La France maltraite la liberté de la presse

Publié par RSF le 20 octobre, le classement annuel mondial de la liberté de la presse fait figurer la France à une misérable 44e place. Basée sur une période allant de septembre 2009 à septembre 2010, l’enquête met en lumière une situation alarmante pour la patrie des Droits de l’Homme. Précisions et explications.

Commençons par une devinette : Je fais partie des cinq premiers exportateurs d’armes de la planète, je suis considéré comme une grande puissance mondiale, et je suis 44ème au classement 2010 de la liberté de la presse, qui suis-je ? Non, il ne s’agit pas de la Russie, ni de la Chine, mais bien de la France !
Alors qu’elle se plaçait au onzième rang en 2002, la voilà rétrogradée bien loin des pays scandinaves, de la Suisse et des Pays-bas qui arrivent à égalité en tête. Ce qui fait dire à J-F. Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières, que « dans beaucoup de pays, le gouvernement français n’est plus considéré comme respectueux de la liberté d’information. »

Un florilège d’entraves

Différentes affaires ont ainsi pénalisé la France :

 La réforme de l’audiovisuel public, avec la nomination en juillet de Rémy Pflimlin à la tête de la chaîne publique France Télévisions, par le Président de la République, Nicolas Sarkozy.

 La violation du secret des sources, protégé par la loi du 4 juillet 2010. Affaire dans laquelle les services de police (sur ordre de l’Elysée?) ont procédé à l’identification d’une source du journal Le Monde, lequel a porté plainte contre X.

 La mise en examen d’un journaliste de rue89, accusé de recel pour avoir diffusé sur Internet une vidéo off de Nicolas Sarkozy.

 Les intimidations politiques récurrentes, notamment concernant l’affaire Bettencourt. Le porte parole de l’UMP, Dominique Paillé, a ainsi déclaré à propos du journaliste Edwy Plenel qu’il « a sur les mains quelque chose qui n’est pas du sang mais s’y apparente »

 L’adoption de la la loi Hadopi, dont le dispositif visant à couper l’accès internet en cas de téléchargement illégal rappelle à RSF des « méthodes de censure antérieures à la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse » et semble compromettre le droit à l’information.

J-F. Julliard résume ainsi la situation française :« L’année 2010 a été marquée par plusieurs agressions contre des journalistes, des mises en examen, des violations ou tentatives de violations du secret des sources et surtout un climat lourd de défiance envers la presse. La majorité présidentielle a eu des mots très menaçants, parfois insultants, envers certains médias. »

Une enquête sérieuse qui enfonce la France

Selon la note méthodologique de l’enquête, le classement « reflète le degré de liberté dont bénéficient les journalistes, les médias et les net-citoyens de chaque pays et les moyens mis en œuvre par les Etats pour respecter et faire respecter cette liberté. » Un questionnaire recensant 43 critères différents regroupés en thèmes (violences physiques, assassinats, menaces, contrôle des médias, censure, Internet, etc.) a donc été envoyé à des associations, des journalistes, des chercheurs, des militants des droits de l’Homme ou encore des juristes. On peut donc estimer ce rapport légitime.

L’heure semble grave. Bien sûr, la situation est pire ailleurs, bien sûr les journalistes français ne sont pas assassinés ou emprisonnés arbitrairement. D’ailleurs, beaucoup accuseront sans doute ceux qui se soucient de la liberté de la presse de pousser des cris d’orfraie, car la France, ce n’est pas Cuba ni la Corée du Nord. Certes, mais la France est censée être une démocratie.

Jean-François Julliard : RSF indésirable

A l’occasion de l’organisation coordonnée du Off des États Généraux de la presse par Médiapart et Reporters sans Frontières, nous avons rencontré Jean-François Julliard le jeudi 27 novembre 2008. Le jeune secrétaire général de RSF a pris la suite de Robert Ménard il y a deux mois, après avoir œuvré à ses côtés pendant dix ans.
Dans une interview accordée à Haut Courant, il nous livre son sentiment sur les États Généraux de la presse après s’en être vu refusé l’accès, son regard sur la situation de la presse écrite en France. Une position engagée, mais néanmoins tempérée et optimiste.

Il nous explique en quoi RSF s’est trouvé indésirable au sein des États Généraux organisés par le gouvernement :

La soirée du 24 novembre au Théâtre de la Colline, ou « Off des États Généraux de la presse » donnera lieu à un texte commun engageant à la défense de la liberté de la presse, nommé « Appel de la Colline » :

RSF nuance cependant la position alarmiste de Mediapart quant au phénomène de concentration des médias en France :

Le principal danger est représenté par la suppression de la clause de conscience qui faciliterait le renforcement de ces grands groupes plurimédias dont il ne nie pourtant pas la nécessité :

Grâce à son regard éloigné, il considère que la presse française est forte de son indépendance. La crise qu’elle subit ne serait en aucun cas une crise de l’offre, comme l’affirment une bonne partie de la profession ( …..) ainsi que les rapports dont s’inspirent les commissions mandatées par l’Élysée :

Pour Jean-François Julliard, la crise est avant tout économique, la presse subissant de plein fouet la révolution Internet : une fuite des lecteurs qui s’explique d’abord par une crise de confiance née au lendemain du 11 septembre :

A l’heure où « une information dissimulée par un titre de presse serait immédiatement dénoncée et diffusée sur Internet », l’organisation représentée par Jean-François Julliard, particulièrement engagée dans le domaine de la liberté de la presse, se veut malgré tout « confiante dans l’avenir de la presse française ».

