Une éclaircie dans le ciel montpelliérain ?

Montpellier, 8e ville de France, génère environ 1,2 million de passagers par voie aérienne à l’année. Or, son aéroport n’est pas à la hauteur d’une zone urbaine de plus de 400 000 habitants. Hors agglomération et abandonné des politiques, il n’a jamais suscité un grand intérêt depuis Georges Frêche. Tour de piste à la veille des municipales de mars ?

« L’aéroport de Montpellier a du mal à décoller ». Un refrain bien connu. La raison première ? Précisément une abondance d’aéroports, pas moins de cinq se partagent le trafic aérien en Languedoc-Roussillon. Carcassonne, Perpignan, Nîmes, Béziers et Montpellier, difficile de s’imposer dans ce ciel si fourni.

Un quinté… gagnant ?

La région a toujours prôné la complémentarité des cinq plate-formes aéroportuaires. Mais, aujourd’hui, ce surnombre ne deviendrait-il pas un frein plus qu’un moteur de promotion pour la région ? « Non ! » assène cette dernière, qui détient 6,5 % des parts de l’aéroport de Montpellier mais le finance à hauteur de 18 millions d’euros annuels. L’État, actionnaire majoritaire avec 60% des parts, est suivi par la CCI avec 25 %, le reste étant constitué par le département et les communautés de l’Agglo. La région n’est pas à court d’arguments pour défendre la viabilité des 5 sites, qui génèrent un chiffre d’affaires de plus de 800 millions d’euros. Avec pas moins de 140 entreprises implantées sur les cinq tarmacs, les zones concernées peuvent se prévaloir de près de 7450 emplois directs et induits. Selon la société d’études économiques et de conseil en stratégie Bipe et l’institut BVA, Montpellier Méditerranée produit, à lui seul, la moitié de ces ressources.

Pascal Pintre, directeur de l’aéroport de Béziers (235 000 passagers en 2013), estime que cette complémentarité est une force, citant par exemple la région PACA (qui compte Marseille, Nice, Toulon et Saint-Tropez) ou la Bretagne avec sa myriade d’aéroports. « L’idée c’est de savoir comment valoriser cette complémentarité plutôt que de se tirer la bourre. La région Sud de l’arc méditerranéen a un potentiel infini. Le moyen de transport aérien est largement sous-utilisé en Languedoc-Roussillon : seuls 4% des visiteurs dans la région arrivent par voie aérienne », souligne-t-il. Persuadé de l’utilité du travail en réseau, il avance : « L’étude du cabinet Bipe a montré que, si on centralisait tout le trafic sur Montpellier, la région perdrait 700 000 passagers du fait de l’évasion des clients.  » Et pour lui, le mariage pour tous les aéroports, ce n’est pas d’actualité : « Il faut sortir des querelles de clochers. Je réfute la concurrence. La complémentarité, oui. Le travail en réseau, oui. Mais le mariage des 5 aéroports, non. Chacun a un statut différent, ce serait très difficile d’aller au-delà du bon fonctionnement. »

Montpellier Méditerranée en déficit d’attractivité

Le bilan 2013 de l’aéroport de Montpellier est plutôt positif avec près de 1.400.000 passagers. Soit 10,5 % de plus qu’en 2012. Mais il stagne toujours loin derrière ses concurrents directs, Toulouse et Marseille, qui enregistrent respectivement 7,5 et 8,3 millions de passagers. Un facteur en cause : le manque de destinations proposées, une vingtaine seulement à partir de Montpellier. Alors que la Ville rose en offre 70 et la Cité phocéenne plus d’une centaine. Pas étonnant alors que le parking de Marignane, qui abrite l’aéroport de Marseille, soit envahi de voitures immatriculées 34 ! Sans oublier la concurrence féroce du TGV qui engendre une perte considérable de passagers, compétitivité des prix oblige.

