Vendredi 13 et samedi 14 octobre, Montpellier accueillera la première édition de Futurapolis Santé. Cet événement organisé par Le Point réunira des spécialistes de la santé sur les thèmes des prouesses de la science et du « corps réparé, protégé, régénéré ». Onze conférences animées par des journalistes du Point et ouvertes au grand public se tiendront à l’Opéra Comédie. Chercheurs, médecins, chirurgiens, inventeurs exposeront les dernières avancées de leurs projets. « Demain, tous génétiquement modifiés ? » est le thème de la première conférence qui se tiendra vendredi à 17h30. L’entrée est gratuite après inscription sur le site de l’événement.
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CULTURE – l’Agora des savoirs reprend du service
Hier, à 20h, s’est tenue la première conférence de la nouvelle édition de l’Agora des savoirs.
Cet événement, qui propose des rencontres gratuites entre les chercheurs et les citoyens, a pour vocation de démocratiser le savoir et les sciences.
Nouveauté cette année : l’Agora proposera quatre thèmes différents dans l’année au lieu d’un seul. Le programme étant évolutif et adapté à l’actualité locale, seul le premier cycle est pour l’instant connu. Couvrant les deux premiers mois (du 4 octobre au 29 novembre), il s’articule autour du thème « L’Homme et la nature ».
Ce mercredi, la conférence inaugurale était donnée par l’historien François-Xavier Fauvelle et s’intitulait « A la recherche du Sauvage idéal ». Le chercheur invitait les participants à découvrir un peuple africain oublié. La semaine prochaine, c’est l’historienne des sciences de l’environnement, Valérie Chansigaud, qui interviendra.
Karachi: Jacques Nain et le secret défense
En conférence à Sauramps Odysseum ce mardi 14 décembre pour présenter son dernier livre Secret défense, ce commandant de police honoraire est revenu sur sa très longue carrière au sein des services qu’il a côtoyé. Son expérience de dix ans dans les renseignements lui a permis de livrer une lecture de l’actualité, et notamment de l’affaire Karachi.
De l’Afghanistan aux otages
Ce mercredi 1er décembre, le Diagonal a accueilli une conférence-débat organisée par le comité de soutien pour la libération de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière. Le thème : « Mieux connaître l’Afghanistan et la situation des otages. » Un sujet prometteur qui n’a pas attiré les foules.
18h15. Salle 2 du cinéma. Une quarantaine de personnes ont répondu présent au rendez-vous. « Je suis contente de voir autant de monde », s’exclame Sophie Pille, membre du comité de soutien. Pourtant, c’est une salle à moitié vide qui lui fait face. À croire que l’Afghanistan intéresse peu les Montpelliérains. Ce pays se rattache pour beaucoup à la guerre, aux attentats, aux talibans… La conférence a justement pour but de dépasser ces conceptions et de révéler une complexité souvent méconnue.
« Un diamant aux multiples facettes »
Georges Lefeuvre, ancien diplomate au Pakistan, se charge d’expliciter l’histoire afghane. Amputation de territoire, envahissements successifs, guerres multiples, diversité des tribus… Durant 45 minutes, l’anthropologue tente de faire partager son amour pour « un pays adorable mais abîmé ». L’Afghanistan est « un diamant » dont il faut comprendre les multiples facettes pour mieux appréhender la situation des otages.
À en croire Georges Lefeuvre, les deux journalistes auraient par ailleurs un peu de chance dans leur malheur : « La province de Kapisa où sont retenus Hervé et Stéphane n’est pas la pire. Un otage restera toujours un invité aux yeux des Pachtouns. Je n’envie pas leur sort, mais ils sont sûrement plutôt bien traités. »
Des briques et des rêves
Après ce long discours, place à un nouvel invité : Youssef Charifi. Ce producteur présente un extrait de la série documentaire Les Enfants de Kaboul : « Des briques et des rêves est un film tourné en 2008 dans le cadre des ateliers Varan, un organisme qui forme des réalisateurs. Ici, il est question du travail des enfants. »
Pendant 25 minutes, le spectateur suit Abdullah, 13 ans. Ce garçon est issu d’une famille nombreuse et pauvre. Il n’est jamais allé à l’école et travaille dans une briqueterie depuis trois ans. « C’est un métier dangereux, confie-t-il. Une brique peut tomber du camion et nous casser le dos ou blesser nos mains. » Abdullah n’est qu’un adolescent parmi tant d’autres, dans un pays où le travail des enfants reste la règle.