Mediapart et RSF font de la Colline « l’antichambre de l’espérance »

Lundi 24 novembre 2008 à 20h30, Médiapart et Reporters sans Frontières présentaient au Théâtre de la Colline, à Paris, le « Off des États Généraux de la Presse ». Tout au long de la soirée, sociologues et journalistes ayant répondu à l’appel ont unanimement condamné l’ingérence du Président de la République dans une néanmoins nécessaire réforme de la profession.

L’invitation aura été lancée par communiqué de presse à l’ensemble de la profession tandis que le lectorat était prévenu par une vidéo diffusée sur les sites Internet des deux organisateurs, relayée au sein de la communauté Facebook. Arrivé aux portes du théâtre, 500 personnes de tous âges sont accueillies par une poignée de militants d’Acrimed et du futur Nouveau Parti Anticapitaliste leur annonçant, déjà, une autre manifestation le 27 novembre au Musée Social à 18h.

A l’intérieur, on s’installe dans les fauteuils du bar en attendant que la salle ouvre ses portes. On aperçoit déjà l’équipe de Médiapart et Jean-François Julliard, secrétaire général de RSF, recevant Emilien Jubineau, Alain Genestar et Jacques Bouveresse. Quelques étudiants du CFJ (Centre de Formation des Journalistes, à Paris) sont présents : «On vient par curiosité, pour avoir un autre point de vue sur les États Généraux de la Presse».
Tandis que la salle se remplit, un court documentaire intitulé Presse et Pouvoir est projeté en écran géant. Il revient sur la relation des journalistes avec le Président de la République, d’Albert Lebrun à Nicolas Sarkozy. La projection se termine sur l’actuel chef de l’État interpellant le directeur de publication de Libération : «Vous parlez de pouvoir personnel, Monsieur Joffrin, mais dites-moi combien de unes Libération m’a consacré ?»

Lever de rideau

La salle est désormais quasi-comble, le lecteur est entouré en majorité de professionnels, observateurs ou participants. Les absents « sont en train de passer à côté de l’essentiel. Dans quelques mois, ils se réveilleront avec la gueule de bois, mais il sera trop tard… » prophétise Philippe Schröder, président du Club de la presse section Nord-Pas de Calais. L’occasion de mettre en avant l’originalité de la position de Médiapart dans le paysage de la presse française. Invité à participer à la commission « Presse et numérique » par Bruno Patino, le journal en ligne aura été le seul média à se retirer après 17 minutes seulement de discussion. Reporters sans Frontières s’associera à l’initiative après s’être vu refuser l’accès aux Etats généraux.

«La réalité n’a aucune importance, seule la perception compte» : la phrase dénoncée par Edwy Plenel, co-fondateur de Médiapart, est de Laurent Solly, alors directeur adjoint de la campagne présidentielle du candidat UMP. La formule choque, l’auditoire est capté. Il s’agit ce soir de clamer haut et fort l’impérieuse nécessité d’assurer l’indépendance du journaliste. Plus que jamais, c’est l’activisme de l’Élysée qui est mis en cause : «Sarkozy qui crée des États Généraux de la Presse, c’est comme créer un ministère de la laïcité et le confier à Benoît XVI» (Caroline Fourest de Charlie Hebdo).

Premier acte – Témoignages

Il y aura deux parties dans cette soirée. Dans un premier temps, des journalistes viendront témoigner des pressions qu’ils subissent dans l’exercice de leurs fonctions. Le second temps sera consacré à la discussion avec des membres d’associations, des sociologues, des intellectuels.

