Droit de vote des étrangers : le changement c’est dans longtemps

À Montpellier et comme partout en France, seuls les résidents français et les étrangers issus d’un pays membre de l’Union européenne pourront voter lors des municipales de mars. Dans la capitale héraultaise, où vivent près de 40.000 résidents étrangers, beaucoup d’entre eux espèrent que la promesse socialiste prenne (enfin) forme.

Le 24 mai 2013, le Conseil consultatif des résidents étrangers (CCRE) organisait, avec l’aide d’associations engagées comme La Ligue des droits de l’homme, une « votation citoyenne » en plein cœur de Montpellier. Les 70 membres du CCRE, tous investis fin mars, travaillent activement pour garantir des droits aux résidents étrangers de la capitale héraultaise. Localement, Montpellier souhaite impliquer l’ensemble des citoyens à sa politique. La création de ce conseil en témoigne : « un acte fort » selon Cédric Sudres, conseiller municipal communiste, qui donne la parole à ceux qui ne peuvent pas (encore) l’avoir via les urnes. Ce jour-là, parole aux passants, qui s’expriment sur une question simple : « Êtes-vous pour ou contre l’accès aux urnes pour les résidents étrangers lors d’élections locales ? » Et la réponse est sans appel : sur 831 votants, 95% des habitants répondent par l’affirmative.

« On habite ici, on paye des impôts ! »

Mais, à l’heure du premier tour des municipales, impossible pour les résidents étrangers non issus de l’Union européenne, d’accéder à l’isoloir. Et pourtant, lors de sa campagne de 2012, le candidat Hollande l’avait promis aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans. Après deux années de présidence, l’engagement n’est pas tenu et l’échéance 2014 est dépassée. Une indifférence qui suscite toujours la mobilisation des associations mais aussi la colère des principaux intéressés.

« C’était une promesse électorale, j’aurais trouvé normal qu’il aille jusqu’au bout ! ». Lamine, chargé de TD en science politique à l’Université Montpellier 1, ne comprend pas. Malien d’origine, il a fait une demande de naturalisation mais n’a toujours pas les papiers français et dispose seulement d’un titre de séjour qu’il doit renouveler chaque année. Si la loi était passée, il aurait donc pu voter dimanche. Et il l’aurait fait, sans aucun doute. Il s’indigne : « Quelqu’un qui est là, qui travaille, qui paye ses impôts, c’est normal qu’il ait son mot à dire sur le choix du maire pour sa ville. » Des devoirs qui devraient logiquement aboutir à des droits pour le Malien, habitant Montpellier depuis bientôt dix ans et qui ne compte pas déménager. Et dont l’accès aux urnes serait pour lui « un honneur ».

Tenter l’aventure, en se pliant aux règles

Alors, impuissant, il suit de près la campagne et laissera les autres, ceux qui ont les papiers, décider pour lui. « J’ai des convictions, même si je ne vote pas. » affirme-t-il. S’il avait pu, il aurait choisi la liste PS de Jean-Pierre Moure, dont il se sent plus proche. Très impliqué pour sa ville, il a même assisté à l’inauguration du candidat UDI, Joseph Francis. Un engagement citoyen certain, dont tous ne peuvent pas se prévaloir. Concernant le droit de vote des résidents étrangers communautaires, il dénonce « un clivage idéologique ».

Mais aucun ressentiment n’est palpable dans le discours du jeune homme. « Je me plie aux règles. » ajoute-t-il, s’il faut être français pour voter, il fera ce qu’il faut. L’envie de prendre part à la vie citoyenne locale l’a poussé à demander des papiers, une démarche possible depuis qu’il n’a plus le statut d’étudiant mais celui de scientifique. Mais cette demande prend du temps. Et encore, les délais ont réduit depuis que la gauche est au pouvoir. De petites avancées donc, mais qui restent bien loin des engagements pris par le président de la République. Lamine garde pourtant espoir et fait tout pour arriver à ses fins, même s’il faut prendre sur soi pour enfin atteindre son objectif, la naturalisation. Un combat qu’il compare à son périple pour arriver dans le pays qui le faisait rêver, la France. Il fallait tenter « l’aventure ».

Le musée de l’histoire de la France en Algérie patauge en eaux troubles

Initié par Georges Frêche en 2002, le projet du musée de l’histoire de la France en Algérie à Montpellier n’en finit pas de diviser. En effet, 50 ans après la guerre d’Algérie, militaires français, pieds noirs, harkis, combattants du FLN n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord sur une histoire collective. À l’approche des municipales, certains politiques montpelliérains se sont exprimés sur ce musée au cœur de toutes les tensions électorales.

Au pied de l’hôtel Montcalm une pancarte sur une barrière accueille les visiteurs. Permis de construire obtenu le 2 décembre 2009, l’écrito annonce une durée des travaux de 18 mois. En février 2014, les travaux sont loin d’être terminés. Sur le site de l’agglo, il est écrit que «le musée doit ouvrir ses portes durant l’été 2014 ». Jean Pierre Moure, président de l’agglomération et candidat aux municipales de Montpellier qui préside ce projet épineux n’a pas souhaité se prononcer. Ce sujet absent de la campagne électorale fait-il toujours débat, ou est-il sur la bonne voie ?

Des réticences exprimées dès le départ

Dès les prémices du projet, universitaires, associations franco-algériennes, partis politiques et comités scientifiques n’ont cessé d’exprimer leur réticence. Élus communistes et Verts avaient fait connaître dès 2003 leur refus d’un musée à la gloire du colonialisme. En 2005 c’est le conseil scientifique du musée qui démissionne. Le feuilleton ne s’arrêtera pas là puisque quatre ans plus tard, Hélène Mandroux, maire socialiste de Montpellier, se désengagera à son tour du projet. Face à ce désaccord, en 2005 Georges Frêche décide que l’agglo qu’il dirige reprendra les clefs du projet… Et depuis ? Rien.

Un contexte électoral favorable ?

Monique Sérot Chaïbi, membre de l’association « Coup de soleil », qui aspire à rassembler les gens originaires du Maghreb, et militante Europe Ecologie Les Verts éligible sur la liste de Jean-Pierre Moure, a toujours manifesté à l’encontre du projet qu’elle déclarait dans le passé comme « un musée à la gloire du colonialisme ». Mais depuis qu’elle a rejoint les rangs du PS, Monique Sérot Chaïbi a cessé de manifester et est désormais une fervente défenseuse du dossier et assure que le musée sera « une réussite ». Madame Chaïbi confie : « nous avons été reçu par la nouvelle conservatrice du musée Florence Hudowicz, qui a su répondre à toutes nos inquiétudes. De plus, avec l’arrivée de Benjamin Stora, historien et professeur des universités, dans le comité scientifique, je suis convaincue que sa vision impartiale et apaisée sera une réussite pour le projet ».

Les candidats aux municipales divisés

Mais cette vision ne fait pas l’unanimité au sein de la gauche montpelliéraine. Selon la tête de liste du Front de Gauche, Muriel Ressiguier, « la démarche reste ambigüe et ne se détache pas des valeurs coloniales ». Pour elle le projet n’est pas assez « fraternel » puisque« les cultures et les peuples ne sont pas assez respectés ». Philippe Saurel, dissident socialiste en lice pour la mairie, reste quant à lui mitigé en disant que « si le projet évoque les bons côtés et les mauvais, ça peut être intéressant, mais si c’est dans une logique unique alors ça pose problème». Tout en rappelant qu’« il s’agit d’argent public et donc qu’il faut être extrêmement vigilant… En effet, pas moins de 22 millions d’euros sont prévus à la réalisation du musée.
À droite Jacques Domergue et son camp l’UMP s’accordent à dire que « dans une ville comme Montpellier, où l’on dénombre plus de 42000 rapatriés, il est normal de relater ce qu’il s’est passé », en concluant « c’est donc une bonne chose, si je suis élu, je n’interromprais pas le projet ».

