« La réalité colombienne m’a rattrapé »

L’un, William Ospina, est essayiste, journaliste, poète. Il traite dans « Le pays de la Cannelle », son dernier opus, de la découverte puis de la conquête de la Colombie par les colons espagnols.
L’autre, Evelio Rosero, est romancier, nouvelliste. C’est son roman « Les Armées » qui le fit connaître en Europe. Il a d’ailleurs reçu le prix The Independant pour ce livre qui met en scène une violence plus contemporaine : celle de la Colombie actuelle, autour d’un village imaginaire.
Invités en France par le Centre national du livre à l’occasion des Belles Étrangères, ils ont acceptés de revenir sur ce qui les rapproche inévitablement : La Colombie et leur engagement littéraire. Rencontres.

Vos romans l’un historique, l’autre plus contemporain, font référence à la Colombie et sa situation actuelle.

William Ospina : C’est le poids énorme de l’Histoire qui a construit notre pays, l’arrivée des colons espagnols, les massacres des populations indigènes, la traite des noirs… Tous ses événements l’affectent encore. D’ailleurs la mixité de notre population s’explique par l’Histoire.

Evelio Rosero : La réalité colombienne m’affecte en tant que citoyen mais aussi en tant qu’écrivain, je ne pouvais pas ne pas rendre compte de celle-ci. Et la réalité c’est aussi la présence des quatre forces armées : narco trafiquants, paramilitaires, guérillas et militaires face à des civils démunis.

Quelle place occupe les quatre forces armées auxquelles vous faites références ?

E. R : Il n’y a pas une entité plus saine qu’une autre, chaque force tue. Les informations colombiennes relataient il y a peu l’histoire d’une mère de famille se lamentant de voir ses deux fils engagés l’un dans la guérilla, l’autre dans la formation paramilitaire. La mort est la réponse dans tous les cas.

La Colombie ne serait-elle que guerre et souffrance ?

E.R : Tout n’est pas obscur. Il y a une réponse de l’esprit, de l’humour, de la musique. Je l’exprime au début de mon roman. Néanmoins la réalité qui frappe le village imaginaire dont je parle est malheureusement très réelle, la violence est réelle. J’aurais aimé écrire seulement sur le bonheur.

Juan Manuel Santos est arrivé au pouvoir en juin dernier, pensez-vous que cela puisse faire changer les choses ?

E. R : Il y a des différences entre Santos et son prédécesseur Uribe. Cependant Santos s’inscrit dans la continuité du premier. Il est le dauphin d’Uribe et s’emploie d’ailleurs à couvrir les méfaits de son prédécesseur tels que les liens du gouvernement avec les narcotrafiquants et les paramilitaires.

W.O : La différence entre les deux est qu’Uribe appartient à la nouvelle classe de dirigeant alors que Santos vient de la vieille élite colombienne. Leurs intérêts sont différents. Alors qu’Uribe était très attaché à maintenir le régime de grands propriétaires, Santos veut changer cela. On ne peut pas savoir jusqu’où va aller cette différence et si cela va déclencher un autre genre de conflit.

En tant que journalistes, quelle place est donnée à la liberté de la presse en Colombie?

W.O : Je n’ai jamais senti de contraintes, vécu de censure vis-à-vis de mon travail journalistique. Mais je sais malgré tout qu’il y a des choses qu’on ne peut pas dire. La censure se fait par mon autocensure.

Etre écrivain permet-il une plus grande liberté d’expression ?

E.R :La littérature est vitale, elle nous touche et a ce pouvoir de partager la réalité. Le mot écrit reste à la différence des informations télévisées. En tant qu’écrivain je me sens engagé, j’ai le devoir d’écrire de mieux en mieux sans m’affilier à un parti politique quel qu’il soit.

W.O : Je crois à la capacité de la littérature pour modifier l’histoire, les êtres humains, les consciences. La réalité colombienne exige un gros travail sur le plan littéraire et culturel. Si la littérature nous aide à voir, à entretenir la mémoire alors il sera plus facile de changer les choses. L’important n’est pas qu’un pays ait une guérilla, mais qu’il soit capable de la stopper.

