Dominique Reynié: le trublion des Républicains



Passé de la théorie à la pratique, le politologue Dominique Reynié (Les Républicains) traverse la campagne des régionales comme un ovni politique. Contesté en interne et admonesté par Nicolas Sarkozy, il s’est révélé pugnace et déterminé à briser certains codes.

Cette semaine, nous vous proposons une série d’articles consacrés aux élections régionales. Retrouvez nos portraits et nos vidéos dans notre dossier.

Dominique Reynié revendique l’urgence de renouveler la pratique politique. Prof à Science Po Paris et directeur d’une fondation, il est habitué aux plateaux de télévision (C dans l’air sur France 5) et de radio (une chronique sur France Culture jusqu’en 2012). Mais l’heure était pour lui venue de passer du commentaire à l’engagement. « Je sentais que la tentation était là, chez un politologue il y a toujours l’envie de passer de l’autre coté du miroir », confie son collègue Pascal Perrineau, professeur et chercheur à Science Po Paris, un ami de trente ans.
Désigné après une interminable primaire régionale de quatre jours, il est définitivement adoubé tête de liste LR-UDI en mai 2015 avec une courte avance (deux voix face à Bernard Carayon, maire de Lavaur). Au cœur de son programme, la revalorisation de la région comme « pouvoir public » face à « l’affaissement de l’Etat ».

Inconnu au bataillon

Le professeur Reynié est un curieux produit, un homme politique qui ne veut pas en être un. « Il n’est pas un professionnel de la politique, il est dans l’efficacité et apporte une vision fraîche », se félicite Elisabeth Pouchelon, tête de liste Les Républicains en Haute-Garonne. Tous ses colistiers, mais également ses adversaires, s’accordent à dire qu’il n’utilise pas les codes politiques du milieu. Qu’il se pose souvent en candidat décalé, bref qu’il n’est pas du giron.

Ses partisans assurent le croire « sincère et novateur ». Un créneau qui peut séduire le citoyen désenchanté par la politique politicienne. « Ils m’ont désigné, accepté, ils ont pris le risque de prendre quelqu’un d’atypique, si c’est pour en faire un politique comme les autres ce n’est la peine », explique le candidat content de son positionnement.

« Illégitime, inexpérimenté, amateur, décalé », autant d’adjectifs utilisés par ses détracteurs, surtout dans son propre camp. Des élus ont criés au parachutage ? Dominique Reynié, 55 ans, les a pris au mot et s’est offert un saut en parachute à la communication bien orchestrée.

« Il est têtu ! »

Le prof aime faire la leçon mais n’aime pas s’en laisser donner. Et surtout pas par Nicolas Sarkozy qui a plusieurs reprises a haussé le ton et menacé de le démettre pour le faire entrer dans le rang. Une vive tension était né autour de la composition de ses listes régionales quand Paris avait voulu lui imposer des noms. Mais le rappel à l’ordre de l’ancien président de la République n’y avait rien changé. « C’est un têtu, un sacré gaillard, il ne plie pas facilement le genou », confirme son ami Pascal Perrineau.

Le 5 novembre, Reynié ne se dégonfle pas et présente au conseil national Les Républicains la liste définitive qu’il a choisie et déposée en préfecture de Toulouse. Résultat : des caciques et des apparatchiks locaux ont été rayés ou rétrogradés.
Désabusé, piégé, énervé par ce comportement insolent, Sarkozy encaisse. Cet affront que certains attribuent à son inexpérience est aussi l’expression d’une réelle agilité politique. Le sage professeur se paie d’ailleurs ce jour-là le luxe d’une ovation par un parterre ultra-sarkosyste.

Mais de retour à sa campagne locale, une autre embûche l’attend. Il est accusé par le sénateur Les Républicains Jean-Pierre Grand de ne pas être domicilié dans la région qu’il brigue. Lui, assure être inscrit sur les listes électorales et résider dans l’Aveyron depuis mars 2015. Au final, il exhibera un contrat de location. Mais celui-ci révèle que l’appartement qu’il dit occuper depuis toujours n’est qu’une chambre individuelle dans la maison de sa mère à Onet-le-Château. De petits arrangements avec la vérité qui montrent que l’ovni Reynié fait aussi sa politique comme les autres.

Martine Aubry : « quand on est socialiste, on est féministe »

Lundi 8 Mars, la première secrétaire du parti Socialiste, Martine Aubry, et quelques compagnons socialistes débâtaient sur la Journée de la femme, salle Pétrarque à Montpellier.

Tandis que la ville se couvrait de son manteau blanc, les socialistes se sont réunis pour mettre à nue les discriminations rencontrées par les femmes. Des personnalités politiques tant nationales que locales étaient présentes dont, Elizabeth Guigou, députée de la Seine-Saint-Denis, Martine Aubry ou encore André Vézinhet, Président du département de l’Hérault.

Face à un auditoire d’une centaine de personnes Hélène Mandroux, maire de Montpellier, lance le débat. Sur fond d’élections régionales, elle rappelle l’importance de son programme et son engagement pour les femmes dans les familles mono-parentales. Sous le regard maternel de Martine Aubry, elle propose une prise en charge de la contraception chez les adolescentes avec une prise de sang gratuite en amont.

La prévention est au cœur du débat. Josette Sainte-Marie, présidente du planning familial de l’Hérault et colistière d’Hélène Mandroux, souligne l’investissement insuffisant des politiques pour la prévention dans les collèges : « La loi 2001 sur l’IVG et l’information sur la sexualité est de moins en moins appliquée ». D’après elle, il s’agit d’une des conséquences de « la restriction du personnel de la fonction publique notamment les infirmiers et médecins» effectuées par le gouvernement actuel.

Sous le slogan « Retrouvons nos valeurs », Hélène Mandroux revient sur le danger de la réforme des collectivités territoriales concernant la parité. Le mode d’élection uninominal mettrait à mal l’égalité entre les sexes dans les postes décisionnels. Toujours sur le thème du travail, Patricia Martin, responsable de la mission des jeunes à Thau, souligne les problèmes de parité dans l’accès à l’emploi pour les femmes et la promotion du C.V. anonyme.

Malgré l’aspect pragmatique et solennel de cette réunion, l’écrivaine d’origine algérienne Malika Mokeddem se démarque par sa sensibilité. Colistière d’Hélène Mandroux, mais encartée dans aucun parti politique, l’écrivaine tient à revenir sur l’Histoire de deux pays : la France et l’Algérie. En revenant sur la guerre d’Algérie, elle souligne les problèmes liés à une forme d’archaïsme qui était conservé dans son pays d’origine : « j’ai été discriminée dans ma propre famille. Les filles n’avaient pas les mêmes droits que les hommes ».