Montpellier Méditerranée cumule les fausses notes : sa faible desserte n’en est qu’une de plus sur la partition. Un problème rabâché mais jamais résolu. La liaison aéroport – cœur de ville est un vrai parcours du combattant. Certes elle n’est pas chère (2,60 € le trajet tramway + navette) mais comptez une navette par heure pour rejoindre la place de l’Europe, son terminus, puis 15 minutes pour arriver place de la Comédie. En sens inverse, même combat. De quoi décourager les passagers. Mais tout n’est peut-être pas perdu. Un projet très aléatoire de téléphérique, suggéré par le cabinet Transmobilités pourrait relier la gare St-Roch à l’aéroport. Une solution 2 en 1 : une liaison directe du centre au tarmac et un désengorgement du trafic routier.

Une « patate chaude » en période de municipales

L’aéroport de Montpellier n’est pourtant pas si mal loti : d’aspect moderne, refait à neuf, il se situe à seulement 7 kilomètres du centre-ville. Mais situé sur la commune de Mauguio, il est hors de la fameuse Agglo qui regroupe 31 communes, ce qui peut certainement expliquer le manque d’intérêt des élus à son égard.
Si, en 2009, Georges Frêche avait évoqué le projet de fédérer les aéroports de Nîmes, Béziers et Montpellier, l’idée est, cinq ans plus tard, restée lettre morte. Certains candidats aux municipales 2014 voient en l’aéroport de Montpellier l’opportunité de rehausser la ville à un « rang mondial », comme ils disent. La problématique aéroportuaire serait-elle à nouveau au programme ?

La plupart des prétendants au poste y vont de leur commentaire ou proposition, sans trop s’étaler sur le sujet. France Jamet, candidate du Front national, se contente d’un : « C’est une des patates chaudes de la campagne municipale. » D’autres sont plus incisifs. Jacques Domergue, candidat UMP, annonce un projet percutant. S’il est élu, il ne souhaite garder qu’un seul des cinq aéroports dans la région. « Je n’ai rien contre Perpignan, Carcassonne, Béziers ou Nîmes. Mais ces gens-là doivent venir prendre leur avion à Montpellier. Si les élus peuvent le faire, eux aussi », estime-t-il, sans dire comment il forcera la fermeture des autres sites. Sur son compte Twitter, il renchérit : « Je veux un aéroport sud de France à Montpellier qui soit un véritable Hub (centre, ndlr) du Sud de l’Europe. »

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(capture d’écran du compte Twitter de Jacques Domergue)

Philippe Saurel, dissident PS, adopte une position plus prudente. Il reconnaît que l’aéroport est un lieu et une plaque d’accès incontournable pour l’économie et le tourisme sur l’axe méditerranéen. Sa situation géographique ne lui échappe pas : « Il n’est pas situé sur l’agglo de Montpellier, du coup il perd un peu de sa valeur. Il n’est pas en contact direct avec la ville, n’a pas de ligne de tram qui le dessert, d’où sa faible importance. » Il rappelle que la ville ne peut agir seule : « Il faudrait passer une série de conventions et des objectifs partenariaux avec les autres villes et communautés de l’Agglo. » Selon lui, il faut montrer patte blanche. « Nous devons harmoniser le territoire face à la crise et nourrir des relations amicales entre les différents aéroports de la région. Je ne serai pas contre fédérer Montpellier, Nîmes et Béziers. Ce serait une façon provisoire d’être compétitif. »

Pour Joseph Francis, candidat UDI, il n’est pas question de lancer des idées sans pouvoir les concrétiser. « Non, la question de l’aéroport n’entre pas dans les points que j’aborde dans mon programme. Tout simplement parce que l’aéroport n’appartient pas à la ville. C’est hors de nos prérogatives. Jacques Domergue aurait dû se taire. Il ne faut pas faire d’annonces politiciennes qui n’aient pas de sens pratique. » Ce qui ne l’empêche pas d’avoir sa propre opinion : « Dans l’idéal, il faudrait que chaque Conseil régional récupère un grand aéroport par région. » concède-t-il. Celui de Montpellier, si ce projet venait à se réaliser, serait cédé à la région. « Pour que ce projet se concrétise, il faut que la région soit accompagnée dans sa démarche par des compagnies privées », explique-t-il. Joseph Francis rappelle que la maîtrise des transports est un critère essentiel du développement économique : « L’attractivité d’un territoire est basée sur les transports. Il faut une plate-forme multimodale, une complémentarité des transports aériens, ferroviaires, routiers et maritimes. Les 3 aéroports de Montpellier, Nîmes et Béziers doivent assurer cette complémentarité et non être en opposition. »

