A l’Arena, le handball devient show

Mercredi 14 décembre à la Park&Suites Arena. Ce soir, la récente salle omnisport montpelliéraine accueille le derby de handball entre le Montpellier Agglomération Handball (MAHB) et le club de Nîmes. Retour sur une soirée riche en spectacle.

Une salle moderne

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20h, devant l’Arena. Le bâtiment massif et moderne impressionne. Le toit qui couvre une immense baie vitrée est illuminé d’un bleu saphir. Une fois le portique de sécurité franchi, les gens pénètrent dans l’enceinte. A l’intérieur, l’architecture est également sublime. Mais le chaland est d’abord attiré par les lumières et odeurs des nombreux stands. Le vaste hall d’entrée propose tout ce que la société de consommation peut imaginer. Qui dit spectacle dit marketing. Après avoir payé sa place à partir de 9€ ou pris un pack de deux matchs à 12€, le consommateur de sport est fortement invité à se restaurer ou acheter un produit dérivé de son équipe favorite. Une fois le devoir de consommation accompli, il est temps de pénétrer dans l’arène.

Un show à l’américaine

20h45, dans les gradins. Les presque 9000 spectateurs présents tout autour du terrain assistent à un véritable show à l’américaine. Suspendu au plafond, un dirigeable survole la salle près de l’écran géant. Au sol, un alignement de jeunes handballeurs montpelliérains quadrillent le parquet. La lumière s’éteint, le speaker annonce les arbitres du match. Ces derniers se retrouvent sous les feux des projecteurs, accueillis au centre du terrain comme de véritables rock stars. Vient ensuite le tour des joueurs nîmois avant les montpelliérains. Un par un, les hommes de Patrice Canayer apparaissent sur fond d’une musique entrainante. Leur nom est scandé par la foule tandis que des flammes s’élèvent sur le terrain. A l’applaudimètre, il n’y a pas de match, Nikolas Karabatic est ovationné. Pour un spectacle total, il faut des stars. Le tout juste élu « champions des champions » par le journal l’Equipe en est une toute trouvée. Tous les yeux sont rivés sur lui, « Karabatic c’est le meilleur » résume un enfant en tribune. Cette entrée spectaculaire des joueurs peut paraître exagérée pour une rencontre de championnat qui oppose le leader à l’avant-dernier. « Mais c’est bon pour le hand » rétorque Christelle, la compagne d’un joueur, présente parmi les spectateurs.

21h début du match. Le show se poursuit. Les joueurs locaux sont encouragés par une fanfare dans la tribune allouée à leurs supporters. Les yeux rivés sur eux, un speaker chauffe la salle au micro et réclame une ola à chaque temps mort. Outre les « Montpellier, Montpellier » et autres trompettes des supporters, la rencontre est rythmée par diverses musiques émises par la sono de la salle. Ainsi, un célèbre morceau, extrait de Star Wars, résonne lorsque les joueurs du MAHB tirent leurs penaltys.

22h30, coup de sifflet final. Sur le terrain aussi le spectacle a tenu toutes ses promesses avec un suspense haletant jusqu’au bout. Le MAHB s’impose sur le fil grâce à un but à 10s de la fin. Le Rideau se ferme sur le parquet. Seuls les plus privilégiés pourront poursuivre la fête dans les loges VIP de l’Arena…

Troisième mi-temps dans les coulisses des loges V.I.P.

photo_coulisses.jpg 23h, devant les portes des loges VIP. Les vigiles veillent, il faut montrer patte blanche pour entrer. Une fois à l’intérieur le spectacle est alléchant. Plusieurs tables sont garnies de charcuteries, fromages et autres victuailles. Tenue de soirée et sourire aux lèvres, de charmantes hôtesses reçoivent les invités, journal l’Equipe à la main. En Une du quotidien : Nikola Karabatic. Champion des champions, le handballeur est la fierté de Montpellier.

