« Au temps où les Arabes dansaient » : l’art de la transgression

Diffusé pour la première fois en France à l’occasion de l’ouverture du Festival International du Film Politique, « Au temps où les Arabes dansaient » éveille les consciences et suscite l’enthousiasme dans les festivals étrangers. Retour sur un documentaire original du cinéaste belge Jawad Rhalib.

On les entend à plusieurs reprises mais on ne voit jamais leurs visages. “Je donne la parole aux fondamentalistes uniquement pour introduire le véritable sujet : la transgression des règles islamistes par les artistes”, explique le réalisateur Jawad Rhalib.
Résultat de cinq ans de tournage en Belgique, au Maroc, en Egypte et en Iran, Au temps où les arabes dansaient donne la parole à ceux qui doivent se cacher pour exercer leur art. Danseurs, comédiens, philosophes et performeurs en tout genre, tous sont sous la menace d’une fatwa, avis juridique donné par un spécialiste de la loi islamique sur leurs activités. “Les convaincre de témoigner à visage découvert pour ce documentaire a été une épreuve longue et difficile”, détaille le cinéaste. “Pour les islamistes, la danse est associée à la prostitution et les femmes qui se maquillent ou se parfument sont accusées de provoquer les pulsions sexuelles des hommes.
A travers les difficultés de ces artistes, Jawad Rhalib met en avant plusieurs aspects de la culture arabe oubliés par les Orientaux eux-mêmes, mais aussi par les Occidentaux. Car bien plus qu’une succession de témoignages, Au temps où les Arabes dansaient, montre les performances artistiques des personnages, accompagnées par une musique qui évolue tout au long du documentaire. “Au début du film, la bande son est mélancolique mais j’ai voulu mettre quelque chose de plus positif à la fin”, justifie le compositeur Simon Fransquet. “La musique est un véritable personnage du documentaire”, appuie Jawad Rhalib.

Quand le contemporain est régressif

Dans ce Moyen-Orient rétrograde où pouvoirs politique et religieux se confondent et étouffent la culture, le cinéaste se refuse à toute mise en scène. “L’idée n’était pas de démontrer quelque chose. On est juste là pour capter le réel sans rien imposer aux personnages. Ils ne sont là que pour exprimer leur réalité. Une réalité qu’ils connaissent bien mieux que nous.
Une réalité que les artistes veulent combattre. Mais à l’image de l’acteur belge Mourade Zeguendi, en pleine répétition d’une adaptation théâtrale du roman d’anticipation de Michel Houellebecq Soumission, la peur des représailles des fondamentalistes est prégnante.
Dans ce contexte de peur permanente, on en oublierait presque que cette situation n’a pas toujours existé. “Il y a 50 ans, le président égyptien Nasser se moquait des Frères Musulmans. Les moeurs étaient bien plus modernes qu’aujourd’hui et l’art fleurissait au Moyen-Orient”, rappelle Jawad Rhalib.

Car au milieu du XXè siècle, la femme orientale s’épanouissait dans les arts et la mode et le rigorisme était marginalisé. Pour Jawad Rhalib, les fondamentalistes musulmans ont commencé à imposer leurs visions au début des années 1980.
Le religieux a pris le dessus avec l’arrivée de Khomeini à la tête de l’Iran. Arrivée à laquelle la France n’est pas étrangère. C’est avec lui que s’est lancée la mode des fatwas. Aujourd’hui, le danger est réel et je ne suis pas optimiste. L’extrême droite renforce les fondamentalistes, et les islamistes boostent l’extrême droite. Au milieu, une majorité silencieuse a peur d’agir et les dirigeants politiques ne font plus appliquer les lois laïques pourtant en vigueur comme l’interdiction de la burqa”, conclut le cinéaste pour qui le salut “viendra de l’éducation et de la culture.”

Costa-Gavras et Jacques Audiard, à Carcassonne, pour la première édition du Festival International du Film Politique

Dans moins de deux jours, du 4 au 8 décembre, se déroulera la première édition du Festival International du Film politique de Carcassonne (FIFP). Au programme : des invités de prestige, sept prix et une sélection pour les scolaires.

