Fêtes votives : concilier tradition et sécurité, pas une mince affaire !

Dans le Gard, on compte plus de 1000 jours de festivités sur 71 communes. Difficile de tout sécuriser…
Des jeunes mais aussi des élus de l’Hérault et du Gard s’expriment !

La sentence est tombée ! Après qu’une voiture de fête se soit retournée, avec à son bord une quinzaine de personnes le dimanche 7 octobre à Aigues-Mortes, Didier Lauga, préfet du Gard a décidé de sévir. Une circulaire est venue interdire les voitures de fêtes jusqu’à nouvel ordre. Les réactions scandalisées des habitants, des associations et des élus se sont enchainées.

« Nous depuis 20-30 ans on est irréprochable ! » 

Thomas Pagnon, secrétaire de l’Union des jeunes de Provence et de Languedoc pour la défense des traditions estime que « les fêtes votives, c’est un lieu de rencontre et de convivialité. Les commerçants et les restaurateurs font une grosse partie de leur chiffre à cette période-là et les manadiers vivent en grande partie de ça. » La circulaire du préfet du Gard a été prise comme « une punition collective ». Il insiste sur le fait que des engagements de bonne conduite ont été pris pour les fêtards : « Les jeunes se sont engagés à fournir une copie de leur permis de conduire aux autorités avant la fête et à ne pas consommer d’alcool ou de stupéfiant. » 

La défense des traditions n’est pas réservée qu’aux jeunes amateurs des fêtes votives. « Nous sommes pour la conservation des traditions, c’est dans la culture », s’empresse de le préciser le conseiller délégué aux festivités de la ville de Vendargues, dans la métropole de Montpellier.

« Les voitures de fêtes, c’est une erreur »

Mais la tradition peut aussi faire alliance avec la sécurité. Le premier adjoint de la mairie de Lattes (Hérault) en est convaincu : « ici les voitures de fêtes motorisées sont interdites ! Les jeunes les poussent à la force de leurs bras. Et bien sûr, elles sont interdites sur les parcours, c’est-à-dire lors des abrivados et des bandidos. Seul cas exceptionnel, les encierros, mais dont la sécurité est au maximum ; les voitures de fêtes, c’est une erreur ! »

Des villes telles que Lattes ou Vendargues nous exposent également les consignes de sécurité dans leur ville pour que les festivités se déroulent en toute sérénité. « Chaque année, on est sur le qui-vive, abrivados comme bandidos sont protégées par des grilles. On a également investi dans des barrières anti-attentats et la police municipale et nationale patrouillent tout au long de la fête. »  

« On a été le déclencheur en matière de sécurité »

Le conseiller délégué aux festivités de la mairie de Vendargues aime rappeler que cela fait des années que certains villages cherchent à mieux encadrer les fêtes. « Quand j’étais président du Comité des fêtes en 1997, on a été les premiers à faire appel à une société de vigile pour assurer la sécurité lors des fêtes votives, en plus de la police municipale. » 

Il ajoute « On a été de plus en plus drastiques en ce qui concerne la sécurité avec des bracelets de couleur qui ont été mis en place pour différencier les majeurs des mineurs pour la consommation d’alcool, mais aussi la présence des numéros à appeler en cas d’urgence. On a été le déclencheur en matière de sécurité. »

Propos appuyés par le président de l’association l’Avenir Saint-Laurentaise, Thomas Pagnon : « Les parcours sont délimités, la gendarmerie circule, et les barres de fer sont obligatoires sur le toit des voitures de fêtes. » Il n’hésite pas à appuyer sur la notion responsabilité « Plusieurs chartes ont été mises en place ces dernières années. Il y a la Charte de bonne conduite que les communes de la Petite Camargue ont signée, celle de prévention sur la consommation d’alcool à risque et dernièrement celle d’encadrement des voitures de fête. »

Les mesures de sécurité et les engagements de la part des citoyens ne manquent pas. Encore faut-il que tous les villages appliquent ces règles. Ce qui est encore loin d’être le cas, à Aigues-Mortes comme ailleurs.

Abrivado : conduite des taureaux par les gardians des près aux arènes.

Bandido : conduite des taureaux par les gardians des arènes aux près.

Encierro : lâchers de taureaux sur un parcours clos (rue, place) fermé à ses extrémités par des charrettes et des barrières, où les spectateurs peuvent venir exciter les taureaux et leur échapper en trouvant refuge sur des ballots de paille, derrière les barrières, dans les voitures de fêtes.

Gardian : gardien d’une manade camarguaise appartenant à un manadier.

Manade : troupeau libre de taureaux, mais aussi de vaches ou de chevaux conduit par un gardian.