Sur grand écran ou sur scène, les journalistes atteints dans leur indépendance défilent à un rythme effréné. Alain Genestar rappelle les pressions politiques qui ont conduit à son éviction de la direction de la rédaction de Paris Match. «Il existe deux phénomènes dans la presse française aujourd’hui : la fascination qu’exerce Sarkozy sur les directeurs des journaux, et la peur des journalistes de perdre leur travail». Puis interpelle la salle : «Peut-on admettre en France que le Président exerce une telle pression qu’on en arrive à virer un journaliste ?» Laurent Mauduit témoigne quant à lui de la difficulté d’être journaliste économique par les temps qui courent : censuré au Monde pour une enquête sur les Caisses d’Épargne, il est une fois de plus mis en accusation pour l’avoir poursuivi pour Médiapart. «Comment être journaliste aux Échos, maintenant propriété de Bernard Arnault ?». L’une d’entre eux, Leïla de Cormorand, prend la parole et confirme les «conflits d’intérêt potentiels», d’autant que le fils du propriétaire de LVMH est membre du Comité d’indépendance éditoriale du quotidien…
Parmi les nombreux intervenants, on retiendra Emilien Jubineau et Joseph Tual, victimes du zèle de la justice, qui évoqueront les multiples gardes à vue qu’ils ont vécu, et vivent encore, dans l’exercice de leur profession. En apparition vidéo, on notera la contribution d’Audrey Pulvar, rappelant que la pression exercée sur le journaliste peut aussi se faire par le manque de moyens matériels qu’on lui accorde. La salle applaudit après chaque intervention, rit parfois, s’offusque, souvent.

Vient alors pour l’assemblée le moment de l’entracte. Les comédiens Anouk Grinberg et François Marthouret entrent en scène, pour lire d’une voix solennelle des textes de Marc Bloch, Albert Londres, Hannah Arendt ou encore Albert Camus : «Un pays vaut souvent ce que vaut sa presse» (extrait de l’Éditorial de Combat, en 1954).

Deuxième acte – Pistes de réflexion

Les intervenants de la deuxième partie lanceront ensuite des pistes de réflexion devant un auditoire plus clairsemé mais toujours aussi attentif : comment, en pleine crise de la presse, retrouver la confiance du lectorat et la pérennité financière ? L’intervention pleine d’humour et de piquant de l’illustre blogueur Philippe Bilger, avocat général près la Cour d’Appel de Paris, détend l’atmosphère. Il affirme : « Les blogs ne vont pas contre les médias. Au contraire ! C’est un moyen de leur donner une importance et une visibilité dans l’espace public ».
C’est au tour de Bernard Stiegler, sociologue et philosophe, de prendre la parole : « la presse française est fondamentalement menacée de disparition ». Il explique qu’elle est une composante essentielle du système démocratique mais qu’elle est actuellement absorbée par le secteur des industries culturelles qui visent avant tout à produire du contrôle gouvernemental : c’est la notion de « psycho-pouvoir » (ou « société du contrôle » chez Gilles Deleuze). Il préconise donc la « reconstitution d’une intelligence collective pour reconstruire un espace public ravagé ».
Pour Cyril Lemieux, sociologue des médias et auteur de Mauvaise Presse (2000), « l’important, c’est de convertir l’indignation morale en action politique ». Malgré la pauvreté de la réflexion des politiques sur la presse, à gauche comme à droite, il incite à la défense ardue du statut de 1947.
Le dernier mot reviendra à Jacques Bouveresse, Professeur au Collège de France : citant Karl Kraus, il condamnera le « pouvoir de l’argent » et confiera son « rêve d’une presse qui cesserait de transmettre le message du pouvoir ». A ce sujet, il cite l’exemple de l’arrestation des saboteurs présumés des caténaires de la SNCF, « terroristes se réclamant de l’ultra- gauche » : un sujet dans lequel se sera engouffrée la presse, « s’excitant au lieu de comprendre ».

Dernières tirades- L’appel de la Colline

Entre conscience profonde de la crise actuelle et espoir de meilleurs lendemains, la réunion illustre finalement la maxime d’Edwy Plenel : « L’inquiétude est l’antichambre de l’espérance ». Tandis que le collectif RAJ (Réunion des Associations de Journalistes) déplore la « perte du sens même du métier », François Malye, président du Forum des sociétés de journalistes, encourage les journalistes et leurs lecteurs si rarement réunis à profiter de l’occasion pour se fédérer dans la défense d’un bien commun : « Vive la crise ! ».
La soirée se terminera tard dans la nuit, sous les applaudissements d’un public qui regrettera seulement de n’avoir pas pu interpeller directement les acteurs du débat, comme il était prévu à l’origine : « C’est dommage, ça m’a beaucoup intéressé, mais j’aurais aimé réagir… » (Catherine, 55 ans, conteuse et abonnée du Théâtre de la Colline). Et jusque dans les couloirs du métro Gambetta, on entend: « C’était vraiment bien : on en ressort tout secoué ! Il y a de quoi se poser de sérieuses questions… Maintenant, le tout, c’est d’agir ! ».

 » Sans lectrice ni lecteur, il n’y a pas de presse « 

Au moment où se tiennent les États généraux de la presse, un acteur pourtant incontournable est encore laissé pour compte : le lecteur. Interpelé par un communiqué publié fin octobre, l’Élysée n’a pas donné suite aux attentes des associations et sociétés de lecteurs qui demandaient à y être représentées. A l’occasion de la soirée « Presse libre ! » organisée par RSF et Mediapart le 24 novembre 2008, associations, intellectuels et journalistes ont pris la défense des lecteurs.