Et un de plus. Après Porto-Vecchio et Rennes, Carcassonne met à son tour la politique à l’écran pendant cinq jours. De la fiction au documentaire, pour Henzo Lefèvre, directeur de l’édition, l’objectif est « d’intéresser le grand public » au genre militant. Avec des grands classiques mais aussi des avant-premières. « Le cinéma est engagé par nature, sourit le gars d’ici. Et ce nouveau festival à Carcassonne est soutenu par beaucoup. » Notamment par la région Occitanie, et l’association Regard Caméra qui en a eu l’idée. Le défi est important pour la manifestation qui arrive après le succès des deux précédents, et tout aussi jeunes, festivals. Sera-t-il possible de faire mieux ?

Quatre jurys, sept prix et onze films en compétition

Là encore, des convives de marques sont attendus. Costa-Gavras, réalisateur emblématique du cinéma engagé, sera notamment le parrain du FIFP tandis que l’un de ses confrères, Jacques Audiard, se verra décerner le prix d’honneur. Ce n’est pas tout. Quatre jurys tout aussi brillants seront à l’oeuvre pour départager les onze films en compétition.

Le Grand Prix du Festival, le Prix de la meilleure interprétation et le Prix de la meilleure réalisation seront attribués par le jury de la compétition, composé de l’actrice Liliane Rovère, des acteurs Cyrille Eldin, Grégory Gatignol, Richard Sammel, de la productrice Salam Jawad, des réalisatrices Anne-Laure Bonnel, de l’acteur-réalisateur François Marthouret et de l’actrice-auteure Saïda Jawad.

Le Prix SFCC (syndicat français de la critique de cinéma) de la critique au sein duquel se mêlent Pascale Clark (BoxSons), France Hatron-Auboyneau (France 5/Fiches du cinéma), Bruno Cras (Europe 1), Olivier de Bruyn (Marianne/Les Echos), Alain Grasset (Le Parisien/Satellifax) et Nathalie Chifflet désignera le meilleur documentaire.

Six étudiants de sciences politiques ou en cinéma des Universités de Toulouse et Montpellier décerneront quant à eux, le Prix des étudiants à la meilleure fiction. Enfin, dix collégiens de Carcassonne récompenseront l’une des projections à destination des scolaires par le Prix de la jeunesse.

Sensibiliser le jeune public, du CM1 à la terminale

Le FIFP a pensé à tout le monde, et surtout aux élèves. Pour sa première édition, la manifestation présente une sélection pour les scolaires où chaque classe participante pourra se délecter des oeuvres sur grand écran. Après les séances, des rencontres avec les équipes du film et des intervenants spécialistes auront lieu. « Il s’agit de contribuer, par l’image, à la culture des élèves autour de grandes questions citoyennes », explique Etienne Garcia, délégué général du Festival.

Parmi un large choix de films, dont certains inédits, se glissent le dessin animé Parvana, conte sur l’émancipation des femmes en Afghanistan, ou encore le documentaire Un temps de président, racontant six mois du quotidien de François Hollande, président de la République à l’époque. Pour Henzo Lefèvre, cette démarche espère « donner une place importante aux jeunes » dont le regard manque de visibilité. « Priorité à l’éducation ! »

Côté pratique, les plus grands cinéphiles pourront suivre l’entièreté des vingt-trois séances programmées pour un prix abordable, puisque le pass, pour toute la durée du festival, s’élève à 20 euros. La journée, elle, est à 10 euros. Plus d’informations, ici.

GRAND ENTRETIEN – Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti  «Pour comprendre une société, il faut regarder les individus qui sont en marge »

Ils sont inséparables, depuis 2004, le couple franco-turc a réalisé ensemble une dizaine de films. Une complémentarité et un soutien mutuel à l’origine d’une filmographie riche qui s’interesse aux exclus et aux rapports entre les genres.

Pour cette 40 ème édition de Cinemed, vous présentez Sibel en compétition long métrage, quel lien entretenez-vous avec le festival ?