Le ministère de l’immigration est aussi dans sa ligne de mire : « le gouvernement français expulse des femmes et des enfants qui subissent des violences dans leur pays d’origine, alors qu’il devrait les aider ». Elle n’hésite pas au passage, à demander à la première secrétaire du parti socialiste de supprimer ce ministère « honteux », une fois que la gauche sera au pouvoir.

Martine Aubry conclue le débat sur l’espoir qu’a le PS de gagner les élections régionales. Elle propose ainsi une mission régionale de lutte contre les discriminations qui reprendrait des compétences de la HALDE, notamment sur les inégalités salariales entre les hommes et les femmes.

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Georges Fandos : « Il faut éviter la concentration sur Montpellier »

Délégué régional du parti « écolo-centriste » Cap 21 en Languedoc-Roussillon, Georges Fandos a rejoint la liste d’Europe Écologie menée par Jean-Louis Roumégas pour les élections régionales. Revenant sur son parcours et les raisons de cette alliance, il se livre à Haut Courant.

Europe Écologie plutôt que le MoDem

Quel a été votre parcours ?

Je suis engagé dans la cause écologiste depuis des années. J’ai participé au comité de soutien du premier candidat écologiste aux présidentielles de 1974 : René Dumont, un ingénieur agronome comme moi. Après, j’ai participé à la création des Verts en Languedoc-Roussillon. Ensuite, j’ai participé au développement de Cap 21. J’ai soutenu Corinne Lepage en 2002 lorsqu’elle s’était présentée aux présidentielles et j’ai été candidat Cap 21 aux législatives. En 2004, j’ai composé une liste Cap 21 aux élections régionales où j’ai presque fait 5% des voix.

Pourquoi être passé des Verts à Cap 21 ?

A l’époque, les Verts s’étaient alliés à Georges Frêche. Or, je n’étais pas d’accord avec la politique d’urbanisme de ce dernier, entre autres. Maintenant, ils s’éloignent de Georges Frêche alors je m’en rapproche. Frêche est un bon baromètre de mes relations avec les Verts, ou avec le MoDem (sourire).

C’est pour cette raison que vous êtes revenu vers Europe Écologie dernièrement ?

Oui. A un certain moment Cap 21 s’est rapproché du MoDem lors d’un accord avec François Bayrou. Au niveau régional, cela ne se passe pas très bien, surtout depuis que Dufour a passé un accord avec Georges Frêche aux municipales. Alors, on a prit nos distances avec et on s’est rapproché d’Europe Écologie. Cela me paraissait plus cohérent. On a essayé  » d’écologiser  » le MoDem et cela n’a pas marché. Ils n’ont pas été sensibles à tout ce que l’on pouvait développer. En plus, M. Bayrou a un exercice du pouvoir qui est quand même très personnel. Cela ne nous a pas plu. Corinne Lepage s’est aussi mise en retrait.

Que pensez-vous du fait que François Bayrou ait voulu mettre un candidat comme Drevet en tête de liste MoDem ?

Il n’avait plus d’écologistes dans ses rangs : nous étions partis à Europe Écologie. Il avait besoin d’un label « écologie » et il a trouvé quelqu’un en la personne de Drevet. Mais, cela n’a pas marché : Drevet fait sa propre liste. Les militants du MoDem avaient élu Marc Dufour, et Bayrou a voulu imposer Drevet de manière autoritaire. Or, Drevet n’a rien voulu céder. Du coup, il n’a eu aucun accord avec lui.

Lorsque j’ai rencontré Drevet, il y a trois mois, je lui ai proposé de faire une liste commune entre tous les écologistes. Je n’ai jamais eu de réponse. Il a décidé de faire cavalier seul. C’est dommage. Sa stratégie est de se vendre au plus offrant. Ce n’est pas la bonne. Au second tour, Frêche lui fera toutes les promesses qu’il voudra. Mais, une fois élu, il fera ce qu’il voudra. En d’autres termes, il va se faire bananer. Ce n’est pas une stratégie pertinente au niveau de l’écologie politique.

Quel regard portez-vous sur la proposition faite par Daniel Cohn-Bendit d’une présidence tournante entre les socialistes et Europe Écologie ?

Cohn-Bendit dit toujours des choses surprenantes. Je pense qu’avec les socialistes, il peut y avoir un accord de second tour, mais pas au premier tour. Je vois mal Hélène Mandroux devenir du jour au lendemain écologiste. Cela ne serait pas très crédible. Je ne suis pas favorable à la proposition de ce cher Daniel.

Que pensez-vous de toute la polémique autour de Georges Frêche ?

Cela fait longtemps qu’il fait des déclarations fracassantes. Tout le monde semble découvrir le personnage, je trouve cela un peu cocasse. C’est de la péripétie. Il est très malin. S’il a fait ces déclarations c’est pour s’attirer les voix du Front National au second tour. Il mène à la fois une politique communautariste : il donne des subventions à la communauté juive notamment. En même temps, il fait des déclarations comme ça, déconcertantes. Il y a du calcul politique : c’est plus du machiavélisme politique que du racisme. Je connais le personnage.

Pourquoi sont-ils si nombreux à suivre Frêche ?

C’est la solution de facilité, pour avoir quelques places d’élus.

Pensez-vous que le fait que Cap21 se détache du MoDem sera une tendance générale dans l’avenir ?

Pour les élections régionales, dans plusieurs régions, Cap21 a passé des accords avec Europe Écologie : Haute Normandie, PACA, Ile-de-France, … Dès le départ, Corinne Lepage souhaitait que pour les régionales le MoDem travaille avec Europe Écologie. En particulier dans notre région car le MoDem a une attitude très ambigüe envers Georges Frêche et nous ne voulions en aucun cas le soutenir au second tour. Mais ce n’est pas le choix qui a été fait par le MoDem et il va finir par soutenir Frêche au second tour. Du coup, nous étions en porte-à-faux vis-à-vis de leur stratégie. Sur le plan régional, nous étions plus proches d’Europe Écologie et nous avons préféré nous allier avec. Avec l’accord des militants. Pour les autres régions, je connais mal la problématique mais c’est lié aux dysfonctionnements anti-démocratiques du MoDem.

Sur quelles bases communes vous entendez-vous avec Europe Écologie ?

