Régionales 2015 :
Gérard Onesta : »On a donné le signal qui manquait pour que l’espoir revienne »

Gérard Onesta est la tête de liste du « Nouveau Monde » (FG, EELV, PO, NGS), pour les élections régionales en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Nous l’avons rencontré à Toulouse, entre deux rendez-vous, le 10 novembre 2015. Dans l’interview, il présente sa vision de la politique citoyenne et participative, pour ces élections régionales des 6 et 13 décembre prochains.

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Gérard Onesta, trait d’union de la gauche

Écologiste, fédéraliste et régionaliste : la liste Onesta réunit six partis de la gauche non gouvernementale. Un laboratoire pour la présidentielle de 2017 ou une énième tentative sans lendemain pour l’autre gauche de se fédérer ?

Cette semaine, nous vous proposons une série d’articles consacrés aux élections régionales. Retrouvez nos portraits et nos vidéos dans notre dossier.

À 55 ans, Gérard Onesta n’a jamais cessé de croire à l’Europe, à la gauche et à leurs potentiels d’unification. Travailleur assidu et reconnu par ses pairs, cet ancien vice-président du parlement européen pendant dix ans (1999-2009) est un homme de conviction.

Dans ce scrutin régional, il incarne ce trait d’union fédérateur entre la gauche radicale et les écologistes. Ce rôle d’unificateur, Gérard Onesta le revendique : « Nous avons mis les citoyens dans le moteur, à travers un processus long mais extrêmement fécond où leurs nombreuses contributions ont permis de construire un programme et une charte éthique qui rassemble de manière inédite toutes les composantes du Front de gauche, les régionalistes occitan et catalan, la Nouvelle gauche socialiste, les écologistes et pleins de citoyens non-encartés ». Seule la région PACA a réussi ce pari d’unité de la gauche non gouvernementale avec la liste conduite par l’écologiste Sophie Camard.

Sa liste intitulée « Nouveau Monde » ambitionne donc de conquérir la nouvelle région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées mais aussi d’expérimenter « la régénération politique à l’échelle du pays ».

Un programme citoyen et participatif

Son programme a été bâti sous forme de « projet en commun » citoyen et participatif. Il prétend être une réponse politique nouvelle. Féru des espagnols de Podemos, Onesta se démarque de la politique gouvernementale « qui a montré son incapacité à sortir du modèle libéral et productiviste, et dont le bilan est extrêmement décevant ».

Le cousin du sélectionneur français en handball (Claude Onesta) propose une politique régionale axée sur trois thématiques : l’emploi, le territoire et la démocratie citoyenne et éthique. Ce qui se traduit notamment par la volonté affirmée de sécuriser l’emploi régional, mettre en avant la jeunesse, prioriser l’agriculture paysanne écologique, refuser la compétition entre territoires ou favoriser le développement des trains… Au coeur de sa campagne, on retrouve également des priorités telles que la transparence, la démocratisation de l’Assemblée régionale et le renforcement du pouvoir citoyen et bien sûr l’interdiction du cumul des mandats.

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Un rendez-vous montpellierain salvateur

« J’en ai rêvé de ces drapeaux, de les voir ensemble, réunis. Vous l’avez fait ! ». Lors du meeting au Parc des expositions de Montpellier, mi-novembre, Gérard Onesta s’était fait lyrique. Deux à trois milles personnes étaient rassemblées ce jour-là autour des leaders de la gauche non-socialiste comme Cécile Duflot (EELV), Clémentine Autain (Ensemble) ou Pierre Laurent (PCF). Seul grand absent, Jean-Luc Mélenchon (PG), grippé, avait tenu à afficher son soutien sur son site internet. Même s’il ne le clame pas, Onesta rêve de prolonger cette union d’un soir jusqu’à la présidentielle de 2017, ou du moins qu’elle puisse servir de tremplin aux « camarades » de l’autre gauche.

Ce message d’unité et de rassemblement ravit pour l’heure les militants : « Il faut dépasser le tête-à-tête Parti de Gauche-Europe Ecologie Les Verts. Quand on parle des citoyens et aux citoyens, il faut oublier les partis politiques. C’est bien de montrer une unité dans un meeting mais moi, ce qui m’intéresse, ce sont les valeurs », confiait ce soir-là Michèle, militante d’Ensemble. « C’est un exemple pour la France, de part la largeur du rassemblement et de son ouverture aux autres. Nous devons montrer qu’il y a une autre voie possible et crédible pour gouverner le pays, et la région » rajoutait Valentin, étudiant à Montpellier.

Onesta a l’attaque de ses opposants

Architecte de formation, Onesta n’hésite pas à saper les fondations de ses adversaires politiques. Dominique Reynié, candidat contesté des Républicains ? Le leader de « Nouveau Monde » fustige sa politique du « tout route ». Le Front National ? Un « clan familial qui ne prendra pas cette région. » Quant à Carole Delga, tête de liste PS-PRG, elle reçoit la plupart de ses foudres : « Cette gauche à dérive sociale-libérale n’est pas compatible avec notre gauche sociale, écologiste, citoyenne et éthique », a-t-il notamment déclaré à Midi Libre. Un pur propos de campagne puisqu’une alliance avec elle est envisagée dés le soir du premier tour pour ne pas laisser la future région à la droite et à l’extrême droite.

Une union précaire ?

