Les déchets en outre-mer : le tri et le recyclage rament

Si le tri des déchets rentre peu à peu dans les habitudes des français, certains départements sont à la peine. C’est notamment le cas des territoires ultramarins. Dans le cadre de la COP21, Eco-Emballages, éco-organisme en charge du tri et du recyclage des emballages ménagers, propose une série d’actions pour augmenter les performances de ces territoires. Une opération plus compliquée qu’il n’y paraît.

Trier ses déchets : ce geste écolo n’est pas tout à fait entré dans les moeurs des départements et collectivités d’outre-mer (DOM-COM). Pour (re)motiver les citoyens ultramarins, Eco-Emballages, agréé par l’Etat, lance un plan de relance du recyclage dans ces territoires (hors Nouvelle-Calédonie et Polynésie Française qui, de part leur statut de Pays d’outre-mer, ne sont pas soumis au même Code de l’environnement).

L’enjeu est double : finaliser l’implantation des dispositifs de tri et améliorer la collecte des emballages ménagers là où elle existe déjà. Pour Véronique Héritier, responsable de La Réunion chez Eco-Emballages, « il convient de s’adapter à des mondes et à des réalités différents ». Et pour cela, elle l’affirme : « Il faut développer une autre économie du déchet pour chacun des territoires ultramarins. » Sous-entendu trier plus pour recycler plus, surtout lorsque les soutiens financiers de l’éco-organisme sont liés aux performances et restent essentiels pour atteindre l’objectif et lancer la machine.

Des DOM-COM peu trieurs

Car pour l’heure, on ne trie pas beaucoup ses déchets en outre-mer. En 2014, on parle d’une moyenne de 15,8 kilos d’emballages ménagers triés et recyclés : 9 kg en Guadeloupe / Saint-Martin, 10 kg en Guyane, 13 kg en Martinique, contre 45,9 kg en métropole. De bien maigres résultats sur des territoires où la préservation de l’environnement est intimement liée à l’attrait touristique. Véronique Héritier explique ces résultats par « la très lente installation des dispositifs ».

Quand la métropole a commencé à trier ces déchets dans les années 2000, c’est beaucoup plus récent dans la plupart des DOM-COM : A Mayotte, 100% de l’île est équipée d’un dispositif de tri des déchets, mais seulement depuis novembre 2013… A Saint-Pierre-et-Miquelon, la mise en place de la collecte sélective date de novembre 2014 alors qu’en Guyane, le premier centre de tri et la première collecte n’ont vu le jour qu’en septembre 2015… Pourquoi l’accélération du déploiement aujourd’hui ? « Le développement des dispositifs de tri est soumis à la loi européenne. Pour les territoires non-équipés, la France peut avoir des pénalités », précise Véronique Héritier. Des enjeux financiers qui incitent fortement l’Etat et les DOM-COM à devenir écolos sous couvert de la loi sur la transition énergétique.

Les Réunionnais sortent du lot

-142.jpgAvec 21,9 kg par habitant et par an d’emballages ménagers recyclables triés et recyclés, La Réunion est le DOM le plus performant. La raison ? Car « le département a lancé le tri dix à quinze ans avant les autres DOM-COM ». Mais pas que… Véronique Héritier pointe également « la motivation des élus et des personnels réunionnais que l’on ne retrouve pas toujours dans les autres territoires ». A La Réunion, il existe « une réelle volonté politique » qui serait au final incitative d’après elle. « Actuellement, si les collectivités réunionnaises ont réduit les fréquences de collecte dans une logique de baisse des taxes, de maîtrise des coûts et de réduction de l’emprunte carbone, elles ont aussi accepté de mener des actions de sensibilisation plus accrues », termine fièrement la responsable du DOM le plus trieur.

Parallèlement, des initiatives se mettent en place : « une collecte sélective des bouteilles de soda et de bière s’est développée sur l’île », indique Véronique Héritier. « Je crois en l’économie sociale et solidaire (ESS), particulièrement adaptée à l’outre-mer », lance-t-elle. L’ESS, une alternative pragmatique : « Les volumes actuels de déchets à recycler ne sont pas suffisants pour assurer le fonctionnement pérenne d’unités de traitement, et ce, même si la modernisation du seul centre de tri de l’île est en cours. »
Un manque de déchets recyclables à traiter souvent lié à l’implication de la population, au climat et à l’aspect financier. Et ce, dans tous les DOM-COM.

Pourquoi le tri et le recyclage ne décollent pas dans les DOM-COM ?

« Les territoires ultramarins sont isolés, denses et moins riches que ceux de la métropole. Cela freine considérablement les performances de tri », expose Véronique Héritier. En outre-mer, il y a une forte pression foncière, accentuée par des zones difficiles d’accès et des transports locaux coûteux. « La collecte est parfois une véritable gageure », soupire-t-elle.
À cela s’ajoute la convention de Bâle relative au transfert transfrontalier des déchets. De fait, les DOM-COM non-équipés d’unités de traitement in situ doivent, à prix fort, expédier les déchets recyclables vers la métropole : « Cela réduit les coopérations inter-DOM et avec les autres États de la même zone géographique », témoigne Véronique Héritier qui pense néanmoins que la sortie du statut de déchet de certaines matières va faire évoluer la règlementation.

