Les « booktubeurs », nouveaux prescripteurs littéraires des ados et des plus grands

À l’ère du numérique et des discours pessimistes sur l’avenir du livre, de nouveaux prescripteurs voient le jour, bien décidés à faire mentir les prédictions. Appelés « booktubeurs », des férus de littérature se mettent en scène sur internet pour parler de leurs lectures et conseiller des milliers d’internautes passionnés. Parmi eux, les adolescents ne sont pas en reste. Beaucoup ne l’aurait sûrement pas parié et pourtant : la génération 2.0 lit encore et sait tirer profit de la technologie pour soutenir et perpétuer la culture du livre papier. Haut Courant vous explique le phénomène « booktube ».

Le souffle des Mots, Bulledop, FairyNerverland… sont autant de chaînes internet qui appartiennent à la vague « booktube ». Leurs propriétaires, de jeunes adeptes de romans jeunesse, se filment et partagent leurs dernières lectures sur le web. Devant des bibliothèques pleines à craquer, ces prescripteurs d’un nouveau genre témoignent de leur passion pour la littérature, mais également pour l’objet en tant que tel. De quoi rassurer les fervents défenseurs du livre papier.

Définition de booktubeur

L’emploi du terme « booktube » est la contraction du mot book (« livre » en anglais) et de youtube (site internet participatif d’hébergement de vidéos).

Un booktubeur désigne une personne se mettant en scène, via la plateforme youtube, pour parler de littérature. Importé des pays anglophones et hispanophones, le phénomène booktube est arrivé en France en 2012 et séduit de plus en plus les internautes ; y compris, les adolescents.

Devenir booktubeur 

Sur la toile, n’importe qui peut créer son propre contenu, poster des vidéos et devenir booktubeur. À condition, bien sûr, d’aimer la littérature et de savoir en parler avec suffisamment d’intérêt.

Ensuite, le succès de chacun dépend de plusieurs critères tels que la qualité des vidéos, tant sur le contenu que sur l’aspect technique ; la régularité de production ; la longévité de la chaîne (gagner de la visibilité sur youtube ne se fait pas en quelques semaines) et également, d’un certain facteur chance.

Booktube, la littérature jeunesse et les adolescents

Bien que toute sorte de littérature soit la bienvenue sur youtube, on note une forte représentation de la littérature young-adult, avec en ligne de mire, le genre de l’imaginaire.

Les bibliophiles qui se mettent en scène sur youtube parlent avec enthousiasme des livres qu’ils ont lu. Après un bref résumé de l’intrigue, ils détaillent ce qu’ils ont, ou n’ont pas aimé dans les différents ouvrages. Les booktubeurs conseillent leurs internautes comme ils conseilleraient leurs amis proches. Ils emploient un langage « jeune » et n’hésitent pas à livrer leurs émotions personnelles, sans fard, ni artifice. Si les vidéos sont regardées par un large public, elles sont très appréciées des adolescents, cœur de cible de la littérature jeunesse. Par le biais de youtube, les jeunes lecteurs ont désormais accès à des sources d’informations inédites, ludiques et attractives qui savent piquer leur intérêt.


Présentation des 10 livres coup de cœur de la booktubeuse Audrey, résidant à Montpellier, sur la chaîne Le souffle des Mots.

Ce mode de communication libre et sans filtre plaît aux internautes et participe à créer un nouveau rapport à la lecture. Grâce à youtube, les pré-adultes trouvent des prescripteurs qui leur ressemblent et qui évoquent une littérature en raccord avec leurs désirs et leurs centres d’intérêts. Fini les lectures rébarbatives imposées pour le bac de français et place aux livres « plaisirs » ! Les adolescents redeviennent maîtres de leurs lectures et peuvent échanger au sein de ce qui devient de véritables petites communautés de lecteurs, grâce notamment à l’espace commentaires.

« Toujours un plaisir de te retrouver en vidéo ! Je suis tentée de lire le roman que tu nous présentes. Il faut dire que tu nous vends tellement bien les livres ! » Commentaire d’une internaute, sur la chaîne de Margaud liseuse.

« Merci beaucoup pour cette vidéo coup de cœur Audrey. Même si ça fait encore autant de livres qui s’ajoutent à mes envies de lecture. Il faut que j’arrête de me faire soudoyer ! 😉 » Commentaire d’une internaute sur la chaîne Le souffle des Mots.

