Les sportifs français ont le vent en poupe.

Un week-end des 23 et 24 octobre haut en couleur pour le sport français. Les montpelliérains ont fait bonne figure dans le top 14 et en Ligue 1. En gymnastique, Thomas Bouhail devient le premier champion du monde français d’après guerre.

L1 : la Bretagne garde la tête

La 10ème journée de Ligue 1 nous a tenu en haleine jusqu’au dimanche soir. Rennes conserve la tête du championnat malgré une première défaite de la saison face à Montpellier (0-1). C’est Marseille qui accède à la deuxième place grâce à une victoire écrasante à Lille (1-3) avec un doublé de l’international français Loïc Rémy. Ce succès marseillais fait rétrograder Saint-Étienne, qui concède le match nul à domicile face à Caen (1-1). Les verts ne sont pourtant pas passés loin de la victoire synonyme de première place au classement. Dimitri Payet, récemment sélectionné en équipe de France, a loupé un penalty dans le temps additionnel. Rennes n’est pas la seule équipe bretonne en tête du championnat. Brest qui est allé s’imposer 0-2 à Bordeaux est désormais quatrième. Dimanche, Arles-Avignon a obtenu son second point de la saison en arrachant le match nul (1-1) face à Lyon a qui tout réussi en ligue des champions mais pas en championnat. Le Paris-Saint-Germain n’est pas en forme non plus. Malgré leur défaite 2-3 contre Auxerre, Nenê a tout de même inscrit le but le plus rapide du championnat 2010-2011 après 50 secondes de match.

Top 14 : Montpellier leader

Du côté du ballon ovale, après la deuxième journée de la coupe d’Europe la semaine dernière, le Top 14 reprenait ses droits ce week-end. Le Racing-Métro 92 a ouvert les débats vendredi soir en recevant Bayonne. Victoire des parisiens sur le fil (15-9) dans un match sans essai. Samedi, Toulouse et Montpellier ont brillé sur leur pelouse. Les toulousains ont battu Perpignan (38-29) obtenant le point du bonus offensif. Les Montpelliérains ont eux pris la tête du championnat en assurant face à Bourgoin. Ils se sont imposés 28-3 obtenant aussi le point du bonus offensif (voir l‘article sur Haucourant, « Montpellier peut mieux faire»). Les toulonnais rétrogradent à la quatrième place après leur défaite face au stade français 22-15.

Deux frenchies qui ont la cote

Ce dimanche 24 octobre, deux français se sont distingués. A Rotterdam, Thomas Bouhail, gymnaste de 24 ans, a été sacré champion du monde dans le concours du saut de cheval. Le vice-champion olympique offre ainsi la première médaille de ces championnats du monde à l’équipe de France. Il devient le premier gymnaste français à obtenir ce titre depuis l’après-guerre.
Un habitué des podiums, Sébastien Loeb, a aussi fait parler de lui. Il a remporté la 61ème victoire de sa carrière, la 7ème de la saison en terminant en tête du rallye de Catalogne.

En sport automobile, le week-end a aussi été marqué par le premier grand prix de Corée du Sud en Formule 1 qui s’est disputé sur le circuit de Yeongam. A l’issue d’une course largement perturbée par la pluie et les nombreuses sorties de route, Fernando Alonso s’est imposé, prenant la tête du classement des pilotes.

A suivre cette semaine à Montpellier, le premier Open Sud de France à l’Arena où sera présente l’élite du tennis français.

Montpellier peut mieux faire

Sans être véritablement convaincant, le Montpellier Hérault Rugby (MHR) est venu à bout de Bourgoin (CSBJ) sur le score de 28 à 3. En empochant le point de bonus offensif, le MHR retrouve le haut du classement et enfonce un peu plus son adversaire vers la Pro D2.

Après deux semaines dédiées à la coupe d’Europe de rugby, retour au Top 14 ce week-end, avec la dixième journée du championnat de France. Samedi 23 octobre, Montpellier recevait Bourgoin.
L’équipe berjallienne se déplaçait dans l’Hérault amputé de 16 titulaires potentiels, soit plus d’une équipe complète. En face, Fabien Galthié, l’entraineur du MHR, avait décidé de titulariser une nouvelle fois des joueurs qui avaient donné entière satisfaction en coupe d’Europe. Le demi de mêlée Paillaugue et le troisième ligne centre Giraud étaient donc sur le terrain au coup d’envoi pour essayer de se relancer après la lourde défaite face au Stade Français lors de la dernière journée.