-143.jpgAutre trouble-fête : le climat. En raison de l’hygrométrie, le papier et le carton sont par exemple difficilement valorisables si on les stocke trop longtemps. Les engins techniques trop innovants sont également sensibles. A Saint-Martin, Patrick Villemin, président de la société Verde SMX qui gère le site de recyclage-valorisation, avoue qu’il s’agit là de la plus grande difficulté : « Les coûts et les délais de livraison pour du matériel neuf nous freinent énormément. On essaie de gérer au mieux avec du matériel d’occasion : le système de débrouille est très important à Saint-Martin ! »

Puis il y a les coûts de gestion. En outre-mer, le taux de recouvrement des impôts ou redevances permettant de financer la collecte et le traitement des déchets est significativement plus faible qu’en métropole. Résultat : peu de projets d’investissement nécessitant des fonds publics et peu d’engagement des collectivités. « Il faut privilégier le recyclage uniquement lorsque les bénéfices sont supérieurs aux coûts », annonce Véronique Héritier.
Une démarche liée à l’implication de la population ultramarine qui doit inexorablement remplir ses poubelles de matières recyclables. A Saint-Martin, Patrick Villemin l’admet : « Il faudrait que le tri à la source soit de plus grande qualité. » Véronique Héritier renchérit en souhaitant développer une communication engageante :« nous devons insister sur les dommages locaux induits par les comportements inciviques. » Changer les habitudes : voilà peut être ce qui s’avèrera le plus ardu.

La COP21 : accélérateur de changement en outre-mer ?

-144.jpgAujourd’hui, les déchets génèrent des émissions de gaz à effet de serre lorsqu’ils sont traités (enfouis ou brûlés). Sachant que les DOM-COM sont plus sensibles aux changements climatiques, il y a urgence.

Présenté lors de la COP21, le plan de relance pour améliorer les performances de tri et de recyclage dans les DOM-COM sera peut-être l’élément accélérateur d’une prise de conscience écologique et d’une nouvelle économie en outre-mer.
Naviguer vers plus de tri et de recyclage, c’est aussi s’embarquer dans la création d’emplois dans des territoires où le chômage reste très élevé. Les déchets : une ressource à ne pas négliger.

J.-L. Roumégas : « Nicolas Hulot n’est qu’au début de sa déconvenue »

Interview du porte-parole national des Verts Jean-Louis Roumégas alors que le Grenelle de l’environnement tend à s’enliser dans les sables administratifs avec le report du vote du projet de loi Grenelle I à l’automne, initialement prévu avant l’été.

Quel regard les Verts portent-ils sur la démarche de Nicolas Hulot qui a fait signer aux principaux candidats son pacte écologique durant la dernière campagne présidentielle ?

Je suis moi-même signataire du pacte écologique. C’est un travail indispensable au niveau associatif mais l’écologie ne peut pas se limiter à une action associative, c’est la raison pour laquelle je me suis engagé en politique. Si on est un certain nombre d’écologistes qui au départ étions dans le monde associatif et qui avons franchi le pas, ce n’est pas pour rien. L’écologie est quelque chose qui déjà sur le fond est éminemment politique, il faut donc rentrer dans le jeu politique pour faire bouger les choses. Toute la question est de savoir si on peut faire bouger les choses de l’extérieur de la politique. Je ne pense pas que Nicolas Hulot et Jean-Paul Besset (1) récusent l’idée que l’écologie est éminemment politique. Mais peut-on agir sans entrer dans le jeu politique ? Moi, je pense que lorsqu’une association fait ça, c’est bien, ça fait avancer les choses, mais c’est illusoire de croire que ça peut remplacer la présence en politique d’écologistes, c’est une analyse qui est d’ailleurs en train de se fracasser contre la réalité.

Pouvez-vous donner un exemple ?

On peut prendre l’exemple des OGM. On a vu que « le droit de consommer et de produire sans OGM » est sorti des conclusions du Grenelle. C’était alors une démarche purement associative. Et lorsque cela s’est confronté au rapport de forces politiques au sein de l’Assemblée et du Sénat, où s’exprime des intérêts autres que ceux de la simple parole associative, cela s’est complètement fracassé contre la réalité. De grands intérêts économiques ont pesé. On se rend alors compte que les papiers signés, les engagements en termes de discours, c’est très joli, mais si au quotidien, dans l’ingratitude de la gestion politique, il n’y a pas des gens convaincus qui se battent pour faire avancer les choses, cela reste lettre morte. D’ailleurs, je constate qu’Hulot et Besset, dans l’analyse qu’ils font aujourd’hui de l’évolution du Grenelle, manifestent une certaine déception. Je pense qu’ils ne sont qu’au début de leur déconvenue. Pour l’instant, on a examiné que la loi OGM mais lorsqu’on va examiner le premier projet de loi Grenelle, je pense que là, entre les belles déclarations des conclusions du Grenelle et la réalité…

La démarche du Grenelle de l’environnement n’a donc selon vous pas été efficace ?