Un vocabulaire propre à la communauté booktube a vu le jour. Aussi, si un booktubeur parle d’une « PAL », sachez qu’il s’agit d’une « Pile à lire », un « Book haul » est une présentation de toutes les acquisitions livresques sur une période définie, un « Update » est consacré aux trois dernières lectures, ou encore un « Swap » désigne un échange de colis entre deux booktubeurs, avec ouverture et découverte du contenu devant la caméra.


Un book haul proposé sur la chaîne FairyNeverland.

En plus de proposer des vidéos de présentations et de critiques littéraires, les jeunes booktubeurs regorgent d’imagination pour faire participer leur communauté d’internautes. Ils initient par exemple des défis, tels que des « Read-A-Thon », qui consistent à lire le plus de livres en une période donnée ou bien le « Week-end à mille », qui invite à lire 1000 pages en un week-end.

Toujours dans l’idée de diversifier leur proposition et la rendre plus attractive, les propriétaires de chaîne littéraire n’hésitent pas à se rencontrer afin de tourner des « Booktalk », soit des débats entre deux booktubeurs autour d’un livre en particulier ou encore à lancer des « Tags », des questionnaires en rapport avec la littérature, créés par un booktubeur. À la fin de sa vidéo, ce dernier désigne d’autres booktubeurs pour reprendre ce questionnaire, et ainsi que de suite jusqu’à ce que le Tag devienne viral.

Outre la richesse des vidéos proposées, les booktubeurs tirent en partie leur succès du phénomène de communauté. En effet, le sentiment d’appartenir à un groupe et de posséder des modèles-référents sont des étapes clefs du développement et du bien-être chez les adolescents. À l’image de booktube, d’autres communautés ont vu le jour sur internet, telles que les chaînes de « beauté » qui rassemblent 2 744 986 d’abonnés pour EnjoyPhoenix ou encore 766 979 abonnés pour la chaîne Elsamakeup. Et, comme il est autant important d’appartenir à un groupe que de s’intéresser à une multitude de choses, il n’est pas rare que les youtubeurs débordent de leur sujet de prédilection en proposant des vidéos annexes. C’est par exemple le cas avec EnjoyPhoenix, estampillée youtubeuse beauté, qui a posté une vidéo de ses lectures favorites, qui totalise 290 113 vues à ce jour.


EnjoyPhoenix, youtubeuse beauté, dresse la liste de ses livres favoris.

Une vitrine pour les professionnels

Internet est devenu une excellente vitrine puisque certains booktubeurs totalisent jusqu’à 50 000 abonnés. Cela, des maisons d’édition l’ont bien compris et ont choisi de monter des partenariats avec les prescripteurs les plus influents.

Tous les mois, les vidéastes sélectionnés reçoivent gratuitement une pile de livres (qu’ils ont pour la plupart choisis parmi les nouveautés des éditeurs) et pour lesquels ils sont invités à faire une critique sur leur chaîne, le plus souvent dans un délai d’un mois après réception. Pour autant, les booktubeurs affirment vouloir garder leur indépendance et rester maîtres de leurs opinions malgré les partenariats.


Sur sa chaîne, Audrey explique ce que sont les maisons partenaires.

« Les lycéens ont un niveau très bas en culture politique »

Dominique Pons, professeur de science politique au lycée Georges Clémenceau de Montpellier, a abordé les primaires avec ses 52 élèves de terminale ES. Pour Haut-Courant, elle livre son analyse sur l’ouverture du vote à 16 ans par le PS et EELV, et le rôle du lycée en matière d’éducation politique.

Comment avez-vous envisagé de travailler sur les primaires avec vos élèves ?

Je souhaite aborder les primaires avec mes élèves à partir de mi-novembre. Nous allons nous pencher sur le fonctionnement de ces primaires : détailler les candidats, les différents partis ainsi que les modes de scrutin. Je souhaite également envoyer mes élèves en reportage dans les bureaux de vote à l’occasion du premier tour des républicains.

Par ailleurs, j’envisage de proposer à mes élèves de suivre l’actualité des primaires sur les réseaux sociaux. Les lycéens ne lisent pas la presse, il est donc préférable de trouver des modes d’accès à l’information différents afin de les intéresser et d’encourager une pratique plus autonome et moins rébarbative pour eux.

