CULTURE – What A Trip a fait voyager 3200 spectateurs

Du 28 septembre au 1er octobre se tenait à Montpellier le premier festival du film de voyage et d’aventure What a Trip. Village camp de base sur l’Esplanade et projections à l’espace Rabelais, douze films étaient en compétition.
Le jury, présidé par le biologiste Laurent Ballesta et composé de professionnels de l’aventure et de la réalisation vidéo, a remis quatre prix. Le public a également pu s’exprimer en votant pour décerner le Prix du Public.
Grâce à leur film Paradis Perdu tourné au Gabon, les trois surfeurs Bretons de Lost in the Swell ont su tirer leur épingle du jeu. Primés à trois reprises, ils ressortent les grands vainqueurs du festival en remportant notamment le Grand prix du jury et le Prix du public.
Avec 3200 spectateurs lors des 12 séances de projections – dont trois complètes – 1500 auditeurs aux différentes conférences, 1900 visiteurs aux expositions photos, 200 participants aux ateliers organisés sur le village, cette première édition du What a Trip Festival a surpassé toutes les attentes des ses organisateurs. Ces derniers parlent d’un « véritable succès » et remettent déjà les voiles vers la deuxième édition.

On a testé pour vous : la location de voiture à 1 euro

Deux sites internet proposent des locations de voitures pour la somme de 1 euro, quelque soit le trajet et le modèle du véhicule. Comme toutes étudiantes qui se respectent, c’est-à-dire sans le sou, nous avons voulu tester ce concept intrigant.

Montpellier-Toulouse pour 1 euro ? C’est ce que propose Driive Me ou encore Luckyloc. On a testé pour vous et on est arrivées à destination.

Driive Me, entreprise créée en 2012, propose aux agences de location d’effectuer le rapatriement des véhicules par des particuliers pour réduire leurs charges. Lorsqu’un conducteur loue une voiture, il peut réserver pour un aller-simple. Il paye alors un supplément pour faire rapatrier le véhicule dans la ville d’origine. Un coût lourd pour l’entreprise et le consommateur puisque les loueurs font appel à des camions-plateaux, qui transportent les voitures.

Sur le site de l’entreprise, chaque conducteur de plus de 21 ans et 1 an de permis peut réserver le trajet de son choix pour 1 euro. De leur côté les agences de location payent à Driive Me, pour ce service, une somme qui varie selon la distance. Cet entremetteur offre la possibilité aux conducteurs de circuler à faible coût et aux entreprises comme Hertz, Sixt ou encore Avis, d’équilibrer leur parc de véhicule.

Toutes les démarches se font sur le site de Driive Me. Une voiture est disponible pour faire Montpellier-Toulouse pour la date qui nous intéresse. En quelques clics, la voilà réservée. Elle nous attend sagement dans le parking de l’agence Hertz à la gare de Montpellier pour le lendemain.

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Départ 8 heures de Montpellier, arrivée prévue à 16 heures à Toulouse

Montpellier s’éveille, il est 8 heures. Nous sommes devant l’agence Hertz. L’employé annonce que notre bolide est une Clio 4. Ouf ! Il aurait pu nous attribuer un utilitaire. En réalité, il y a des annonces spécifiques sur le site pour en louer un. C’est bon à savoir pour un déménagement. Pas de problème pour caser tous nos bagages, mais c’est raté pour prendre des co-voitureurs, il n’y a que deux places à l’avant. Le site Driive Me autorise les conducteurs à prendre des passagers pour réduire les coûts du trajet car l’essence et les péages sont à la charge du loueur. L’agent remplit les formulaires et annonce une liste de suppléments : 8,50 euros pour déclarer un autre conducteur, 30 euros pour les moins de 25 ans… Finalement ce n’est plus une si bonne affaire. Échange de regards inquiets, ce n’était pas prévu. Heureusement, l’employé se rend compte que Driive Me prend en charge les 30 euros, tant pis pour le conducteur supplémentaire. L’utilisation de ce service est une première pour nous, mais visiblement pour lui aussi. Dernière surprise, les kilomètres autorisés, la franchise et la caution demandée diffèrent de ce qui est annoncé sur le site. Pas encore sur la route mais c’est déjà l’aventure.