Elle a été efficace pour faire évoluer les idées, il s’agit d’un travail culturel de prise de conscience bénéfique. Il n’y a d’ailleurs pas eu que la Fondation Hulot, il y a eu le travail du Giec sur le climat, le prix Nobel de la paix donné à Al Gore, le rapport Stern sur les implications économiques du changement climatique, le travail de centaines d’associations de défense de l’environnement et le travail des Verts depuis des années au quotidien qui a finit par créer une majorité culturelle. Nous avons aujourd’hui une majorité culturelle pour constater la crise écologique mais on n’a pas encore une majorité pour admettre des solutions à cette crise.

Les Verts ne se sont-ils pas fait piéger durant la campagne présidentielle avec seulement 1,57% des suffrages exprimés ?

Il y a plusieurs explications. D’abord le mode de scrutin lui-même qui appelle à une bipolarisation, le vote utile parce qu’en 2002 la gauche avait été absente du second tour et la démarche de Hulot qui a laissé penser que le problème écologique était traité. Mais lors des élections municipales, les Verts ont retrouvé en général les scores de 2001 qui étaient des scores hauts. Les électeurs d’aujourd’hui se comportent de façon très ouverte, ils ne sont pas enfermés dans un vote partisan. Aux présidentiels, ils ont considéré que l’enjeu, c’était autre chose, on ne peut donc pas dire que c’est la fin des Verts, loin de là, je n’y crois pas du tout. Il y a des partis écologistes qui continuent à jouer un rôle important dans le monde entier. Penser qu’en France, l’existence même de l’écologie sur le plan politique serait remise en cause, non, c’est excessif.

Questionné sur la méfiance des Verts vis-à-vis du Grenelle de l’environnement, Jean-Paul Besset a répondu : « tout d’un coup, ce pour quoi ils militent depuis 30 ans a commencé à voir le début d’une résolution. Les Verts voient passer le train sans en être, il y a du dépit dans tout ça ». Quelle est votre réaction ?

Premièrement, il reconnaît qu’on se bat là-dessus depuis 30 ans. Ensuite, avant de dire que la démarche du Grenelle est réussie, il faut peut-être attendre, il crie victoire un peu tôt. La leçon du Grenelle, ce sera peut-être que justement, on a encore plus besoin des Verts. On n’a pas du tout eu de réaction de dépit, la preuve, c’est qu’on a joué le jeu. D’abord, on a demandé à participer au Grenelle mais les partis politiques n’étaient pas admis. On a quand même suivi à fond le dossier. On a des membres des Verts qui se sont engagés au titre de leur rôle d’élu, je pense à Marie-Christine Blandin, sénatrice du Nord qui était présidente de l’atelier sur la biodiversité. Les Verts ont fait un travail dans les ateliers, on a été très présents et on a crée un groupe de suivi du Grenelle dès le début, on y a d’ailleurs porté une parole peut-être moins naïve que celle de certaines associations.
Dès le début, on a manifesté une méfiance pour des raisons très précises. Il pouvait s’agir d’un simple coup médiatique du gouvernement, Sarkozy est d’ailleurs coutumier du fait. On s’est également rendu compte que Sarkozy a exclu autoritairement dès le début du Grenelle certains sujets. La question du nucléaire n’a par exemple pas été débattue, ce qui est une hérésie ; comment peut-on discuter de la politique énergétique de la France sans intégrer la question du nucléaire, ça rime à quoi, ce n’est pas honnête intellectuellement comme démarche. C’est notre deuxième réserve, outre le fait qu’on sentait bien une opération médiatique. Malgré tout, on a dit « il faut y aller », il y avait un côté intéressant de mettre autour de la table des acteurs de la société civile qui en général ne se parlent pas. Mettre ensemble face à face les acteurs économiques, les syndicats, les associations de défense de l’environnement et les collectivités locales, cela a été très intéressant. Cela a permis de dégager un consensus sur la crise écologique, de faire ressortir un consensus sur certaines solutions et cela a permis de dégager des points de débat, de controverses sur d’autres questions. Bref, un état des lieux a été réalisé. En même temps, beaucoup d’espoir a été suscité, et le problème, c’est qu’aujourd’hui, ces espoirs risquent d’être déçus. Il faut passer maintenant à la partie concrète. C’est là où l’on voit la difficulté et la dimension politique et parfois conflictuelle des questions écologiques. Comment ne pas parler du conflit entre les intérêts de Monsanto qui a tout intérêt à vendre ses semences génétiquement modifiées et la volonté des consommateurs et des défenseurs de l’environnement de consommer et de produire sans OGM ? Comment gérer le conflit d’intérêts entre les pêcheurs, les routiers et les agriculteurs qui demandent une baisse du prix du gasoil et la nécessité de diminuer la consommation énergétique. Je suis désolé mais le côté « tout le monde il est beau, tout le monde il est écolo » a ses limites. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas prendre en compte les intérêts de ces catégories mais baisser le prix du gasoil serait une mesure typiquement contraire à l’esprit du Grenelle et au développement durable.
Il faudrait dire « il y a une crise énergétique, on comprend les intérêts des pêcheurs, on va les aider à condition qu’ils se convertissent à une pêche durable » en sachant bien qu’il y aura quand même de la casse, c’est un secteur qui va devoir se restructurer.
Mais pendant que le Grenelle se déroule, « la vente » continue. On continue à développer des projets autoroutiers. Il n’y a aucune liste de projets gelés, par exemple à Montpellier avec le doublement de l’A9. On attend de voir ce qui va aboutir du Grenelle mais pour le moment, rien n’a changé.

