Europe Ecologie : une soirée électorale « aux airs de 21 avril 2002 »

Le 17 rue Ledru-Rollin s’est peint de vert hier soir : des affichettes de Jean-Louis Roumégas, des vélos en tant que symbole d’un monde écolo, des petits lampions verts et jaunes, un tapis vert… Atmosphère garantie pour attendre les résultats d’un premier tour aux surprises annoncées. De l’espoir à la déception, la soirée fut longue au quartier général d’Europe Écologie en ce dimanche 14 mars.

« Nous préparons la fête ! ». C’est pleins d’entrain et d’espoirs que les militants d’Europe Écologie accueillent les journalistes de demain dans leur quartier général. Chacun sa tâche. Les uns allument des lampions à l’extérieur, les autres préparent des toasts à l’intérieur et se racontent des petites anecdotes : « l’autre jour, je militais en faisant du porte-à-porte. Je suis allée chez un monsieur qui me disait avoir toujours voté pour le Front National. Aujourd’hui, il vote pour nous ! Comme quoi tout est possible ! », raconte une jeune femme.

Aux alentours de 19h30, arrive Jean-Louis Roumégas, tête de liste d’Europe Écologie en Languedoc-Roussillon. Un peu tendu, malgré un grand sourire affiché, le Vert attend son « destin » et répond aux questions d’Haut Courant. Il prend le temps de donner quelques interviews, de jeter de temps-en-temps des petits coups d’œil à la télévision annonçant les forts taux d’abstention et de répondre avec amabilité aux questions de son staff. Néanmoins, au milieu de cette fourmilière qui gravite autour de lui, et sous une nuée de flashs, son regard reste rivé à son téléphone portable. Il scrute les estimations.

A ses côtés, deux-trois candidats, de nombreux militants ou sympathisants. Haut Courant est allé à leur rencontre. Pourquoi votent-ils ou se sont-ils engagés auprès d’Europe Écologie ? Quel a été leur investissement pour cette campagne ? Quelles sont leurs impressions ? Réponse en image avec Stéphane Silice, tout jeune militant mais néanmoins très actif.

20h et des poussières, le moment fatidique : l’annonce officielle des premières estimations. Chacun a l’œil fixé sur les écrans géants. Et les caméras sur Jean-Louis Roumégas. La sentence tombe : Frêche arrive en tête avec 35,2, suivi par l’UMP Raymond Couderc avec 20% et le Front National avec 13%… Europe Écologie ne passe par la barre fatidique des 10%. Roumégas obtient, selon les premières estimations, 9, 5%.

Pas le temps pour le tête de liste de digérer la nouvelle : une nuée de journalistes lui tombent dessus : « alors, alors, vous êtes surpris ? Déçu ? Que va-t-il se passer maintenant ? » Difficile d’entendre la réponse dans le brouhaha. Mais, Jean-Louis Roumégas conserve son petit sourire, avec un brin d’optimisme qui le caractérise. Rien n’est encore joué. Les décomptages ne sont pas terminés.

Malgré cet optimisme affiché, notamment par Manu Reynaud, secrétaire régional des Verts en Languedoc Roussillon, qui dit aux caméras : « avec Montpellier, il reste encore une chance. Il y a un fort vote écolo. On va passer la barre des 10%, il n’y a pas de soucis.» … l’assistance est sous le choc. Seuls Georges Frêche, « la gauche de droite », l’UMP et le Front National passent au second tour. « Pas de vraie gauche au second tour ? C’est une catastrophe ! » s’exclament ci-et-là les militants et les sympathisants. Une voix s’élève : « Frêche, c’est scandaleux ! »

Chacun est déçu du résultat. Didier, 47 ans, sympathisant votant Vert depuis 1981, trouve «très inquiétant que le Front National ait repris des forces en Languedoc-Roussillon : bravo Besson !» Selon lui, la faute en incombe au débat sur l’identité nationale. Chose que confirme Claudine Paul : «la crise et le débat ont grandement joué sur ce vote FN». Puis, rajoute-t-elle, «la victoire de Frêche est surprenante, et pourtant sans surprises : grâce à cette victimisation, et aux médias qui ont fait sa campagne à sa place, il a tout gagné. Il n’y avait même pas de programme sur son tract !»

Alors, ce ne sont que des huées et des cris indignés qui accueillent le petit discours de Georges Frêche diffusé sur France 2, quelques minutes après l’annonce des premières estimations. Et lorsque ce dernier dit vouloir tendre la main aux écologistes, Mustapha Majdoul, candidat héraultais, s’insurge : « ce n’est qu’une mascarade ! Il se fout de la gueule du monde ! » Une militante rajoute :« jamais nous n’accepterons la main de Frêche ! »

Les résultats officiels donnent 9,12% des voix à Jean-Louis Roumégas. Seulement à quelques centièmes de point de la barre obligatoire des 10%. Europe Écologie a été doublée par le Front National qui obtient 12,67%. Un résultat, qui rappelle aux militants d’Europe Écologie, « un certain 21 avril 2002, version Languedoc Roussillon ».

Chose confirmée par Jean-Louis Roumégas, au matin du 15 mars, à Midi Libre : « nous sommes dans une sorte de 21 avril à l’échelle du Languedoc-Roussillon où la gauche n’est pas représentée, les écologistes ne seront pas représentés au second tour […] Aucune force de la gauche officielle, celle que nous reconnaissons et avec laquelle nous pouvions fusionner, c’est-à-dire ni EE, ni le Parti socialiste, ni le Front de gauche ne seront représentés dans cette élection. » Ainsi, Europe Écologie ne donne aucune consigne de vote pour le second tour.

Julie DERACHE

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Elections Régionales : les tracts en revue

A quelques jours du premier tour de ces régionales de mars 2010, la population a enfin reçu les tracts des partis politiques et coalitions en lice. Les meilleurs spécialistes de Haut Courant ont bien évidemment sauté sur l’occasion pour analyser, comparer et classer ces différents flyers.

En Languedoc-Roussillon, ce sont donc onze tracts et presque autant de bulletins de vote qui ont été envoyés à chaque électeur. Au cas par cas, les politologues de Haut Courant ont décortiqué, étudié, lu et relu ces tracts, avant de les passer au rayon X, afin bien entendu, d’établir un classement.

«Oui je suis révolté !»

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Christian JeanJean est révolté. Il nous le dit longuement, en colonne, en ligne, avec des petits tirets, en noir, en blanc, en jaune, sur fond bleu, blanc, rose ou vert.
Sur le recto, le candidat de l’Union Républicaine Populaire nous présente son CV, la liste des partis et mouvements qui le soutiennent, les raisons qui le poussent à être «révolté», mais aussi le pourquoi du comment il est «serein est déterminé».
Au verso, il présente son programme dans six cadres prenant la forme de cartes à jouer : développement économique, enseignement et formation, aménagement durable, tourisme, santé et nature et enfin culture régionale.
Au final, on a l’impression que le tract part dans tous les sens. Sans oublier les caractères en jaune. Avec un tract comme ça, on comprend que le pauvre Christian JeanJean soit révolté.

Les + :

  La croix de Lorraine

Les – :

  Trop brouillon

  Abime les yeux

La note Haut Courant : 3/10

«Le monde du travail a les moyens de se défendre»

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Le second tract à être passé à la loupe de HautCourant est celui de la liste Lutte Ouvrière, conduite par Liberto Plana.
Schéma de couleur très simple (caractères en noir sur du blanc ou du jaune pâle), aucune icône, aucune touche graphique, rien, si ce n’est une photo de Liberto Plana.
Le tract se résume plus ou moins à un pamphlet contre le grand patronat (le terme revient sept fois), les banques et les banquiers (dix fois), les actionnaires (quatre fois) et le gouvernement (quatre fois également) sur une page recto-verso.
Le problème, c’est que tout ça n’est pas très excitant. La révolution et «faire rendre gorge» au grand patronat, oui, mais pas sans dessin de poings levés, pas sans étoile rouge ou portrait du Che.