La candidate du Front de Gauche, Muriel Ressiguier, pencherait davantage pour un audit : voir les lignes utiles et comprendre ce qui convient ou pas, en se focalisant sur le point de vue des principaux concernés : les usagers. Seul Jean-Pierre Moure, candidat de la liste PS et EELV, n’a pas souhaité s’exprimer. Comme un aveu ?

Une aubaine pour l’extrême droite ?

Il y a un aspect crucial concernant les conséquences politiques du décès du président de la Région Languedoc-Roussillon : le profit que pourrait en tirer le Front National. Car la captation d’une partie de cet électorat par Georges Frêche n’était plus un secret. Pour Jacques Molénat, « aucune voix ne lui était indifférente, de l’extrême gauche à l’extrême droite. »

France Jamet : « Les élus du FN en Languedoc-Roussillon sont à 100% derrière Marine »

France Jamet est la présidente du groupe Front National au Conseil régional du Languedoc-Roussillon. Elle est également la fille d’Alain Jamet, membre historique du FN et président du comité de soutien à Marine Le Pen. Elle supporte la vice-présidente du FN dans la prochaine élection interne du parti, visant à désigner le successeur de Jean-Marie Le Pen.

France Jamet : « Face à Frêche, le Front National doit former une grande opposition »

Au lendemain du premier tour des élections régionales, Haucourant est allé recueillir les impressions à chaud de la candidate tête de liste du Front National du Languedoc Roussillon. Alors que les sondages la créditaient de 7 % des intentions de vote, France Jamet affiche victorieuse les 12,67% des voix recueillis par son parti.

«Une force nationale, et probablement de plus en plus grande»

Lundi 15 mars, 15 heures, France Jamet arrive souriante à son QG de campagne installé dans la zone industrielle de Lattes près de Montpellier. Forte de ses 12,67% des voix au premier tour de ces élections régionales, la tête de liste du Front National dans le Languedoc Roussillon salue les journalistes venus écouter sa conférence de presse. «Plus nombreux que d’habitude» déclare-t-elle. La fille d’Alain Jamet, leader historique du Front national dans l’Hérault, peut jubiler. Créditée, au départ, par les instituts sondages de 7% des voix, France Jamet arrive à se glisser en troisième place derrière Raymond Couderc (UMP 19,63%) et Georges Frêche (Divers Gauche 34,28%) avec presque 13% des voix.

Pour elle, la clé de la réussite a été une campagne de proximité. «Avant ce premier tour j’ai fait 28 conférences de presse. Mon équipe et moi avons parcouru 12 000 kilomètres, distribués 640 000 tracts, collés 11 000 affiches et fait sur l’Hérault 34 marchés. Si Nicolas Sarkozy se fout de ce que pense la France d’en bas, nous, nous avons entendu le cri venu du terrain.» Sur le plan national, son parti enregistre un score de 11,6 %, et se voit estampillé de l’étiquette de quatrième force politique, à un point seulement d’Europe Ecologie (12,5 %). Un pied de nez à Nicolas Sarkozy qui estimait en 2007 que le FN était un parti moribond. Revanchard, Jean Marie Le Pen, dimanche soir sur TF1 à l’annonce des résultats, s’est d’ailleurs empressé de déclarer que le Front National était «une force nationale, et probablement de plus en plus grande.»

