Flash Festival #6 – Jeudi 25 octobre 2018
Découvrez le journal de la 40ème édition du festival Cinemed !
Découvrez le journal de la 40ème édition du festival Cinemed !
Découvrez le journal de la 40ème édition du festival Cinemed !
Ils sont inséparables, depuis 2004, le couple franco-turc a réalisé ensemble une dizaine de films. Une complémentarité et un soutien mutuel à l’origine d’une filmographie riche qui s’interesse aux exclus et aux rapports entre les genres.
Pour cette 40 ème édition de Cinemed, vous présentez Sibel en compétition long métrage, quel lien entretenez-vous avec le festival ?
Guillaume Giovanetti : C’est la troisième fois que nous sommes présents à Cinemed. La première fois c’était pour les bourses d’aide au développement avec Nour en 2006 et puis il y a trois ans pour Sibel. C’est le premier festival à nous avoir fait confiance et donné de l’argent pour un long métrage.
Çagla Zencirci : Cinemed nous a offert du soutien concret, financier pour un projet qu’on a pu développer. C’est excellent. On adore le festival parce qu’ils ont compris qu’un réalisateur, il faut qu’il mature. C’est en faisant des films qu’il acquiert de l’expérience. Quand vous recevez ce soutien, vous avez la liberté d’avancer en tant que réalisateur de manière indépendante.
Dans Sibel, vous traitez de l’exclusion d’une jeune femme muette et du manque de solidarité qu’elle subit au sein de son village en Turquie.
CZ : Avec ce personnage féminin rejeté par la société dans son intégralité, on voulait montrer le manque de solidarité entre les femmes, une entraide qui est absente. Il y a une vraie violence qui existe, une forme de compétition entre les femmes. A l’inverse, les deux personnages masculins que nous avons créés, n’interfèrent pas dans les décisions de notre personnage principal. Ils la laissent totalement libre de ses choix, mais la soutiennent dans le chemin qu’elle souhaite entreprendre. C’est ce genre d’homme que l’on veut voir dans la vraie vie.
Est-ce un film politique ?
CZ : Nous ne nous sommes jamais définis en tant que réalisateurs politiques. Notre vie est politique, on ne peut pas s’en débarrasser. Mais on a toujours utilisé la politique comme un décor. On a essayé de voir quels sont les effets des politiques menées sur nos personnages qui ont toujours été des exclus. Nous pensons que pour comprendre une société, il faut regarder les individus qui sont en marge. Là vous avez une idée très très claire de la société en elle même.
Est ce pour cela que vous avez réalisé Ata en 2008, pour montrer les difficultés d’intégration, en France cette fois ?
GG: Nous avions rencontré par hasard un homme de la communauté ouïghoure (turcophone musulmane de l’Ouest de la Chine) il y a une quinzaine d’années en France. Il était sans papiers, dans un processus d’exclusion avec des difficultés pour parler le français. Nous nous sommes inspirés de son histoire. Le film traite de la rencontre entre ce personnage ouïghour, qui n’a par défaut rien à voir avec la société française, et une jeune Turque venue en France pour des raisons amoureuses, pas du tout pour des raisons politiques ou économiques. Son fiancé la laisse au début du film, elle se retrouve seule dans un pays étranger complètement désemparée.
C’est cette marginalité commune qui va rapprocher les deux personnages ?
GG : Oui, c’est la rencontre de deux individus qui n’ont à priori rien en commun. Ils découvrent que leurs deux langues se ressemblent, qu’ils peuvent communiquer. On a cherché à illustrer les difficultés d’intégration d’un certain nombre de personnes qui viennent de l’extérieur de la société française. Cela donne naissance à une resolidarisation de personnes qui sont dans la même situation. On voit des groupes se créer, des manières de fonctionner autres qui n’ont vraiment rien à voir avec la société française. Ce qui va favoriser le communautarisme. C’est un court métrage réalisé il y a dix ans, mais il a encore une actualité énorme. Les choses n’ont pas beaucoup changé.
Votre prochain film sera-t-il de nouveau un projet en commun ?
CZ : Oui, cela fait 15 ans que l’on travaille ensemble. Nous n’avons pas d’oeuvre séparée. On a appris à travailler ensemble. On ne peut pas faire de films seuls, on ne sait pas comment faire.