Guillaume Giovanetti : C’est la troisième fois que nous sommes présents à Cinemed. La première fois c’était pour les bourses d’aide au développement avec Nour en 2006 et puis il y a trois ans pour Sibel. C’est le premier festival à nous avoir fait confiance et donné de l’argent pour un long métrage.

Çagla Zencirci : Cinemed nous a offert du soutien concret, financier pour un projet qu’on a pu développer. C’est excellent. On adore le festival parce qu’ils ont compris qu’un réalisateur, il faut qu’il mature. C’est en faisant des films qu’il acquiert de l’expérience. Quand vous recevez ce soutien, vous avez la liberté d’avancer en tant que réalisateur de manière indépendante.

Dans Sibel, vous traitez de l’exclusion d’une jeune femme muette et du manque de solidarité qu’elle subit au sein de son village en Turquie.

CZ : Avec ce personnage féminin rejeté par la société dans son intégralité, on voulait montrer le manque de solidarité entre les femmes, une entraide qui est absente. Il y a une vraie violence qui existe, une forme de compétition entre les femmes. A l’inverse, les deux personnages masculins que nous avons créés, n’interfèrent pas dans les décisions de notre personnage principal. Ils la laissent totalement libre de ses choix, mais la soutiennent dans le chemin qu’elle souhaite entreprendre. C’est ce genre d’homme que l’on veut voir dans la vraie vie.

Est-ce un film politique ?

CZ : Nous ne nous sommes jamais définis en tant que réalisateurs politiques. Notre vie est politique, on ne peut pas s’en débarrasser. Mais on a toujours utilisé la politique comme un décor. On a essayé de voir quels sont les effets des politiques menées sur nos personnages qui ont toujours été des exclus. Nous pensons que pour comprendre une société, il faut regarder les individus qui sont en marge. Là vous avez une idée très très claire de la société en elle même.

Est ce pour cela que vous avez réalisé Ata en 2008, pour montrer les difficultés d’intégration, en France cette fois ?

GG: Nous avions rencontré par hasard un homme de la communauté ouïghoure (turcophone musulmane de l’Ouest de la Chine) il y a une quinzaine d’années en France. Il était sans papiers, dans un processus d’exclusion avec des difficultés pour parler le français. Nous nous sommes inspirés de son histoire. Le film traite de la rencontre entre ce personnage ouïghour, qui n’a par défaut rien à voir avec la société française, et une jeune Turque venue en France pour des raisons amoureuses, pas du tout pour des raisons politiques ou économiques. Son fiancé la laisse au début du film, elle se retrouve seule dans un pays étranger complètement désemparée.

C’est cette marginalité commune qui va rapprocher les deux personnages ?

GG : Oui, c’est la rencontre de deux individus qui n’ont à priori rien en commun. Ils découvrent que leurs deux langues se ressemblent, qu’ils peuvent communiquer. On a cherché à illustrer les difficultés d’intégration d’un certain nombre de personnes qui viennent de l’extérieur de la société française. Cela donne naissance à une resolidarisation de personnes qui sont dans la même situation. On voit des groupes se créer, des manières de fonctionner autres qui n’ont vraiment rien à voir avec la société française. Ce qui va favoriser le communautarisme. C’est un court métrage réalisé il y a dix ans, mais il a encore une actualité énorme. Les choses n’ont pas beaucoup changé.

Votre prochain film sera-t-il de nouveau un projet en commun ?

CZ : Oui, cela fait 15 ans que l’on travaille ensemble. Nous n’avons pas d’oeuvre séparée. On a appris à travailler ensemble. On ne peut pas faire de films seuls, on ne sait pas comment faire.

GG : On a développé nos automatismes, nos façons de faire. C’est un ping pong permanent. Sibel c’est notre dixième film. On a un autre projet en Turquie, toujours avec un personnage féminin au centre, plus urbain, un peu plus âgé cette fois. Le film sera axé sur la question de la famille et du rôle de mère qui est prédestiné pour la femme. C’est un road movie à travers la Turquie, l’histoire d’une femme qui laisse ses enfants à son mari parce qu’elle n’en peut plus. Elle va rencontrer un transexuel qui va lui donner une autre définition de ce que c’est d’être une femme.