Propos recueillis par Clémence Olivier

Relations FARC-ETA : une nouvelle internationale terroriste?

Lors d’un assaut controversé de l’armée colombienne en Equateur le 1er mars dernier, Raul Reyes, numéro 2 des FARC mourrait. Dans l’ordinateur récupéré, des informations qui révèleraient des possibles liens entre la guérilla marxiste sud-américaine et le groupe terroriste basque de l’ETA.

Le terrorisme est international. On le savait avec Al Qaida, on en a désormais un potentiel exemple avec les relations qu’auraient nouées les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) avec l’organisation séparatiste basque (ETA). La justice espagnole enquête.

L’une des principales instances judiciaires ibérique «va lancer une commission rogatoire à la Colombie pour demander les informations qu’ils détiennent sur la relation qu’entretiennent les FARC et ETA», rapportent des sources judiciaires espagnoles à l’AFP.

Des liens depuis 5 ans

ETA.jpgCette annonce fait suite à l’incursion de l’armée colombienne en Equateur le 1er mars dernier. Au cours de cet assaut polémique qui a provoqué une crise diplomatique dans la région, le numéro 2 des FARC, Raul Reyes, avait été tué, et son ordinateur récupéré. Les enquêteurs y auraient trouvé des messages prouvant l’existence de relations avancées entre les deux groupes terroristes. La semaine passée, le vice-président colombien, Francisco Santos, avait annoncé que les FARC cherchaient un appui de l’ETA depuis 5 ans. Ils souhaitaient ainsi perpétrer des attentats dans la capitale espagnole contre des hauts fonctionnaires colombiens. De son côté, la vice-présidente du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega, a simplement déclaré que les deux pays «travaillent ensemble dans la lutte contre le terrorisme et la délinquance internationale».

Le président Uribe en a profité pour rappeler qu’il considérait les FARC comme des terroristes car «ils se financent par le narco-trafic et ne tiennent pas compte du droit international humanitaire.» Il demande ainsi à l’Organisation des Etats Américains (OEA) de ne pas considérer la guérilla marxiste comme un groupe belligérant.

Conflit colombien: la cruelle responsabilité des paramilitaires

Le 23 mai, des organisations de la société civile européenne et colombienne ont lancé à Paris un appel à la présidence française de l’Union européenne en faveur de la paix et du respect des droits humains en Colombie. Un de leurs objectifs est de sensibiliser sur la gravité de la situation des droits de l’homme et de l’impunité: exactions commises par les paramilitaires et les récents scandales de la parapolitique qui touchent des proches du président Uribe. Sans oublier les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie). Un véritable conflit interne.

Le conflit colombien, ce n’est pas uniquement les FARC, Ingrid Betancourt et les compagnons d’infortunes de la franco-colombienne. C’est aussi le problème des paramilitaires. A l’origine de nombreuses violations des droits de l’homme et infractions au droit humanitaire international, ils sont censés être démobilisés. Mais les scandales demeurent et des proches du pouvoir présidentiel sont suspectés. Un mois avant la présidence française de l’Union européenne, des organisations de la société civile européenne et colombienne ont ainsi tenu une conférence de presse, le 23 mai à Paris, au Centre d’Accueil de la Presse étrangère, afin de sensibiliser sur l’inquiétante situation des droits de l’homme en Colombie.

