Les Invisibles, une comédie sociale poignante.

Samedi dernier au Festival International du film politique à Carcassonne, le film Les Invisibles a remporté le prix de la réalisation. Entre rire et émotion, il raconte comment ces femmes de la rue vont réussir à s’en sortir.

Signé Louis Julien Petit, c’est l’adaptation du livre de Claire Lajeunie Sur la route des invisibles, ces femmes de la rue, trop souvent oubliées qu’il nous dépeint. Qui sont-elles ? Pourquoi ont-elles basculé dans la précarité ? Brisées par la vie, leur portrait est raconté avec force et humour.

Un système qui fonctionne mal, des problèmes familiaux, professionnels, qui vont les amener petit à petit à vivre dans la rue. Comment du jour au lendemain, tout s’est écroulé pour ces femmes ?  C’est à Arras, dans le Nord de la France, que le centre d’hébergement de jour, l’Envol ouvre ses portes à ces femmes de toutes âges qui traversent un moment difficile de leur vie. Brigitte Macron, Catherine Lara, Lady Di, des noms d’emprunts qu’elles se sont choisies pour conserver leur identité. Afin de les aider à s’en sortir et retrouver la vie qu’elle mérite, ce sont quatre personnes : Audrey, Hélène, Angélique et Manu qui vont se donner corps et âme pour leur redonner confiance.

Mais c’est une bien triste nouvelle qu’elles vont devoir annoncer à leurs pensionnaires : la fermeture du centre d’accueil d’ici trois mois, faute de moyen. Que vont-elles devenir ? Où vont-elles aller ? Audrey, une assistante sociale investie et passionnée par son métier, joué par Audrey Lamy, décide de mettre en place des actions concrètes pour aider chacune de ses femmes à s’en sortir avant de devoir fermer les portes du centre. Elle enchaine, rejoint par ses collègues, des initiatives toutes plus surprenantes les unes que les autres. Mais celles-ci vont s’avérer être payante. C’est épaulé par son frère Dimitri, admiratif devant son courage et son dévouement qu’elle tient le coup. Ces travailleuses sociales vont rendre fierté et dignité à ces femmes qui semblaient avoir tout perdu. C’est la tête haute que Brigitte Macron, Catherine Lara ou encore Lady Di vont reprendre leur vie en main.

Une comédie sociale bouleversante, où les rôles sont incarnés par des femmes qui ont réellement connu la rue. Des rôles écrit en amont, mais des histoires vraies comme celle de Chantal. La majorité d’entre elles ne sont pas des professionnelles, seules Julie incarnée par Sarah Suco et Catherine incarnée par Marie-Christine Orry le sont. Retransmettre le réel et éveiller les consciences aura pris trois ans à Louis-Julien Petit, le réalisateur. Un film d’amour, d’humour et d’humain, qui sortira dans les salles le 9 janvier 2019.

Flash mob Michael Jackson : Montpellier était au rendez-vous

«Beat it, beat it», a résonné le soir du 25 novembre au Triangle, entre la Comédie et le Polygone. Les fans de Michael Jackson et autres curieux se sont improvisés danseurs le temps d’une flash mob* à l’occasion du lancement d’un nouveau jeu vidéo.

Kill Me Please : le suicide vous va si bien

Dans les salles depuis mercredi, Kill Me Please est une comédie noire à petit budget dans la droite lignée de « C’est arrivé près de chez vous ». Réunissant la crème de l’humour belge, Bouli Lanners et Benoit Poelvoorde en tête, sa grande réussite est de rendre hilarant un thème pour le moins tabou : le suicide.

Dans sa luxueuse clinique perdue au beau milieu de la campagne, le docteur Krueger a un projet : il veut « donner un peu de décence au suicide ». Chez lui se pressent alors toutes sortes de personnages bizarres et dépressifs, du comédien désabusé au jeune homme qui a « envie de mourir depuis tout petit ». Le bon docteur, humaniste supposé, leur propose un « suicide médical assisté ». Pour couronner le tout, les futurs euthanasiés pourront voir se réaliser une dernière volonté, afin de les accompagner dans ce grand voyage qu’est la mort.
Ainsi le vieux monsieur Nora veut mettre fin à ses jours en culbutant une jeune étudiante, tandis que Mme Rachel, vieille chanteuse lyrique aux cordes vocales détraquées, désire mourir en chantant la Marseillaise. Seulement voilà, une suite d’évènements macabres viendra rappeler à nos prétendants au suicide que la mort est bien souvent brutale. On ne dirait pas comme ça, mais c’est très drôle.