Les + :

  La Révolution

  Que du texte

Les – :

  Pas très glamour

  Que du texte

La note Haut Courant : 4/10

«La Région – La France – La Vie»

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Vient ensuite le tract de La Maison de la Vie et des Libertés, dirigée par Jean-Claude Martinez, dissident du FN.
Au contraire du tract de l’Union Républicaine Populaire, celui de la MVL et plus carré. Sur le recto, outre une photo de Jean-Claude Martinez et de quelques membres présents sur les listes, se trouve un rapide résumé du cursus du leader («JCM qui est-il ?»). Avec quelques charmantes et désuètes touches en occitan («Amics d’aqui Estimat amics») toujours utiles pour flatter la culture locale, «JCM» nous présente ses grandes idées pour «la vie» (le terme est utilisé onze fois sur le tract), notamment la création d’une «Alliance de civilisation Europe – Amérique latine».
Au recto, le programme est présenté en trois points : «protéger nos racines», «ouvrir nos ailes» et «embellir nos vies». On retrouve plusieurs cris de ralliement de l’extrême-droite : maintien de l’identité, préservation de la langue d’Oc et Catalane, sauvegarde du patrimoine agricole, ainsi que (plus étrange) la nécessité de faire la lumière sur les disparus d’Oran du 5 juillet 1962.
Mais là où «JCM» fait fort, c’est dans la conclusion de son appel aux électeurs : puisqu’il affirme qu’il peut leur «dire la vérité, [leur] montrer le chemin et [les] conduire à la solution». Nul doute que les languedociens sont maintenant rassurés.

Les + :

  L’occitan ça en jette

  Bonne présentation

Les – :

  Le curé n’aime pas la concurrence

  Où est la rhétorique provie ?

La note Haut Courant : 6/10

«Uniquement pour vous»

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Encore une fois, Georges Frêche fait dans l’originalité. Le tract de la liste «Tous pour le Languedoc-Roussillon avec Georges Frêche» est le seul à ne pas offrir une photo de son leader.
Et à vrai dire, le tract ne présente rien du tout. Quelques photos montrant un Languedoc-Roussillon où tout le monde rigole, une adresse internet et six formules qui veulent tout et rien dire à la fois au verso de la page. «Un destin pour chacun», «restons nous même», etc. Le tout sur un fond brun uni et sobre.
Le président de Région sortant avait annoncé qu’il n’avait pas besoin de faire campagne. C’est clairement ce qui ressort de ce tract. Mais les électeurs qui ne font pas encore partie de son fan club risquent d’être un peu déroutés.

Les + :

  La provoc’, toujours la provoc’

  Se lit vite

Les – :

  Et sinon, le programme, c’est quoi ?

  Un destin pour le cœur économique agréable n’a pas de rides

La note Haut Courant : 6/10

«Râler c’est bien… Voter c’est mieux !»

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C’est un Jean-Marie Le Pen bronzé, souriant et rajeuni de 15 ans qui appelle à voter Front National aux élections régionales. On en oublierait presque de voter France … Jamet, tant la tête de liste de l’Hérault est éclipsée par la figure du leader du parti.
Le verso est quand à lui plus évocateur. Un dessin humoristique représente un individu visiblement stressé. Il a de quoi, puisque ses enfants et ses parents sont agressés, que sa voiture brûle, qu’il ne se sent plus chez lui et que son emploi, son salaire et sa retraite sont sacrifiés à la mondialisation par l’état UMP et les régions PS, PC et Verts.
Il ne lui reste qu’une solution : Voter Front National. Il redressera du même coup l’école, retrouvera la fraternité et établira la justice fiscale. On en oublierait presque les propositions régionales déclinées sur un fond bleu un peu pâlichon.
Bref, le tract FN joue sur le national autant que sur le régional, et assume. En même temps, le parti ne s’appelle pas le Front Languedocien, donc ça passe pour cette fois.

Les + :

  Le dessin

  Le général nous regarde depuis Paris

Les – :

  Où est la voix de (la) France ?

La note Haut Courant : 6/10

«L’écologie vue d’ici»

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Le tract de l’Alliance Écologiste Indépendante de Patrice Drevet se démarque de la majorité des autres tracts par l’absence d’une quelconque déclaration aux électeurs. Et non, pas de petit paragraphe signé par l’ancienne star nationale de la météo, juste une liste d’engagements expliqués en détails au verso du tract.
Sans surprise, tout tourne autour de l’écologie. Sans surprise toujours, le vert est la couleur dominante (pourquoi est-ce que les écologistes n’ont pas décidé de s’appeler « les gris » ou « les bleus turquoises » ? La question est posée).
Mais ce qui retient l’électeur potentiel, c’est surtout la photo de Patrice Drevet. L’homme qui décidait du temps qu’il ferait dans notre beau pays se tient là devant un étang, l’air sérieux mais serein. Derrière lui, une petite fille et un buisson. L’image s’imprime dans les esprits : « Patrice Drevet, la force tranquille, l’homme qui va protéger nos enfants, nos étangs et nos buissons ». Osana messire!

Les + :

  Patrice Drevet, ce héros

  Beau panorama

Les – :

  L’écologie sans Dany, c’est un peu comme le pain sans fromage

La note Haut Courant : 6/10

«Changer en Languedoc-Roussillon, c’est possible !»

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Difficile travail que de parler du tract de Raymond Couderc (UMP et associés). Au-delà du contenu qui a de forts airs de déjà-vu (réduire le chômage, faire de la région un pôle d’excellence international, etc), la forme est également très classique.
Beaucoup de bleu (UMP oblige), une photo de Raymond Courderc, le nom des différentes têtes de liste et un engagement au recto, ainsi qu’un programme (en trois points) au verso. Rien à redire. C’est propre, c’est clair, et c’est un peu ennuyeux. Petite particularité : le tract de Raymond Couderc est le seul qui se lise horizontalement et pas verticalement. Il est important de le souligner.
À la rigueur, il serait possible de se moquer de la photo sur laquelle une centaine de personnes se retrouve en rang d’oignons autour du maire de Béziers, mais ça serait de la mauvaise foi. Seul petit espoir : souligner que la liste UMP est la seule liste issue d’un grand parti national qui ne fasse pas appel aux caciques parisiens. Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Les + :

  Bonne présentation

Les – :

  Ça manque un peu de punch

La note Haut Courant : 7/10

«À Gauche maintenant !»

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La rose. N’est-ce pas là l’emblème du parti socialiste ? C’est ce qui marque d’emblée sur le flyer de «À Gauche maintenant !». Pour l’électeur inattentif qui ne connaitrait pas la tête de liste René Revol, une piqure de rappel lui indique que sa liste est soutenue par Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot et Marie-Georges Buffet.
Ce même électeur distrait ne mettra également pas longtemps pour voir que René Revol s’adresse à lui sous la forme d’une lettre (avec introduction en «Madame, monsieur») et pour qu’il ne loupe rien, le plus important à retenir est souligné en jaune notamment les transports collectifs gratuits. Ça permet de passer toutes ces longues lignes de texte inutiles pour aller directement à l’essentiel.
Au verso sont développées les propositions de la liste sur trois volets distincts : «Urgence sociale», «Urgence démocratique» et «Urgence écologique». Bref, c’est vraiment l’urgence.

Les + :

  Affichage clair du candidat et des propositions

Les – :

 La rose, c’est original comme symbole

La note Haut Courant : 7/10

«L’écologie c’est maintenant !»

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Du bleu on passe au vert. Et du vert il y en a beaucoup sur le tract de la liste Europe Ecologie (ce n’est qu’une demi-surprise). Mais là encore, globalement, pas grand-chose à dire.
Une déclaration aux électeurs au recto, et «7 raisons de voter pour Europe Ecologie» au verso. A côté des fameuses sept raisons, une photo des stars du parti : Eva Joly, José Bové, Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit. Ces derniers expriment leur soutien à Jean-Louis Roumégas, qui a toute leur confiance pour «faire mieux et autrement à la tête de la Région». Un cynique répondrait « encore heureux ».
Sinon, et bien on remarque que tout le monde sourit chez Europe Ecologie. Et encore, sourire est un euphémisme : José Bové et « Dany » ont l’air de s’éclater. Non, vraiment, chez Europe Ecologie, qu’est-ce qu’on déconne.