La question a déjà été posée plusieurs fois, notamment par les journalistes de Mediapart ou de Rue89 : qu’en est-il de la place des lecteurs dans ces États généraux de la presse ? En effet, si il y a UN absent de ces discussions, et non des moindres, c’est bien le lecteur ! Pourtant, comme le rappelle si simplement le communiqué publié à ce sujet par plusieurs associations et sociétés de lecteurs le 27 octobre dernier : « sans lectrice ni lecteur, il n’y a pas de presse ». Une évidence qui repousse le « grand chantier » de Nicolas Sarkozy dans ses propres contradictions : comment moderniser la presse française sans prendre en compte l’avis de celles et ceux à qui elle est destinée ? Pire encore, comment réduire le lecteur à un simple consommateur, quand il doit être un acteur du jeu démocratique ? Pour que la presse ne soit pas réduite à « vendre les « minutes disponibles de nos cerveaux » », privilégiant la rentabilité à la qualité de l’information.

Un mois après cet appel, le constat est toujours le même : les lecteurs ne sont pas invités à prendre part aux débats. Zina Rouabah, coprésidente de la société des lecteurs de Libération, le rappelait lors de la soirée « Presse libre ! » organisée par Mediapart et RSF (Reporters Sans Frontières) le 24 novembre dernier. « Il faut croire que le lectorat « Tiers-État » n’a pas été entendu » ironisait-elle à la tribune du théâtre de la Colline. Et ce n’est pas faute d’avoir essayer de s’investir. Depuis août, ils n’ont cessé d’interpeller Emmanuelle Mignon, conseillère du président de la République en charge du dossier des États généraux, mais leurs revendications sont restées sans réponse.

« Fédérer journalistes et lecteurs »


Intellectuels et journalistes, présents aux cotés d’Edwy Plenel (directeur de publication de Mediapart) et Jean-François Julliard (secrétaire général de RSF) ont voulu apporter un soutien nécessaire à ce « public » mis à l’écart des discussions sur « sa » propre presse. Pour Bernard Stiegler, docteur à l’École des hautes études en sciences sociales, « le lecteur n’est pas un consommateur, mais un individu qui désire développer son esprit par l’information ». Il alerte sur « la menace d’une aliénation de l’esprit public » au profit d’une poignée de privilégiés. François Malye, grand reporter au Point et membre du forum permanent des sociétés de journalistes, estime pour sa part qu’« il faut fédérer les journalistes et les lecteurs ». Sans ce préalable, il n’y aura « que des revendications de patrons en phase avec les attentes de la présidence de la République », au détriment de celles des citoyens.

Une enquête[[Enquête réalisée pour le compte du quotidien 20 minutes par SSI (Survey Sampling International)]] révèle que plus de 40 % des lecteurs de presse quotidienne (payante et gratuite) considèrent celle-ci comme garante de la liberté démocratique. Pour défendre cette liberté, il est indispensable que le lectorat « Tiers-États » puisse faire entendre sa voix, avant d’être laissé pour compte dans l’indifférence générale. Selon cette même étude, 17,6% des Français ont entendu parler des États Généraux de la presse et seulement 11,6 % se sentent concernés par les problèmes de la presse. Un manque d’intérêt qui masque la menace réelle qui plane sur le pluralisme et la qualité de l’information en France.

Reporters sans frontières regrette le huis-clos des débats dans l’affaire Dasquié

« Une requête en annulation introduite par le journaliste Guillaume Dasquié contre la plainte du ministère de la Défense a été examinée à huis clos le 26 juin par la cour d’appel de Paris. L’audience pour débattre du bien-fondé de cette plainte devait pourtant être publique, a déploré Reporters sans frontières. Cette affaire va au-delà du cas du journaliste Guillaume Dasquié. Elle constitue un enjeu pour la liberté d’expression en ce qu’elle concerne la protection des sources des journalistes, et mérite d’être débattue publiquement ».

« Nous espérons un dénouement favorable à cette affaire. A l’heure où les sénateurs examinent un projet de loi sur la protection des sources, il serait légitime que la cour d’appel de Paris donne raison à Guillaume Dasquié et renforce ainsi, avant même le vote sur le projet de loi Dati, la protection des sources des journalistes », a ajouté l’organisation.

Le 5 décembre 2007, à 8 heures, six policiers de la Direction de la surveillance du territoire (DST) s’étaient présentés au domicile de Guillaume Dasquié, à Paris. Ils avaient procédé à une perquisition, puis conduit le journaliste dans les locaux de leur administration. Au total, sa garde à vue a duré 36 heures.