Une fois dans la voiture, le périple débute. Nous avons choisi de rendre le véhicule à 16 heures à Toulouse. L’occasion de découvrir les paysages de l’Hérault, du Tarn et de la Haute-Garonne sans passer par l’autoroute. Premier arrêt au lac du Salagou. Les petites routes sinueuses nous font quelques frayeurs, la caution est de 1 000 euros. Il serait dommage de rayer la voiture. La prochaine étape se fait au Col de la Croix de Mounis, à 800 mètres d’altitude. Destination suivante, Albi.

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On fait le point et on fait le plein

Après 6 heures 30 de trajet et 274 kilomètres parcourus, on fait le plein et on fait le point. Le trajet nous a coûté 18,50 euros, 1 euro de location et 17,50 euros de frais de route. Une fois arrivées à la gare de Toulouse, l’agent Hertz récupère les clés. Il s’informe sur le déroulement de notre périple et sur le fonctionnement de Driive Me. Lui non plus n’a pas l’air très au courant. Les suppléments inattendus et les informations divergentes entre le site de Driive Me et ce qui est annoncé en agence peuvent laisser perplexe. Pour 1 euro, on s’accommode de ces petites erreurs.

Sébastien Chatelier : de « dog-sitter » à globe-trotter

Hier en Italie, demain en Inde. La vie de Sébastien Chatelier, 23 ans, est des plus mouvementée. Il fait escale chez ses parents pour les fêtes de Noël. A Gif sur Yvette (Essonne), petite ville de banlieue, au sud-ouest de la capitale, où il a grandi. Retour sur un parcours atypique.

Chemise mi-sportive mi-habillée, jean-baskets, cheveux courts, le jeune homme a troqué son costume habituel pour une tenue plus décontractée. Pour autant, il n’a rien perdu de son professionnalisme. Chaque minute est planifiée. Le temps est précieux. Mieux vaut couper le téléphone et ne pas être dérangé. Quand il se lance dans quelque chose, il le fait à fond.

PDG à 18 ans

La preuve en est : à 18 ans, tout juste le bac en poche, il crée son entreprise avec Gilles Bouvet, de 44 ans son aîné. Animagora, une plate-forme mettant en relation propriétaires d’animaux et particuliers désireux de les garder contre rémunération. Soit un réseau de 25 000 « dog-sitters » en France. Ce projet, il l’a laissé mûrir quatre ans. « Quand on était au collège, je me rappelle que la chambre de Séb abritait plein d’animaux : oiseaux, chats, rongeurs… Il en gardait de toutes sortes pour se faire un maximum d’argent de poche ! Il n’avait même plus de place pour mettre son lit et il devait dormir dans le couloir  », se rappelle, amusée, Géraldine, une amie de longue date.

Le « job étudiant » a pris une tournure bien plus professionnelle. L’entreprise est un succès : en moins de quatre ans, le chiffre d’affaires s’élève à 1 million d’euros. Une somme colossale pour un si jeune adulte. Mais cela ne l’a jamais effrayé. « Je gère un budget depuis que j’ai 14 ans, ça ne me fait pas peur. Ce n’est pas comme si je faisais un baby-sitting et que j’allais dépenser mes sous directement après dans un jeu vidéo ou un nouveau vêtement  », plaisante Sébastien. Il arbore un grand sourire quand il se rappelle ses débuts. Pour cause, il n’a pas toujours été pris au sérieux. « Je me rappelle la tête du banquier quand il m’a vu débouler dans son agence, la première fois, et que je lui ai dit que je venais de créer mon entreprise… C’était comique ».

Son associé Gilles Bouvet garde un très bon souvenir de cette coopération. Il reste admiratif.« Je me suis immédiatement rendu compte du potentiel de cet ado. Des comme lui, on n’en rencontre pas des dizaines dans une vie ! J’ai toujours eu plaisir à le côtoyer, je l’ai vu évoluer. A 16 ans, il ne parlait pas un mot d’anglais. Maintenant il se débrouille comme un pro », se rappelle-t-il, ému. Une complicité et une complémentarité jugée surprenante par certains. « Les gens ne comprenaient pas comment une personne de 60 ans pouvait s’entendre avec quelqu’un de 16 ans. C’est une relation atypique, c’est vrai, mais il est d’une grande maturité et on peut lui faire une confiance absolue », conclut Gilles.

