Accros à leur smartphone jusque dans les toilettes !

Blackberry, iPhone, Androïd… les Britanniques en raffolent ! Selon une étude de l’Ofcom (le CSA au Royaume-Uni), de nombreux propriétaires de smartphone se disent « hautement accros » à ces petits bijoux de technologie.

Après avoir surveillé 2 073 adultes (à partir de 16 ans) et 521 adolescents entre 12 et 15 ans en mars dernier,l’autorité régulatrice des télécoms britanniques (Ofcom) a rendu public, dans un rapport publié le 4 août 2011 des statistiques assez impressionnantes. Par exemple, 37 % des adultes et 60 % des adolescents interrogés par l’organisme disent être « hautement accrocs » à leur smartphone !

Et ça ne s’arrête pas là. Une large majorité des utilisateurs de ces petits bijoux de technologie disent ne jamais les éteindre. Même si cela veut dire les utiliser pendant les repas (23 % des adultes et 34 % des adolescents l’avouent), dans la salle de bain ou les toilettes (chez 47 % des jeunes) voire la nuit ! En effet, ils sont 40 % à se servir de leur smartphone après qu’il les ait réveillés. Ces « accrocs » des iPhone et autres Androïd sont donc plus souvent connectés que les utilisateurs de mobile basique.

«Les smartphones deviennent un outil essentiel de la vie sociale.»

«Ce rapport montre l’influence que les technologie de la communication ont désormais sur notre vie de tous les jours et sur la manière dont on se comporte et on communique entre nous», explique James Thickett, directeur de recherche au journal britannique The Guardian. L’Ofcom révèle ainsi qu’être avec des amis n’empêche pas les propriétaires de smartphone de les utiliser. Et c’est le cas chez les jeunes à 65 %, mais aussi chez les plus grands à 51 %.

Les habitudes des adolescents sont aussi chamboulées. Ils délaissent de plus en plus des activités considérées comme « traditionnelles » pour passer du temps sur leur smartphone : 23 % disent moins regarder la télévision et 15 % admettent lire moins de livres. Quant aux consoles, pourquoi les prendre quand on peut jouer directement sur son téléphone ? Certaines barrières tombent également, toutes tranches d’âge confondues : un utilisateur de smartphone sur cinq navigue sur le web ou joue en ligne dans des lieux où on leur demande à ce qu’ils soient éteints, comme le cinéma ou la bibliothèque.

«Nos recherches révèlent comment les gens deviennent rapidement dépendants des nouvelles technologies, au point de se sentir accrocs, continue James Thickett. De plus en plus de personnes s’achètent des smartphones [[Sur les 27 % d’adultes et 47 % d’adolescents qui possèdent un smartphone, 59 % l’ont acheté l’an passé, selon Ofcom.]] et ils deviennent un outil essentiel dans leur vie sociale ; que les gens soient dehors avec des amis ou en train d’utiliser Facebook.» D’ailleurs, le réseau social reste de loin le site pour mobile le plus populaire parmi les utilisateurs de smartphone. Ils passent quatre fois plus de temps à se faire des amis sur le net qu’à aller sur Google ou n’importe quel autre site.

À la fin de son rapport, Ofcom a tenu à mettre en garde les plus âgés, beaucoup moins nombreux à s’équiper en nouvelles technologies. Les 35-44 ans sont 90 % à avoir internet à la maison contre 25% pour les septuagénaires. À ce train-là, ils risquent de rater le TGV de la révolution digitale !

Gilles Fontaine : « MyMajorCompany est un simple symptôme plutôt qu’une révolution »

Directeur général adjoint de l’IDATE, centre d’étude et de conseil pour les secteurs
des télécoms, d’internet et des médias, Gilles Fontaine revient sur le phénomène MyMajorCompany et l’évolution de l’industrie musicale. Rencontre.

Haut Courant : Les dernières années ont vu émerger de nouveaux acteurs de l’industrie musicale. Que pensez-vous de ces alternatives ?

Gilles Fontaine : MyMajorCompany (MMC) a su créer un marketing viral bien pensé et intelligent. Il reste cependant un phénomène limité, notamment en
termes de modèle économique. La capacité d’investir en dehors du noyau dur des passionnés semble limitée. Je doute de l’ampleur de la solution face au poids des maisons de disques.

Quelle place occupe ces phénomènes internet musicaux ?

Il faut resituer ces nouveaux sites dans un contexte de simplification et de raccourcissement de la chaîne musicale. L’autoproduction d’artistes est de plus en plus présente. Avec un Mac, tout le monde peut faire sa propre maquette. Les nouveaux acteurs du net offrent donc une réponse adaptée. Néanmoins le rôle essentiel de ces sites, et notamment de MMC, tient dans le marketing et la promotion. Ils arrivent à faire venir certains artistes mais il ne s’agit pas d’un modèle dominant. Plus qu’une révolution de l’industrie musicale, c’est un symptôme, en lien avec l’importance du marketing et la volonté de sortir des artistes plus rapidement.

Quels sont les acteurs qui se démarquent dans cette industrie musicale fragilisée ?

En termes d’exposition Youtube ou Dailymotion sont incontournables. Je suis aussi curieux de voir ce que va faire Facebook dans le domaine de la musique. Myspace reste un site communautaire professionnel destiné d’abord aux passionnés. Enfin, certaines maisons de disques ont également réussi un gros travail et résisteront, comme Universal. Elles restent le cœur de l’industrie même si leur rôle évolue.

Quel est l’avenir de l’industrie musicale dans cette ère numérique ?