Nous avons posé plusieurs conditions préalables avant de lier cette alliance. Notre première condition était de ne pas soutenir Frêche en tant que président de région. Ensuite, nous avons deux axes forts dans cette campagne. Le premier est l’aménagement équilibré et harmonieux du territoire : refuser de tout centraliser sur Montpellier. Le second est la gouvernance démocratique de la région. C’est sur ces bases que nous nous sommes rapprochés d’Europe Écologie. Après, nous avons négocié pour avoir des élus de Cap21.

Cette alliance préfigure-t-elle une future force écologiste unifiée en Languedoc-Roussillon ?

Cela dépend de ce que deviendra Europe-Écologie. En son sein, il y a différentes sensibilités, personnalités. Son avenir n’est pas encore trop fixé. Mais, je pense que l’on a intérêt à continuer à travailler avec Europe Écologie.

N’y-a-t-il pas une contradiction dans le fait qu’un parti comme Cap 21, de centre droit, s’allie avec un mouvement qui rassemble jusqu’à l’extrême gauche ?

Cap21 n’est pas tellement de centre-droit. En fait, Corinne Lepage a été appelée à être ministre de l’environnement par M. Juppé sur la base de critères techniques avant tout, sur ses compétences propres. Elle n’est pas rentrée dans le gouvernement Juppé en tant que soutien de sa politique générale. Par exemple, lorsqu’elle a fait la loi sur l’air, les oppositions venaient du groupe RPR. Elle s’est heurtée aux lobbies pétroliers, automobiles… Elle a donc beaucoup eu d’autonomie par rapport au gouvernement Juppé. Sa sensibilité est plutôt au centre. Nous avons essayé de créer un mouvement à la fois démocrate et écologiste avec le MoDem. Nous n’avons pas réussi à le faire. Aujourd’hui, nous nous retrouvons plus à l’aise au sein d’Europe Écologie où il y a des personnes proches de la mouvance de Nicolas Hulot : Jean-Paul Besset, Yannick Jadot… Tous ne sont pas proches de nous, mais globalement il y en a. Le programme que nous avons élaboré ensemble pour les régionales est assez proche de nos thèses.

Sortir du modèle de développement en tâches d’huile

Que reprochez-vous au bilan de Georges Frêche ?

Il a une vision de l’aménagement du territoire du siècle passé. Sa théorie : le développement en tâches d’huile. C’est-à-dire : je développe Montpellier et, en tâches d’huile, cela se développe dans la région. Ce n’est pas comme cela que ça marche. Il faut avoir une vision moderne : développer les villes moyennes de notre région pour essayer de dynamiser tous les départements, tout en conservant une capitale régionale avec des fonctions culturelles, administratives et politiques. Il faut notamment renforcer le pôle universitaire montpelliérain et le mettre au service de la région, et non au service d’une mégalopole régionale.

Nous sommes proches de la conception d’aménagement du territoire que l’on peut voir en Italie du Nord ou en Allemagne où chaque ville moyenne a ses propres industries… C’est une vision d’un aménagement équilibré. Nous ne voulons pas que se reproduisent les erreurs de la région parisienne : une mégalopole qui génère des contre-productivités en termes d’embouteillages – que l’on vit déjà à Montpellier et qui s’aggraveront si l’expansion de Montpellier continue comme prévu ; car M. Frêche veut construire jusqu’à la mer -, en terme de santé – dans les grandes mégalopoles, il y a notamment des problèmes de qualité de l’air -, en terme de perte de temps dans les transports, en termes de coûts des services – la gestion des déchets, la gestion de l’eau coûte plus cher dans les grandes villes -. Il n’y a pas d’économie d’échelle, il y a des  » déséconomies  » d’échelle. Par exemple, c’est ce qui explique que la RATP soit déficitaire. Alors, c’est l’Etat français qui compense les déficits de la RATP.

Quels sont les différents besoins selon les départements ?

Il faut assurer à l’ensemble du territoire régional des services publics. Qu’ils soient présents et attractifs dans toutes les villes moyennes : Perpignan, Béziers, Bédarieux, Ganges, Sète… Nous voulons une politique d’aménagement du territoire très volontariste pour rendre attractive toutes les villes de la région. Il faut développer les savoirs-faire de la région qui sont aujourd’hui négligés. A Alès, la métallurgie par exemple. Au niveau de l’habitat, il faut développer l’isolation, la sobriété énergétique. C’est-à-dire, plutôt que de produire l’électricité, il faut l’économiser et ne pas la gaspiller. C’est faisable en isolant les maisons par exemple.

Est-il compatible de développer l’économie tout en protégeant l’environnement ?

C’est le défi de demain. Nous sommes pour l’éco-économie. La protection de l’environnement et l’écologie peuvent être un vecteur de création d’emplois important. On le voit avec les énergies renouvelables : le photovoltaïque, l’éolien… Alors pourquoi ne pas développer le photovoltaïque dans notre région ?

Changer pour ne pas sombrer

Pensez-vous qu’il y a encore la place pour un parti écologique alors que les valeurs écologiques sont reprises par tous les partis ?

Nous avons gagné une bataille culturelle : les questions écologiques sont au centre des préoccupations aujourd’hui. Par contre, ces préoccupations ne sont pas encore entrées dans les politiques concrètes. C’est tout le problème. Tout le monde fait du développement durable dans les discours mais pas dans l’action. Par exemple, en matière de transport : ce qui est envisagé par toutes les classes politiques, c’est le doublement de l’A9. Il serait mieux de mettre les camions sur les trains pour que le trafic fret se passe plutôt sur les rails que sur la route. On est encore dans des logiques traditionnelles : pour dégager l’A9, on est obligé de la doubler. On a donc progressé sur le plan des idées, de la prise de conscience mais, concrètement, dans les politiques sectorielles tout reste à faire. Je suis pour des changements structurels lourds. Il faut notamment préparer la transition vers une économie sans pétrole, tournée vers la chimie alternative verte, à partir de la biomasse, à partir d’autre chose en somme. Il faut y réfléchir très vite parce que si l’on fait rien les ressources pétrolières vont s’épuiser et on aura aucune alternative.

De tels changements ne seraient-ils pas très coûteux? Les objectifs d’Europe Écologie sont-ils chiffrés ?

Si l’on ne fait rien, le réchauffement climatique va coûter très cher. C’est ce que nous dit le rapport Stern commandé par le gouvernement anglais [ndlr. ce rapport est un compte rendu publié en 2006 sur l’effet du changement climatique et du réchauffement global sur la planète rédigé par l’économiste Nicholas Stern. Ses principales conclusions sont qu’un pour cent du PIB investi maintenant suffirait à fortement atténuer les effets du changement climatique et qu’autrement ce serait risquer une récession jusqu’à vingt pour cent du PIB mondial].