« Le projet n’est pas prêt d’aboutir étant donné le manque d’investisseurs »

En plus d’un débat qui divise, les cartes sont brouillées par une adjointe au maire membre de la commission d’appels d’offre qui certifie que« de toute façon, le projet n’est pas prêt d’aboutir étant donné le manque d’investisseurs ». Pour elle qui souhaite rester anonyme, le débat est clos : « je pense que le musée ne se fera pas. » Comme certains l’avait reproché à Georges Frêche à l’époque, cette même adjointe à la mairie lance un autre débat en clamant « si Moure est élu et qu’il réalise le projet, ce sera seulement dans un but clientéliste envers les pieds noirs. »

Réforme scolaire : Jean-Pierre Moure devra-t-il revoir sa copie ?

Dès septembre 2014, la réforme des rythmes scolaires s’appliquera à Montpellier. Jean-Pierre Moure, tête de liste PS aux municipales, a fait de la gratuité du projet un engagement de campagne. Alors même qu’il n’y est pas parvenu dans sa commune de Cournonsec, où la réforme a été mise en place depuis septembre dernier.

Quelques parents attendent dans leur voiture garée le long de l’enceinte des deux écoles de Cournonsec. Un groupe d’hommes discute, accoudés à la barrière de sécurité du trottoir d’en face. Les mamans, un peu plus nombreuses, forment des petits groupes, juste devant l’entrée. Il est 16 heures15 quand la sonnerie retentit. Pas de bousculade. Le temps de quelques échanges, les enseignants laissent partir les enfants attendus. C’en est fini pour le temps d’enseignement.
Dans la commune de 1 450 habitants, la modification des rythmes scolaires n’a pas chamboulé les horaires. Les directeurs des écoles maternelle (151 enfants répartis en 6 classes) et élémentaire (182 enfants répartis en 8 classes) n’étaient pas favorables à l’application de la réforme. La décision s’imposant à eux, ils se sont mis d’accord pour adopter des horaires identiques. Comme avant, l’école commence à 9 heures, jusqu’à midi. L’après-midi, la sortie a été avancée de 45 minutes.
À peine un quart d’heure plus tard, une enseignante referme la dernière des portes de classe encore ouverte. Elle prétexte devoir assurer le soutien scolaire pour ne pas livrer son avis sur la réforme. Elle lâche tout de même : « Tant qu’on n’aura pas pris le parti d’écourter les vacances d’été, il ne faut pas attendre de bonnes évolutions. » Les abords de l’école retrouvent le calme quand Cécile embarque ses deux filles. C’est son jour de repos. Les autres jours, elle les laisse jusqu’à 18 heures à la garderie. Comme elle, peu de parents ont réorganisé leur temps de travail pour être présent à la sortie des classes.La semaine de 4 jours et demi n’a généralement pas diminué le temps de présence de l’enfant à l’école. À Cournonsec, 45% des enfants restent à l’école après l’heure de sortie des classes contre 25-35% avant la réforme. Dans d’autres communes, c’est nettement plus : 75% à Clapiers, 80% à Castries.

Financer la réforme sans augmenter les impôts

Alors pour les communes à qui reviennent l’organisation et le financement des activités périscolaires, la charge s’avère lourde. Surtout, elle vient peser sur les finances locales dans une période où la pression fiscale alimente le discours des politiques à l’approche des élections municipales. Dans cette perspective, « ne pas augmenter la pression fiscale locale » est le mot d’ordre de la municipalité à Cournonsec. Même si la commune, la plus endettée de l’agglomération,a choisi d’appliquer la réforme scolaire dès la rentrée 2013.
«Les grandes lignes de cette réforme étaient connues en 2012. Vu son impact financier sur le budget de la commune, la municipalité avait intérêt à l’appliquer au démarrage pour bénéficier du fonds d’amorçage accordé par l’Etat (50 euros par élève), qui finalement est reconduit en 2014.» défend Elsa Simon, directrice du service de jeunesse de Cournonsec, chargée du pilotage de la réforme.
Il a fallu dans le même temps, réorganiser le service d’accueil des enfants à l’école, recruter, bâtir un programme d’activités culturelles et sportives. Le budget a été serré au plus près.La commune s’est appuyée sur des structures existantes : l’ALAE (Accueil de Loisirs Associés à l’Ecole) et l’ALSH (Accueil loisirs sans Hébergement) conventionnées et subventionnées par la Caisse d’Allocations familiales. Elle a convenu avec elles d’une nouvelle articulation pour la prise en charge des enfants. La CAF apporte son soutien financier à la commune mais ce n’est pas sans contrepartie.
L’aménagement du temps de travail d’employés municipaux à temps partiel, intervenant dans les écoles, a été modifié. Pour certains agents, le temps de travail a pu être allongé. Six animateurs supplémentaires ont été recrutés à temps partiel pour respecter la réglementation touchant l’encadrement des enfants en temps périscolaire : un animateur pour dix enfants de moins de dix ans et un pour quatorze enfants de plus de six ans. Ces animateurs sont qualifiés : ils détiennent au minimum le BAFA. Ce recrutement ne permet pas à la commune de prétendre aux dispositifs d’emplois aidés du type emploi d’avenir avec allègement de charges à la clé.

La gratuité des activités périscolaires passées à la trappe

Aux dépenses de personnel viennent s’ajouter les frais de matériel et de salles, qui alourdissent le budget à consacrer aux activités périscolaires. Tout compte fait, fonds d’amorçage et subvention ne couvrent pas la totalité des dépenses. Quelle solution pour financer le solde quand d’autres investissements touchant le poste « école » sont inéluctables ? L’aménagement de deux nouvelles classes supplémentaires et l’extension du restaurant scolaire se sont imposés sous l’effet de la poussée démographique que connaît le territoire. Pour ne commettre aucune entorse à la rigueur budgétaire, la municipalité a dû arbitrer. La gratuité des activités périscolaires est passée à la trappe. Les familles sont donc mises à contribution selon une tarification modulée en fonction du nombre d’enfants et du revenu de la famille. «Toujours en dessous d’un euro, par enfant et par activité »,souligne Elsa Simon.
La pilule est dure à avaler pour certains parents. « Franchement, ce n’est pas cher. Mais au départ ce n’est pas ce qui avait été prévu, rappelle une maman dans un groupe en discussion. Par principe, Je ne suis pas d’accord. » Le cas de Cournonsec n’est pas isolé parmi les communes partantes pour la réforme scolaire en septembre 2013. Une tarification des activités périscolaires est appliquée à Saussan, tandis qu’elle s’applique seulement pour certaines activités à Lavérune. Et elle pourrait voir le jour à Murviel-les-Montpellier à la prochaine rentrée. Qu’en sera-t-il à Montpellier ? La municipalité actuelle n’a pris aucun engagement sur la gratuité des activités périscolaires, contrairement au candidat Jean-Pierre Moure, qui en fait un engagement de campagne au volet de l’école de la diversité.
Cournonsec pourra-t-elle lui servir d’exemple à Montpellier ? Difficile de calquer le modèle d’une commune sur une autre selon Elsa Simon. Chaque commune possède ses structures d’accueil, regroupées ou dispersées et des infrastructures sportives et culturelles plus ou moins nombreuses. Mais l’expérience reste bonne conseillère.

