Dany Laferrière : « Je suis un écrivain du quotidien »

Écrivain haïtien de renom, Dany Laferrière propose dans son dernier roman, Tout bouge autour de moi, une vision au plus près de la population d’Haïti. Un an après le séisme, il revient sur les impressions vécues durant le drame et l’énergie déployée par les survivants.

Dany Laferrière était présent au moment du tremblement de terre qui a fait plus de 250 000 victimes en Haïti le 12 janvier 2010. C’est suite au drame que le citoyen qu’il est a commencé à écrire Tout bouge autour de moi. Son but : donner une autre image de la situation que celle renvoyée par les médias.
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Au plus près de la catastrophe, Dany Laferrière redécouvre le courage d’une population qui continue à vivre malgré tout. Dès le lendemain du tremblement de terre, la vie devait rependre son cours…
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Dans le monde occidental la situation d’Haïti touche et génère une solidarité internationale. Un après, la polémique enfle sur la non distribution de l’aide à la population. Pour Dany Laferrière, peu importe le montant de l’aide reçue, c’est la manière dont les Haïtiens survivent au quotidien qui compte.
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Sur le plan politique, les élections présidentielles du 28 novembre 2010 n’ont toujours pas abouti à la mise en place d’un gouvernement et les questions demeurent. L’arrivée surprise le 16 janvier 2011 de l’ancien dictateur Jean Claude Duvalier – dit Bébé Doc – n’arrange rien à l’affaire. Dany Laferrière était familier de ce personnage qui l’avait poussé à quitter le pays. Il s’est exilé à Montréal en 1976 après la mort d’un de ses amis journalistes opposant au régime, Gasner Raymond.
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Les médias nous on fait connaître une facette de la réalité haïtienne, les dégâts matériels et notamment les conséquences politiques et économiques du drame. Pour Dany Laferrière, l’être humain compte avant tout et les médias n’ont pas assez pris en compte la réalité du quotidien.
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Haïti : Un secouriste témoigne

A 24 ans, Christophe Urquia, sapeur-pompier et membre de l’ONG Secouristes Sans Frontières a participé au sauvetage d’une jeune Haïtienne, retrouvée vivante sept jours après le séisme, le mercredi 20 janvier. Rencontre.

Disqueuse thermique, groupes électrogènes, tentes, médicaments …
La mission de l’ONG Secouristes sans Frontières (SSF) en Haïti s’est achevée samedi 23 janvier. Aux associations haïtiennes, ils ont fait don de 20 000 euros de matériels techniques.
« On a laissé 800 kilos d’équipements, annonce Christophe, il nous faut tout racheter pour être prêt à repartir en cas d’urgence. » [[Adressez vos dons à l’ordre de : « Secouristes Sans Frontières » 21 rue des Roussottes 21 000 DIJON]]

Encore sous le coup de l’émotion, le jeune président de la délégation Aquitaine enchaîne les plateaux et les interviews. Raconter, au delà de la douleur, la tristesse et l’indescriptible odeur de mort, pour rappeler leur victoire. Elle porte le nom d’Hoteline Losana, une jeune Haitienne de 25 ans qui fait partie des 133 rescapés.

« Ses premiers mots ont été «Merci !»»

«C’est la concrétisation des années d’entraînements», apprécie Christophe.
Il aura fallu douze heures aux membres de SSF assistés par un groupe de pompiers Haïtiens et une équipe de secours américaine pour sortir la miraculée des décombres. Dans le fracas des marteaux piqueurs sur les dalles de béton, les secouristes se sont relayés pour préserver le contact avec la jeune femme.
« Je lui disais que l’équipe ne partirait pas tant qu’elle ne serait pas sortie.»

Au moment du séisme, Hoteline se trouvait dans un supermarché à la recherche d’un cadeau pour une amie. Les appartements situés au dessus du magasin se sont effondrés sur elle.
«Elle doit sa survie à une poche d’air. Quand le bâtiment s’est écroulé, elle s’est retrouvée coincée entre deux dalles de béton, soutenues par une table sous laquelle elle a pu se protéger.
Pour l’extirper, on a dû d’abord consolider la zone, puis évacuer un corps sans vie qui gênait le passage. Il n’ y avait pas d’autres survivants. C’est déjà miraculeux d’avoir sauvé une vie sept jours après le drame.
»

Après lui avoir administré une solution saline, Hoteline a été conduite dans un hôpital où elle a été soignée pour quelques égratignures.
« Ses premiers mots ont été «Merci !» Elle a ensuite demandé des nouvelles de son frère. Celui-ci, sans nouvelle de sa soeur, l’avait crue morte.» témoigne Christophe.

