La monoculture de maïs dans le sud-ouest : modèle résilient aux changements climatiques ?

Alors même que la conférence sur le climat au Pérou se termine sans aucun engagement ferme, la France a récemment été touchée par des intempéries à répétitions dans le sud-est, par une érosion généralisée des côtes due à la montée des eaux, par des températures inhabituellement douces…etc. A l‘heure où les phénomènes météorologiques et leurs conséquences sont de plus en plus marqués et récurrents, les agriculteurs du Midi échappent pour l’instant aux aléas du climat grâce à leur modèle.

Jusqu’à présent, le climat s’est montré plutôt clément avec les céréaliers du sud-ouest.Néanmoins, même si ces producteurs ont évité les catastrophes notamment grâce à la monoculture du maïs, il convient de s’interroger sur la résilience à long terme de ce type de production. Simon Giuliano, ingénieur de recherche à l’Ecole d’Ingénieurs de Purpan Les chercheurs en agronomie s’inquiètent en effet de ces brusques changements météorologiques et souhaitent anticiper les conséquences directes pour les cultures et l’environnement. Entretien sur les bouleversements agricoles à venir avec Simon Giuliano, ingénieur de recherche à l’Ecole d’Ingénieurs de Purpan, située à Toulouse.

Quel est le contexte agricole du sud-ouest de la France ?

La plaine de Garonne présente généralement des sols à faible potentiel agronomique : caillouteux, peu profonds, et sujets à des remontées des nappes phréatiques notamment en hiver. D’une manière générale, leur fertilité est réduite du fait de leur faible taux de matière organique, compris entre 2 et 2,5%. Notre parcelle d’expérimentation s’appelle d’ailleurs « Terre blanque » (terre blanche), en opposition aux terres plus « foncées », plus riches en matières organiques et donc plus favorables à la culture.
Dans ce milieu, la monoculture de maïs domine le paysage agricole du sud-ouest sur les terres irriguées. Cette culture apparaît idoine de par ses besoins en chaleur, sa relative simplicité technique et sa rusticité : il est flexible quant aux conditions climatiques et au climat printanier. Elle est surtout la plus intéressante économiquement pour les exploitants agricoles du fait de sa rentabilité à l’hectare importante. Cette culture représente environ 70 % des terres irriguées en Midi-Pyrénées (environ 100 000 ha pour le seul maïs grain). Viennent ensuite des cultures telles que le sorgho ou le soja dont le renouveau s’amorce mais qui demande plus d’expérience.

Les aléas climatiques observés ces dernières années et particulièrement en 2014 menacent-ils cette agriculture ?

Plus que les changements, ce sont ses variabilités et ses imprévisibilités qui sont préoccupantes. Les événements exceptionnels : pluies orageuses, grêles ou sécheresses sont difficilement gérables. Les agriculteurs raisonnent à long terme : ils ont besoin de stabilité, et le climat actuel ne leur offre plus ce confort. D’une manière générale, la culture du maïs s’adapte bien au contexte afférent au fleuve Garonne et semble avoir quelques atouts pour faire face aux aléas. Du fait que le maïs soit implanté sur des terres déjà irriguées, les périodes de sécheresse peuvent être affrontées plus sereinement. D’autre part, le maïs est de nature rustique et résiste assez bien aux écarts de températures constatés ces dernières années. Le réchauffement n’altère pas sa culture car il pousse dès lors qu’il fait plus de 6°c et sa température optimale de culture va jusqu’à 30°C, à condition de pouvoir irriguer. Par ailleurs, ses semis en avril lui confère un net avantage sur les autres céréales. Contrairement au blé semé en octobre, il n’est pas contrarié par le climat hivernal : fortes précipitations menant fréquemment à des inondations des parcelles par remontées de nappes phréatiques ou au contraire sécheresses importantes comme en Languedoc-Roussillon. Les risques climatiques ne sont néanmoins pas absents : le printemps 2013 très pluvieux a particulièrement gêné les agriculteurs, notamment ceux en monoculture qui ont une pointe de travail très importante au moment du semis. De plus, les ravageurs du maïs, la pyrale et la sésamie, des papillons nuisibles à la culture, pourraient se développer plus largement et plus intensément. Cependant même si cette culture apparaît comme adaptée à ce contexte, elle n’en demeure pas moins éprouvante pour son environnement.