Des enfants qui ont souvent des rêves plein la tête. L’un veut devenir docteur, l’autre ouvrir un salon de thé, le troisième se verrait bien ingénieur. Mais ces moments d’égarement sont de courte durée. La briqueterie rythme leur vie. « Les gens qui font ce genre de boulot devraient faire des études, regrette Abdullah. Leurs parents devraient penser à eux pour ne pas gâcher leur avenir. Plus tard, je voudrais ne plus travailler. »
Quid du débat ?
Le film laisse certains songeurs tandis que d’autres profitent du retour des lumières pour s’éclipser. 19h55, la salle a perdu la moitié de ses effectifs. Il reste cinq minutes pour conclure. Exit le débat. À la place, les auditeurs sont invités à se rendre dans le hall du cinéma pour goûter une « cuvée spéciale otages ». « Cette initiative des vignerons et du comité est destinée à remonter jusqu’aux parlementaires, explique Sophie Pille. Comme ça, s’ils boivent ce vin, ils auront l’image d’Hervé et Stéphane à l’esprit. »
Les derniers invités prennent la parole à tour de rôle. Jean Kouchner, correspondant de Reporters Sans Frontières à Montpellier, intervient : « Quand le pays est loin, on a souvent l’image d’un gros pâté rempli de barbares. Pourtant, ce sont des hommes et des femmes qui vivent là. C’est justement cette réalité qu’ont voulu voir Hervé et Stéphane. Ils ont quitté leur convoi militaire pour montrer la complexité de l’Afghanistan. »
Face aux dernières personnes présentes dans la salle, Benoit Califano relativise : « Nous n’étions certes pas très nombreux ce soir, mais Montpellier a montré son soutien. Si personne n’avait bougé, les portraits des otages ne seraient pas tous les jours dans les médias, poursuit le directeur de l’École Supérieure de Journalisme de Montpellier, avant de conclure : Quand on fait du ramdam ici, notre voix porte là-bas. »
Agora des savoirs : la saison est ouverte !
Méditer sur « les valeurs, les sciences et les savoirs ». C’est le pari que se lance, cette année, l’Agora des savoirs montpelliéraine. Mercredi 3 novembre, la philosophe Sylviane Agacinski a ouvert la première conférence publique. Et pour l’occasion, elle a choisi d’aborder la question complexe de « l’inestimable ».
Forte du succès de sa première expérience, la ville de Montpellier remet ça ! L’Agora des savoirs s’offre une seconde saison. Une nouvelle occasion pour les Montpelliérains de rencontrer de grands spécialistes et d’aborder avec eux des thèmes précis, souvent peu traités. Riche de ses intervenants, à l’image de la philosophe Sylviane Agacinski, prestigieuse invitée de la leçon inaugurale, l’initiative culturelle continue ainsi de démocratiser le savoir.
Trois cycles, une trentaine d’intervenants, chercheurs, enseignants, essayistes…Le programme de la manifestation a les atouts nécessaires pour séduire, cette année encore, un large public.
Mais « l’Agora des savoirs a un gros défaut : les femmes y sont sous-représentées ». Conscient des faiblesses de ces rendez-vous culturels, Michaël Delafosse, adjoint au maire délégué à l’action culturelle, veut y remédier. L’invitation de la philosophe Sylviane Agacinski en est le parfait exemple. Spécialiste du rapport entre les sexes et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet (dont le célèbre « Drame des sexes »), elle incarne l’importance de la réflexion féminine.
« Que voulons nous savoir ? »
Triste constat que celui de la spécialiste lors de l‘ouverture des débats. « Nous vivons dans une époque mal à l’aise avec ses valeurs. » Crise des valeurs ? Entre passion pour l’égalité et crainte des hiérarchies, il semblerait que la notion même de valeur perde sa signification. Elle a été réduite dans nos sociétés à l’intérêt relatif d’un individu. Pour la philosophe, « cette conception de plus en plus subjectiviste et individualiste des valeurs » pourrait s’expliquer par le « manque de reconnaissance commune des valeurs, au sens de ce qu’est l’estime ».