Pourquoi avoir choisi d’aborder les primaires si tardivement dans l’année? Une sensibilisation plus en amont aurait permis d’informer les élèves sur leur droit de vote et de les accompagner dans la compréhension des programmes politiques. Je pense notamment aux primaires EELV qui ont clôturé l’inscription sur leur liste électorale le 1er octobre.

Je reconnais que j’ai un peu loupé le coche des primaires EELV cette année. Toutefois mon intention n’est pas tant d’inciter les jeunes à aller voter mais plutôt de leur apporter quelques bases en matière de politique. Si je n’ai pas d’avis tranché sur la question du vote à 16 ans, je sais en revanche que les lycéens ont un niveau très bas en termes de culture politique. Ces problématiques ne sont pas abordées au collège et il me paraît difficile pour des jeunes de seconde d’aller voter sans aucun pré-requis en la matière. Pour beaucoup les notions mêmes de gauche et de droite ne sont pas évidentes.

La culture politique n’est pas innée, c’est quelque chose qui s’apprend et se travaille dans le temps. Je considère les primaires comme une bonne amorce pour se familiariser avec la politique, sans intention de vote spécifique derrière. Il s’agit avant tout d’un exercice que les élèves pourront remettre en pratique à 18 ans.

D’après vos observations et vos ressentis en tant qu’enseignante, diriez-vous que les lycéens sont curieux et désireux d’en apprendre davantage sur les questions politiques ?

Cela dépend des élèves. Sur les 52 étudiants que je prends en charge, l’intérêt est très inégal. Concrètement, je dirai que seul un tiers d’entre eux s’intéresse réellement à la politique.

Pensez-vous qu’il est du devoir du lycée de sensibiliser davantage les jeunes à la politique ?

Au lycée Georges Clémenceau, seules trois classes de terminale sur 13 suivent l’option science politique. Les autres élèves suivent des cours d’EMC (Éducation civique et morale) et les sujets traités sont au choix du professeur. Rien n’est réglementé dans le programme scolaire officiel en matière de sensibilisation politique. De plus, tous les lycées ne proposent pas une option science politique à leurs élèves.

En outre, il me paraît important d’avoir quelques notions d’économie afin d’aborder les questions politiques, ce que n’ont pas les lycéens en parcours littéraire ou scientifique. Pour enseigner la politique à l’ensemble des élèves il faudrait repenser beaucoup de choses. Cela serait assez compliqué à mettre en œuvre.

Montpellier : une ville pour les jeunes…précaires

Selon les chiffres Insee, au troisième semestre 2011 le taux de chômage en France a atteint les 9,7% de la population active. Une augmentation sensible est relevée pour la tranche d’âge 25-49 ans, ainsi que pour les femmes entre 15 et 24 ans, les plus de cinquante ans ne sont pas non plus épargnés. Dans l’Hérault la situation est bien pire : plus du 13% des personnes actives sont à la recherche d’un travail. Alors que les CDI semblent aujourd’hui hors de portée, les Jobs étudiants, l’intérim, et les CDD apparaissent désormais comme un luxe pour les jeunes.

Amina a 28 ans et un diplôme en psychologie. Depuis quelque mois elle va régulièrement à la Maison des chômeurs et des citoyens solidaires pour recevoir un soutien dans sa recherche d’emploi. Elle a une expérience de quatre ans avec les personnes âgées et les handicapés, mais actuellement elle n’arrive plus à trouver un poste. La concurrence est trop forte : « j’ai envoyé plus de 40 CV et lettres de motivations, mais personne m’a rappelé . Il y a beaucoup de gens qui postulent pour les mêmes offres et moi je n’ai pas encore validé mes années de travail. Je suis en train de faire les démarches pour obtenir un VAE(Validation des Acquis de l’Expérience –ndlr), mais pour l’instant c’est la galère. Heureusement que j’ai une amie qui peut m’héberger.» Les salariés du secteur des services à la personne représentent près de 6% des salariés de l’Hérault, mais seulement un quart d’entre eux a moins de 35 ans. Ce chiffre semble encore plus préoccupant si l’on confronte la moyenne du temps de travail hebdomadaire (11,6 h) avec la proportion des personnes rétribuées en dessous de 1,2 Smic horaires brut (61%). Certes, dans le secteur les jeunes ne se réjouissent pas.