GG : On a développé nos automatismes, nos façons de faire. C’est un ping pong permanent. Sibel c’est notre dixième film. On a un autre projet en Turquie, toujours avec un personnage féminin au centre, plus urbain, un peu plus âgé cette fois. Le film sera axé sur la question de la famille et du rôle de mère qui est prédestiné pour la femme. C’est un road movie à travers la Turquie, l’histoire d’une femme qui laisse ses enfants à son mari parce qu’elle n’en peut plus. Elle va rencontrer un transexuel qui va lui donner une autre définition de ce que c’est d’être une femme.
Est-ce une manière d’interroger les représentations de genre ?
CZ : Dans notre travail, on essaie de questionner le positionnement de la femme, mais aussi de l’homme, parce que cela va ensemble. Il y a certains critères pour vraiment être considérée comme une femme. Si on ne les respecte pas, soit on n’est pas une femme, soit on est prise pour une folle. Est ce qu’une femme qui dit ouvertement qu’elle ne veut pas avoir d’enfants est totalement acceptée dans n’importe quelle société ? Jamais. Pourquoi elle ne voudrait pas d’enfants ? C’est une femme quand même, elle devrait en vouloir « normalement». Quand vous enlevez tous ces critères la femme évolue d’une tout autre façon, avec beaucoup de courage et sans peur.
GG : Ce sont des problématiques qui reviennent dans beaucoup de nos films. Ca va prendre des formes de questionnement sur l’identité sexuelle comme dans notre film Noor au Pakistan, ou sur le positionnement des femmes comme leader d’un groupe dans Sibel. De façon plus ou moins consciente, on traite aussi beaucoup de l’équilibre au sein du couple. Comment interagir et s’entraider, être solidaires l’un de l’autre ? Quels sont les rôles définis et les rôles à ne pas définir du tout ?
Propos recueillis par Léa Coupau et Camille Bernard
« Le festival se porte bien ! ». C’est avec ces paroles que l’atypique président du Cinemed, Henri Talvat, a inauguré la conférence de presse de présentation de la 37ème édition qui se déroulera du 24 au 31 octobre.
« C’est une année de transition » avait affirmé Philippe Saurel, président de l’agglomération et Maire de Montpellier. Exit Jean-François Bourgeot de la présidence du festival. Mais pas de quoi dénaturer l’essence même du festival : la Méditerranée. Considérée par son président comme un pivot essentiel de l’histoire du cinéma et un trait d’union entre tous les peuples, elle sera de nouveau au cœur de l’évènement. Une sélection officielle réduite pour permettre une meilleure visibilité pour les longs-métrages en compétition diffusés au Corum et présidés par Roschdy Zem, qui a réalisé Bodybuilder récemment. Une sélection néanmoins riche et diversifiée avec la présence de 22 pays dont le Kosovo qui présentera son premier film en compétition officielle.
Pour le maire de Montpellier et ancien adjoint à la culture, il n’a jamais été question de « remettre en cause le festival ». « Pilier essentiel à renforcer », le cinéma devra être encouragé dans la nouvelle région qui dispose « de paysages cinématographiques rares ». Le 21 octobre se tiendra un jury chargé de remplacer Jean-François Bourgeot, ancien directeur du festival. Sept candidats sont déclarés. Le nouvel élu aura pour mission de donner une vocation internationale au Cinemed. Une transition à venir donc, pour un festival qui s’assume « convivial » et « de proximité ».
Le festival accueillera pour l’occasion Tony Gatlif. Cinéaste engagé et atypique, il est connu pour son dévouement envers la communauté gitane. L’une des personnalités phares du cinéma espagnol, Carlos Saura sera également présent et viendra présenter son dernier film-documentaire Argentina, voyage musical et sensoriel à travers l’Argentine. Le réalisateur portugais Miguel Gomes, lui, viendra compléter le casting avec sa trilogie Milles et une nuit (encore en salle). Il tiendra un master class le lundi 26 octobre à 17h. L’occasion de découvrir et redécouvrir leurs filmographies respectives.
Adèle Exarchopoulos (La vie d’Adèle), Tahar Rahim (Un prophète), Valeria Golino (Rain Man), Patricio Guzman, Kheiron (Bref) ou encore Rachida Brakni (La ligne droite) viendront compléter la liste des invités attendus.
Outre le festival de films lycéens présent chaque année, la nouveauté se situe avec l’opération « Talents en Court » initié par les amis du Comedy Club, présidée par Jamel Debbouze. Visant à aider le développement de projets de courts-métrages, le Cinemed présentera les œuvres de ces jeunes auteurs. Autre nouveauté, la présence d’un Jury étudiant qui aura la charge de décerner le prix du meilleur premier film. De quoi encourager l’investissement des lycéens et des étudiants.