Que pensez-vous de la mesure du bonus-malus appliqué aux automobiles et qui sera bientôt expérimentée sur une vingtaine de familles de produits ?

Jean-Louis Borloo, qui devait être le vice-premier ministre du développement durable, le fameux, c’est devenu un ministre qui demande seulement aux Français de faire des gestes quotidiens et qui leur promet des étiquettes. C’est aussi le ministre qui a dit que maintenant il avait une voiture hybride, c’est formidable mais si c’est que ça… on attendait plutôt qu’il ait autorité sur le ministre de l’agriculture, qu’il ait son mot à dire sur le budget… Et c’est devenu le ministre qui pendant la semaine du développement durable demande à chacun des Français d’éteindre son robinet pendant qu’il se lave les dents et d’acheter des ampoules basse consommation. C’est très bien les gestes quotidiens mais on n’avait pas besoin d’un vice-premier ministre pour arriver finalement à mendier des gestes individuels.
Nous observons également des dérives avec ce qu’on appelle l’éco blanchiment, la publicité abusive qui utilise le thème de l’écologie pour vendre des 4×4 Mitsubishi au pays du protocole de Kyoto. Vous avez donc le travail fait par les acteurs, un travail positif de diagnostic et vous avez ce qu’en fait le gouvernement. Autant tout ce travail du Grenelle est positif, autant la politique du gouvernement en matière écologique n’a progressé que de façon très marginale, en tout cas pas à la hauteur des enjeux fixés par Nicolas Hulot.

Pensez-vous que Nicolas Hulot a fait preuve de naïveté par rapport aux véritables intentions du gouvernement ?

Je pense que lui-même a fait le constat que beaucoup d’ambitions du Grenelle se fracassent contre la réalité politique, ce qui ne l’empêche pas et c’est normal de continuer à se battre. D’une certaine façon, il est en train de sortir de sa naïveté. Dans une interview donnée au « Journal du dimanche », en septembre dernier je crois, il a avoué avoir évolué dans sa pensée. Il a retrouvé quelque chose que les Verts ont intégré depuis longtemps, en se rendant compte que les questions écologiques ne peuvent pas être pensées en dehors des questions sociales et économiques. Il prenait conscience de son opposition au libéralisme économique. Sur le plan politique, il a avoué se sentir proche de Daniel Cohn-Bendit et d’Olivier Besancenot. Il est en train de réaliser que les questions écologiques ont forcément une dimension politique.

Pensez-vous malgré tout que les députés UMP sont suffisamment mûrs écologiquement pour transformer en loi les accords trouvés au moment du Grenelle ?

Le gouvernement est en pleine contradiction entre les ambitions du Grenelle d’un côté et la logique de culte de la croissance de l’autre. La politique, c’est faire des choix, ce n’est pas à la fois être pro-croissance et économe en ressources et énergies. Sinon, il faut parler de croissance sélective. On ne peut pas être à la fois pour le libéralisme et les régulations, ce n’est pas possible. Les mots ont quand même un sens. Ce qui est intéressant dans le Grenelle, c’est la mise à jour de ces contradictions. C’est pourquoi on ne manifeste absolument pas de dépit par rapport au Grenelle. Pour nous, le Grenelle est une formidable opportunité – merci Sarko ! – de démontrer premièrement, que l’écologie, c’est quelque chose de politique et deuxièmement qu’il faut aller contre le dogme du libéralisme économique qui correspond à la recherche du profit immédiat et au culte de la croissance pour la croissance. L’écologie, c’est un autre projet de société, ce qu’exprime très bien Nicolas Hulot dans son pacte écologique. Il faut sortir de la société de consommation, le seul but n’est pas de gagner de l’argent. Là-dessus, on est d’accord avec lui, mais la naïveté, c’est de croire qu’on va convertir l’UMP à cette logique comme un prophète, même les prophètes ne sont pas devenus majoritaires.

Que pensez-vous du report à l’automne concernant le vote du premier projet de loi Grenelle ?

