L’Association internationale du transport aérien (Iata) et la Commission européenne estiment que le volcan islandais, qui paralyse le trafic aérien depuis jeudi, aura des conséquences économiques plus graves que les attentats du 11 septembre 2001.
L’annulation des vols a des conséquences nombreuses pour les usagers. Elles sont également désastreuses pour les compagnies de voyage. La note sera très salée. Et, personne ne sait encore combien de temps ça va durer.
13 500 personnes sont bloquées à la Réunion, en Guadeloupe, en Martinique,… Un peu partout dans le monde des passagers attendent dans les hôtels.
L’Iata estime les pertes de chiffre d’affaires des compagnies aériennes à 250 millions de dollars (186 millions d’euros) par jour contre une précédente estimation de 200 millions annoncée vendredi. Cette nouvelle prévision porte à plus d’un milliard de dollars le manque à gagner des transporteurs depuis le début de la fermeture de l’espace aérien.
«Nous voulons exprimer notre insatisfaction car il n’y a pas eu de coordination et de leadership au niveau européen. Il aura fallu cinq jours aux ministres des Transports pour organiser une téléconférence qui a enfin lieu aujourd’hui», a déploré Giovanni Bisignani, directeur général de l’Iata. «Les conséquences sont mondiales. L’impact économique (sur le secteur) est désormais plus important que le 11 septembre, quand l’espace aérien américain a été fermé pendant trois jours», a-t-il souligné.
Selon le porte-parole du gouvernement Luc Chatel, «il va y avoir une réunion à Bercy cette semaine autour de Christine Lagarde pour apprécier et mesurer les conséquences économiques de cette crise». Sur RTL, il a précisé qu’il y avait déjà eu «un certain nombre de contacts entre Jean-Louis Borloo, Dominique Bussereau, Hervé Novelli et la profession des tours-opérateurs».
Après le Chaos : la polémique
La polémique commence à s’étendre dans le monde des affaires. Certains accusent un excès du principe de précaution et crient au scandale. Les compagnies aériennes demandent des comptes et demande la réévaluation des restrictions de vol. La Commission européenne, de son côté, a appelé les voyageurs bloqués à faire respecter leur droits, grâce à une réglementation européenne.
Luc Chatel a défendu la décision de fermer les aéroports : «ce n’est pas une décision qui a été prise à la légère. Elle a été prise avec l’ensemble de nos partenaires européens. Il faut être clair : on ne peut pas faire autrement parce qu’il en va de la sécurité des passagers et des personnels et on ne peut pas transiger avec la sécurité. On n’en fait jamais trop quand il s’agit de la vie des gens.»
Stéphane Durand, Président du syndicat national des contrôleurs aériens
«En termes de contrôle aérien, nous avons pris jusqu’à maintenant les bonnes décisions. On a essayé de privilégier la sécurité du transport aérien. Maintenant nous sommes prêts à reprendre le trafic dés que possible. Des corridors aériens vont être ouverts. D’abord entre Paris et le Sud de la France selon Matignon. Et après le Sud on va ouvrir dans le monde. Les contrôleurs aériens doivent faire tout cela de façon modérer.»
Laurent Magnin, Président de la compagnie XL Air Ways.
«Effectivement des avions sont tombés dans le passé en passant au dessus de zone volcanique en activité. L’obsession numéro 1 est la sécurité. Il faut arrêter la langue de bois et arrêter de se mentir. Disons qu’on fasse ce que l’on peut mais on a des problèmes énormes. Il y a une vraie problématique dans la prise en charge des clients. Est-ce qu’on peut héberger environ six millions de clients dans des hôtels où le prix des billets est moins cher que l’hébergement ?
Nous sommes impuissants. On commence à faire des tests quatre jours après le déclenchement. On n’entend pas parler les constructeurs non plus. Sur le plan économique la reprise va être dure mais on ne va pas mendier et c’est un débat social. L’Europe doit au moins se coordonner.»
Christian de Boissieu, Économiste.
«Tout dépend de la durée, si les aéroports restent fermés encore quelques jours ça va être une catastrophe économique. C’est déjà dur et ça va être très difficile de rattraper les pertes. Ensuite, il y aura un petit phénomène de rattrapage mais dans les services c’est très difficile de faire un rattrapage à 100% même s’il y a des fonds de mutualisations et d’indemnisations.»