Les + :

  Ils sont vraiment sympas chez Europe Ecologie

Les – :

  Un peu de sérieux les gars

La note Haut Courant : 8/10

«Retrouvons nos valeurs»

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Hop, on retrouve la rose, la vraie, estampillée PS. Pour signaler son attachement à la vraie gauche, la gauche des valeurs, sociale et progressiste, Hélène Mandroux décide d’utiliser autant que faire se peut le rouge. Mais un rouge plus pâle que celui de «À Gauche maintenant !». Un rouge socialiste, presque rose mais pas complétement.
Ceci dit, le tract du PS est loin d’être folichon à première vue : déclaration d’intention accompagnée d’une photo de la maire de Montpellier et des autres têtes de liste au recto, programme en quatre points au verso (sous forme de questions/réponses)… On reste dans le «classique mais efficace».
Là où le Parti Socialiste tente de faire la différence, c’est par la liste de ses soutiens. Et oui, au PS, c’est un peu comme chez Haut Courant, il y a des grosses signatures : Robert Badinter, Bertrand Delanoë, Arnaud Montebourg, André Vézinhet, Martine Aubry, Georges Semprun et Gérard Saumade. Non, clairement le FN et Europe Écologie peuvent aller se rhabiller. Ils ne font pas le poids.

Les + :

  Le PS pour l’abolition de la peine de mort

 Le PS contre Franco

Les – :

  Ils s’y croient un peu quand même

La note Haut Courant : 8/10

«Maitres chez nous»

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Voila sans conteste le tract qui remporte le titre de « meilleur tract politique régional » cette année. Pourquoi ? Et bien d’abord, parce que le symbole de la Ligue du Midi est un chevalier. En quoi un chevalier médiéval représenterait-il le Midi ? Est-ce un cathare ? Un templier ? Aucune idée, mais c’est la classe, et il fallait oser.
L’essentiel du programme de la Ligue du Midi est expliqué au verso du tract. Quatre points principaux : «Réformer la fiscalité/fusionner les collectivités», «Défendre l’Environnement/Relocaliser l’économie», «Combattre l’insécurité» et «Promouvoir l’identité». Le tout avec une citation de De Gaulle. La Ligue entend entre autre instaurer un délit d’activités «anti-identitaires» et «criminaliser les complices» des «clandestins et des délinquants étrangers». Tout un programme.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est cette image de Richard Roudier. Les mains sur les hanches, le leader de la Ligue du Midi adresse au lecteur un sourire enthousiaste. Parce que oui, dans les ligues identitaires de la droite-extrême, et bien on rigole aussi – parfois.

Les + :

  Le chevalier

  La franche rigolade

Les – :

  Le tract a un peu plus d’un siècle de retard

  Pas de référence au catharisme de nos ancêtres ou au complot judéo-maçonnique

La note Haut Courant : 9/10

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Une semaine avec Europe Ecologie

Pendant une semaine, Haut Courant a suivi Europe Écologie dans la dernière ligne droite de la campagne des régionales : réunions, meetings, débats participatifs, rencontres avec les différents candidats. Haut Courant vous donne ainsi un aperçu du programme d’Europe Écologie ainsi que de ses différentes figures.

Dominique Voynet : « Il faut choisir sa Gauche »

C’est au nom d’une « vieille complicité » que Dominique Voynet est venue soutenir Jean-Louis Roumégas dans la dernière ligne droite du premier tour des élections régionales, mardi 9 mars à Montpellier. Avec une simplicité et un franc-parler qui la caractérisent, la co-fondatrice du parti des Verts a un objectif en tête : le second tour pour son acolyte écologiste.

Europe Écologie aime les symboles. Et quoi de plus symbolique que la visite de l’une des figures historiques des Verts ? Authentique écologiste, venue en tramway après avoir tracté dans les rues de Montpellier aux côtés de Jean-Louis Roumégas, Dominique Voynet donne une petite conférence de presse à la brasserie Le Sud, face à l’Hôtel de Région.

Une institution régionale dépouillée

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Entourée de quelques-uns des candidats d’Europe Écologie pour les Régionales, Mustapha Majdoul, Agnès Langevine et Katia Mingo , l’édile de Montreuil est longuement revenue sur la menace que représente la réforme sur les collectivités locales sur l’institution régionale.

Selon la sénatrice de Seine-Saint-Denis : « la Région est aujourd’hui menacée par les réformes du gouvernement. Notamment en ce qui concerne son autonomie financière et fiscale. En effet, la région est accusée d’être une institution dépensière par le président de la République. » Et de rajouter : « l’absence d’autonomie financière est extrêmement inquiétante. La promesse venant de la droite qui est de baisser les impôts régionaux est un peu facile à faire : les conseillers régionaux ne voteront quasiment plus rien de leur budget ».

Pourtant, Dominique Voynet rappelle l’importance de l’institution régionale. Elle cite quelques exemples : « la Région permet d’assurer la solidarité des territoires, elle est responsable de la formation professionnelle, elle prend en charge les lycées. Elle a notamment la responsabilité de mettre en place la formation pour les nouveaux métiers dont on aura besoin demain ».

La réforme des collectivités locales est, pour l’ancienne ministre de l’environnement, « un dépouillement de l’institution régionale ». Elle rappelle que « c’est peut-être la dernière fois que l’on procède à l’élection des conseillers régionaux, un scrutin de liste qui permet une juste représentation des hommes et des femmes. Si l’on laisse faire le gouvernement, demain on élira des conseillers territoriaux, siégeant à la fois au département et à la Région, élus sur la base de gros cantons regroupés. Ce, au détriment de la parité et au détriment de l’autonomie institutionnelle ».

Pour Dominique Voynet, le chef de l’État souhaite mettre en place un mode de scrutin adapté aux besoins de son parti et amplifier le mouvement de re-centralisation engagé à tous les niveaux : « après l’Université, l’Hôpital, la Justice, la Police, … c’est au tour des collectivités territoriales ».

« Il faut choisir sa Gauche »

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Ainsi, pour Dominique Voynet, le Languedoc-Roussillon mérite une meilleure campagne électorale que celle qui a été offerte aux électeurs jusqu’à présent. « La maladresse des partis, d’une part, et l’utilisation du scrutin pour en faire une sorte de plébiscite pour ou contre le sortant d’autre part, prime sur tout le reste », affirme l’écologiste. La tête de liste Europe Écologie Languedoc Roussillon, Jean-Louis Roumégas, rajoute : « la campagne a été confisquée par des faux débats». Il explique, entre autres, que le Parti Socialiste, au niveau national, a sacrifié le Languedoc Roussillon, « selon les propres mots du bureau national ».

Il reproche notamment au parti de la rose que « pour se refaire une image au niveau national, les socialistes ont utilisé l’affaire en Languedoc Roussillon, sans se préoccuper des conséquences ici. Ils considèrent donc qu’ici les électeurs sont des cobayes qui peuvent être sacrifiés sur l’autel de l’hégémonie du Parti Socialiste ou de l’image de Mme Aubry. C’est regrettable ».

Selon la sénatrice de Seine-Saint-Denis, « l’espoir de rassemblement a été torpillé par la Rue de Solférino. Il est temps de choisir sa gauche maintenant ». Ainsi, pas d’autres solutions pour Europe Écologie, que d’agir seule pour représenter la modernisation de la gauche. Et les atouts de Roumégas pour cela ne manquent pas : « une énergie formidable, une qualité d’écoute et de respect des autres. Il est attentif aux problèmes des gens », affirme Dominique Voynet.

L’inévitable évocation du président de Région sortant, Georges Frêche, n’a pas tardé. Ce dernier aurait effectivement affirmé ces derniers jours : « l’écologie, il y a ceux qui en parlent et ceux qui agissent », raillant ainsi la venue de Dominique Voynet. Et Jean-Louis Roumégas de lui retourner le compliment : « le Languedoc Roussillon était premier en matière d’énergies renouvelables, il a aujourd’hui reculé au 5e rang ».

Quant à Dominique Voynet, elle ne se sent que peu concernée par la sentence de Frêche : « quand on veut être le bon écologiste de service, on ne doit pas seulement s’intéresser à des équipements symboliques que l’on peut inaugurer un dimanche soir. On doit, dans son domaine de compétence, mettre en place des politiques en vraie grandeur qui vont permettre la création d’emplois. L’enjeu est de passer de la phase expérimentale à la diffusion des bonnes pratiques en vraie grandeur ».