Du sourire coincé au rire sardonique

Dans un noir et blanc au grain très esthétique, le film est ouvert par un Benoît Poelvoorde troublant dans son rôle de célébrité au fond du trou. Mais voilà, le docteur Krueger ne voit aucune raison de lui administrer son suicide. Son présupposé cancer n’existe pas, il est riche et semble populaire. Alors le comédien lui rétorque qu’il n’a « pas les couilles de suicider quelqu’un de connu ». Et l’on commence à se crisper. Un sourire gêné, puis un rire libérateur, presque sardonique. Et l’on ne s’arrête plus.
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Les situations surréalistes, les personnages tous plus dérangés les uns que les autres, une histoire qui vire à l’accès de folie générale jusqu’au massacre burlesque orchestré par les chasseurs du patelin d’à côté, tout concourt à faire du film une véritable comédie morbide.

Si le suicide n’a rien d’amusant en soi, le réalisateur Olias Barco a su l’aborder de façon loufoque, réussissant à donner à ses personnages un aspect furieusement comique. À l’aide de dialogues ciselés, la clinique devient le théâtre d’absurdités sans nom. Pour notre plus grand plaisir évidemment.

L’héritage de l’humoir noir made in Belgium

Difficile alors de ne pas faire le rapprochement avec C’est arrivé près de chez vous, film culte montrant le quotidien banal d’un serial killer, zigouilleur incontrôlable au cynisme débordant, campé par Benoit Poelvoorde. Long métrage dans lequel figurait Vincent Tavier, aujourd’hui producteur de… Kill Me Please. Spécialiste des grands films à petit budget (Calvaire, Altraa), ce dernier a créé La Parti Production, société qui œuvre pour un autre cinéma, hors des sentiers battus du divertissement grand public.
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Si le rire provoqué par Kill Me Please peut être gênant, tant la réalisation se rapproche du documentaire, le film est bien une farce jubilatoire où l’on se fout de la gueule de la mort. Et puis comme on ne le cite jamais assez, clamons avec Pierre Desproges : « Au reste, est-ce qu’elle se gêne, elle, la mort, pour se rire de nous ? Est-ce qu’elle ne pratique pas l’humour noir, elle, la mort ? »

Cinéma : Des petits mouchoirs émouvants

Le troisième long métrage de Guillaume Canet est sorti dans les salles obscures le mercredi 20 octobre. Le réalisateur français nous livre un film qu’il qualifie de personnel.

Divers a priori sur ces « Petits mouchoirs » : deux heures trente dans une salle de cinéma c’est parfois long. D’autant que depuis quelques semaines, le réalisateur et sa bande d’acteurs squattent les plateaux télévisés. A tel point que l’on peut légitimement se demander si l’on ne connaît pas tout du film avant de l’avoir vu. Pas manqué, la plupart des bonnes répliques figurent dans la bande annonce, mais Guillaume Canet parvient tout de même à nous surprendre.

Après « Mon idole » (2002) et « Ne le dis à personne » (2006) qui a remporté un franc succès et quatre césars, le réalisateur français était attendu au tournant. Une nouvelle fois, le résultat est convaincant. Après nous avoir tenu en haleine dans le thriller adapté du roman d’Harlan Coben, il réussit cette fois à nous émouvoir avec une comédie dramatique. Une bande d’amis se retrouve comme chaque été en vacances au Cap Ferret. Il ne manque qu’une personne, leur copain Ludo victime d’un accident de la route.

Un film personnel

Chaque personnage nous touche. Ils nous font rire, pleurer et passer un bon moment de cinéma. Mention spéciale pour Benoit Magimel et François Cluzet, qui avait reçu le césar du meilleur acteur pour son rôle dans « Ne le dis à personne ». Un film émouvant, dans lequel le réalisateur dit avoir mis beaucoup de lui-même. Comme à son habitude, Guillaume Canet a fait appel à des proches et des amis pour tenir certains rôles de ce film choral. On retrouve Marion Cotillard, sa compagne, Gilles Lelouche déjà présent dans « Ne le dis à personne » et le chanteur Matthieu Chédid qui fait une apparition.

Les deux heures trente passent finalement très vite. D’autant que c’est aussi un plaisir pour les oreilles grâce à une bande originale encore très réussie. Pour « Ne le dis à personne », Matthieu Chédid avait reçu le César de la meilleure musique et une Victoire de la musique. Guillaume Canet a cette fois composé une sélection hétéroclite de David Bowie à Ben Harper. Il a aussi fait appel à Maxim Nucci, leader du groupe Yodelice, qui a composé un titre qu’il interprète à l’écran puisqu’il tient un rôle dans le long-métrage.

Gad Elmaleh s’éclate des deux côtés de la caméra

L’humoriste préféré des Français présente « Coco », son premier film. Il raconte cette nouvelle expérience. Rencontre.

Comédien, réalisateur et auteur, Gad Elmaleh a endossé toutes les casquettes du métier pour tourner son premier film. «C’est parti d’une envie d’acteur. Je n’ai pas eu envie d’être réalisateur, j’ai eu envie d’être acteur libre» , explique-t-il lors d’une avant-première de Coco à Montpellier (sortie en salles le 18 mars).