Ce report est à mon avis une conséquence de ce qui s’est passé sur les OGM. Les OGM, honnêtement, ça a été le bordel dans la majorité entre membres du gouvernement et députés UMP, des contradictions sont apparues entre eux. Ils se sont dits, « la loi Grenelle I produite par Borloo, ça va être la même chose » alors que le projet de loi est déjà un détricotage des conclusions du Grenelle. Nicolas Hulot le reconnaît mais en plus, les députés UMP ont annoncé qu’ils allaient s’occuper de cette loi et la réduire encore dans ses ambitions. Ce projet de loi là, s’il est reporté à l’automne, c’est parce que les députés UMP ont décidé de faire sa fête à Borloo. C’est ça qu’il faut voir. Borloo, qui est déjà le ministre des robinets fermés pendant qu’on se lave les dents, va se faire attaquer par la majorité UMP.

L’écologie est-elle fondamentalement de gauche ?

A condition que le mot de « gauche » reprenne tout son sens c’est-à-dire le refus de la loi du plus fort sur le plan économique, la volonté de justice sociale. L’écologie, qui est la prise en compte de la planète, ça n’a pas de sens si ce n’est pas pensé dans une logique de justice sociale. Qui dit harmonie avec le monde dit harmonie au sein de la société. La crise sociale et la crise écologique sont liées, c’est le même mécanisme qui produit les deux, c’est la recherche du profit rapide et aveugle qui produit l’exploitation des hommes entre eux et l’exploitation des richesses. Croire qu’on peut lutter contre l’un sans lutter contre l’autre, c’est illusoire. Impossible d’être écologiste et adepte du libéralisme économique basé sur la compétition et l’illusion que la croissance sans fin est possible et qu’elle va apporter le bien-être à tous. L’illusion du libéralisme n’est pas possible dès le début, c’est une question même philosophique. C’est pour ça que l’écologie politique est sur ses fondements au-delà du clivage gauche/droite actuel mais en même temps, il nous paraît plus naturel de travailler avec ceux qui recherchent la justice sociale qu’avec ceux qui veulent simplement la compétition économique.

Mais sur le fond de la pensée philosophique, il y a aussi des gens de gauche qui sont très productivistes, qui se font une religion de la croissance pour la croissance. Je ne suis pas du tout pour cautionner les méthodes socialistes que je n’aime pas mais fondamentalement, je crois à la justice sociale. Dans la pratique politique, la question est de savoir si on doit tomber dans le « ni droite ni gauche ». On se rend compte que ça ne marche pas ; à moins d’être majoritaire tout seul, le système électoral vous impose de faire des choix d’alliance. C’est une question de démocratie, de clarté aussi par rapport aux électeurs, donc, il faut bien faire ce choix. C’est vrai que lorsqu’on reste sur le plan associatif, il n’y a aucune raison de ne pas faire du lobbying sur tous les acteurs politiques ; sur le plan théorique, ils ont raison Besset et Hulot et nous ramènent au sens de la démarche écologique mais après, dans la pratique politique, il faut y aller, il faut convaincre dans le système électoral, ça ne sert à rien d’avoir une majorité dans les sondages et les enquêtes d’opinion. Le poids électoral qu’auront les Verts dans le terrain politique, ça comptera beaucoup plus que le simple poids médiatique parce que à un moment donné, dans une Assemblée, ce qui compte, c’est numérique, savoir qui a les voix et qui peut faire pencher la balance. Il a raison Besset, ça fait trente ans qu’on rame, mais si on n’assume pas ça, les choses n’avanceront pas concrètement, on va aller de déceptions en déceptions. L’enjeu, c’est de donner un poids politique suffisamment important pour imposer aux autres des changements, c’est ça la politique, si c’était la culture du « tout le monde il est beau… », s’il suffisait de convaincre, on aurait pas besoin de plusieurs partis. C’est la démocratie aussi qui impose la confrontation d’idées mais ce qu’il faut, c’est que le point de vue écologique qui va s’exprimer dans le système électoral ait du poids, et de plus en plus de poids.

(1) Jean-Paul Besset est le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot.

Grenelle de l’environnement: l’heure de vérité approche

Le projet de loi « Grenelle de l’environnement », dont les associations écologistes reconnaissent qu’il est conforme aux conclusions du Grenelle, sera examiné par le Parlement avant l’été. L’heure de vérité approche quand on connaît la résistance culturelle de la majorité des députés UMP aux questions écologiques. Quelques semaines avant cette étape cruciale, l’interview de Jean-Paul Besset, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot.

Après votre carrière de journaliste (1), pourquoi vous êtes-vous engagé aux côtés de Nicolas Hulot ?

J’ai pris ma retraite professionnelle. J’ai continué à titre personnel en fonction de mes convictions au sujet de la crise écologique. A la suite d’un livre que j’ai publié en 2005 (2), j’ai rencontré Nicolas Hulot. Nous avons travaillé ensemble. Cela s’est engagé sur Le Pacte écologique, la campagne présidentielle puis le Grenelle de l’environnement. Cela m’a paru être une démarche plus efficace que celle des Verts du point de vue de l’audience.