Patrice Canayer : « Le sport doit rentrer dans le débat politique pendant les Municipales »

Patrice Canayer est une référence dans le monde du handball. Avec 36 titres, l’entraîneur du MAHB a tout gagné avec ce club qu’il coache depuis 1994. Mais après 20 ans à la tête du meilleur club de Hand en France, le nîmois a envie d’avoir un rôle à Montpellier qui dépasse le cadre du sport.

Canayer est une figure du sport à Montpellier. Considéré comme le meilleur entraineur de France, il a fait du MAHB le club de handball référence en France. C’est George Frèche qui l’avait fait venir. Son amitié avec l’illustre maire de Montpellier sera l’une des raisons pour lesquelles il restera entraineur de Montpellier si longtemps. Avec un titre de Champion d’Europe en 2003, il a fait de Montpellier la capitale française du hand. Malgré cela, l’ancien professeur d’EPS a envie de participer plus amplement à la vie montpelliéraine. Il a affirmé être « plus attiré par la vie citoyenne que par la vie sportive ». Son choix d’entamer une carrière politique a été motivé par une volonté de rendre ce que Montpellier lui a donné, de faire évoluer le sport local dans le bon sens. Lors d’une conférence organisée par l’association Montpellier 2020 et intitulée « Sport et territoires », Canayer a expliqué comment il voyait la politique sportive de sa ville et ce qu’il envisagerait pour l’améliorer.

Un soutien de poids pour Jean-Pierre Moure

Si pendant longtemps des rumeurs quant à sa présence sur la liste de Jean-Pierre Moure se faisaient persistantes, l’entraineur a affirmé le contraire. Cependant, il a fait entendre que l’actuelle tête de liste PS aux Municipales 2014 avait son soutien. Lui veut s’engager en politique dans le secteur du sport et ce quelque soit le prochain maire.

Selon Patrice Canayer, Montpellier a beaucoup innové dans le sport et possède une politique sportive stable de Montpellier depuis 20 Ans. Dans 5 à 10 ans, le sport va être à un tournant. Soit une privatisation complète comme aux Etats-Unis, soit un nouveau modèle de développement du sport en fonction des territoires. Pour faire évoluer le sport dans le bon sens, sa vision est simple : il veut faire travailler tout le monde ensemble, varier les points de vue concernant la relation entre politique et sport. Celui d’un élu n’est pas le même que celui d’un de sportif professionnel ou d’un sportif lambda. Il est Intéressant de les comparer.

Canayer préconise un « plan Marshall » concernant les équipements sportifs

Quel avenir pour le sport à Montpellier et surtout pourquoi une collectivité territoriale va-t-elle investir dans le sport ? Concernant les équipements, Patrice Canayer veut une sorte de « plan Marshall » avec une restauration de nombreux d’entre eux, pour les moderniser. Il faut également y ajouter des club house car « un stade ou un gymnase doit être un lieu de vie sociale ».

Concernant l’entretien des infrastructures, il faut un management et non un simple gardiennage. Il faut aussi que les équipements soient modulables. Il prend l’exemple de la Park &Suites Arena, salle unique en province de 9000 places en configuration sport. Il pointe du doigt sa situation géographique « il n’y a aucun endroit pour aller boire un coup à côté avec ses amis ou sa famille ». Il reproche également que cette dernière ne soit pas utilisée à 100% de ses capacités. Pendant l’été, aucun évènement sportif n’est organisé alors qu’elle est climatisée, « un énorme gâchis » selon le coach du Montpellier Handball.

« Il faut une mutualisation de l’emploi par le sport »

Patrice Canayer est convaincu que le sport peut être créateur d’emploi et qu’il faut se servir de la nouvelle réforme des rythmes scolaires pour embaucher des éducateurs. Pour lui, « il faut intensifier la pratique du sport à tous les niveaux, amateur, espoir et professionnel. Il faut une mutualisation de l’emploi par le sport ». Il préconise une facilitation de l’emploi de salariés dans les associations pour créer une forme de dynamisation car « il y a des limites au bénévolat ». La question est de savoir s’il y a augmentation de l’emploi, est-ce que les éducateurs municipaux ou les associations suivront ?

En guise de conclusion, l’entraineur du MAHB déclare : « Le sport doit rentrer dans le débat politique pendant les Municipales. Les candidats doivent se prononcer sur le sport. La mairie et l’Agglo doivent continuer à agir pour le sport et continuer ce qui a été entrepris depuis 10 ans ».

Le tramway gratuit, bientôt sur les rails ?

Alors que la campagne des municipales commence, la question du prix du tramway, dans un contexte de crise budgétaire et environnementale, est toujours d’actualité. Face à un prix des tickets jugé trop élevé, Chateauroux et Aubagne ont opté pour la gratuité des transports publics. Et si c’était le cas à Montpellier ?

En 2008, durant les précédentes élections municipales, Jacques Domergue ouvrait la porte à la gratuité des transports en commun à Montpellier. Très vite qualifié de « démagogue » par son opposante socialiste aux municipales Hélène Mandroux, le candidat UMP s’était alors rétracté. Aujourd’hui le débat de la gratuité des transports s’est plutôt déplacé vers le coût.
À Montpellier, plus de 300000 personnes se déplacent en tramway chaque jour, ce qui en fait un des plus fréquenté de France. Cependant, le prix des billets demeure un frein pour bon nombre de personnes. À 1,40 euro le trajet, Montpellier est au-dessus du prix moyen du ticket unitaire, tombé en dessous de 1,20 euro selon l’Union des transports publics entre 2003 et 2013. Pour le reste, comptez 2,50 pour un aller-retour, 3,80 pour un ticket à la journée et 12 euros pour un carnet de 10 tickets. Du côté des abonnements, les prix sont tout aussi peu attractifs : 48 euros pour un forfait mensuel et 432 à l’année même si les moins de 26 ans peuvent bénéficier de réductions. Tout comme les demandeurs d’emploi, les handicapés ou les seniors, auxquels sont proposés des forfaits subventionnés, à demi-tarif ou gratuits.

À Châteauroux et Aubagne : on voyage gratuitement

En 2001, Châteauroux teste la gratuité des transports en commun. Une réussite, selon Emmanuel Gerber, chargé de la question des transport à l’agglomération castelroussaine : « La mesure est très appréciée, il y a eu une augmentation de 200 % des chiffres de fréquentation depuis 2001 ». À Aubagne, la mesure est en vigueur depuis 2009. Nathalie Castan, directrice du service transport à l’agglomération, dresse le même constat : « Il y a eu une forte hausse de la fréquentation. Plus 50% la première année et plus 170% aujourd’hui. Et sans avoir développé l’offre ! Sauf, bien sûr, une augmentation du nombre de bus pour les lignes en saturation. » Paradoxalement, la gratuité a un prix. Pour compenser la perte de revenus de la billetterie – environ 7% du budget global – les deux agglomérations ont appliqué la même recette : la création d’une taxe transport de 0,6% de la masse salariale des entreprises et des administrations de plus de 9 salariés. Leur budget transport n’a donc augmenté que d’environ 15% pour servir près de trois fois plus de personnes. Pour les deux communes, l’origine du projet est la même. Aussi, selon Emmanuel Gerber, « mettre en place la gratuité est une volonté politique ( ndlr: de la majorité socialiste précédente ) ». Gratuité qui n’a pas été remis en cause depuis. Nathalie Castan ajoute : « Ce projet est motivé par l’idée de droit au transport, une idée sociale et environnementale. »

