Mal-inscription sur listes électorales, procurations : le bug démocratique

Au premier tour de ces élections régionales, environ 50% des Français se sont abstenus. Des citoyens qui pour certains, auraient voté si la procédure n’était pas si lourde et complexe. Retour sur un parcours semé d’embûches jusqu’aux urnes.

Inscriptions sur listes électorales, procurations. Des termes administratifs repoussoirs qui feraient fuir Thomas Thévenoud, laissant présager une masse de paperasse et des heures d’attente. Mais essentiels pour qui veut voter.

En France, 44,6 millions de personnes sont amenées à voter pour ces élections régionales. 3 millions ne sont pas inscrites sur les listes électorales, l’équivalent des populations de Paris, Lyon et Marseille réunies. Sans compter les 6,5 millions de mal-inscrits – ceux qui sont inscrits au mauvais endroit – surtout des jeunes et personnes peu diplômées. Les mêmes qui font gonfler les chiffres de l’abstention, dont je fais partie. Pourtant, pouvoir voter au premier tour de ces élections régionales était pour moi une évidence.

Le parcours du combattant jusqu’aux urnes

Tout a commencé le 30 septembre dernier, quand au dernier moment je réalise qu’il ne me reste que quelques heures pour m’inscrire sur les listes électorales à Montpellier – étant inscrite dans ma Normandie natale. Pas de panique me dis-je, j’ai entendu qu’on pouvait s’inscrire sur internet. Montpelliéraine depuis un an, je baigne dans la « french tech » de la nouvelle métropole prônant l’innovation numérique. Quelle a donc été ma surprise quand je me suis aperçue qu’il était impossible de s’inscrire en ligne à Montpellier, alors que ce service existe dans la plupart des mairies. Lyon, Rouen, Bordeaux et même Le Triadou, 400 habitants à une demi-heure de « Montpellier la french tech ».
Prête à me déplacer je cherche un bureau de proximité près de chez moi. Sur le site internet de la mairie on apprend que « les mairies annexes et de proximité ne pourront pas effectuer les inscriptions électorales pour des raisons techniques ». Je me rends donc dans notre mairie – accessoirement située à dix kilomètres du quartier de la Mosson – qui a par ailleurs comptabilisé 70% d’abstention au premier tour. Après une petite heure d’attente, observant patiemment ceux qui viennent et repartent, manque de temps ou de patience, je me présente fièrement munie de toute la paperasse nécessaire. Mais mes justificatifs de domiciles sont jugés insuffisants par la personne en charge de mon dossier. Je repars bredouille et déçue comme d’autres étudiants ce jour-là.

Mercredi 2 décembre, commissariat de la Place de la comédie, 14h. Déterminée à voter je viens faire procuration à quatre jours du scrutin. J’atterris dans une file d’attente qui n’avance pas remplie de Français fraichement Montpelliérains ou indisponible dimanche. Beaucoup d’étudiants, de commerçants et personnels médicaux qui travailleront dimanche. Après deux heures d’attente, un policier lance « on ne pourra pas prendre tout le monde pour la procuration ».
Chanceuse, je rentre dans le commissariat juste avant qu’on ne ferme la porte aux trente autres personnes derrière moi. Après avoir recopié trois fois le petit formulaire (suite à une petite rature) en compagnie de mes concitoyens, tous fiers d’être venus à bout de ce pèlerinage administratif. Un policier recopie à la main sur un cahier les informations du dit formulaire. Il le glisse ensuite dans une enveloppe qui partira porter mon vote vers les contrées normandes.

Dimanche. 16H. Ma mère, détentrice du savoir secret de mon vote, m’appelle embarrassée. Ma procuration n’est pas arrivée à la mairie. Je me retrouve donc à devenir une de ces abstentionnistes qu’on dira peu intéressée par la politique, désengagée ou encore contestataire. Je fais partie de ces 6,5 millions de français mal-inscrits, qui ne votent pas par contrainte et lourdeur administrative.

L’omerta de la mairie

Durant ce long parcours semé d’embûches administratives j’ai posé la question à cinq représentants de la mairie, tous embarrassés par la question. La responsable des inscriptions sur les listes électorales de la mairie n’était « pas disposée » à me répondre. Le policier à l’entrée du commissariat qui a renvoyé trente personnes m’a répondu que de toute façon « c’est pas ici qu’on vote ». La chargée du service communication de la mairie m’a renvoyé vers la directrice du service élections qui ne pouvait me répondre sans « l’accord » du service communication qui lui-même m’a pas pu me répondre. Je me suis donc directement adressée à l’adjointe de M. Saurel déléguée à la communication, qui elle aussi, ne m’a pas répondu.

Port-Marianne : le mal-vivre des commerçants

Port-Marianne, le nouvel Eldorado promis aux montpelliérains, peine à se diversifier. Entre les innombrables bâtiments et bureaux d’entreprises, les commerçants ont la vie dure. Résultat : des habitants frustrés, des restaurants qui pullulent, un flux extérieur qui n’arrive pas…

Port-Marianne n’a rien du quartier vivant et attractif décrit dans les annonces immobilières. Tranquille, ça oui, il l’est. Le quartier vit le midi. Au rythme des cadres et employés aux alentours. 20 heures passées, ce n’est plus la même ambiance. Les rues sont désertes et sombres. Quelques riverains s’aventurent sur le bassin Jacques Cœur. Souvent les mêmes. Ils promènent leurs chiens ou passent rapidement en footing. Les visiteurs se font rares. Les plus débrouillards arrivent à se garer et regagnent un restaurant. Car les restaurants, ce n’est pas ce qui manque aux alentours.