La passion d’entreprendre

Ce débrouillard ne veut pas en rester là. Avec son associé, ils revendent l’entreprise en 2013 à Animaute, n°1 du « petsitting » en France. Gilles prend sa retraite. Sébastien a déjà plein d’autres projets en tête.  « La retraite à 23 ans, ce n’est pas pour moi ! », s’amuse-t-il.

Dès janvier 2014, il sillonnera le globe. Partir à la rencontre d’entrepreneurs Internet innovants, voilà ce qui l’attend les trois prochaines années. Inde, Liban, Laos, Népal, Guyane, Mexique, Suriname… De quoi faire tourner la tête ! Même là, il ne se laisse pas submerger par l’émotion. « Pendant 3 ans, je verrai ma famille uniquement par Skype. Mais ils savent pourquoi je fais ça, je ne vais pas vadrouiller au fin fond de l’Himalaya pour admirer les montagnes », explique-t-il. Entre articles pour le Huffington Post, photographies et reportages vidéos pour son blog, il ne va pas chômer.

L’esprit vif, un vocabulaire d’homme d’affaires de 40 ans, toujours le mot juste, Sébastien est d’une maturité exemplaire. « Ma passion, c’est entreprendre ma vie. On en a qu’une, elle dure un certain temps. Il faut faire le maximum de choses qui nous plaisent et prendre son pied. J’ai envie de partir à la découverte du monde, rencontrer des entrepreneurs étrangers et voir ce qui se fait ailleurs ». Sa passion pour l’entrepreneuriat ? Il ne la doit à personne de son entourage, même si son père était dans le commerce international. « Il y a quand même des personnes qui m’ont inspiré. Je pense bien sûr à Steve Jobs et sa vision stratégique, comment il a révolutionné le marché en si peu de temps. Richard Branson pour son côté humain et James Nachtwey, reporter de guerre, pour sa grande humilité…».

Qui l’eût cru ?

Personne ne l’attendait au tournant. Les études, ça ne l’a jamais « branché ». « Je ne comprenais rien en cours. Ça ne me parlait pas. Je voulais du concret ». Madame Lépissier, sa professeur de mathématiques de troisième, confirme. « Sébastien était vraiment nul en maths. Il n’y a pas d’autre mot. Il ne fichait strictement rien en classe. Mais bon, il était drôle et il n’embêtait personne  », plaisante-t-elle.

Depuis, Sébastien a pris son envol. Un emploi du temps de ministre. Il ne regrette en aucun cas son parcours. « Je suis content de voir tout ce chemin parcouru. Je n’ai peut-être pas eu la vie d’un jeune de 18 ans ordinaire mais j’ai fait ce qui me plaisait. Je n’allais pas en boîte de nuit le samedi soir. J’ai fait des choix. Aujourd’hui, la vie des jeunes de 23 ans que je côtoie ressemble à la mienne  ». Il conclut : « les amis, c’est important pour avoir une tête bien faite ! ».

Il retourne à sa lecture : « Manuel de journalisme », d’Yves Agnès. Eh oui, un reportage-photos à travers le monde, ça se prépare. Le petit cancre de 3ème5 est devenu grand.

Manneken Pis : « Une grande légende pour 50 centimètres de bronze »

Situé à l’angle d’une rue perpendiculaire à la Grand-Place, le bonhomme en bronze est à la fois à nu et dans une position stratégique pour être vu de tous.
« Depuis toute petite, on me raconte la légende de ce petit garçon qui aurait éteint une mèche de dynamite en faisant pipi dessus, évitant ainsi à Bruxelles de brûler », raconte Julie, 28 ans, une Belge d’origine. Les histoires autour de cette minuscule statue sont nombreuses. « Chaque Bruxellois a la sienne », ajoute-t-elle.