Est-ce une manière d’interroger les représentations de genre ?

CZ : Dans notre travail, on essaie de questionner le positionnement de la femme, mais aussi de l’homme, parce que cela va ensemble. Il y a certains critères pour vraiment être considérée comme une femme. Si on ne les respecte pas, soit on n’est pas une femme, soit on est prise pour une folle. Est ce qu’une femme qui dit ouvertement qu’elle ne veut pas avoir d’enfants est totalement acceptée dans n’importe quelle société ? Jamais. Pourquoi elle ne voudrait pas d’enfants ? C’est une femme quand même, elle devrait en vouloir « normalement». Quand vous enlevez tous ces critères la femme évolue d’une tout autre façon, avec beaucoup de courage et sans peur.

GG : Ce sont des problématiques qui reviennent dans beaucoup de nos films. Ca va prendre des formes de questionnement sur l’identité sexuelle comme dans notre film Noor au Pakistan, ou sur le positionnement des femmes comme leader d’un groupe dans Sibel. De façon plus ou moins consciente, on traite aussi beaucoup de l’équilibre au sein du couple. Comment interagir et s’entraider, être solidaires l’un de l’autre ? Quels sont les rôles définis et les rôles à ne pas définir du tout ?

Propos recueillis par Léa Coupau et Camille Bernard

 

SÉANCE TENANTE #1 – Avec Il Miracolo, Cinemed parie sur la série

Le Cinemed s’est ouvert vendredi soir sur une projection audacieuse. Le festival a mis à l’honneur Il Miracolo, série télévisée italienne écrite et réalisée par le romancier italien Niccolo Ammaniti. Une expérience inédite depuis la création de Cinemed en 1979.

Dès les premières secondes, le ton est donné. Le corps recroquevillé et couvert de sang d’un chef de la mafia calabraise est retrouvé dans son repaire par la police italienne. Mais ce sang qui macule le sol et les murs de la planque n’est pas le sien. Il vient des larmes de la Vierge, statuette qui pleure sans relâche neuf litres de sang par heure. La piste de la farce est rapidement écartée. Une équipe ultra confidentielle de chercheurs se lance dans le décryptage de cette sombre énigme sous l’oeil perplexe du Premier ministre italien. L’analyse du plasma démontre qu’il s’agit de sang humain masculin. « Nous sommes vraiment en train de parler du sexe d’une statue ! Après quoi ? l’ADN de la Vierge ? » s’emporte le Premier ministre dépassé par un scandale qui risque de dériver « en guerre de religion ». L’étrange statue est dissimulée au grand public dans le contexte d’un référendum pour la sortie de l’Union Européenne.

Le choix d’une série pour ouvrir cette 40 ème édition était un pari ambitieux, voire risqué. Le genre est encore largement négligé par les festivals de cinéma. Mais Cinemed a souhaité mettre en avant la créativité d’un phénomène mondial qui se propage hors petits écrans. Les plus grands cinéastes s’approprient peu à peu l’univers des séries à l’instar de Steven Spielberg, Jane Campion, ou encore le réalisateur français Cédric Klapisch. Il miracolo se veut une « fable politique existentielle sur le chaos du monde », plongeant le spectateur dans une tension constante. Un rythme lent sur un fond sonore qui renforce l’univers oppressant du drame télévisuel. Des mares rouges, un oiseau mort tombant du ciel, l’exposition de la chair animale, quelques gouttes de sang versées dans la soupe d’une femme mourante. L’esthétique est sanguinolente, à l’image du mouvement cannibale dont se réclame Niccolo Ammaniti. Violence exacerbée et vacuité morale tels sont les maitres mots de ce courant qui avait fait scandale en Italie, à sa création en 1990.