La logique du tout-restaurant poussée à l’extrême

« Les restaurateurs du Bassin Jacques Cœur ferment les uns après les autres. Il y en a trop  », résume Alain, un riverain. Pour ce sexagénaire, membre de l’association Défense du Bassin Jacques Cœur, la Serm (Société d’équipement de la région montpelliéraine) est la principale responsable : « Elle a voulu faire de Port-Marianne un endroit festif. Mais à trop mettre de restaurants…la concurrence tue  », tranche-t-il. Des propos relayés par Jean-François Boudet, président de l’association des professionnels de Port-Marianne. « C’est la Serm qui décide de l’implantation des commerces avec la mairie. Les restaurants sont imposés sur le bassin Jacques Coeur  », explique-t-il. Les restaurants autour du bassin sont quasiment une institution. A tel point que l’arrivée d’un quelconque autre commerce sur ce secteur en étonne plus d’un. « Un magasin de vêtements avait ouvert en début d’année. Il n’a pas fait long feu. D’ailleurs tout le monde s’est demandé ce qu’il venait faire ici  », se rappelle Jean-François. Cet agent général d’assurance ne semble pas trop dérangé par le surplus de restaurants. Il travaille chez Axa, à l’angle du bassin. « Moi, ça ne me gêne pas qu’il y ait autant de restaurants. C’est pratique pour déjeuner le midi, j’ai le choix ! », plaisante-t-il. Il reconnaît tout de même que cela pose problème. « Souvent, les restaurants ne sont ouverts que le midi. Le soir, seuls la Factory ou le Trinque-Fougasse, celui de mon frère, sont ouverts. Port-Marianne, c’est beaucoup de bureaux. Les gens qui déjeunent là le midi travaillent sur le bassin ou viennent du Millénaire. Le soir, c’est désert  », regrette-t-il.
Il est vrai que la concurrence est rude. Si le Trinque-Fougasse et la Factory s’en tirent bien, les restaurants milieu de gamme ont bien du mal à maintenir le cap. Les charges sont énormes et la clientèle se dilue. En témoigne le turnover impressionnant des restaurateurs. Marc Rayna, vice-président du comité de quartier de Port-Marianne, est bien placé pour en parler. Il est agent immobilier : « Les restaurants sont tellement nombreux qu’on aurait de quoi nourrir la moitié de Montpellier ! Le prix des loyers est rédhibitoire. Sur le Lez, il faut compter 23 euros le mètre carré pour de la location, sans charges. Sur le bassin, c’est bien plus cher. Par exemple, le restaurant Jap Asian, qui compte 200m² de surface, doit payer un loyer mensuel de 7000 euros. Si vous êtes la Tour d’Argent (restaurant chic de Paris à 170 € le menu du soir, ndlr) vous pouvez vous le permettre, mais sinon…c’est suicidaire ». Il conclut, un brin défaitiste : « La mairie a vendu ce quartier comme étant les nouveaux Champs-Élysées. Du coup, les prix sont très élevés. Les investisseurs achètent les locaux très cher et forcément, derrière, ils les louent cher. Malheureusement, au bout de la chaîne, les gens n’ont pas l’argent nécessaire pour faire face ».

Et le commerce de proximité alors ?

A l’image de tous les habitants, Didier, retraité, regrette qu’il n’y ait pas plus de diversité des commerces. « Si on avait mis d’autres types de commerces et qu’on les avait mieux mélangés, tout le monde s’y serait retrouvé. Le tout-restaurant, c’est se tirer une balle dans le pied  », soupire-t-il.
Marc Rayna est remonté contre la Serm et la mairie. « Les gens, ce qui les intéresse, c’est la vie quotidienne. On est censés être le nouveau centre-ville et il n’y a rien… Le Carrefour Market, c’est nous qui avons insisté pour qu’il soit construit  », déplore-t-il. Port-Marianne est un quartier en devenir. Mais la méthodologie de construction n’est pas au point :  « On sait monter des immeubles mais il n’y a pas de service minimum offert aux habitants. Pour faire vivre un quartier, il faut une crèche, une poste, des médecins, des commerçants de toutes sortes  », poursuit Marc. Il regrette le manque de relation commerçants-habitants : « moi, en tant qu’habitant, il me manque un boucher, un traiteur, un pressing, un poissonnier… Il y a ce genre de services au Carrefour Market mais ce n’est pas pareil. Chez un boucher de quartier, on n’est pas anonyme  ». Il reconnaît que tout n’est pas noir. Côté boulangeries, la situation est satisfaisante. Le secteur Jacques Cœur en compte trois. Les coiffeurs sont présents. Eux aussi souffrent. « La dernière fois que j’ai croisé mon coiffeur, il m’a dit qu’il n’avait fait que trois coupes dans la journée. Avant, il était basé à Pérols. Il avait un salon de coiffure qui marchait bien. Aujourd’hui, il se mord les doigts d’avoir déménagé  », rapporte Jean-François Boudet.
Certains services du quotidien sont inexistants. Déposer un vêtement au pressing est un vrai parcours du combattant. Marc Rayna, comme tout agent immobilier qui se respecte, porte tous les jours des costumes. Autant dire que c’est une galère, pour lui : « je dois aller jusqu’à Odysséum. Nous n’avons pas de pressing à Port-Marianne. Moi, encore, ça va, mais imaginez une personne à mobilité réduite… C’est juste infaisable  », peste-t-il.