Au-delà de ces élections régionales, l’expérience alternative Onesta sera scrutée au plan national. Surtout si elle récolte dans les urnes un score suffisamment élevé pour menacer la présence au second tour de la présidentielle du candidat PS. Les désaccords constants et assumés de la gauche de la gauche avec la politique gouvernementale pose la question d’une potentielle union des verts et du Front de gauche autour des chefs de file Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon.

Problème, même les militants sont sceptiques : « Je l’espère, mais j’imagine que la bataille des égos et des chapelles reprendra vite le dessus. Déjà, Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon veulent être candidats en 2017. Je trouve ça dommage au vu de ce qui se passe ici. Qu’on ne s’étonne pas que les gens n’y comprennent plus rien : un jour on est uni, l’autre jour on est adversaire » confie Michèle. Même constat chez Valentin : « La rupture avec le PS semble actée mais à court terme un tel rassemblement de la gauche au plan national semble difficile à construire. Mais j’espère que cette liste sera un moteur pour 2017. » La députée écologiste Cécile Duflot botte en touche lorsqu’il s’agit d’invoquer une alliance pour 2017 : « Ce n’est pas le moment d’en parler, il faut rester concentré sur les régionales. »

Ça tombe bien, c’est la priorité de Gérard Onesta ! Il sera toujours temps pour lui de négocier dans l’entre-deux tours les conditions d’une autre union. Avec cette fois, la socialiste Carole Delga.

Midi Pyrénées : trois favoris pour la présidence de région

A près d’une semaine du premier tour des élections régionales rien ne semble pouvoir empêcher la réélection du socialiste Martin Malvy. Ses deux principaux concurrents Gérard Onesta (Europe Ecologie) et Brigitte Barèges (UMP) espèrent toutefois faire mentir les sondages.

Les jeux sont faits en Midi Pyrénées. C’est en tous cas ce que l’on aurait envie d’affirmer en regardant le dernier sondage La Dépêche du Midi, France 3 Midi Pyrénées. A près d’une semaine du premier tour des élections régionales rien ne semble pouvoir arrêter le président socialiste sortant Martin Malvy. En cas de duel avec la député-maire de Montauban (UMP) Brigitte Barèges, il l’emporterait avec 38 points d’avance. Dans l’éventualité d’une triangulaire avec le candidat d’Europe Ecologie Gérard Onesta, le candidat socialiste conserverait 26 points d’avance sur sa rivale. Retour sur les profils des trois principaux protagonistes d’une campagne qui passionne peu les électeurs.

Martin Malvy : « La force tranquille »

Journaliste de formation (il a collaboré avec plusieurs journaux tels sud-ouest et la Dépêche du Midi) Martin Malvy s’oriente rapidement vers la politique. Il est ainsi élu conseiller général dans le Lot en 1970. Cette élection marque le début d’une présence de près de 40 années dans la scène politique locale et nationale. Il devient ainsi ministre du budget pendant un an de 1992 à 1993 et il est depuis 1998 président de la région Midi-Pyrénées.

Jouant sur son ancienneté en politique, Martin Malvy mène une campagne de terrain classique et sereine. Si bien que le vieux slogan du publicitaire Jacques Séguéla destiné à la campagne présidentielle de François Mitterrand en 1988 pourrait s’appliquer à celle de Martin Malvy.

Brigitte Barèges ou la difficile constitution des listes

Brigitte Barèges fait moins l’unanimité dans son camp que son adversaire socialiste. Avocate de formation, elle se lance en politique en 2001 lors des élections municipales de Montauban. Une première tentative réussie qui lui permet de devenir un an plus tard député du Tarn et Garonne.

C’est lors de la mise en place des listes pour les régionales 2010 qu’une polémique est née. Brigitte Barèges entendait présenter sa liste avant la validation du conseil national de l’UMP (qui est notamment chargé du vote des listes). Velléité repoussée fermement par les instances du parti, Xavier Bertrand et Jean Claude Gaudin en tête. Le Figaro.fr cite un dirigeant UMP qui déclare en parlant de Brigitte Barèges : « Barèges a voulu passer en force en présentant sa liste avant le conseil national. Nous l’avons mise en garde. Libre à elle maintenant de se conformer aux souhaits des instances dirigeantes de l’UMP. » Dans une région ancrée à gauche Brigitte Barèges aura bien du mal à s’imposer. Surtout si son camp n’avance pas uni.

Gérard Onesta : Va-t-il transformer l’essai d’Europe Écologie ?

En juin 2009, José Bové tête de liste d’Europe Écologie dans le sud-ouest pour les élections européennes avait frôlé le score du Parti Socialiste (15,82% contre 17,71%). Gérard Onesta peut donc avoir de belles ambitions pour ce scrutin.
Il se lance en politique chez les Verts en 1986 et devient député européen en 1991. C’est le début d’une longue carrière au parlement de Strasbourg dont il a occupé la vice-présidence de 1999 à 2009.

Il est aujourd’hui à la tête d’une liste auquel les derniers sondages promettent entre 16% et 17%, soit un score suffisant pour se maintenir. Quel choix adoptera Europe Écologie ? Gérard Onesta est resté très évasif sur la question. Une seule certitude, Martin Malvy devra se montrer suffisamment persuasif envers ses alliés si il veut éviter une triangulaire.

Pour suivre l’actualité de la campagne et en savoir plus sur les autres candidats, rendez-vous sur France3.fr