Animaux en ville : chat déborde !

Son minois charme tout le monde et pourtant, Montpellier veut en nettoyer ses rues. Pointé du doigt, le chat errant se propage en colonies dans la ville, causant d’importants problèmes d’insalubrité. Face à cette situation, les associations d’aide aux animaux tentent de trouver des solutions.

Et si Montpellier devenait à l’image du conte (1), une ville de chats où même le maire se transformerait en félin ? Car à Montpellier, les chats pourraient bien envahir la ville… Le problème est récurrent. Chaque jour, l’association “Pattounes du coeur” reçoit en moyenne dix appels de riverains signalant la présence de nouveaux matous dans leurs quartiers. Sans propriétaire, les chats errants se reproduisent et s’installent partout où ils le peuvent. Un danger pour eux. Et un inconvénient pour les citadins.

Attraper, stériliser, identifier et faire adopter

La solution ? Des bénévoles ont décidé de récupérer les animaux sauvages avant de les stériliser, les identifier et enfin, de les faire adopter. Pour Véronique Reboul, fondatrice et présidente des Pattounes du coeur, malgré l’implication de la Ville, « il faut multiplier les actions. Vous imaginez que malheureusement, on ne peut pas récupérer tous les chats », déplore-t-elle. En 2017, 600 adoptions ont pu être menées. Un chiffre élevé mais qui ne satisfait pas encore l’association, toujours à la recherche de volontaires et de familles d’accueil. Et ce, d’autant que se cachent d’autres problèmes. Le prix exorbitant de l’action. « Quand la mairie nous offre 200 euros par an, les stérilisations et autres soins nous coûtent 6 000 euros par mois », dénonce la présidente. Et les lieux des campagnes de stérilisation. « Il faut regarder plus loin que les quartiers du centre-ville. Les matous n’ont pas de frontière. Ils se déplacent partout aux alentours. Ce qui rend la tâche encore plus importante. »

« On aimerait que les riverains ne les abandonnent pas dès les premières vacances, ou quand la minette a une portée »

Le son de cloche est partout le même. À la Société Protectrice des Animaux (SPA), le refuge croule sous les abandons. Plus de 170 boules de poil se prélassent dans les cages, aux côtés des chiens, lapins et autres rongeurs. C’est moins que l’été dernier où les employés comptaient près de 450 chats, mais c’est toujours trop. « Montpellier fait de gros efforts, cependant ce n’est pas assez. C’est une goutte d’eau dans la mer, pointe Annie Benezech, présidente de la société protectrice des animaux. Il faut que toutes les communes s’y mettent et qu’enfin, les « je m’en foutiste » prennent conscience de l’importance de castrer les matous. » En moyenne, dans les cliniques, il faut compter près de 80 euros pour un mâle, et 140 euros pour une femelle. « On aime les chats. On aimerait simplement que les riverains s’en préoccupent un peu plus que le minimum et ne les abandonnent pas dès les premières vacances, ou quand la minette a une portée », conclut Véronique Reboul.

(1) https://www.bibliopoche.com/livre/La-ville-des-chats/184062.html

Pense-bête : La reproduction des chats
Dès l’âge de 6 mois, une minette a trois portées par an, donnant en moyenne naissance à quatre chatons pour chaque. Après rapide calcul, au bout de huit ans, un couple de minous non stérilisés peut être à la tête d’une famille de 8 000 fauves.

À Pierrevives, une exposition plus vraie que nature !

Vingt illustrations bluffantes de réalisme. C’est ce que propose Philippe Martin, auteur « d’Hyper Nature », ouvrage décliné en une exposition proposée jusqu’au 21 février par Pierrevives. Chères à cet écologue et photographe naturaliste montpelliérain, la faune et la flore héraultaise se dévoilent au grand jour, intime et authentique. À l’origine, une petite révolution qui dépasse le simple cadre de la photographie : L’hyper focus, procédé garant d’une netteté imparable. Initiateur de la technique, pour laquelle il a notamment gagné un prix, Philippe Martin évoque passionnément les dessous de ses travaux.

«L’Hérault : l’un des départements les plus riches en matière d’espèces animales et végétales»

Philippe Martin, vous pratiquez la photographie naturaliste et subaquatique depuis plus de quarante ans. Avant d’aborder l’exposition « l’Hyper Nature », pourriez-vous nous parler de votre rôle d’écologue?

