Le Poing : un journal étudiant militant pour l’UM1

Initiative d’élèves de l’UM1, le Poing est un nouveau journal à tendance sarcastique et militant. Sa première bataille ? La situation précaire de Paul Valéry. Rencontre avec Jules, son créateur.

Environ six pages, une typo simple et bi-chromique, du militantisme, des articles « de fond, avec un vrai travail intellectuel », des caricatures, des critiques ciné, des jeux et un horoscope pour ceux qui n’attendent rien des astres : ainsi pourrait-on sommairement décrire « le Poing ». Mais, le Poing, c’est quoi ? Allons, faites un effort. Pour les plus fins observateurs, vous avez sans doute déjà aperçu ce feuillet sillonner les couloirs de la fac sans savoir exactement de quoi il s’agissait. Ça tombe bien, nous avons rencontré Jules, son créateur, pour éclaircir l’affaire.
Jules est étudiant en troisième année en Science politique à la fac de droit (UM1). Pour lui l’aventure journalistique a « commencé avec un tractage sur la lutte à Paul Valéry » car, s’il y a bien une chose à retenir sur ce journal étudiant c’est son fil d’or : « le militantisme ». De gauche, engagé depuis de nombreuses années, Jules souhaite à son échelle « faire vivre une certaine presse populaire » et tient à ce que le journal soit distribué directement de mains à mains « comme au XIXe siècle » affirme-t-il. 1472048_664032583630727_1333912941_n.jpg

Aussi, deux fois par mois, le jeudi, son équipe et lui distribuent devant la fac leur canard à prix libre. Un moyen aussi d’engager la personne qui l’achète : « payer pour un journal c’est aussi un acte militant ». Et si les exemplaires ne sont pas tous partis, tant pis, les numéros restants ne seront pas distribués le lendemain, « mais cela n’est pas encore arrivé », assure Jules. Il voit dans ce journal « un moyen d’éducation populaire » et souhaite « lutter contre la morosité intellectuelle ambiante imposée par la quasi-totalité de nos grands médias » (peut-on lire au dos du numéro 2), qui pour lui « ne disent rien ». Ambitieux, il place le Poing dans la lignée de Charlie Hebdo ou encore Fakir.

Pour plus d’impact, une association est en cours de création

Le paradoxe ? Il ne souhaite pas faire carrière dans le journalisme. Cependant, Jules n’hésite pas à donner de sa plume pour la liesse populaire. Mais qui sont ceux qui donnent souffle au Poing ? Tout le monde. Des camarades de classe, d’autres de la fac de droit, des parents (parfois), bref tout ceux qui le veulent. Si vous voulez participer, il suffit d’envoyer un mail et de proposer votre plume. Car le journal vise également à faire « révéler des talents qui n’auraient peut-être pas eu le loisir de s’exprimer autrement ». Certains signent à visage découvert, d’autres d’une simple initiale, car s’affilier à un journal militant peut être mal vu. Et Jules a dû faire face, parfois, à des réflexions du type « pas ici, pas en fac de droit ». Mais des critiques, il n’en a que faire. Les soutiens sont nombreux et pour que le phénomène gagne en ampleur, une association, le Poing Asso est en cours de création. Elle aura pour but, avant tout, de simplifier l’accès aux subventions et aux dons. Car, Jules a dû casser sa tirelire pour imprimer les 700 premiers exemplaires. Le second numéro, aux 1000 exemplaires, a été distribué le 28 novembre dernier, jour de la diffusion des Nouveaux chiens de garde à la fac de droit, avec la présence de Pierre Carles.

1234855_664005983633387_1079274255_n.jpgC’est aussi ça l’ambition du journal. Faire le lien avec des journalistes, des hommes politiques ou encore des historiens, programmer des conférences en rapport avec la science politique et les débats de société actuels. À terme, l’équipe compte pérenniser le projet (au moins sur 2 ou 3 ans) et souhaite ouvrir une antenne à Paul Valéry. La diffusion actuelle ne se faisant uniquement qu’à l’UM1, où le challenge d’un journal sarcastique est plus grand.