Synthèse du Rapport Stern

Je prône une transition qui sera moins coûteuse au niveau macro-économique, que si l’on continue les tendances politiques actuelles. Ne rien faire amènera des situations de crises auxquelles il faudra s’adapter, et c’est cela qui coûtera cher. De nombreuses personnes ont travaillé sur cela. L’association Negawatt, par exemple [ndlr. située à Mèze], a bâti un scénario pour un système énergétique viable, basé sur la sobriété des économies d’énergie.

Scenario Negawatt

Tout n’a pas été chiffré. Il est difficile de tout anticiper.

Cela va-t-il forcément de pair avec une augmentation des impôts ?

Par forcément. C’est une question d’allocations des ressources. Aujourd’hui, d’énormes gaspillages sont faits. Quand vous passez une heure dans les embouteillages, cela coûte cher en termes de dépenses énergétiques. Si l’on fait en sorte que les gens travaillent plus près d’où ils vivent, cela générera des économies que l’on pourra allouer à des investissements comme ceux que je viens de développer. C’est une question de transition.

Avez-vous des régions ou pays modèles ?

Des choses intéressantes ont été faites ailleurs. Dans le Sud-est asiatique, aux Philippines, par exemple. Ce sont des pays qui ont relativement réussi à se protéger de la mondialisation financière et qui ont essayé de conserver leurs capitaux pour les réinvestir. Le fait de ne pas ultra-libéraliser s’est traduit une sortie de crise plus aisée. L’exemple de la Corée du Sud est aussi intéressant. Elle a pu développer son industrie en réinvestissant ses capitaux et en ayant une stratégie industrielle claire : plutôt que de vendre ses entreprises à l’étranger, elle a auto-construit ses pôles industriels, et cela a permis de générer un cycle économique vertueux, donc du pouvoir d’achat. Le miracle coréen a été basé là-dessus. A contrario, d’autres pays ont joué la mondialisation à fond comme l’Argentine et ont fait faillite.

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Romain Ferrara: « Pour moi, Raymond Couderc est le meilleur candidat »

Rencontre avec Romain Ferrara, étudiant en Master 1 droit des affaires à Montpellier, et responsable des jeunes[[entre 16 et 30 ans]] UMP du département héraultais.

« J’ai incité mes parents à prendre leur carte UMP »

Haut courant : D’où vient votre engagement au mouvement des jeunes populaires ?

R.F. : Je me suis engagé à l’UMP en 2005, après les manifestations anti CPE. J’étais en Terminale et mon lycée (Paul Valéry à Sète) était bloqué. J’avais pris la parole dans des Assemblées Générales et exprimé mes opinions. J’ai senti qu’il se passait quelque chose. En mobilisant un peu de monde, on avait réussi à débloquer le lycée. Puis, j’ai rencontré des sympathisants et des militants de l’UMP.

Haut courant : Dans votre famille, est-ce qu’il y avait un engagement politique?

R.F. : Non pas du tout. Mes parents sont plutôt à droite mais j’étais encarté avant eux et je les ai incités à adhérer au parti. Ce ne sont pas eux qui m’ont inculqué une quelconque doctrine.

HC : Faites-vous partie d’autres organisations?

R.F. : J’ai été membre du mouvement étudiant UNI, la droite universitaire. Il a été récemment remplacé par le Mét (Mouvement des étudiants). Je suis le président fondateur du Saint Vincent Club, un club épicurien. Nos membres ont entre 18 et 25 ans. Des jeunes qui s’intéressent au vin et aux produits du terroir. Nous faisons des rencontres dans des domaines viticoles de la région, des dégustations.

« Georges Frêche a fait de bonnes choses mais il est fini »

HC : Comment militez-vous pour les régionales 2010?

R.F. : On accompagne Raymond Couderc (maire de Béziers et candidat UMP aux élections régionales) dans les forums thématiques qu’il mène dans toute la région. On distribue des tracts sur les marchés, on discute avec les proches et les amis. La politique est une interaction, pour échanger des idées et convaincre les gens. On porte aussi le projet de Raymond Couderc via Internet. Tous les moyens sont utilisés. Contrairement à Georges Frêche qui fait un meeting par département et reste centré sur Montpellier, notre candidat va vraiment dans chaque département, notamment ceux qui sont mis à l’écart et oubliés par le Président du Conseil Régional. Chaque section jeune, par département, a travaillé sur un thème différent. Pour l’Hérault, c’était l’éducation et le logement. On s’est donc réunis pour remettre à Raymond Couderc notre livre blanc lors d’une Convention régionale. Il s’en est servi pour élaborer son programme. La politique chez les Jeunes UMP, ce n’est pas uniquement faire la clape dans des meetings.

HC : Quelles en sont les grandes lignes?

R.F. : Une des lignes principales de la campagne est la tournée des oubliés. Georges Frêche, ancien maire et député de Montpellier, a beaucoup fait pour la capitale de la région Languedoc-Roussillon et ses alentours, mais il a complètement délaissé les Pyrénées-Orientales et la Lozère par exemple. Dans notre région, tout le monde contribue à l’énorme effort fiscal. Mais pour la redistribution, tout est centré sur Montpellier. La ville est pour lui une vitrine sur laquelle il s’appuie. C’est pour cela que les montpelliérains le porte dans leur coeur. Il a encore une notoriété extraordinaire. Mais, allez en parler à des catalans ou des lozériens…

HC : Mais le programme en lui-même?

R.F. : C’est donc rééquilibrer le budget du conseil régional. La communication a un budget qui a explosé. Elle est passée de 12 millions d’euros à 95 millions d’euros en cinq ans. Quant au budget du tourisme, il est ridiculement bas. Pour ce qui est des Maisons du Languedoc notamment à Shanghai et à New-York, elles coûtent 25 OOO euros par jour mais ne rapportent rien ! Il faudrait soit les supprimer soit les repenser, comme un lieu interactif et non comme une grande affiche publicitaire. Un lieu où les producteurs puissent vendre leurs produits. Des acheteurs locaux pourraient passer des commandes pour des vins languedociens.

HC : Et le Label Sud De France, qu’en pensez-vous?