La Colombie, le « mauvais voisin »

A l’origine de cet appel, la Coordination française pour la paix en Colombie (CFPC) -qui réunit entre autres le Secours catholique, le Comité catholique contre la faim (CCFD) ou encore la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH)– ainsi que le Bureau international des droits humains – Action Colombie (OIDHACO). 6641.jpg Au centre de leurs préoccupations, un processus de démobilisation des groupes paramilitaires qui favorise l’impunité, en toute connivence avec l’actuel chef d’Etat colombien, Alvaro Uribe (élu en 2002, réélu en 2006) (A lire aussi, sur le site RISAL: « les relents narco-paramilitaires » du président colombien et sur Bakchich.info, les manifestations qui l’ont embarrassé), proche de Washington et l’un des derniers hommes de droite au pouvoir en Amérique Latine. «Le mauvais voisin». Le durcissement de sa politique militaire, alors qu’il nie l’existence d’un conflit interne dans son pays, lui attire les foudres des défenseurs des droits de l’homme. Ces derniers s’inquiètent depuis longtemps du cas colombien. Depuis 1985, le nombre de personnes déplacées s’élève à plus de 4 millions, soit le deuxième pays après le Soudan.

Des événements récents témoignent de la précarité des droits humains ainsi que des liens suspects existant entre le pouvoir et les groupes paramilitaires, soi-disant démobilisés depuis le décret 128 de 2003 puis de la loi Justice et Paix censée encadrer la démobilisation. Le 22 avril dernier, le cousin du président colombien, Mario Uribe, a été arrêté en raison de ses liens avec les paramilitaires, suite aux révélations d’anciens chefs de ces groupes armés. Le haut niveau du pouvoir politique est gangréné. Tout comme le parlement. «Il y a actuellement 61 parlementaires poursuivis en justice et plus de 300 hauts fonctionnaires (maires, gouverneurs …)», précise Luciano Sanin, représentant de la plate-forme colombienne « Coordination Colombie-Europe-Etats-Unis », de passage à Paris pour la conférence.

Encore 10 000 paramilitaires actifs

L’aspect positif du processus de démobilisation est de faire tomber certains des hommes politiques impliqués : les anciens chefs, retirés, parlent. Et ils balancent. Dans cette optique et pour éviter de plus amples scandales, le gouvernement colombien a décidé le 13 mai dernier d’extrader aux Etats-Unis 14 des plus importants chefs paramilitaires «responsables de crimes de lèse humanité». Cela signifie que ces membres haut placés des groupes armés, qui commençaient à évoquer « des nombreux massacres », sont retirés du système judiciaire colombien. Ils ne seront jugés, sous la juridiction américaine, « que » pour trafic de drogue et non pour leurs usurpations de terres et assassinats. La justice et la vérité sont mises aux oubliettes au profit d’une impunité qui se généralise. Aux oubliettes également le droit des nombreuses victimes. Car, «les paramilitaires ce sont encore 10 000 hommes actifs, et depuis 6 ans, 12 000 assassinats politiques, 1000 exécutions « extra-judiciaires », 445 syndicalistes assassinés. Avec les FARC, le nombre d’otages est porté à 1500», dénonce Luciano Sanin.

Luis Eduardo Salcedo, lui aussi du déplacement parisien, a tenu à rappeler que dans le cadre de cet appel, la pression devrait aussi être mise sur les FARC. Acteurs du conflit, ils détiennent plus de 700 otages. Un symptôme de plus des infractions au droit humanitaire. «Le gouvernement doit les rencontrer et discuter directement avec eux. Il faut trouver un accord humanitaire», clame-t-il, révolté et lucide.