Une centaine de personnes se rassemblent sous un éclairage teinté de jaune et de violet. L’ambiance est feutrée. Sur l’estrade, le Président de l’Agglomération de Montpellier Jean-Pierre Moure ne cache pas sa satisfaction: « Le titre de Nikola fait honneur au sport de l’agglomération de Montpellier. Nous sommes la première agglomération de France sur le plan sportif. Je suis convaincu qu’on ira plus loin ». A ses côtés, l’ancien handballeur Joël Abati et actuel conseiller régional savoure : « Aujourd’hui, à travers ce titre qu’a reçu Nikola, c’est enfin la reconnaissance du handball ».

René Girard, entraîneur de l’équipe de football de Montpellier, est présent. Venu pour soutenir son homologue et ami nîmois Patrice Canayer, il ne tarit pas d’éloges pour Nikola Karabatic : « Il mérite amplement cette distinction. C’est un joueur formidable et un homme exceptionnel ». Les retrouvailles entre les deux entraîneurs se font sourire aux lèvres. « C’est quelqu’un que j’apprécie énormément, on se connait depuis longtemps » assure le coach des handballeurs montpelliérains, avant de conclure. « On échange beaucoup mais pas sous forme de conseils ».

Photo0173.jpgLa soirée poursuit son cours, et voit l’arrivée au compte-goutte des joueurs. Ceux-ci retrouvent leurs compagnes et amis, puis s’éclipsent discrètement. Deux heures après minuit, les derniers verres de vins sont versés. Tandis que les personnes encore présentes finissent de quitter les lieux, les petites mains s’affairent pour débarrasser le surplus de nourriture.

Premier tour des Régionales : Le pouls des QG de campagne

Dimanche 14 mars avait lieu le premier tour du scrutin des élections régionales. Voici un tour d’horizon des QG de campagne des partis en lice. Entre joies et déceptions, l’effervescence était de mise à Montpellier.

mdx_mairie-2.jpg 19h50 : À la mairie de Montpellier, on se presse pour obtenir les premières réactions d’Hélène Mandroux. Le maire de Montpellier, candidate pour le parti socialiste attend les derniers citoyens pour clôturer son bureau de vote. « Le premier parti de France ce soir, c’est le parti de l’abstention. C’est regrettable » lâche Hélène Mandroux. Par la suite, elle évoque les estimations dont elle a eu vent. « Les trois listes de gauche auraient rassemblé 30 % des votes, Georges Frêche serait au-dessus des 30 %, l’UMP de Raymond Couderc, en revanche, serait en-dessous des 20 %. Mais, c’est surtout le Front National qui aurait obtenu plus de 10 % des suffrages ». Vers une quadrangulaire ? « Oui, ce qui serait assez original ». Les chiffres officiels ne sont pas encore sortis, l’espoir est toujours de mise.

20h : Fermeture du bureau de vote, dans l’attente d’une nouvelle déclaration.

DSCN5363-2.jpg 20h25 : Au QG d’A Gauche Maintenant, place de la Comédie, jeunes et plus vieux s’étaient rassemblés en nombre autour de René Revol pour attendre les résultats.

Dans les couloirs, les jeunes tentent de mettre l’ambiance en entonnant le refrain de l’Internationale malgré la déception des militants. À l’image de cet élu de Grabels, technicien en informatique de 40 ans : « On est déçu, on a fait des meetings. Nous on a un programme, on a discuté avec les citoyens, on a parlé de choses concrètes et c’est celui qui a le moins de fond qui passe ! ».

Non loin de là, Jean-Luc, 57 ans, trente années au Parti Socialiste, a suivi Jean-Luc Mélenchon voilà deux ans. Ce soir, à son arrivée au QG, il a eu droit à une belle fausse joie : « Y en a un qui avait mal entendu les estimations. Il a dit qu’on avait fait 13%. Manque de bol, à la télé, ils évoquaient le Front National, et non le Front de Gauche ». Ce qui l’exaspère, c’est que « les journaux n’aient pas joué le jeu. Et c’est le populisme qui le remporte ».

