Matinale du jeudi 21 février

Tous les jeudis, les membres de l’équipe d’Haut Courant animent la matinale sur Radio Campus Montpellier.

Au programme du 21 février 2013 :

 Les titres de l’actualité internationale et nationale – Lucie Lecherbonnier

 Interview d’Arnaud Béal, doctorant en psychologie sociale à l’université Lyon 2 au sujet des chômeurs qui se sont immolés par le feu devant des agences Pôle Emploi – Jordane Burnot

 Journal d’informations locales – Mathilde Roux

 Chronique : Le programme scolaire – Simon Robert

 Interview de Jean-Louis Blenet, président de la confédération de la Calandrette, un ensemble d’écoles occitanes, au sujet de la sauvegarde de la langue occitane – Coralie Pierre

 Animation : Pauline Chabanis

Matinale du jeudi 21 février 2013 sur Radio Campus Montpellier by Hautcourant on Mixcloud

Montpellier : une ville pour les jeunes…précaires

Selon les chiffres Insee, au troisième semestre 2011 le taux de chômage en France a atteint les 9,7% de la population active. Une augmentation sensible est relevée pour la tranche d’âge 25-49 ans, ainsi que pour les femmes entre 15 et 24 ans, les plus de cinquante ans ne sont pas non plus épargnés. Dans l’Hérault la situation est bien pire : plus du 13% des personnes actives sont à la recherche d’un travail. Alors que les CDI semblent aujourd’hui hors de portée, les Jobs étudiants, l’intérim, et les CDD apparaissent désormais comme un luxe pour les jeunes.

Amina a 28 ans et un diplôme en psychologie. Depuis quelque mois elle va régulièrement à la Maison des chômeurs et des citoyens solidaires pour recevoir un soutien dans sa recherche d’emploi. Elle a une expérience de quatre ans avec les personnes âgées et les handicapés, mais actuellement elle n’arrive plus à trouver un poste. La concurrence est trop forte : « j’ai envoyé plus de 40 CV et lettres de motivations, mais personne m’a rappelé . Il y a beaucoup de gens qui postulent pour les mêmes offres et moi je n’ai pas encore validé mes années de travail. Je suis en train de faire les démarches pour obtenir un VAE(Validation des Acquis de l’Expérience –ndlr), mais pour l’instant c’est la galère. Heureusement que j’ai une amie qui peut m’héberger.» Les salariés du secteur des services à la personne représentent près de 6% des salariés de l’Hérault, mais seulement un quart d’entre eux a moins de 35 ans. Ce chiffre semble encore plus préoccupant si l’on confronte la moyenne du temps de travail hebdomadaire (11,6 h) avec la proportion des personnes rétribuées en dessous de 1,2 Smic horaires brut (61%). Certes, dans le secteur les jeunes ne se réjouissent pas.

Diplômés et étudiants oui, mais pas privilégiés

Laurence, 29 ans, débarque à Montpellier en septembre après avoir quitté Paris. Elle possède plusieurs expériences de travail, un Master 1 et une formation comme institutrice. Pourtant, elle est toujours dans une situation précaire: « Je ne demande pas grande chose, je voudrais juste gagner ma vie. J’ai travaillé à l’usine, dans un chantier, dans un supermarché, mais rien qui ait abouti à un contrat, explique-elle. Je viens de trouver un logement, après plusieurs mois passés chez une pote, mais je ne sais pas si j’arriverai à payer le loyer le mois prochain

Des difficultés partagées par les étudiants. Plusieurs d’entre eux n’arrivent plus à financer leurs études et à assurer leur indépendance. Les petits jobs sont rares, mal payés, et souvent même pas déclarés. Beaucoup de jeunes sont dans l’obligation de renoncer à leurs droits pour aspirer à un poste : ils savent qu’ils peuvent être virés à tout moment. Comme Juan, étudiant et employé «au black» dans un bar montpelliérain, qui a été licencié il y a deux semaines «Un jour je suis arrivé au travail et le patron m’a dit que j’étais viré parce qu’il n’avait pas de quoi me payer. Il s’est même énervé contre moi. Je me suis senti exploité !».