«J’en appel aux électeurs déçus de l’UMP […] et à l’électorat de gauche»

Mais si le Front National apparait renaitre de ces cendres, il ne faut pas oublier que lors des dernières élections régionales de 2004, le FN avait reçu 14,7 % des voix sur le plan national et 17,7% dans le Languedoc Roussillon. France Jamet sait donc que la partie n’est pas gagnée. Son souhait : élargir son électorat pour le second tour. «Pour que le FN soit un vrai parti d’opposition, j’appelle, pour le second tour, tous les électeurs qui ont voté pour le FN à renouveler leur confiance. J’en appelle aux électeurs déçus de l’UMP, aux électeurs de Christian Jeanjean et à l’électorat de gauche et d’extrême gauche qui n’ont pas pu passer la barre des 10%.»

Embrasser le vieux souvenir d’un font national influant dans la région comme sous le règne de Jacques Blanc trotte dans la tête de France Jamet. Le désir de cette ancienne membre de la CDCA (Confédération de Défense des Commerçants et Artisans) est donc clair, faire du front National un parti qui peut s’opposer à Georges Frêche au second tour ou au sein du conseil régional. «Pour le cas de Frêche, on ne peut pas nier l’efficacité de son travail pour Montpellier, en revanche sur le plan régional son bilan est nul» explique-t-elle. Mais si France Jamet reconnait une certaine sympathie pour le président de la région, elle est beaucoup plus dure envers le candidat UMP Raymond Couderc. «Couderc n’a ni carrure, ni volonté seulement des ambitions électorales et du mépris envers ses électeurs, comme il en a envers le Front National.»

Pour réaliser ces objectifs et récupérer les voix des absentéistes ou des électeurs «déçus» , le discours est bien rodé. Protection des agriculteurs, des commerces de proximité, lutte contre l’immigration et préférence nationale sont les grandes lignes du programme du Front National réaffirmées par France Jamet. La seule interrogation reste de savoir si ces thèmes sont ceux attendus par les 50,26% abstentionnistes du Languedoc Roussillon.

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Elections Régionales : les tracts en revue

A quelques jours du premier tour de ces régionales de mars 2010, la population a enfin reçu les tracts des partis politiques et coalitions en lice. Les meilleurs spécialistes de Haut Courant ont bien évidemment sauté sur l’occasion pour analyser, comparer et classer ces différents flyers.

En Languedoc-Roussillon, ce sont donc onze tracts et presque autant de bulletins de vote qui ont été envoyés à chaque électeur. Au cas par cas, les politologues de Haut Courant ont décortiqué, étudié, lu et relu ces tracts, avant de les passer au rayon X, afin bien entendu, d’établir un classement.

«Oui je suis révolté !»

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Christian JeanJean est révolté. Il nous le dit longuement, en colonne, en ligne, avec des petits tirets, en noir, en blanc, en jaune, sur fond bleu, blanc, rose ou vert.
Sur le recto, le candidat de l’Union Républicaine Populaire nous présente son CV, la liste des partis et mouvements qui le soutiennent, les raisons qui le poussent à être «révolté», mais aussi le pourquoi du comment il est «serein est déterminé».
Au verso, il présente son programme dans six cadres prenant la forme de cartes à jouer : développement économique, enseignement et formation, aménagement durable, tourisme, santé et nature et enfin culture régionale.
Au final, on a l’impression que le tract part dans tous les sens. Sans oublier les caractères en jaune. Avec un tract comme ça, on comprend que le pauvre Christian JeanJean soit révolté.

Les + :

  La croix de Lorraine

Les – :

  Trop brouillon

  Abime les yeux

La note Haut Courant : 3/10

«Le monde du travail a les moyens de se défendre»

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Le second tract à être passé à la loupe de HautCourant est celui de la liste Lutte Ouvrière, conduite par Liberto Plana.
Schéma de couleur très simple (caractères en noir sur du blanc ou du jaune pâle), aucune icône, aucune touche graphique, rien, si ce n’est une photo de Liberto Plana.
Le tract se résume plus ou moins à un pamphlet contre le grand patronat (le terme revient sept fois), les banques et les banquiers (dix fois), les actionnaires (quatre fois) et le gouvernement (quatre fois également) sur une page recto-verso.
Le problème, c’est que tout ça n’est pas très excitant. La révolution et «faire rendre gorge» au grand patronat, oui, mais pas sans dessin de poings levés, pas sans étoile rouge ou portrait du Che.