À l’écart, René Revol nous confie ses premières impressions alors que les résultats officiels ne sont pas encore tombés mais l’avenir s’annonce sombre. « C’est une situation difficile. L’opération Frêche a brouillé les résultats. Il y a eu une sorte d’écran de fumée construit par Frêche et ceux qui l’ont attaqué. Nous n’étions pas arrivés à instaurer une dynamique aussi importante depuis longtemps. Nous avons fait une campagne très militante, très citoyenne, très mobilisatrice. On avait 700 militants au dernier meeting » lance-t-il écœuré. Au moment de le quitter, il nous interpelle dépité « Si vous trouvez Mandroux et Roumégas, dites leurs que je voudrais bien les voir ! ».

couderc-2.jpg 20h55 : À quelques mètres de là, Raymond Couderc jubile malgré des résultats plus bas qu’espérés. Dans l’exigu local de campagne à côté de l’Opéra, seuls l’équipe de campagne et les journalistes sont présents. Il explique aux médias son résultat (inférieur à ce qui était annoncé par les sondages 19% au lieu de 24 %), « je pense que les électeurs ont pu être agacés par la politique de réforme du Président de la République ». Mais d’après lui « tout est possible. Il y a plus d’un électeur sur deux qui n’est pas allé voter. Parmi les votants il y a deux électeurs sur trois qui rejettent Frêche ». Raymond Couderc se veut également « générateur d’un sursaut républicain. Entre les listes extrémistes nous apparaissons comme la seule alternative crédible. Ma confiance est totalement intacte pour le second tour ».

21h 35 : Dans le quartier d’Antigone, le QG de Georges Frêche est à la fête. Dans une ambiance de fin de concert, les militants sont réunis dehors. Une tente a été dressée pour l’occasion. En dessous et autour, on se tape sur l’épaule et partage joyeusement le verre de cette quasi victoire. « Ah, c’est bien de fêter la victoire du Georges ! » déclare une militante d’une cinquantaine d’années. L’homme aux petites phrases attire. Nombreuses étaient les télévisions à avoir proposé un direct en lieu et place du QG. « Le Georges » a filé vers les studios de 7LTV mais Joël Abati est là. L’ancien international français de handball se réjouit des 35 % fait par son équipe. « J’ai un sentiment de joie, on a bien travaillé. Mais ce n’est pas terminé, en langage sportif, je dirais qu’on est en finale ». Face à ceux qui estiment que G. Frêche a réalisé ce score à cause de sa personne et non de son programme, le champion ne l’entend pas de la même oreille : «Les gens sont intelligents, ils réfléchissent, voient ce qu’il a fait pour la région. Il ne faut pas prendre les gens pour» (pause). Avant de reprendre, « les gens sont intelligents, ils réfléchissent, tout ça ce sont des médisances. Ils ont lu le programme et nous, on l’a défendu sur le terrain ».

22h30 : Le couperet est tombé (7,7 % des suffrages pour le PS, 8,9 % pour le Front de Gauche et 9,1% pour Europe Écologie) et nous attendons la réaction de la candidate PS. Au quartier général, peu de monde se presse si ce n’est les journalistes (en nombre) qui attendent impatiemment l’arrivée de « la maire courage » (après avoir « poireauter » deux heures à la mairie dans l’attente d’une déclaration). Hélène Mandroux conclut la soirée en se félicitant « du succès du parti socialiste au niveau national » néanmoins elle « regrette qu’aucune des trois listes n’ait pu passer les 10% ». Avant d’ajouter, « j’ai eu Martine Aubry au téléphone, il faut faire barrage à la droite. De notre côté, nous laissons notre électorat choisir librement, voter en son âme et conscience ».


