Comment permettre aux citoyens de participer aux décisions prises sur les sujets socio-environnementaux ? L’association Artivistes-atelier apporte une réponse en mettant à l’épreuve une démarche bien particulière.
« L’art est un moyen fantastique pour mobiliser les gens et leur permettre de s’exprimer », Davia Dosias-Perla, fondatrice de l’association, en est convaincue. Experte auprès des collectivités, elle est aussi profondément persuadée que les plans d’actions construits sans faire participer les citoyens sont voués à l’échec, notamment en matière de transition écologique.
Il y a trois ans, elle imagine « Rue du climat : de murs en rubans », des animations de rue réalisées par des artistes dans le quartier des Beaux-Arts à Montpellier, pour créer un débat citoyen sur le thème du climat. Les promeneurs se prêtent au jeu. C’est le début de l’aventure Artivistes.
Des artistes et des chercheurs
L’association met en œuvre deux types de ressources : des artistes et des chercheurs en science participative. D’abord des animations artistiques de rue permettent de mobiliser un large public et d’amener les participants à s’exprimer. Ensuite les chercheurs accompagnent des groupes de travail afin d’aboutir à des réflexions et décisions utilisables par les collectivités.
Depuis deux ans, l’association Artivistes multiplie les initiatives, peaufine sa démarche, développe son réseau. Elle compte aujourd’hui une vingtaine de bénévoles et 35 artistes, street-artistes, vidéastes, photographes, danseurs, slameurs ou musiciens. Davia Dosias-Perla résume : « Par le vecteur artistique et culturel, on veut remettre le citoyen dans la boucle décisionnelle ».
Le dispositif Artivistes a remporté cette année un appel à projet de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) sur le thème de l’aide à la mise en place de politiques publiques en faveur de la qualité de l’air.
L’équipe, en partenariat avec le CNRS, accompagnera l’agglomération du Pays de l’Or dans la co-construction, avec les citoyens, d’indicateurs de performance.
« Qu’est-ce qu’une bonne politique de qualité de l’air? » sera la première question adressée aux participants, élus, techniciens et habitants, indique Davia Dosias-Perla.
Ce projet pilote débutera en janvier 2018 pour deux ans. Les outils de décision qui verront le jour pourraient être ensuite utilisés par les acteurs d’autres territoires, c’est la finalité recherchée.
« On est une toute petite association, mais il y a des personnes solides qui nous soutiennent comme Jean Jouzel (climatologue, ancien vice-président du GIEC, ndlr) ou Laurence Monnoyer-Smith (Commissaire générale au développement durable, ndlr), et on nous fait confiance. L’Ademe comprend notre travail et y voit un intérêt. Ca fait du bien!», commente la fondatrice d’Artivistes.
Au-delà des projets à l’échelle locale, Davia et son équipe ne manquent pas d’idées et d’ambition. Asseoir le rôle de la France dans l’initiative C40 Cities, lancées par 40 grandes villes du monde signataires de l’Accord de Paris sur le climat, constitue un défi supplémentaire. La fondatrice de l’association imagine une tournée des villes d’ici 2020 « pour partager les initiatives et analyser les leviers, les freins, les limites et avantages des actions entreprises en faveur du climat ».
Alors que le climatologue Gilles Rammstein confiait, dans un entretien au journal Le Monde en novembre dernier, « l’art est très utile pour penser l’avenir du climat », les Artivistes semblent s’engager dans la bonne direction.