L’appel du 1er avril de Sarkozy pour Ingrid Bétancourt

Les dernières nouvelles alarmantes concernant l’état de santé d’Ingrid Bétancourt ont poussé le président Nicolas Sarkozy à envoyer un message radiophonique aux chefs des rebelles colombiens (Farc), Manuel Marulanda.
De l’Elysée, le chef de l’Etat a demandé la libération immédiate de la Franco-colombienne. Otage de la guerilla marxiste depuis maintenant six ans, et victime d’une rechute d’hépatite B, la captive aurait cessé de s’alimenter et de se soigner depuis le 23 février dernier.article_betancourt460_ok.jpg
Cet appel est intervenu le jour même où Nicolas Sarkozy a reçu une pétition de 602 000 signatures récoltées par des comités de soutien d’Ingrid Bétancourt. Le texte exigeait un « accord humanitaire » entre Bogota et les Farc pour mettre fin à la crise des otages en Colombie.
Dans ce message diffusé par les media français et sous-titré en espagnol, Nicolas Sarkozy dit son inquiétude quant à la survie d’Ingrid Bétancourt : « Ingrid est en danger de mort imminente. Elle n’a plus la force de résister à une captivité interminable. » Le président français apostrophe Manuel Marulanda : Vous qui dirigez les Farc, vous avez maintenant, un rendez-vous avec l’histoire : ne le manquez pas. Libérez Ingrid Bétancourt et les otages qui sont le plus affaiblis. » « La France est, et restera, mobilisée pour un accord humanitaire », insiste Nicolas Sarkozy.

Départ d’une mission humanitaire

Le Premier ministre François Filllon s’est déjà déclaré favorable à accorder le statut de « réfugiés politiques » à des membres des Farc détenus en Colombie, en l’échange de la Franco-colombienne. Une proposition aussitôt fustigée par Marine Le Pen, la vice-présidente exécutive du front national.
Mercredi 2 avril, la France a décidé de lancer une opération humanitaire afin d’atteindre directement Ingrid Bétancourt. Une mission néanmoins difficile et sans réelles chances de succès.
De son côté, soucieuse de remobiliser l’opinion, la famille d’Ingrid Bétancourt organise une marche blanche le dimanche 6 avril, à Paris et dans d’autres villes françaises.

Quand la défense de l’environnement devient un marché juteux

Au moment où se tient jusqu’au 29 mars une conférence sur l’environnement à Bogota, JAVIER SILVA HERRERA, journaliste au quotidien colombien El Tiempo, s’attarde sur les bénéfices élevés que peut rapporter la biodiversité en Colombie. Traduction d’un article du 25 mars 2008.

« L’éthanol est produit en Colombie avec du sucre de canne, mais il existe des projets pour le faire avec de la banane et de yuca (arbuste des zones sèches d’Amérique du Sud).

Dans les quatre prochaines années, de nombreuses entreprises pourraient recevoir quelques 500 millions de dollars pour produire des biocombustibles, diminuer la pollution et cultiver la biodiversité
Ces chiffres placent cette partie de l’économie en première position des revenus avec l’exportation de fleurs et la commercialisation de produits non-traditionnels.

De fait, la Colombie se trouve être l’un des pays les plus avancés sur ce thème, étant l’un des territoires avec le plus de ressources naturelles de la planète.

En général, ce sont des investissements qui oscillent entre 5 et 30 millions de dollars, mais qui peuvent être récupérés en presque deux ans si les prix internationaux se maintiennent. « De plus, c’est une opportunité pour arrêter de contempler nos ressources et en profiter pour que ces ressources soient durables » explique Jairo Guerra, expert de ce thème.

L’analyse de cette nouvelle niche du marché sera une des thématiques centrales de la Première Foire International de l’Environnement (FIMA : Feria Internacional de Medio Ambiente) qui a commencé le 25 mars à Corferias, à Bogota et qui se prolonge jusqu’au samedi 29.
eltiempo.bmp
Atteindre des gains multimillionnaires en baissant les émissions de gaz
Une cinquantaine d’entreprises nationales espère gagner 115 millions de dollars dans les quatre prochaines années en baissant les émissions de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone ou le méthane.
Les entreprises entrent dans ce « commerce » en planifiant des stratégies technologiques afin de réduire la pollution qui entraîne l’utilisation de combustibles fossiles.