Déclaration Hélène Mandroux QG
envoyé par masterjournalisme08. – Regardez les dernières vidéos d’actu.

allies-2.jpg 22 h45: Paul Alliès, numéro 2 sur la liste d’Hélène Mandroux, porte-parole et chargé de la rénovation du parti socialiste (et par ailleurs directeur de notre master) est résolument tourné vers l’avenir. S’il « regrette la décision tardive du PS » parisien de soutenir une liste locale et la faible participation, il commente ainsi les résultats. « La gauche est éliminée et c’est un petit 21 avril, bien que nous ayons depuis août 2009 fait beaucoup de propositions pour qu’une large liste d’union de gauche se forme. Avec la règle des 10%, il fallait faire cette liste surtout pour affronter Frêche car même si on est les petits derniers, la gauche fait environ 30% ». Mais le conseiller régional sortant insiste sur les projets de son parti. « Ce qu’on a dit, on va le continuer. Nous allons rénover le PS sur des valeurs et nous n’allons pas céder d’un pouce à Georges Frêche qui a gagné grâce à son « régional – socialisme ». Les fédérations vont être confrontées à une entreprise de rénovation ». En ligne de mire, les prochaines échéances électorales avec un parti renové comme le préconisait François Mitterrand « il faut rénover le parti tous les quarts de siècle ».

23h30 : Hélène Mandroux souffle un peu, loin de la sphère médiatique. À notre départ, elle interpelle de façon narquoise à Paul Alliès « Hé Paul, Georges nous propose une fusion … ».

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Laurent Puigségur : « On est bien plus maître de son destin en sport qu’en politique »

Les sportifs de haut-niveau sont de plus en plus nombreux à s’engager en politique. Au niveau national comme local. Hautcourant est allé à la rencontre de Laurent Puigségur et Joël Abati, deux itinéraires croisés. Similaires mais différents. Portraits croisés de deux anciens partenaires de jeu. De capitaine à maire-adjoint, premier volet avec Laurent Puigségur.

Le handball, la passion du jeu

Il est des joueurs d’exception et des hommes de cœur, Laurent Puigségur est de ceux-là. A la fois talentueux et incontournable. Capitaine emblématique du Montpellier Handball, actuel MAHB, celui qui était surnommé Peggy a contribué aux premiers succès et à la réussite d’un club devenu meilleur club français et l’un des meilleurs européens. Arrivé dans l’Hérault en 1990, juste après un premier titre de champion de France gagné avec Nîmes, le pivot en gagnera neuf autres avec le MHB. Mais son palmarès ne s’arrête pas là : 6 fois vainqueur de la Coupe de France, 3 fois de la Coupe de la Ligue, vainqueur de la Ligue des Champions en 2003 et Champion du monde en 2001. C’est en 2006, que Peggy décide d’arrêter sa carrière de joueur professionnel. Mais, encore et toujours passionné par le handball, il est aujourd’hui entraîneur de l’USAM Nîmes/Gard en 1ere Division, une activité « très prenante ».

Avec un père professeur de gym, Laurent est, comme nombre de ses comparses, tombé dans la marmite du sport tout petit : « le handball était la cerise sur le gâteau ». S’essayant à de nombreux sports, il a rencontré l’entraîneur qui a fait la différence. Une femme. Celle qui « m’a fait rester dans cette discipline ». De doué pour le handball, il est devenu passionné. Et s’il est heureux de faire partie de la génération qui a popularisé ce sport, il dénonce un manque de considération pour la discipline handballistique : « il faut que tous nos exploits servent, qu’ils fassent évoluer les mentalités. Surtout les mentalités télévisuelles, pour que l’on considère le handball comme un sport phare en France. En plus, c’est un sport télégénique, rapide, avec un public familial, jeune. Il faut qu’il sorte de l’anonymat ». Et de rajouter : « les Experts viennent de faire quelque chose d’historique et d’extraordinaire. Il faut que cela serve ».