C’est-à-dire…

Comme toute monoculture, par absence de rotation des cultures (changements d’espèces végétales, de dates de semis, de travail du sol,…), elle a pour inconvénients d’augmenter la pression des ravageurs et mauvaises herbes et de poursuivre l’appauvrissement de sols déjà fragiles. D’autre part, elle nécessite une irrigation importante, notamment en période de sécheresse estivale. Ces besoins tendent à augmenter avec les sécheresses qui s’accentuent : 8 des 10 dernières années ont dépassé la référence en irrigation au niveau régional. Cette irrigation est en quelque sorte une « assurance » pour obtenir un rendement correct. Néanmoins, contrairement aux idées reçues, le maïs optimise bien mieux la ressource en eau que certaines céréales comme le blé.
De plus, des quantités importantes d’herbicides sont utilisées pendant la culture afin de lutter contre les mauvaises herbes qui prolifèrent du fait de la monoculture et de l’irrigation. Cette culture demande des quantités importantes d’engrais azotés très consommateurs en énergie.
L’effet combiné de l’irrigation, de l’usage des herbicides et d’engrais azotés provoque des dégâts environnementaux importants parce qu’elle fait pénétrer des résidus de phytosanitaires dans les sols et, in fine, dans les nappes phréatiques. Les molécules herbicides employées sur le maïs, tels le S-Métolachlore, sont la première cause de dégradation des eaux de surface à l’échelle du bassin Adour-Garonne.
Si le maïs s’avère rentable pour les agriculteurs, c’est aussi en partie parce qu’ils ne payent pas les externalités négatives engendrées par cette monoculture. De plus, cette culture a été encouragée par les politiques publiques du fait d’une prime supplémentaire accordée pour le maïs irrigué.

Quel sont les moyens qui peuvent être mis en œuvre pour essayer de réduire l’impact sur l’environnement de ce système de production ?

L’EI Purpan et l’INRA d’Auzeville sont en pointe dans la recherche sur le maïs. Sur le Domaine de Lamothe, cette problématique est l’enjeu de 5 hectares dédiés à des expérimentations destinées à réduire l’impact de cette agriculture sur l’environnement (eau, sol, air) sans pour autant en diminuer la rentabilité économique.
Vue d'ensemble de la station d'expérimentations de l'E.I Purpan
Il s’agit d’agir à la fois sur la dose des intrants (phytosanitaires, engrais) et sur les techniques de culture permettant de réduire l’impact de ces intrants. Ainsi, nos recherches portent sur des plantations de cultures intermédiaires (des légumineuses – trèfles, vesces, et des crucifères – moutardes, choux, navets- cultivées en mélange) – durant les mois où le maïs n’est pas en place. Les légumineuses permettent un enrichissement naturel du sol en azote. Elles captent effectivement l’azote de l’air avant de le réinjecter dans le sol et permettent de diminuer les quantités d’engrais, impliqués à la fois dans l’impact sur l’émission de gaz à effets de serre et sur la qualité de l’eau. Quant à la crucifère, son effet permettrait de contrôler certains ravageurs et maladies. Nous étudions également les effets du non-labour qui permettent une meilleure vie du sol et de ne pas perturber le processus de décomposition de la matière organique. A terme, ils permettraient une meilleure valorisation de la matière organique du sol. Le désherbage mécanique est lui aussi étudié en remplacement du désherbage chimique. Les exploitants économisent sur leurs moyens de production et l’environnement est davantage épargné. L’ensemble de ces techniques nous permet de diminuer jusqu’à 2/3 les quantités de produits phytosanitaires appliqués sur le maïs, tout en maintenant une rentabilité identique.
panneau_inra.jpg La pratique des cultures associées est développée par les agronomes

L’avenir risque justement d’être marqué par la raréfaction de l’eau. Comment faire face à cette de tension hydrique, mis dernièrement en exergue par l’affaire du barrage de Sivens ?