En attendant le prochain numéro, vous pouvez retrouver les versions PDF des deux premiers exemplaires directement en ligne sur la page Facebook du Poing, et sur la page de mobilisation de Paul Valéry.

(Crédit dessins : Florian Sanfilippo)

La fusion des universités montpelliéraines reportée !

Quand en novembre dernier, la présidente de l’Université Montpellier 3 avait renoncé à poursuivre le dossier de candidature pour l’initiative d’excellence (idEx), on avait compris la difficulté à faire travailler ensemble les trois universités montpelliéraines. Si l’échéance de ce dossier est retardée jusqu’à mi janvier, il y a en revanche une conséquence certaine : le planning de fusion des établissements ne sera pas tenu. C’est ce qu’a confié Philippe Augé, président de l’UM1, le 14 décembre au site Hautcourant.

Haut courant : On parle aujourd’hui de plan campus et d’initiative d’excellence (idEx). Quelles sont les difficultés ?

Philippe Augé : Sur le fond, s’il y a des blocages sur la fusion, c’est parce qu’il y a deux grandes conceptions. Une fusion autour d’un grand établissement, qui est une forme juridique particulière et dérogatoire. Et d’autre part, la fusion dans un modèle d’université unique comme nous le connaissons aujourd’hui, régit par la loi LRU avec toutes les garanties d’accès au diplôme. La structure de gouvernance est un problème majeur. Mais il y a peut-être aussi aujourd’hui une crainte de certaines disciplines, notamment des lettres et sciences humaines, que la fusion ne les relègue au second plan ou soit synonyme de pertes de postes.

Qu’en est-il de la fusion ?

Le problème, c’est que le débat sur la mise en place de l’idEx est venu interférer dans le processus de fusion. Nous avions déjà des difficultés à trouver une structure de gouvernance commune. Il faut en plus créer une structure pour l’idEx. La ministre (Valérie Pécresse) nous a conseillé de différer dans le temps cette logique de fusion. C’est en effet un travail complexe, difficile à mettre en œuvre. Les sites qui s’y sont engagés en témoignent : à Strasbourg, le processus amenant à la fusion a duré sept ans, plus de quatre ans pour Aix-Marseille.

La date annoncée du 1er janvier 2012 pour la fusion est donc reportée ?

Cette date du 1er janvier 2012 officiellement reste comme telle. Simplement, lors des récents entretiens, la ministre a elle-même reconnu qu’il valait mieux la différer. C’est un travail relativement long. La fusion doit rester un idéal. Je pense qu’aujourd’hui il faut que nous déposions le projet d’idEx. Nous reprendrons le travail de fusion à compter de 2011. Le 1er janvier 2012 c’est peut-être effectivement une date trop proche pour y arriver. Mais néanmoins l’objectif de fusion pour fin 2012 ou début 2013 doit rester d’actualité.

Malgré les difficultés, vous voulez continuer à porter ce projet ?

Pour Montpellier I, l’idée est très claire. La fusion est un objectif sur la base duquel mon équipe a été élue. Nous n’allons pas abandonner. Pour d’autres universités qui sont arrivées après l’engagement de fusion cela peut-être différent. Mais pour Montpellier I c’est un objectif à tenir. C’est fondamental en terme de lisibilité du site et de rationalité des moyens. Aujourd’hui, au niveau des établissements de l’enseignement supérieur il n’y a plus de création d’emplois, il faut donc rationaliser nos ressources humaines.

Quelle forme devrait prendre cette fusion selon vous ?

Pour nous, Montpellier I, ça ne peut être que la fusion selon le modèle universitaire tel que nous le connaissons en France. C’est-à-dire l’université qui garantie le libre accès, les diplômes nationaux et la gratuité de l’enseignement supérieur. C’est un modèle qui est stabilisé aujourd’hui avec 83 universités. Il a été sensiblement modifié avec la loi LRU, qui a introduit de la souplesse notamment pour le recrutement du personnel ou pour la gestion financière. Ce modèle a fait ses preuves. En revanche, la forme de grand établissement est trop dérogatoire, pas stabilisée. Elle ne peut pas entraîner notre adhésion.