Des populations satisfaites

Dans ces communes, plusieurs enquêtes de satisfaction ont montré que les usagers étaient, à plus de 95 %, satisfaits. Par rapport à l’ancien prix des tickets, les ménages réalisent en effet une économie de 200€ à 400€ par an. A Aubagne, la gratuité aurait « capté les personnes qui ne prenaient pas le bus avant. Notamment les jeunes qui, en plus de le prendre pour aller en cours, le prennent aujourd’hui pour sortir en ville ». Elle poursuit : « Selon les enquêtes sur les nouveaux usagers du bus, il y a un report modal d’environ 50% de la voiture vers le bus. » Malgré des résultats intéressants, les deux spécialistes estiment que ces schémas doivent être évalués au cas par cas. Dès lors, si la gratuité est possible pour des agglomérations de taille moyenne, elle est plus difficilement envisageable pour les plus grandes. Emmanuel Gerber souligne : « Le support financier de la billetterie n’est pas neutre. C’est même très important. Notre recette billetterie était de 7% de notre budget transport. Compenser 7%, c’est faisable. Dans les grandes villes comme Montpellier, c’est plus proche de 30% ce qui n’est pas négligeable et bien plus difficile à compenser. »

Montpellier : des tarifs sociaux plutôt que la gratuité

En 2008, Hélène Mandroux avait posé les bases du débat actuel : « Je ne connais pas la gratuité. Il faut bien que quelqu’un paie. Un tarif social serait plus intelligent et plus juste que la gratuité totale. » Et son discours a su prévaloir chez les candidats des municipales de mars. Malgré leurs différends, Jean-Pierre Moure est du même avis. Refusant la gratuité, il plaide pour « une tarification sociale, pour stopper la pression financière qui pèse sur les ménages. Car la gratuité des uns, ce sont les impôts des autres. » Cependant, difficile pour lui d’avancer un prix précis, il propose seulement « un élargissement de la gamme de tarification sociale avec un coup de pouce pour les étudiants boursier. La fourchette se situera entre les prix actuels et ce qui se fait à Toulouse. » Les étudiants non boursier ne semblant pas être concernés. Phillipe Saurel, dissident PS, propose lui un tramway à 1 euro avec des tarifs sociaux. Sans préciser la teneur de ces derniers. Pour l’UMP Jacques Domergue, « La gratuité n’est plus d’actualité. On l’avait proposée en 2008 mais ce n’était pas réalisable. » Le candidat souhaite se tourner vers les 55 000 étudiants : « Nous voulons leur proposer un abonnement mensuel de 10 euros comme cela se fait à Toulouse. Les étudiants n’ont pas trop de budget et peuvent être obligés de frauder. Avec un abonnement mensuel à 10 euros, pas sûr qu’on perde de l’argent car il y aura une baisse de la fraude. » Il n’exclut cependant pas la gratuité pour le futur, s’il arrive aux commandes de l’agglomération et donc, de la TAM. En revanche, face au coût d’une telle mesure et refusant d’augmenter les impôts, il préfère « regarder sérieusement la faisabilité ou non de ce projet. Pour l’heure, ce qui compte c’est le tarif spécial pour les étudiants, pas la gratuité », conclut-il.

« La gratuité pour 30% des personnes en fonction de leurs revenus »

Seule Muriel Ressiguier, tête de liste Front de Gauche, appelle aujourd’hui à la gratuité complète. Pour elle, si « seulement 15% des Montpelliérains utilisent les transports en commun alors que c’est l’avenir, c’est qu’il y a un problème ! » Dans ce contexte, elle souhaite dès 2015 proposer « la gratuité pour 30% des personnes en fonction de leurs revenus, incluant donc une grande partie des étudiants. » Puis augmenter par palier le pourcentage de personnes ayant accès à la gratuité, jusqu’à ce qu’elle soit totale. À en croire les candidats, il faut donc s’attendre, dans tous les cas, à voir les prix des tickets et abonnements de tramway diminuer. À moins qu’ils ne nous fassent marcher…

Le stade Yves-du-Manoir coûte-t-il trop cher ?

Chaque année, la ville de Montpellier arrose ses clubs sportifs de subventions, des sommes parfois colossales supposées embellir et enrichir, à terme, la Surdouée. Mais les résultats sont loin d’être toujours visibles aux yeux du grand public. Illustration avec le stade Yves-du-Manoir.

Quand il s’agit de sport, Montpellier sait se montrer généreuse. La ville la plus sportive de France en 2012 selon l’Académie des sports aide les clubs locaux à grands renforts de subventions et du paiement d’une partie de la création des équipements. Avec 600.000 euros reçus pour la saison 2011-2012, le Montpellier Hérault Rugby Club (MHRC) est parmi les mieux lotis. D’autant que s’ajoutent quelques prestations de services comme l’achat de places ou la location par la ville d’une loge et de panneaux publicitaires. En outre, Frêche aura veillé au grain en transférant la compétence sportive de la municipalité à l’Agglomération dont les ressources financières sont plus importantes, bien que la ville renfloue encore, à raison par exemple de 110.000 euros reçus par le MHR selon les comptes municipaux de juillet 2013.

Des retombées économiques en demi-teinte pour certains…

L’équipe de rugby montpelliéraine sait se faire respecter, même en dehors du terrain. Pour cela, elle s’est dotée en 2011 d’un actionnaire richissime, Mohed Altrad, homme d’affaires syrien classé 118e fortune française selon le magazine Challenges, qui a investi pas moins de 2,4 millions d’euros dans le club. Qui dit grosse équipe dit gros stade, pour accueillir dans des conditions décentes. Le MHR a élu domicile à Yves-du-Manoir en 2007 : sa rénovation aura coûté près de 63 millions d’euros dont 10 millions aux frais de la capitale héraultaise. Si le MHR peut se prévaloir d’un excellent palmarès à domicile, l’édifice aux 14.000 places peine à générer des retombées économiques dignes de ce nom pour les commerces alentours.

En vérité, il agace plutôt les boutiques du centre commercial de l’Ovalie, situé juste en face. « Les jours de match, il n’y a personne, même pas mes clients habituels. » déplore Xavier, de la boucherie Boldrini. « Si ça tombe en plein samedi après-midi, je peux perdre jusqu’à 40% de mon chiffre d’affaires ! » ajoute-t-il. À la Maison de la presse, Zora renchérit : « Le problème vient du parking : il y a trop peu de places autour du stade donc les gens viennent se garer devant nos commerces. Nos clients ne peuvent pas venir et on perd de l’argent ! ». A contrario, la pizzeria voisine semble tirer son épingle du jeu. Sylvain, son propriétaire, ne perd au change : « Mes clients habituels ne viennent pas mais ils sont remplacés par les supporteurs. Les matchs m’apportent environ 15% de chiffre d’affaires supplémentaire ».