Le bon sens voudrait que les exploitants accentuent la diversification de leurs cultures et choisissent des cultures moins gourmandes en eau. Plus facile à dire qu’à mettre en pratique, les revenus des exploitants sont la conséquence directe de la productivité et de la rentabilité de leur culture et non pas de la préservation de l’environnement. D’autre part, la rentabilité des autres céréales n’est pas au niveau de celle du maïs. D’autres systèmes d’exploitation, augmentant la valeur ajoutée produite (agriculture biologique, circuit court,…), sont possibles mais ils demandent une refonte complète du système d’exploitation, ce qui n’est pas évident à réaliser pour un individu impliqué dans une filière.
Il ne faut pourtant pas les incriminer pour autant car ils répondent aussi à une demande du marché : le maïs est principalement utilisé pour servir de fourrage aux animaux et donc soutenir la filière viande. Ils sont aussi incités à poursuivre dans cette voie par l’Europe via des subventions. L’acte d’achat des citoyens est donc également central.
A terme, il faudrait une révision plus systémique en mettant en pratique des concepts tels que l’agroforesterie (mode d’exploitation associant des plantations d’arbres dans des cultures ou des pâturages) ou les cultures associées que nous cherchons à développer grâce à nos recherches sur le site de Lamothe.
Levée de maïs dans un système sans labour

La pollution à l’ozone dans le Languedoc-Roussillon est en baisse

La région Languedoc-Roussillon a connu une pollution à l’ozone limitée en 2014. Les concentrations mesurées sont les plus faibles, en moyenne, depuis les dix dernières années.
Comment expliquer cette tendance ? Faut-il se réjouir de ces résultats ? Explications.

Dans un rapport publié le 10 décembre 2014, l’organisme chargé de mesurer et de surveiller la qualité de l’air, AIR Languedoc-Roussillon, a rendu ses conclusions sur la situation de la pollution atmosphérique dans la région. Le bilan global fait part d’un faible taux de concentration de pollution à l’ozone durant l’été.
Les concentrations de 2014 sont les plus basses depuis 2005.
Résultant d’un processus chimique de transformation de polluants primaires avec l’action du soleil par exemple, l’ozone est un gaz toxique pour l’homme et la nature.
À l’instar de tout le sud de la France, la région est particulièrement exposée à ce type de pollution photochimique, due notamment au fort ensoleillement annuel et aux températures élevées une bonne partie de l’année.
Fabien Boutonnet, ingénieur d’études à AIR Languedoc-Roussillon indique que ces phénomènes météorologiques « sont des éléments déclencheurs de la pollution à l’ozone ». La baisse de concentration constatée s’explique par « un été 2014 maussade qui n’a pas favorisé le développement de la pollution ».

Des résultats à nuancer

Si de manière générale, la pollution à l’ozone est en baisse, AIR Languedoc-Roussillon note que la qualité de l’air dans la région n’est pas encore satisfaisante et notamment pour la végétation. L’organisme chargé par l’Etat de cette mission de surveillance pour la région explique que « la valeur cible pour la protection de la végétation n’est pas respectée sur une grande partie de la région ». Selon Fabien Boutonnet, « les risques pour la végétation peuvent se trouver dans une baisse du rendement de l’agriculture. Cela peut se manifester aussi par des nécroses de feuilles ». Instantané : Maximum d'ozone relevé dans le Languedoc-Roussillon le 19 août 2014
Quant à la protection de la santé, AIR Languedoc-Roussillon note que sur la majeure partie des zones étudiées, la valeur cible est respectée cette année. Les dangers pour l’homme liés à une concentration de pollution à l’ozone trop élevée, demeurent dans des effets d’irritations des voies respiratoires et oculaires. Ils sont aussi plus nocifs pour les personnes fragiles et vulnérables, comme les femmes enceintes, les enfants en bas-âge, les personnes âgées ou encore les personnes atteintes de problèmes respiratoires.

Un polluant secondaire

Il ne faut cependant pas confondre l’ozone, polluant situé dans la partie basse de l’atmosphère avec l’ozone situé dans la haute atmosphère, qui protège des rayons ultraviolets et constitue la couche d’ozone.
Considéré comme un polluant secondaire, l’ozone est un gaz atmosphérique nocif. Il est présent dans l’air à la suite d’une réaction chimique entre des polluants primaires, telle que la pollution automobile, associés à des températures élevées et un ensoleillement trop important.