Dès l’entame du match, les visiteurs ont rapidement mis la main sur le ballon. Par deux fois en l’espace de cinq minute, ils ont eu l’occasion d’ouvrir le score. Malheureusement pour eux, le centre Dumoulin puis l’ouvreur Viazzo ont échoué dans leurs tentatives de tir au but, suite à des fautes au sol montpelliéraines. Sur leur première incursion dans le camp adverse, Trinh-Duc profitait d’une pénalité jouée rapidement pour envoyer son ailier Pelo aplatir le premier essai du match, en coin (6ème). Un essai non transformé. Une première mi-temps où Montpellier a dominé en touche et en mêlée mais a commis trop de fautes, laissant à l’adversaire la possibilité de recoller au score en multipliant les pénalités. Mais par deux fois, le CSBJ manquait la mire par Viazzo et l’arrière Tian. À l’inverse, les locaux se montraient intraitables dans cet exercice grâce à la botte de Benoît Paillaugue qui passait trois pénalités durant les quarante premières minutes. Le CSBJ arrivait finalement à ouvrir son compteur point à la 36ème minute. Dans une rencontre hachée par les fautes et des défenses bien en place, Montpellier virait en tête à la pause sur le score de 14-3.

Un bonus tardif

En seconde période, les joueurs locaux ont rapidement montré leur intention de gagner avec le point de bonus offensif. Aucune des pénalités en leur faveur n’ont été tentées, préférant envoyer la balle en touche pour se rapprocher de l’en-but adverse. Bourgoin réussissait à tenir le choc pendant près d’un quart d’heure. Mais une bagarre générale envoyait les deux numéros sept, Gorgodze pour le MHR et Tulou pour le CSBJ, dehors pendant dix minutes (48ème). Bourgoin recevait même un second carton jaune par l’intermédiaire de Dumoulin pour une faute au sol. Pendant cette période à 13 contre 14, les montpelliérains ont réussi à franchir la ligne grâce à leur ailier Nagusa (56ème). À partir de ce moment, les quelques pénalités obtenues par les visiteurs ont été bottées en touche pour tenter de revenir le plus rapidement au score, sans succès. Avec deux essais marqués, Montpellier n’était plus qu’à un essai du point de bonus offensif. A la suite d’un maul, c’est le talonneur remplaçant Rofes qui s’en allait aplatir derrière la ligne, pour un score final 28 à 3.

Contrat rempli pour les hommes de Fabien Galthié et d’Eric Béchu, non sans difficulté. Face à une équipe de Bourgoin courageuse en défense mais trop limitée, les locaux ont eu du mal à alterner le jeu, ne réussissant à marquer le point de bonus offensif qu‘en fin de rencontre. À noter toutefois le très bon match de l’ouvreur international François Trinh-Duc. De bon augure pour lui à quelques jours de l’annonce des joueurs sélectionnés pour la tournée d’automne du quinze de France.
Montpellier se repositionne à la première place du classement, à égalité avec Toulouse et Le Racing-Métro 92. Bourgoin se retrouve 13ème juste devant Agen.

La mauvaise éducation

Bagarres générales, contrôles anti-dopages positifs, critiques de l’arbitrage. Rien ne va plus. Ou rien ne semble plus aller en Pro D2 et dans le rugby français en général.

Le 11 avril, la commission de discipline de la Ligue a frappé fort : neuf joueurs, impliqués dans les pugilats des rencontres Agen-Mont-de-Marsan et Pau-Toulon fin mars, ont été sanctionnés de 20 à 60 jours de suspension. La Ligue a également rendu son verdict concernant les clubs : 10 000 € d’amende pour chacun des fautifs.
Fait ponctuel, problèmes d’arbitrages ou généralisation d’une certaine violence dans le rugby ?

Le rugby est-il devenu plus violent ?

« Ce sont les bagarres les plus incroyables, les plus grosses que je n’ai jamais vues » confiait récemment, le talonneur All Black de Toulon Anton Oliver dans les colonnes de L’Equipe. A l’écouter, la Pro D2 serait presque une boucherie, un championnat où l’on pratiquerait « une façon très négative de jouer au rugby ».
Pour autant, le XV ne deviendrait pas plus violent qu’il ne l’était. Jean-Christophe Gastou, arbitre international qui a officié lors du dernier derby basque de Top 14, explique que « dans toutes les saisons il y a un ou deux week-ends chauds. Mais il n’y a pas de quoi s’affoler. La pression de la fin de saison qui approche fait inévitablement monter l’adrénaline ». Car le Top 14 est lui aussi touché par ces « incidents ». Lors de la rencontre Stade Français-Montpellier du 5 janvier, une « distribution de marrons chauds » a entraîné la suspension des talonneurs des deux clubs.
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Pour Didier Nourault , directeur sportif du MHRC, le rugby d’il y a vingt était encore plus acharné. « C’était l’âge de pierre ». Jean-Christophe Gastou ne le contredit pas. « C’est un sport beaucoup plus propre qu’avant et le professionnalisme y est pour beaucoup. »
Même si le manager montpelliérain approuve l’exemplarité des sanctions prises par la commission de discipline, il regrette que certains gestes tout aussi graves n’aient pas été punis plus tôt. L’image du rugby est en jeu.