Elle ajoute en souriant : « quand j’entends cette phrase de Georges Frêche, je n’ai pas envie de la prendre pour moi. Jamais les écologistes n’ont été des bavards qui n’agissaient pas… On agit à la mesure des responsabilités qui nous sont confiées par les électeurs ». Chose confirmée par Jean-Louis Roumégas : « les écolos ont souvent été considérés comme des alliés sympathiques mais pas essentiels et au cœur des politiques ».

Par contre, pour l’ancienne ministre de l’environnement, la phrase de Georges Frêche s’appliquerait « magnifiquement » à Nicolas Sarkozy : « le président a prétendu se faire le champion de l’écologie mais vient de se renier à plusieurs reprises ses dernières semaines : qu’il s’agisse des phrases désastreuses prononcées au Salon de l’Agriculture, ou qu’il s’agisse de son attitude concernant la prévention des risques naturels. Le président de la république est inconséquent, il agit au hasard des rencontres et dit tout et son contraire ».

« Risques de tempêtes et d’inondations, on ne nous a pas écouté »

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Cette rencontre aura aussi été l’occasion, pour Jean-Louis Roumégas, d’un petit retour sur l’actualité, peu drôle, mais ô combien au cœur des préoccupations écologistes : la tempête et les inondations en Vendée et dans l’Ouest de la France ayant causé une soixante de morts. Le porte-parole national des Verts rappelle que le Languedoc-Roussillon est l’une des régions les plus fortement menacées par les risques d’inondations : « nous avons des zones submersibles très importantes ».

Toujours selon lui, cette catastrophe naturelle prouve que « les écologistes ont malheureusement eu raison trop tôt. On ne les a pas écouté ». Il critique l’utilisation politique qui est faite de ce drame par les membres du gouvernement : « les hélicoptères ministériels viennent déverser de la compassion et des promesses… Mais en réalité, on le sait bien, rien ne va changer. Après les inondations dans le Gard, en 2005 et 2008, rien n’a changé. Des digues qui ne font que menacer encore plus gravement les habitants ont été construites. Des permis de construire continuent d’être distribués dans des zones inondables. De même, on continue à monter des murs, des digues, non pas pour protéger les habitants, mais pour pouvoir continuer l’œuvre d’urbanisation ».

Ainsi, il rappelle que le projet politique porté par Europe Écologie est avant tout de stopper l’urbanisation et de restituer à la nature ses zones d’expansion spontanée. Notamment pour mieux gérer ces risques d’inondations.

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Georges Fandos : « Il faut éviter la concentration sur Montpellier »

Délégué régional du parti « écolo-centriste » Cap 21 en Languedoc-Roussillon, Georges Fandos a rejoint la liste d’Europe Écologie menée par Jean-Louis Roumégas pour les élections régionales. Revenant sur son parcours et les raisons de cette alliance, il se livre à Haut Courant.

Europe Écologie plutôt que le MoDem

Quel a été votre parcours ?

Je suis engagé dans la cause écologiste depuis des années. J’ai participé au comité de soutien du premier candidat écologiste aux présidentielles de 1974 : René Dumont, un ingénieur agronome comme moi. Après, j’ai participé à la création des Verts en Languedoc-Roussillon. Ensuite, j’ai participé au développement de Cap 21. J’ai soutenu Corinne Lepage en 2002 lorsqu’elle s’était présentée aux présidentielles et j’ai été candidat Cap 21 aux législatives. En 2004, j’ai composé une liste Cap 21 aux élections régionales où j’ai presque fait 5% des voix.

Pourquoi être passé des Verts à Cap 21 ?

A l’époque, les Verts s’étaient alliés à Georges Frêche. Or, je n’étais pas d’accord avec la politique d’urbanisme de ce dernier, entre autres. Maintenant, ils s’éloignent de Georges Frêche alors je m’en rapproche. Frêche est un bon baromètre de mes relations avec les Verts, ou avec le MoDem (sourire).

C’est pour cette raison que vous êtes revenu vers Europe Écologie dernièrement ?

Oui. A un certain moment Cap 21 s’est rapproché du MoDem lors d’un accord avec François Bayrou. Au niveau régional, cela ne se passe pas très bien, surtout depuis que Dufour a passé un accord avec Georges Frêche aux municipales. Alors, on a prit nos distances avec et on s’est rapproché d’Europe Écologie. Cela me paraissait plus cohérent. On a essayé  » d’écologiser  » le MoDem et cela n’a pas marché. Ils n’ont pas été sensibles à tout ce que l’on pouvait développer. En plus, M. Bayrou a un exercice du pouvoir qui est quand même très personnel. Cela ne nous a pas plu. Corinne Lepage s’est aussi mise en retrait.

Que pensez-vous du fait que François Bayrou ait voulu mettre un candidat comme Drevet en tête de liste MoDem ?

Il n’avait plus d’écologistes dans ses rangs : nous étions partis à Europe Écologie. Il avait besoin d’un label « écologie » et il a trouvé quelqu’un en la personne de Drevet. Mais, cela n’a pas marché : Drevet fait sa propre liste. Les militants du MoDem avaient élu Marc Dufour, et Bayrou a voulu imposer Drevet de manière autoritaire. Or, Drevet n’a rien voulu céder. Du coup, il n’a eu aucun accord avec lui.

Lorsque j’ai rencontré Drevet, il y a trois mois, je lui ai proposé de faire une liste commune entre tous les écologistes. Je n’ai jamais eu de réponse. Il a décidé de faire cavalier seul. C’est dommage. Sa stratégie est de se vendre au plus offrant. Ce n’est pas la bonne. Au second tour, Frêche lui fera toutes les promesses qu’il voudra. Mais, une fois élu, il fera ce qu’il voudra. En d’autres termes, il va se faire bananer. Ce n’est pas une stratégie pertinente au niveau de l’écologie politique.

Quel regard portez-vous sur la proposition faite par Daniel Cohn-Bendit d’une présidence tournante entre les socialistes et Europe Écologie ?

Cohn-Bendit dit toujours des choses surprenantes. Je pense qu’avec les socialistes, il peut y avoir un accord de second tour, mais pas au premier tour. Je vois mal Hélène Mandroux devenir du jour au lendemain écologiste. Cela ne serait pas très crédible. Je ne suis pas favorable à la proposition de ce cher Daniel.

Que pensez-vous de toute la polémique autour de Georges Frêche ?

Cela fait longtemps qu’il fait des déclarations fracassantes. Tout le monde semble découvrir le personnage, je trouve cela un peu cocasse. C’est de la péripétie. Il est très malin. S’il a fait ces déclarations c’est pour s’attirer les voix du Front National au second tour. Il mène à la fois une politique communautariste : il donne des subventions à la communauté juive notamment. En même temps, il fait des déclarations comme ça, déconcertantes. Il y a du calcul politique : c’est plus du machiavélisme politique que du racisme. Je connais le personnage.

Pourquoi sont-ils si nombreux à suivre Frêche ?

C’est la solution de facilité, pour avoir quelques places d’élus.

Pensez-vous que le fait que Cap21 se détache du MoDem sera une tendance générale dans l’avenir ?

Pour les élections régionales, dans plusieurs régions, Cap21 a passé des accords avec Europe Écologie : Haute Normandie, PACA, Ile-de-France, … Dès le départ, Corinne Lepage souhaitait que pour les régionales le MoDem travaille avec Europe Écologie. En particulier dans notre région car le MoDem a une attitude très ambigüe envers Georges Frêche et nous ne voulions en aucun cas le soutenir au second tour. Mais ce n’est pas le choix qui a été fait par le MoDem et il va finir par soutenir Frêche au second tour. Du coup, nous étions en porte-à-faux vis-à-vis de leur stratégie. Sur le plan régional, nous étions plus proches d’Europe Écologie et nous avons préféré nous allier avec. Avec l’accord des militants. Pour les autres régions, je connais mal la problématique mais c’est lié aux dysfonctionnements anti-démocratiques du MoDem.

Sur quelles bases communes vous entendez-vous avec Europe Écologie ?

