, le site de Christian Jeanjean se recentre sur les actions de sa campagne. Le calendrier des manifestations auxquelles il participe peut y être consulté. Sa dissidence avec Couderc donne le ton. En une, la missive du sénateur-maire de Béziers, où ce dernier affirme qu’il n’interfèrera pas dans les ambitions régionales de Jeanjean, est lisible dans son intégralité. Dans les différents onglets, on retrouve les bulletins du candidat, intitulés « Vous aimez le Languedoc-Roussillon, moi aussi ! », et la possibilité de soutenir financièrement la campagne.

Blogs de soutien

Là encore, Christian Jeanjean peut s’appuyer sur une blogosphère où il compte beaucoup d’amis. Alors que les soutiens de son frère ennemi Raymond Couderc sont peu référencés sur Google, l’édile de Palavas bénéficie d’un maillage étendu sur tous les départements et jusqu’à la jeune génération. L’exemple de Jean-Paul Ney, ancien journaliste et colistier de Jeanjean dans les Pyrénées Orientales, qui suit le leader de l’URP, illustre bien ce réseau. Patrice Grihault, autre blogueur actif, relaie tous les évènements de la campagne, partageant vidéos et articles de presse… et n’hésite pas à jouer les troubles-fêtes sur la page Facebook de Raymond Couderc. Particulièrement visibles lors de la campagne pour l’investiture, ces soutiens se sont progressivement désengagés à partir de son entrée en dissidence. Alors qu’il disposait de l’appui des jeunes militants UMP, leur soutien s’est étiolé.

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Jeanjean lance sa campagne au Mas-Drevon

Samedi 30 janvier, Christian Jeanjean inaugurait sa permanence de campagne rue Pedro-de-Luna à Montpellier. Suspendu par la majorité présidentielle pour avoir maintenu sa candidature face à l’investi Raymond Couderc, le maire de Palavas-les-Flots a présenté les grands axes de son programme.

Une candidature pour l’honneur

Le feuilleton politico-médiatique a agité la région pendant plusieurs semaines l’an dernier. Malgré la désignation, après vote interne à l’UMP, de Raymond Couderc comme tête de liste pour les régionales, Christian Jeanjean a choisi de maintenir sa candidature. Prenant acte de la victoire du sénateur-maire de Béziers aux primaires, le parti présidentiel a choisi de suspendre sine die M.Jeanjean le 7 juillet dernier. L’heure de la réconciliation n’a toujours pas sonné d’ailleurs. Le Palavasien attend le délibéré du tribunal d’instance de Paris, le 9 mars prochain, dans le litige qui l’oppose aux instances nationales du parti sur la validité de ces primaires.

Pour M.Jeanjean, les régionales 2010 sont aussi une question d’honneur. Sur son site de campagne, un onglet renvoie à une lettre que lui a adressé Raymond Couderc au lendemain des municipales de 2008. Dans cette missive, M.Couderc s’engage à deux reprises: «je ne suis pas candidat à la candidature pour les régionales». Pour l’édile de Palavas, cette lettre laissait le champ libre pour affronter Georges Frêche. Un souhait qui l’avait poussé à laisser son siège de député de l’Hérault en 2007. Ses ambitions ont été balayées, et sa dissidence rend peu probable une victoire le 22 mars prochain. Mais sa volonté de se présenter devant les électeurs est demeurée intacte.

Proposer plutôt qu’affronter

Une bonne centaine de supporters étaient présents, samedi 30 janvier, pour l’inauguration de la permanence de campagne de M. Jeanjean. Le modeste local est situé au milieu des commerces du Mas-Drevon. Et le staff du candidat Divers Droite veillait particulièrement à ne pas encombrer les artisans. M.Jeanjean a même achevé son discours en s’excusant auprès d’eux, et en s’engageant à favoriser le petit commerce s’il accède à la tête de la région.

Avant ça, le maire de Palavas-les-Flots a abordé pendant une trentaine de minutes les grands points de son programme électoral. Il a notamment promis d’agir pour l’agriculture: «Dans chaque département, nous lancerons de grands chantiers pour la pêche et pour la viticulture». En appellant à la création d’emplois dans le domaine environnemental, Christian Jeanjean a confirmé l’une des principales orientations de sa campagne: faire du développement durable un atout pour l’économie régionale. A ce sujet, il mise aussi sur le tourisme: «Notre région doit attirer, sur ses côtes comme dans l’arrière-pays». Pour autant, le candidat se veut réaliste sur le financement de la gestion qu’il envisage: «Nous avons des projets en quantité, mais il nous faudra les mener dans la rigueur. Notre région doit faire mieux que dans le passé.» Largement applaudi, M. Jeanjean a été à peine interrompu, au début de son discours, par une opposante, qui l’a qualifié de« menteur».

Dans une campagne qui, on l’a vu ces derniers jours, a été marquée par les règlements de comptes entre candidats, M. Jeanjean a surpris par sa sérénité face à ses concurrents. S’il a fustigé le bilan de Georges Frêche, il a fait à peine allusion à son frère ennemi, Raymond Couderc. Une modération qui a séduit ses fidèles: «Les autres listes n’échangent plus, elles se tapent dessus. Jeanjean, lui, au moins, il a un programme», assure une militante. Pour Aimée, habitante de Palavas, Christian Jeanjean a du courage de mener cette lutte seul: «Il a eu le même courage, en 2004, quand il a quitté l’agglomération de Montpellier pour montrer son désaccord à la politique de Frêche. Cela ne lui a apporté que des succès». Patrice, de Montpellier, est lui convaincu par le candidat Jeanjean: «Il s’est exprimé pour une vraie relance du Languedoc-Roussillon, avec une politique concrète pour la viticulture. Notre région a besoin de changement et il en propose».

Jeanjean l’inattendu?

Dans le sondage de la Sofres, commandité par le Parti Socialiste, la liste d’Union républicaine et populaire de Christian Jeanjean est créditée de seulement 4% des suffrages. Un score faible qui fait douter d’emblée sur la capacité du candidat Divers Droite à peser dans les tractations du second tour. Ce dernier s’est pourtant toujours défendu d’être un candidat « pantin« , assurant même, dans une interview à Midi-Libre le 16 janvier dernier, avoir eu vent «que Frêche venait de réunir son staff de campagne pour lui faire part des inquiétudes que je lui inspire». A ceux qui le disaient dans l’incapacité de former des listes pour les prochaines régionales, Christian Jeanjean, entouré de ses têtes de listes, a répondu samedi: «Nous avons réussi à monter une liste dans chacun des départements.» Réussira-t-il aussi à contredire les statistiques? Réponse le 14 mars prochain.

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Mis à jour le 1er février à 10h00