Dans le « monde désenchanté » de Max Weber, cité volontiers par la professeur agrégé de Philosophie, la neutralité scientifique est essentielle. Elle doit faire face aux conflits d’intérêts qui entourent les Hommes. Pour le sociologue allemand, la recherche scientifique serait libre des valeurs, ces dernières se trouvant ailleurs dans la société. Valeur et vérité ? Deux concepts que tout semble opposer.
Cependant, cette hypothèse des sciences neutres et libres, exemptées de valeurs, laisse de côté la question de la finalité du savoir scientifique. Sylviane Agacinski veut mettre l’accent sur l’impossibilité de séparer l’ »avoir » du « vouloir » : « que voulons nous savoir ? La question est souvent éludée pourtant la réponse n’est pas si évidente que cela ». Les connaissances scientifiques correspondent à une recherche précise, à l’utilisation d’une méthode particulière et à la poursuite d’un but singulier.
Or, l’idée de valeur n’est pas dissociable de celle d’orientation : si toute recherche implique une orientation, elle pose inévitablement la valeur de ce qui est recherché. Cette valeur n’est rien d’autre que ce qui est digne d’être recherché. Par syllogisme, si ce qui est recherché est la vérité alors la vérité est une valeur.
La conception technoscientifique, seule vérité possible ?
Cette réflexion complexe ne va pas de soi. De nos jours, la conception technoscientifique est un pilier essentiel, souvent considérée comme l’unique détentrice de la vérité. « Mais est-ce la seule vérité possible ? » La philosophe y voit un certain danger : celui de la relativisation de tout autre point de vue et du renvoi de ces derniers à des conceptions subjectives.
« On fait comme si le regard scientifique était naturel, alors qu’il n’est qu’une possibilité de la vision des choses. » La pratique technoscientifique est une technique mais n’est pas la seule. Trop souvent oubliée, la question de la pluralité des visions du monde apparait primordiale dans le discours philosophique de Sylviane Agacinski.
Après deux heures d’exposé, la brillante philosophe pose à son public admiratif une dernière question. « L’extension de la vérité technoscientifique n’est-elle pas en partie responsable de la dévaluation de toute autre façon de considérer la réalité ? » Une nouvelle réflexion qui laisse aux apprentis philosophes de quoi patienter jusqu’à la prochaine conférence.
« La rançon du succès »
Une première soirée réussie pour l’Agora des savoirs qui a attiré une foule de curieux. Obligeant d’ailleurs les plus téméraires à s’installer dans les escaliers de l’ancien cinéma Rabelais.
Que les assoiffés de savoirs n‘attendent pas le dernier moment pour se rendre aux prochaines conférences. Ces rendez-vous culturels sont très prisés et les places assises y sont chères ! Mais comme Hélène Mandroux, maire de Montpellier, le dit si bien: « c’est la rançon du succès ».
«La vie en Société est un risque, on l’assume ou pas»
La globalisation de la surveillance: aux origines de l’ordre sécuritaire ». Mardi 22 janvier, la librairie Sauramps a organisé à l’auditorium du Musée Fabre une conférence avec le sociologue Armand Mattelart et le magistrat Gilles Sainati à l’occasion de la sortie de leurs ouvrages respectifs.
Annoncé comme un débat, les points de vues des deux invités ont plutôt tendu à la convergence. L’animateur du débat Jean-Jacques Gandini, avocat, ne portera pas non plus la casquette de contradicteur. L’ambiance est à la « résistance ».
Armand Mateelart est sociologue, professeur en science de l’information et de la communication. Il est à la tête d’une production bibliographique pléthorique sur la question, entamée dés 1974. Le titre de la conférence de ce soir est celui de son dernier livre: « La globalisation de la surveillance: aux origines de l’ordre sécuritaire » [[paru aux éditions La Découverte]]. Son ouvrage «le plus biographique».
A ses cotés, se trouve Gilles Sainati, magistrat, secrétaire du Syndicat de la Magistrature, et Juge d’application des peines à Montpellier de 1991 à 2003. Il présente ce soir « La Décadence sécuritaire »[[paru aux éditions La Fabrique]], son dernier ouvrage co-écrit avec Ulrich Schalchli.
Armand Mattelart ouvre le bal. Sa pensée est foisonnante, son expression vive. A tel point que par moment l’exposé en devient un brin confus. Sa réflexion part, dit-il d’une intuition. Pour lui, «ce nouvel ordre juridique» qu’est la surveillance globalisée, prend ses sources dans la doctrine de surveillance du communisme dès 1947. Ce que d’autres appellent «dérive sécuritaire», il le nomme «aberration des doctrines de sécurité nationale». Les mots ont un sens. En particulier pour un universitaire qui a voué sa vie à l’étude de la communication.