Comment passe-t-on du trotskisme à la passion de l’écologie ?

Par l’observation des faits, des réalités, cela vient de la pratique de mon métier de journaliste. Ces dernières années, dans mes voyages, mes expériences, mes rencontres, mes lectures, dans mon travail, j’ai vu monter la thématique écologique comme quelque chose d’essentiel qui bouleversait la représentation que je pouvais avoir du monde, qui exprimait d’autres enjeux qui sont devenus pour moi prioritaires. Cela n’a pas été une conversion du jour au lendemain ! Mais une prise de conscience de plus en plus vive. Et la crise écologique approfondit la problématique de solidarité, de justice sociale.

D’où vient cette idée du Grenelle de l’environnement ?

C’est une proposition des associations de défense de l’environnement regroupées autour des objectifs du Pacte écologique. Nous avons rencontré les candidats à l’élection présidentielle avec Nicolas Hulot et nous leur avons proposé, s’ils étaient élus, d’appliquer le Pacte écologique en organisant une grande négociation sur la politique française en matière environnementale. Il se trouve que c’est Sarkozy qui a été élu, on a donc discuté avec lui.

Pourquoi le réseau « Sortir du nucléaire » n’a-t-il pas été impliqué dans les négociations ?

Il n’a pas voulu ! Ce réseau a posé l’abandon du nucléaire comme préalable à toute discussion avec les pouvoirs publics et les autres collèges (3). Nous n’avons pas posé ce préalable parce que nous savions que dans ce cas, il ne se passerait rien. C’était une question de stratégie. Le gouvernement n’a écarté personne, il a pris les associations que nous avons proposé, le groupe de neuf associations (4) avec lequel les discussions avaient eu lieu durant la campagne présidentielle.

Ne craignez-vous pas que les conclusions du Grenelle ne soient remises en cause lors de leur traduction législative ?

On a une vigilance permanente, c’est une bataille permanente. Le Grenelle est un compromis entre toutes les forces vives représentatives de la société française, les entreprises, les salariés, les associations… La négociation a accouché de 273 mesures qui nous semblent importantes, qui nous paraissent engager une démarche écologique différente. Maintenant, il faut que ces mesures soient confirmées par l’Assemblée nationale et le Sénat et ensuite appliquées concrètement par l’administration, ce qui n’est pas gagné.

Pensez-vous que l’UMP est assez mûr écologiquement pour transformer en loi les accords trouvés au moment du Grenelle ? Vous avez déclaré à Médiapart que Fillon voulait la peau du Grenelle…

Je pense qu’il y a une énorme résistance culturelle de l’ensemble des forces politiques à cette révolution écologique. L’ensemble des partis politiques européens est vacciné à une autre logique. Ils viennent de la révolution industrielle, n’ont que le mot de croissance à la bouche. La question écologique oblige à poser les choses d’une manière différente, nous ne sommes plus dans une problématique de répartition de l’abondance mais dans une problématique de partage de la rareté des ressources, de l’énergie… On est dans une logique du moins, non pas dans une logique du plus. Quand la gauche était au pouvoir, les réactions étaient les mêmes. Cela renvoie à un positionnement, une certaine représentation du monde, à des valeurs, des croyances… La distinction droite/gauche existe sur un certain nombre de points mais par rapport à ce que je considère être l’enjeu principal aujourd’hui, le creuset identitaire de la gauche et de la droite est identique.

Que pensez-vous de la méfiance de certaines associations écologistes qui ne voient dans le Grenelle qu’une simple opération de communication ? Un contre-Grenelle de l’environnement a même été organisé…

Je crois qu’à partir d’un moment il faut s’affronter avec le réel et le réel, c’est ce gouvernement ainsi que les forces syndicales, patronales… On a discuté avec l’ensemble de la société, alors, évidemment on a pris des risques mais on voulait engager une prise de conscience, une démarche transitoire, pas déclencher une révolution. C’est toujours la même question de la réforme ou de la révolution, du programme maximum ou d’un programme transitoire. Nous sommes engagés dans une démarche transitoire. Les proclamations ne suffisent pas. Il ne suffit pas de dire qu’il faut demain une société écologique pour la construire. Ça passe par des compromis, c’est une question de rapport de forces.

Comment gérez-vous la contradiction entre le gouvernement actuel qui ne jure que par la croissance et votre appel à une société de décroissance dans votre livre « Comment ne plus être progressiste… sans devenir réactionnaire » ?

Toutes les mesures que nous avons proposé au Grenelle sont des mesures de décroissance, sur les questions de consommation, de flux de matière et d’énergie. Nous plaidons pour une décroissance équitable, c’est une nécessité. Le Grenelle, c’est la mise en œuvre de mesures de décroissance, pas d’une décroissance généralisée, proclamatoire. Ce sont des réformes progressives qui tracent un autre chemin. Moins de circulation automobile, plus de circulation en train, moins de produits phytosanitaires et plus de produits bio de qualité…

Que pensez-vous de la réaction des Verts qui ont estimé que le Grenelle était mort après le vote de la loi sur les OGM à l’Assemblée nationale ?