C’était au lycée Joffre en 1970. À l’époque, l’écologie n’existait pas dans la région. J’ai plutôt passé mes quinze premières années, de vingt à trente-cinq ans, à travailler dans le sport. J’ai rejoint les écologistes de l’Euzière (association de défense de l’environnement basée à Prades-le-Lez (Hérault), ndlr) en 1990, pour passer quatorze ans chez eux. J’écrivais pas mal d’ouvrages sur la région, fait des milliers de ballades naturalistes, des centaines de conférences etc. C’est un métier à plein temps, de la maternelle à la fac, en passant par tous les public.

En tant que montpelliérain, comment jugez-vous le potentiel écologique de la ville et ses environs?

Mon domaine, ce n’est pas tellement la ville, c’est plus l’Hérault. En France, c’est peut-être l’un des trois ou quatre départements les plus riches en matière d’espèces animales et végétales. Tout cela est dû à l’incroyable diversité géologique des affleurements rocheux, notamment dans le centre-Hérault qui montre des paysages de toutes les couleurs. C’est ce qui donne la végétation la plus luxuriantes, mais aussi des faunes très diverses.

Vous êtes également illustrateur. D’où est née cette vocation pour l’image?

Au quatrième étage d’un immeuble des Arceaux en 1970. Dans ma salle de bain se développaient des films noirs et blancs de mes premières macro-photos de grenouilles et de serpents quand j’avais quinze ans. Maintenant, en temps qu’écologue, l’image me sert énormément pour les livres, pour les conférences. Sur le plan pédagogique, j’arrive dans les écoles avec des immenses panneaux d’animaux géants, nets et tout en relief.

«L’hyper focus : un truchement de quatre techniques»

L’exposition « Hyper Nature » était donc un moyen d’allier deux passions finalement…

Absolument. C’est même plutôt quatre passions. Le procédé « hyper focus » qui donne ces images numériques en fausse 3D, est le truchement de quatre techniques : la photo, la peinture naturaliste, la nature et la maîtrise des outils technologiques de dernière génération. Mais attention car au final, on parle de peintures numériques ! D’ailleurs, je n’ai pas le droit de participer à un concours photo du fait que c’est un trucage qui occasionne 96% de réparations. En terme de temps, la plus grosse partie, c’est la peinture numérique. On doit donc parler « d’images numériques » ou « d’images composites numériques », mais pas de photo.

L’hyper focus, c’est justement le nœud de vos travaux actuellement exposés à Pierrevives. En quoi consiste concrètement cette pratique ?

Il y a six ans, le photographe montpelliérain Frédéric Jaulmes me prête un logiciel dont il ne voulait pas se servir et me dit : «Tiens, regardes ce que tu peux faire avec ça.» Ce sont des logiciels que des millions de scientifiques, de techniciens et photographes emploient sur la planète. Le principe est de prendre, comme au scanner, un objet, un animal, une plante. Quand vous êtes très près de l’objet à photographier, vous avez très peu de profondeur de champ : un, deux ou trois millimètres maximum. Donc, vous découpez l’objet du museau jusqu’au bout de la queue en petites tranches de netteté de trois millimètres. Ensuite, le logiciel de « focus stacking » (empilement de mise au point, ndlr) va coller les pixels nets de chaque photo floue pour reconstituer une sorte de statue, une sorte de matrice en 3D. Cela donne un effet de relief assez saisissant. Grâce à ma technique, j’outrepasse la physique optique et je retravaille tout avec un pinceau numérique sur une tablette graphique.

C’est un procédé novateur qui vous a notamment permis de remporter le grand prix européen de l’image numérique en 2012. Aujourd’hui, le procédé s’est-il propagé dans l’univers de la photographie ?

Heureusement, pour mon éditeur et moi, non (rires). Les chinois et les américains ne s’y sont pas mis. C’est incroyable parce qu’on peut vérifier sur Google que les seuls livres « Hyper Nature » sont toujours les seuls sur le marché mondial. C’est très cool (rires). D’ailleurs, je prépare un Hyper Nature sous-marin pour la fin de l’année, pris dans la mer des Caraïbes, dans le Pacifique et la mer Méditerranée. C’est justement dans la Méditerranée que j’ai fait mes premiers essais, sur la corniche de Sète et l’étang de Thau. J’ai placé le système hyper focus dans un caisson étanche avec un pied en inox absolument nouveau.