R.F. : C’est bien d’avoir une marque régionale pour développer ses produits mais ça a été très mal utilisé. Aujourd’hui, on a du jambon Serrano sous la marque Sud de France alors que ce n’est pas produit en Languedoc, cela n’a pas de sens. Si une intoxication alimentaire survient, toute la marque en pâtira, alors que nos producteurs n’y sont pour rien. Elle perd de son authenticité en se banalisant ainsi. Je suis en désaccord avec l’Express notamment, qui a décrit cette marque comme un des points forts du bilan de Georges Frêche.

HC : Pensez-vous que Raymond Couderc soit le meilleur candidat pour les régionales?

R.F. : Pour moi c’est le meilleur, et il a une expérience concluante à Béziers. Comme Frêche à Montpellier certes, mais le Président de région a un mauvais bilan. Je respecte l’homme. Je ne suis pas le Jeune UMP qui va casser du sucre sur son dos. Ce qui est choquant, c’est ce qu’il est en train de devenir et les bourdes qu’il fait à répétition. Il a peut être fait de bonnes choses mais il est fini. Il doit passer la main.

HC : Finalement, la campagne des régionales tourne autour de Frêche ?

R.F. : Non du tout. Je n’aime pas ces campagnes qui se fixent sur un adversaire. C’est stérile. Raymond Couderc a un programme construit. Il pointe les points noirs du bilan de Georges Frêche mais c’est de bonne guerre et il faut informer l’électorat. Je pense que Frêche se saborde tout seul. Même son parti le critique, on ne va donc pas en rajouter.

HC : Raymond Couderc avait soutenu en 1998 la liste de Jacques Blanc qui s’était associé au FN, cela ne vous dérange pas?

R.F. : Non. Je n’étais pas là, et je ne sais pas comment ça s’est passé. Ils se sont certes réunis pour une élection, mais ce n’est pas parce qu’il y a un ou deux conseillers régionaux du FN, que le programme du parti sera appliqué au sein de notre région ! Je comprends toutefois que cela ait pu faire polémique. Je vois mal Raymond Couderc s’allier avec la fille d’Alain Jamet (ndlr. Président du Front National de la Région Languedoc-Roussillon).

HC : Que pensez-vous de la position de Christian Jeanjean (Maire UMP de Palavas), candidat divers droite qui se présente face à Couderc?

R.F. : C’est vraiment dommage qu’il y ait cette scission mais elle ne représente vraiment pas grand-chose. Elle est de l’ordre de 3 ou 4%, il ne passera pas le premier tour. Ce n’est pas un adversaire dont on doit se méfier.

HC : Dans la mesure où la majorité des régions est à gauche, est-ce que vous élaborez une stratégie entre jeunes de différentes régions?

R.F. : Tous les mois environ, on se retrouve à Paris avec chaque responsable départemental. On rencontre des ministres et des cadres du parti. On échange sur la façon de mener campagne et l’on se donne des conseils mutuels.

HC : En tant que jeune, êtes-vous bien placé dans le parti? Et y-a-il une oligarchie?

R.F. : Ils nous laissent notre chance. Pour les régionales, on a pas mal de jeunes qui sont sur les listes. Bien plus que chez les socialistes. J’ai deux amis qui sont 17 et 20ème sur la liste dans l’Hérault, et ils ont 23 et 24 ans.

« J’ai des jeunes qui trouvent que l’on n’est pas assez à droite »

HC : Que pensez-vous de la politique nationale de l’UMP?

R.F. :Je suis resté fidèle à notre Président. Contrairement à certains déçus, je me reconnais tout à fait dans le Nicolas Sarkozy qui a été élu en 2007. Il y a bien sûr des choses qui peuvent choquer sur la forme, des façons de faire, des affaires et des scandales, mais c’est sa politique qu’il faut regarder. Dans le fond, les réformes sont fidèles au programme présidentiel.

HC : Vous appuyez-vous sur son bilan pour faire campagne?

R.F. : Pour les régionales, non. C’est une collectivité locale et les grandes orientations du national ne pèsent pas vraiment sur la façon dont on gère une collectivité.

HC : Qu’est-ce que vous pensez de la « Fnisation » de l’UMP?

R.F. : Je n’en pense pas grand-chose parce que je ne la vois pas. Vous parlez du national ? Moi, j’entends plutôt l’inverse. J’ai des jeunes qui trouvent que l’on n’est pas assez à droite parce que l’on se tourne aussi vers la Gauche Moderne. Pour les questions d’immigration, ils estiment le ministère de l’Immigration pas assez radical.

HC : Quel regard portez-vous sur l’alliance de l’UMP avec le Mouvement Pour la France de Philippe de Villiers?

R.F. : Le MPF, j’en suis un peu loin. Ils ont rejoint la majorité pour cette élection mais ce n’est pas l’UMP pour autant. Il faut se battre ensemble quand on voit qu’il n’y a que deux régions qui sont à droite.

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Régionales en Languedoc-Roussillon: Bienvenue chez les fous!

Si ses frasques médiatiques captent toute l’attention, Georges Frêche est loin d’être le seul à donner à la vie politique languedocienne des accents carnavalesques. À l’ombre du maître, nombreux sont ceux qui animent avec tout autant de brio une vie politique pas très catholique. Plongée dans l’ubuesque microcosme languedocien, le pays où les chasseurs votent socialiste.

«Les gens m’aiment!» se plait à proclamer l’expansif président de la Région Languedoc-Roussillon, Georges Frêche. Et on aurait tendance à le croire tant sa figure s’est imposée dans la région au cours d’une carrière qui s’étale sur plus de trois décennies. Trente-trois ans, exactement, depuis son élection à la mairie de Montpellier en 1977, et le tarnais est une fois encore seul en tête dans la course à une présidence de région qu’il occupe depuis 2004. Pour cette énième joute électorale, M. Frêche prendra la tête d’une liste balayant presque tout l’échiquier politique, de certains des communistes à la section locale de Chasse Pêche Nature et Tradition (CPNT). Une exception nationale, un miracle politique, peu de chose en réalité pour le magicien Frêche. C’est même sa griffe, ratisser large, jouant à merveille de l’influence et du réseau qu’il a pu développer au cours de ses longs séjours aux différents sommets du pouvoir local. L’annonce de la constitution d’une liste PS officielle avec à sa tête Hélène Mandroux n’a pas de quoi l’effrayer, lui qui a bâti ses victoires sur son nom et son bilan bien davantage que sur son étiquette. M. Frêche « aime les cons » (comprendre: les électeurs) et, apparemment, les cons le lui rendent bien…

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Batailles d’arrière-cour

Bien difficile dans ces conditions, de faire entendre sa voix dès lors que l’on n’appartient pas à la famille de « Monsieur Georges ». Pas découragés pour un sou, ses adversaires se rêvent tous en tombeur du chef et les places sont chères pour avoir l’honneur d’être battu par Georges Frêche. En cette veille d’élection, les aspirants de tout poil se livrent à de véritables batailles d’arrière-cour. Chacun espérant de petits profits électoraux et ménageant, surtout, de grandes ambitions personnelles. La chronique montpelliéraine regorge ainsi de petits évènements qui rivalisent de cocasserie depuis quelques jours. Depuis, en fait, la sortie médiatique d’un certain Georges Frêche révélée par l’Express le Jeudi 28 Janvier.