Nous avons posé plusieurs conditions préalables avant de lier cette alliance. Notre première condition était de ne pas soutenir Frêche en tant que président de région. Ensuite, nous avons deux axes forts dans cette campagne. Le premier est l’aménagement équilibré et harmonieux du territoire : refuser de tout centraliser sur Montpellier. Le second est la gouvernance démocratique de la région. C’est sur ces bases que nous nous sommes rapprochés d’Europe Écologie. Après, nous avons négocié pour avoir des élus de Cap21.

Cette alliance préfigure-t-elle une future force écologiste unifiée en Languedoc-Roussillon ?

Cela dépend de ce que deviendra Europe-Écologie. En son sein, il y a différentes sensibilités, personnalités. Son avenir n’est pas encore trop fixé. Mais, je pense que l’on a intérêt à continuer à travailler avec Europe Écologie.

N’y-a-t-il pas une contradiction dans le fait qu’un parti comme Cap 21, de centre droit, s’allie avec un mouvement qui rassemble jusqu’à l’extrême gauche ?

Cap21 n’est pas tellement de centre-droit. En fait, Corinne Lepage a été appelée à être ministre de l’environnement par M. Juppé sur la base de critères techniques avant tout, sur ses compétences propres. Elle n’est pas rentrée dans le gouvernement Juppé en tant que soutien de sa politique générale. Par exemple, lorsqu’elle a fait la loi sur l’air, les oppositions venaient du groupe RPR. Elle s’est heurtée aux lobbies pétroliers, automobiles… Elle a donc beaucoup eu d’autonomie par rapport au gouvernement Juppé. Sa sensibilité est plutôt au centre. Nous avons essayé de créer un mouvement à la fois démocrate et écologiste avec le MoDem. Nous n’avons pas réussi à le faire. Aujourd’hui, nous nous retrouvons plus à l’aise au sein d’Europe Écologie où il y a des personnes proches de la mouvance de Nicolas Hulot : Jean-Paul Besset, Yannick Jadot… Tous ne sont pas proches de nous, mais globalement il y en a. Le programme que nous avons élaboré ensemble pour les régionales est assez proche de nos thèses.

Sortir du modèle de développement en tâches d’huile

Que reprochez-vous au bilan de Georges Frêche ?

Il a une vision de l’aménagement du territoire du siècle passé. Sa théorie : le développement en tâches d’huile. C’est-à-dire : je développe Montpellier et, en tâches d’huile, cela se développe dans la région. Ce n’est pas comme cela que ça marche. Il faut avoir une vision moderne : développer les villes moyennes de notre région pour essayer de dynamiser tous les départements, tout en conservant une capitale régionale avec des fonctions culturelles, administratives et politiques. Il faut notamment renforcer le pôle universitaire montpelliérain et le mettre au service de la région, et non au service d’une mégalopole régionale.

Nous sommes proches de la conception d’aménagement du territoire que l’on peut voir en Italie du Nord ou en Allemagne où chaque ville moyenne a ses propres industries… C’est une vision d’un aménagement équilibré. Nous ne voulons pas que se reproduisent les erreurs de la région parisienne : une mégalopole qui génère des contre-productivités en termes d’embouteillages – que l’on vit déjà à Montpellier et qui s’aggraveront si l’expansion de Montpellier continue comme prévu ; car M. Frêche veut construire jusqu’à la mer -, en terme de santé – dans les grandes mégalopoles, il y a notamment des problèmes de qualité de l’air -, en terme de perte de temps dans les transports, en termes de coûts des services – la gestion des déchets, la gestion de l’eau coûte plus cher dans les grandes villes -. Il n’y a pas d’économie d’échelle, il y a des  » déséconomies  » d’échelle. Par exemple, c’est ce qui explique que la RATP soit déficitaire. Alors, c’est l’Etat français qui compense les déficits de la RATP.

Quels sont les différents besoins selon les départements ?

Il faut assurer à l’ensemble du territoire régional des services publics. Qu’ils soient présents et attractifs dans toutes les villes moyennes : Perpignan, Béziers, Bédarieux, Ganges, Sète… Nous voulons une politique d’aménagement du territoire très volontariste pour rendre attractive toutes les villes de la région. Il faut développer les savoirs-faire de la région qui sont aujourd’hui négligés. A Alès, la métallurgie par exemple. Au niveau de l’habitat, il faut développer l’isolation, la sobriété énergétique. C’est-à-dire, plutôt que de produire l’électricité, il faut l’économiser et ne pas la gaspiller. C’est faisable en isolant les maisons par exemple.

Est-il compatible de développer l’économie tout en protégeant l’environnement ?

C’est le défi de demain. Nous sommes pour l’éco-économie. La protection de l’environnement et l’écologie peuvent être un vecteur de création d’emplois important. On le voit avec les énergies renouvelables : le photovoltaïque, l’éolien… Alors pourquoi ne pas développer le photovoltaïque dans notre région ?

Changer pour ne pas sombrer

Pensez-vous qu’il y a encore la place pour un parti écologique alors que les valeurs écologiques sont reprises par tous les partis ?

Nous avons gagné une bataille culturelle : les questions écologiques sont au centre des préoccupations aujourd’hui. Par contre, ces préoccupations ne sont pas encore entrées dans les politiques concrètes. C’est tout le problème. Tout le monde fait du développement durable dans les discours mais pas dans l’action. Par exemple, en matière de transport : ce qui est envisagé par toutes les classes politiques, c’est le doublement de l’A9. Il serait mieux de mettre les camions sur les trains pour que le trafic fret se passe plutôt sur les rails que sur la route. On est encore dans des logiques traditionnelles : pour dégager l’A9, on est obligé de la doubler. On a donc progressé sur le plan des idées, de la prise de conscience mais, concrètement, dans les politiques sectorielles tout reste à faire. Je suis pour des changements structurels lourds. Il faut notamment préparer la transition vers une économie sans pétrole, tournée vers la chimie alternative verte, à partir de la biomasse, à partir d’autre chose en somme. Il faut y réfléchir très vite parce que si l’on fait rien les ressources pétrolières vont s’épuiser et on aura aucune alternative.

De tels changements ne seraient-ils pas très coûteux? Les objectifs d’Europe Écologie sont-ils chiffrés ?

Si l’on ne fait rien, le réchauffement climatique va coûter très cher. C’est ce que nous dit le rapport Stern commandé par le gouvernement anglais [ndlr. ce rapport est un compte rendu publié en 2006 sur l’effet du changement climatique et du réchauffement global sur la planète rédigé par l’économiste Nicholas Stern. Ses principales conclusions sont qu’un pour cent du PIB investi maintenant suffirait à fortement atténuer les effets du changement climatique et qu’autrement ce serait risquer une récession jusqu’à vingt pour cent du PIB mondial].

Synthèse du Rapport Stern

Je prône une transition qui sera moins coûteuse au niveau macro-économique, que si l’on continue les tendances politiques actuelles. Ne rien faire amènera des situations de crises auxquelles il faudra s’adapter, et c’est cela qui coûtera cher. De nombreuses personnes ont travaillé sur cela. L’association Negawatt, par exemple [ndlr. située à Mèze], a bâti un scénario pour un système énergétique viable, basé sur la sobriété des économies d’énergie.

Scenario Negawatt

Tout n’a pas été chiffré. Il est difficile de tout anticiper.

Cela va-t-il forcément de pair avec une augmentation des impôts ?

Par forcément. C’est une question d’allocations des ressources. Aujourd’hui, d’énormes gaspillages sont faits. Quand vous passez une heure dans les embouteillages, cela coûte cher en termes de dépenses énergétiques. Si l’on fait en sorte que les gens travaillent plus près d’où ils vivent, cela générera des économies que l’on pourra allouer à des investissements comme ceux que je viens de développer. C’est une question de transition.

Avez-vous des régions ou pays modèles ?