Diplômés et étudiants oui, mais pas privilégiés

Laurence, 29 ans, débarque à Montpellier en septembre après avoir quitté Paris. Elle possède plusieurs expériences de travail, un Master 1 et une formation comme institutrice. Pourtant, elle est toujours dans une situation précaire: « Je ne demande pas grande chose, je voudrais juste gagner ma vie. J’ai travaillé à l’usine, dans un chantier, dans un supermarché, mais rien qui ait abouti à un contrat, explique-elle. Je viens de trouver un logement, après plusieurs mois passés chez une pote, mais je ne sais pas si j’arriverai à payer le loyer le mois prochain

Des difficultés partagées par les étudiants. Plusieurs d’entre eux n’arrivent plus à financer leurs études et à assurer leur indépendance. Les petits jobs sont rares, mal payés, et souvent même pas déclarés. Beaucoup de jeunes sont dans l’obligation de renoncer à leurs droits pour aspirer à un poste : ils savent qu’ils peuvent être virés à tout moment. Comme Juan, étudiant et employé «au black» dans un bar montpelliérain, qui a été licencié il y a deux semaines «Un jour je suis arrivé au travail et le patron m’a dit que j’étais viré parce qu’il n’avait pas de quoi me payer. Il s’est même énervé contre moi. Je me suis senti exploité !».

Dans l’hôtellerie-restauration la précarisation est à son point le plus haut. Parmi les 17 000 saisonniers travaillant en région pendant l’été, un sur cinq entre septembre et novembre est allé s’inscrire à Pôle Emploi, un sur trois parmi les 25-40 ans. La crise et les mauvais investissements ont laissé beaucoup de caisses vides, et l’argent qui reste ne circule pas forcement par des voies légales. Le job étudiant devient alors un privilège, le contrat un luxe.

Le paradoxe du dynamisme

Il y a trois ans, une étude de l’Insee montrait que le Languedoc Roussillon au cours de la période 1993-2006 était la première région en France pour la création d’entreprises. En revanche, la même étude expliquait que 8 entreprises crées sur 10 ne comptaient aucun salarié, et notamment à Montpellier. Un chiffre qui explose en 2010 en atteignant la barre des 96%. Il s’agit pour la plupart de sociétés spécialisées dans les services, moteur de la région et première source d’emploi dans l’Hérault. Les seules qui n’ont pas été touchées par la crise.

Voici la contradiction : les nouveaux acteurs d’un secteur en plein développement sont ceux qui génèrent le moins d’emploi.

Le discours ne vaut pas pour les activités financières et d’assurance, qui augmentent leurs effectifs (+1500) en bénéficiant du soutien public apporté aux banques. En revanche, dans les autres secteurs ce sont les travaux intérimaires et les contrats à durée déterminée qui augmentent de manière significative. Autant que le chômage.

Le chômage n’est pas que dans les chiffres

« Il y a plus de jeunes qui viennent. Souvent ils sont diplômés et ils cherchent n’importe quel travail» affirme Marc Vinet, bénévole pour le Comité pour une répartition équitable de l’emploi et des revenus (Crée), qui a son siège à la Maison des chômeurs et des précaires. «Le taux de chômage est bien plus haut que 13%, il y a beaucoup de cas qui ne figurent dans les chiffres. En ville on est au moins à 20%, et dans le quartier de la Paillade à 40-45%.»

Mais même toucher une allocation chômage peut devenir une odyssée. « Les procédures sont toujours plus complexes, les gens sont désorientés. En outre, à Pole Emploi il y a une volonté bien précise de faire baisser les chiffres à travers un durcissement dans la sélection des dossier», continue monsieur Vinet.

La précarité devient le reflet des inégalités sociales. A Montpellier comme ailleurs, ce sont ceux qui ont les moyens qui s’en sortent le mieux. Pour le reste, la «sur-cotation » de la ville ressemble plutôt à un chapeau trop grand qui oblige les jeunes à faire le dos rond. Ce qu’aujourd’hui on appelle la révérence du travail gratuit ou mal payé.

Romain Ferrara: « Pour moi, Raymond Couderc est le meilleur candidat »

Rencontre avec Romain Ferrara, étudiant en Master 1 droit des affaires à Montpellier, et responsable des jeunes[[entre 16 et 30 ans]] UMP du département héraultais.

« J’ai incité mes parents à prendre leur carte UMP »

Haut courant : D’où vient votre engagement au mouvement des jeunes populaires ?