Des liens humains fragmentés dans une atmosphère sombre et angoissante

Entre isolement et solitude, un ensemble se succède un ensemble de portraits. On assiste aux écarts de la femme du Premier ministre, dépassée par sa place de « first lady ». Un prêtre décadent utilise son image d’homme pieux pour assouvir ses pulsions sexuelles et pécuniaires. La scientifique mobilisée sur l’enquête cherche par tous les moyens à sauver sa mère de l’agonie. Des liens humains fragmentés dans une atmosphère sombre et angoissante. Les thèmes bibliques se succèdent : la pietà inversée et la fustigation biblique de la chair viennent s’ajouter aux prêches sans foi et représentations mystiques obscures.

Fin de la projection, Lazar prend des allures de vieille dame ressuscitée clôturant le second épisode d’une série qui, personnellement, ne nous a pas transcendée.

Entre Métropole et Département : le Domaine d’O divisé

Le théâtre d’O va-t-il devoir fermer ? Un an après la signature de l’accord de transfert de compétences entre le département de l’Hérault et la Métropole de Montpellier, la situation reste encore floue pour le Domaine d’O.

Le Domaine d’O scindé en deux : voilà la conséquence du transfert de compétences signé en décembre 2016 entre Philippe Saurel, maire de Montpellier et Kléber Mesquida, président du département de l’Hérault. Le Nord du Domaine, avec l’amphithéâtre, le théâtre Jean-Claude Carrière et la pinède, sera transféré à la Métropole à compter du 1er janvier 2018. Et le Sud, avec le parc classé monument historique et le théâtre d’O, restera au Département.

Après des négociations tendues, Département et Métropole s’étaient finalement accordés sur le transfert de la compétence culture, fin décembre 2016. Marion Brunel, responsable communication et directrice de pôle adjointe du Domaine d’O se remémore les conditions de cet accord : « les spectateurs se sont constitués en collectif pour que le transfert de compétences aboutisse dans les meilleures conditions. Un accord entre la Métropole et l’Hérault n’était pas assuré à l’époque ».

« Grâce à EPIC, nous conservons notre indépendance et notre stabilité » – Valérie Daveneau

Valérie Daveneau, directrice générale par intérim du Domaine d’O, se satisfait de l’issue favorable des négociations, car la programmation n’en ressort pas amputée. La pérennité du fonctionnement et de l’activité culturelle du Domaine ainsi que la préservation des subventions est assurée : « grâce au statut d’EPIC (Établissement public industriel et commercial, [ndlr]), nous conservons notre indépendance et notre stabilité ». Elle est plus inquiète sur le sort qui sera réservé au Théâtre d’O : « nous espérons qu’il restera un lieu de culture, mais rien n’est encore sûr ». En clair, ce théâtre, lieu de création pour les petites compagnies et programmant des spectacles plus intimistes, voit son avenir compromis par le transfert de compétences.

« Dans tous ces jeux de pouvoir, le peuple est oublié » – Éva Loyer

Pour Éva Loyer, secrétaire générale de la CGT spectacle en Languedoc-Roussillon, les résidences d’artistes qui avaient lieu au Théâtre d’O sont en péril. La syndicaliste déplore le déménagement des salariés, recentrés sur le Nord du Domaine, dans des locaux qui « ne correspondent pas aux besoins de l’activité ». Selon elle, cette « tambouille politique » en oublie le bien commun, à savoir le public : « dans tous ces jeux de pouvoir, le peuple est oublié ».
Elle espère désormais que Jean Varela, directeur du Printemps des comédiens, pourra négocier au mieux pour sauver le Théâtre d’O par des conventions d’occupation. La perspective est plutôt optimiste en vue des événements déjà programmés en ce lieu jusqu’à la fin de l’année. Mais les victimes pourraient se trouver dans le domaine social en vue des deux autres compétences transférées : le fonds de solidarité pour le logement (FSL) et le fonds d’aide aux jeunes en difficulté (FAJ). Histoire à suivre de très près.

La Cimade : 75 ans de solidarités

D’ici & d’ailleurs : ensemble. Du 18 novembre au 10 décembre, La Cimade ouvre l’édition 2017 du Festival Migrant’Scène dans plus de 60 villes en France métropolitaine et outre-mer. Montpellier en faisant partie, des évènements et rencontres sont organisés pour croiser les regards sur les migrations et ce, dès le 15 novembre. Entretien avec une militante de La Cimade, Nicole Chastanier.