Premier acteur de cet emballement: les Verts. Pardon, Europe Ecologie. Bien que clamant haut et fort sa position anti-Frêche, et préférant se présenter comme un rassemblement plus qu’un parti, le mouvement de Jean-Louis Roumégas et de José Bové n’est pas en reste de tactiques politiciennes. Ayant laissé entendre pendant un temps qu’un rapprochement avec Hélène Mandroux était envisageable, Europe Ecologie a brusquement fait volte-face après l’annonce de la candidature du maire de Montpellier. Au lieu de sauter sur l’occasion de constituer une liste de coalition en mesure de concurrencer efficacement Georges Frêche, les écologistes attendent désormais un sondage commandé par le parti pour se prononcer. Ceux-ci poseraient de toute façon, comme préalable à tout accord avec le PS, l’engagement d’une présidence tournante de la Région en cas de victoire… Du jamais-vu!

Jean-Louis Roumégas se rappelle au bon souvenir d’une Hélène Mandroux qui avait refusé une alliance avec les Verts lors de l’élection municipale de 2008, et pourrait laisser cette fois-ci Mme Mandroux et le Parti Socialiste dans une situation pour le moins inconfortable au vu du poids réduit des autres partenaires potentiels de la Liste PS au premier tour.

Farce politique

Manœuvre politique, rien d’inhabituel, dira-t-on. Admettons. Mais que dire, alors, de l’invraisemblable valse du MoDem. Revendication de militants, la tenue d’une primaire n’avait été accordée qu’à la fédération du Languedoc Roussillon, qui avait dûment investi, début Janvier, un ticket porté par Marc Dufour, président de la Fédération Départementale Modem de l’Hérault. Un bel exemple de démocratie. Et puis, coup de théâtre suite à un sondage paru dans le Midi-Libre du 20 Janvier révélant un net avantage pour le ticket, perdant lors des primaires, du médiatique Patrice Drevet. Le parti décide finalement de confier la liste au vaincu, désavouant la décision des militants qui n’avaient accordé que 36,3% de leur suffrage au tandem Labrousse-Drevet. Dernier rebondissement en date, Marc Dufour qui avait un temps accepté la décision du parti, menace désormais de présenter une liste dissidente si Patrice Drevet décidait de modifier la liste investie par les militants. Drôle d’ambiance décidément au sein du MoDem languedocien.

Au final, la lutte pour les régionales tourne à la foire d’empoigne. Un deuxième parti de France qui n’a pas même la certitude d’amener sa liste officielle au second tour, un « rassemblement » écologiste jouant la carte des intérêts particuliers et un Mouvement Démocrate qui désavoue son dirigeant local, démocratiquement désigné, au profit d’un présentateur météo surgi de (presque) nulle part. Georges Frêche peut fanfaronner, lui qui aura profité plus que quiconque de sa « bourde » à propos de Laurent Fabius. Un comble, mais l’homme n’est plus à une contradiction près, et s’apprête vraisemblablement à rafler une fois encore le premier rôle dans la farce politique qui se joue en Languedoc-Roussillon.

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Georges Frêche a-t-il vraiment dérapé ?

« Il a une tronche, pas catholique! ». Les propos de Georges Frêche se sont répandus comme une traînée de poudre. Les réactions de la classe politique ne se sont pas fait attendre et la plupart crient au scandale antisémite. Pourtant, remis dans leur contexte, ses mots relèvent, semble-t-il, plus du calembour que de l’insulte. Peut-on alors supposer qu’une manœuvre politique vise à faire tomber le déjà très controversé Président de Région ?

La polémique n’a étrangement pas démarré le 22 décembre, date à laquelle Georges Frêche tenait son Conseil d’agglomération. Il avait profité de l’occasion pour répondre à la pique lancée par Laurent Fabius deux jours plus tôt. Tous deux déclarant alors qu’ils n’étaient pas sûrs de voter l’un pour l’autre. C’est dans l’Express de cette semaine que la phrase a resurgi et a été reprise par Martine Aubry.

Rappelons alors que Madame Aubry, actuelle première secrétaire du parti socialiste, n’a eu de cesse de critiquer Georges Frêche ces derniers temps. Finalement elle avait retourné sa veste une première fois le 17 janvier déclarant qu’elle le soutenait. Il semble que ce dernier « dérapage » tel qu’il est présenté soit une aubaine à un mois et demi des élections régionales. Largement entouré par ses conseillers, Georges Frêche n’a pas intérêt à alimenter la polémique. Il sait que le danger vient plus de la gauche que de la droite : « Gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge ».

Martine Aubry a-t-elle ici trouvé l’occasion de reprendre la main en Languedoc-Roussillon ? Toujours est-il que ce n’est pas à elle ni aux journalistes de juger du caractère antisémite des dires de Monsieur Frêche. A fortiori en campagne pour les régionales, et lorsque l’on connaît ses soutiens chez la communauté juive. Rappelons qu’il a été relaxé en appel, puis en cassation le 31 mars 2009 pour ses propos à l’encontre de deux harkis alors que certains l’avaient déjà condamné, avant la justice.

Pourtant les critiques pertinentes de la politique de Frêche sont légions, et ses dérapages verbaux connus. Mais la vraie question est peut-être de se demander si tous les moyens sont bons pour le dégommer ?

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Mis à jour le 3 février à 1h00

Georges Frêche controversé mais soutenu

Georges Frêche bénéficie d’un large soutien. Il s’appuie sur ses puissants réseaux, mais pas uniquement. Les représentants locaux du Mouvement des Jeunes Socialistes et de la gauche du PS soutiennent le monarque local.