La biodiversité, une mine d’or

La biodiversité n’est plus une ressource à méditer mais une énorme opportunité de commerce.
Dans le monde, le « biocommerce » évolue, selon des chiffres de l’Institut Humboldt, de plus de 750 millions de dollars par an. En Colombie, les chiffres sont plus faibles mais croissent avec force. Il existe déjà plus de 1250 entreprises dédiées à cette activité, le double de ce qu’il y avait en 2000. Ces entreprises ont enregistré pour 130 millions de dollars de mouvement en 2007. […]

L’année dernière, l’exportation de poissons apporta 6 millions de dollars de revenus. Et 17 millions par la vente de plantes médicinales. Font également partie du « biocommerce » l’écotourisme et les cosmétiques organiques.

La majorité de ces projets se concentrent à Antioche, Valle et Quindio et recoivent des finances de la part du Fond du Biocommerce, qui a déboursé plus de 2000 millions de crédits.

José Antonio Gomez, directeur du programme sur le Biocommerce pour Humboldt, explique que les fleurs, les fruits et les miels, qui se développent à Bolivar, Huila et Cauca, sont les commerces avec le plus d’opportunités. « C’est un champ qui, en plus d’être bénéfique pour le commerce, permet de protéger les ressources naturelles » développe Jairo Guerra.

Du sucre aux biocombustibles

Désormais on ne produit plus seulement du sucre pour obtenir des profits mais pour le commerce de biocombustibles.
Ces campagnes produisent quotidiennement plus d’un million de litres d’éthanol à partir de la canne à sucre, qui permet des bénéfices de 218 millions de dollars environ chaque année. La demande locale s’élève à un million et demi de litres par jour.

Le commerce est rentable parce que l’installation de la technologie nécessaire pour développer le combustible demande un capital de 30 millions de dollars, récupérés en moins d’un an avec un prix de base de 1,141 peso au litre. De surcroit, le gouvernement donne des aides, avec l’extension de la TVA, l’impot sur la rente pour 10 ans …

Concernant le biodiesel, qui se produit à partir de l’huile de palmier, les chiffres sont plus faibles mais pas négligeables.

La firme privée Oleoflores a misé sur une plante qui peut produire 170 000 litres par jour, qui représente des profits de 73 millions de dollars.

L’année prochaine, la production pourra augmenter à 900 000 litres quotidiens avec le fonctionnement nouveau de trois plantes. Cette initiative a lieu au milieu d’une polémique mondiale sur les biocombustibles. Selon une étude de l’organisation Nature Conservancy, les biocombustibles entrainent une augmentation des produits de consommation.

De plus, les émissions de carbone nécessaire à mettre ces technologies en marche, en détruisant de grandes portions de terrains, ne compensent pas le bénéfice environnemental supposé. »

Quand la défense de l’environnement devient un marché juteux

Au moment où se tient jusqu’au 29 mars une conférence sur l’environnement à Bogota, JAVIER SILVA HERRERA, journaliste au quotidien colombien El Tiempo, s’attarde sur les bénéfices élevés que peut rapporter la biodiversité en Colombie. Traduction d’un article du 25 mars 2008.

« L’éthanol est produit en Colombie avec du sucre de canne, mais il existe des projets pour le faire avec de la banane et de yuca (arbuste des zones sèches d’Amérique du Sud).

Dans les quatre prochaines années, de nombreuses entreprises pourraient recevoir quelques 500 millions de dollars pour produire des biocombustibles, diminuer la pollution et cultiver la biodiversité
Ces chiffres placent cette partie de l’économie en première position des revenus avec l’exportation de fleurs et la commercialisation de produits non-traditionnels.

De fait, la Colombie se trouve être l’un des pays les plus avancés sur ce thème, étant l’un des territoires avec le plus de ressources naturelles de la planète.

En général, ce sont des investissements qui oscillent entre 5 et 30 millions de dollars, mais qui peuvent être récupérés en presque deux ans si les prix internationaux se maintiennent. « De plus, c’est une opportunité pour arrêter de contempler nos ressources et en profiter pour que ces ressources soient durables » explique Jairo Guerra, expert de ce thème.