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«Un deuxième tsunami»

Pourtant, cette opération aurait pu ne jamais avoir lieu. Composée de cinq médecins, une infirmière et de spécialistes du sauvetage-déblaiement, les vingt volontaires de SSF n’ont pu atterrir à Port-au-Prince que quatre jours seulement après la catastrophe.
«Dans ce genre de mission, tout se met en place minutes par minutes et on ne pensait qu’à une chose partir.»
L’ONG a finalement réussi à décoller dimanche avec un avion de la sécurité civile.

«Les américains qui gèrent l’aéroport principal de Port-au-Prince, ont fait d’abord venir leurs équipes. Une fois installés, ils ont autorisé les autres équipes de secours du monde à venir. Ici, l’enjeu ce n’est pas les victimes, c’est celui qui aura le marché de la reconstruction. »

A leur arrivée, les bénévoles de SSF ont été accueillis par une cellule de l’ONU.
«D’abord, on s’enregistrait, puis on a monté notre campement sur l’aéroport et là, on a attendu qu’ils nous donnent des missions. Le premier jour, on nous a conduit dans un hôpital de campagne pour prodiguer des soins aux blessés. On a aidé l’équipe belge en place jusqu’au couvre-feu de 18 heures. »

Pour organiser l’aide, des réunions de l’ONU regroupant toutes les ONG sont prévues tous le matins à six heures et une autre le soir.
«Le mardi (ndlr : 19 janvier), on a décidé de trouver notre propre véhicule auprès de la population locale. On ne voulait plus être tributaire de l’ONU pour se déplacer. A partir de ce moment, on était autonome et on nous a confié des missions beaucoup plus intéressantes. C’est à dire des missions d’urgence et de fouilles pour lesquelles on est compétents et équipés.»

Dans les rues de la capitale, SSF a aussi porté secours à la population, «Les gens avaient besoin d’aide, ils venait directement à notre rencontre dès qu’on arrivait.»
Ce que Christophe dit garder en mémoire ce sont les visages des gens, les cris et toutes les habitations effondrées. «C’est comme un deuxième tsunami. Il y a tellement de détresse. Tous ces gens là ne vivent pas, ils survivent.»

Malgré des souvenirs qui l’ont marqués, Christophe a repris ce lundi son travail à la caserne de Langon, en Gironde. «Çà a été dur pour moi de rentrer en France et de retrouver le quotidien. J’aimerai y retourner pour les aider. J’ai pris contact avec des gens de là bas. Je ne compte pas les abandonner.»

Haiti: une mobilisation forte des assos de Montpellier

A Montpellier comme ailleurs, l’émotion est grande suite au séisme qui a ravagé Haïti, il y a 6 jours. Mais la mobilisation et la solidarité se mettent en place peu à peu.
Ce lundi 18 janvier 2010, à 19h, à l’appel de la Ville de Montpellier, des associations humanitaires et de la communauté haïtienne, un rassemblement de soutien à Haïti s’est tenu à la Maison des Relations Internationales.
Rencontre avec quelques unes des associations mobilisées: la Croix Rouge, le Secours Catholique… Sans oublier de petites associations locales comme les Amis des enfants d’Haïti, ou Energie Paillade, qui organisent des appels aux dons et différentes actions pour aider… d’ici.

Un lourd bilan et une aide internationale qui peine à s’organiser

Difficile d’y échapper, difficile de supporter les images dramatiques qui défilent en boucle dans tous les journaux télévisés de France. Il y a 6 jours déjà, un violent séisme a dévasté Haïti. Depuis, le monde a les yeux rivés sur ce territoire des Grandes Antilles. C’est un des pays les plus pauvres du Monde, qui est ravagé régulièrement par les cyclones, les inondations et les tremblements de terre. Ses habitants vivent avec moins d’1 euro par jour et 70% de la population est regroupée dans la capitale Port au Prince, qui a été littéralement détruite par le tremblement de terre.

Selon les dernières estimations, le nombre de 200 000 morts pourrait être atteint. Sans parler du million et demi de sinistrés, qui sont sans abris. Au fil des jours, le bilan risque encore de s’alourdir.