R.F. : Je me suis engagé à l’UMP en 2005, après les manifestations anti CPE. J’étais en Terminale et mon lycée (Paul Valéry à Sète) était bloqué. J’avais pris la parole dans des Assemblées Générales et exprimé mes opinions. J’ai senti qu’il se passait quelque chose. En mobilisant un peu de monde, on avait réussi à débloquer le lycée. Puis, j’ai rencontré des sympathisants et des militants de l’UMP.

Haut courant : Dans votre famille, est-ce qu’il y avait un engagement politique?

R.F. : Non pas du tout. Mes parents sont plutôt à droite mais j’étais encarté avant eux et je les ai incités à adhérer au parti. Ce ne sont pas eux qui m’ont inculqué une quelconque doctrine.

HC : Faites-vous partie d’autres organisations?

R.F. : J’ai été membre du mouvement étudiant UNI, la droite universitaire. Il a été récemment remplacé par le Mét (Mouvement des étudiants). Je suis le président fondateur du Saint Vincent Club, un club épicurien. Nos membres ont entre 18 et 25 ans. Des jeunes qui s’intéressent au vin et aux produits du terroir. Nous faisons des rencontres dans des domaines viticoles de la région, des dégustations.

« Georges Frêche a fait de bonnes choses mais il est fini »

HC : Comment militez-vous pour les régionales 2010?

R.F. : On accompagne Raymond Couderc (maire de Béziers et candidat UMP aux élections régionales) dans les forums thématiques qu’il mène dans toute la région. On distribue des tracts sur les marchés, on discute avec les proches et les amis. La politique est une interaction, pour échanger des idées et convaincre les gens. On porte aussi le projet de Raymond Couderc via Internet. Tous les moyens sont utilisés. Contrairement à Georges Frêche qui fait un meeting par département et reste centré sur Montpellier, notre candidat va vraiment dans chaque département, notamment ceux qui sont mis à l’écart et oubliés par le Président du Conseil Régional. Chaque section jeune, par département, a travaillé sur un thème différent. Pour l’Hérault, c’était l’éducation et le logement. On s’est donc réunis pour remettre à Raymond Couderc notre livre blanc lors d’une Convention régionale. Il s’en est servi pour élaborer son programme. La politique chez les Jeunes UMP, ce n’est pas uniquement faire la clape dans des meetings.

HC : Quelles en sont les grandes lignes?

R.F. : Une des lignes principales de la campagne est la tournée des oubliés. Georges Frêche, ancien maire et député de Montpellier, a beaucoup fait pour la capitale de la région Languedoc-Roussillon et ses alentours, mais il a complètement délaissé les Pyrénées-Orientales et la Lozère par exemple. Dans notre région, tout le monde contribue à l’énorme effort fiscal. Mais pour la redistribution, tout est centré sur Montpellier. La ville est pour lui une vitrine sur laquelle il s’appuie. C’est pour cela que les montpelliérains le porte dans leur coeur. Il a encore une notoriété extraordinaire. Mais, allez en parler à des catalans ou des lozériens…

HC : Mais le programme en lui-même?

R.F. : C’est donc rééquilibrer le budget du conseil régional. La communication a un budget qui a explosé. Elle est passée de 12 millions d’euros à 95 millions d’euros en cinq ans. Quant au budget du tourisme, il est ridiculement bas. Pour ce qui est des Maisons du Languedoc notamment à Shanghai et à New-York, elles coûtent 25 OOO euros par jour mais ne rapportent rien ! Il faudrait soit les supprimer soit les repenser, comme un lieu interactif et non comme une grande affiche publicitaire. Un lieu où les producteurs puissent vendre leurs produits. Des acheteurs locaux pourraient passer des commandes pour des vins languedociens.

HC : Et le Label Sud De France, qu’en pensez-vous?

R.F. : C’est bien d’avoir une marque régionale pour développer ses produits mais ça a été très mal utilisé. Aujourd’hui, on a du jambon Serrano sous la marque Sud de France alors que ce n’est pas produit en Languedoc, cela n’a pas de sens. Si une intoxication alimentaire survient, toute la marque en pâtira, alors que nos producteurs n’y sont pour rien. Elle perd de son authenticité en se banalisant ainsi. Je suis en désaccord avec l’Express notamment, qui a décrit cette marque comme un des points forts du bilan de Georges Frêche.