Être bénévole à La Cimade : un engagement à temps plein

Nicole Chastanier, ancienne journaliste et bénévole à La Cimade (Comité inter mouvements auprès des évacués) depuis deux ans est engagée au service juridique de la locale à Montpellier. Car La Cimade est organisée en groupes, recevant tour à tour les migrants et demandeurs d’asile. Un groupe s’occupe des demandeurs d’asile, l’organisation de RESF (réseau éducation sans frontières) conseille les mineurs dont les parents ont été expulsés, Les amoureux du banc s’occupent des couples mixtes et Psymade leur apporte un accompagnement psychologique. Tous sont bénévoles et presque tous retraités, car « l’engagement demande du temps », souligne-t-elle. La Cimade collabore également beaucoup avec d’autres associations comme Médecins du Monde, le Secours Populaire ou le Secours Catholique afin de lier leurs forces et de « travailler ensemble dans la même direction ».

Tous les jeudis matin, plus de 50 personnes sont reçues par le service juridique. Il les conseille, monte des dossiers et accompagne les migrants dans toutes les étapes. Cependant, Nicole Chastanier déplore le surréalisme du discours des institutions : « Certains vivent ici depuis plus de dix ans et lors de la constitution de leur dossier, ils doivent trouver des preuves de leur présence et de l’argent qu’ils ont gagné alors qu’ils n’avaient pas le droit d’être là ou de travailler ».

L’application de l’État de droit se confronte également à la politique générale du gouvernement et selon Rafael Flichman du service communication : « Depuis l’élection d’Emmanuel Macron et la nomination de Gérard Collomb au ministère de l’intérieur, tout s’est empiré avec des répressions, des expulsions en masse, les demandeurs d’asile à la rue, la restriction de leurs droits et l’allongement de la durée de l’enfermement… voilà les perspectives des projets de loi à venir ».

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Communication et sensibilisation : du national au local

Les solutions sont donc d’informer et de communiquer sur leurs actions de plaidoyer et d’aide individuelle mais aussi de sensibiliser. Rafael Flichman indique que cela passe par « des actions partout en France et toute l’année » avec des évènements comme les 10 ans du Centre de Rétention Administrative de Rennes (octobre 2017), le soutien à l’exposition « Du bidonville à la ville » au Centre d’art La Fenêtre de Montpellier (du 26 octobre au 23 décembre) ou précédemment, l’exposition « Attention, Travail d’Arabe », créée par l’association Remembeur, pour démonter les stéréotypes sur l’immigration. Les supports pédagogiques, les interventions en milieu scolaire et les projections de films participent également à ce processus de sensibilisation.

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Migrant’scène intervient donc dans ce cycle d’évènements. Nicole Chastanier revient sur les différents temps de ce festival. Vendredi 24 novembre, Christine Lazerges, présidente de la Commission Nationale Consultative des droits de l’homme, animera une conférence-débat sur « L’accueil des étrangers en France ». Nicole souligne l’importance des débats : « il y a toujours beaucoup de monde, les gens ont vraiment envie de savoir et de dialoguer ».

Jeudi 30 novembre, le documentaire « Welcome chez nous » revient sur un village des Pyrénées-Orientales qui a accueilli des afghans, lors du démantèlement de la « Jungle » de Calais. Il rend compte d’une « intégration non violente et faite progressivement au fur et à mesure que les gens apprennent à se connaitre et que les liens se forment », dont la bénévole s’enchante.

Le Play Back théâtre du vendredi 1er décembre, par son aspect participatif, permet de « prendre une parole individuelle, par le récit d’une histoire sur le thème du passage d’une frontière, et la rendre collective pour la dédramatiser, et même en rire ».