La politique, une opportunité

Laurent Puigségur vit à Jacou depuis une dizaine d’années. Alors, quand l’édile de la commune, Jean-Marcel Castet, lui demande de se joindre à lui pour les municipales en 2008, il saisit l’opportunité qui s’offre à lui. Il devient maire-adjoint et délégué à la communication. On pourrait se demander pourquoi Laurent a été élu à la communication et non au sport : « je suis du matin au soir dans le monde du sport, j’avais envie de voir autre chose. De plus, j’ai fait des études dans ce créneau ». En effet, après avoir stoppé sa carrière en 2006, Laurent Puigségur avait alors repris des études qui ont abouti à l’obtention du Dedpad (Diplôme d’état de directeur de projet d’animation et de développement). Il consacre actuellement environ une demi-journée par semaine à la mairie de Jacou. Ses tâches sont diverses : rédacteur-en-chef de l’Echo de la Mayre et du Mois à Jacou, journaux municipaux, chargé de la communication autour des manifestations culturelles, ou encore chargé de la finalisation du nouveau site internet de la mairie. Un petit niveau d’engagement politique municipal qui lui convient : « je n’ai pas d’autres ambitions politiques, ni de velléités à briguer des postes plus importants. Ce que je fais me plaît, c’est très intéressant. Mais, je ne sais pas si je me représenterai aux prochaines élections municipales ».

De sensibilité de gauche, Laurent n’est cependant pas encarté : « les appareils politiques ne m’ont pas donné envie de les rejoindre ». Pour lui, entrer en politique était « un moyen de pouvoir rendre tout ce que l’on a pu me donner en tant que sportif. Si je me suis engagé, c’était par envie d’aider mes concitoyens et de voir de l’intérieur ce qu’il se passe ». En effet, Laurent a décidé de se présenter en tant qu’adjoint pour servir les autres : « j’ai été éduqué de manière citoyenne. On m’a apprit le partage et à m’occuper des autres ». D’ailleurs, sa gentillesse et sa simplicité ont conquis tous ceux qu’il côtoie. Sa conception de la politique ? « Un moyen d’aider les gens, d’améliorer leur cadre de vie et leur sécurité, de proposer des offres culturelles intéressantes… », dit-il avec le sourire. Pour Laurent, les qualités essentielles, que ce soit dans le monde du sport ou de la politique, sont humaines : « c’est une question d’éducation et de valeurs ». Même si, selon lui, il n’y a pas de pont tracé entre le sportif et le politicien, l’ancien sportif voit des similitudes entre leurs deux parcours : « on a besoin des mêmes axes de motivation. Tout d’abord, le besoin d’unité : on doit former un groupe lié ou une liste cohérente. Ensuite, les élections, c’est comme un match : il y a la victoire ou la défaite au bout. Les deux pratiques se ressemblent : il faut aller au combat pour gagner ». Et c’est comme tout autre citoyen, que le sportif doit légitimement s’engager au sein de la cité : « il faut arrêter les préjugés disant que les sportifs ne sont pas à même de faire de la politique. Certains ont fait des études, sont intelligents et sont tout à fait aptes à mener certaines affaires ». Et de rajouter : « il faut que toutes les strates sociales, tous les horizons soient représentés. Cela créé du débat et permet aux électeurs de s’identifier à des élus ».

Les élections régionales, des élections compliquées

Laurent Puigségur n’a pas non plus sa langue dans sa poche. Il se montre très critique quant à la campagne de la gauche pour les prochaines élections régionales : « ce sont des élections compliquées, et je n’en pense certainement pas du bien ! La gauche devrait préparer un programme plutôt que de se diviser encore et encore, et détruire tout ce qui se fait de bien ». Et lorsqu’on évoque le fait que son ancien camarade de jeu, Joël Abati, se soit engagé dans la bataille des régionales aux côtés de Georges Frêche, l’ancien capitaine du MBH sourit : « c’est une excellente chose pour lui. Mais attention, la politique, ce n’est pas le sport de haut-niveau. Il faut qu’il fasse attention aux requins ». Pourquoi ? Dans le sport, il n’y a pas de requins ? « On est bien plus maître de son destin en sport qu’en politique. S’il est inscrit sur une liste, c’est que l’on compte sur lui… »

Julie DERACHE

Sportif et politique, Joël Abati donne son nom à un gymnase

La commune de Clapiers a officiellement inauguré hier soir, mercredi 9 décembre, son gymnase en lui donnant le nom de Joël Abati, joueur de handball au palmarès impressionnant.