L’aide internationale (plus d’une trentaine de pays) est arrivée enfin, mais la mise en place des premiers hôpitaux de campagne, le sauvetage des survivants, et la distribution de nourriture et d’eau sont rendus difficiles par le climat de colère, de peur et d’incompréhension des populations. De nombreuses émeutes éclatent, chacun lutte pour sa survie. Alors, la Mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah) soutenue par la police haïtienne, circule sur les grands axes, pour évaluer les dégâts et assurer la sécurité à la fois des survivants et des secouristes. Malheureusement l’étendue du désastre est telle qu’ils sont débordés, même si lentement, une coordination et une logistique communes semblent se mettre en place, sous le leadership contesté des Etats-Unis.

Et à Montpellier?

A Montpellier, nous sommes nombreux à nous poser la même question: comment aider? C’est pourquoi ce lundi 18 janvier, une centaine de personnes s’étaient réunies à la Maison des Relations Internationales, pour ensemble s’organiser et proposer des projets pour soutenir la population haïtienne.
Plusieurs associations étaient présentes, mais aussi des membres de la communauté haïtienne, et de simples citoyens, touchés par ce drame et désireux d’aider d’une façon ou d’une autre.

A la délégation locale de la Croix Rouge de Montpellier, route de Mende, la mobilisation est totale. De nombreux bénévoles répondent au téléphone. Ils ont reçu de nombreux appels pour des dons ou « pour faire quelque chose, agir d’une façon ou d’une autre ». Les donateurs sont aussitôt redirigés vers le centre d’appel de la Croix Rouge Paris, qui centralise les dons. Richard Jens, président de la délégation départementale de l’Hérault, explique: « on a reçu beaucoup d’appels de personne qui veulent se rendre sur place pour aider, mais ils ne sont pas formés et pour l’instant nous avons déjà des équipes spécialisées sur le terrain. Je sais que c’est frustrant pour les gens, mais ce dont nous avons besoin pour le moment, c’est de fonds. Pour la reconstruction du pays, il y aura par contre sans doute besoin de volontaires. » Et d’ajouter: « Nous menons l’opération de façon bilatérale avec la Croix Rouge Haiti, dont tous les volontaires sont sains et saufs. J’étais particulièrement inquiet car je les ai formés à l’international il y a quelques mois, avant qu’ils ne partent. »
Cette association, présente depuis 13 ans à Haïti, donne la priorité dans un premier temps à l’eau et à la prise en charge des personnes. Elle a envoyé jeudi 14 janvier, un nouvel avion pour aider ses équipes déjà à pied d’œuvre.

Le Secours catholique collabore étroitement avec ses partenaires Caritas et en particulier Caritas Haïti dont les membres interviennent sur place, mais aussi avec les délégations de Guyanne, Martinique et Guadeloupe, plus proches géographiquement. Au niveau local, des appels aux dons vont être lancés dans les paroisses. Une petite équipe à Paris s’est rendue sur place, et fait un résumé quotidien de l’état de la situation. Micheline Gojon, présidente d’une délégation dans les Alpes de Haute-Provence, ajoute « Dans un premier temps, c’est priorité à l’urgence, puis dans un second temps, il s’agit pour nous d’une action à long terme. Pour aider à la reconstruction, nous apporteront des produits de première nécessité et d’hygiène. Puis nous favorisons l’économie locale via le commerce local, les transports locaux… »

Au cours du débat, les témoignages poignants se sont succédés, poèmes, discours de soutien, informations sur le parrainage d’enfants haïtiens, ou simples remerciements. Comme ceux d’un étudiant haïtien qui évoque pudiquement « plusieurs amis d’enfance disparus. » Il ajoute: « Un grand merci à vous tous d’avoir une pensée pour eux, tous les Haïtiens sont touchés par la solidarité internationale ». Mais il déplore « le manque de visibilité de Haïti dans les médias, hors catastrophe de ce genre, et le fait qu’il y ait si peu d’investissements étrangers et français dans ce pays. »

50 000 euros versés par la Ville

Hélène Mandroux et son adjoint au rayonnement international et co-développement, Jacques Touchon étaient également présents. Mme le maire explique que ce rassemblement « est une réaction humaine de solidarité. »Quant à l’implication de la mairie, elle ajoute « qu’une subvention de 50 000 euros va être allouée à une association internationale qui sera chargée de redistribuer l’argent, comme ce fut le cas lors du tsunami. Une réflexion est également menée afin de participer à un projet de reconstruction d’école sur place. »