« Je n’ai qu’un seul ennemi, la droite: l’UMP et le FN ». Georges Frêche se présente comme l’unique recours face à l’UMP. Son discours lors de l’inauguration de son local de campagne, samedi 23 janvier 2010, affiche les ambitions du candidat président. Au-delà, il espère rallier toute la gauche autour de lui. Yves Pietrasanta, des Verts, et le communiste Jean-Claude Gayssot ont déjà intégré sa liste. Georges Frêche demeure soutenu jusqu’à la gauche du PS. Pourtant, le personnage alimente la controverse. Propos racistes, politique clientéliste, démagogie revendiquée, le président de Région sortant n’est pourtant jamais contesté dans son hégémonie.

Ralliement électoraliste

En 2007, Georges Frêche est exclu du PS pour avoir évoqué le trop grand nombre de noirs en équipe de France selon lui. La gauche du PS, incarnée par Benoît Hamon, revendique l’initiative de cette exclusion. Cependant, en 2010, avant les élections, les avis ont soudainement changé. En dehors de quelques personnalités, la majorité du PS se range en ordre de bataille derrière le féodalisme local. Les diverses personnes interrogées à l’issue du discours ne sont pas perturbées par les frasques du personnage ni par sa politique.

Merry Laballe, qui dirige le Mouvement des Jeunes Socialistes de l’Hérault, défend le bilan de Georges Frêche. Le soutien de Chasse Pêche Nature et Tradition, proche de la droite, ne la dérange pas. Elle insiste sur l’accord général autour du programme: « si CPNT rejoint notre programme, alors ce n’est pas gênant de s’allier avec eux ». Les propos de Georges Frêche, considérés comme racistes, et son autoritarisme sont relativisés: « Je pense que cela fait partie du personnage. Mais, au-delà de son caractère, il faut observer tout ce qu’il a fait pour la région ». La jeune politicienne égrène les quelques mesures qu’elle juge sociales, prises au cours du mandat régional. Interrogée sur l’opposition à l’implantation d’Agrexco, entreprise israélienne jugée criminelle, elle semble douter: « Je ne sais pas, il faut évaluer le bon et le moins bon ». Cependant, le soutien affiché de Georges Frêche au colonialisme israélien n’est pas remis en cause.


Efficacité plutôt que convictions

Michaël Delafosse, jeune élu municipal, se range sans sourciller derrière le candidat contesté: « Martine Aubry soutient également Georges Frêche. C’est le seul recours pour battre la droite. L’objectif c’est de voir la région en rouge le soir des élections ». Mais le rouge ne cesse de pâlir. Pas pour lui. Tout en serrant des mains pour saluer les gens qui l’entourent, il dresse l’éloge du bilan de Georges Frêche: « Il a construit des collèges, y compris pour les catégories populaires ». Il écarte les accusations de clientélisme: « le plus important, c‘est que la gauche l’emporte pour faire contrepoids avec le gouvernement de droite ». Georges Frêche considère également avoir toujours été élu par des cons. Michaël Delafosse ne semble pas heurté par ses propos, il ajoute: « Les électeurs sont parfois cons. Quand je discute avec les gens je vois qu’ils ne savent pas tout ce que l’on a fait pour eux ».

En revanche, le conseiller municipal laisse planer un doute sur la politique régionale à venir: « Georges Frêche a dit qu’il n’allait pas augmenter les impôts. Moi, je suis plutôt pour la redistribution et je ne suis pas contre l’augmentation des impôts ». Cependant, les promesses de dépenses sociales sont nombreuses et se révèlent alors démagogiques. L’élu écarte cette contradiction: « Je suis à la gauche du PS. J’ai des désaccords avec beaucoup de socialistes, et pourtant nous sommes dans le même parti ». Le jeune élu tente d’apparaître « de gauche » tout en soutenant un candidat qui affiche des convictions réactionnaires. Michaël Delafosse, à l’image de son mentor, se paie même le luxe de dénoncer le supposé antisémitisme des opposants à l’oppression du peuple palestinien. Au PS, l’indignation antiraciste demeure un argument électoraliste à géométrie variable.


Un règne sans fin

Des personnalités proche de la gauche du PS et de Benoît Hamon au niveau national participent donc à la campagne de Georges Frêche. Marc Chicaud, sympathisant socialiste, ne masque pas ses doutes: « Il ne fait plus l’unanimité. Beaucoup de personnes sont choqués par ses propos et par sa politique ». Marc Chiraud est davantage attiré par Europe Écologie mais considère qu’ « il y a des liens amicaux qui font que je suis ici ».

Les réseaux de Georges Frêche s’étendent jusqu’à la gauche du PS. Entre communication et clientélisme, il règne comme un seigneur sur ses terres. Les personnalités du socialisme local ne veulent pas se heurter au président tout puissant, car son despotisme peut ralentir leurs ambitions.

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Mis à jour le 24 janvier à 21h30

Les règles du jeu

Les 14 et 21 mars 2010, les Languedociens vont renouveler les 67 sièges qui composent leur Conseil Régional, situé en face d’Antigone, sur l’avenue de la Pompignane. Mode d’emploi de ce scrutin, le plus complexe d’entre tous en France, et de loin.

À chaque élection ses particularités : lors des régionales de mars prochain, les citoyens des 22 régions, ne voteront pas pour un nom : ils voteront pour une liste candidate aux sièges de l’assemblée régionale. Chaque liste doit respecter la parité femmes/hommes, c’est la règle. Mais plus un nom est haut sur la liste, plus son propriétaire a de chance d’obtenir un poste de conseiller régional. Et aucune règle n’oblige les partis à placer des femmes devant les hommes sur les listes. L’assemblée du Conseil Régional n’est donc pas forcément paritaire. Actuellement, 38 hommes et 29 femmes la composent.

Au premier tour, les électeurs voteront pour l’une des huit listes en présence dans la région Languedoc-Roussillon. Chacune des listes représente un parti, un rassemblement de partis, voire un rassemblement de mouvances politiques disparates autour de personnalités. Le soir du 14 mars, il faudra compter les points.