«La protection de l’intégralité des paysages plutôt que celle de quelques espèces dites protégées»

Lors de la réalisation de vos photos, comment avez-vous procédé sur le terrain? On imagine que photographier la faune nécessite une grande discrétion…

L’idée est de prendre 80 photos sans que l’animal ne bouge. Il faut donc avoir une certaine connaissance des réflexes de chacun d’entre eux. Vous avez les papillons qui s’envolent quand on se place à trois mètres d’eux. D’autres qui se laissent photographier quand on se tient à dix centimètres. Pour les reptiles, par exemple, il vaut mieux les photographier le matin quand ils sont encore engourdis, car dès que la température augmente, leur métabolisme s’accélère incroyablement. Comme j’ai commencé mes premières collections d’insectes à sept ans, je suis censé connaître tous les groupes d’animaux, mais aussi où trouver telles espèces d’insectes à tel endroit et à telles époques.

Pourriez-vous nous donner d’autres exemples?

Une coccinelle, c’est deux centimètres de distance. Une couleuvre de Montpellier, un mètre. Globalement, ça va de la macro-photo jusqu’à la proxi-photo qui embrassent des micros-sujets de quarante à cinquante centimètres !

Quels messages souhaitez-vous adresser au grand public par le biais de cette exposition?

L’utilité de la connaissance, ou de l’admiration, de la contemplation, qu’on peut émettre à l’endroit de ces images ou de ces êtres vivants, se situe dans la seule gestion du territoire. La protection de l’intégralité des paysages plutôt que la protection de quelques espèces dites protégées qui empêchent justement de parler de la multitude des autres.

Propos recueillis par Jérémy Lochi pour Radio Campus Montpellier et Haut Courant.

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Sébastien Chatelier : de « dog-sitter » à globe-trotter

Hier en Italie, demain en Inde. La vie de Sébastien Chatelier, 23 ans, est des plus mouvementée. Il fait escale chez ses parents pour les fêtes de Noël. A Gif sur Yvette (Essonne), petite ville de banlieue, au sud-ouest de la capitale, où il a grandi. Retour sur un parcours atypique.

Chemise mi-sportive mi-habillée, jean-baskets, cheveux courts, le jeune homme a troqué son costume habituel pour une tenue plus décontractée. Pour autant, il n’a rien perdu de son professionnalisme. Chaque minute est planifiée. Le temps est précieux. Mieux vaut couper le téléphone et ne pas être dérangé. Quand il se lance dans quelque chose, il le fait à fond.

PDG à 18 ans

La preuve en est : à 18 ans, tout juste le bac en poche, il crée son entreprise avec Gilles Bouvet, de 44 ans son aîné. Animagora, une plate-forme mettant en relation propriétaires d’animaux et particuliers désireux de les garder contre rémunération. Soit un réseau de 25 000 « dog-sitters » en France. Ce projet, il l’a laissé mûrir quatre ans. « Quand on était au collège, je me rappelle que la chambre de Séb abritait plein d’animaux : oiseaux, chats, rongeurs… Il en gardait de toutes sortes pour se faire un maximum d’argent de poche ! Il n’avait même plus de place pour mettre son lit et il devait dormir dans le couloir  », se rappelle, amusée, Géraldine, une amie de longue date.

Le « job étudiant » a pris une tournure bien plus professionnelle. L’entreprise est un succès : en moins de quatre ans, le chiffre d’affaires s’élève à 1 million d’euros. Une somme colossale pour un si jeune adulte. Mais cela ne l’a jamais effrayé. « Je gère un budget depuis que j’ai 14 ans, ça ne me fait pas peur. Ce n’est pas comme si je faisais un baby-sitting et que j’allais dépenser mes sous directement après dans un jeu vidéo ou un nouveau vêtement  », plaisante Sébastien. Il arbore un grand sourire quand il se rappelle ses débuts. Pour cause, il n’a pas toujours été pris au sérieux. « Je me rappelle la tête du banquier quand il m’a vu débouler dans son agence, la première fois, et que je lui ai dit que je venais de créer mon entreprise… C’était comique ».

Son associé Gilles Bouvet garde un très bon souvenir de cette coopération. Il reste admiratif.« Je me suis immédiatement rendu compte du potentiel de cet ado. Des comme lui, on n’en rencontre pas des dizaines dans une vie ! J’ai toujours eu plaisir à le côtoyer, je l’ai vu évoluer. A 16 ans, il ne parlait pas un mot d’anglais. Maintenant il se débrouille comme un pro », se rappelle-t-il, ému. Une complicité et une complémentarité jugée surprenante par certains. « Les gens ne comprenaient pas comment une personne de 60 ans pouvait s’entendre avec quelqu’un de 16 ans. C’est une relation atypique, c’est vrai, mais il est d’une grande maturité et on peut lui faire une confiance absolue », conclut Gilles.