… tandis que d’autres (se) régalent

Côté tram, les avis divergent. « Il y a plus de fréquentation lors des matchs et les supporteurs consomment. Pour nous, la proximité du stade est un plus. », explique Christelle de la Brasserie des Grizettes. Un constat que partage Béatrice dans son tabac-presse : « Les jours où il y a de grosses rencontres, par exemple pendant la coupe d’Europe, il y a vraiment du monde. C’est rentable pour nous. » À cette rentabilité, pas de secret : la proximité de la ligne 2 du tramway ainsi que la mise en place d’une navette entre la station Sabines et le stade ont joué un rôle bénéfique primordial. Étiennette, employée de la TaM (Transports de l’agglomération de Montpellier), confirme : « Le forfait à 2 euros mis en place les jours de match incite les supporteurs à prendre les transports en communs. »

D’autres entreprises tirent profit des activités du stade, à l’image du Traiteur des Garrigues. Située à Saint-Jean-de-Védas, l’entreprise sert les 1500 repas d’après-match depuis le début de la saison sportive. Et la troisième mi-temps est un marché conséquent ! « Ça représente 16 matchs par an auxquels on peut ajouter une dizaine de prestations en fonction des résultats du club. » rapporte Nordine, employé par l’entreprise. Et pas moins de 15% du chiffre d’affaires total du traiteur, qui a recruté une trentaine de salariés supplémentaires pour l’occasion. « Les retombées ne nous concernent pas exclusivement. On a investi dans du matériel, on loue régulièrement des véhicules et on fait appel à des producteurs régionaux pour certains produits. En ce qui nous concerne, le marché nous permet surtout de montrer notre savoir-faire en tant que traiteur » conclut Nordine. Une affaire qui profiterait à tous, en somme. Sauf peut-être aux comptes publics…

Logements vacants à Montpellier: Les impossibles solutions

A Montpellier, le parc immobilier est touché par un fort taux d’inoccupation. A quelques jours des élections municipales, les logements constituent un enjeu électoral majeur dans une ville marquée par une démographie en expansion.

Une population en hausse constante –plus de 13 500 nouveaux habitants entre 2008 et 2011. Des quartiers entiers qui sortent de terre, comme à Port Marianne, mais qui ne suffisent pas à contenir la demande. Montpellier manque de logement. Pourtant, paradoxe, la capitale du l’Hérault connait un niveau de vacance des biens immobiliers privés particulièrement élevé. Selon les chiffres de l’INSEE de 2010, 13 327 des 148 960 logements montpelliérains étaient ainsi inoccupés –plus de 8,9%– soit le deuxième plus fort taux parmi les grandes villes françaises, juste derrière Nice.

Bien qu’existants à Montpellier, les phénomènes qui expliquent d’habitude la vacance d’un logement n’y sont pas particulièrement développés. Pour la CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie), ces causes sont les délais de rénovations dans les HLM, les familles qui héritent d’un bien sans pouvoir l’occuper et, principalement, la peur du mauvais payeur. A Montpellier, les logements sociaux ne restent jamais inhabités plus de quelques mois tant la demande est grande (70% de la population est éligible à l’accès au logement social ). Les héritages inoccupés sont quant à eux extrêmement difficiles à répertorier et aucun chiffre n’existe à ce sujet. Reste l’insolvabilité des locataires. Pour Florent Sernoux, de l’ADLI 34, «elle impacte encore peu sur la vacance, même si cela augmente». La ville est marquée par une forte demande de location portée par les étudiants, qui disposent souvent de garants. Le propriétaire montpelliérain est donc assuré de trouver preneur et de toucher son loyer au début du mois.

La raison pour laquelle le pourcentage de logements vacants à Montpellier est de 2,1 points supérieur à la moyenne nationale se trouve dans la vétusté d’une partie de son parc. Depuis ces sept dernières années environ, le nombre de logements neufs a grandement augmenté, bénéficiant de la loi Scellier (remplacée depuis par la loi Duflot). Les prix ont alors connus une forte hausse. Afin de rester attractifs, les propriétaires de logements anciens ont dû remettre leurs biens aux normes. Des travaux longs et chers (sur les salles d’eau ou l’électricité) que nombre d’entre eux n’ont pas osés entreprendre. Ainsi, en 2009, 3 800 logements en état de vacance dataient d’avant 1948.

De la difficulté de mettre en œuvre une action publique efficace

Pour Augustin Chomuel, directeur de l’ADLI 34, chaque propriétaire a ses propres raisons de mettre ou pas son logement sur le marché. «C’est du cas par cas. Il est très dur de recenser ces habitats et donc d’agir pour qu’ils soient disponibles à la location». Les services publics peinent ainsi à justifier un tel taux de vacance et préfèrent mettre en avant leur arsenal de dispositif. La Taxe sur les Logements Vacants (TLV ) est appliquée dans la commune, sans toutefois avoir fait les preuves de son efficacité. Les collectivités locales ne possèdent pas de droit de préemptions sur le parc privé. Les mesures sont donc principalement incitatives.
A la Mairie, on recense les logements vacants pour envoyer un courrier au propriétaire, l’appelant à le mettre sur le marché. Sur environ 1500 lettres, les services municipaux ne reçoivent qu’une dizaine de réponses. La ville organise aussi, une fois par an, un forum « Clé-propriétaire » pour «expliquer comment rénover son appartement et attirer les locataires». Des rencontres qui ont, de l’aveu même de la Mairie, peu de succès.

Frédérique Touraine, pour l’Agglo, détaille quant à elle les subventions versées conjointement par la communauté urbaine et l’Agence National de l’Habitat (ANAH). Le programme « Rénover pour un habitat durable et solidaire » prévoit le financement de la remise aux normes de 456 logements anciens sur cinq ans, à hauteur d’entre 30% et 80% du montant hors-taxe des travaux. L’ANAH participe ainsi par un montant de plus de 1 786 000 jusqu’en 2017. «Les aides aux propriétaires privés peuvent permettre d’éviter qu’un logement ne devienne insalubre et ainsi pouvoir le remettre sur le marché». Intermédiaire de l’Etat, l’Agglo reverse aussi des aides aux bailleurs sociaux (OPH-ACM) pour les même raisons. En contrepartie, les loyers doivent être maintenus plus bas que la moyenne. Un système jugé efficace par les associations.

La troublante gestion de l’immobilier public

Les pouvoirs locaux affichent leur bonne volonté. Mais donnent-ils l’exemple avec les logements publics? Christelle Tomatis, des services du Patrimoine à la Mairie, ne ment pas concernant les HLM: «Les logements sont quasiment tous occupés, sinon ça ne serait pas rentable. Les autres sont en rénovation». En effet, seul 1% du parc public est vacant, soit 200 logements sur l’Agglomération.
Pourtant, une enquête de Lyon Capitale sur les logements d’instituteurs évalue à 38% à Montpellier le nombre de ces biens publics inoccupés en Janvier 2013. C’est sans compter les autres bâtiments appartenant à la Ville, Région, Département, à la SNCF ou au CHU qui restent vacants pendant des années. Florent Sernoux explique: «Il existe des contraintes techniques pour parvenir à mettre aux normes un bâtiment laissé longtemps à l’abandon. Les coûts pour les faire accéder au marché du logement sont prohibitifs».

Fréderic est membre du Collectif des Mal-logés. Eux, à leur échelle, ne voient rien des politiques pour le logement menées par les collectivités. Mais ils sont bien au fait des maisons ou logements individuels publics habitables et inoccupés. «Le Public se comporte comme le Privé. Il spécule. La Ville, l’Agglo et les Finances Publiques sont les plus gros propriétaires de Montpellier. Sur le long terme, il est plus cher de louer un logement, avec les charges que cela comporte, que d’attendre qu’il prenne de la valeur». Il serait donc plus rentable de vendre les bâtiments en profitant de l’augmentation des prix de l’immobilier, que d’investir dans une remise aux normes des logements existants. La vacance serait donc entretenue artificiellement à des fins comptables. Pour Augustin Chomuel, on n’assiste pas tant à de la spéculation qu’à une volonté de renflouer les finances publiques en période de rigueur budgétaire. Une rapide visite sur le site internet des cessions immobilières de l’Etat permet de trouver une vingtaine de bâtiments ou bureaux sur Montpellier appartenant à des ministères. Ils sont mis en vente plutôt que rénovés ou convertis en logements.