A la veille de la clôture du 32e Cinemed, festival du cinéma Méditerranéen qui a débuté le 22 octobre, un hommage a été rendu au réalisateur italien présent pour l’occasion.
Vendredi 29 octobre, à quelques jours d’Halloween, les montpelliérains se sont faits des frayeurs. Le centre Rabelais a accueilli le maître de l’horreur, Dario Argento pour l’annuelle « Nuit de l’Enfer » du Cinemed. Au total, près de 400 spectateurs se sont réunis de 21h00 à 6h00 du matin pour regarder cinq de ses derniers films.
Le premier d’entre eux, Mother of tears (La Mère des Larmes) clôture une trilogie entamée en 1977 avec Suspiria (La Mère des Soupirs) dont les cinéphiles ont pu admirer une copie restaurée plus tôt dans la semaine. Argento avait de suite proposé le deuxième volet des « Mères » en 1979 avec Inferno, où la Mère des Ténèbres était détruite. Il lui aura fallu trente ans et la participation de sa fille Asia pour anéantir la Mère des Larmes.
Parmi les autres films projetés, deux épisodes de la série américaine « Masters of Horror » : Pelts (J’aurais leur peau, 2006) et Jenifer (2005), ainsi que Non ho sonno (Le sang des innocents, 2001) et Il cartaio (Card player,2004). En tout, neuf heures de frissons pendant lesquelles la salle est restée comble. Et si quelques ronflements se faisaient entendre, ils étaient vite dissipés par les applaudissements et les cris les plus fans.
Lucie Le Houëzec avec Laura Mollon
Pour sa nouvelle édition, Cinemed, le festival du film méditerranéen a su se doter de personnalités de charme. Autour d’Audrey Tautou, Nathalie Baye et Carmen Maura la 1ere soirée du festival a donné le ton d’une semaine riche de diversité culturelle.
« Declaro la 32 ediciòn del festival Cinemed abierta ». C’est avec ces mots prononcés en espagnol puis en français que Carmen Maura, actrice fétiche de Pedro Almodovar et pour l’occasion présidente du festival, donnait le top départ ce vendredi 22 octobre de Cinemed. Un festival de cinéma méditerranéen qui s’installe dans les salles de Montpellier jusqu’au 30 octobre 2010.
Après l’arrivée d’Audrey Tautou et de Nathalie Baye, saluées chaleureusement par une salle du Corum remplie, le directeur du festival, Jean François Bourget a lancé « Chienne d’histoire », le premier film de la soirée. « Peinture d’animation » de 15 minutes et Palme d’or à Cannes, ce court métrage réalisé par Serge Avedikian nous plonge dans le Constantinople des années 1910 et revient sur la déportation de 30 000 chiens errants.
Une mise en bouche réussie, avant la projection en avant première du film de Pierre Salvadori, « De vrais mensonges », comédie légère et pétillante tournée à Sète avec Sami Bouajila, Audrey Tautou et Nathalie Baye.
Un film dans lequel les acteurs semblent s’être amusés tout autant que le public. « Le tournage était un plaisir intense […] ce n’est pas si fréquent » a souligné Nathalie Baye. Audrey Tautou a pour sa part parlé d’un tournage « extra, l’un des plus plaisants » tout en saluant la commune de Sète : « cette ville nous a porté par sa chaleur, son soleil.»
La chaleur transparaissait également durant la projection, où éclats de rire et applaudissements n’étaient pas rares. « C’était génial, excellent, Audrey Tautou y est tellement naturelle » a indiqué Claire, spectatrice convaincue et admiratrice de la comédienne. Alain a fait preuve de moins d’enthousiasme « il manque d’accent du sud dans ce long métrage » mais avouait cependant avoir bien aimé ce film, lui qui ne se dit pas un inconditionnel des comédies.
Bilan positif donc pour cette soirée d’ouverture. Espérons que les 236 films projetés dans les salles montpelliéraines seront appréciés par le public avec autant de plaisir que celui de vendredi soir.
Susanna Nicchiarelli a présenté lundi soir son premier long-métrage « Cosmonauta » au Festival Cinemed. Récompensé dans la section « Controcampo » à la dernière Mostra de Venise, ce film nous plonge dans le parti communiste romain des années 60 en compagnie de la jeune Luciana Proietti.