Enfin, le Festival se termine jeudi 7 décembre, à Montpellier, par la projection du web-documentaire « Waynak, où êtes-vous ? ». La bénévole s’indigne de cette « mondialisation qui a fait des oubliés et d’une implication de gens à travers des expériences solidaires ». Les initiatives locales seront alors exposées par des acteurs engagés de différentes manières pour « rendre leurs utopies concrètes ».

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La Cimade, une histoire de solidarités

Selon l’article premier des statuts : « La Cimade a pour but de manifester une solidarité active avec ceux qui souffrent, qui sont opprimés et exploités et d’assurer leur défense, quelle que soit leur nationalité, leur position politique ou religieuse ». La Cimade affirme que « il n’y a pas d’étrangers sur cette Terre » et que plutôt que de construire un mur entre nous, il faut construire des ponts car « L’humanité passe par l’autre ».

La Cimade c’est plus de 75 ans d’engagement, 87 groupes locaux en France, 2000 bénévoles actifs, près de 200 points d’accueil et permanences, 106 salariés et plus de 100 000 personnes conseillées, accompagnées et / ou hébergées chaque année. Au départ, engagée auprès de l’Église confessante allemande, elle soutiendra les évacués d’Alsace et Moselle puis les étrangers des camps d’internement durant la Seconde Guerre Mondiale. Elle est aujourd’hui oecuménique et la plupart de ses membres se définissent comme « laïcs ».
L’accueil des immigrés se poursuivra des années 50 à 70, puis La Cimade viendra en aide aux algériens lors de la Guerre et s’engagera politiquement pendant la décolonisation. Aujourd’hui, en plus d’une action concrète auprès des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile, La Cimade s’engage à sensibiliser l’opinion publique pour changer les perspectives de la politique d’immigration. En dénonçant la politique du chiffre qui accroit les expulsions et méprise les vies humaines, elle participe à promouvoir la tolérance et le respect des droits de l’homme.

En septembre dernier, une campagne de communication « Vivre est une victoire » a été lancée pour comparer le parcours des réfugiés aux épreuves des athlètes des JO pour 2024. La Cimade frappe donc fort et les réactions sont virulentes, pari réussi.

MUSIQUE – 10e Koa Jazz Festival : une programmation éclectique

« Du jazz partout et pour tous ! ». C’est la devise du Koa Jazz Festival, et pour sa dixième édition du 16 au 26 novembre, il ne déroge pas à la règle.

Au programme : Journal Intime, Susheela Raman, Thomas de Pourquery & Supersonic, David Eskenazy Trio, Mooncat, Kiera Lorelle, La Guiguinche, Gérard Pansanel, Fälk et bien sûr le Grand Ensemble Koa. Mêler des musiciens reconnus et des artistes régionaux participe à la richesse de la programmation et à la renommée du Festival.

Le Collectif Koa, organisateur de l’évènement, nous transporte cette année vers d’autres lieux, en plus de l’éternel JAM et du Dôme, à l’instar du Chai du Terral, La Tendresse, La Vignette, le Musée des Moulages ou encore La Petite Scène. La diversification des lieux permet une multiplication des formats avec en plus des concerts, une sieste musicale, du jazz en gare ou encore un brunch/concert. Une manière de s’adresser au plus grand nombre et de toucher tous les publics.

Car le mot d’ordre du Koa Jazz Festival, c’est la rencontre. Et les actions culturelles en sont l’occasion. Lors d’une résidence au Chai du Terral, du 15 au 17 novembre, le Grand Ensemble Koa a effectué un travail pédagogique sur le territoire de la Métropole, avec une participation des élèves du conservatoire. Le lundi 20 novembre et le jeudi 23 novembre, le « Jazz rencontre les mômes » permettra aux enfants d’aborder la question du rythme, du solo, de l’improvisation et de l’histoire du Jazz à travers un jeu de questions/réponses auprès des musiciens.

La politique tarifaire du Festival reste abordable et de nombreux évènements sont gratuits, alors ne vous privez pas !