Pas de lumière, pas de parking, pas d’entretien…

La Serm n’est pas la seule fautive dans l’histoire. Si le flux extérieur n’est pas au rendez-vous, ce n’est pas qu’une question de stratégie d’implantation de commerces. Alain témoigne d’un contexte global qui s’est dégradé. « Le Fise et le wakeboard ont dégradé le cadre de Port-Marianne. Les roseaux poussent de manière très anarchique sur le bassin. Il n’y a plus cet attrait champêtre du début. Il n’y a quasiment plus de pelouse  ». Selon lui, le cadre joue fortement sur la fréquentation du quartier : « Avant, venir ici, ça faisait une sortie sympathique. Mais maintenant, les chemins sont défoncés et l’environnement est beaucoup moins agréable. Le bassin est laissé en friche depuis deux-trois ans. Evidemment que ça a contribué à la perte de clientèle  ». Il tient à souligner un problème majeur : le manque de lumière autour du bassin. « Le soir, quand les dames de l’association rentrent chez elles, elles ne sont pas tranquilles. Il fait vraiment très sombre  », commente-t-il. Il ajoute :  « Depuis peu, un camp de roms s’est installé dans le quartier. Les gens ne sont pas venus s’établir à Port-Marianne pour vivre dans un contexte pareil. Mais personne ne fait rien ».
Quoi qu’il se dise, Port-Marianne reste une cité dortoir. Retraités aisés et jeunes cadres moyens se partagent le quartier. Le charme n’opère pas et les visiteurs se font rares. En cause, le stationnement. Un réel handicap dans le quartier. Aller au restaurant, oui. Mais où se garer ? Bien évidemment, les commerçants en pâtissent. Marc Rayna en témoigne : « j’ai parlé à un ami restaurateur il y a quelques jours. Il m’a raconté qu’un soir, des clients qui avaient réservé une table ont appelé pour annuler. Cela faisait 40 minutes qu’ils tournaient en rond sans trouver de place pour se garer. Ça devient vraiment problématique  ». Alain pense que c’est une question de pratique : « Les montpelliérains ont eu l’habitude d’aller au restaurant et de laisser leur voiture juste devant. A Port-Marianne, c’est tout bonnement impossible  ». Odysseum, le centre commercial à ciel ouvert regroupant plus de 100 boutiques, n’est pas loin…et dispose d’un parking de 2000 places. De quoi faire rêver les commerçants de Jacques Coeur. « L’ouverture d’Odysseum a drainé une partie de la clientèle. Avec ses restaurants, le cinéma et les parkings à côté, Odysseum est beaucoup plus attractif. Ça a créé un réel déséquilibre. Pour le coup, là-bas, on peut aller au restaurant et garer sa voiture juste à côté  », explique Alain.
Les esprits s’échauffent et les tensions se font sentir entre riverains et pouvoirs publics. Les revendications des habitants du quartier sont simples. Marc Rayna se charge de les faire remonter aux autorités compétentes. Visiblement, le temps de réaction est long. Très long. « Il faut une meilleure signalétique. Pas un panneau indique la direction du bassin Jacques Cœur. Il est complètement confiné et n’amène que très peu de clients. De façon similaire, personne ne sait qu’il y a un parking accessible sous la mairie  », rapporte-t-il.

Seules la mairie et la Serm ont le pouvoir de venir en aide aux commerçants de Port-Marianne. Malheureusement, ces instances sont restées muettes face à nos questions. Espérons qu’elles ne seront pas sourdes face à la colère grandissante des habitants du quartier.

Logements vacants à Montpellier: Les impossibles solutions

A Montpellier, le parc immobilier est touché par un fort taux d’inoccupation. A quelques jours des élections municipales, les logements constituent un enjeu électoral majeur dans une ville marquée par une démographie en expansion.

Une population en hausse constante –plus de 13 500 nouveaux habitants entre 2008 et 2011. Des quartiers entiers qui sortent de terre, comme à Port Marianne, mais qui ne suffisent pas à contenir la demande. Montpellier manque de logement. Pourtant, paradoxe, la capitale du l’Hérault connait un niveau de vacance des biens immobiliers privés particulièrement élevé. Selon les chiffres de l’INSEE de 2010, 13 327 des 148 960 logements montpelliérains étaient ainsi inoccupés –plus de 8,9%– soit le deuxième plus fort taux parmi les grandes villes françaises, juste derrière Nice.