Dans l’hôtellerie-restauration la précarisation est à son point le plus haut. Parmi les 17 000 saisonniers travaillant en région pendant l’été, un sur cinq entre septembre et novembre est allé s’inscrire à Pôle Emploi, un sur trois parmi les 25-40 ans. La crise et les mauvais investissements ont laissé beaucoup de caisses vides, et l’argent qui reste ne circule pas forcement par des voies légales. Le job étudiant devient alors un privilège, le contrat un luxe.

Le paradoxe du dynamisme

Il y a trois ans, une étude de l’Insee montrait que le Languedoc Roussillon au cours de la période 1993-2006 était la première région en France pour la création d’entreprises. En revanche, la même étude expliquait que 8 entreprises crées sur 10 ne comptaient aucun salarié, et notamment à Montpellier. Un chiffre qui explose en 2010 en atteignant la barre des 96%. Il s’agit pour la plupart de sociétés spécialisées dans les services, moteur de la région et première source d’emploi dans l’Hérault. Les seules qui n’ont pas été touchées par la crise.

Voici la contradiction : les nouveaux acteurs d’un secteur en plein développement sont ceux qui génèrent le moins d’emploi.

Le discours ne vaut pas pour les activités financières et d’assurance, qui augmentent leurs effectifs (+1500) en bénéficiant du soutien public apporté aux banques. En revanche, dans les autres secteurs ce sont les travaux intérimaires et les contrats à durée déterminée qui augmentent de manière significative. Autant que le chômage.

Le chômage n’est pas que dans les chiffres

« Il y a plus de jeunes qui viennent. Souvent ils sont diplômés et ils cherchent n’importe quel travail» affirme Marc Vinet, bénévole pour le Comité pour une répartition équitable de l’emploi et des revenus (Crée), qui a son siège à la Maison des chômeurs et des précaires. «Le taux de chômage est bien plus haut que 13%, il y a beaucoup de cas qui ne figurent dans les chiffres. En ville on est au moins à 20%, et dans le quartier de la Paillade à 40-45%.»

Mais même toucher une allocation chômage peut devenir une odyssée. « Les procédures sont toujours plus complexes, les gens sont désorientés. En outre, à Pole Emploi il y a une volonté bien précise de faire baisser les chiffres à travers un durcissement dans la sélection des dossier», continue monsieur Vinet.

La précarité devient le reflet des inégalités sociales. A Montpellier comme ailleurs, ce sont ceux qui ont les moyens qui s’en sortent le mieux. Pour le reste, la «sur-cotation » de la ville ressemble plutôt à un chapeau trop grand qui oblige les jeunes à faire le dos rond. Ce qu’aujourd’hui on appelle la révérence du travail gratuit ou mal payé.

Noël : une maigre prime pour les précaires

En cette fin de mois de novembre, les fêtes de fin d’année sont déjà présentes dans tous les esprits et sur tous les panneaux publicitaires. Dans ce contexte, la prime de Noël destinée aux précaires a été reconduite. « Un geste de solidarité à minima » pour le Mouvement National des Chômeurs et Précaires (MNCP).

La période de Noël arrive à grands pas. Vendredi 19 novembre, la ville de Montpellier a inauguré ses illuminations. Le sapin métallique trône désormais sur la place de la Comédie, les commerçants préparent activement leurs vitrines, et les habitants achètent les premiers cadeaux.
On en oublierait presque que toute une partie de la population n’a pas accès à ces plaisirs hivernaux. Ce sont les chômeurs et les précaires. Pour palier à cette situation, la prime de Noël, créée en 1998 par le gouvernement Jospin, a été reconduite cette année.

Une situation critique dans l’Hérault

Distribuée aux bénéficiaires de certains minimas sociaux, cette aide « va concerner 1,7 million de bénéficiaires, pour un coût de 377 millions d’euros pour l’Etat », a précisé Roselyne Bachelot, ministre des solidarités. Elle concerne les titulaires du RSA (Revenu de solidarité active), de l’ASS (Allocation de solidarité spécifique pour les chômeurs en fin de droit) et de l’AER (Allocation équivalent retraite).
Son montant sera de 152,45 euros pour une personne isolée et de 228,67 pour un foyer de deux personnes. Cette prime sera majorée de 30 % pour chaque personne en plus dans le foyer. La ministre a évoqué un « geste de solidarité très fort ».