C’est du côté des citoyens montpelliérains eux-mêmes qu’il faut regarder pour trouver des volontés de se réapproprier le patrimoine. L’exemple de l’association des riverains de Haut-Boutonnet s’emparant de la destinée de l’ancienne maternité est significatif. Cette clinique, située au nord-est du centre historique de Montpellier, va devenir sous l’impulsion de ses voisins une maison des associations et accueillera des commerces et des logements. De même au Parc Montcalm, où la Mairie a racheté les terrains de l’ancienne caserne de l’Ecole d’Application d’Infanterie (EAI) pour les transformer en 16,2 ha d’espaces verts et 3000 logements. Qui se souvient qu’avant cet ambitieux projet, un mouvement syndical et associatif s’était formé pour réclamer la transformation de l’EAI en logements étudiants ?

Ces Montpelliérains qui ont décidé de ne pas voter

A chaque élection, ses élus, ses votants et … les autres. Ceux qui font le choix d’éviter les urnes, refusant de participer à une « mascarade de plus ». Derrière ces citoyens, différents profils : royalistes, anarchistes ou simples dégoûtés du système électoral. Un seul dénominateur commun : le rejet du vote. Tour d’horizon de quelques-uns de ces fâchés de l’isoloir.

Mardi 21 janvier, à la Chapelle Royale des Pénitents bleus de Montpellier, une messe est « célébrée pour le repos de l’âme de Louis XVI et des victimes de la Révolution française ». Oui, 221 ans après la mort de Louis XVI, certains regrettent encore l’homme et son système monarchique. Dans cette chapelle, des fleurs de lys sur fond bleu, symbole de la monarchie absolue, ornent la tapisserie près de l’autel. Il y a foule, certains sont même debout dans le fond. Du haut de sa chaire de vérité, le prêtre prononce un discours éminemment politique, dénonçant la « dictature » du système actuel, teinté de prosélytisme religieux. « Voilà deux siècles que la France a rompu l’alliance avec Dieu ! » affirme-t-il. Après la messe, le contact avec les « fidèles » se noue facilement. Parmi eux, étonnamment, une dizaine de jeunes entre18 et 30 ans, acquis à la cause du roi. Pierre, 23 ans, étudiant en droit, se décrit comme « royaliste de coeur ». « Les rois ont fait la France, on ne peut pas nier notre passé, mais on ne peut pas mettre non plus de côté les erreurs de la monarchie. » admet-il, ajoutant qu’il votera blanc aux municipales de mars, comme il l’a toujours fait pour chaque élection. La plupart des royalistes présents ce jour-là restent plus discrets sur leurs orientations politiques. Comme l’explique Pierre : « Chez les royalistes il y a de tout, il y a des gens qui ne votent pas ou votent blanc, comme moi, il y a des gens qui votent à gauche à droite et aussi à l’extrême droite. » Mais le fond du message reste une vive critique de l’héritage révolutionnaire et du système républicain incluant le vote au suffrage universel.

Les anarchistes et le vote : « je t’aime, moi non plus

L’organisation anarchiste Alternative Libertaire compte environ 500 membres à travers la France, dont une trentaine à Montpellier selon eux. Matthieu, Oscar et Max, respectivement 30, 23 et 35 ans, font partie de cette organisation. Le rendez-vous est pris dans un café du centre-ville où ils exposent leur vision de la politique. Tous les trois exigent « une gestion horizontale de la société », une constante, comme chacun sait, pour les anarchistes. Matthieu, le plus bavard du trio, a un avis bien tranché sur le système électoral français : « Les élections sont une sorte de mascarade, avec un bipartisme, où les différences sont cosmétiques : on ne peut pas changer les choses avec ces élections. C’est un système de représentation qui permet juste de gérer la société. Il n’y a rien de significatif qui peut sortir de là. » Pour les municipales, le trio s’abstiendra. « Les élus municipaux ont un pouvoir faible, illusoire », affirment-ils. Pourtant, ils n’ont pas toujours rejeté en bloc l’isoloir. Max, notamment, avoue voter blanc depuis une dizaine d’années. Pour eux, l’abstention est peu productive : « Ne pas voter n’est pas un outil de changement. Le changement passe par la rue, les grèves, par les manifestations, par l’effervescence. » Pour autant, aucun d’eux n’exclut de voter pour faire barrage s’ils l’estiment nécessaire.

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« Élire quelqu’un, c’est se désengager politiquement »

Samedi 1er février, après une manifestation pour le droit à l’avortement organisée par des membres de la Coordination des Groupes Anarchistes (CGA), une partie du groupe se retrouve à La Mauvaise Réputation, une librairie anarchiste de Montpellier. Comme les membres d’Alternative Libertaire, Gilles, 40 ans, instituteur et Xavier, 32 ans, informaticien, refusent de voter. Sans pour autant se désintéresser totalement de la situation : « Ne pas voter implique de rester conscient politiquement. » Gilles explique : « Voter revient à donner un chèque en blanc à des gens sur lesquels on n’a aucun contrôle. Nous sommes pour la démocratie directe. » Plus concrètement, il assène : « Élire quelqu’un, c’est se désengager politiquement, on ne pense pas que c’est comme ça qu’il faut faire. On est par exemple pour un mandat impératif, où l’on vote pour quelque chose de bien précis et où on a un contrôle sur le mandat ». Xavier précise, avec sarcasme : « D’ailleurs, le mandat impératif est interdit dans la Constitution française : il est considéré comme nul et non avenu. ». En revanche, point de rejet catégorique du vote chez eux : bien au contraire, c’est ainsi que la CGA
fonctionne pour mener à bien ses projets. Selon les deux anarchistes, l’échelon municipal nécessite « un pouvoir horizontal, une assemblée pérenne au niveau des comités de quartier et des petites entités qui se fédèrent entre elle. » Avant de conclure : « On ne veut pas non plus quelque chose de totalement autarcique. Il y a des choses trop importantes qui doivent être décidées au niveau municipal ».

Valentin ne croit plus en la « démocratie »

Valentin a 25 ans, il ne se réclame d’aucun bord politique, ne fait partie d’aucune organisation ou association. Il n’a jamais eu de carte électorale et n’a donc, corollairement, jamais voté. Pour lui, la « démocratie que l’on nous vend n’a jamais vraiment existé ». Tout comme Matthieu d’Alternative Libertaire, il dénonce les ressemblances entre la gauche et la droite au point de faire un parallèle avec le système américain. Il développe, sur fond de critique du libéralisme : « Ils ont de plus en plus les mains liées, et le peu de chose qu’ils font est contreproductif et bien souvent sociétal plutôt que social. […] C’est pour ça que je ne joue pas à leur jeu ».
Qu’il s’agisse de Pierre le royaliste qui vote blanc, les anarchistes d’Alternative Libertaire que sont Matthieu, Oscar ou Max ou Gilles et Xavier de la CGA, l’engagement politique ne passe pas par le vote. Combien d’entre eux ne se rendront pas au rendez-vous des municipales de mars ? Combien de Valentin parmi tous ces jeunes, vivier des abstentionnistes, seront plus que difficile à convaincre pour les candidats à la mairie de Montpellier ?

Une éclaircie dans le ciel montpelliérain ?

Montpellier, 8e ville de France, génère environ 1,2 million de passagers par voie aérienne à l’année. Or, son aéroport n’est pas à la hauteur d’une zone urbaine de plus de 400 000 habitants. Hors agglomération et abandonné des politiques, il n’a jamais suscité un grand intérêt depuis Georges Frêche. Tour de piste à la veille des municipales de mars ?