La passion d’entreprendre

Ce débrouillard ne veut pas en rester là. Avec son associé, ils revendent l’entreprise en 2013 à Animaute, n°1 du « petsitting » en France. Gilles prend sa retraite. Sébastien a déjà plein d’autres projets en tête.  « La retraite à 23 ans, ce n’est pas pour moi ! », s’amuse-t-il.

Dès janvier 2014, il sillonnera le globe. Partir à la rencontre d’entrepreneurs Internet innovants, voilà ce qui l’attend les trois prochaines années. Inde, Liban, Laos, Népal, Guyane, Mexique, Suriname… De quoi faire tourner la tête ! Même là, il ne se laisse pas submerger par l’émotion. « Pendant 3 ans, je verrai ma famille uniquement par Skype. Mais ils savent pourquoi je fais ça, je ne vais pas vadrouiller au fin fond de l’Himalaya pour admirer les montagnes », explique-t-il. Entre articles pour le Huffington Post, photographies et reportages vidéos pour son blog, il ne va pas chômer.

L’esprit vif, un vocabulaire d’homme d’affaires de 40 ans, toujours le mot juste, Sébastien est d’une maturité exemplaire. « Ma passion, c’est entreprendre ma vie. On en a qu’une, elle dure un certain temps. Il faut faire le maximum de choses qui nous plaisent et prendre son pied. J’ai envie de partir à la découverte du monde, rencontrer des entrepreneurs étrangers et voir ce qui se fait ailleurs ». Sa passion pour l’entrepreneuriat ? Il ne la doit à personne de son entourage, même si son père était dans le commerce international. « Il y a quand même des personnes qui m’ont inspiré. Je pense bien sûr à Steve Jobs et sa vision stratégique, comment il a révolutionné le marché en si peu de temps. Richard Branson pour son côté humain et James Nachtwey, reporter de guerre, pour sa grande humilité…».

Qui l’eût cru ?

Personne ne l’attendait au tournant. Les études, ça ne l’a jamais « branché ». « Je ne comprenais rien en cours. Ça ne me parlait pas. Je voulais du concret ». Madame Lépissier, sa professeur de mathématiques de troisième, confirme. « Sébastien était vraiment nul en maths. Il n’y a pas d’autre mot. Il ne fichait strictement rien en classe. Mais bon, il était drôle et il n’embêtait personne  », plaisante-t-elle.

Depuis, Sébastien a pris son envol. Un emploi du temps de ministre. Il ne regrette en aucun cas son parcours. « Je suis content de voir tout ce chemin parcouru. Je n’ai peut-être pas eu la vie d’un jeune de 18 ans ordinaire mais j’ai fait ce qui me plaisait. Je n’allais pas en boîte de nuit le samedi soir. J’ai fait des choix. Aujourd’hui, la vie des jeunes de 23 ans que je côtoie ressemble à la mienne  ». Il conclut : « les amis, c’est important pour avoir une tête bien faite ! ».

Il retourne à sa lecture : « Manuel de journalisme », d’Yves Agnès. Eh oui, un reportage-photos à travers le monde, ça se prépare. Le petit cancre de 3ème5 est devenu grand.

Arbre de Vie Universal au secours des chats errants de la Réunion

Marie David, présidente de l’association réunionnaise Arbre de vie Universal fonde cette association en 2008 pour que les nombreux chats errants et maltraités de l’île trouvent un refuge. Ce phénomène de maltraitance qui gangrène l’île et l’association tente tant bien que mal d’y répondre.

Arbre de vie Universal recueille plus de 200 chats

« Les pratiques sur l’île envers les animaux sont de véritables actes de cruauté. Mais tout cela reste caché, nié même pour ne pas nuire au tourisme ». Marie David sauve des animaux depuis 13 ans déjà. En 2008, elle fonde sur ses propres deniers l’association Arbre de vie universal qui lui permet de multiplier les actions sur le terrain.
Alors que la majorité des associations de l’île se consacre à la protection des chiens, l’association qu’elle fonde se spécialise dans le sauvetage et le recueillement de chats. « Les SPA du Nord et du Sud accueillent des chats, mais ils n’en prennent jamais plus de 20. Alors qu’Arbre de vie Universal recueille près de 200 chats. Aujourd’hui je suis à un stade particulièrement sensible, car il m’est difficile d’en accueillir plus et je me refuse à pratique l’euthanasie », explique Marie David.