La faïence montpelliéraine à l’honneur

La faïence traditionnelle de Montpellier s’expose jusqu’au 12 juin prochain au sein du musée Albert Ciurana de la faculté de pharmacie. L’occasion pour François Siffre, dernier artisan à faire perdurer cette tradition, de présenter des pots d’apothicaires en collaboration avec le musée Fabre.

Le beaujolais nouveau pour les nuls

Goût de banane, vin pas bon, c’est chaque année la même rengaine. Profitons de la période pour comprendre sa fabrication et tenter de dépasser ses a priori. Dominique Piron, vigneron installé depuis 40 ans à Morgon (ville célèbre pour son vin éponyme) nous renseigne sur ce vin qui divise.

De quels cépages est composé le beaujolais nouveau ?

A 100% de gamay noir

Quand peut-il être commercialisé ?

Chaque année, le beaujolais nouveau est mis en vente le troisième jeudi de novembre. Légalement, les vins ont le droit d’être vendu à partir de 0h00 le 15 décembre. Depuis 1951, certains vins ont reçu l’autorisation d’être vendus au 15 novembre. [Il s’agit entre autres, selon une note de l’Administration des Contributions Indirectes: du Beaujolais, des Côtes-du-Rhône, du Muscadet, Ndlr]
C’est devenu le troisième jeudi de chaque mois car si le 15 tombait un dimanche, on se retrouvait face à des problèmes de transport.

Quand ont lieu les récoltes ?

Elle a lieu selon les années entre le 25 août et le 1er octobre avec une moyenne autour du 15 septembre. Chez nous, la récolte s’est faite cette année du 20 septembre au 6 octobre.
En réalité, la date dépend du temps qu’il fait au printemps car la période de floraison de la vigne a lieu autour du 20 mai et les récoltes ont lieu 100 jours après.
Cette année, on a eu une floraison tardive, qui a décalé la date. Mais les vins tardifs ont souvent plus de finesse.

Quelles sont les étapes de fabrication du beaujolais nouveau ?

Après la récolte, on met les raisins en cuve pour une fermentation courte de 6 à 8 jours afin de garder le fruit. Pour des vins comme le morgon, la fermentation est longue pour garder les tanins car ce sont eux qui donnent leur structure au vin. Ensuite on presse, ce qui libère les sucres et fait que la fermentation se poursuit quelques jours. Au total, entre la récolte et la fin de la fabrication il se passe entre 15 et 20 jours pour le beaujolais.

Pourquoi entend-on dire que le beaujolais nouveau a goût de banane ?

C’est quelque chose qui date de 1987, à cause d’une nouvelle levure. Il avait beaucoup plu cette année là, ce qui a lavé totalement les raisins, donc les levures naturelles qu’il y a sur la peau du raisin ont été lavées de la même manière. Les levures industrielles rajoutées à ce moment là ont impacté sur le goût du vin.

Dans la tête des gens, le beaujolais nouveau n’est pas bon, pour quelles raisons ?

A une époque, la qualité de ce vin était moyenne. La tradition du beaujolais nouveau s’est construite grâce à des bistrots à vins à Paris, parce qu’ils aimaient ça, parce que c’était joyeux et festif. Assez vite, Londres l’a importé et de là, ça a fait le tour du monde. Les ventes représentaient donc des volumes importants et comme toujours dans ces cas là, certains se sont nourris sur le dos de la bête, ceux qui n’achètent que du prix et du volume et pas de qualité. Forcément, les gens ont été un peu déçus.
Aujourd’hui, les mauvais beaujolais nouveau se font plus rares.

Comment est la production 2010 ?

C’est une année très typique du beaujolais nouveau avec du fruit et des vins croquants, friands. Chez nous, il aurait légèrement goût de cerise alors que chez d’autres, on retrouve le cassis et la groseille.

Dans votre domaine, les ventes de ce vin représentent quel pourcentage des ventes totales ?

Sur 2.500 hectolitres (environ 300.000 bouteilles) produits chez nous, la part du beaujolais nouveau est de 15%.

Et pour finir, une question essentielle : avec quoi peut-on l’accompagner ?

C’est un vin qui va avec beaucoup de choses, des petits fromages de vaches, de chèvres et ce que l’on appelle les « cochonailles lyonnaises » donc toutes sortes de pâtés.

Les hivernales de Noël: une tradition montpelliéraine

Chaque année à Montpellier, à l’approche des fêtes, la ville s’illumine aux couleurs de Noël. Pour l’occasion, des milliers de personnes affluent dans le centre ville, pour se ravitailler en cadeaux et autres produits en tous genres.