« J’ai peur que le rugby ne se footballise »

« C’est un sport de combat. Or lorsqu’il y a combat, il faut qu’il y ait des règles strictes. Il ne s’agit pas d’aseptiser ni le combat, ni le rugby. Une mêlée relevée, ce n’est pas dans les règles. Qui a dit qu’au rugby on pouvait mettre un coup de poing ? On doit gagner ce combat sur des plaquages, des percussions ou sur des évitements. C’est un sport loyal » s’emporte le technicien de Montpellier, qui s’interroge : « Quel rugby veut-on mettre en place pour pour les cinq ou dix années à venir ? Avec quels hommes ? Avec quel public ? »

Une loyauté que remet cruellement en cause Anton Oliver.bagarre1_vsagen_maxppp.jpg
« En Nouvelle-Zélande, le jeu déloyal est strictement sanctionné. (…) Mais ici ce n’est pas pareil » affirme le futur retraité qui pointe également les défaillances de l’arbitrage en Pro D2, radicalement moins performant qu’en Top 14, selon lui. « Le niveau des arbitres en Pro D2 est très faible ».

Face à ces attaques, pas les premières, Didier Nourault défend le corp arbitral : « Il nous faut de jeunes arbitres. Une relève. Si on ne met pas ces jeunes en pro D2 pour qu’ils apprennent, on ne peut pas les mettre non plus directement en top 14. Si on agit comme cela, dans deux ans, on n’aura plus d’arbitres ! On tolère que de jeunes joueurs puissent faire des erreurs sur le terrain. C’est pareil pour les arbitres. »
Refusant de s’exprimer sur les sanctions prises par la Ligue, M. Gastou conclut, un brin embêté : « J’ai peur que le rugby ne se footballise ».
Tout est dit !

 » Il y a 20 ans, c’était l’âge de pierre »

Après les bagarres générales qui ont terni de nombreuses rencontres de Top 14 ou Pro D2, Didier Nourault, directeur sportif du club de Montpellier, nous livre son avis de technicien. Entretien

Quel regard portez vous sur les bagarres qui ont émaillé le Top 14 et la Pro D2 récemment ?

C’est inadmissible. Le sport professionnel se doit d’être un exemple. On est loin de l’objectif premier du sport. Le rugby a la chance d’avoir une bonne image et il faut que les acteurs de ce sport y contribuent si l’on veut que les spectateurs suivent. Il faut que notre sport reste un sport de voyous pratiqué par des gentlemen. Il faut rester dans cette culture.

Y a-t-il plus de bagarres qu’auparavant ?

Pour avoir connu le rugby il y a 20 ans, il y en a moins. Là, il y a eu un accès de fièvre et il faut trouver les bons médicaments. Le rugby a changé depuis qu’il est devenu professionnel. Il a évolué et n’a plus rien à voir avec ce qu’il était il y a 5 ans. Il y a 20 ans, c’était « l’âge de pierre ». Quand on est professionnel on a des devoirs. Le premier étant de respecter les règles. C’est la même chose pour le dopage. Il faut qu’il y ait des controles et des sanctions.
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« Lorsqu’il y a combat, il faut qu’il y ait des règles »

Que pensez vous des sanctions de la Ligue?

Quelques soient leurs sanctions, je les pense adéquates. Mais s’il y avait eu des sanctions sur d’autres gestes, plus tôt, on en serait pas arriver là. J’ai vu des gestes, en Top 14 ou en Pro D2, qui n’ont pas été sanctionnés et qui sont inadmissibles au haut niveau. Les sanctions n’ont peut-être pas été prises au moment adéquat. Je milite pour qu’il y ait au niveau de la Ligue, une commission d’éthique qui visionne tous les matches et qui puisse prendre les sanctions appropriées.

Tente-t-on d’aseptiser le rugby?

En effet, c’est un sport de combat. Or lorsqu’il y a combat, il faut qu’il y ait des règles. Il ne s’agit pas d’aseptiser ni le combat, ni le rugby. Une mêlée relevée, ce n’est pas dans les règles. Qui a dit qu’au rugby on pouvait mettre un coup de poing? On doit gagner ce combat sur des plaquages, des percussions ou sur des évitements. C’est un sport de combat loyal, qui est limité par des règles.

En Pro D2, des arbitres expérimentés auraient-ils pu éviter ces dérapages ?