Manneken en djellaba

Le mystère est accentué par les déguisements qu’il revêt souvent. Ce jour-là, c’est en djellaba et coiffé d’un tarbouch [[petit chapeau rouge de Fès (Maroc)]] qu’il accueille les touristes pressés devant son grillage en fer forgé. « Il possède près de 800 déguisements qui sont exposés à la Maison du Roi, un musée de la Grand-Place », s’exclame Tessalyn. Cette jeune fille de 22 ans travaille dans une boutique de souvenirs à quelques mètres de la statue. Colorful Manneken Pis by mkisono/flirckrDans son magasin, le Manneken Pis est décliné sous toutes les formes possibles : du porte-clefs au décapsuleur, en passant par l’objet déco incontournable. Pour elle, la légende est différente. « Le fils d’un bourgeois richissime se serait égaré pendant quelques jours. On l’aurait retrouvé, faisant pipi au coin de cette rue. »

À partir du XVe siècle, le nom du petit bonhomme apparaît dans les textes belges. Mais ce n’est à l’époque qu’une statuette en pierre. En 1619, elle est remplacée par l’œuvre de Jérôme Duquesnoy l’Ancien. Le Manneken en exposition actuellement ne serait qu’une réplique de l’originale, volée dans les années 60.

Une toute petite statue

Julie, belge de naissance, connaît Bruxelles comme sa poche. Elle explique que le mystère est décuplé par le fait qu’à deux pas du petit garçon, on trouve sa jeune sœur, la Jeanneke Pis et son chien.

Fraîchement bruxellois, Maxence, 23 ans, venu dans la capitale belge pour finir ses études, relativise la popularité du petit personnage. « On m’en avait tellement parlé que je m’attendais à quelque chose d’exceptionnel. Quand je me suis retrouvé devant cette toute petite statue, j’ai été déçu. » Cependant, il trouve beau le mystère que les Bruxellois ont créé autour. « Ça reste quand même une grande légende pour 50 centimètres de bronze », conclut-il.

New York : toujours plus haut, toujours plus grand, toujours plus loin

« New York c’est grandiose, démesuré, extraordinaire ! » Qui n’a jamais entendu cette phrase agaçante, criée par un proche au retour de sa conquête américaine ? Or, les globe-trotters qui ont croqué dans la pomme new-yorkaise le savent bien. Rien de tout cela n’est inventé. Il manquerait même de mots pour décrire ce qui se dresse là-bas, au loin, de l’autre côté de l’Atlantique. Pour convaincre ceux qui en douteraient, un petit parcours chiffré dans la ville fétiche de Woody Allen s’impose !

Les couchsurfeurs au rendez-vous à Montpellier

Héberger un inconnu rencontré sur le web. L’idée même parait folle. Ils sont pourtant près d’un millier à adhérer au concept du couchsurfing à Montpellier. Le rassemblement au Kaboum le samedi 10 novembre était l’occasion pour eux de venir partager leur expérience.

Des jeunes gens qui discutent, boivent et rient dans un bar. La scène semble banale, mais ses acteurs, samedi soir dans la cave du Kaboum, étaient un peu particuliers. Les couchsurfeurs avaient investi les lieux pour leur traditionnelle réunion mensuelle. Cette 16ème édition a répondu aux questions des nouveaux et accueilli les voyageurs de passage.

La devise de couchsurfing.org est simple : « Rendre le monde meilleur, de canapé en canapé ». Autrement dit, mettre en relation touristes, étrangers, globe-trotters…toutes personnes en déplacement, avec des habitants locaux susceptibles de les héberger sans contrepartie financière. Seule obligation : l’échange de cultures.

Ni moyen de dormir à l’œil, ni site de dating, « l’objectif du couchsurfing est de rencontrer des gens pour mieux comprendre le pays : mœurs, politique, façons de vivre. Quand tu vas à l’hôtel ou dans une auberge de jeunesse, au meilleur des cas tu rencontres d’autres personnes qui voyagent » expliquent Thomas et Marie, un couple de français un brin baroudeur. C’est ce même « enrichissement culturel et linguistique » qu’évoque Patrick, 61 ans, retraité de l’enseignement supérieur.
Des rencontres il en a faites. Celle d’« un ingénieur anglais chantant de l’opéra dans toutes les langues » l’aura sans doute davantage marqué que les autres. Originaire de Normandie, Jérémy, lui, se souvient tout particulièrement de la lituanienne travaillant dans un « hedge fund » (ndlr : fond d’investissement spéculatif) à Monaco tout en habitant à Nice.