L’émotion est grande dans la salle et l’envie de faire quelque chose d’aider, d’agir, est palpable. Un homme, auto-entrepreneur propose ses services pour organiser des soirées dansantes à toutes les associations qui le désirent, pour récolter des fonds. Le tout gratuitement. Mohamed Oujebour , le président de l’association Energie Paillade, visiblement touché, ajoute : « Dans les quartiers populaires, nous voulons aussi nous mobiliser. On va essayer d’organiser un repas pour récolter des fonds ».
D’autres échangent des numéros, des contacts à l’image du président de l’association Les amis des enfants d’Haiti., Bénédique Paul. Cet haïtien d’origine a été particulièrement touché par le drame, puisque ses proches vivent à Port au Prince:  » Dans les provinces ça va, on a des nouvelles, mais à Port au Prince c’est plus dur d’en avoir, même si on a des membres de l’association sur place pour nous renseigner. Je peux d’ailleurs peut-être aider si certaines personnes veulent retrouver des gens sur place ». Dès l’annonce du séisme, il a lancé un appel au don sur le site de son association qui fonctionne sur un système de parrainage d’enfants. Son idée du débat est simple : permettre aux gens de participer, de donner des idées et de les développer via l’association. Déjà, un vernissage est prévu ainsi que deux concerts de solidarité avec différents artistes: le jeudi 21 janvier dans une salle généreusement octroyé par la municipalité de Baillargues. Et le week-end du 23 et 24 janvier, la municipalité de Montpellier mettra à disposition de l’association une salle pour un nouveau concert de soutien. (dates, heures et lieux à confirmer sur leur site.)

L’important maintenant va être de réinventer ce pays totalement dévasté. Et de ne surtout pas relâcher la mobilisation, une fois que les caméras seront éteintes, et remettront sous les projecteurs le débat sur l’identité nationale. Haïti n’est en effet sous les feux de la rampe que lorsqu’il est ravagé par une catastrophe ou une autre. Pourtant, outre son extrême pauvreté, ce pays des Caraïbes abrite une culture très riche et surtout un lien spécial avec la France que peu connaissent…Un pays qui mérite d’être connu et reconnu par tous, médias en tête, même lorsqu’il n’est pas frappé par un séisme de magnitude 7.

Le président Abdoulaye Wade plaide pour le retour des Haïtiens en Afrique en les accueillant au Sénégal.

Décidément le Président Abdoulaye ne finit pas de surprendre. Face à la mobilisation générale suite au tremblement de terre en Haïti, le voilà qui propose une idée pour le moins surprenante: le retour des Haïtiens en Afrique.

Après le séisme qui a frappé Haïti, la solidarité internationale s’organise partout à travers le monde. Les gouvernements, les associations, les citoyens du monde, chacun y participent à sa manière.
Le président du Sénégal Abdoulaye Wade vient de s’illustrer encore une fois en proposant d’accueillir les Haïtiens au Sénégal. Il a certes, apporté un soutien financier mais c’est surtout son idée que l’on retient. Il l’a résumé ainsi:
«La récurrence des calamités qui tombent sur Haïti m’amène à proposer une solution radicale: créer en Afrique, quelque part, avec des Africains bien entendu, avec l’Union africaine, un espace, à déterminer avec des Haïtiens, pour y créer les conditions de retour des Haïtiens,».
Le secrétaire général du parti socialiste sénégalais Ousmane Tanor Dieng parle d’une proposition qui fait «honte au Sénégal» avant de rajouter «C’est une proposition incongrue et cela montre les limites de M. Wade»

Devant le drame haïtien il pourrait sembler déplacé de penser à soi même. Mais
la banlieue sénégalaise connait depuis des années des inondations à chaque saison des pluies. A cela s’ajoute le chômage de ses habitants et la fuite des jeunes vers d’autres horizons. Et ces problèmes ne sont toujours pas résolus jusqu’à présent.

Certes l’Afrique et le Sénégal disposent de terres pouvant accueillir leur frères haïtiens et l’idée est salutaire mais les haïtiens voudront -ils quitter leur pays malgré tout?

http://s.tf1.fr/mmdia/i/34/7/corps

Les Etats-Unis maîtres de l’humanitaire en Haïti

En décidant de contrôler l’aéroport de Port au Prince, les Américains ont pris en charge la coordination de l’aide humanitaire en Haïti. Cette décision fait polémique puisque, entre le vendredi 15 janvier et le samedi 16 janvier, deux avions français n’ont pas pu atterrir dans la capitale haïtienne. Bien plus qu’un élan humanitaire, le secours d’Haïti semble être, pour les États-Unis, un enjeu politique.