Il est cependant impossible de prévoir la pollution à l’ozone à l’avance. Fonction de la météo du moment et des émissions de gaz polluants, la concentration d’ozone dans l’air est l’objet d’une surveillance quotidienne. Fabien Boutonnet indique que dans le cas où « les émissions de polluants primaires seraient en baisse, la pollution à l’ozone peut effectivement diminuer. Mais cela est variable, il y a d’autres mécanismes qui entrent en compte ».

Bilan de la concentration en ozone dans l’air par zones géographiques du Languedoc-Roussillon :

Pour 2014, AIR-Languedoc Roussillon a dressé un bilan de la pollution à l’ozone en fonction de zones géographiques* de la région.

  • Zone de Montpellier et Sète :

Au sein du milieu urbain, AIR Languedoc Roussillon dégage la tendance d’une moyenne pour l’été 2014 en légère hausse depuis les trois dernières années. Dans le milieu périurbain, l’organisme note que la concentration en ozone reste stable par rapport à la période estivale de 2013.
Cette zone est assez disparate concernant les résultats de la qualité de l’air. Les objectifs de qualité pour la protection de la végétation et de la santé ne sont pas respectés, tout comme la valeur cible** des deux éléments concernés. Elle est seulement en dessous du seuil dans le milieu urbain et le sud de la zone périurbaine.

  • Zone du Béziers et Narbonne :

Dans les régions biterroise et narbonnaise, les concentrations en ozone dans l’air sont stables depuis 2012. AIR Languedoc relève que ces valeurs sont plus basses que sur le période précédente (2004 à 2011).
La valeur cible pour la protection de la santé humaine est respectée à l’inverse de celle relative à la protection de la végétation. Les objectifs de qualité ne sont cependant pas respectés.

  • Zone de Perpignan et du sud de l’Aude :

Dans un territoire qui s’étend sur une partie des Pyrénées-Orientales et le sud de l’Aude, la concentration moyenne d’ozone en milieu urbain est relativement stable depuis 2009. A l’instar du milieu périurbain, stable sur les trois dernières années et en baisse par rapport à la période 2008-2011.
Si les objectifs de qualité ne sont pas respectés dans cette zone, la valeur cible pour la protection de la santé l’est partout.

  • Zone de la Petite-Camargue :

Petit territoire rural, la Petite Camargue correspond à la pointe sud du Gard. AIR Languedoc Roussillon note que la moyenne estivale, en baisse cette année, « est la plus faible observée depuis le début des mesures en 2002 ». Cependant si les valeurs cibles sont respectées, les objectifs de qualité ne le sont pas.

  • Zone ouest des Pyrénées-Orientales

La partie ouest du département des Pyrénées-Orientales voit sa moyenne de concentration en ozone diminuer par rapport aux années précédentes et constitue la plus faible moyenne depuis 2005.
Cependant, les objectifs de qualité et les valeurs cibles au sein de cette zone ne sont pas respectés.

  • Zone ouest de l’Aude et de Lauragais

AIR Languedoc Roussillon estime que la moyenne est stable par rapport aux deux dernières années et relève une baisse des concentrations durant la période estivale en comparaison à la période 2008 à 2011.
Les valeurs enregistrées pour la santé et la végétation sont conformes aux seuils cibles, au contraire des objectifs de qualité.

  • Zone du Nord Ouest du Bassin de Thau

La région d’Agde à Montbazin et de Caux à Portiragnes voit sa concentration moyenne d’ozone peu évoluer depuis 2004 selon l’organisme régional. Seule la valeur cible pour la protection de la santé est respectée.

  • Zone du Haut-Languedoc, d’Espinouse, du Minervois et du Piémont bittérois

A cheval sur le sud ouest de l’Hérault et le nord de l’Aude, cette zone géographique bénéficie d’une stabilité par rapport à l’année précédente. Comme pour la Zone du Bassin de Thau, le concentration d’ozone dans l’air n’est pas dépassée par rapport au seuil cible pour la protection de la santé humaine.