Un arbitre expérimenté aurait pu tenir mieux certains matches. Mais il nous faut des jeunes arbitres. Si on ne met pas ces jeunes arbitres en pro D2 pour qu’ils apprennent, si on agit comme cela, dans deux ans, on n’aura plus d’arbitres ! On doit tolérer qu’ils fassent des erreurs. Il faut que le rugby soit une cohérence. Son avenir est en jeu

Nalaga, nouvel empereur du Top 14

L’ASM Clermont Auvergne possède le nouvel empereur du rugby, il se nomme Napolioni Vonwale Nalaga. Meilleur marqueur d’essais du Top 14, le Fidjien est devenu en quelques semaines et seulement sept matchs, l’homme à abattre pour les défenses adverses. Portrait d’un joueur hors norme.

Chaque saison, la longue coupure du tournoi des six nations est un réel problème pour les grosses cylindrées du championnat qui se voient privées de leurs meilleurs éléments appelés en sélection. Cette année, les équipes françaises les plus représentées lors du tournoi étaient Clermont, Montpellier et Toulouse. Pourtant les Montferrandais n’ont pas semblé faiblir durant l’absence de leurs internationaux, parmi lesquels les ailiers Rougerie et Malzieu. Bien au contraire, le peuple auvergnat a vu éclore une pépite Fidjienne qui marque des essais comme elle enfile des perles.

« C’est le nouveau Lomu! »

En seulement sept matchs, Nalaga a frappé 11 fois, dont quatre rencontres d’affilé marquées par un doublé. Résultat, huit victoires consécutives pour l’ASM, dont sept agrémentées du point de bonus offensif et une première place en championnat. En 2006, la Coupe du Monde des moins de 21 ans est organisée en Auvergne. Les dirigeants clermontois découvrent alors le phénomène Nalaga. Jean-Marc Lhermet, le manageur du club raconte : « Nous l’avions repéré en juin 2006 lors du championnat du monde des moins de 21 ans. Nous l’avons suivi après, et nous lui avons proposé de venir faire un essai chez nous. Dès son premier entraînement, on a vu qu’il était hors-norme. Pour moi, c’est le nouveau Lomu! Son raffut est terrible, il ne donne pas l’impression d’aller vite, mais il est très difficile à prendre. »

Une force de la nature

Les défenses n'ont toujours pas résolu le casse-tête Nalaga

Chez les Nalaga, le rugby est une affaire de famille. Kavekini Nalaga, le père, faisait parti de le l’équipe des Fidji battue par la France en quart de finale de la coupe du monde 1987. « Napo » discute beaucoup avec son père et suivant ses conseils, il débarque en terre auvergnate durant l’hiver 2007. Ayant l’habitude d’évoluer au centre ou même en troisième ligne, le Fidjien est replacé à l’aile par le staff clermontois. « Je préfère tout de même évoluer à l’aile : les coéquipiers me passent le ballon et je n’ai plus qu’à foncer », avoue l’intéressé. Il débute avec les espoirs et très vite intègre l’équipe première. Malheureusement, une blessure au genou lors de son premier match contre Brive en mai 2007 le coupe dans son élan. Qu’importe ! Du haut de son mettre 87 et ses 104 kg, Napolioni est une véritable force de la nature. Les médecins lui prédisaient cinq mois d’arrêt pour son entorse du genou. Il n’en fut rien. « Physiquement, Napo est déjà hors norme. Quant au délai de retour après une telle entorse, je pense que c’est du jamais vu », dixit Jean-Marc Lhermet.

Une intégration « paradisiaque »

Il explose cette saison et permet aux Clermontois de posséder un sacré carré d’as sur les ailes avec Rougerie, Malzieu, Delasau et Nalaga. A gauche, la concurrence est ouverte avec le néo-tricolore Julien Malzieu. Un banc très fourni, c’est sans doute le petit plus qui a manqué aux jaunes et bleus en finale du championnat l’an dernier. Son intégration dans l’équipe s’est opérée d’autant plus facilement que l’équipe comptait déjà deux fidjiens dans ses rangs : Baï et Delasau. Son autre soutient, il va le chercher dans la religion. « Je veux devenir le meilleur. C’est l’un de mes objectifs. Dieu m’y aide. Comme il m’aide dans tout ce que j’entreprends ». Son doigt pointé au ciel à chacune de ses réalisations n’a rien d’un hasard. Le dimanche, il invite les autres Fidjiens qui jouent dans les alentours. « Nous entonnons des chants gospel et nous prions. C’est une façon de nous retrouver ensemble et de vivre notre religion ».
La paire d'ailliers fidjien de Clermont
Le public des jaunars est aux anges et Nalaga pourrait bien devenir l’empereur du Stade Michelin tout comme un certain Merceron en était le président en son temps. Pour l’heure, les Clermontois se déplacent ce weekend chez le dauphin Toulouse pour le match au sommet du Top 14. Une affiche à faire trembler des ailiers Toulousains pourtant très en verve cette saison.