CULTURE – Festival Migrant’Scène : l’événement sensibilisation de La Cimade

D’ici & d’ailleurs : ensemble. Du 18 novembre au 10 décembre, La Cimade ouvre l’édition 2017 du Festival Migrant’Scène dans plus de 60 villes en France métropolitaine (dont Montpellier) et Outre-mer. Près de 350 évènements et rencontres sont organisés pour croiser les regards sur les migrations et ce, dès le 15 novembre.

Programme : Migrant’Scène à Montpellier

Une pièce de théâtre « Titre Provisoire » mise en scène par Crystèle Kodr et Waël Ali (Liban, Syrie) sur l’histoire des parcours de migration à travers la vie d’une famille libanaise.

Mercredi 15 novembre à 20h15 et jeudi 16 novembre à 19h15 au Théâtre de la Vignette, Université Paul Valéry

Une conférence-débat sur « l’accueil des étrangers en France » donnée par Christine Lazerges, présidente de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme.

Vendredi 24 novembre de 19h à 21h au petit Théâtre du Domaine d’O

Un documentaire Welcome chez nous sur l’accueil de trente Afghans dans l’Eure, suite au démantèlement de la « jungle » de Calais. Débat en présence du réalisateur Adrien Pinon.

Jeudi 30 novembre à 19h au cinéma Nestor Burma à Celleneuve

Un théâtre-forum ou play back Théâtre sur le thème du passage d’une frontière, suivi d’un apéro-concert animé par la Batucanfare.

Vendredi 1er décembre à 19h à la Gerbe, 19 rue Chaptal

Un web-documentaire Waynak, où êtes-vous ? sur des initiatives internationales pour et avec les réfugiés. Présentation et rencontre avec des porteurs de projets locaux.

Jeudi 7 décembre de 18h à 19h30 à La Gazette Café, 6 rue Levat

CULTURE – What A Trip a fait voyager 3200 spectateurs

Du 28 septembre au 1er octobre se tenait à Montpellier le premier festival du film de voyage et d’aventure What a Trip. Village camp de base sur l’Esplanade et projections à l’espace Rabelais, douze films étaient en compétition.
Le jury, présidé par le biologiste Laurent Ballesta et composé de professionnels de l’aventure et de la réalisation vidéo, a remis quatre prix. Le public a également pu s’exprimer en votant pour décerner le Prix du Public.
Grâce à leur film Paradis Perdu tourné au Gabon, les trois surfeurs Bretons de Lost in the Swell ont su tirer leur épingle du jeu. Primés à trois reprises, ils ressortent les grands vainqueurs du festival en remportant notamment le Grand prix du jury et le Prix du public.
Avec 3200 spectateurs lors des 12 séances de projections – dont trois complètes – 1500 auditeurs aux différentes conférences, 1900 visiteurs aux expositions photos, 200 participants aux ateliers organisés sur le village, cette première édition du What a Trip Festival a surpassé toutes les attentes des ses organisateurs. Ces derniers parlent d’un « véritable succès » et remettent déjà les voiles vers la deuxième édition.

CULTURE – Le Cinemed s’expose

Mardi 3 octobre, dès 19h, l’hôtel Mercure de la Comédie accueillait le vernissage de l’exposition photo d’Éric Catarina. Réalisée dans le cadre de la 39e édition du Cinemed. Le photographe Sétois est devenu incontournable dans la région, en outre du Festival Jazz à Sète, dont il est bien entendu un habitué.

On a pu observer son travail singulier lors de l’exposition rétrospective des 30 ans du Rockstore, les Rockstories, fin 2016. Ces portraits d’artistes capturaient bien l’émotion et l’intensité des concerts. Ici, le photographe officiel du Cinemed s’attache à immortaliser le monde cinématographique, symbolisé par la bobine de film. Les acteurs posent et se mettent en scène, souvent seuls, mais parfois dans la complicité d’un duo.

Les visages qui défilent ne sont pas ceux des comédiens mais des personnes derrière le masque. Ces protagonistes qui participent à la richesse et à l’authenticité du cinéma méditerranéen. Retrouvez le programme du Festival dès ce soir en intégralité sur le site. Il sera présenté demain à 18h30 à la Panacée. Alors, tenez-vous prêts et action !