  • Zone d’Alès et d’Uzès

Dans ce territoire périurbain, les concentrations d’ozone dans l’air sont en légère augmentation d’une année sur l’autre. AIR Languedoc Roussillon relève néanmoins que ce taux est inférieur aux moyennes des étés 2010 et 2011. La concentration d’ozone n’est ici pas supérieure à la valeur cible en matière de protection de la santé humaine.

* La dénomination des territoires, issue des travaux d’AIR Languedoc Roussillon, regroupe les territoires concernés pour une station de contrôle de l’air.

** La valeur cible pour la protection de la santé humaine, au sens de l’étude d’AIR Languedoc Roussillon est entendue comme le seuil moyen d’ozone sur 8 heures ne devant être dépassé plus de 25 jours par an et en moyenne sur 3 ans.

À Sivens, les zadistes s’organisent

Les nuits sont de plus en plus froides sur la « zone à défendre » (ZAD) du Testet dans le Tarn (81). L’aiguille du thermomètre vient régulièrement flirter avec le zéro degré. Ce n’est pourtant pas cela qui va décourager les « zadistes », les habitants de la ZAD installés le long de la rivière du Tescou. Au contraire, les opposants au barrage de Sivens s’organisent pour ne pas lâcher un centimètre carré aux pelleteuses. Même si le projet est pour le moment à l’arrêt, la communauté se serre les coudes et aménage la zone afin de la rendre autonome et viable pour affronter les CRS et aussi… l’hiver.

À mi-chemin entre Verdun et un teknival

Pour bien comprendre, il faut s’imaginer une zone fraîchement déboisée longue d’environ 2 kilomètres et large de 400 mètres. Un décor qui rappelle étrangement les images de Verdun. Des « poilus » d’un autre genre occupent les positions. En aval, lieu où devait être construit le barrage, des monticules de terre et d’énormes tranchées constituent désormais « le fort ». C’est ici que le jeune militant écologiste Rémi Fraisse a trouvé la mort. Un grillage parsemé de messages de soutien bloque l’accès à ce qui est considéré aujourd’hui comme un sanctuaire. Au-dessus, les camps « Zoulou » et « L’altitude » montent la garde. Des tours de guet surveillent tous les accès de la ZAD. En remontant le Tescou, on tombe sur « Gazad ». Évacuée il y a plus d’un mois, la zone est en train d’être réinvestie. Symbole de cette reprise, un arbre abattu a été replanté et trône seul, orné d’un nœud papillon. En chemin, on peut croiser d’autres « villages » aux noms folkloriques comme « L’île Maurice », « La Maison des Druides » ou bien encore « La Maison des Bergers ».

Le camp

Au bout, c’est « la base arrière ». La métairie neuve, une ancienne ferme, est la seule construction en dur. Elle est en pleine rénovation. La métairie, c’est un peu le QG des zadistes. Elle leur sert à la fois de dortoir, free-shop, pharmacie, cuisine collective, garde-manger et douche. Tout autour pullulent tentes Quechua, camping-cars, abris en bois en tout genre. Il s’y trouve même des jardins et des poules. Un point infos a été installé pour accueillir les journalistes, les nouveaux arrivants et pour renseigner la communauté.

Gazad, au centre de la ZAD

Architecture d’une communauté hétéroclite

Il est difficile d’estimer le nombre de zadistes qui vivent quotidiennement sur le site. Eux-mêmes ne le savent pas. Le nombre change tous les jours mais il se stabilise entre 100 et 200 personnes. Certains viennent passer quelques jours, d’autres sont là depuis longtemps. Outre l’emplacement sur lequel ils s’installent, les opposants au barrage se donnent des noms de « tribus ». On peut croiser « les anarchiques », « california », « les pirates », « chez mémé » ou « bidonville ». Tous s’appellent « hé copain » pour ne pas dévoiler leurs noms. La communauté n’a pas de chef. Des équipes spécialisées s’occupent de la communication (Auto-média), des droits (Legal Team) et des blessures (Medic Team). Les informations sont transmises par radio, talkie-walkie, téléphones et lors des Assemblées Générales. Véritables centres de décision, les Assemblées sont tenues tous les deux ou trois jours avec des sujets différents à chaque session. Camille nous explique : « Chacun travaille suivant sa spécialité, son envie, les plus qualifiés se contentent de donner des indications. Par exemple, aujourd’hui la mission principale consiste à dégager les branches de bois qui bloquent le débit naturel du Tescou; hier c’était de construire des toilettes ». Ici tout le monde s’appelle Camille, une précaution de plus.