Pour cela, il s’est accordé la plus grande des libertés dont un acteur puisse rêver, «celle de se diriger soi-même» . Et quand Gad Elmaleh dirige, autant dire que l’improvisation est la bienvenue, «presque la moitié des dialogues ont été improvisés sur le plateau» .

A l’instar de Chouchou en 2003, Gad Elmaleh reprend ici l’un des personnages de son spectacle La vie normale. «J’avais envie de jouer un personnage exubérant. J’avais besoin de cet excès, de cette folie. Dans ce genre-là, le personnage de Coco était idéal.» Coco ou l’histoire d’un self-made-man de 40 ans, exemple parfait de la réussite sociale. Un nouveau riche, parti de rien et qui a connu une fulgurante « success story » grâce à son invention de l’eau frétillante. Mégalo, flambeur, exubérant, Coco veut faire de la bar-mitsvah de son fils «l’événement national de l’année» avec pour seul mot d’ordre : «s’é-cla-ter» . Pour y parvenir, il loue le Stade de France, embauche la Patrouille de France pour graver « Mazel Tov » dans le ciel et veut «férieriser» le lendemain pour prolonger la fête.

«Pour fabriquer de la comédie, il ne faut pas se marrer tout le temps»

Un clin d’oeil aux origines du comédien. Juif d’Afrique du nord, Gad Elmaleh a voulu que son film prône une valeur de tolérance : «Je fais un contre-pied aux clichés. La famille juive de Coco accepte sa femme goy. Cela me tenait à coeur de montrer une famille qui s’ouvre à une autre religion et une autre culture.» Le personnage de Coco est dépassé par son propre succès. Tout lui réussit. Et peut-être même un peu trop. Il croit que l’argent peut acheter n’importe qui et n’importe quoi. Et pourtant…
Réaliser son premier film, Gad Elmaleh confie que «ça fait peur. C’est clair que je n’ai pas su tout faire. Il y a des choses qui m’ont échappé. C’est les maladresses d’un premier film». Face à ses «maladresses» , le jeune réalisateur reconnaît avoir eu un avantage certain, celui d’être acteur : «J’ai su comment diriger puisque je l’ai moi-même été.» Entouré de Manu Payet et d’Ari Abittan, ses partenaires dans Coco, Gad Elmaleh le réalisateur reste fidèle à Gad l’humoriste. «L’avantage d’être réalisateur, c’est que je ne me suis pas fait passer le casting et que je n’ai pas eu à coucher avec le réalisateur cette fois-ci.» Mais n’allons pas plus loin puisque, comme Gad Elmaleh aime à le dire, «pour fabriquer de la comédie, il ne faut pas se marrer tout le temps. Le comique, c’est du sérieux.»

Article publié dans le Midi Libre (15/03/09)

Veillée de solidarité à Montpellier

Il est 18h30 place de la Comédie. Une quinzaine de personnes, dont beaucoup d’arabophones, sont assis par terre devant des bougies allumées. Ils chantent en battant des mains au son du derbaké, le tam-tam oriental. Derrière eux, de grandes banderoles demandent la sanction de l’occupation israélienne. Les chants traditionnels palestiniens parlent d’enfants, de guerre et de vie quotidienne.

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Ce samedi 26 janvier, un rassemblement contre le siège de Gaza, avec des bougies en solidarité aux palestiniens privés d’électricité, a été organisé à l’appel de plusieurs organisations, telles entre autres l’AFPS ( Association France Palestine Solidarité), Amnesty International ou encore l’ASDIP (Association de Solidarité et de soutien au Dialogue des hommes de paix d’Israel et de Palestine). Même si peu de monde s’y arrête, c’est déjà plus que d’habitude. Derrière le stand d’information, Janine, 60 ans, membre de l’AFPS, explique que ce plus grand intérêt est dû aux brèches ouvertes dans le mur entre Gaza et l’Egypte, aux images passés à la télévision. Mais les bougies doivent sûrement avoir leur part. Quoi qu’il en soit, les gens passent devant le stand, sont renseignés sur l’occupation de la Cisjordanie et feuillettent les nombreux ouvrages exposés, dont certains sont d’auteurs palestiniens et israéliens.

Faten, 22 ans, fait partie des chanteurs. Elle vient de Ramallah en Palestine et réside à Montpellier depuis quatre mois pour ses études. La jolie brune avoue être choquée: « Je pensais qu’il y aurait plus de monde, et ceux qui viennent nous parler savent peu de chose sur ce qu’il se passe. Les Européens sont mal informés. La vie quotidienne est horrible là-bas, et surtout à Gaza« .

Afin d’augmenter la pression, une manifestation devant la préfecture le 2 février vers 15h30 est en reflexion. Il s’agirait de demander des interventions du gouvernement français pour la levée du blocus de Gaza et l’application des résolutions de l’ONU.