Des choses intéressantes ont été faites ailleurs. Dans le Sud-est asiatique, aux Philippines, par exemple. Ce sont des pays qui ont relativement réussi à se protéger de la mondialisation financière et qui ont essayé de conserver leurs capitaux pour les réinvestir. Le fait de ne pas ultra-libéraliser s’est traduit une sortie de crise plus aisée. L’exemple de la Corée du Sud est aussi intéressant. Elle a pu développer son industrie en réinvestissant ses capitaux et en ayant une stratégie industrielle claire : plutôt que de vendre ses entreprises à l’étranger, elle a auto-construit ses pôles industriels, et cela a permis de générer un cycle économique vertueux, donc du pouvoir d’achat. Le miracle coréen a été basé là-dessus. A contrario, d’autres pays ont joué la mondialisation à fond comme l’Argentine et ont fait faillite.

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Peut-on croire le sondage vérité ?

Le « sondage vérité » sur les intentions de vote aux élections régionales, publié le 09 février 2010 par Midi Libre, revu et corrigé par Aurélia Troupel, docteur en sociologie politique et professeur à l’Université Montpellier I.

Des chiffres sans surprises ressortent du sondage commandité par Midi Libre, L’Indépendant et France Bleu. L’enquête réalisée positionne, au premier tour, Georges Frêche (Divers Gauche) en tête avec 31% des intentions de vote ; suivi par Raymond Couderc (UMP) à 21% ; puis Hélène Mandroux (Parti socialiste) et Jean-Louis Roumégas (Europe Écologie) se talonnent respectivement à 11 et 10% (dans l’hypothèse où ces derniers ne font pas liste commune). Quant au second tour, pas de nouveautés là non plus : Georges Frêche arrive toujours en tête avec 40% des intentions de vote, suivi par une alliance Roumégas/Mandroux à 30 %, et par Raymond Couderc, 30% également.

Selon l’analyse de Midi Libre, Georges Frêche sortirait vainqueur de la polémique dont il a fait l’objet. En cas d’alliance PS-Europe Écologie, Hélène Mandroux serait plus convaincante en tête de liste que Jean-Louis Roumégas. En revanche, si chacun fait cavalier seul, Midi Libre parle d’«un léger avantage» de l’édile de Montpellier sur le candidat Vert.

Aurélia Troupel a une interprétation différente de ces chiffres : «le vrai enseignement que l’on peut tirer de ce sondage est que Jean-Louis Roumégas bénéficie d’un capital de notoriété conséquent. C’est un coup dur pour Hélène Mandroux». Ainsi, d’après ce sondage, Europe Écologie est en position de force et n’aurait pas grand intérêt à faire une alliance avec la tête de liste PS. «Politiquement, elle est dans une situation périlleuse. Dernièrement affaiblie, elle n’a pas pu faire voter le budget de sa propre commune. Elle joue beaucoup dans la bataille, et faire un bon score lui permettrait de retrouver une légitimité», rajoute l’enseignante. Ce sondage ne va pas faciliter les tractations entre Europe Écologie et les socialistes, et «va continuer à faire monter les enchères». Quant à Georges Frêche, ces 40% ne lui garantissent pas forcément la victoire : à un mois et demi du vote du premier tour, peut-être a-t-il atteint son score maximum? «Il y a encore une large part d’indécis qui peut tout changer. Même si le Languedoc Roussillon a une forte identité régionale et que l’abstention est rarement la plus élevée.». Autre constat: «cela va être difficile pour la droite
»

«Les sondages ne sont jamais fiables à 100%», souligne néanmoins Aurélia Troupel : «en aucun cas, ils ne modifient le vote car les effets qu’ils provoquent s’annulent». Ceux-ci se comptent au nombre de trois. Le premier : «l’électeur voit son candidat vainqueur et juge inutile d’aller voter». A contrario, voyant son «poulain» en difficulté, il va le soutenir en votant pour lui. Dernier effet, le vote utile : par exemple,«l’électeur soutient Hélène Mandroux mais va voter Georges Frêche sachant qu’il a plus chance d’être élu».

Il faut donc rester prudent dans l’interprétation de ce sondage. La campagne officielle des élections régionales n’a pas encore commencé, les programmes n’ont pas été rendus publics, les listes ne sont pas déposées, et le taux d’abstention peut jouer des tours. Et la sociologue d’ajouter : «tout peut encore basculer !». Surtout en Languedoc-Roussillon où les rebondissements ne manquent pas…

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Europe Ecologie au centre de toutes les attentions

Les principales figures d’Europe Écologie Languedoc Roussillon ont été conviées au siège d’Europe Écologie à Paris ce week-end.

D’après une source proche d’Hélène Mandroux, les principaux acteurs de la liste Europe Écologie du Languedoc Roussillon, ont été conviés à Paris hier, vendredi 5 février 2010 et ce pour le restant du week-end. Les tractations risquent d’être tendues autour de la table afin de trouver un point d’entente entre Jean Louis Roumégas, chef de file d’Europe Ecologie Languedoc-Roussillon, et Hélène Mandroux, la candidate officielle du PS. Avec derrière, le spectre d’une triangulaire qui pourrait faire gagner la droite.

Si le 2 février, Cécile Duflot était claire: «Les Verts ont quitté la majorité régionale tant sur les déclarations inadmissibles de Georges Frêche que sur la politique qu’il a menée. Nous ne voyons pas pourquoi nous devrions devenir une roue de secours du PS dans la région».

Trois jours plus tard, le discours a changé.
La solution proposée par Daniel Cohn Bendit, d’une présidence tournante semble être la plus adaptée et celle qui sera à priori privilégiée. Elle consisterait en effet en « un partenariat intelligent», dans lequel Jean-Louis Roumégas prendrait la présidence de la région pour une durée de deux ans, puis Hélène Mandroux lui succéderait pour les deux années suivantes, le temps de régler ses problèmes de succession à mairie de Montpellier.

Une possibilité qui ne semble pas réjouir Jean-Louis Roumégas qui a précisé
avoir «des contacts avec eux», mais que «rien n’était calé». «On est prêt à caler une réunion, il faut qu’ils nous appellent.»
Le message semble donc avoir été passé et le rendez-vous pris pour ce week-end des 6 et 7 février 2010.
Quant à François Lamy, membre de la direction du PS, il avance que «l’idée est sur la table», ajoutant, on est sur des rapports nouveaux avec les Verts, continuons de travailler. Le Languedoc-Roussillon peut être un laboratoire d’expériences nouvelles».

Et c’est le siège d’Europe Ecologie qui risque de se transformer ce week-end en véritable laboratoire de négociations. La créature mi-verte, mi-rouge qui pourrait en ressortir parviendra t-elle à mettre à terre celle qui sévit actuellement en Languedoc-Roussillon? Une expérimentation à suivre…

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Régionales en Languedoc-Roussillon: Bienvenue chez les fous!

Si ses frasques médiatiques captent toute l’attention, Georges Frêche est loin d’être le seul à donner à la vie politique languedocienne des accents carnavalesques. À l’ombre du maître, nombreux sont ceux qui animent avec tout autant de brio une vie politique pas très catholique. Plongée dans l’ubuesque microcosme languedocien, le pays où les chasseurs votent socialiste.

«Les gens m’aiment!» se plait à proclamer l’expansif président de la Région Languedoc-Roussillon, Georges Frêche. Et on aurait tendance à le croire tant sa figure s’est imposée dans la région au cours d’une carrière qui s’étale sur plus de trois décennies. Trente-trois ans, exactement, depuis son élection à la mairie de Montpellier en 1977, et le tarnais est une fois encore seul en tête dans la course à une présidence de région qu’il occupe depuis 2004. Pour cette énième joute électorale, M. Frêche prendra la tête d’une liste balayant presque tout l’échiquier politique, de certains des communistes à la section locale de Chasse Pêche Nature et Tradition (CPNT). Une exception nationale, un miracle politique, peu de chose en réalité pour le magicien Frêche. C’est même sa griffe, ratisser large, jouant à merveille de l’influence et du réseau qu’il a pu développer au cours de ses longs séjours aux différents sommets du pouvoir local. L’annonce de la constitution d’une liste PS officielle avec à sa tête Hélène Mandroux n’a pas de quoi l’effrayer, lui qui a bâti ses victoires sur son nom et son bilan bien davantage que sur son étiquette. M. Frêche « aime les cons » (comprendre: les électeurs) et, apparemment, les cons le lui rendent bien…

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Batailles d’arrière-cour

Bien difficile dans ces conditions, de faire entendre sa voix dès lors que l’on n’appartient pas à la famille de « Monsieur Georges ». Pas découragés pour un sou, ses adversaires se rêvent tous en tombeur du chef et les places sont chères pour avoir l’honneur d’être battu par Georges Frêche. En cette veille d’élection, les aspirants de tout poil se livrent à de véritables batailles d’arrière-cour. Chacun espérant de petits profits électoraux et ménageant, surtout, de grandes ambitions personnelles. La chronique montpelliéraine regorge ainsi de petits évènements qui rivalisent de cocasserie depuis quelques jours. Depuis, en fait, la sortie médiatique d’un certain Georges Frêche révélée par l’Express le Jeudi 28 Janvier.