« L’aéroport de Montpellier a du mal à décoller ». Un refrain bien connu. La raison première ? Précisément une abondance d’aéroports, pas moins de cinq se partagent le trafic aérien en Languedoc-Roussillon. Carcassonne, Perpignan, Nîmes, Béziers et Montpellier, difficile de s’imposer dans ce ciel si fourni.

Un quinté… gagnant ?

La région a toujours prôné la complémentarité des cinq plate-formes aéroportuaires. Mais, aujourd’hui, ce surnombre ne deviendrait-il pas un frein plus qu’un moteur de promotion pour la région ? « Non ! » assène cette dernière, qui détient 6,5 % des parts de l’aéroport de Montpellier mais le finance à hauteur de 18 millions d’euros annuels. L’État, actionnaire majoritaire avec 60% des parts, est suivi par la CCI avec 25 %, le reste étant constitué par le département et les communautés de l’Agglo. La région n’est pas à court d’arguments pour défendre la viabilité des 5 sites, qui génèrent un chiffre d’affaires de plus de 800 millions d’euros. Avec pas moins de 140 entreprises implantées sur les cinq tarmacs, les zones concernées peuvent se prévaloir de près de 7450 emplois directs et induits. Selon la société d’études économiques et de conseil en stratégie Bipe et l’institut BVA, Montpellier Méditerranée produit, à lui seul, la moitié de ces ressources.

Pascal Pintre, directeur de l’aéroport de Béziers (235 000 passagers en 2013), estime que cette complémentarité est une force, citant par exemple la région PACA (qui compte Marseille, Nice, Toulon et Saint-Tropez) ou la Bretagne avec sa myriade d’aéroports. « L’idée c’est de savoir comment valoriser cette complémentarité plutôt que de se tirer la bourre. La région Sud de l’arc méditerranéen a un potentiel infini. Le moyen de transport aérien est largement sous-utilisé en Languedoc-Roussillon : seuls 4% des visiteurs dans la région arrivent par voie aérienne », souligne-t-il. Persuadé de l’utilité du travail en réseau, il avance : « L’étude du cabinet Bipe a montré que, si on centralisait tout le trafic sur Montpellier, la région perdrait 700 000 passagers du fait de l’évasion des clients.  » Et pour lui, le mariage pour tous les aéroports, ce n’est pas d’actualité : « Il faut sortir des querelles de clochers. Je réfute la concurrence. La complémentarité, oui. Le travail en réseau, oui. Mais le mariage des 5 aéroports, non. Chacun a un statut différent, ce serait très difficile d’aller au-delà du bon fonctionnement. »

Montpellier Méditerranée en déficit d’attractivité

Le bilan 2013 de l’aéroport de Montpellier est plutôt positif avec près de 1.400.000 passagers. Soit 10,5 % de plus qu’en 2012. Mais il stagne toujours loin derrière ses concurrents directs, Toulouse et Marseille, qui enregistrent respectivement 7,5 et 8,3 millions de passagers. Un facteur en cause : le manque de destinations proposées, une vingtaine seulement à partir de Montpellier. Alors que la Ville rose en offre 70 et la Cité phocéenne plus d’une centaine. Pas étonnant alors que le parking de Marignane, qui abrite l’aéroport de Marseille, soit envahi de voitures immatriculées 34 ! Sans oublier la concurrence féroce du TGV qui engendre une perte considérable de passagers, compétitivité des prix oblige.

Montpellier Méditerranée cumule les fausses notes : sa faible desserte n’en est qu’une de plus sur la partition. Un problème rabâché mais jamais résolu. La liaison aéroport – cœur de ville est un vrai parcours du combattant. Certes elle n’est pas chère (2,60 € le trajet tramway + navette) mais comptez une navette par heure pour rejoindre la place de l’Europe, son terminus, puis 15 minutes pour arriver place de la Comédie. En sens inverse, même combat. De quoi décourager les passagers. Mais tout n’est peut-être pas perdu. Un projet très aléatoire de téléphérique, suggéré par le cabinet Transmobilités pourrait relier la gare St-Roch à l’aéroport. Une solution 2 en 1 : une liaison directe du centre au tarmac et un désengorgement du trafic routier.

Une « patate chaude » en période de municipales

L’aéroport de Montpellier n’est pourtant pas si mal loti : d’aspect moderne, refait à neuf, il se situe à seulement 7 kilomètres du centre-ville. Mais situé sur la commune de Mauguio, il est hors de la fameuse Agglo qui regroupe 31 communes, ce qui peut certainement expliquer le manque d’intérêt des élus à son égard.
Si, en 2009, Georges Frêche avait évoqué le projet de fédérer les aéroports de Nîmes, Béziers et Montpellier, l’idée est, cinq ans plus tard, restée lettre morte. Certains candidats aux municipales 2014 voient en l’aéroport de Montpellier l’opportunité de rehausser la ville à un « rang mondial », comme ils disent. La problématique aéroportuaire serait-elle à nouveau au programme ?

La plupart des prétendants au poste y vont de leur commentaire ou proposition, sans trop s’étaler sur le sujet. France Jamet, candidate du Front national, se contente d’un : « C’est une des patates chaudes de la campagne municipale. » D’autres sont plus incisifs. Jacques Domergue, candidat UMP, annonce un projet percutant. S’il est élu, il ne souhaite garder qu’un seul des cinq aéroports dans la région. « Je n’ai rien contre Perpignan, Carcassonne, Béziers ou Nîmes. Mais ces gens-là doivent venir prendre leur avion à Montpellier. Si les élus peuvent le faire, eux aussi », estime-t-il, sans dire comment il forcera la fermeture des autres sites. Sur son compte Twitter, il renchérit : « Je veux un aéroport sud de France à Montpellier qui soit un véritable Hub (centre, ndlr) du Sud de l’Europe. »

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(capture d’écran du compte Twitter de Jacques Domergue)

Philippe Saurel, dissident PS, adopte une position plus prudente. Il reconnaît que l’aéroport est un lieu et une plaque d’accès incontournable pour l’économie et le tourisme sur l’axe méditerranéen. Sa situation géographique ne lui échappe pas : « Il n’est pas situé sur l’agglo de Montpellier, du coup il perd un peu de sa valeur. Il n’est pas en contact direct avec la ville, n’a pas de ligne de tram qui le dessert, d’où sa faible importance. » Il rappelle que la ville ne peut agir seule : « Il faudrait passer une série de conventions et des objectifs partenariaux avec les autres villes et communautés de l’Agglo. » Selon lui, il faut montrer patte blanche. « Nous devons harmoniser le territoire face à la crise et nourrir des relations amicales entre les différents aéroports de la région. Je ne serai pas contre fédérer Montpellier, Nîmes et Béziers. Ce serait une façon provisoire d’être compétitif. »

Pour Joseph Francis, candidat UDI, il n’est pas question de lancer des idées sans pouvoir les concrétiser. « Non, la question de l’aéroport n’entre pas dans les points que j’aborde dans mon programme. Tout simplement parce que l’aéroport n’appartient pas à la ville. C’est hors de nos prérogatives. Jacques Domergue aurait dû se taire. Il ne faut pas faire d’annonces politiciennes qui n’aient pas de sens pratique. » Ce qui ne l’empêche pas d’avoir sa propre opinion : « Dans l’idéal, il faudrait que chaque Conseil régional récupère un grand aéroport par région. » concède-t-il. Celui de Montpellier, si ce projet venait à se réaliser, serait cédé à la région. « Pour que ce projet se concrétise, il faut que la région soit accompagnée dans sa démarche par des compagnies privées », explique-t-il. Joseph Francis rappelle que la maîtrise des transports est un critère essentiel du développement économique : « L’attractivité d’un territoire est basée sur les transports. Il faut une plate-forme multimodale, une complémentarité des transports aériens, ferroviaires, routiers et maritimes. Les 3 aéroports de Montpellier, Nîmes et Béziers doivent assurer cette complémentarité et non être en opposition. »

La candidate du Front de Gauche, Muriel Ressiguier, pencherait davantage pour un audit : voir les lignes utiles et comprendre ce qui convient ou pas, en se focalisant sur le point de vue des principaux concernés : les usagers. Seul Jean-Pierre Moure, candidat de la liste PS et EELV, n’a pas souhaité s’exprimer. Comme un aveu ?