Au cœur même, d’une doctrine de sécurité nationale, se trouve la notion «d’ennemi intérieur». Rampant sous ce terme, se cache une réalité plus effrayante: celle de la suspicion généralisée.
Pour lui, les doctrines de sécurités nationales sont à inscrire dans l’histoire longue des états. On ne peut les comprendre qu’aux travers des séquelles laissées dans l’histoire par les « États d’exceptions », c’est à dire en temps de guerre, ou de situations totalitaires.
Ainsi, le « Patriot Act »[[Loi voté le 26 octobre 2001 par le congrès américain. Ce texte renforce les pouvoirs des différentes agences de sécurité nationale afin de prévenir les actes terroristes. Cette loi suscité beaucoup de polémique, du fait de son aspect liberticide]] reprend la doctrine de sécurité nationale américaine là où le MacCarthysme l’avait laissée.
Armand Mattelard conclut son exposé en évoquant «une mondialisation des normes sécuritaires». Les thèmes, doctrines et méthodologies de surveillance produites dans des situations particulières circulent librement. Ce fût le cas pour les doctrines sécuritaires élaborées aux États-Unis après le 11 septembre, ou encore en Israël. Entre les lignes Mattelard trace un lien de filiation entre le Patriot Act, et l’imposition du thème de la sécurité dans la campagne électorale française de 2002.
Le Pénal se substitue au Social
Le Magistrat Gilles Sainati poursuit. Son discours est plus structuré. La thèse de l’ouvrage qu’il défend, «La Décadence sécuritaire» traite de la déliquescence des principes fondamentaux du droit pénal.
Nous sommes passés, nous dit-il, de la notion de sureté, inscrite dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, à la notion de sécurité. D’un droit individuel, la notion s’est transférée continue t-il vers un droit de l’État. Là encore, la sémantique est importante. Cette substitution annihile proprement la conception d’État de Droit. Dans un État de Droit, le citoyen est libre, et il est protégé des dérives de l’État par un certains nombre de règles pré-établies. Si la sécurité nationale prime, alors les droits du citoyens ne sont plus supérieurs à ceux de l’État.
En tant que Juge d’application des peines, Gilles Sainati a vu s’effondrer la prévention au profit de la sécurité. Il a vu la police remplacer les associations. Il a vu le pouvoir du procureur augmenter et celui des juges se réduire. Il a vu l’apparition de «l’incivilité» dans le contentieux pénal. Il a vu les procédures se dédouaner d’un certain nombre de contraintes, et la compétence disparaître sous couvert de rationalité administrative.
Dans une surenchère sécuritaire, ont été créés des listings informatique (le fameux STIC) où sont recensés les coupables, mais aussi les victimes, et tous les individus qui ont été entendus dans le cadre d’une affaire pénale. Coupable ou non. Ces fichiers au départ destinés aux crimes sexuels se sont généralisés à toutes les affaires pénales. Ils sont depuis 2002 consultables par les administrations.
Pour Gilles Sainati, on est en train de développer le comportementaliste. L’objectif, qui semble relever de la science fiction, est d’empêcher l’individu de commettre un crime avant qu’il ne songe à le commettre. Par l’établissement de types comportementaux sur différents critères familiaux, économique, sociaux. Puis à ces fichiers on a adjoint les empreintes génétiques des coupables.
Dans la logique du «Qui vole un œuf, vole un bœuf». Toute condamnation passée, quelle qu’elle soit. apparaîtra comme circonstance aggravante. Ce qui est la négation de l’aspect réparateur de la sanction judiciaire.
L’accueil de l’audience sera mitigé. Après tout, bien nombreux sont les satisfaits des nouvelles mesures prises par les aéroports, et personne ne voudrait voir un pédophile ou un violeur en liberté. Pourtant, Gilles Sainati le rappelle: «Le chiffre officiel des récidives en cas de libération conditionnelle est de 1%. La vie en société est un risque, on l’assume ou pas. On ne pourra pas aboutir à une société de risque zéro à mon sens. A moins de faire le choix d’une société où la notion de liberté est très limitée
»