HC : Pensez-vous que Raymond Couderc soit le meilleur candidat pour les régionales?

R.F. : Pour moi c’est le meilleur, et il a une expérience concluante à Béziers. Comme Frêche à Montpellier certes, mais le Président de région a un mauvais bilan. Je respecte l’homme. Je ne suis pas le Jeune UMP qui va casser du sucre sur son dos. Ce qui est choquant, c’est ce qu’il est en train de devenir et les bourdes qu’il fait à répétition. Il a peut être fait de bonnes choses mais il est fini. Il doit passer la main.

HC : Finalement, la campagne des régionales tourne autour de Frêche ?

R.F. : Non du tout. Je n’aime pas ces campagnes qui se fixent sur un adversaire. C’est stérile. Raymond Couderc a un programme construit. Il pointe les points noirs du bilan de Georges Frêche mais c’est de bonne guerre et il faut informer l’électorat. Je pense que Frêche se saborde tout seul. Même son parti le critique, on ne va donc pas en rajouter.

HC : Raymond Couderc avait soutenu en 1998 la liste de Jacques Blanc qui s’était associé au FN, cela ne vous dérange pas?

R.F. : Non. Je n’étais pas là, et je ne sais pas comment ça s’est passé. Ils se sont certes réunis pour une élection, mais ce n’est pas parce qu’il y a un ou deux conseillers régionaux du FN, que le programme du parti sera appliqué au sein de notre région ! Je comprends toutefois que cela ait pu faire polémique. Je vois mal Raymond Couderc s’allier avec la fille d’Alain Jamet (ndlr. Président du Front National de la Région Languedoc-Roussillon).

HC : Que pensez-vous de la position de Christian Jeanjean (Maire UMP de Palavas), candidat divers droite qui se présente face à Couderc?

R.F. : C’est vraiment dommage qu’il y ait cette scission mais elle ne représente vraiment pas grand-chose. Elle est de l’ordre de 3 ou 4%, il ne passera pas le premier tour. Ce n’est pas un adversaire dont on doit se méfier.

HC : Dans la mesure où la majorité des régions est à gauche, est-ce que vous élaborez une stratégie entre jeunes de différentes régions?

R.F. : Tous les mois environ, on se retrouve à Paris avec chaque responsable départemental. On rencontre des ministres et des cadres du parti. On échange sur la façon de mener campagne et l’on se donne des conseils mutuels.

HC : En tant que jeune, êtes-vous bien placé dans le parti? Et y-a-il une oligarchie?

R.F. : Ils nous laissent notre chance. Pour les régionales, on a pas mal de jeunes qui sont sur les listes. Bien plus que chez les socialistes. J’ai deux amis qui sont 17 et 20ème sur la liste dans l’Hérault, et ils ont 23 et 24 ans.

« J’ai des jeunes qui trouvent que l’on n’est pas assez à droite »

HC : Que pensez-vous de la politique nationale de l’UMP?

R.F. :Je suis resté fidèle à notre Président. Contrairement à certains déçus, je me reconnais tout à fait dans le Nicolas Sarkozy qui a été élu en 2007. Il y a bien sûr des choses qui peuvent choquer sur la forme, des façons de faire, des affaires et des scandales, mais c’est sa politique qu’il faut regarder. Dans le fond, les réformes sont fidèles au programme présidentiel.

HC : Vous appuyez-vous sur son bilan pour faire campagne?

R.F. : Pour les régionales, non. C’est une collectivité locale et les grandes orientations du national ne pèsent pas vraiment sur la façon dont on gère une collectivité.

HC : Qu’est-ce que vous pensez de la « Fnisation » de l’UMP?

R.F. : Je n’en pense pas grand-chose parce que je ne la vois pas. Vous parlez du national ? Moi, j’entends plutôt l’inverse. J’ai des jeunes qui trouvent que l’on n’est pas assez à droite parce que l’on se tourne aussi vers la Gauche Moderne. Pour les questions d’immigration, ils estiment le ministère de l’Immigration pas assez radical.

HC : Quel regard portez-vous sur l’alliance de l’UMP avec le Mouvement Pour la France de Philippe de Villiers?

R.F. : Le MPF, j’en suis un peu loin. Ils ont rejoint la majorité pour cette élection mais ce n’est pas l’UMP pour autant. Il faut se battre ensemble quand on voit qu’il n’y a que deux régions qui sont à droite.

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