La terrible situation des Aborigènes d’Australie

Un taux de suicide démentiel frappe la population aborigène d’Australie, victime de la discrimination, de la drogue et de l’alcool. Avec un risque, selon Les Malezer, représentant aborigène, de voir ce peuple disparaître purement et simplement.

«Il y a un vrai risque que mon peuple disparaisse». Cri d’alarme lancé dans l’enceinte du World Intellectual Propety Organization (WIPO) à Genève par Les Malezer, Aborigène australien et président du Forum des peuples autochtones.
Révélateur d’un immense mal-être, le taux de suicide au sein de la population aborigène inquiète par son ampleur. Il est quatre fois plus élevé que dans le reste de la population australienne. La majorité des suicides est enregistrée chez les moins de 30 ans, selon la BBC. Ce phénomène s’explique par le fait que les Aborigènes «ne sont pas acceptés, ils sont discriminés et surtout séparés de leur terre et de leur mode de vie, ce qui leur fait perdre tous leurs repères et peut les conduire au suicide», analyse Pierrette Birraux Ziegler, du Centre de documentation, de recherche et d’information des peuples autochtones (DOCIP).

Une véritable crise identitaire

«Dans le domaine de la santé, de l’emploi, de l’éducation, les Aborigènes sont très marginalisés par rapport au reste de la population, alors que seulement un tiers d’entre eux vit dans une partie reculée du territoire. Leur niveau de vie est plus faible que celui des pays du Tiers-Monde alors que l’Australie fait partie des pays riches», déplore Les Malezer.
Et le gouvernement australien, que fait-il ? «Il prend un certain nombre de mesures pour améliorer leur situation mais c’est toujours imposé par le haut. Le gouvernement passe toujours par des intermédiaires» ajoute t-il. La solution, selon lui, consiste à «donner l’autorité aux communautés elles-mêmes pour qu’il y ait une auto-gestion plus efficace. L’Etat devrait seulement intervenir ponctuellement et dans des domaines bien particuliers». Pour Pierrette Birraux Ziegler, «il y a une déclaration des droits des peuples autochtones qui a été élaboré avec ces peuples et qui a été adoptée par l’ONU en 2007 après des années de discussion, il faut simplement la faire respecter» souhaite t-elle. L’Australie avait voté contre dans un premier temps avant de la signer deux ans plus tard.

Un risque de génocide culturel

Toutefois, le problème semble bien plus profond puisque «le gouvernement australien voit les Aborigènes comme des soûlards, des fainéants. Il souhaite les assimiler de force sans considération pour leur identité culturelle, sans parler du racisme dont les Aborigènes sont l’objet» s’insurge Les Malezer. Il souhaite que la culture aborigène soit reconnue, respectée, afin de mettre fin à une assimilation forcée qui finit par détruire son peuple. Car pour survivre, les Aborigènes ont besoin de voir leur mode de vie respectée, avec leur attachement à leur terre et à leurs traditions. D’où sa volonté de faire adopter un traité reconnaissant le droit de propriété intellectuel des peuples autochtones, afin que les dessins, les peintures, et les sculptures ainsi que les dessins et modèles architecturaux aborigènes soient reconnus comme le fruit d’une culture à part entière. Si l’attitude des autorités australiennes ne changent pas, Les Malezer craint un génocide culturel voire une disparition de son peuple à court terme, tant le malaise identitaire est profond. Il poursuit donc son combat pour éviter une telle situation.

« N’allez pas le répéter, mais le nègre vous emmerde ! »

La France est le pays des Droits de l’Homme. Pourtant, tous les jours, des citoyens sont victimes de propos racistes, de discriminations dans l’emploi, dans les logements, dans leurs recherches de stage. Pire, des élus de la République s’illustrent de plus en plus dans ce qu’on considère comme de simples dérapages, mais qui stigmatisent encore plus certaines populations. Et cela dans l’impunité totale.

En aparté avec Christiane Taubira

Christiane Taubira était, ce jeudi 28 janvier, l’invitée des associations étudiantes Racin’ et Polisud, quelques jours après les deux consultations successives des Guyanais et des Martiniquais sur l’avenir institutionnel de leurs territoires.

L’université Montpellier I a reçu, le jeudi 28 janvier, une invitée de marque : Christiane Taubira, députée de la première circonscription de la Guyane et ancienne candidate aux élections présidentielles de 2002. Dans un amphithéâtre noir de monde, elle a débattu avec les Montpelliérains sur la question « spécificités, citoyenneté de l’outre-mer, quels enjeux pour l’avenir ?« .

Un contexte qui s’y prête

Le hasard a bien fait les choses : la rencontre coïncide avec le résultat des deux consultations, les 10 et 24 janvier, portant sur le futur de la Martinique et de la Guyane. Taubira parle de la seconde consultation comme d’un « cadeau empoisonné« , d’une « réforme administrative a minima » sans « vrais enjeux » contrairement à la première.

Le 10 janvier, les électeurs de Martinique et de Guyane étaient appelés à se prononcer sur le changement de statut de leurs collectivités régies par l’article 73 de la Constitution française, pour un régime de plus large autonomie prévu par l’article 74. C. Taubira critique au passage le fait que l’on « consulte les gens sur un article avant de décider ce qu’on va y mettre dedans« . En cas de réponse positive, un projet de loi organique devait en effet fixer l’organisation de la nouvelle collectivité et ses compétences. Mais le vote fut négatif. En Guyane, le « non » recueille 69,8 % des suffrages exprimés, et en Martinique 78,9 %.