Le handball est à l’honneur dans la région. D’un côté, Montpellier utilise l’image de Nikola Karabatic, sacré meilleur joueur mondial en 2007, pour représenter la ville. Au détour de chaque rue, fleurissent des affiches du champion mettant en avant des valeurs sportives comme la fraternité, le respect et la réussite. D’un autre, les gymnases baptisés du nom des hommes de Canayer se multiplient. Après la halle des sports « Laurent Puigségur » à Jacou et le complexe « Nikola Karabatic » à Frontignan, c’est au tour de Clapiers de faire honneur à un joueur du MAHB.

C’est dans une ambiance festive que Joël Abati donne son nom au complexe sportif de la ville de Clapiers, située à 5 km de Montpellier. Entouré de ses anciens acolytes, Jo se dit « fier de l’honneur que lui] fait [sa] commune ». Et de rajouter : « c’est dans les petits gymnases que l’on créé les grands champions ». Encourageant ainsi les dizaines d’enfants présents qui rêvent à leur tour de devenir des grands. Les différents officiels parmi lesquels Pierre Maurel, l’édile de Clapiers, Robert Molines, le président du MAHB, et Jacques Martin, l’élu chargé des sports à l’Agglomération de Montpellier, n’ont pas tari d’éloges sur Joël Abati. Ils ont d’abord félicité le joueur à la carrière et au palmarès importants. Ce dernier collectionne les titres et les médailles : deux titres de champion du monde et un de champion d’Europe, une médaille d’or aux Jeux olympiques en Chine, entre autres. Sans oublier qu’il a été élevé au grade de chevalier de la Légion d’Honneur en 2008. Le champion à l’œil de tigre, rafle tout et avoue ne pas aimer perdre. Quitte à malmener quelque peu ses adversaires. Pierre Maurel évoque une anecdote amusante à propos de celui que l’on surnomme « le Révérend » : « à la fin de chaque match , il va se confesser pour se faire pardonner. Or, le prêtre lui dit qu’il ne faut pas tendre l’autre joue et l’invite à multiplier les pains. Pour la bonne cause ! ». Petite histoire mise en scène dans une vidéo sur le site [Youtube.

Mais, c’est avant tout l’homme qui est célébré. « Quand on est fier de ses concitoyens, on les met en avant » souligne le maire. Robert Molines juge que Joël est « un grand monsieur, un individu avec des qualités morales. Quelqu’un de bien ». Il représente « des valeurs essentielles comme la fidélité, l’amitié et la tolérance » ajoute le représentant de l’Agglomération de Montpellier. Natif de Fort-de-France en Martinique, il encourage le multiculturalisme et l’échange.

Aujourd’hui, une nouvelle carrière s’ouvre à lui. C’est avec un engagement politique et citoyen qu’il commence sa nouvelle vie professionnelle. Selon le site Sportweek.fr, Joël Abati aurait déclaré : « j’ai toujours aimé la politique et je suis passionné par ce nouveau challenge. Il m’était difficile d’en parler auparavant, compte tenu de mon devoir de réserve quand j’étais joueur. Aujourd’hui je peux m’investir à fond dans le projet. » D’une part, révèle Jacques Martin, « il sera le représentant de la vie sportive dans le prochain conseil de région ». D’autre part, sur la demande du président du Conseil régional, Georges Frêche, il sera candidat aux prochaines élections régionales à ses côtés.

Après les discours et les différentes annonces, place à la musique et à la danse. Après la remise de la médaille de la ville à Joël, un groupe antillais, Kawak, est venu animer la fin de soirée. La mairie de Clapiers a fêté son champion jusqu’au bout : un grand buffet a été préparé avec attention. Au menu : gourmandises et saveurs des îles.

Abati ne lâche rien

Avant le match qui oppose Montpellier à Bregenz ce week-end, rencontre avec Joël Abati, un des piliers de l’équipe de hand de Montpellier. L’occasion de faire le point sur son début de saison et celui du club.