Pour prendre soin de ses 200 chats, Marie David aurait besoin de quatre employés, mais par manque de fonds, l’association ne peut embaucher qu’un employé à mi-temps et compte un ou deux bénévoles qui viennent l’aider par intermittence. « Je reçois des subventions de la part de la Mairie et de la Communauté intercommunale des Villes Solidaires du Sud (Civis), mais cela ne couvre que deux à trois mois de frais de fonctionnement de l’association » souligne Marie David.
Alors pour compenser, la fondatrice de l’association travaille 15 h par jour, 7 jours sur 7 et s’est endettée à hauteur de 10 000 € l’année dernière.

« Je recueille tous les chats dont personne ne veut » Marie David

« Les autres associations de protection animale de l’île n’y vont pas par quatre chemins et expliquent très clairement que s’occuper de chats demande non seulement beaucoup de travail et que ce n’est pas rentable. » Recueillis dans la rue, les chats errants sont d’abord emmenés à la fourrière où ils reçoivent à boire et à manger.
Deux fois par semaine, la SPA dont les locaux sont attenants à la fourrière récupère quelques chats selon des critères stricts. Seuls les chatons ne présentant pas de marques visibles de leur séjour dans la rue et pouvant être adoptés facilement passent de l’autre côté de la barrière. « Ces critères n’ont jamais été spécifiés lors de la création de la SPA du Sud en 2011. Ils ont reçu des subventions de la part des collectivités publiques et ils ne sont même pas au maximum de leurs capacités d’accueil chiens et chats » déplore Marie-Charline, une bénévole de l’association.

« Au final, je recueille tous les chats dont personne ne veut parce qu’ils sont trop vieux, ou trop maltraités donc très sauvage » souligne la présidente de l’Arbre de vie Universal.

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Maltraitance animale sur l’île de la Réunion : un fléau ignoré des pouvoirs publics

L’île de la Réunion, très prisée des touristes, est aussi le théâtre de maltraitances animales depuis de nombreuses années. Les chiens et chats errants se multiplient de manière incontrôlée dans les rues de l’île et les associations de protection animale ne savent plus où donner de la tête pour tenter d’enrayer le problème.

Des maltraitances animalières courantes

Comme sur de nombreuses autres îles, le rapport à l’animal sur l’île de la Réunion ne fonctionne pas comme en France métropolitaine. Les « chiens sonnettes » passent leur vie attachés à une corde et ne servent qu’à alerter leur propriétaire de l’arrivée de quelqu’un à proximité de la maison. « Les chiens grandissent, mais la corde non. Ça leur coupe le cou » témoigne Angeline Teston, sur l’île depuis 13 ans, bénévole dans les neuf associations de protection animale de l’île et famille d’accueil. Selon elle, la raison de ce traitement est claire : « Le rapport à l’animal est resté le même depuis l’esclavage avec ce statut de maître/animal ».

Dans certains cas, il est même question de cruauté envers les animaux. Ainsi, Marie-Charline, originaire de la Métropole et habitante de l’île depuis deux ans explique que l’une des pratiques courantes consiste à enfermer des chiots dans des sacs agricoles jetés sur les voies rapides. « Le sport national c’est d’écraser un maximum de chien », s’insurge la jeune fille de 23 ans.

De son côté, Marina, bénévole à l’association Agir Pour Protéger les Animaux Réunionnais (APPAR ) est amenée à rencontrer toutes sorte de situation : « Il y a un mois et demi de ça, j’ai retrouvé un chat à qui ont avait brûlé les pattes au briquet. Deux mois auparavant, j’ai recueilli une chatte qui avait des croix faites au cutter partout sur le corps. Elle n’a pas survécu ».

Autre pratique, l’utilisation des animaux pour la pêche au requin fait grand bruit dans les médias de l’île depuis 1995 dont quelques échos nous sont timidement parvenus en métropole en 2007 et 2011. « Plusieurs cas d’animaux « préparés » pour servir d’appâts ont eu lieu sur l’île. En février dernier, un chat a été retrouvé, un hameçon lui traversant du palais à l’œil. Il est évident que cette pratique persiste. Nous restons vigilants sur ce point et pratiquons des opérations régulières de surveillance discrète. Le dernier cas de chats hameçonnés s’est avéré être le résultat d’un jeu cruel commis par des gens inconscients, immatures et certainement sous l’effet de l’alcool et/ou de stupéfiants », rapporte Jean-Pierre Lafitte, président d’SOS animaux.