Bien qu’existants à Montpellier, les phénomènes qui expliquent d’habitude la vacance d’un logement n’y sont pas particulièrement développés. Pour la CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie), ces causes sont les délais de rénovations dans les HLM, les familles qui héritent d’un bien sans pouvoir l’occuper et, principalement, la peur du mauvais payeur. A Montpellier, les logements sociaux ne restent jamais inhabités plus de quelques mois tant la demande est grande (70% de la population est éligible à l’accès au logement social ). Les héritages inoccupés sont quant à eux extrêmement difficiles à répertorier et aucun chiffre n’existe à ce sujet. Reste l’insolvabilité des locataires. Pour Florent Sernoux, de l’ADLI 34, «elle impacte encore peu sur la vacance, même si cela augmente». La ville est marquée par une forte demande de location portée par les étudiants, qui disposent souvent de garants. Le propriétaire montpelliérain est donc assuré de trouver preneur et de toucher son loyer au début du mois.

La raison pour laquelle le pourcentage de logements vacants à Montpellier est de 2,1 points supérieur à la moyenne nationale se trouve dans la vétusté d’une partie de son parc. Depuis ces sept dernières années environ, le nombre de logements neufs a grandement augmenté, bénéficiant de la loi Scellier (remplacée depuis par la loi Duflot). Les prix ont alors connus une forte hausse. Afin de rester attractifs, les propriétaires de logements anciens ont dû remettre leurs biens aux normes. Des travaux longs et chers (sur les salles d’eau ou l’électricité) que nombre d’entre eux n’ont pas osés entreprendre. Ainsi, en 2009, 3 800 logements en état de vacance dataient d’avant 1948.

De la difficulté de mettre en œuvre une action publique efficace

Pour Augustin Chomuel, directeur de l’ADLI 34, chaque propriétaire a ses propres raisons de mettre ou pas son logement sur le marché. «C’est du cas par cas. Il est très dur de recenser ces habitats et donc d’agir pour qu’ils soient disponibles à la location». Les services publics peinent ainsi à justifier un tel taux de vacance et préfèrent mettre en avant leur arsenal de dispositif. La Taxe sur les Logements Vacants (TLV ) est appliquée dans la commune, sans toutefois avoir fait les preuves de son efficacité. Les collectivités locales ne possèdent pas de droit de préemptions sur le parc privé. Les mesures sont donc principalement incitatives.
A la Mairie, on recense les logements vacants pour envoyer un courrier au propriétaire, l’appelant à le mettre sur le marché. Sur environ 1500 lettres, les services municipaux ne reçoivent qu’une dizaine de réponses. La ville organise aussi, une fois par an, un forum « Clé-propriétaire » pour «expliquer comment rénover son appartement et attirer les locataires». Des rencontres qui ont, de l’aveu même de la Mairie, peu de succès.

Frédérique Touraine, pour l’Agglo, détaille quant à elle les subventions versées conjointement par la communauté urbaine et l’Agence National de l’Habitat (ANAH). Le programme « Rénover pour un habitat durable et solidaire » prévoit le financement de la remise aux normes de 456 logements anciens sur cinq ans, à hauteur d’entre 30% et 80% du montant hors-taxe des travaux. L’ANAH participe ainsi par un montant de plus de 1 786 000 jusqu’en 2017. «Les aides aux propriétaires privés peuvent permettre d’éviter qu’un logement ne devienne insalubre et ainsi pouvoir le remettre sur le marché». Intermédiaire de l’Etat, l’Agglo reverse aussi des aides aux bailleurs sociaux (OPH-ACM) pour les même raisons. En contrepartie, les loyers doivent être maintenus plus bas que la moyenne. Un système jugé efficace par les associations.

La troublante gestion de l’immobilier public

Les pouvoirs locaux affichent leur bonne volonté. Mais donnent-ils l’exemple avec les logements publics? Christelle Tomatis, des services du Patrimoine à la Mairie, ne ment pas concernant les HLM: «Les logements sont quasiment tous occupés, sinon ça ne serait pas rentable. Les autres sont en rénovation». En effet, seul 1% du parc public est vacant, soit 200 logements sur l’Agglomération.
Pourtant, une enquête de Lyon Capitale sur les logements d’instituteurs évalue à 38% à Montpellier le nombre de ces biens publics inoccupés en Janvier 2013. C’est sans compter les autres bâtiments appartenant à la Ville, Région, Département, à la SNCF ou au CHU qui restent vacants pendant des années. Florent Sernoux explique: «Il existe des contraintes techniques pour parvenir à mettre aux normes un bâtiment laissé longtemps à l’abandon. Les coûts pour les faire accéder au marché du logement sont prohibitifs».