« C’est un peu comme un grand carnet d’adresse international de potes, sauf que c’est des potes que tu ne connais pas » simplifie Jean-François. A 25 ans, il est le tout nouvel « ambassadeur » représentant le groupe de Montpellier. Cadre pour la mairie, il prend sur son temps libre pour assurer sa fonction.

Crée en 2004, couchsurfing.org, organisation à but non lucratif, fonctionne avec une dizaine de salariés pour plus d’un million et demi d’inscrits. Jeff, de son diminutif, fait partie des 99 % de bénévoles qui contribue à son développement (traduction, programmation, mailings des nouveaux arrivants…).

« La base du site repose sur une démarche individuelle, de personne à personne. Elle permet juste aux gens de voyager et d’héberger. Là-dessus, viennent se greffer les groupes de discussion, classés soit par centre d’intérêt, soit géographiquement. » Le forum de la ville est l’endroit à ne pas manquer pour être au courant de toutes les activités proposées : randonnée, course en stop, « soirée bœuf » (ndlr : scène ouverte musicale), dégustation de bières …Chacun fait partager ses centres d’intérêts selon son bon vouloir et sa disponibilité.

Si certains parlent déjà de « phénomène international de rapprochement des populations », couchsurfing.org tente, plus modestement, de développer des outils permettant aux familles de voyager sur le même concept.

Couchsurfez pendant vos vacances

Vous rêvez de l’Indonésie ? Vous aimeriez rencontrer des mexicains ou améliorer votre finnois ?
Le Couchsurfing est un concept d’une simplicité étonnante : il s’agit de demander ou de proposer l’hospitalité à un autre participant après avoir rempli une fiche d’informations sur le site www.couchsurfing.com. Sans obligation, ni devoir, on peut proposer un logement allant du simple canapé à la chambre d’amis à des voyageurs du monde entier qui en émettraient le désir. La participation reste libre et gratuite en toutes circonstances, les échanges garantis.

Une philosophie du voyage

Cette initiative, telle qu’elle nous est proposée aujourd’hui, a été lancé en 2004 par un américain, Casey Fenton. Celui-ci avait envoyé, au culot, des demandes de logements gratuits à 1500 étudiants islandais pour voyager en marge des circuits habituels et à moindre coût. Face à la réussite de son entreprise, il a décidé d’étendre le projet et de le rendre accessible à tous. Ainsi est né le couchsurfing project. Aujourd’hui, le site internet recense plus de 820 000 participants dans 229 pays. Le succès est retentissant, si on en croit les chiffres qui nous sont proposés, le pourcentage d’expériences positives s’élèverait à 99,79%. Les annonces sont prometteuses : « Il s’agit de créer des connections à l’échelle de la planète ». Mais il ne faut pas s’y tromper, ce n’est pas seulement une affaire de logement, il y va plutôt d’une nouvelle conception du voyage, teintée d’humanisme.

C’est une initiative en marge du monde marchand qui pourrait faire hurler plus d’un hôtelier mais qui a le mérite de nous rappeler un certain nombre de règles, souvent oubliées : l’hospitalité, la générosité et la confiance. Il est presque inutile de le répéter : sans la curiosité et le plaisir de découvrir des cultures et des personnalités souvent très éloignées de la sienne, inutile de participer. Les bénévoles qui animent le site internet y tiennent : « Notre but est d’intensifier les relations entre les différentes cultures, faisant du vaste monde un lieu plus proche et plus pacifique. Nous mettons en relation voyageurs et locaux sur chaque continent, créant des amitiés et renforçant une nouvelle fois la compréhension entre des cultures différentes. Le but de Couchsurfing n’a jamais été l’argent. »