Animaux errants et immobilisme des autorités

Une des raisons expliquant la maltraitance animalière sur l’île de la Réunion est que les animaux errants s’y multiplient. Sont mis en cause les abandons, nombreux, et l’absence quasi totale de stérilisation. La population croissante de ces sans-colliers est alors soumise aux agissements d’Hommes plus ou moins bienveillants.

Dans ce contexte, la fourrière, le service d’équarrissage et les associations sont débordés. « Les pouvoirs locaux préfèrent traiter les conséquences plutôt que les causes. Des solutions comme la stérilisation gratuite pour tous ceux qui ne payent pas d’impôts existent, mais sont méconnues » se désole Marie-Charline.
Marie David, présidente de l’association Arbre de vie Universal renchérie : « Ces campagnes sont souvent programmées aux mauvaises périodes de l’année où les chattes sont déjà en gestation. Souvent, les dossiers déposés par les familles à faibles revenues traînent » Jean-Pierre Lafitte ajoute : « Ici, les préjugés ont la peau dure. Beaucoup de gens pensent que les chiennes et les chattes doivent vivre une portée avant la stérilisation ».

Pour tenter d’enrayer le problème, le recours à l’euthanasie est une pratique courante. « Il y a entre 11 000 et 13 000 euthanasies par an, sans parler de l’empoisonnement » précise Angeline.

« Nous sommes intervenus dans les écoles pour faire de la sensibilisation, mais cela ne sert à rien, les mentalités régressent. » dénonce Angeline. Les pouvoirs publics, pourtant sollicités par les associations comme celle de Jean-Pierre Lafitte, font la sourde oreille. « Nous ne nous sentons absolument pas entendus par les pouvoirs publics. Nous tentons régulièrement d’obtenir des rendez-vous avec les élus locaux et les administrations de tutelle, en vain »

Selon le président d’SOS Animaux, la clé serait la stérilisation encadrée des chats et chiens. « Il faudrait des campagnes de stérilisation massives par mono-injection à l’image de celles qui ont été mises en œuvre au Mexique » Marie-David d’Arbre de vie Universal fait elle aussi son diagnostic. « Les autorités devraient lutter contre les annonces d’adoption illégale et ne les confier qu’à des professionnels, mais surtout, les tortionnaires qui maltraitent les animaux devraient écoper de réelles sanctions».

Pour Marina, « Le président du conseil régional qui dépense des sommes folles dans le tourisme devrait investir dans la cause animale, car les touristes ne sont pas aveugles et voient bien ce qui s’y passe ». Un avis partagé par le président d’SOS animaux. « Les collectivités locales devraient créer et entretenir des refuges suffisamment dimensionnés pour répondre aux besoins spécifiques de notre île. Nous projetons de créer des structures de type « Dispensaire vétérinaire gratuit », mais ces projets devraient être pilotés par les institutions publiques plutôt que par les associations »

Aujourd’hui c’est un chien pour trois habitants que dénombre l’île soit plus de 150 000 animaux errants.

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Un Père Noël qui a du chien

Déguisements, calendriers de l’avent ou collier à motifs enfantins…Mais non, il ne s’agit pas de cadeaux pour vos chérubins ! Le Père Noël récompense aussi les animaux de compagnie les plus sages.

« La tendance British est à l’honneur chez Gueule d’Amour » annonce le site de Marque de vêtements et accessoires pour chats et chiens tendances . Le classique manteau uni et la clochette sont désormais ringards : pour cet hiver, place au tissu écossais aux décors floconneux et aux accessoires « ludiques ». Frisbee décoré de bonhommes de neige, peluche à l’effigie de noël qui fait pouet, à l’unité ou en assortiment…la gamme se décline au-delà de ce qu’on ne pourrait imaginer. Et pour qu’il ne manque aucun détail, repas de fête et bijoux complètent le tableau : friandises en forme de couronne « à placer sous le sapin » ou colliers étoilés, « votre chien pourra-t-il patienter jusqu’à Noël ? » ose le détaillant. Cette lubie ne serait, cependant, pas qu’une pure création commerciale.

Chez Ami Chien à Montpellier, Marie Christine remarque à propos de Noël : « Une année, juste avant les fêtes, j’ai fait près d’une centaine de toilettages dans la semaine, c’était fou. » Le passage par un salon de toilette serait il considéré comme un cadeau de Noël pour l’animal ? Pas tout à fait : « Les gens souhaitent que leur chien soit beau lorsque la famille sera présente. Parce que, quand la belle mère ne supporte pas l’odeur, je vous dis pas ! » s’amuse la gérante de l’Ami Chien. Une cliente venue chercher son caniche tient à justifier : « Il était dégoûtant depuis les dernières pluies, et d’habitude je l’amène ici tous les trois mois. Mais là il sentait vraiment mauvais. » Pour un tarif moyen entre 35 et 60 euros, uniquement pour le toilettage, c’est plutôt le maître qui se fait un cadeau.