Les + :

  La Révolution

  Que du texte

Les – :

  Pas très glamour

  Que du texte

La note Haut Courant : 4/10

«La Région – La France – La Vie»

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Vient ensuite le tract de La Maison de la Vie et des Libertés, dirigée par Jean-Claude Martinez, dissident du FN.
Au contraire du tract de l’Union Républicaine Populaire, celui de la MVL et plus carré. Sur le recto, outre une photo de Jean-Claude Martinez et de quelques membres présents sur les listes, se trouve un rapide résumé du cursus du leader («JCM qui est-il ?»). Avec quelques charmantes et désuètes touches en occitan («Amics d’aqui Estimat amics») toujours utiles pour flatter la culture locale, «JCM» nous présente ses grandes idées pour «la vie» (le terme est utilisé onze fois sur le tract), notamment la création d’une «Alliance de civilisation Europe – Amérique latine».
Au recto, le programme est présenté en trois points : «protéger nos racines», «ouvrir nos ailes» et «embellir nos vies». On retrouve plusieurs cris de ralliement de l’extrême-droite : maintien de l’identité, préservation de la langue d’Oc et Catalane, sauvegarde du patrimoine agricole, ainsi que (plus étrange) la nécessité de faire la lumière sur les disparus d’Oran du 5 juillet 1962.
Mais là où «JCM» fait fort, c’est dans la conclusion de son appel aux électeurs : puisqu’il affirme qu’il peut leur «dire la vérité, [leur] montrer le chemin et [les] conduire à la solution». Nul doute que les languedociens sont maintenant rassurés.

Les + :

  L’occitan ça en jette

  Bonne présentation

Les – :

  Le curé n’aime pas la concurrence

  Où est la rhétorique provie ?

La note Haut Courant : 6/10

«Uniquement pour vous»

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Encore une fois, Georges Frêche fait dans l’originalité. Le tract de la liste «Tous pour le Languedoc-Roussillon avec Georges Frêche» est le seul à ne pas offrir une photo de son leader.
Et à vrai dire, le tract ne présente rien du tout. Quelques photos montrant un Languedoc-Roussillon où tout le monde rigole, une adresse internet et six formules qui veulent tout et rien dire à la fois au verso de la page. «Un destin pour chacun», «restons nous même», etc. Le tout sur un fond brun uni et sobre.
Le président de Région sortant avait annoncé qu’il n’avait pas besoin de faire campagne. C’est clairement ce qui ressort de ce tract. Mais les électeurs qui ne font pas encore partie de son fan club risquent d’être un peu déroutés.

Les + :

  La provoc’, toujours la provoc’

  Se lit vite

Les – :

  Et sinon, le programme, c’est quoi ?

  Un destin pour le cœur économique agréable n’a pas de rides

La note Haut Courant : 6/10

«Râler c’est bien… Voter c’est mieux !»

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C’est un Jean-Marie Le Pen bronzé, souriant et rajeuni de 15 ans qui appelle à voter Front National aux élections régionales. On en oublierait presque de voter France … Jamet, tant la tête de liste de l’Hérault est éclipsée par la figure du leader du parti.
Le verso est quand à lui plus évocateur. Un dessin humoristique représente un individu visiblement stressé. Il a de quoi, puisque ses enfants et ses parents sont agressés, que sa voiture brûle, qu’il ne se sent plus chez lui et que son emploi, son salaire et sa retraite sont sacrifiés à la mondialisation par l’état UMP et les régions PS, PC et Verts.
Il ne lui reste qu’une solution : Voter Front National. Il redressera du même coup l’école, retrouvera la fraternité et établira la justice fiscale. On en oublierait presque les propositions régionales déclinées sur un fond bleu un peu pâlichon.
Bref, le tract FN joue sur le national autant que sur le régional, et assume. En même temps, le parti ne s’appelle pas le Front Languedocien, donc ça passe pour cette fois.

Les + :

  Le dessin

  Le général nous regarde depuis Paris

Les – :

  Où est la voix de (la) France ?