L’analyse de cette nouvelle niche du marché sera une des thématiques centrales de la Première Foire International de l’Environnement (FIMA : Feria Internacional de Medio Ambiente) qui a commencé le 25 mars à Corferias, à Bogota et qui se prolonge jusqu’au samedi 29.
eltiempo.bmp
Atteindre des gains multimillionnaires en baissant les émissions de gaz
Une cinquantaine d’entreprises nationales espère gagner 115 millions de dollars dans les quatre prochaines années en baissant les émissions de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone ou le méthane.
Les entreprises entrent dans ce « commerce » en planifiant des stratégies technologiques afin de réduire la pollution qui entraîne l’utilisation de combustibles fossiles.

La biodiversité, une mine d’or

La biodiversité n’est plus une ressource à méditer mais une énorme opportunité de commerce.
Dans le monde, le « biocommerce » évolue, selon des chiffres de l’Institut Humboldt, de plus de 750 millions de dollars par an. En Colombie, les chiffres sont plus faibles mais croissent avec force. Il existe déjà plus de 1250 entreprises dédiées à cette activité, le double de ce qu’il y avait en 2000. Ces entreprises ont enregistré pour 130 millions de dollars de mouvement en 2007. […]

L’année dernière, l’exportation de poissons apporta 6 millions de dollars de revenus. Et 17 millions par la vente de plantes médicinales. Font également partie du « biocommerce » l’écotourisme et les cosmétiques organiques.

La majorité de ces projets se concentrent à Antioche, Valle et Quindio et recoivent des finances de la part du Fond du Biocommerce, qui a déboursé plus de 2000 millions de crédits.

José Antonio Gomez, directeur du programme sur le Biocommerce pour Humboldt, explique que les fleurs, les fruits et les miels, qui se développent à Bolivar, Huila et Cauca, sont les commerces avec le plus d’opportunités. « C’est un champ qui, en plus d’être bénéfique pour le commerce, permet de protéger les ressources naturelles » développe Jairo Guerra.

Du sucre aux biocombustibles

Désormais on ne produit plus seulement du sucre pour obtenir des profits mais pour le commerce de biocombustibles.
Ces campagnes produisent quotidiennement plus d’un million de litres d’éthanol à partir de la canne à sucre, qui permet des bénéfices de 218 millions de dollars environ chaque année. La demande locale s’élève à un million et demi de litres par jour.

Le commerce est rentable parce que l’installation de la technologie nécessaire pour développer le combustible demande un capital de 30 millions de dollars, récupérés en moins d’un an avec un prix de base de 1,141 peso au litre. De surcroit, le gouvernement donne des aides, avec l’extension de la TVA, l’impot sur la rente pour 10 ans …

Concernant le biodiesel, qui se produit à partir de l’huile de palmier, les chiffres sont plus faibles mais pas négligeables.

La firme privée Oleoflores a misé sur une plante qui peut produire 170 000 litres par jour, qui représente des profits de 73 millions de dollars.

L’année prochaine, la production pourra augmenter à 900 000 litres quotidiens avec le fonctionnement nouveau de trois plantes. Cette initiative a lieu au milieu d’une polémique mondiale sur les biocombustibles. Selon une étude de l’organisation Nature Conservancy, les biocombustibles entrainent une augmentation des produits de consommation.

De plus, les émissions de carbone nécessaire à mettre ces technologies en marche, en détruisant de grandes portions de terrains, ne compensent pas le bénéfice environnemental supposé. »

Quand la défense de l’environnement devient un marché juteux

Au moment où se tient jusqu’au 29 mars une conférence sur l’environnement à Bogota, JAVIER SILVA HERRERA, journaliste au quotidien colombien El Tiempo, s’attarde sur les bénéfices élevés que peut rapporter la biodiversité en Colombie. Traduction d’un article du 25 mars 2008.

« L’éthanol est produit en Colombie avec du sucre de canne, mais il existe des projets pour le faire avec de la banane et de yuca (arbuste des zones sèches d’Amérique du Sud).