Les enquêteurs cherchaient à identifier la personne qui avait remis au journaliste des notes classifiées « confidentiel-défense » reproduites en fac-similés dans Le Monde, le 17 avril 2007, et sur le site geopolitique.com le 28 juin 2007. Une plainte avait été déposée contre le journaliste, dès le 19 avril, par Mme Alliot-Marie, ministre de la Défense.

Guillaume Dasquié a introduit une requête en annulation de cette plainte au motif que « le public avait un intérêt légitime à recevoir ces informations » et que leur publication n’avait entraîné « aucunes représailles à l’encontre de la France ». Les débats devant la chambre de l’instruction portent sur le droit des journalistes à informer sur des affaires relevant de la raison d’État.

NDLR : A l’issue de l’audience, la cour d’appel de Paris a mis en délibéré l’affaire au 26 septembre 2008.

Faut-il boycotter la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin ?

Cette semaine, la rédaction d’Haut Courant s’interroge sur le boycott des J.O de Pékin. Nous vous invitons à poursuivre le débat par la voix de vos commentaires.

Des entorses aux droits de l’Homme jusqu’à l’ignorance des promesses faites au CIO, la liste des reproches adressés à la Chine s’allonge de jour en jour. Pour contrer le manque d’actions par la diffusion médiatique , l’organisation Reporters Sans Frontières a appelé les représentants et chefs d’États au boycott de la cérémonie d’ouverture, le 8 août prochain. Trois membres de RSF, parmi lesquels Robert Ménard ont d’ailleurs perturbé le rite d’allumage de la flamme. En Europe, les avis se partagent sur l’utilité et la portée d’un tel acte. Boycott symbolique, nécessaire ou aggravant ? La décision de laisser un fauteuil vide se prend-t-elle comme un avis politique ?

Boycottage ? Sûrement mieux à faire, par Audrey Montilly

Le Dalaï Lama lui-même s’est prononcé contre le boycottage des Jeux Olympiques de Pékin. Il sait que l’impact serait mineur. Le boycottage des J.O en Russie en 1980 n’a rien changé en ce qui concerne les droits de l’homme dans ce pays.
Cette solution ne serait pas efficace durablement. Et « snober » seulement la cérémonie d’ouverture d’autant plus inutile. Si l’on va plus loin, pourquoi s’arrêter aux J.O de Pékin ? D’autres pays auraient mérité la punition. Les États-Unis ne représentent pas l’exemple de morale humaine. Ceux-là même qui ont lancé le boycottage des J.O en Russie pour protester contre l’intervention militaire soviétique en Afghanistan, transgressent les règles élémentaires du droit international depuis 5 ans en Irak.

Alors peut-on moralement aller à Pékin ? Oui, mais pas en ne restant à rien faire. Organisons là-bas des actions qui révéleraient au monde le rejet du comportement de la Chine à l’égard du Tibet et des droits de l’homme. Que nos sportifs battent tous les records et montent sur le podium portant sur eux des messages. Mais également pendant toute la durée des Jeux. Tout comme les politiques depuis les tribunes. Les télévisions chinoises ne pourront pas tout filtrer.

Deux athlètes américains, militants des Blacks Panthers, ont brandi des gants noirs aux J.O de Mexico en 1968 pour protester contre la ségrégation raciale aux États-Unis. Radiés des Jeux Olympiques, ils l’ont payé cher. Ils ont enfreint la règle de la charte olympique qui interdit d’exprimer toute opinion politique. Cette fois, Romain Mesnil, président du syndicat des athlètes français, propose aux sportifs de porter des rubans verts aux J.O de Pékin, pour montrer leur attachement aux droits de l’homme. Au-delà d’une position politique, il s’agit là d’une position par rapport à des valeurs. Alors un peu de tolérance. Citoyens comme les autres, les athlètes ont le droit de s’exprimer. Cependant il ne peut être question d’initiatives isolées, mais bien d’une incitation collective de la part des instances nationales. Ce n’est pas gagné, mais utilisons ces J.O. La politique de la chaise vide n’a jamais rien apporté.

Face aux Jeux de la discorde, par Ellen Guinéheux

Elle n’a pas tenu ses promesses. A l’heure où les Jeux Olympiques de Pékin doivent consacrer la puissance de la Chine dans le monde, les associations de défense des droits de l’Homme appellent la communauté internationale au boycottage. Face aux violations grandissantes des libertés publiques, le boycott devient plus qu’une plus une simple menace destinée à faire réagir le gouvernement chinois. Il symbolise la volonté de dénoncer un régime d’oppression et de censure banalisés par l’image d’une Chine prospère et florissante. Arme politique régulièrement brandie, le refus collectif de participer au plus grand rassemblement sportif du monde envoie un puissant signal de protestation. Ce moyen de pression a été utilisé de nombreuses fois pour dénoncer le silence volontaire de certains États face à l’étouffement des droits fondamentaux, contre l’apartheid en Afrique du Sud notamment.