« Noël reste un bon moment entre le chien et le maître »

Il n’empêche, sur les forums canins, le sujet « cadeau de Noël » attire et fait participer les internautes. A un sondage lancé sur ces plates-formes de discussion, ils sont 52 % à affirmer qu’ils offriront un cadeau pour les fêtes de fin d’année. Les dépenses peuvent paraître surprenantes, depuis le foie gras jusqu’au pneu de voiture en passant par l’oreille de porc ou le serre-tête bois de renne. « Noël reste un bon moment entre le chien et le maître » insiste Maya.

Quant à ceux qui répondent par la négative, gare à ne pas considérer qu’ils abandonnent leur animal : « Non, pas besoin d’attendre noël pour leur acheter ce dont ils pourraient avoir besoin. » rétorque Chloé. Une position que revendique également Christophe : « Pour les miens cette année ce sera rien du tout, car déjà ils ont des nonos toute l’année, les jouets ils jouent pas avec, et comme je dépense 300€ de véto tous les mois pour l’acupuncture de madame, j’estime que c’est déjà pas mal ! Et je voudrais au moins un mois dans l’année me faire plaisir à moi et ne pas bouffer des pâtes ! (c’est d’ailleurs mal parti ce mois ci encore). »

Même si, comme le reconnaît Marie-Christine « les ventes ont plongé avec la crise », force est de constater que certains animaux de compagnie comptent parmi les privilégiés. « On ADORE son petit ourson et son nœud très mignons sur le dos ! » rappelle l’accessoiriste du web. Au bonheur des chiens, des maîtres et des commerçants.

Océans, une nouvelle odyssée des mers

Jacques Perrin et son complice Jacques Cluzaud signent avec « Océans » une magnifique odyssée sous-marine. Après « Le Peuple migrateur », ils nous entraînent des banquises polaires aux tropiques pour nous faire redécouvrir les mystères des océans et de leurs créatures parfois connues, quelques fois étranges et souvent ignorées.

Entre tumultes et silence abyssal, laissez-vous embarquer par le dernier opus de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud. Ni documentaire, ni reportage animalier, c’est un véritable hymne au monde sous-marin, « un monde dont on ne soupçonne pas les mystères« . Ils nous offrent un ballet tempétueux magnifié par la musique de Bruno Coulais, entre les cavalcades des dauphins, la grâce des méduses, le déploiement précieux d’une raie manta, les jeux des otaries, le chant des baleines, … Autant de héros que les deux acolytes ont mis sous les feux de leurs projecteurs : des acteurs parfois connus (les baleines à bosse, les cachalots, les requins) et d’autres plus étranges (le labre à tête de mouton, le poisson scorpion gingembre, le grondin volant), des acteurs presque irréels tant la caméra est proche et nous les rend accessibles. Les animaux nous regardent droit dans les yeux, à l’image de ces phoques de Weddell. Mille couleurs s’offrent au regard émerveillé du spectateur : coraux fluorescents, poissons et algues vives et chatoyantes. On croirait voir flotter une étoffe soyeuse aux teintes psychédéliques : ce n’est qu’une danseuse espagnole.

Trombinoscope des espèces

Cependant, Jacques Perrin nous le rappelle : « il serait facile de se perdre dans l’immensité« . Or, dans ce monde majestueux, les prédateurs ne sont pas absents, à l’image d’une horde d’oiseaux frégates attaquant et torpillant des bébés tortues à peine émergés du sable. Prédateurs parmi lesquels l’Homme n’est pas le moindre. Sans vouloir être moralisateur, Océans nous rappelle les conséquences sur les fonds marins de la présence humaine : « la trace du génie humain souille« . Et Perrin de questionner : « combien d’espèces avons nous fait disparaître ? Combien sont en voie de disparition ? Combien sont menacées ? » . On peut se poser cette question lorsque l’on voit un phoque aux côtés d’un caddie au milieu d’une pollution envahissant tout son territoire.