Dans les quatre prochaines années, de nombreuses entreprises pourraient recevoir quelques 500 millions de dollars pour produire des biocombustibles, diminuer la pollution et cultiver la biodiversité
Ces chiffres placent cette partie de l’économie en première position des revenus avec l’exportation de fleurs et la commercialisation de produits non-traditionnels.

De fait, la Colombie se trouve être l’un des pays les plus avancés sur ce thème, étant l’un des territoires avec le plus de ressources naturelles de la planète.

En général, ce sont des investissements qui oscillent entre 5 et 30 millions de dollars, mais qui peuvent être récupérés en presque deux ans si les prix internationaux se maintiennent. « De plus, c’est une opportunité pour arrêter de contempler nos ressources et en profiter pour que ces ressources soient durables » explique Jairo Guerra, expert de ce thème.

L’analyse de cette nouvelle niche du marché sera une des thématiques centrales de la Première Foire International de l’Environnement (FIMA : Feria Internacional de Medio Ambiente) qui a commencé le 25 mars à Corferias, à Bogota et qui se prolonge jusqu’au samedi 29.
eltiempo.bmp
Atteindre des gains multimillionnaires en baissant les émissions de gaz
Une cinquantaine d’entreprises nationales espère gagner 115 millions de dollars dans les quatre prochaines années en baissant les émissions de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone ou le méthane.
Les entreprises entrent dans ce « commerce » en planifiant des stratégies technologiques afin de réduire la pollution qui entraîne l’utilisation de combustibles fossiles.

La biodiversité, une mine d’or

La biodiversité n’est plus une ressource à méditer mais une énorme opportunité de commerce.
Dans le monde, le « biocommerce » évolue, selon des chiffres de l’Institut Humboldt, de plus de 750 millions de dollars par an. En Colombie, les chiffres sont plus faibles mais croissent avec force. Il existe déjà plus de 1250 entreprises dédiées à cette activité, le double de ce qu’il y avait en 2000. Ces entreprises ont enregistré pour 130 millions de dollars de mouvement en 2007. […]

L’année dernière, l’exportation de poissons apporta 6 millions de dollars de revenus. Et 17 millions par la vente de plantes médicinales. Font également partie du « biocommerce » l’écotourisme et les cosmétiques organiques.

La majorité de ces projets se concentrent à Antioche, Valle et Quindio et recoivent des finances de la part du Fond du Biocommerce, qui a déboursé plus de 2000 millions de crédits.

José Antonio Gomez, directeur du programme sur le Biocommerce pour Humboldt, explique que les fleurs, les fruits et les miels, qui se développent à Bolivar, Huila et Cauca, sont les commerces avec le plus d’opportunités. « C’est un champ qui, en plus d’être bénéfique pour le commerce, permet de protéger les ressources naturelles » développe Jairo Guerra.

Du sucre aux biocombustibles

Désormais on ne produit plus seulement du sucre pour obtenir des profits mais pour le commerce de biocombustibles.
Ces campagnes produisent quotidiennement plus d’un million de litres d’éthanol à partir de la canne à sucre, qui permet des bénéfices de 218 millions de dollars environ chaque année. La demande locale s’élève à un million et demi de litres par jour.

Le commerce est rentable parce que l’installation de la technologie nécessaire pour développer le combustible demande un capital de 30 millions de dollars, récupérés en moins d’un an avec un prix de base de 1,141 peso au litre. De surcroit, le gouvernement donne des aides, avec l’extension de la TVA, l’impot sur la rente pour 10 ans …

Concernant le biodiesel, qui se produit à partir de l’huile de palmier, les chiffres sont plus faibles mais pas négligeables.

La firme privée Oleoflores a misé sur une plante qui peut produire 170 000 litres par jour, qui représente des profits de 73 millions de dollars.

L’année prochaine, la production pourra augmenter à 900 000 litres quotidiens avec le fonctionnement nouveau de trois plantes. Cette initiative a lieu au milieu d’une polémique mondiale sur les biocombustibles. Selon une étude de l’organisation Nature Conservancy, les biocombustibles entrainent une augmentation des produits de consommation.