« Les candidats des municipales doivent s’adresser aux citoyens, pas aux communautés »

Boudjemaa Laliam est à la fois le fondateur de l’association Ensemble et Citoyen pour Montpellier 2014 et le président de l’Observatoire de la laïcité. Dans l’optique des municipales de mars, il souhaite faire évoluer la vision des politiques sur ces questions. Interview d’un fervent combattant du communautarisme.

Pourquoi avoir créé l’association Ensemble et Citoyen pour Montpellier 2014 ?

Comme le préfet, nous avons constaté une hausse du communautarisme dans les quartiers populaires. Les élus locaux n’avaient pas de partenaires dans ces quartiers : ils passaient principalement par des associations cultuelles. Le déclic est venu au moment des otages au Mali. La Mairie avait invité des musulmans à l’installation d’une banderole de soutien. Pour nous, c’était une manière de les stigmatiser en dénonçant les « méchants musulmans » et en faisant d’eux les « gentils ». Le but de cette association est donc de les regarder en tant que citoyens et non en tant qu’individus de confession musulmane. On ne veut pas utiliser la spécificité culturelle pour demander des droits nouveaux : nous sommes pour l’application de la loi républicaine. Nous soutenons notamment Caroline Fourest sur le féminisme et l’égalité.

Combien de membres regroupe l’association ?

Nous étions cinq au départ. Aujourd’hui, nous sommes une centaine. Il y a des gens de confession musulmane et de la communauté gitane. Nous avons aussi pas mal de sympathisants.

L’association est récente. Comptez-vous jouer un rôle durant les élections municipales ?

Notre association est un clin d’œil aux hommes politiques locaux. Montpellier est une ville multiculturelle et non multicommunautaire. Nous voulons les avertir pour qu’ils ne s’adressent plus aux différentes sensibilités culturelles en tant que communautés mais en tant que citoyens à part entière. Il faut qu’on considère les membres des communautés comme des citoyens. Ils sont là pour s’intégrer. Nous, on veut être des intermédiaires laïcs.

Récemment le préfet de l’Hérault, Pierre de Bousquet de Florian, a pointé une « montée du communautarisme » en désignant le port du voile et les écoles coraniques dans les quartiers populaires. Partagez- vous ce constat ?

Tout à fait. Nous sommes l’une des seules associations à partager son point de vue. Le préfet est dans son rôle : c’est lui qui prend la température. Les autres associations qui ont critiqué cette déclaration sont dans le communautarisme car ce sont des associations cultuelles. C’est normal qu’elles réagissent contre. Nous, on privilégie l’individu et sa liberté de penser.

Comment combattre ces replis communautaires ?

La solution, pour nous, serait de faire la promotion de l’égalité et de la citoyenneté des individus. Il faut aider les populations des quartiers populaires à en sortir. On s’adresse à tout le monde. Par exemple, nous avons organisé des événements culturels, des projections de films pour le 30e anniversaire de la Marche des Beurs. Peu d’élus sont venus.

Le droit de vote des étrangers pour les élections locales peut-il être une solution ?

On ne se prononce pas trop sur ce sujet. Et puis, vous savez les Français, eux mêmes, ne veulent pas trop. Je pense que ce droit va venir tout doucement.

Les élections municipales approchent. Qu’attendez-vous des candidats ?

Qu’ils se démarquent. Qu’ils s’adressent plus à des citoyens qu’à des communautés. On aimerait qu’ils prennent en compte la laïcité et pas seulement pour exclure.

Le thème de la laïcité n’a pas été beaucoup abordé par les candidats. Le sujet est-il trop sensible à l’approche d’une élection ?

Je ne pense pas. Nous, sur Montpellier, ça fait deux ans qu’on dit que la laïcité n’est pas qu’un principe français, qu’il devrait s’appliquer partout. La laïcité est un principe d’ouverture. Le domaine public doit être préservé. Jean-Pierre Moure a développé l’idée d’une école de la diversité. Mais, pour nous, l’école de la diversité, c’est l’école publique. Il faudrait juste améliorer le contenu.

Récemment l’éviction de l’imam Khattabi de la Paillade a fait polémique. Qu’en avez-vous pensé ?

J’ai écouté toute la déclaration de monsieur Khattabi et j’en sors encore plus déterminé
à lutter pour que les Nord-Africains de France ne soient plus perçus ou appréhendés comme des croyants mais d’abord et avant tout comme des citoyens. Il faut aussi lutter pour que les hommes politiques de ce pays laïc ne se compromettent plus dans des arrangements, des projets, des alliances, des calculs politiciens pour leurs boutiques respectives à chaque échéance électorale et lutter pour qu’un contrôle strict soit exercé sur les différents moyens qui permettent aux mosquées (et pourquoi pas aux églises) de brasser de l’argent en les obligeant à une plus grande transparence.

Lui y voit la marque d’une manœuvre politique…

Il faut écouter et réécouter ce que dit cet imam ! Ça confirme que nous, les républicains et laïcs d’origine musulmane, avons raison d’attirer l’attention des politiques locaux ou nationaux sur le climat quasi-délétère qui entoure la gestion des mosquées, les comportements opaques augmentant au fur et à mesure que grandissent les lieux de culte avec les recettes qui en découlent. Il est temps de crier haut et fort que les lieux de culte musulmans ne résument pas les attitudes politiques ou sociales des Nord-Africains, que les imams ou responsables des associations cultuelles ne représentent en rien les musulmans. Les Nord-Africains devront se détourner politiquement de tout responsable politique local ou national pris en flagrant délit de connivence avec un imam ou les dirigeants d’une association cultuelle. Il faut rester attentif et bien réécouter les bons tuyaux de monsieur Khattabi car ils nous apprennent autant sur les mœurs délétères de ces hommes supposés parés de vertu et « pourvoyeurs de science » (dixit Khattabi) que sur les mœurs de nos politiques qui préparent leurs campagnes électorales par mosquées interposées.

Craignez-vous une utilisation des réseaux communautaires aux prochaines élections ?

Les hommes politiques ne sont pas responsables de ce clientélisme communautaire. Ce sont les associations cultuelles qui se vendent comme intermédiaires et se mettent en avant au profit de la communauté. Jusqu’à présent, les politiques n’ont eu en face d’eux, dans les quartiers populaires, que des associations cultuelles. Ils ont aussi profité de l’ignorance des hommes politiques sur les problèmes des quartiers. Les leaders de ces associations cultuelles en profitent pour se réorganiser de façon communautaire.

Le communautarisme n’est-il pas, finalement, un problème plus social que politique ?

Bien sûr. Le phénomène du repli sur soi est lié aux questions du chômage et de la pauvreté dans ces quartiers. Le seul qui tend la main aux habitants, c’est la mosquée. Il y a une absence du politique qui délaisse ces quartiers. Ces gens se revendiquent comme intermédiaires alors que ce sont des associations cultuelles. Il faut une nouvelle approche de ces questions.