Il est aussi important de rappeler quelques chiffres au sujet de ce film : 8 ans de travail en lien constant avec des biologistes du monde entier, 4 ans de tournage, 12 équipes, 75 expéditions sur 54 sites, près de 500 heures d’images. Les techniques les plus modernes ont été utilisées : caméras équipées d’un système de gyrostabilisation placées à bord d’une torpille, embarquées à bord d’un mini-hélicoptère ultra-silencieux… Pour les prises de vue nocturnes, un nouveau procédé imitant le clair de lune a été mis au point. Un système de sonorisation capable de restituer les bruits sous-marins : la symphonie de la houle, le chant des phoques, les crépitements émis par le plancton et les crevettes… a aussi été utilisé.

Planisphère, lieux du tournage

Enfin, comment parler du dernier opus de Jacques Perrin et de Jacques Cluzaud sans évoquer le Commandant Cousteau ? Jacques-Yves Cousteau qui, pendant plus de cinquante ans, a parcouru les mers du monde entier et réalisé 144 films. De Par dix-huit mètres de fond (1942) aux Promesses de la mer (1997) en passant par Le Monde du silence (1955) pour lequel il a reçu une Palme d’Or à Cannes, ses documentaires ont fait connaître à un large public les mystères d’un monde sous-marin jusque là quasiment inaccessible. Ses films ont favorisé une prise de conscience sur la fragilité du milieu marin et ont sensibilisé et responsabilisé chacun au respect et à la protection de l’environnement. La diversité des espèces est, en effet, indispensable à notre propre existence. Le Commandant Cousteau nous a fait rêver enfant. Aujourd’hui, Jacques Perrin poursuit l’œuvre de l’explorateur au bonnet rouge.

A l’heure, où l’écologie est devenue une mode, il est nécessaire de voir ce genre de films qui rappellent la fragilité de notre planète et l’urgence de la défendre. Pour les générations futures.

Julie DERACHE

Ils n’ont plus assez d’argent pour nourrir leurs animaux

Le refuge de la SPA de Berriac reçoit toujours trop d’animaux et de plus en plus de maîtres avouent de pas pouvoir assurer financièrement.

La société carcassonnaise de protection animale, route de Berriac, regrette, avec un train d’ironie, de ne pas être « en retard au niveau des effectifs ». Sa présidente, Claudette Armisen, constate pourtant une légère baisse du nombre d’abandons de chiens. Les derniers chiffres dont elle dispose en indiquent 136 en 2006 contre 125 l’an dernier. Mais cette année, on en compte déjà 60 fin avril, soit quatre de plus qu’au 30 avril 2 007. Malgré tout, les animaux trouvés ou ramenés sont pratiquement quatre fois plus nombreux.

Heureusement pour le meilleur ami de l’homme, les adoptions restent élevées. En comptant les chiens adoptés, ceux retrouvés et les repris, certains ont des remords, on atteint l’équilibre. Actuellement, le refuge de Carcassonne compte précisément 117 chiens et 51 chats.

Lorsqu’il s’agit de laisser un animal, le propriétaire doit remplir un contrat d’abandon avec des renseignements sur le comportement et l’état de santé. Il doit aussi s’expliquer. « Souvent, on nous dit qu’il n’est plus possible de garder l’animal en raison d’un déménagement ou d’une séparation dans le couple. » Les jeunes qui se quittent sont d’ailleurs les plus nombreux.

La présidente note également une nouvelle excuse. Elle précise que de plus en plus souvent, des personnes apportent leur chien car elles perdent leur emploi. Dès lors, l’animal doit aussi se serrer la ceinture… ou venir à la SPA. À vrai dire, ce phénomène n’existe que « depuis deux ou trois ans ». Il n’est pourtant peut-être pas si nouveau que ça car auparavant, les maîtres n’osaient pas avouer qu’ils ne pouvaient plus assurer financièrement. La part de ces abandons économiques est estimée à près de quinze pour-cent. Au regard des chiffres donnés par Claudette Armisen, on arrive environ à un cas toutes les trois semaines.

La SPA remarque également des abandons qu’elle qualifie de « déguisés ». « Les gens arrivent au refuge avec un chien, ils le laissent en prétendant l’avoir trouvé. Quand l’animal reste calme dans la voiture au milieu des enfants ou qu’il ne veut pas quitter celui qui l’a trouvé, on a des doutes. » Sans compter le « manque de courage » de certains qui laissent le chien au portail même quand le refuge est ouvert. La SPA raconte également qu’une fois, un propriétaire de deux femelles voulait en échanger une contre un mâle pour les reproduire…

Comme quoi, malheureusement, tout est vraiment possible au refuge de Berriac.