De plus, les émissions de carbone nécessaire à mettre ces technologies en marche, en détruisant de grandes portions de terrains, ne compensent pas le bénéfice environnemental supposé. »

Ingrid Betancourt : le dangereux tapage médiatique

Depuis six ans, Ingrid Betancourt est détenue par les FARC dans la jungle colombienne. A priori, elle est une otage comme les autres, comme des milliers d’autres. Ses vieilles amitiés avec Dominique de Villepin ne lui sont d’aucun secours. Bien au contraire, il en a même fait l’otage la plus chère du monde !

Dominique de Villepin et Ingrid Betancourt se connaissent depuis plus de vingt-cinq ans. Alors qu’elle entreprend des études à Sciences Po Paris, elle se lie d’amitié avec son professeur. En février 2002, l’enlèvement de l’ex-sénatrice colombienne devient, en France, autant une affaire d’État que personnelle pour le futur Premier ministre. La presse hexagonale met en avant sa double nationalité Franco-Colombienne. Son premier mari est Français et Mélanie et Lorenzo sont nés de cette union mais Ingrid Betancourt a vite été emportée par les démons de la politique. Elle se croit alors un destin présidentiel en Colombie.

La sur-médiatisation de la séquestration, due en partie à Dominique de Villepin, nuit au processus de libération. D’autant qu’il est entaché d’une rocambolesque expédition d’agents qui ne sont pas restés secrets très longtemps… Surtout que ces coups de projecteurs répétés rejettent dans l‘ombre des milliers d’otages. Ils survivent, tant bien que mal dans la forêt vierge colombienne sans que personne n’en parle. L’une d’elles est même décédée dans l’anonymat. En France, personne ne connaît Aïda Duvaltier. Pourtant, cette Française a pris la place, dans les geôles de la guérilla, de son mari malade. Elle est morte en captivité dans l’indifférence la plus totale.

Coup de projecteur
sur les FARC

Aujourd’hui, la France estime qu’Alvaro Uribe, président Colombien, ne lève pas le petit doigt pour Ingrid Betancourt. Beaucoup pensent même qu’il veut écarter une opposante gênante. Argument non recevable car la candidate ne représentait que 0,3% des intensions de vote en 2002. Toutes les négociations entreprises par Bogota sont repoussées par les FARC devenues radicalement révolutionnaires. Ces groupes de terroristes usent de la prise d’otages et du trafic de drogue. Le moins que l’on puisse dire est que le Président Alvaro Uribe n’a pas la tâche facile d’autant qu’il subit une forte pression internationale.

Hugo Chavez et Nicolas Sarkozy donnent le tempo au cirque médiatique ; le premier se voit en libérateur de l’Amérique du Sud, en reprenant l’héritage de Simon Bolivar et Fidel Castro : le second surfe sur le tapage médiatique.

Parallèlement, à Bogota, certains responsables de la sécurité élèvent la voix pour alerter qu’une telle publicité faite autour d’Ingrid Betancourt ne peut que nuire à sa libération prochaine. Chaque action, chaque article, chaque manifestation, photo ou reportage contribuent en effet à faire grimper en flèche le montant de la rançon qui sera demandée un jour ou l’autre pour libérer l’otage. Les acteurs directs ou indirects de ce tapage médiatique en ont-ils une claire conscience ? La famille elle-même qui s’expose, ne pense-t-elle pas que son action pourrait être contre productive ? En effet, qui peut avoir la faiblesse de penser que les FARC céderaient à une telle pression ?

Et les journalistes dans cette affaire ? Quelle doit-être leur attitude ? Suivre l’information et la relater même au détriment d’Ingrid Betancourt ou se poser en conscience la question de savoir si leur attitude, outre le fait de mettre à la une les FARC, ne va pas à l’encontre des objectifs affichés ?

Éternelle question que soulève l’affaire Betancourt sans cependant apporter des éléments de réponse.