Fréderic est membre du Collectif des Mal-logés. Eux, à leur échelle, ne voient rien des politiques pour le logement menées par les collectivités. Mais ils sont bien au fait des maisons ou logements individuels publics habitables et inoccupés. «Le Public se comporte comme le Privé. Il spécule. La Ville, l’Agglo et les Finances Publiques sont les plus gros propriétaires de Montpellier. Sur le long terme, il est plus cher de louer un logement, avec les charges que cela comporte, que d’attendre qu’il prenne de la valeur». Il serait donc plus rentable de vendre les bâtiments en profitant de l’augmentation des prix de l’immobilier, que d’investir dans une remise aux normes des logements existants. La vacance serait donc entretenue artificiellement à des fins comptables. Pour Augustin Chomuel, on n’assiste pas tant à de la spéculation qu’à une volonté de renflouer les finances publiques en période de rigueur budgétaire. Une rapide visite sur le site internet des cessions immobilières de l’Etat permet de trouver une vingtaine de bâtiments ou bureaux sur Montpellier appartenant à des ministères. Ils sont mis en vente plutôt que rénovés ou convertis en logements.

C’est du côté des citoyens montpelliérains eux-mêmes qu’il faut regarder pour trouver des volontés de se réapproprier le patrimoine. L’exemple de l’association des riverains de Haut-Boutonnet s’emparant de la destinée de l’ancienne maternité est significatif. Cette clinique, située au nord-est du centre historique de Montpellier, va devenir sous l’impulsion de ses voisins une maison des associations et accueillera des commerces et des logements. De même au Parc Montcalm, où la Mairie a racheté les terrains de l’ancienne caserne de l’Ecole d’Application d’Infanterie (EAI) pour les transformer en 16,2 ha d’espaces verts et 3000 logements. Qui se souvient qu’avant cet ambitieux projet, un mouvement syndical et associatif s’était formé pour réclamer la transformation de l’EAI en logements étudiants ?

Avec « Prest’o », la mairie de Montpellier facilite l’inscription à l’école

La mairie de Montpellier lance ce lundi 11 le projet « Prest’o ». Il a pour objectif d’améliorer le service et l’accueil du public en proposant une nouvelle démarche d’inscription des enfants dans les crèches et les écoles pour la rentrée 2013.

« Nous accompagnons les Montpelliérains de la naissance jusqu’à la mort » déclare Olga Krompaszky, directrice du service de la relation au public à la mairie. Ce service se charge notamment de l’édition des actes de naissance, des actes de mariage et des enterrements, des inscriptions dans les écoles… les citoyens sont donc tous concernés. « Prest’o » doit faciliter les démarches administratives d’inscription des enfants dans les structures municipales de la petite enfance et de l’éducation. Il s’agit de déposer à l’hôtel de ville ou dans une des mairies de proximité, un seul dossier de pré-inscription au lieu des nombreux documents à remplir encore aujourd’hui. Il sera ensuite automatiquement transmis à tous les établissements municipaux concernés, c’est-à-dire l’accueil des jeunes enfants, l’accueil périscolaire, les centres de loisirs, les restaurants scolaires et la délivrance de la Carte Midi.

Cette démarche s’inscrit dans la quête de qualité du service à la mairie, qui a été reconnue en novembre 2010 par « Qualiville ». Élaboré par AFNOR Certification et le CNFPT , « Qualiville » vise à améliorer quotidiennement les relations des habitants de la commune avec les services municipaux. Des certifications sont ainsi délivrées aux mairies répondant à des critères qualitatifs, comme par exemple la création de mairies de proximité ou encore la formation du personnel car « on n’offre pas le même accueil aux personnes venant pour un acte de décès qu’aux personnes venant pour un acte de naissance et c’est là que la formation du personnel est essentielle » explique Olga Kromaszky.

Néanmoins Olga Krompaszky reconnaît l’investissement que l’amélioration du service nécessite et la difficulté de la mise en place de « Prest’o », notamment l’homogénéisation du mode de fonctionnement des différents services concernés tout en conservant leurs particularités. « Il a fallu beaucoup d’énergie et de volonté ! » s’amuse-t-elle.

La mairie se félicite déjà des résultats en s’appuyant sur l’enquête de satisfaction 2013, qui est encourageante. Mais la directrice du service de la relation au public rappelle qu’il reste beaucoup de travail. « C’est un ensemble de petites pierres qui contribue à un climat d’apaisement des usagers dans ce monde où nous avons besoin de sérénité. Et cette sérénité se ressent aussi sur les fonctionnaires ». Pour elle, ce service est la vitrine de la mairie car il est en contact direct avec le public. Il est donc essentiel de l’optimiser.
« Prest’o » est un projet ambitieux qui devra être facilement assimilable par les usagers, ce qui se fera probablement de manière progressive. Un pas incertain mais plein de bonne volonté vers la fin des files d’attentes interminables dans l’administration.

[[Carte midi: Carte nécessaire à la commande des repas et l’inscription aux accueils]]
[[CNFPT: Centre national de la fonction publique territoriale]]

Montpellier et internet : histoire d’un vide numérique

Malgré le dynamisme reconnu de la ville, sa présence sur la toile se fait hésitante. Entre le manque d’exploitation de la technique, pourtant accessible, et le peu de pluralité dans le contenu, Montpellier a encore des progrès à faire.

Les institutions se mettent au Web 2.0

À Montpellier, les habitants ont à leur disposition quatre sites internet institutionnels. Ces interfaces officielles ont pour but d’informer la population de la vie de la cité. Mais sont-elles réellement consultées ? Tour d’horizon des nouveaux moyens de communication institutionnelle.

