En quelques années, les chiffres de la consommation de drogue ont explosé. Lors d’un déplacement houleux au lycée Paul-Bert, à Paris, François Fillon s’est exprimé sur ce fléau en milieu scolaire. Le Premier ministre a même présenté les principaux axes d’un plan d’action, prévu pour fin juin. Pour l’Observatoire français des drogues et toxicomanies, l’établissement scolaire demeure le premier lieu où trouver du cannabis. Recueillis devant un grand lycée montpelliérain, des témoignages confirment cette tendance. Pourtant, dans la région, les actions de prévention se multiplient.
Des résultats au bac (82 %) en adéquation avec la moyenne nationale, une architecture moderne, un encadrement dynamique, des enseignants motivés. Ici, aussi bien qu’ailleurs, on étudie les maths ou la philo, mais aussi le cinéma, le théâtre, les arts plastiques. Jean-Monnet est un lycée qui a plutôt bonne réputation. Et pourtant… Devant l’établissement, la drogue circule au quotidien. En France, en milieu scolaire, c’est partout comme ça.
« Il n’y a jamais de problème pour trouver de l’herbe ou du shit… » Pour Sébastien, élève en première, le lycée montpelliérain ne déroge pas à la tendance nationale. Il affirme même que plusieurs revendeurs y sont scolarisés : « Des jeunes de l’extérieur et même des collégiens des alentours viennent se fournir devant le lycée. » En effet, ils sont nombreux, âgés entre 12 et 16 ans à grouiller sur le parking, à l’heure des sorties. « Les après-midis, on vient se poser à côté du lycée pour fumer », explique Nardre, 16 ans et non scolarisé. Si, selon Sébastien, il s’agit exclusivement de drogues douces, certains sont moins catégoriques. « Trois fois par jour, trois jeunes vendent de la drogue devant le lycée et notamment de la cocaïne », raconte Cyril, 17 ans.
Moins dramatiques ou plus naïfs, certains élèves comme Cédric et Paul nient la circulation de drogue dans leur institution : « Il n’y en a pas vraiment ou sinon, c’est seulement des drogues douces. Après, ça ne nous intéresse pas, donc on ne fait pas trop attention. » Mais si beaucoup consomment des stupéfiants, de nombreux adolescents témoignent avoir reçu la visite de policiers pour leur faire de la prévention.
Une approche des pouvoirs publics mal adaptée
« Tous les ans, le lycée nous fait remplir un QCM pour se rendre compte de notre consommation. L’an dernier, en seconde, un policier est venu nous parler des risques de la drogue », explique Emilie. « C’est une bonne chose. Cela permet de nous faire découvrir certains produits méconnus », se réjouit-elle. « Pour moi, ça ne sert à rien même s’il faut le faire. Il vaudrait mieux trouver des choses qui choquent », réplique Pierre.
Élève en terminale, Icham, 20 ans, pense que l’approche actuelle des pouvoirs publics n’est pas adaptée : « Faire venir un policier, cela ne sert à rien. Un jeune qui apporterait son témoignage d’ancien drogué sensibiliserait davantage les lycéens », estime-t-il.
Attendant sa fille à la sortie du lycée, Didier Valez ne semble pas préoccupé par le sujet : « Avec ma femme, nous ne nous sommes jamais véritablement posé la question. » Pour lui, la prévention dans les lycées apparaît nécessaire. Il avoue ne pas savoir comment aborder un tel problème : « Je touche du bois. Pour l’instant notre fille ne fume pas et ne boit pas. Mais, si elle s’y mettait, je ne sais absolument pas comment je réagirais. » Un témoignage qui illustre à merveille le flou qui règne aujourd’hui autour de la lutte contre la drogue.