Si une liste dépasse d’emblée 50% des suffrages exprimés, l’élection s’arrête : les vainqueurs raflent une prime majoritaire qui correspond au quart des sièges (17 sièges). Les sièges restants sont ensuite distribués à toutes les listes ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés. Le principe ? Celui de la proportionnelle : une liste qui fait 7% des suffrages exprimés obtient 7% des sièges. A noter que le vainqueur participe à cette distribution. Il est donc doublement payé pour son score. Mais selon toutes vraisemblances, aucune des listes ne parviendra à 50% des voix dès le premier tour. Il y aura donc un deuxième tour qui se tiendra le 21 mars.

essai.pngAu deuxième tour, toutes les listes ayant obtenu au moins 10% une semaine plus tôt peuvent participer au scrutin ou fusionner entre elles. En revanche, les listes qui n’ont pas dépassé 5% au premier tour sont purement et simplement éliminées. Les membres de ces listes ne peuvent pas être élus. Quant aux listes qui ont obtenu entre 5% et 10% au premier tour, elles gagnent le droit de fusionner mais pas de participer au deuxième tour. Autrement dit, les leaders des listes concernées peuvent rejoindre une liste toujours en course, en monnayant le soutien de leurs électeurs contre des postes et un rapprochement des programmes. Tout de suite après les résultats du 14 mars, ce sera donc le temps des négociations, des alliances, des rapprochements et des fusions de listes. En principe, tout sera réglé dans la nuit du 14 au 15 mars.

Au premier tour, compte tenu de la situation actuelle, il pourrait y avoir entre deux et cinq listes dépassant les 10%. En fait, elles seront probablement trois ou quatre. Mais rien ne permet pour l’instant d’aller plus loin dans les prévisions. Selon le dernier sondage TNS/Sofres commandité par le PS et publié par Midi Libre mercredi 20 janvier 2010, trois listes sont actuellement juste en-dessous des 10%, et trois autres sont au moins à 14%. Quant aux deux dernières listes, elles devront se battre dans les semaines qui nous séparent de l’élection pour atteindre au moins le seuil des 5%. Rien n’est encore fait, la campagne commence tout juste.

Sur les listes présentes au deuxième tour, certaines vont donc fusionner entre elles et/ou avec d’autres petites listes. L’objectif : rafler au deuxième tour la première place qui permet d’obtenir la prime au vainqueur (les fameux 17 sièges). Et faire le meilleur score possible pour obtenir un pourcentage confortable de sièges restants. En 2004, la majorité a raflé 43 sièges avec 51,17% des voix.

Le conseil régional du Languedoc-RoussillonSi trois listes restent en lisse jusqu’à la tenue du deuxième tour, on parlera d’une triangulaire. Une quadrangulaire avec quatre listes. Une fois la composition de l’assemblée connue, tout ce nouveau monde pourra alors s’installer au siège de la région, se répartir en quelques groupes politiques, et désigner les membres des commissions et les vices-présidents. En principe, la personnalité conduisant la liste arrivée en tête au deuxième tour sera le prochain Président de la Région.

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Mis à jour le 5 février à 22h00

A Montpellier, Frédéric Lefebvre se livre à une attaque en règle contre Georges Frêche, « l’homme de la double outrance »

Lundi 14 décembre, Raymond Couderc, sénateur-maire de Béziers et tête de liste UMP pour les prochaines élections régionales de mars 2010 en Languedoc-Roussillon, inaugurait sa permanence, non loin de la place de la Comédie. Pour l’occasion, le candidat a reçu le soutien de Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP.

« La place de la Comédie n’a jamais aussi bien porté son nom qu’aujourd’hui, avec un président de région qui ne cesse de faire le comédien tous les jours ! ». Les propos de Frédéric Lefebvre donnent rapidement le ton et la nature de son discours : une attaque en règle du bilan et de la personne de Georges Frêche.

Il faut dire qu’au regard du contexte, il pouvait difficilement en être autrement. La venue du porte-parole intervient en effet quatre jours après le dépôt d’une plainte pour diffamation de Georges Frêche contre Éric Besson, ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale et Frédéric Lefebvre. Une plainte qui vient se rajouter aux offensives de la fin du mois de novembre quand le porte parole du parti présidentiel avait choisit de décerner au président de la région Languedoc-Roussillon deux « satanas d’or », trophées de l’UMP liés à la fiscalité régionale.

« L’homme de la double outrance »

Dans ce climat délétère, le discours de Frédéric Lefebvre a donc été sans vraies surprises. « Georges Frêche est l’homme de la double outrance » a-t-il asséné à plusieurs reprises. Pour le porte-parole de l’UMP, les élections régionales de mars 2010 sont l’occasion de « tourner une page qui s’assombrit de jours en jours ». Mais, visiblement peu à l’aise lorsqu’il s’agit d’évoquer avec précision le bilan chiffré de la politique fiscale de la région, Frédéric Lefebvre délaisse rapidement les aspects techniques du discours pour ne se concentrer que sur la personne de George Frêche.

Il est sûr que dans cet exercice, le proche de Nicolas Sarkozy excelle. « Les socialistes du Languedoc-Roussillon doivent avoir honte » lâche-t-il devant un parterre de fidèles comblés. Et de s’interroger, « Peut-on continuer avec un homme qui méprise à ce point les gens ? ».

L’occasion pour M. Lefebvre de revenir sur la plainte en diffamation déposée contre lui. « C’est une opération d’intimidation, de diversion, une manœuvre scandaleuse, s’emporte-t-il, il s’agit là de méthodes d’un autre âge ». D’autant plus que le président de région « a la plainte sélective ». Une raillerie qui vise directement le Parti socialiste, et notamment Arnaud Montebourg qui avait jugé « inacceptable » le soutien de son parti à Georges Frêche. « Pourquoi n’a-t-il pas déposé plaine contre lui ? » s’est faussement interrogé Frédéric Lefebvre.

En concluant son discours, le membre de la majorité s’est adressé directement à Raymond Couderc. « Raymond, on a besoin de toi, il est temps qu’il y ait à la tête de la région quelqu’un qui travaille plutôt que quelqu’un qui parle mal » lui a-t-il lancé.

« Une région apaisée »

Dans son discours, précédant celui de Frédéric Lefebvre, le tête de liste UMP s’était voulu moins offensif à l’égard de son adversaire, allant même jusqu’à s’inquiéter de son état de santé. « Je lui souhaite mes vœux de prompt rétablissement, car je veux une victoire avec panache » a jugé le sénateur-maire de Béziers.

Ponctués de « nous voulons » ses propos se sont portés en priorité vers les zones rurales de la région. « Nous voulons une région apaisée, qui ne soit pas montrée du doigt, une région qui se préoccupe de l’ensemble de son territoire, de ses habitants et non pas seulement de sa capitale » a exigé la tête de liste. Parmi ces préoccupations, la sécurité, thème phare de l’UMP, n’a pas été oubliée par Raymond Couderc : « Il faut développer la vidéosurveillance, dans les lycées et dans les transports publics, notamment dans le Ter ».

Un discours lissé, sans véhémence, qui contrastait habilement avec les propos à venir de Frédéric Lefebvre. Le porte parole de l’UMP est décidément bien dans son rôle.

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