Les USA contrôlent le ciel d’Haïti

Six jours après le séisme de magnitude 7 qui a frappé l’île d’Haïti, les Américains ont décidé de prendre en charge la coordination de l’aide humanitaire en prenant le contrôle de l’aéroport de Port au Prince. Barack Obama, qui avait annoncé qu’il était prêt à débourser sur le champ plus de 100 millions de Dollars pour venir en aide aux sinistrés, a également envoyé un porte-avion à propulsion nucléaire, l’USS Carl Vinson avec dix-neuf hélicoptères à son bord. Ce bâtiment naval servira notamment de base flottante pour les rotations des aides aériennes. De plus, depuis le weekend dernier, quelques 4 200 militaires américains sont sur la zone et 6 300 troupes supplémentaires sont attendues d’ici le début de cette semaine.

Des avions interdits d’atterrir

Les États-Unis, en mettant en place de tels dispositifs, ont la volonté de mettre fin à la situation chaotique du cheminement de l’aide humanitaire et d’endiguer les émeutes qui ne cessent de progresser chaque jour dans la capitale haïtienne. Le problème est, qu’entre le vendredi 15 janvier et le samedi 16 janvier, deux avions français n’ont pas pu atterrir sur le petit aéroport de Port au Prince par ordre des forces américaines qui ont privilégié l’atterrissage de leurs propres avions. Le premier avion français transportait un hôpital de campagne et l’autre était un avion-cargo affrété par Médecins Sans Frontières avec à son bord un hôpital chirurgical gonflable.

Si le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, sur le plateau d’Europe 1 a voulu éviter toute polémique en affirmant que la décision américaine «est tout à fait heureuse» , l’association Médecins Sans Frontières (MSF) émet des réserves. En effet, MSF a lancé, dimanche 17 janvier, un appel d’urgence en demandant que «les avions-cargos transportant du matériel médical et chirurgical d’urgence soient autorisés à atterrir en priorité à Port-au-Prince afin de soigner les milliers de blessés en attente d’opérations chirurgicales vitales.» Les médecins n’ont pas été les seuls à s’inquiéter de l’autoritarisme américain. Alain Joyandet, secrétaire d’État chargé de la Coopération et de la Francophonie avait dénoncé «un manque d’arbitrage ou de discernement» de la part des Américains.

Des intérêts colossaux pour les Américains

C’est sans véritable concertation internationale que les États-Unis ont pris la décision d’organiser à eux seuls la coordination de l’aide humanitaire. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette démarche.

Tout d’abord, les États-Unis sont historiquement liés à Haïti. De 1915 à 1935, les Américains ont occupé l’île. Sous cette occupation, Haïti revint temporairement à la stabilité, mais au prix de révoltes sociales qui allaient favoriser l’arrivée au pouvoir des militaires. Washington mit en place un gouvernement soumis à ses volontés et s’engagea en contrepartie à fournir au pays une assistance politique et économique. Toutefois, rappelons qu’en 1918, les Américains réprimèrent dans le sang une révolte paysanne qui fit plus de 15 000 morts. L’hostilité de la population à l’égard de l’occupant progressa et conduisit finalement, en août 1934, au départ des Américains. Mais, la relation entre les deux États, et l’influence américaine ne s’est jamais véritablement éteinte. Si bien que plus d’un demi million d’Haïtiens résident actuellement aux États-Unis.

Mettre en place «l’une des plus grandes opérations de secours de l’histoire» est aussi un bon moyen pour les États-Unis de mettre entre parenthèse leur image expansionniste, la guerre en Irak et les conflits en Afghanistan. C’est aussi une méthode pour donner un second souffle à Barack Obama embarrassé par un prix Nobel de la paix qu’il ne peut pas vraiment assumer.

Enfin, les USA sont certainement les seuls à pouvoir mettre en œuvre une telle logistique. Ce qui fait d’eux les mieux placés pour organiser l’aide humanitaire.

En revanche, cette gestion autocratique ne doit pas engendrer des tensions avec les autres pays au risque de faire oublier le principal objectif : reconstruire Haïti.

Pour aller plus loin

www.wsws.org/francais/News/2010/jan2010/hait-j18.shtml

http://structures.ac-martinique.fr/cdi/pages/histoirhaiti.htm

http://www.humanite.fr/article2758879,2758879