L’attribution des Jeux olympiques à Pékin en 2001 impliquait une contrepartie : améliorer la situation des droits de l’Homme et garantir la liberté de l’information. Or, la question actuelle du Tibet témoigne d’une réalité occultée de 60 ans de répression et de sinisation forcée du peuple tibétain. La lutte contre l’occupation chinoise a déjà fait de nombreuses victimes et prisonniers d’opinion. À l’écrasement de la dissidence pacifique des Tibétains s’ajoute une improbable manipulation médiatique : après avoir censurée l’image de la flamme olympique au moment de l’intervention de trois manifestants à Athènes, Pékin demande la retransmission en différé des J.O afin de pouvoir supprimer toute contestation. À partir du moment où la communauté internationale et le comité olympique ont accordé les J.O à Pékin, il faut envisager les options les plus radicales pour permettre une remise en cause du régime communiste chinois. À moins que les intérêts économiques entre l’occident, la Chine et sponsors des J.O soient d’autres freins pour briser le silence des dirigeants mondiaux face à l’opacité chinoise.

Faut-il boycotter la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin ?

Cette semaine, la rédaction d’Haut Courant s’interroge sur le boycott des J.O de Pékin. Nous vous invitons à poursuivre le débat par la voix de vos commentaires.

Des entorses aux droits de l’Homme jusqu’à l’ignorance des promesses faites au CIO, la liste des reproches adressés à la Chine s’allonge de jour en jour. Pour contrer le manque d’actions par la diffusion médiatique , l’organisation Reporters Sans Frontières a appelé les représentants et chefs d’États au boycott de la cérémonie d’ouverture, le 8 août prochain. Trois membres de RSF, parmi lesquels Robert Ménard ont d’ailleurs perturbé le rite d’allumage de la flamme. En Europe, les avis se partagent sur l’utilité et la portée d’un tel acte. Boycott symbolique, nécessaire ou aggravant ? La décision de laisser un fauteuil vide se prend-t-elle comme un avis politique ?

Boycottage ? Sûrement mieux à faire, par Audrey Montilly

Le Dalaï Lama lui-même s’est prononcé contre le boycottage des Jeux Olympiques de Pékin. Il sait que l’impact serait mineur. Le boycottage des J.O en Russie en 1980 n’a rien changé en ce qui concerne les droits de l’homme dans ce pays.
Cette solution ne serait pas efficace durablement. Et « snober » seulement la cérémonie d’ouverture d’autant plus inutile. Si l’on va plus loin, pourquoi s’arrêter aux J.O de Pékin ? D’autres pays auraient mérité la punition. Les États-Unis ne représentent pas l’exemple de morale humaine. Ceux-là même qui ont lancé le boycottage des J.O en Russie pour protester contre l’intervention militaire soviétique en Afghanistan, transgressent les règles élémentaires du droit international depuis 5 ans en Irak.

Alors peut-on moralement aller à Pékin ? Oui, mais pas en ne restant à rien faire. Organisons là-bas des actions qui révéleraient au monde le rejet du comportement de la Chine à l’égard du Tibet et des droits de l’homme. Que nos sportifs battent tous les records et montent sur le podium portant sur eux des messages. Mais également pendant toute la durée des Jeux. Tout comme les politiques depuis les tribunes. Les télévisions chinoises ne pourront pas tout filtrer.

Deux athlètes américains, militants des Blacks Panthers, ont brandi des gants noirs aux J.O de Mexico en 1968 pour protester contre la ségrégation raciale aux États-Unis. Radiés des Jeux Olympiques, ils l’ont payé cher. Ils ont enfreint la règle de la charte olympique qui interdit d’exprimer toute opinion politique. Cette fois, Romain Mesnil, président du syndicat des athlètes français, propose aux sportifs de porter des rubans verts aux J.O de Pékin, pour montrer leur attachement aux droits de l’homme. Au-delà d’une position politique, il s’agit là d’une position par rapport à des valeurs. Alors un peu de tolérance. Citoyens comme les autres, les athlètes ont le droit de s’exprimer. Cependant il ne peut être question d’initiatives isolées, mais bien d’une incitation collective de la part des instances nationales. Ce n’est pas gagné, mais utilisons ces J.O. La politique de la chaise vide n’a jamais rien apporté.

Face aux Jeux de la discorde, par Ellen Guinéheux

Elle n’a pas tenu ses promesses. A l’heure où les Jeux Olympiques de Pékin doivent consacrer la puissance de la Chine dans le monde, les associations de défense des droits de l’Homme appellent la communauté internationale au boycottage. Face aux violations grandissantes des libertés publiques, le boycott devient plus qu’une plus une simple menace destinée à faire réagir le gouvernement chinois. Il symbolise la volonté de dénoncer un régime d’oppression et de censure banalisés par l’image d’une Chine prospère et florissante. Arme politique régulièrement brandie, le refus collectif de participer au plus grand rassemblement sportif du monde envoie un puissant signal de protestation. Ce moyen de pression a été utilisé de nombreuses fois pour dénoncer le silence volontaire de certains États face à l’étouffement des droits fondamentaux, contre l’apartheid en Afrique du Sud notamment.