Les Verts, ils disent depuis le début que tout est mort et finalement ils y viennent, ça les regarde. Tout d’un coup, ce pour quoi ils militent depuis 30 ans a commencé à voir le début d’une résolution. Ils voient passer le train sans en être. Il y a du dépit dans tout ça. On peut être critique sur la loi mais le fait est là, il n’y a plus d’OGM en France au jour d’aujourd’hui, on y est arrivé. C’est simple, on avait deux possibilités pour les OGM : ou bien on se battait front contre front en exigeant l’interdiction totale des OGM, ou bien on élaborait une loi qui fait que la culture des OGM devienne de plus en plus difficile. Aujourd’hui, il n’y a plus de culture d’OGM en France. Il y a certes une loi qui laisse la possibilité d’avoir des OGM mais notre action vise à établir un espèce de moratoire technique et c’est le cas.

Les lobbies ont quand même été très présents lors du vote…

On ne peut pas empêcher les lobbies, c’est le fonctionnement de la démocratie. Mais je ne pense pas que ce soient les lobbies en tant que tels qui influencent le plus les choix politiques de la majorité, je pense que c’est leur culture profonde. Pour eux, les OGM, c’est « la science nous apporte la résolution des problèmes ». Nous, nous leur disons que la science peut entraîner des dégâts environnementaux et sociaux, l’innovation en tant que telle n’est pas forcément bonne à prendre.

Que répondez-vous aux critiques concernant le flou du chiffrage financier du projet de loi « Grenelle de l’environnement » ?

Ce projet de loi d’orientation n’a pas à être chiffré, c’est une loi cadre qui donne un horizon, ensuite viendront les lois d’application, nous serons alors très attentifs.

Pensez-vous que la révolution écologique que Nicolas Hulot appelle de ses vœux dans son Pacte écologique est en marche ?

Oui, absolument. N’importe quel observateur de bon sens s’aperçoit du trajet parcouru ces dernières années. Ce n’est pas seulement dû à notre action, nous avons accompagné cette prise de conscience de la manière la plus active possible. Chaque citoyen touche du doigt la question du réchauffement climatique, les problèmes sanitaires, l’extension des cancers, le manque d’eau… C’est cette expérimentation que les gens font qui implique cette prise de conscience. On a essayé de « coaguler » tout ça. Il me semble que cela a progressé, je ne vois pas comment on pourrait dire l’inverse.

Etes-vous satisfaits de la couverture médiatique du Grenelle ? Pensez-vous que les journalistes intègrent plus qu’avant la dimension écologique dans leur métier ?

Dans tous les journaux où j’ai travaillé, j’ai essayé de faire monter ce sujet, cette préoccupation. Je me heurtais à de grosses difficultés culturelles. Je me souviens au Monde, entre autres, combien c’était difficile. Aujourd’hui, les médias en général accompagnent cette prise de conscience même s’ils le font plus ou moins bien. Le Figaro fait appel à des points de vue critiques mais ils sont obligés de traiter le sujet, c’est ça qui change. On a réussi à mettre la question écologique au cœur des débats politiques, économiques et sociaux en France.

Sur quels critères jugerez-vous la réussite ou l’échec du Grenelle ?

Il faut continuer à se battre. On ne peut engranger des effets positifs que si la société dans son ensemble nous appuie. C’est pour ça que la démarche du Grenelle est très importante pour nous. Les collèges présents au Grenelle étaient représentatifs de la société française. C’est très important qu’on puisse avancer sur des propositions concrètes. Nous pensons que l’amplitude des enjeux est telle qu’on ne parviendra pas à trouver une solution par un coup de force quelconque. Il faut convaincre culturellement l’ensemble de la société. Cela passe par un débat démocratique avec différents intérêts, des heurts. On n’imposera pas la révolution écologique. Cela demande un changement de comportement individuel.

Pensez-vous que la France pourra entraîner l’Europe dans son sillage en matière écologique lorsque le pays prendra en juillet la présidence de l’Union européenne ?

Je ne sais pas si ça va se produire à ce moment-là mais nous, on agit là où on est, on mise sur l’exemplarité des actions menées en France. Vu la dimension des problèmes, cela ne pourra prendre sa véritable échelle qu’au niveau international, précisément au niveau européen. Le gouvernement est déchiré entre la logique du Grenelle et d’autres logiques comme celle de la Commission Attali (5), qui vont à l’encontre de l’esprit du Grenelle. Nous sommes à un moment charnière, c’est normal qu’il y ait des contradictions, reste à savoir lesquels vont l’emporter, on est sûr de rien.

(1) Jean-Paul Besset a été journaliste à Libération et rédacteur en chef du journal « Le Monde » pendant dix ans.