Les usages seront surement démultipliés avec des distributeurs qui prendront une place de plus en plus importante comme Google ou Facebook. Les maisons de disque se recentreront sur un métier de diffusion des droits plus que sur la production elle-même, avec des recettes provenant en partie de l’événementiel, des concerts et du merchandising. La vente de disque sera minoritaire. L’industrie du futur sera probablement de plus petite taille qu’aujourd’hui mais aura retrouvé son équilibre et une rentabilité économique.

Rencontre au sommet entre deux Prix Nobel de la Paix

Alors que les relations entre les États-Unis et la Chine sont loin d’être paisibles, la Maison Blanche a annoncé officiellement que Barack Obama rencontrera le Dalaï-lama, mi-février. Quels enjeux posent la rencontre entre ces deux leaders charismatiques, outre la symbolique d’une entrevue entre deux Prix Nobel de la Paix ?

Avec Youtube et Universal, tout va à Vevo

Annoncée ce matin, la nouvelle plateforme vidéo de Youtube s’adresse directement au portefeuille des labels et des publicitaires. Quid de l’internaute?

Vers un Youtube 2.0? La question se pose après l’officialisation ce matin de Vevo, le service de vidéo-clips en ligne issu de l’association de Youtube, propriété de Google, et du major Universal Music Group (UMG), label de U2 et du regretté Bashung. Fonctionnel d’ici la fin de l’année, le site Vevo.com existe depuis quelques heures maintenant. Une page d’accueil au style épuré qui ne propose pour l’instant qu’un twitter en stand-by, et une newsletter qu’on espère un peu plus éveillée.

En réalité, Youtube partage déjà une partie de ses revenus avec UMG, les vidéos et les droits de l’un étant vendues plusieurs dizaines de millions de dollars à l’autre. Avec Vevo, les deux associés passent à la vitesse supérieure. Mais Vevo, c’est quoi, au juste? Pour l’instant, une idée. Celle d’associer le contenu officiel d’UGM, clips musicaux et vidéos diverses, à la technologie Youtube. « Universal et Google se partageront ainsi les revenus de Vevo et de Youtube », racontait hier un représentant de Google à Wired.com. Selon le même, les négociations avec d’autres labels sont en cours pour alimenter ce qui devrait être une sorte de Youtube Premium. Le but, attirer plus d’internautes, séduire davantage de publicitaires.

Sûr de son coup, Doug Morris, PDG du groupe Universal Music, déclarait ce matin : « Vevo offrira la plus importante collection de clips musicaux et de services premium à la plus grande audience mondiale de vidéo en ligne. (…) Dès son lancement, Vevo comptera plus d’utilisateurs que n’importe quel autre site de vidéos musicales aux Etats-Unis et dans le monde ». Selon le magazine Billboard, reste à Morris à convaincre les autres labels. Les diffuseurs, eux, sont déja acquis à la cause Vevo. MTV, Yahoo et Aol pensent s’associer à la plateforme, notamment pour ne plus s’embarrasser des relations, difficiles, avec les labels. En contact direct avec les producteurs, Vevo pourrait bien devenir la seule plateforme légale sur le marché. Google compte évidemment sur cette situation privilégiée pour demander aux publicitaires d’ouvrir un peu plus le porte monnaie.

Car jusque là, il faut bien le reconnaître, l’achat de la plateforme de partage vidéo en 2006 par Google pour la bagatelle d’1,65 milliards de dollars, ne peut pas être qualifié de « payant ». L’actualité antipiratage contre lui, Youtube traverse une crise sans précédent. Les sociétés d’artistes exigent plus d’argent, les majors réclament moins de piratage. Début mars, Youtube UK prive les britanniques de vidéo-clips. Moins d’un mois plus tard, son homologue allemand suit l’exemple. Pas vraiment aidé par le débat sur le téléchargement et le droit d’auteur, Youtube essaye tant bien que mal de relever la tête. Avec l’annonce de Vevo, le mois d’avril se présente sous de meilleurs auspices : un partenariat entre Youtube et Disney se dessinait il y a quelques jours, et au même moment, les négociations avec Sony semblaient en bonne voie. La publicité, encore elle, occupait bien sûr le coeur des débats. L’objectif, contrer des concurrents de plus en plus en envahissants, Hulu.com en ligne de mire. Lancé seulement en novembre 2007, le service vidéo de NBC et de la Fox talonne déja Youtube en terme de recettes publicitaires.

Autant de bonnes nouvelles qui tombent à pic après le buzz produit par un analyste du Crédit Suisse, selon lequel Youtube courrait à sa perte. 710 millions de dollars de dépenses en 2009, pour beaucoup dues à des frais de bande passante colossaux, contre 220 petits millions de recettes publicitaires, nul besoin de dégainer sa calculette virtuelle pour saisir la gravité de la situation.

Plusieurs questions restent cependant sans réponse. Plateforme de vidéos-clips pour label, Vevo accueillera-t-il le contenu amateur? Seulement s’il concerne les artistes de l’UMG. Ce timide pas en direction des internautes n’ira pas sans contrepartie. Les utilisateurs pourront bien mettre en ligne les vidéos de leur choix, ou presque, mais ils se heurteront à une procédure systématique. Chaque visionnage se verra précéder d’un écran publicitaire de plus de 10 secondes. En plus de l’impossibilité de poster leur propre contenu ou des vidéos n’ayant pas trait aux Labels, les consommateurs risquent fort de déserter Vevo une fois l’effet de surprise passé. Reste à déterminer s’ils auront le choix, vu que ce Youtube 2.0 aspire ni plus ni moins au monopole du vidéo-clip en ligne.