Quatre ans après son dernier film, Quentin Tarantino nous replonge dans les salles obscures et livre son neuvième long métrage, pour le plus grand bonheur du public.
On l’attendait son retour !
Après le génie de Reservoir Dogs, la furie de Pulp Fiction, et la quintessence atteinte avec Jackie Brown, le réalisateur au physique de dinosaure avait divisé ses fans. Pour Kill Bill, on lui reproche de s’enfermer dans l’ « hommage » au point de ne faire que référence. La collaboration GrindHouse avec Rodriguez fut un échec et Inglorious Basterds n’avait pas la magie qu’on admet à Tarantino. En apprenant donc qu’il allait revenir sur grand écran avec un western, il fallut des ongles à ronger pour combler l’attente.
Sorti en salle mercredi dernier, Django Unchained réaffirme le talent du réalisateur, qui procure un film qui fera référence. Au rythme d’un 6 coups qui se déversent sur vous, en voici les raisons :
BANG#1 : Des airs de RedDead
Si KillBill Vol. 2 rendait hommage au Western-Spaghetti, Django Unchained est un film du genre. Tenant son titre du film de Sergio Corbucci (1966), Django ressort du passé et se libère. Le réalisateur n’hésite pas à nous le faire comprendre dès le générique, élément incontournable de toutes ses réussites. Tarantino habitué à soigner les détails se fait ici un grand plaisir de remettre au goût du jour un style oublié depuis trop longtemps, adaptant notre époque à celle-ci. C’est la violence d’action des films d’aujourd’hui, plongée dans l’atmosphère d’hier.
BANG#2 : un casting explosif !
Déjà habitué à des génériques garnis, Tarantino nous offre ici un véritable cirque ambulant où les acteurs sont eux mêmes revisités. D’abord Jamie Foxx, la rage au ventre et le regard sur le bout des chaussures, aussi discret qu’imposant. Christopher Waltz garde la folie qu’on lui découvre dans Inglorious mais change de morale. Samuel L Jackson, habitué à se travestir pour rentrer dans un rôle, se fourvoie en adorateur de l’esclavagiste. Aussi, Kerry Washington rappelle la princesse de Pulp Fiction : un Graal qui n’a pas besoin de grand chose pour exister, si ce n’est du héro.
Enfin, là où le genre aime généralement les antihéros (ces salauds qu’on adore), Django Unchained met en scène des personnages dont la morale est à l’épreuve des balles. De véritables héros dont l’époque oblige à rendre certains comptes.
BANG#3 : l’essence du film : l’esclavage et la morale
L’autre originalité de ce film, c’est aussi son contexte. Alors que sort quelques jours plus tard Lincoln de Steven Spielberg et que la France débat sur le mariage homo, la question qui pique ici est celle de la morale. A travers la question de l’esclavage, Tarantino trouve un moyen d’affirmer que les choses changent. Le thème de la traite des noirs offre un véritable décalage, proposant aux personnages une cause qu’on sait aujourd’hui humainement nécessaire, faisant de l’histoire une épopée digne de Spartacus. Le mot « nigger » est si souvent prononcé qu’il n’est pas banalisé mais bien désacralisé. Le regard du blanc face à un noir à cheval, rappelle que la morale est elle aussi dépendante de son époque.
BANG#4 : la bande son.
Encore une cartouche qui touche sa cible. Tarantino qui aura reçu des prix pour ses choix musicaux, continue et excelle. Les différentes pistes mêlent Ennio Morricone, le Beethoven de John Ford à Sergio Leone, à Rick Ross et Tupac. Le choix des différents univers musicaux est millimétré avec les plans et le mélange dirigé par une baguette de maître. En parfait accord avec les extravagances techniques du réalisateur, les musiques offrent des ambiances dignes des plus grands westerns. Certaines des pistes « craquent » car Tarantino est allé jusqu’à reprendre ses propres vinyles pour en extraire la pulpe.
BANG#5 : les références
Tarantino doit aimer l’adage « rien ne se perd, rien ne se créé » car ses films sont tous empreins de très nombreuses références pour le plaisir des plus érudits. Django Unchained ne renvoi pas au film de 1966 que pour son titre, mais aussi par la présence de l’acteur, Franco Nero. Dont la scène ne laisse nul doute au souhait de Tarantino de faire revivre le passé, même si pour cela il faut lutter. Des lieux aux apparitions, il faut un œil averti pour déceler tous les clins d’œil qui traînent dans le film. On trouve d’ailleurs de très nombreux anachronismes par rapport à 1858, année où se situe l’action.
Mais ce souci goulu du détail permet à Tarantino de nous rendre l’odeur des vieux films, de la poussière au sang. De Spartacus à Shaft, ce sont des années de cinéma qui ont permit à Tarantino de nous offrir une telle énergie artistique et il ne le cache pas.
BANG#6 : du Tarantino en barre !
Car Quentin Tarantino c’est cela avant tout. Du spectacle, de l’aventure et du technicolor. Des humains avec des flingues et des vies. Un scénario qui se faufile avec l’élégance d’une Black Mamba. Et si on entend déjà beaucoup dire que le film est « long », les amateurs seront ravis de se poser pendant plus de deux heures pour voir défiler un nouveau moment de divertissement offert par l’amateur de Kangol. Ce film ne ment pas sur sa fraîcheur.
Le scénario du réalisateur vient redonner un élan dans sa filmographie. Alors que Clint Eastwood se meurt, Tarantino persiste!