Le

Pourtant, la gestion de la ZAD ne fait pas l’unanimité. Les zadistes doivent composer entre eux et certains sujets divisent la communauté. Un autre Camille fait état d’un de ces débats : « Il y a différents modes de pensée sur la ZAD. Nous avons eu de longues discussions avec les Vegans (contre l’exploitation animale, NDLR) qui ne voulaient pas que l’on enferme les animaux, notamment les poules. Or, beaucoup de gens ont des chiens qui se baladent en liberté et peuvent les blesser ». Aussi surprenant que cela puisse paraître, certains manifestants pensent qu’il ne faut pas s’installer sur le long terme pour laisser la faune et la flore réinvestir naturellement les lieux.

L'entrée ouest en hommage à Rémi

L’hiver approche à grands pas

Si certains dorment dans des maisons fabriquées avec des planches de bois ou du torchis, d’autres se préparent à passer l’hiver dans leur tente. Les nuits sont de plus en plus froides et humides, surtout au bord de la rivière. Un zadiste confie dormir à deux mètres de hauteur, dans un arbre : « pour le moment je n’ai pas froid, je dors dans deux duvets. Si ça se gâte, on a un important stock de couvertures ». Il faut dire qu’ils ne sont pas seuls. Tous les jours, des gens viennent leur livrer du matériel divers et varié.

Aujourd’hui, c’est Paul et son fils qui amènent « pas grand-chose, juste quelques planches de bois, histoire d’aider ». Une solidarité qui fait chaud au cœur des occupants : « On ne fait quasiment jamais de courses, sauf pour le gasoil. On vit grâce aux dons et au troc ». Une liste des besoins est tout de même en ligne sur internet. Médicaments, matériel de construction, nourriture, tout est bon à prendre pour améliorer les conditions de vie. Même rudimentaires, elles n’effraient pas les nouveaux habitants.
Camille conclut : « Même avec l’hiver, hors de question de partir, c’est devenu notre lieu de vie ».

Impossible de passer
séance de coiffure improvisée
une habitation atypique en construction
Messages et croix sur des talus
Le mur de la Métairie, plein de sens
Les toilettes sèches pour demoiselles
La ZAD possède une pharmacie
Le linge sèche
La créativité des zadistes s'exprime partout
Le poulailler de la ZAD
La Métairie, ancienne étable en reconversion
Le camp principal, à l'est de la ZAD
L'arbre papillon, symbole de la renaissance
La zone déboisée ressemble à un champ de bataille

Le Parc Montcalm : un “poumon vert” toujours en chantier au centre-ville

Ouvert au public depuis le 1er janvier 2011, le Parc Montcalm fait figure de bol d’air pour les habitants du centre-ville de Montpellier. Premières impressions sur cette ancienne base militaire de l’École d’Application de l’Infanterie (EAI) transformée en espace vert.

Le SCoT, ou comment limiter l’impact écologique de l’extension urbaine

Montpellier a été la première agglomération française à mettre en place un Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT). Ce modèle, imité par sept autres groupements de communes en France, entend organiser à l’échelle intercommunale l’évolution des territoires urbains, en prenant en compte les impacts économiques, sociaux mais aussi écologiques de l’expansion urbaine.

D’une marée noire à l’autre

Aujourd’hui, les États-Unis font face à leur plus grande catastrophe écologique, tandis que l’Italie, ayant récemment subit une marée noire, met en place un système de protection contre.

«La plus grande catastrophe écologique qu’ont connu les Etats-Unis»

«Marée noire aux États-Unis : L’équivalent d’un Erika toutes les 48 heures» ; «Un nouveau 11 Septembre pour les Américains» ; «Obama et le 11-septembre écologique» ; «Marée noire : retour sur une catastrophe écologique hors norme»… Une légère revue de presse aux titres évocateurs sur la marée noire qui touche depuis trois mois les côtes du golfe du Mexique, soit 800 km au total, en Louisiane, dans le Mississippi, en Alabama, en Floride et maintenant au Texas.