Et s’il neigeait à Montpellier…

La capitale languedocienne échappe depuis fin novembre aux massives chutes de neige qui touchent une partie importante du pays. Certaines villes, comme Lyon, se sont retrouvées partiellement ou totalement bloquées. Face à ces risques, la mairie s’estime « préparée ».

Un manteau blanc recouvrant la place de la comédie, des files interminables de voitures ralenties par la poudreuse, une situation rarement connue dans la cité méditerranéenne. Un dispositif existe pourtant pour contrer les effets néfastes des intempéries neigeuses. « Il y a quatre entreprises d’astreintes du 1er décembre au 31 mars et une régie des ateliers si nécessaires, on a en tout une dizaine de saleuses opérationnelles », affirme un des responsables du service de génie urbain de la ville. Le déclenchement du mécanisme dépend de météo France, une fois l’alerte donnée, une cellule de crise se met en place et les machines sont réquisitionnées. « Il faut deux heures, soutient le technicien, entre le signal et le déploiement des épandeuses sur la ville. »

Si l’exécution du dispositif est rapide, il reste soumis aux priorités. Deux circuits de salage existent, « Il y a tout d’abord le circuit d’urgence, qui comprend les voiries structurantes, les plus stratégiques, comme les grands axes de circulation et les voies de bus. Vient ensuite le circuit inter quartier », explique le responsable de la mairie. Selon ce technicien, les épisodes neigeux dans le montpelliérain sont généralement trop faibles pour emprunter les deux : « L’année passée, le plan a été mis en place plusieurs fois. Mais avec 5 à 10 cm au maximum, seul le premier parcours est emprunté. Je suis arrivé ici il y a trois ans et nous n’avons jamais eu besoin d’activer le second. »

Des solutions alternatives

Montpellier

Mais la faible intensité habituelle de ce type d’intempérie dans la région ne met pas Montpellier à l’abri de chutes de neiges exceptionnelles. Lyon en a fait l’amère expérience fin novembre. Couvert par 25 cm de neige, la cité rhodanienne est restée bloqué plusieurs heures durant et les critiques ont fusé en direction des services municipaux. Gérard Collomb, maire de Lyon, a invoqué un sentiment d’impuissance devant les journalistes de sa région : « Fallait-il faire autre chose que ce qui a été fait pour gérer cet épisode neigeux ? » Un constat partagé par le responsable montpelliérain du génie urbain, « Collomb a décidé de ne pas renforcer le dispositif lyonnais contre la neige. Une décision qui se justifie, Ces phénomènes sont trop sporadiques, surtout ici et ne valent pas le coup d’effectuer d’onéreuses dépenses. »

Le rapport de force est pourtant déséquilibré entre Montpellier et Lyon.. Gérard Collomb revendique la disposition d’une centaine de camions. Dans une telle situation de blocage, Hélène Mandroux pourrait faire appel aux services de la préfecture, qui activeraient alors le PIAM, Plan Intempéries de l’Arc Méditerranéen. Dirigé par le préfet de zone, situé à Marseille, il permet, selon Christophe Donnet, responsable du service interministériel de défense et de protection civile, « la centralisation des pouvoirs décisionnaires, stratégiques et arbitrales ». Une décision qui permet l’intervention de la sécurité civile mais enlève tout pouvoirs au maire de la ville. Pour l’agent de l’État, « Il faut vraiment que la mairie soit dépassée pour faire appel à nous, mais ça permet l’intervention de nombreux acteurs comme la police, la gendarmerie ou la Croix-Rouge. »

Laurent Puigségur : « On est bien plus maître de son destin en sport qu’en politique »

Les sportifs de haut-niveau sont de plus en plus nombreux à s’engager en politique. Au niveau national comme local. Hautcourant est allé à la rencontre de Laurent Puigségur et Joël Abati, deux itinéraires croisés. Similaires mais différents. Portraits croisés de deux anciens partenaires de jeu. De capitaine à maire-adjoint, premier volet avec Laurent Puigségur.

Le handball, la passion du jeu

Il est des joueurs d’exception et des hommes de cœur, Laurent Puigségur est de ceux-là. A la fois talentueux et incontournable. Capitaine emblématique du Montpellier Handball, actuel MAHB, celui qui était surnommé Peggy a contribué aux premiers succès et à la réussite d’un club devenu meilleur club français et l’un des meilleurs européens. Arrivé dans l’Hérault en 1990, juste après un premier titre de champion de France gagné avec Nîmes, le pivot en gagnera neuf autres avec le MHB. Mais son palmarès ne s’arrête pas là : 6 fois vainqueur de la Coupe de France, 3 fois de la Coupe de la Ligue, vainqueur de la Ligue des Champions en 2003 et Champion du monde en 2001. C’est en 2006, que Peggy décide d’arrêter sa carrière de joueur professionnel. Mais, encore et toujours passionné par le handball, il est aujourd’hui entraîneur de l’USAM Nîmes/Gard en 1ere Division, une activité « très prenante ».