La note Haut Courant : 6/10

«L’écologie vue d’ici»

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Le tract de l’Alliance Écologiste Indépendante de Patrice Drevet se démarque de la majorité des autres tracts par l’absence d’une quelconque déclaration aux électeurs. Et non, pas de petit paragraphe signé par l’ancienne star nationale de la météo, juste une liste d’engagements expliqués en détails au verso du tract.
Sans surprise, tout tourne autour de l’écologie. Sans surprise toujours, le vert est la couleur dominante (pourquoi est-ce que les écologistes n’ont pas décidé de s’appeler « les gris » ou « les bleus turquoises » ? La question est posée).
Mais ce qui retient l’électeur potentiel, c’est surtout la photo de Patrice Drevet. L’homme qui décidait du temps qu’il ferait dans notre beau pays se tient là devant un étang, l’air sérieux mais serein. Derrière lui, une petite fille et un buisson. L’image s’imprime dans les esprits : « Patrice Drevet, la force tranquille, l’homme qui va protéger nos enfants, nos étangs et nos buissons ». Osana messire!

Les + :

  Patrice Drevet, ce héros

  Beau panorama

Les – :

  L’écologie sans Dany, c’est un peu comme le pain sans fromage

La note Haut Courant : 6/10

«Changer en Languedoc-Roussillon, c’est possible !»

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Difficile travail que de parler du tract de Raymond Couderc (UMP et associés). Au-delà du contenu qui a de forts airs de déjà-vu (réduire le chômage, faire de la région un pôle d’excellence international, etc), la forme est également très classique.
Beaucoup de bleu (UMP oblige), une photo de Raymond Courderc, le nom des différentes têtes de liste et un engagement au recto, ainsi qu’un programme (en trois points) au verso. Rien à redire. C’est propre, c’est clair, et c’est un peu ennuyeux. Petite particularité : le tract de Raymond Couderc est le seul qui se lise horizontalement et pas verticalement. Il est important de le souligner.
À la rigueur, il serait possible de se moquer de la photo sur laquelle une centaine de personnes se retrouve en rang d’oignons autour du maire de Béziers, mais ça serait de la mauvaise foi. Seul petit espoir : souligner que la liste UMP est la seule liste issue d’un grand parti national qui ne fasse pas appel aux caciques parisiens. Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Les + :

  Bonne présentation

Les – :

  Ça manque un peu de punch

La note Haut Courant : 7/10

«À Gauche maintenant !»

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La rose. N’est-ce pas là l’emblème du parti socialiste ? C’est ce qui marque d’emblée sur le flyer de «À Gauche maintenant !». Pour l’électeur inattentif qui ne connaitrait pas la tête de liste René Revol, une piqure de rappel lui indique que sa liste est soutenue par Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot et Marie-Georges Buffet.
Ce même électeur distrait ne mettra également pas longtemps pour voir que René Revol s’adresse à lui sous la forme d’une lettre (avec introduction en «Madame, monsieur») et pour qu’il ne loupe rien, le plus important à retenir est souligné en jaune notamment les transports collectifs gratuits. Ça permet de passer toutes ces longues lignes de texte inutiles pour aller directement à l’essentiel.
Au verso sont développées les propositions de la liste sur trois volets distincts : «Urgence sociale», «Urgence démocratique» et «Urgence écologique». Bref, c’est vraiment l’urgence.

Les + :

  Affichage clair du candidat et des propositions

Les – :

 La rose, c’est original comme symbole

La note Haut Courant : 7/10

«L’écologie c’est maintenant !»

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Du bleu on passe au vert. Et du vert il y en a beaucoup sur le tract de la liste Europe Ecologie (ce n’est qu’une demi-surprise). Mais là encore, globalement, pas grand-chose à dire.
Une déclaration aux électeurs au recto, et «7 raisons de voter pour Europe Ecologie» au verso. A côté des fameuses sept raisons, une photo des stars du parti : Eva Joly, José Bové, Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit. Ces derniers expriment leur soutien à Jean-Louis Roumégas, qui a toute leur confiance pour «faire mieux et autrement à la tête de la Région». Un cynique répondrait « encore heureux ».
Sinon, et bien on remarque que tout le monde sourit chez Europe Ecologie. Et encore, sourire est un euphémisme : José Bové et « Dany » ont l’air de s’éclater. Non, vraiment, chez Europe Ecologie, qu’est-ce qu’on déconne.