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La catastrophe écologique a commencé le 20 avril, jour de l’explosion de la plate-forme Deepwater Horizon. Voilà maintenant trois mois qu’elle s’aggrave. Ses conséquences écologiques sont difficilement mesurables bien que le patron de BP, Tony Hayward, ait assuré que «l’impact du désastre sur l’environnement sera sans doute très, très modeste».
Mais qui, sinon le responsable de la catastrophe, se risquerait à dresser un bilan définitif quand bayous, mangroves et marais continuent à être pollués ?

Certes, des progrès sont annoncés. Mais, les chiffres montrent que l’on est encore loin du compte : 25 000 barils de brut sont pompés chaque jour contre les 35 000 à 60 000 déversés. Autres chiffres donnés, ceux des victimes de la marée noire. Croisant les bilans fournis par les services de secours et les diverses autorités américaines de protection de la nature, le site « Daily Dead Birds » tient le décompte morbide des oiseaux, tortues de mer et mammifères mazoutés par la marée noire de BP. Aujourd’hui, les compteurs affichaient 1 505 oiseaux, 447 tortues de mer et 54 mammifères marins morts, entre autres. Autres chiffres encore : près de 7000 bateaux, 100 avions et 50000 personnes sont engagés dans le combat pour limiter les dégâts de la fuite, nous informe le Figaro.fr.

De plus, l’avancée du nettoyage des rivages a été rendu plus compliqué par le passage récent de la tempête Alex. Aujourd’hui, il s’agit donc de la pire marée noire aux États-Unis, renvoyant «l’Exxon Valdez et ses 42 millions de litres déversés sur les côtes de l’Alaska en 1989, à une quasi-anecdote», indique le Parlement européen dans sa dernière session plénière.

Un système satellitaire italien pour lutter contre les marées noires en Méditerranée

La gravité de la marée noire américaine semble en avoir éclipsée une autre, toute aussi grave, à une autre échelle : le plus grand fleuve d’Italie, le Pô, a été victime mardi 23 février 2010 d’une importante marée noire suite à un sabotage dans une ancienne raffinerie près de Monza (Lombardie).

Ainsi, l’Agence Spatiale Italienne (ASI) vient de lancer, cette semaine, un projet pilote visant à identifier et assurer le suivi des déversements d’hydrocarbures, accidentels ou illégaux, en Méditerranée : le Projet Pilote Pollution Marine liée aux Hydrocarbures (PRIMI).

La Méditerranée borde, en effet, 23 pays continentaux, dont 5 pays d’Afrique, et 8 îles. Onze millions de navires par an fréquentent «ce réservoir majeur de biodiversité qui concentre à lui seul 25 % du trafic planétaire et 30 % du trafic pétrolier». Ainsi, «plus de 2 000 navires sont en permanence à la mer avec, parmi eux, 200 à 300 pétroliers selon la préfecture maritime de la Méditerranée», indique le site bioaddict.fr. Et, selon la Préfecture maritime, «250 pollutions orphelines dont 180 d’hydrocarbures ont été dénombrées en 2008 en Méditerranée. Pour 2009, le décompte révèle 190 pollutions dont 100 d’hydrocarbures».

Ainsi, l’ASI met en place la phase d’étalonnage du PRIMI, une de ses grandes initiatives pour la gestion du risque environnemental, qui doit identifier et assurer le suivi des déversements d’hydrocarbures en Méditerranée. La mer pourrait ainsi être contrôlée de jour comme de nuit et quelles que soient les conditions météorologiques.

Espérons que PRIMI incite les embarcations à ne plus déballaster des hydrocarbures ou autres matières toxiques en Méditerranée. Et, que ce modèle se développe partout dans le monde.

« Des solutions locales pour un développement global », des clés pour l’avenir

Du 7 au 13 avril est diffusé le documentaire « Des solutions locales pour un développement global » de Coline Serreau à l’Utopia de Montpellier. Au menu de ce film résolument optimiste : la dénonciation des méfaits de l’agriculture intensive et la volonté de montrer qu’une autre voie est possible.