Le marché de Noël est le rendez-vous annuel des Montpelliérains. Cette année l’événement est marqué par des conditions climatiques pour le moins «hivernales» . Mais cela ne décourage pas les visiteurs, qui affluent en masse dans le centre-ville, des passants de tous âges et de toutes catégories sociales (jeunes, familles, personnes âgées), tout le monde est de la partie. Et même s’il fait froid et que la pluie tombe à grands flots, Noël c’est aussi ça ! Les affluences, le climat et le centre-ville bondé, constituent autant d’éléments qui décorent le paysage à l’approche des fêtes.

Le long de la place de la Comédie, les marchands et les passants vendent et achètent des produits et des aliments incontournables à la constitution du «fameux repas de Noël». Cela va des petites spécialités locales, (foie gras, friandises, gâteaux de Noël, gaufres, crêpes), aux produits exotiques, tels que les spécialités marocaines ou libanaises. Noël, c’est aussi l’occasion de découvrir de nouvelles choses, (Capim Dourado), l’or végétal du Brésil. C’est une herbe rare à la couleur et l’éclat de l’or, elle n’existe que dans une région du Brésil appelé Jalapao. Ayant connu un essor incroyable au brésil, cet artisanat intéresse de plus en plus de nombreux stylistes, créateurs de bijoux, maisons de joailliers et maisons de haute couture. D’un stand à l’autre, les clients venus se ravitailler en cadeaux ne rentreront pas bredouilles.

Malgré un temps peu envieux, on passe, on discute, on farfouille, l’ambiance est plutôt bon enfant. Un abri a même été installé à cet effet, ainsi le client peut s’arrêter tranquillement pour manger ou boire du vin chaud ou froid. Il y en a pour tous les goûts. Dans une immense tente en plein centre ville, un tel privilège ne se refuse pas, surtout lorsque le mauvais temps s’invite. Là forcement on s’y sent bien. «L’an dernier, il n y avait pas de comptoir dans la tente, explique Janice, la vendeuse, les gens viennent en famille et donc forcément pour manger ils ont besoin d’espace d’où cet abri, mis en place par la mairie. Tout comme la patinoire et l’espace de jeu pour les plus jeunes . De plus le vendredi et le samedi, les gens restent tard à cause des concerts, les nocturnes ».

Le spectacle, va durer jusqu’à la tombée de la nuit avant de faire place aux incontournables illuminations de Noël. En effet, avec de telles animations, on aimerait que ça dure toute l’année. Décidément le sortilège jeté par la magie de Noël, n’envoute pas que les enfants et n’est pas prêt d’être désenchanté.

Ces menaces qui pèsent sur les traditions du Languedoc

Une communion entre l’homme et l’animal. C’est, en substance, la vision qu’ont les Languedociens de leurs traditions taurines. Des événements qui font la réputation de la région, avec en vedette, le taureau. Malheureusement, plusieurs accidents mortels ont endeuillé certaines fêtes. En mai, un enfant de 3 ans est mort à Saint- Martin-de-Londres. Du coup, la réglementation se fait plus stricte, remettant en question l’existence même de ces traditions. Mais pour élus, professionnels et aficionados, un seul mot d’ordre : préserver ce patrimoine. Une mission qui exige à la fois d’assurer la sécurité du public, mais également de le responsabiliser. De nombreuses communes s’attellent à la tâche.

toro1.jpg Abrivados, bandidos, encierros… Autant de mots qui évoquent le chant des cigales, la chaleur de l’été et le plaisir des vacances. Des manifestations qui rythment la vie des villes et villages de notre région. Une tradition au centre des débats depuis quelques semaines.

En effet, outre la dangerosité naturelle de ces événements où se côtoient taureaux sauvages, villageois et touristes, plusieurs obstacles menacent leur pérennité.

Ce sont d’abord les représentants de l’Etat qui ont décidé d’intervenir. Dans une circulaire datée du 20 mai 2009, Claude Baland, préfet de l’Hérault, a imposé une réglementation plus stricte en matière de sécurité.
Ainsi, banderoles, pétards et autres véhicules à moteurs sont désormais interdits sur le parcours des manifestations taurines. A cela vient s’ajouter l’obligation de mettre en place un système de barrière de type « beaucairoise » pour tout spectacle taurin. Des règles concernant avant tout les autorités locales et les professionnels.