Les + :

  Ils sont vraiment sympas chez Europe Ecologie

Les – :

  Un peu de sérieux les gars

La note Haut Courant : 8/10

«Retrouvons nos valeurs»

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Hop, on retrouve la rose, la vraie, estampillée PS. Pour signaler son attachement à la vraie gauche, la gauche des valeurs, sociale et progressiste, Hélène Mandroux décide d’utiliser autant que faire se peut le rouge. Mais un rouge plus pâle que celui de «À Gauche maintenant !». Un rouge socialiste, presque rose mais pas complétement.
Ceci dit, le tract du PS est loin d’être folichon à première vue : déclaration d’intention accompagnée d’une photo de la maire de Montpellier et des autres têtes de liste au recto, programme en quatre points au verso (sous forme de questions/réponses)… On reste dans le «classique mais efficace».
Là où le Parti Socialiste tente de faire la différence, c’est par la liste de ses soutiens. Et oui, au PS, c’est un peu comme chez Haut Courant, il y a des grosses signatures : Robert Badinter, Bertrand Delanoë, Arnaud Montebourg, André Vézinhet, Martine Aubry, Georges Semprun et Gérard Saumade. Non, clairement le FN et Europe Écologie peuvent aller se rhabiller. Ils ne font pas le poids.

Les + :

  Le PS pour l’abolition de la peine de mort

 Le PS contre Franco

Les – :

  Ils s’y croient un peu quand même

La note Haut Courant : 8/10

«Maitres chez nous»

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Voila sans conteste le tract qui remporte le titre de « meilleur tract politique régional » cette année. Pourquoi ? Et bien d’abord, parce que le symbole de la Ligue du Midi est un chevalier. En quoi un chevalier médiéval représenterait-il le Midi ? Est-ce un cathare ? Un templier ? Aucune idée, mais c’est la classe, et il fallait oser.
L’essentiel du programme de la Ligue du Midi est expliqué au verso du tract. Quatre points principaux : «Réformer la fiscalité/fusionner les collectivités», «Défendre l’Environnement/Relocaliser l’économie», «Combattre l’insécurité» et «Promouvoir l’identité». Le tout avec une citation de De Gaulle. La Ligue entend entre autre instaurer un délit d’activités «anti-identitaires» et «criminaliser les complices» des «clandestins et des délinquants étrangers». Tout un programme.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est cette image de Richard Roudier. Les mains sur les hanches, le leader de la Ligue du Midi adresse au lecteur un sourire enthousiaste. Parce que oui, dans les ligues identitaires de la droite-extrême, et bien on rigole aussi – parfois.

Les + :

  Le chevalier

  La franche rigolade

Les – :

  Le tract a un peu plus d’un siècle de retard

  Pas de référence au catharisme de nos ancêtres ou au complot judéo-maçonnique

La note Haut Courant : 9/10

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Julien Sanchez : « Le FN n’a jamais été un parti raciste »

En 2000, Julien Sanchez rentre au Front National, à 16 ans. Aujourd’hui, en 2010, à l’occasion des élections régionales il est deuxième de liste départementale dans l’Hérault. De simple militant, il a gravi les échelons pour être aujourd’hui la figure de proue du FN « nouvelle génération ». Soutenant la tête de liste France Jamet, il est également adjoint au directeur du service presse et chef de projet internet national pour le Front National. Rencontre.

HautCourant : Julien Sanchez, pourquoi et comment avez-vous adhéré au Front National ?