Alors que, selon les chiffres de l’Insee, la région Languedoc-Roussillon comptabilise le deuxième taux de chômage le plus élevé en France (12,8 % au second trimestre 2010 contre 9,3 % au niveau national), et que le département de l’Hérault n’est pas en reste (13,2 %), cette prime de Noël semble plus que jamais nécessaire pour les précaires, qui bien souvent sont des chômeurs sans droit.
En 2009, dans l’Hérault, l’INSEE recense 43 897 titulaires du RSA (socle et activité), tandis qu’ils sont environ 9000 à bénéficier de l’ASS.

« Un geste de solidarité à minima »

Toutefois, Jacqueline Balzan, coordinatrice du groupe CREER (Comité pour une répartition équitable de l’emploi et des revenus) à Montpellier et vice-présidente du MNCP, reste sceptique. Si elle estime que « ça va dépanner certaines personnes » et qu’il « ne faut pas la remettre en question vu la nécessité actuelle », elle « souhaite l’augmentation de tous les minimas sociaux ».
Et d’ajouter que « cette prime ne concerne pas toutes les personnes en précarité ». En effet, qu’en est-il de certains travailleurs pauvres ou des couples dont l’un des deux conjoints travaille au SMIC ? Pour elle, cette prime contribue à « aggraver les inégalités de traitement des uns et des autres ».

Le communiqué du MNCP évoque quant à lui « un geste de solidarité à minima » . Car le seuil de pauvreté monétaire étant fixé, selon l’INSEE, à 949 euros par mois pour une personne seule, cette prime ne permettra pas aux bénéficiaires de le dépasser à Noël. En effet, le montant du RSA pour une personne seule est de 460,09 par mois.

Rappelons que 13 % de la population, soit près de huit millions de personnes, vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté monétaire. Ainsi, le MNCP « demande le relèvement de tous les minimas à hauteur de 80% du SMIC brut. Ce qui représente 1000 euros par mois ».

Mandroux, « maire courage » selon Montebourg

Mardi soir, soutenue par plus de 300 personnes, et portée par trois solides alliés, Hélène Mandroux déclare vouloir «mettre fin à tous les systèmes clientélistes» et appelle à «une gouvernance où le sens du juste l’emporte sur la concentration autocratique.» Arnaud Montebourg, Paul Alliès, André Vézinhet ainsi que ses colistiers viennent l’appuyer dans sa démarche.

«C’est un nouveau jour pour l’histoire de la région»

Mandroux, Vézinhet et Alliès : ce soir, les trois mousquetaires locaux sont bien quatre… Arnaud Montebourg faisant office d’invité surprise (mais annoncé). Tous rentrent en scène, suivis par quelques colistiers, sous les applaudissements.

Paul AllièsC’est Paul Alliès qui a l’entame : le Conseiller régional sortant et secrétaire national adjoint à la rénovation du Parti Socialiste commence fort en déclarant que «c’est un nouveau jour pour l’histoire de la région». Pour Madame le maire, «il est temps en Languedoc-Roussillon, de tourner la page.» Dans le conflit qui les oppose au président de Région sortant, Paul Alliès insiste sur l’importance de ce «combat, moral et identitaire : car l’identité socialiste commence là, avec les valeurs.»

Comme s’il répondait au sondage publié dans le Midi Libre[[Réaction de Paul Alliès au sondage du 16 février, le 18 février dans le Midi Libre]], Paul Alliès cite François Mitterrand : «Les campagnes électorales les plus courtes sont les meilleures», et de rajouter que «ce sont celles que l’on gagne.» Selon Mme Mandroux, ce qui compte, c’est que «jamais, réunion de toutes les forces de gauche n’a été aussi clairement annoncée. La victoire est possible pour la Gauche rassemblée.»

«Se battre pour de vraies valeurs et de justes causes»

André Vézinhet, « jeune » député et président du Conseil Général de l’Hérault depuis 1998 poursuit et préconise d’«unir les socialistes pour faire des choses qui honorent la politique : se battre pour de vraies valeurs et de justes causes.» Il rentre ensuite dans une critique des politiques locales et se déclare favorable à «une région forte».