L’attribution des Jeux olympiques à Pékin en 2001 impliquait une contrepartie : améliorer la situation des droits de l’Homme et garantir la liberté de l’information. Or, la question actuelle du Tibet témoigne d’une réalité occultée de 60 ans de répression et de sinisation forcée du peuple tibétain. La lutte contre l’occupation chinoise a déjà fait de nombreuses victimes et prisonniers d’opinion. À l’écrasement de la dissidence pacifique des Tibétains s’ajoute une improbable manipulation médiatique : après avoir censurée l’image de la flamme olympique au moment de l’intervention de trois manifestants à Athènes, Pékin demande la retransmission en différé des J.O afin de pouvoir supprimer toute contestation. À partir du moment où la communauté internationale et le comité olympique ont accordé les J.O à Pékin, il faut envisager les options les plus radicales pour permettre une remise en cause du régime communiste chinois. À moins que les intérêts économiques entre l’occident, la Chine et sponsors des J.O soient d’autres freins pour briser le silence des dirigeants mondiaux face à l’opacité chinoise.

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Deux athlètes américains, militants des Blacks Panthers, ont brandi des gants noirs aux J.O de Mexico en 1968 pour protester contre la ségrégation raciale aux États-Unis. Radiés des Jeux Olympiques, ils l’ont payé cher. Ils ont enfreint la règle de la charte olympique qui interdit d’exprimer toute opinion politique. Cette fois, Romain Mesnil, président du syndicat des athlètes français, propose aux sportifs de porter des rubans verts aux J.O de Pékin, pour montrer leur attachement aux droits de l’homme. Au-delà d’une position politique, il s’agit là d’une position par rapport à des valeurs. Alors un peu de tolérance. Citoyens comme les autres, les athlètes ont le droit de s’exprimer. Cependant il ne peut être question d’initiatives isolées, mais bien d’une incitation collective de la part des instances nationales. Ce n’est pas gagné, mais utilisons ces J.O. La politique de la chaise vide n’a jamais rien apporté.

Face aux Jeux de la discorde, par Ellen Guinéheux

Elle n’a pas tenu ses promesses. A l’heure où les Jeux Olympiques de Pékin doivent consacrer la puissance de la Chine dans le monde, les associations de défense des droits de l’Homme appellent la communauté internationale au boycottage. Face aux violations grandissantes des libertés publiques, le boycott devient plus qu’une plus une simple menace destinée à faire réagir le gouvernement chinois. Il symbolise la volonté de dénoncer un régime d’oppression et de censure banalisés par l’image d’une Chine prospère et florissante. Arme politique régulièrement brandie, le refus collectif de participer au plus grand rassemblement sportif du monde envoie un puissant signal de protestation. Ce moyen de pression a été utilisé de nombreuses fois pour dénoncer le silence volontaire de certains États face à l’étouffement des droits fondamentaux, contre l’apartheid en Afrique du Sud notamment.

L’attribution des Jeux olympiques à Pékin en 2001 impliquait une contrepartie : améliorer la situation des droits de l’Homme et garantir la liberté de l’information. Or, la question actuelle du Tibet témoigne d’une réalité occultée de 60 ans de répression et de sinisation forcée du peuple tibétain. La lutte contre l’occupation chinoise a déjà fait de nombreuses victimes et prisonniers d’opinion. À l’écrasement de la dissidence pacifique des Tibétains s’ajoute une improbable manipulation médiatique : après avoir censurée l’image de la flamme olympique au moment de l’intervention de trois manifestants à Athènes, Pékin demande la retransmission en différé des J.O afin de pouvoir supprimer toute contestation. À partir du moment où la communauté internationale et le comité olympique ont accordé les J.O à Pékin, il faut envisager les options les plus radicales pour permettre une remise en cause du régime communiste chinois. À moins que les intérêts économiques entre l’occident, la Chine et sponsors des J.O soient d’autres freins pour briser le silence des dirigeants mondiaux face à l’opacité chinoise.

Robert Ménard: confidentialité des sources, « l’attitude rétrograde de la France »

Guillaume Dasquié est le dernier journaliste français en date à avoir maille à partie avec la justice française. Simplement car il entend, comme bien d’autres, faire son métier proprement, honnêtement. En un mot informer. Le dernier de la liste, après les rédactions du Point et de l’Equipe, perquisitionnées ; perquisition avortée au Canard car le confrère s’est déchaîné… Entre deux avions nous avons pu avoir au bout du fil Robert Ménard, de retour de Hong Kong ; il évoque ces événements et en particulier la garde à vue de Guillaume Dasquié pour « compromission de secret de la défense nationale ».