Avec un père professeur de gym, Laurent est, comme nombre de ses comparses, tombé dans la marmite du sport tout petit : « le handball était la cerise sur le gâteau ». S’essayant à de nombreux sports, il a rencontré l’entraîneur qui a fait la différence. Une femme. Celle qui « m’a fait rester dans cette discipline ». De doué pour le handball, il est devenu passionné. Et s’il est heureux de faire partie de la génération qui a popularisé ce sport, il dénonce un manque de considération pour la discipline handballistique : « il faut que tous nos exploits servent, qu’ils fassent évoluer les mentalités. Surtout les mentalités télévisuelles, pour que l’on considère le handball comme un sport phare en France. En plus, c’est un sport télégénique, rapide, avec un public familial, jeune. Il faut qu’il sorte de l’anonymat ». Et de rajouter : « les Experts viennent de faire quelque chose d’historique et d’extraordinaire. Il faut que cela serve ».

La politique, une opportunité

Laurent Puigségur vit à Jacou depuis une dizaine d’années. Alors, quand l’édile de la commune, Jean-Marcel Castet, lui demande de se joindre à lui pour les municipales en 2008, il saisit l’opportunité qui s’offre à lui. Il devient maire-adjoint et délégué à la communication. On pourrait se demander pourquoi Laurent a été élu à la communication et non au sport : « je suis du matin au soir dans le monde du sport, j’avais envie de voir autre chose. De plus, j’ai fait des études dans ce créneau ». En effet, après avoir stoppé sa carrière en 2006, Laurent Puigségur avait alors repris des études qui ont abouti à l’obtention du Dedpad (Diplôme d’état de directeur de projet d’animation et de développement). Il consacre actuellement environ une demi-journée par semaine à la mairie de Jacou. Ses tâches sont diverses : rédacteur-en-chef de l’Echo de la Mayre et du Mois à Jacou, journaux municipaux, chargé de la communication autour des manifestations culturelles, ou encore chargé de la finalisation du nouveau site internet de la mairie. Un petit niveau d’engagement politique municipal qui lui convient : « je n’ai pas d’autres ambitions politiques, ni de velléités à briguer des postes plus importants. Ce que je fais me plaît, c’est très intéressant. Mais, je ne sais pas si je me représenterai aux prochaines élections municipales ».

De sensibilité de gauche, Laurent n’est cependant pas encarté : « les appareils politiques ne m’ont pas donné envie de les rejoindre ». Pour lui, entrer en politique était « un moyen de pouvoir rendre tout ce que l’on a pu me donner en tant que sportif. Si je me suis engagé, c’était par envie d’aider mes concitoyens et de voir de l’intérieur ce qu’il se passe ». En effet, Laurent a décidé de se présenter en tant qu’adjoint pour servir les autres : « j’ai été éduqué de manière citoyenne. On m’a apprit le partage et à m’occuper des autres ». D’ailleurs, sa gentillesse et sa simplicité ont conquis tous ceux qu’il côtoie. Sa conception de la politique ? « Un moyen d’aider les gens, d’améliorer leur cadre de vie et leur sécurité, de proposer des offres culturelles intéressantes… », dit-il avec le sourire. Pour Laurent, les qualités essentielles, que ce soit dans le monde du sport ou de la politique, sont humaines : « c’est une question d’éducation et de valeurs ». Même si, selon lui, il n’y a pas de pont tracé entre le sportif et le politicien, l’ancien sportif voit des similitudes entre leurs deux parcours : « on a besoin des mêmes axes de motivation. Tout d’abord, le besoin d’unité : on doit former un groupe lié ou une liste cohérente. Ensuite, les élections, c’est comme un match : il y a la victoire ou la défaite au bout. Les deux pratiques se ressemblent : il faut aller au combat pour gagner ». Et c’est comme tout autre citoyen, que le sportif doit légitimement s’engager au sein de la cité : « il faut arrêter les préjugés disant que les sportifs ne sont pas à même de faire de la politique. Certains ont fait des études, sont intelligents et sont tout à fait aptes à mener certaines affaires ». Et de rajouter : « il faut que toutes les strates sociales, tous les horizons soient représentés. Cela créé du débat et permet aux électeurs de s’identifier à des élus ».

Les élections régionales, des élections compliquées

Laurent Puigségur n’a pas non plus sa langue dans sa poche. Il se montre très critique quant à la campagne de la gauche pour les prochaines élections régionales : « ce sont des élections compliquées, et je n’en pense certainement pas du bien ! La gauche devrait préparer un programme plutôt que de se diviser encore et encore, et détruire tout ce qui se fait de bien ». Et lorsqu’on évoque le fait que son ancien camarade de jeu, Joël Abati, se soit engagé dans la bataille des régionales aux côtés de Georges Frêche, l’ancien capitaine du MBH sourit : « c’est une excellente chose pour lui. Mais attention, la politique, ce n’est pas le sport de haut-niveau. Il faut qu’il fasse attention aux requins ». Pourquoi ? Dans le sport, il n’y a pas de requins ? « On est bien plus maître de son destin en sport qu’en politique. S’il est inscrit sur une liste, c’est que l’on compte sur lui… »

Julie DERACHE

Daniel Bodin, le questionnement social.