André  VézinhetIl rappelle alors que les collectivités locales sont les premiers investisseurs de France, devant l’Etat, et que la région peut donc jouer sur des secteurs comme l’emploi. Hélène Mandroux veut d’ailleurs faire de la lutte contre le chômage une priorité : elle rappelle que dans la région, «un actif sur huit est privé d’emploi [[«et un sur cinq en dessous du seuil de pauvreté»]]». Elle propose pour y remédier, d’«instituer une conférence régionale sur l’emploi» dans le but de «mettre en place un service régional de création des métiers».

«J’ai senti comme un vent révolutionnaire, propre à déboulonner quelques statues !»

Vient le tour d’Arnaud Montebourg, jeune Conseiller général, député de Saône-et-Loire depuis 1997 et secrétaire national à la rénovation du PS. Avant de flatter Hélène Mandroux, en l’appelant «maire courage», il tient à se poser en témoin «de la direction nationale rassemblée». Et face à ceux qui opposent Paris à la province, il déclare : «la direction nationale, ce n’est pas Paris. C’est la France.»

Arnaud MontebourgMais au-delà, il présente ce qui se passe ici comme le symbole et le commencement d’un changement plus profond du Parti Socialiste. Il donne d’ailleurs rendez-vous le 3 juillet prochain pour la convention sur la rénovation du parti. D’ici là, il pense que «la victoire [est] dans un mois et qu’en tout cas, s’il faut revenir, [ils] reviendront (ndlr. lui, ou un membre de la direction du PS)». Et avoue avoir «senti depuis [sa] sortie de l’avion, comme un vent révolutionnaire, propre à déboulonner quelques statues !» Ô symbole, quand tu nous tiens…

A la fin de son discours, Equidad, une militante PS intervient dans la salle pour dire qu’«[elle] vient de Toulouse exprès pour soutenir Mme Mandroux.». «Je m’engage derrière vous pour combattre le machisme et la mauvaise éducation. Ne vous laissez jamais faire !» Suite à quoi, elle ravit la salle avec un chant catalan. Voilà de quoi faire chaud au cœur du maire.

«Je veux mettre fin à tous les systèmes clientélistes»

DSC_00203.jpgAprès de tels encouragements, Hélène Mandroux joue sur du velours. Et pourtant, elle ne mâche pas ses mots, loin s’en faut : elle dénonce successivement «un système occulte qui étouffe toute montée d’une nouvelle génération», «des systèmes clientélistes», «une concentration autocratique»…

Elle ne manque pas non plus de constater que la «présence des trois hommes] à ses cotés inflige un cinglant démenti à ceux qui disaient que le PS était incapable de se relever [[[Jean-Luc Mélenchon notamment]].» Pour elle, le président sortant du Conseil Régional n’est plus au Parti Socialiste, c’est un fait, mais n’est même plus à gauche : «Garder la région à gauche aujourd’hui, ça veut dire changer de majorité.»

La candidate propose aussi quelques mesures, «à destination de ceux qui disent que je n’ai pas de liste et pas de programme [Essentiellement des internautes]]». En vrac, travailler avec le sud de la Méditerranée, investir dans les quartiers les plus pauvres (ndlr. Elle a cité une dizaine de zones sensibles urbaines de la région sur [les 28 recensées par la SDTEFP [[Services du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, en Languedoc-Roussillon]]), mieux répartir les logements sociaux, établir un système de taxi entre les ports, proposer des billets de train gratuits pour les jeunes de 16 à 25 ans le week-end, ou se fixer l’objectif -ambitieux- de créer un ticket unique à un euro pour les Bus, Tram, Train.

A la fin de ce meeting PS, Hélène Mandroux n’oublie pas de remercier ses soutiens, et lance même un «merci» appuyé à Paul Alliès, à qui elle reconnait un combat de longue date. Elle conclut par une main tendue aux militants PS soutenant Georges Frêche : «ressaisissez-vous» leur dit-elle.

Franck Michau

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Crédits photo : Xavier Malafosse ; montpellierplus.midiblogs.com ; image.mabulle.com ; Franck Michau

Mis à jour le 19 février à 9h30