Julien Sanchez : Mon engagement a été précoce. Mon père était engagé à l’extrême gauche et militant CGT. J’ai pu suivre les débats télévisés pendant mon enfance. C’est au lycée, à 16 ans que j’ai rejoint un parti : le Front National. Pour moi le FN c’est la justice sociale et donner aux gens la possibilité de vivre mieux. En France il y a des injustices. L’Etat aide beaucoup les étrangers mais n’aide pas les français dans le besoin. Auparavant le Parti Communiste dénonçait cet état de fait, aujourd’hui il ne reste plus que le FN pour le faire.

HC : Comment votre famille regarde-t-elle votre engagement pour l’extrême-droite ?

JS : [Sourire] Mes parents ne voteront pas FN c’est certain. Ils sont toujours communistes, mais respectent mon engagement. On a chacun nos conceptions de la politique, mais ils savent que mon combat est désintéressé et que je défends avant tout mes convictions.

HC : Comment se manifeste au jour le jour le militantisme d’un jeune adhérent au FN ?

JS : Au début, j’ai commencé en distribuant des tracts et des autocollants. A l’époque déjà je m’intéressais beaucoup à la création de sites sur internet, et j’ai très vite été contacté pour réaliser des sites pour le Front National. Aujourd’hui, je suis Chef de Projet Internet national pour le FN et j’ai participé à l’élaboration du site du parti, tout en continuant à effectuer un travail sur le terrain et à rencontrer la population. Le Front National donne des responsabilités aux jeunes, ça marche en fonction du mérite. C’est pour cette raison que Jean-Marie Le Pen a insisté pour que je sois une nouvelle fois éligible[[En 2004, Julien Sanchez était déjà candidat sur la liste d’Alain Jamet, en 13° position.]] lors de ces élections régionales. D’autant plus que dans le Languedoc-Roussillon, les jeunes frontistes sont moins stigmatisés qu’à Paris par exemple. Les gens sont plus ouverts. A ce niveau là, il y a pas mal de jeunes dans le bureau de campagne de France Jamet, comme vous avez pu le voir. Il y en aura également beaucoup sur notre liste, contrairement à celles des deux autres principaux partis.

HC : On constate une forte présence du FN sur la toile ? Est-ce une stratégie de campagne visant à toucher les jeunes ?

JS : Internet, c’est incontournable aujourd’hui. Cela permet de compenser le manque de médiatisation dont souffre le FN. Et effectivement, c’est très important pour les jeunes : actuellement, 90% des adhésions sur la toile viennent de jeunes désireux de s’engager mais hésitants à se rendre à une permanence.

HC : Sur votre blog, vous écrivez « je me bats contre toute forme de discrimination ». N’est-ce pas paradoxal pour un militant du FN ?

JS : Ce n’est pas paradoxal, le Front National n’a jamais été un parti raciste. Être contre l’immigration ce n’est pas du racisme. Il y a énormément de problèmes et de misère en France, occupons-nous en avant d’essayer d’accueillir toute la misère du monde.
Et quand j’entends Sarkozy parler d’immigration choisie, ça me désole. En réalité, son idée c’est de faire venir les cerveaux d’Afrique et de laisser crever le reste de la population. Il faut avant tout aider ces pays à se développer chez eux.

HC : Quel bilan tirez-vous de six ans de frêchisme au Conseil Régional ?

JS : Premièrement, le manque de démocratie. Pour l’anecdote, lors de la transition Blanc-Frêche en 2004, les nouveaux arrivants nous ont donné une heure pour évacuer les bureaux. Nous nous sommes retrouvés dans un cagibi de 9m² pour huit élus.
Au niveau de la région, la politique de George Frêche se caractérise par la hausse des impôts et l’inaction, alors qu’il utilise 100 millions d’euros par an pour sa communication. La seule bonne chose qui ressort de ces six années, c’est la création de la marque « Sud de France ».


HC : Parlez nous un peu du programme du FN pour ces régionales.

JS : Notre programme défend quatre thèmes principaux : la baisse des impôts jusqu’en 2014, la protection de l’agriculture et notamment des viticulteurs qui font la renommée de notre région, plus de sécurité dans les transports et les lycées et enfin la préférence nationale.

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Mis à jour le 25 janvier à 17h00