Le fonctionnement

Être un membre actif du Couchsurfing consiste, dans un premier temps, à s’inscrire. Il s’agit de donner quelques renseignements concernant ses goûts, ses dispositions et ses attentes. Chaque membre se doit d’accepter une charte qui constitue autant de règles et de consignes à suivre pour que les échanges se passent au mieux. Les adresses et les noms sont vérifiés par les gestionnaires du site afin de garantir un minimum de sérieux et de sécurité.
L’organisme agit comme une personne morale à part entière, avec une charte qui protège ses participants. « Pour information, Couchsurfing est le seul grand réseau d’hospitalité ayant ce statut légal » nous assure-t-on.
Les voyageurs et leurs hôtes sont parfaitement libres ensuite. Il n’y a aucune obligation d’héberger qui que ce soit. Les contacts se font par mail dans un premier temps et donnent parfois naissance à de véritables amitiés. Cette couchsurfeuse des Pyrénées nous le confirme : « Ma première expérience m’a transportée au Québec tout en restant sur mon canapé. Val et Steeve sont restés deux nuits et je pense que nous avons fait plus que couchsurfer ! ». Si l’organisme tient à rester gratuit, tant dans son fonctionnement que lors des échanges, il y a des milliers de manières de témoigner de sa reconnaissance : « De nombreux couchsurfeurs aiment apporter un cadeau à leurs hôtes ou leur préparer un repas en remerciement ».

Une initiative exceptionnelle ?

Cette initiative n’est ni la première, ni la seule. Il existe plusieurs sites internet proposant des hébergements, des échanges de services ou des rencontres enrichissantes. Sur www.hospitalityclub.org, www.bewelcome.org ou www.globalfreeloaders.com, on peut trouver des propositions d’échanges interculturels tout aussi alléchantes. La plupart de ces sites sont aujourd’hui traduits en français.

Utopie quand tu nous tiens

Point trop d’utopisme cependant, si le Couchsurfing a la prétention de brasser les cultures à faible coût, il n’est pas accessible à tous. La fracture mondiale est telle que c’est toujours la même partie du monde qui voyage. Vous trouverez certainement un canapé en Jordanie, au Brésil ou au Nigéria mais les Etats-Unis, le Canada et l’Europe restent majoritairement représentés.
De même, les principaux utilisateurs de cet organisme ont moins de 26 ans. On comprend aisément qu’il soit plus compliqué de loger une famille entière sur un canapé qu’un jeune voyageur en quête de nouveaux horizons. En vieillissant, les revenus moyens des individus augmentent et leur permettent d’accéder à un autre type de voyage. Mais c’est oublier les ambitions du projet: la promotion des échanges interculturels et des règles de solidarité.
Pour les valeurs qu’il défend, le système mérite d’être pratiqué et étendu à toutes les catégories de la population, aux quatre coins du monde.

Lorenza avale les kilomètres, et les souvenirs

11.mare-.jpg Cette étudiante italienne en géographie de 24 ans a quitté Bologne il y a un peu plus de deux semaines pour rejoindre le Portugal à vélo en vue d’une année Erasmus. Le jour elle pédale et fait des escales au grès de ses envies touristiques ; la nuit elle dort chez l’habitant à la campagne, ou chez des «prêteurs de divans», dégottés via le site couchsurfing.com.

Elle en garde des bons souvenirs, comme lors de son escale à Toulon. Ce jour là était la pire journée de vélo. «Je me suis perdue, j’avais terminé l’eau et je suis arrivée crevée». Mais l’accueil reçu lui réchauffe le coeur. Son hôte l’emmene voir un concert de jazz et se lève tôt le matin avec elle pour lui acheter des viennoiseries avant son départ.

Il y a une dizaine de jours, c’est à Montpellier qu’elle s’arrête, pour plus longtemps que prévu car les rayons de son vélo cassent. Le stress passé, elle profite de ces vacances forcées pour visiter la ville. «J’aime le vélo, explique-t-elle avec son sourire communicatif, la vitesse est idéale pour profiter du paysage». Elle s’étonne d’ailleurs que son périple intéresse autant de gens. «Quand ils sont surpris et que je vois comme une lumière dans leurs yeux, cela me plaît beaucoup, car ça peut être une motivation pour suivre ses rêves». Prochaine étape : Toulouse.