Dans le Hall de l’Hôtel de Ville de Montpellier, le photographe Daniel Bodin a exposé, du 13 au 23 octobre 2009, ses clichés pris lors de l’installation du village des Enfants de Don Quichotte en mai dernier, place du Peyrou à Montpellier. Il revient sur son expérience pour Haucourant.com.

Pourquoi avoir travaillé sur l’action des Enfants de Don Quichotte à Montpellier en mai 2009 ?

C’est avant tout la suite logique d’une démarche sociale que j’ai depuis quelques années. Je me penche en priorité sur les évènements sociaux et politiques. Cette expérience est un questionnement face à la régression sociale, une réflexion sur la nouvelle précarité qui s’installe dans notre société. Ce thème-là m’intéresse. Je voulais contextualiser les choses. Avec quelques-uns de mes contemporains, nous étions loin d’imaginer, dans les années 1970, qu’un mal être social tel que celui-ci nous toucherait. Nous sommes choqués face au monde d’aujourd’hui. Disons le clairement, c’est un retour au Moyen-âge. Ma démarche est simple : pourquoi aller jouer les grands reporters ailleurs, alors que la misère existe ici aussi, à Montpellier ?

J’ai approché les Enfants de Don Quichotte car c’est un très bon moyen pour communiquer avec les Sans Domicile Fixe. On a alors une facilité pour aborder le sujet. Dans la rue, il est délicat d’approcher une personne dans cette situation, comme ça, tout de go. Avec les Enfants de Don Quichotte, j’ai pu nouer des contacts avec eux. C’est très important pour moi car cela va me permettre d’approfondir le sujet. C’est exactement le même mode de fonctionnement que pour tout bon journaliste.

Qu’avez-vous voulu montrer sur vos photographies ?

J’ai une approche humaniste dans mes photographies. Je ne veux pas faire de misérabilisme, je veux sensibiliser avec des photos humaines. Alors, j’ai dû en lisser certaines. Par là, je veux dire que j’ai dû alléger émotionnellement la réalité pour qu’elle passe mieux. Je ne voulais pas montrer des gens en situation d’échec. Je voulais faire un constat ponctuel, faire ressortir l’humanité de l’individu, créer une fenêtre sur le monde. Mes photographies ne sont pas dimensionnées à la misère. Je m’exprime à travers la photographie. Cette exposition mériterait sans doute du texte, une légende, et même l’édition d’un livre. Mais je ne suis pas doué pour l’écriture, sinon je serais écrivain et non photographe. Il va falloir que je travaille sur le texte.

Quelle expérience ce fut pour vous ?

Ce fut avant tout un échange, un enrichissement réciproque. Cela m’a permis de revenir sur de nombreux préjugés que j’avais comme tout le monde malgré mon métier. Les SDF apparaissent souvent comme des personnes abruptes, baraquées, tatouées, dures. Finalement, ce sont des gens charmants. J’ai recueilli un nombre incroyable d’histoires personnelles extraordinaires, extrêmement difficiles à entendre pour le commun des mortels. J’ai fait un constat de la vie, avec une démarche sociale. J’ai aussi fait une autre découverte : le politique, à Montpellier, a un souci du social. J’en ai été étonné. Je ne le savais pas. Ce travail, au final, fut plus complet que je ne l’aurais imaginé.

Pourquoi cette exposition ?

Cela a été une volonté de la mairie de Montpellier. Au départ, elle n’était pas concernée par mon travail. Puis, peu à peu, elle s’est intéressée à ce que je faisais. Donc, elle m’a demandé d’exposer mes photographies dans le hall de l’hôtel de ville. J’ai été le seul maître d’œuvre. Mes partenaires ne savaient pas vraiment ce qu’ils attendaient de moi, ils m’ont alors laissé faire. J’ai donc dû tout conceptualiser. Cette exposition fut montée à l’emporte-pièce. Cela a été un vrai challenge !

Pourquoi certaines de vos photographies sont en noir et blanc, et d’autres en couleur ?

C’est une bonne question ! J’ai une attirance pour le noir et blanc. En faisant le tour de mes photographies pour l’exposition, je n’avais pas assez de matière dans ces tons là. Alors, j’ai fait le choix de mélanger deux sujets en une exposition. J’ai, d’une part, affiché un reportage journalistique, en couleur, à l’extérieur des panneaux d’affichage. Le néophyte accroche plus à la couleur. Comme en musique, il s’attache plus à une musicalité populaire qu’au jazz. Avec la couleur, j’ai voulu ramener de la légèreté. On réintègre le monde normal, la réalité. Puis, j’ai mis des photographies en noir et blanc, à l’intérieur, pour créer une intimité. C’est la partie galerie. Sur les portraits, je voulais donner un aspect plus dramatique.

Quelles ont été les réactions du public face à votre exposition ?

J’ai eu peu de retours. Globalement, on est allé vers un encensement de mon travail. Ce n’est pas un lieu idéal pour une exposition de ce type, pour que les photographies soient regardées avec sens. Le regard du commun est interrogatif mais glissant. Elles ont cependant été confrontées à un public large. La plupart du temps, on m’a félicité pour l’humanité de mes photographies. Il me manque toutefois l’avis de professionnels.