Bon nombre d’entre eux, conscients du danger, ont depuis longtemps appliqué des mesures de sécurité similaires.Toro2.jpg « Les professionnels sont prudents, ils savent ce qu’ils risquent. C’est surtout le public qui doit faire preuve d’une vigilance accrue », affirme Laurent Martinez, président du club taurin de Saint- Jean-de-Védas, près de Montpellier. En effet, le risque vient non seulement de la manifestation, mais aussi des participants. Principal élément perturbateur : l’alcoolisation. Un phénomène est particulièrement visé : l’attitude des jeunes face à la boisson. Une réalité concernant aussi bien les manifestations taurines que les fêtes de villages qui les accompagnent.

La préfecture entend mener une politique stricte vis-à-vis de la vente d’alcool aux mineurs en renforçant les contrôles. Un espace de désalcoolisation doit également être mis en place.

La préfecture considère par ailleurs la multiplication des festivités locales comme « un facteur aggravant de la délinquance et de dégradation de la sécurité routière ». Ivresse au volant, drogue, bagarres, et même coups de couteau aux taureaux durant les lâchers, sont autant de débordements qui ternissent l’image de ces événements populaires. Solution proposée : concentrer la fête dans un seul espace éclairé et facile à surveiller. Les communes font parfois appel à des sociétés privés pour renforcer la sécurité.

Elus et professionnels insistent aussi sur la responsabilisation du public. Afin d’éviter les drames et protéger ces instants festifs, aussi importants culturellement, qu’économiquement.

Les bons élèves camarguais

Au pays du taureau, la fête est reine. Et pas question d’entendre parler de fin des traditions. « On est des pur-sang camarguais et les fêtes taurines font partie de notre culture », défend Sabine Gondran, responsable des animations de Saint-Gilles (Gard). « Nous connaissons bien le taureau et ses dangers, explique-t-elle. Nous avons imposé des règles pour encadrer le parcours des manifestations taurines depuis plusieurs années déjà ». Pour elle, c’est le comportement des touristes qui pose problème. « Ils ne connaissent pas les taureaux et ne savent pas comment réagir, ce qui cause parfois des accidents graves ».

Néanmoins, certaines communes camarguaises ont renforcé les mesures de sécurité, à l’instar du Grau-du-Roi. « Il y a eu plusieurs accidents ces dernières années, et ça engendre des restrictions. Nous avons mis en place la même réglementation que dans l’Hérault afin de limiter les risques », précise Frédéric Alcacer, en charge des fêtes taurines graulennes.

A Beaucaire, « la sécurité est un problème pris au sérieux depuis longtemps », insiste Françoise Vidal, adjointe à la culture taurine.
Mise en place de « beaucairoises », conventions imposées aux manades pour assurer la sécurité des participants, campagnes d’information pour sensibiliser le public. La ville n’a pas attendu une circulaire préfectorale pour sécuriser ses fêtes taurines. Une sécurité nécessaire pour préserver le patrimoine culturel de la région, même si elle fait débat. « Ce n’est pas la mort de la tradition comme beaucoup le disent, affirme Frédéric Alcacer. Mais la sécurité sera de plus en plus mise en avant ». C’est la rançon du succès.

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La « Beaucairoise » au coeur des débats


Imposer des barrières dites « beaucairoises », qui protègent le public (voir photo), est-il le meilleur moyen pour assurer la sécurité du public pendant les spectacles taurins ? En tout cas, cette décision préfectorale fait débat.

A Sérignan (Hérault), cette exigence remet en question la présence du taureau au cours de la feria d’été qui se déroule le dernier week-end de juillet. « Nos barrières ne sont pas homologuées, répond Jacques Dupin, le premier adjoint. Notre responsabilité est en jeu. Si nous ne trouvons pas les moyens pour financer le changement de barrières, pas de taureaux ! », continue-t-il.

Yvon Pellet, maire de Saint-Génies-des-Mourgues (Hérault) et fervent défenseur des traditions votives est plus catégorique. « On nous demande l’irréalisable, affirme-t-il. Chez nous, le parcours des fêtes votives fait cinq kilomètres. C’est simplement impossible pour nous de mettre des « beaucairoises » partout, d’autant plus que nous n’avons que trois employés municipaux ».

En connaisseur, Yvon Pellet propose d’autres solutions qui, selon lui, sont plus adaptées aux traditions locales. « Pour plus de sécurité, il faut d’abord limiter le nombre de passage à un. Plus il y a de passages plus les risques se multiplient, défend-t-il. Il faut aussi interdire les attrapaïres ou au moins les contenir pour ne pas qu’ils essayent de faire échapper le taureau ».

Il conclut : « Les règles mises en place par la préfecture sont promulguées par des technocrates. Ils ne sont pas en phase avec nos traditions et c’est ça qui menace notre patrimoine ».