(2) « Comment ne plus être progressiste… sans devenir réactionnaire », coll. Fayard, 2005.

(3) Les groupes de travail ont regroupé cinq collèges : les associations, le patronat, les syndicats, l’Etat et les collectivités locales.

(4) Ces associations sont : World Wild Fund for nature (WWF), Greenpeace, les Amis de la terre, la Fondation Nicolas Hulot, la Ligue de protection des oiseaux, le réseau Action climat, France Nature environnement (FNE), la Ligue pour la préservation de la faune sauvage et la défense des non-chasseurs (ROC).

(5) Le rapport Attali propose de remettre en cause le principe de précaution, inscrit actuellement dans la Constitution française, considéré comme un frein à la croissance, aux investissements et à l’innovation.

L’or noir plonge dans le rouge

Avec un record à 111,80 $ sur les marchés asiatiques le 17 Mars dernier, le baril de « light sweed crude » franchit un nouveau seuil historique. Matière première de prédilection du développement économique, le pétrole reste une manne financière incontestable. Malgré la flambée de son cours, la dépendance à cette énergie non renouvelable est loin d’être remise en question.

Au moment du Grenelle de l’environnement, Christine Lagarde vantait les mérites du vélo et du covoiturage. Effet de mode ou nécessaire transition ? A l’heure de la pulvérisation du prix du baril de pétrole, il serait temps d’envisager le développement d’alternatives énergétiques. Bientôt 115 $ le baril, et 1,50 € le litre à la pompe. De quoi réfléchir.
Mais tout le monde n’est pas lésé dans cette histoire. L’Etat empoche chaque année 17 milliards d’euros de taxe et les compagnies pétrolières enregistrent des profits record. En 2007, le groupe Total annonçait 9 milliards d’euros de bénéfices pour les neufs premiers mois de l’année.

Evolution du prix du baril depuis 1988

Le débat sur une éventuelle taxation de l’or noir devient inéluctable. La rente pétrolière pourrait largement financer le développement des énergies renouvelables. Inutile de préciser que ni l’Etat, ni les entreprises pétrolières, ni les pays producteurs ne sont prêts à un tel « sacrifice ».
Les acteurs du plus grand gisement financier du monde remettent pourtant en cause leur propre existence : le développement de pays émergents à forte densité de population tels que l’Inde ou la Chine fait exploser la consommation mondiale de pétrole. Une situation qui pourrait être limitée si les pays occidentaux investissaient sérieusement dans les énergies propres. Grâce au transfert de technologie des pays développés vers les pays émergents, on éviterait d’aggraver une situation déjà alarmante : la raréfaction des sources d’approvisionnement tire les prix vers le haut et l’aggravation de la pollution de l’air intensifie les variations climatiques et la qualité de vie. Mais l’écologie semble être un luxe que les pays riches ne veulent pas s’offrir.

L’or noir plonge dans le rouge

Avec un record à 111,80 $ sur les marchés asiatiques le 17 Mars dernier, le baril de « light sweed crude » franchit un nouveau seuil historique. Matière première de prédilection du développement économique, le pétrole reste une manne financière incontestable. Malgré la flambée de son cours, la dépendance à cette énergie non renouvelable est loin d’être remise en question.

Au moment du Grenelle de l’environnement, Christine Lagarde vantait les mérites du vélo et du covoiturage. Effet de mode ou nécessaire transition ? A l’heure de la pulvérisation du prix du baril de pétrole, il serait temps d’envisager le développement d’alternatives énergétiques. Bientôt 115 $ le baril, et 1,50 € le litre à la pompe. De quoi réfléchir.
Mais tout le monde n’est pas lésé dans cette histoire. L’Etat empoche chaque année 17 milliards d’euros de taxe et les compagnies pétrolières enregistrent des profits record. En 2007, le groupe Total annonçait 9 milliards d’euros de bénéfices pour les neufs premiers mois de l’année.

Evolution du prix du baril depuis 1988

Le débat sur une éventuelle taxation de l’or noir devient inéluctable. La rente pétrolière pourrait largement financer le développement des énergies renouvelables. Inutile de préciser que ni l’Etat, ni les entreprises pétrolières, ni les pays producteurs ne sont prêts à un tel « sacrifice ».
Les acteurs du plus grand gisement financier du monde remettent pourtant en cause leur propre existence : le développement de pays émergents à forte densité de population tels que l’Inde ou la Chine fait exploser la consommation mondiale de pétrole. Une situation qui pourrait être limitée si les pays occidentaux investissaient sérieusement dans les énergies propres. Grâce au transfert de technologie des pays développés vers les pays émergents, on éviterait d’aggraver une situation déjà alarmante : la raréfaction des sources d’approvisionnement tire les prix vers le haut et l’aggravation de la pollution de l’air intensifie les variations climatiques et la qualité de vie. Mais l’écologie semble être un luxe que les pays riches ne veulent pas s’offrir.