Premier acteur de cet emballement: les Verts. Pardon, Europe Ecologie. Bien que clamant haut et fort sa position anti-Frêche, et préférant se présenter comme un rassemblement plus qu’un parti, le mouvement de Jean-Louis Roumégas et de José Bové n’est pas en reste de tactiques politiciennes. Ayant laissé entendre pendant un temps qu’un rapprochement avec Hélène Mandroux était envisageable, Europe Ecologie a brusquement fait volte-face après l’annonce de la candidature du maire de Montpellier. Au lieu de sauter sur l’occasion de constituer une liste de coalition en mesure de concurrencer efficacement Georges Frêche, les écologistes attendent désormais un sondage commandé par le parti pour se prononcer. Ceux-ci poseraient de toute façon, comme préalable à tout accord avec le PS, l’engagement d’une présidence tournante de la Région en cas de victoire… Du jamais-vu!

Jean-Louis Roumégas se rappelle au bon souvenir d’une Hélène Mandroux qui avait refusé une alliance avec les Verts lors de l’élection municipale de 2008, et pourrait laisser cette fois-ci Mme Mandroux et le Parti Socialiste dans une situation pour le moins inconfortable au vu du poids réduit des autres partenaires potentiels de la Liste PS au premier tour.

Farce politique

Manœuvre politique, rien d’inhabituel, dira-t-on. Admettons. Mais que dire, alors, de l’invraisemblable valse du MoDem. Revendication de militants, la tenue d’une primaire n’avait été accordée qu’à la fédération du Languedoc Roussillon, qui avait dûment investi, début Janvier, un ticket porté par Marc Dufour, président de la Fédération Départementale Modem de l’Hérault. Un bel exemple de démocratie. Et puis, coup de théâtre suite à un sondage paru dans le Midi-Libre du 20 Janvier révélant un net avantage pour le ticket, perdant lors des primaires, du médiatique Patrice Drevet. Le parti décide finalement de confier la liste au vaincu, désavouant la décision des militants qui n’avaient accordé que 36,3% de leur suffrage au tandem Labrousse-Drevet. Dernier rebondissement en date, Marc Dufour qui avait un temps accepté la décision du parti, menace désormais de présenter une liste dissidente si Patrice Drevet décidait de modifier la liste investie par les militants. Drôle d’ambiance décidément au sein du MoDem languedocien.

Au final, la lutte pour les régionales tourne à la foire d’empoigne. Un deuxième parti de France qui n’a pas même la certitude d’amener sa liste officielle au second tour, un « rassemblement » écologiste jouant la carte des intérêts particuliers et un Mouvement Démocrate qui désavoue son dirigeant local, démocratiquement désigné, au profit d’un présentateur météo surgi de (presque) nulle part. Georges Frêche peut fanfaronner, lui qui aura profité plus que quiconque de sa « bourde » à propos de Laurent Fabius. Un comble, mais l’homme n’est plus à une contradiction près, et s’apprête vraisemblablement à rafler une fois encore le premier rôle dans la farce politique qui se joue en Languedoc-Roussillon.

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J-L Roumégas : « les socialistes ne peuvent pas se poser en rassembleurs de la Gauche alors qu’ils sont divisés »

Porte-parole national des Verts, Jean-Louis Roumégas a été désigné pour mener la liste Europe-Ecologie aux élections régionales en Languedoc-Roussillon. Alors que la liste officielle vient tout juste d’être établie, il répond aux questions de Haut Courant.

Quel bilan tirez-vous de la politique du Conseil régional sous le mandat de Georges Frêche ?

Il faut distinguer le bilan personnel de Georges Frêche, assez mauvais, et celui de l’équipe du Conseil régional, plus mitigé. D’une part, M. Frêche s’est fâché avec tout le monde : les Verts, les communistes mais aussi avec le Parti Socialiste. Cela n’arrive pas par hasard : c’est le résultat d’un comportement, de pratiques de gouvernance qui sont inacceptables, et des dérives de son discours politique. Le bilan de l’équipe du Conseil régional, secteurs par secteurs, est à nuancer.

En ce qui concerne la rénovation des lycées, le retard a été en partie rattrapé. Il y a eu plusieurs constructions d’établissements. Par contre, ce qu’il manque : une plus Haute Qualité Environnementale (ndlr. HQE), une basse consommation ou du bio dans les cantines. Pour les lycées 21, l’initiative vient des lycéens sur la base de l’Agenda 21. Il n’y a pas eu de politique de la Région pour impulser ce type d’établissement, même si elle s’en vante.

En matière de transports ferroviaires, une des compétences de la Région, il y a eu de bonnes choses de faites comme la KARTATOO. Cependant, la modernisation des lignes ferroviaires n’a pas été à la hauteur de ce qui avait été promis.

Concernant l’aménagement du territoire, Georges Frêche a une vision qui est à l’opposée de ce que nous défendons. Il a fait de Montpellier une mégalopole susceptible d’attirer tous les habitants de la région. Au contraire, nous sommes pour une région multipolaire.

Frêche se vante d’avoir développé les énergies renouvelables. Il l’a un peu fait. Nous étions premiers en matière d’éolien en 2008. Nous sommes maintenant quatrièmes alors que le Languedoc-Roussillon a un fort potentiel en éolien et en solaire.

Et sur le plan économique ?

Là, l’échec est flagrant. Les gens pensaient que Frêche allait faire pour le Languedoc-Roussillon, le « miracle Montpellier ». Il voulait hisser la région au quatrième rang de France. Or, six ans après, nous sommes derniers en termes de PIB par habitant derrière le Nord-Pas-de-Calais, et avant-derniers en matière de chômage.

Que pensez-vous des dernières déclarations de Georges Frêche, notamment au sujet de Laurent Fabius ?

Cela fait des années que nous dénonçons les dérapages de Georges Frêche. Dernièrement, il a traité un pasteur de la CIMADE de nazi, Silvain Pastor d’antisémite parce qu’il soutient les Palestiniens, Jean-Paul II d’abruti, il a accusé les policiers d’avoir mis le feu à des voitures lors des émeutes de 2005. Aujourd’hui, son directeur de la communication lui arrache le micro avant qu’il ne dise des bêtises.

Ce n’est pas ces dérapages qui sont les plus graves. Ce qui est contestable, c’est sa politique autocratique, le fait du prince.

Donc, vous excluez tout accord avec Georges Frêche au second tour ?

Oui, et ce depuis le début de la campagne. Nous ne voulons plus de lui comme président. Il est hors de question de cautionner sa politique. Le Front de gauche et certains socialistes, ont pris la même position. Une majorité de gens à gauche veulent un changement. D’où la volonté de rassemblement.

Envisagez-vous une alliance avec Hélène Mandroux ?

Nous n’avons pas attendu l’intervention de Martine Aubry pour discuter d’une éventuelle alliance. Les socialistes autour de Paul Alliès et d’Hélène Mandroux nous avaient déjà sollicités pour savoir si Europe Ecologie était prête à accueillir des socialistes. Nous avions répondu favorablement. J’ai même proposé à Hélène Mandroux de prendre la tête de liste dans l’Hérault. Aujourd’hui, Martine Aubry se réveille, bien tard, et fait comme si c’était elle et les socialistes qui allaient rassembler. J’attends déjà de voir ce qu’ils vont rassembler ici, car beaucoup restent derrière Georges Frêche. Les socialistes ne peuvent pas se poser en rassembleurs de toute la Gauche alors qu’ils sont eux-mêmes divisés.

Que pensez-vous du fait qu’un ancien Vert comme Yves Piétrasanta soit inscrit sur la liste de Georges Frêche ?