Menard.jpgJean-Philippe Juan : Avant d’aborder la situation des journalistes français, je voudrais avoir votre sentiment sur la récente visite en France du colonel Khadafi ?
Robert Ménard : Je pense qu’il fallait comprendre que cette visite était économique, il fallait l’expliquer sans oublier qu’il s’agit d’un dictateur et dire clairement ce que l’on pense de lui. Je regrette que les droits de l’homme aient été abordés entre la poire et le fromage, mais il s’en est bien sorti. Je ne suis pas dans le secret des Dieux mais je pense que cette visite fait partie du deal de la libération des infirmières bulgares. Les médias français se sont fait le relais des droits de l’homme, je regrette cependant le caractère anecdotique avec ses amazones en treillis et sa tente plantée dans un grand hôtel. Il ne faut pas oublier que c’est un sinistre personnage.

Quel regard portez-vous sur la presse française en général ?
La presse française présente une grande offre éditoriale et de qualité mais je ne dirais pas qu’elle est parfaite. Je remarque qu’une information importante n’est jamais étouffée, c’est un fantasme de le penser. Bon nous n’avons pas la qualité espérée malgré la concurrence car il est faux de dire qu’il y a en France une concentration. Il ne faut pas mettre en cause la qualité des journalistes. Malheureusement, le public est attiré par les paillettes. En revanche, les médias sont tenus par des capitaines d’industrie qui sont liés avec les pouvoirs publics par leurs autres activités, dans le bâtiment par exemple. Ce ne sont pas des hommes de presse et on peut penser ce que l’on veut de Murdoc mais lui, au moins, est un homme de presse.

La mise en examen de Guillaume Dasquié n’est que la suite d’entraves à la presse. Que vous inspire cette action de la justice ?
Elle met en relief le retard de la législation française, la plus rétrograde d’Europe pour la protection des sources des journalistes. L’article 109 du code de procédure pénale[[Tout journaliste, entendu comme témoin sur des informations recueillies dans l’exercice de son activité, est libre de ne pas en révéler l’origine.
]] n’assure pas assez la protection des journalistes. Il faut le revoir mais cela fait des années et des années qu’on nous fait des promesses et aujourd’hui Guillaume en fait les frais.

Le mouvement est-il nouveau ?
Non et je vous rappelle que la France a déjà été condamnée à deux reprises alors que les journalistes ne peuvent théoriquement pas être inculpés de violation du secret de l’instruction. Pour en revenir à Guillaume, il risque théoriquement 5 ans de prison mais en réalité il ne risque rien, je ne m’inquiète pas pour lui.

L’attitude de la justice à l’encontre des journalistes est-elle inquiétante ?
Certes oui car nous avons à faire à des magistrats qui ont une vision rétrograde de la presse. Il s’agit d’une entrave au travail des journalistes d’investigation qui ont besoin d’être protégés. Leurs informateurs, qui veulent garder l’anonymat, doivent être sûrs de le garder. La France est un pays de secrets, un pays rétrograde, mais je crois que c’est la queue de la comète et nous avons reçu des assurances de Rachida Dati, le ministre de la Justice.

Revenons à Guillaume Dasquié. Ne trouvez-vous pas que les JT en particulier ont peu relayé sa garde à vue ?
Non, je pense qu’ils ont en fait part mais les journalistes ont le mauvais réflexe de trop peu parler de leur profession. Ils ont peur que cela passe pour de la cuisine interne, du corporatisme. A R.S.F., nous combattons cette attitude.

Un journaliste doit-il dévoiler ses sources ?
Non mais parfois, il y est obligé…

…et dans le cas de compromission du secret de la défense nationale ?
…Il est vrai aussi que la transparence totale n’est pas souhaitable dans certains domaines mais gardons le pouvoir de contester le secret.

Y a-t-il eu des précédents en France ?
De journalistes inquiétés par la justice ? Oui… En revanche, pour des affaires tenant à la défense nationale, je ne crois pas.

Que faire pour que la France respecte les directives européennes qui protègent les journalistes ?
Comme je vous l’ai dit précédemment, faire changer l’article 109. On a des promesses de Mme Dati, j’espère qu’elle va les tenir.

Les relations entre Nicolas Sarkozy et les médias peuvent-elles entraver la liberté de la presse ?
Peut-être de façon marginale mais il s’est déclaré pour la liberté de la presse. En revanche, il a plein de copains à la tête de médias qui, eux, peuvent intervenir car, malheureusement un certain nombre de patrons de presse n’ont pas besoin de coup de fil et la tentation d’autocensure est grande. Il est vrai aussi que si les rédactions sont globalement de gauche, elles font généralement des journaux de droite. Nicolas Sarkozy a raison de le souligner. Par exemple, Jean-Marie Colombani, ancien directeur du « Monde » a appelé à voter Ségolène Royal, vous imagez le scandale s’il avait appelé à voter Sarkozy !