Il a sorti un match énorme dimanche dernier contre les Espagnols de Leon. Avec 7 buts marqués, «sur 8 tentatives» tient-il à préciser, Joël Abati a été l’homme du match. Et pourtant depuis le début de la saison, on le voyait peu jouer. Dimanche dernier, il a su prouver à son équipe et au coach Patrice Canayer que, malgré ses 38 ans, il était toujours dans la course. Rencontre avec ce sportif généreux qui a déjà derrière lui une longue carrière au cours de laquelle il a remporté de nombreux titres. Le dernier en date : celui de champion olympique cet été avec l’équipe de France de handball. « C’était l’aboutissement, une reconnaissance pour notre travail », explique-t-il.

Avant de venir à Montpellier, vous étiez dans un club allemand. Pouvez-vous nous en parler ?
Joël Abati : J’ai passé 10 ans dans un club d’Allemagne de l’Est à Magdeburg. Là-bas, il y avait tout pour plaire aux handballeurs. C’est LA ville du hand. J’ai tout gagné là-bas, ça m’a été très profitable. Le métier que je faisais était enfin reconnu, un peu comme à Montpellier. En Allemagne, il y a une culture du sport en général qui est très présente. Chaque titre qu’on gagnait, c’était le titre de tous, les gens se l’appropriaient, c’était une vraie fierté pour eux. Un an avant d’arriver à Montpellier, on a même gagné la Ligue des Champions.

Pourquoi avoir choisi Montpellier, il y a un an ?
Je voulais revenir en France pour préparer ma reconversion. J’ai 38 ans et je dois y penser. Cependant je voulais intégrer un club français qui avait un haut niveau. Je ne voulais pas aller dans n’importe quel club. Montpellier me semblait la bonne équipe. Et puis j’avais déjà des contacts avec Patrice et le club alors ça s’est fait d’une volonté commune.

En début de saison, cette année, Patrice Canayer vous utilisait peu. Comment avez-vous vécu ce statut de remplaçant ?
C’était une frustration quand même. Mais en aucun cas je n’ai douté. Je savais de quoi j’étais capable et qu’avec du travail il me referait confiance. Le travail ça paye toujours.

Vous en avez parlé avec le coach?
Oui, nous en avons parlé avec Patrice. Mais il a toujours été rassurant. Il m’a dit d’être patient, que mon temps arriverait et qu’il ne fallait pas que je m’en fasse.

Finalement vous avez été récompensé de vos efforts en signant un gros match face à Leon dimanche dernier.
J’adore de genre de matchs. Il y avait une pression énorme. Il fallait être présent et qu’on le gagne, on avait pas d’autre alternative. J’ai essayé de tout donner. A partir du moment où Patrice m’a fait entrer sur le terrain et m’a fait confiance, je ne pouvais pas le décevoir.

Pensez-vous que le MAHB a encore une chance d’intégrer les quarts de finale de la Ligue des Champions ?
Honnêtement on attend un miracle. Mais il faut rester optimiste et je le suis. Dans le groupe qu’on aura il faudra qu’on batte tout le monde, pas le choix. En espérant que les équipes n’aient pas trop de points d’avance. De toute façon on ne peut pas savoir avant le 25 novembre. C’est là que les groupes seront annoncés et on verra avec qui on tombe. Mais on ne perd pas de vue non plus le championnat. On reste concentré. Pour le moment on est premier et il ne faudrait pas qu’on se rate en décembre. Ça va être un mois décisif, surtout qu’on reçoit Chambéry à la maison le 16.

Quelles sont vos ambitions personnelles pour la suite de la saison et à l’avenir ?
Conserver le titre de Champion de France. Puis pour le reste je prépare ma reconversion. Je passe un brevet d’Etat pour être entraîneur. Je pourrais revenir à ma profession de prothésiste dentaire que j’ai exercé deux, trois ans, mais le handball m’a tellement apporté que je voudrais rester dans ce milieu. C’est important de transmettre aux jeunes générations son savoir et son expérience. Et pourquoi pas du côté de Montpellier…?

Propos recueillis par Fanny Bessière

Note : Dernier match du premier tour de la Ligue des champions : Montpellier – Bregenz, 17h à Bougnol.