C’est parce qu’il y est, qu’il a été exclu des Verts. Il a choisi de soutenir Frêche et son système plutôt que l’écologie. Je trouve dommage que des gens qui se disent écologistes aillent servir de caution à Georges Frêche sans infléchir sa politique dans un sens plus écologique. Il ne suffit pas de mettre quelques petites pincées de « vert » sur les politiques du Conseil régional, il faut une réelle transformation écologique. Je trouve que ce sont des écologistes qui manquent d’ambition.

Et que pensez-vous de Patrice Drevet qui conduit la liste de l’Alliance écologique indépendante ?

C’est un écologiste mondain. Il a présenté la météo à la télévision et s’est découvert écologiste quand tout le monde était déjà convaincu. Il est adjoint dans une mairie UMP et ne se présente pas comme écologiste mais en tête d’une liste MoDem teintée d’écologie. C’est comme le pâté d’Alouette : il y aura un cheval de MoDem et une alouette d’écologie.

Pouvez-vous nous résumer votre programme en quelques mots ?

Nous proposons aujourd’hui une politique économique très différente de ce qui a été fait à la Région. Notre projet repose sur trois piliers.

Le premier est la transformation écologique de l’économie régionale pour créer des emplois. Notamment dans le secteur du bâtiment. Il faut que la Région impulse et soutienne les projets de rénovation thermique et d’isolation. Elle doit aussi impulser encore plus largement dans le parc du logement.

Le second pilier est le développement des énergies renouvelables : l’éolien, le solaire et la biomasse (bois et déchets agricoles). Par exemple : créer une plate-forme offshore de grande dimension sur le littoral languedocien, construire des centrales terrestres de petite dimension sous forme de sociétés coopératives créées avec les communes. Nous souhaitons développer le solaire sur les toits des habitats et les bâtiments publics de la région. Il faut créer des centrales photovoltaïques. Pour la biomasse, il y a deux axes : impulser l’équipement en chaudières et monter des filières de granulés et de copeaux de bois, en profitant du gisement important qu’offre la forêt languedocienne. Il est aussi nécessaire de créer des transports alternatifs.

Le troisième pilier : l’agriculture. Nous voulons développer un vrai plan biologique au niveau régional, avec des aides à la conversion bio, le développement de circuits agroalimentaires courts. L’offre en bio n’est pas, aujourd’hui, à la hauteur de la demande au niveau régional. Nous devons donc importer, ce qui est une aberration. Il est idiot de faire voyager des produits sur des milliers de kilomètres.

Et au sujet de la viticulture ?

La viticulture, en Languedoc-Roussillon, est en grave crise de revenus. Notamment à cause de la concurrence internationale et de la baisse de la demande. Nous sommes pour une viticulture régionale de qualité environnementale, dans sa dimension de terroir. Ce doit être un argument de vente à l’étranger.

Comment allier la compétitivité et l’écologie dans ce cas ?

Les vins biologiques et les vins de terroir se vendent à un meilleur prix sur le marché international. C’est sur les vins standardisés, bons marchés, que nous perdons la compétition. Certains pays sont moins chers que nous comme la Nouvelle-Zélande et l’Argentine. Alors, il ne faut pas chercher à s’aligner sur eux. Les salaires ne le permettent pas ici. Considérer que les produits agroalimentaires sont aussi des produits culturels est une valeur ajoutée. Il faut sortir de cette vision industrielle de l’agroalimentaire. Les gens évoluent vers du produit culturel, du savoir-faire, et du produit bon pour la santé. Nous voulons créer un centre de ressources international de la vigne et du vin qui œuvrera pour servir cette culture du vin et qui va assoir la notoriété internationale des vins du Languedoc.

Que proposez-vous en matière de politique culturelle ?

Nous voulons éviter les phénomènes de concentration, de soutien exclusif à la culture de prestige. Nous souhaitons aider au développement local de la culture en soutenant des lieux de création et de diffusion dans l’ensemble de la région. Il faut laisser la liberté aux artistes d’innover plutôt que de conserver la culture « fait du prince » actuelle. Actuellement, des dépenses de prestige représentent environ 90% du budget culturel. La Région a dépensé 54 millions d’Euros pour construire la Grande Salle alors qu’avec cet argent on aurait pu créer une cinquantaine de lieux culturels dispersés dans l’ensemble du territoire régional.

Pour finir, que pensez-vous de l’échec du Sommet de Copenhague ?

Il montre qu’il existe des grands discours sur l’écologie, mais lorsqu’il s’agit de passer aux actes, il y a eu incapacité des politiques traditionnelles. Il n’y a pas l’expertise nécessaire : Nicolas Sarkozy confond le changement climatique et le trou dans la couche d’ozone, Rachida Dati parle de refroidir la planète de 2 degrés. Il y a donc une méconnaissance des questions écologiques.

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Mis à jour le 3 février à 0h30

Europe Ecologie peaufine sa stratégie

A moins de deux mois des élections, ils étaient réunis le 25 janvier dernier à Montpellier, pour leur réunion hebdomadaire. Constitution des listes, campagne de terrains et futures alliances, les enjeux ne manquent pas pour les sympathisants d’Europe Ecologie.

« Europe Ecologie est un miracle qui progresse. » C’est avec le sourire qu’Emmanuel Reynaud, secrétaire régional des Verts, a présenté le 25 janvier dernier l’évolution du rassemblement écologiste. A l’occasion de leur réunion hebdomadaire dans un local des verts boulevard Ledru Rollin à Montpellier une trentaine de sympathisants d’Europe Ecologie ont évoqué leur stratégie pour l’élection. Petit résumé des enjeux de la campagne électorale du mouvement écolo.

L’envie de vite faire campagne

Une impatience de partir sur le terrain a été manifestée par de nombreux participants. « On ne va tout de même pas attendre les affiches pour partir en campagne, il faut vite aller à la rencontre des gens, des associations. N’oublions pas que ce qui a fait le succès d’Europe Ecologie aux européennes, c’est que nous étions parti en campagne très tôt ! » s’exclame un militant Vert. « C’est vrai » surenchérit une responsable associative du quartier de la Paillade à Montpellier : « Les associations sont en souffrance et les autres partis occupent le terrain. » Aussitôt dit aussitôt fait, la prochaine réunion hebdomadaire d’Europe Ecologie se tiendra à La Paillade dans un local prêté gracieusement par un sympathisant.

La difficile constitution des listes

Emmanuel Reynaud est également revenu sur la constitution des listes. « Vous le savez la constitution des listes est longue à mettre en place car nous souhaitons la parité. Parité homme/femme et entre Verts et non Verts. Il s’agit de trouver une alchimie. Mais je pense que d’ici une semaine à quinze jours maximum, les listes seront constituées » explique-t-il.
Les listes sont d’autant plus longues à mettre en place qu’Europe Ecologie discute avec les « résistants » socialistes qui refusent de soutenir la liste conduite par Georges Frêche. « C’est une discussion, une rencontre qu’ils ont souhaité et que nous n’allons pas refuser. Comme toujours depuis la fondation d’Europe Ecologie, le rassemblement se fait sur la base d’idées, d’adhésion au projet » poursuit Emmanuel Reynaud. Des idées et un projet qui seront présenté en même temps que les listes officielles.

L’entre deux-tours déjà dans les esprits

Les listes ne sont pas totalement constituées mais se profilent déjà les enjeux du second tour. Un sympathisant se demande : « Le rassemblement avec la liste de René Revol (ndlr Parti Communiste Français, Parti de gauche, Nouveau Parti Anticapitaliste) est prévue mais j’aimerais savoir sur quelle base ? » La réponse d’Emmanuel Reynaud ne se fait pas attendre : « Si les conditions le permettent, ils pourront nous rejoindre en fusionnant leur liste avec la notre comme la règle électorale le permet. A ce moment là, la répartition se fera à la proportionnelle selon les voix obtenues au premier tour. »

Un premier tour qui sera sûrement évoqué le vendredi 29 janvier lors du meeting d’Europe Ecologie à Mende à 20h30 en présence de José Bové et de Jean Louis Roumegas, tête de liste des Verts en Languedoc-Roussillon.

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Mis à jour le 26 janvier à 20h00