Ainsi, les électeurs ont été consultés le 24 janvier pour créer une collectivité qui exercerait les compétences dévolues au département et à la Région, tout en demeurant régie par l’article 73. Pour cette deuxième consultation, le « oui » l’emporte à 68,30% en Martinique et à 57,48% en Guyane. L’organisation et le fonctionnement de la nouvelle collectivité unique va donc se substituer au Conseil régional et au Conseil général.

« Avec des réalités spécifiques, peut-on parler de citoyenneté ? »

L’intitulé donné à la conférence par les étudiants de l’association Racin’ ne convient pas à Christiane Taubira. Au terme de « spécificités », elle préfère celui de « réalités ». Elle revient ainsi sur l’existence d’un régime de décrets : « ce sont des décrets gouvernementaux qui légifèrent les territoires d’outre-mer ».
Alors, elle se demande comment concevoir la citoyenneté malgré la différence. En effet, il existe des écarts « évidents » entre la métropole et les Dom-Tom.

D’abord, des inégalités économiques subsistent. Selon Christiane Taubira, elles sont dues à « l’ancienne économie coloniale » et à des « réflexes conservateurs et des réflexes de crispation« . L’outre-mer vit donc dans une « insécurité financière« . L’égalité sociale est très récente. L’alignement du SMIC et des allocations familiales sur la métropole date notamment des années 2000. De plus, elle critique la politique du gouvernement qui « néglige les politiques publiques, ce qui n’est pas bon pour la citoyenneté« . Pour elle, il faut établir une véritable égalité à l’éducation et aux soins : « la France est une république qui s’est fondée sur l’égalité, or c’est une fiction, la différence est bien présente« , s’exclame-t-elle. En faisant référence à Aimé Césaire : « ils se sentent Français entièrement à part, et pas Français à part entière« , elle voudrait passer à « un vrai universalisme« . Selon la député, il faudrait que la République se donne la « capacité à inclure et contenir la diversité du monde« . Ce n’est pas Joël Abati, présent, qui la contredira.

Une polémique toujours d’actualité autour de la loi Taubira

A la fin de la rencontre, une question des plus déroutantes est posée à Christiane Taubira par un étudiant : regrette-elle d’avoir donné son nom à la loi du 21 mai 2001 ? Il est à rappeler que la député guyanaise a donné son nom à la loi dite mémorielle tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. La loi dite « Taubira » soulève des critiques. Principalement de la part de certains historiens, tels qu’Olivier Pétré-Grenouilleau, qui jugent qu’elle limite l’esclavage à la traite européenne des Noirs.

Avec force, la députée répond qu’elle ne regrette « pas une seconde » son implication : « comment pourrais-je regretter de reconnaître que la traite négrière est un crime contre l’humanité ? Qu’est ce qui empêche que cela soit dit et écrit ? Il faut rappeler que pendant des siècles, l’humanité des personnes noires et métisses a été niée, dans les actes et dans des corpus de doctrines. De rappeler que c’est en se basant sur les écrits de la Bible et la désobéissance du fils de Noé, que les Noirs ont été réduits en esclavage de générations en générations. De rappeler qu’un système économique a été organisé autour de cela, un système inscrit dans le Code noir et basé sur l’exil forcé et le meurtre légal. Est-ce qu’il faudrait taire que cette éjection de millions d’hommes, de femmes, d’enfants, de la famille humaine est un crime contre l’humanité ? C’est un crime contre l’humanité, contre la mienne et contre la vôtre. Ce n’est que rétablir l’humanité dans son unité, dans son unicité, dans son intégrité. C’est tellement cela, que mise à part la France, la Terre entière est fière de cette loi ! » Elle ajoute que sur la base de ce texte, quatre régions administratives françaises (Bourgogne, Franche-Comté, Lorraine et Alsace) ont monté un programme touristique culturel et historique : la « Route des abolitions de l’esclavage« . Lancée en 2004, elle s’inscrit dans le projet international de la « Route de l’esclave » soutenu par l’ONU et l’UNESCO sur le devoir de mémoire.

Elle conclut sur cette question en rappelant que « cette expérience tragique de la traite négrière est une expérience hautement humaine. Autant elle montre qu’il n’y a pas de limites à la violence, à la brutalité, à l’inhumanité de l’humain, autant elle montre l’humanité transcendante de celui-ci. A travers ces esclaves qui refusent d’être écrasés, qui résistent dès le moment de la capture et qui vont résister sans arrêt, qui vont se jeter à l’eau préférant être mangés par les requins que d’arriver au bout de ce voyage d’horreur, ces esclaves qui font des mutineries, ces esclaves qui se battent sur les plantations, ces femmes qui découvrent les plantes qui vont les faire avorter pour qu’elles n’aient pas d’enfants sur les plantations, ces femmes qui vont découvrir les plantes qui vont empoisonner le bétail pour appauvrir le maître, les Amérindiens qui se solidarisent des esclaves marrons, les intellectuels européens qui se battent … Ce sont les résistances additionnées de tous ces hommes, de toutes origines, de toutes apparences, de toutes cultures, de toutes religions, de toutes langues, qui ont anéanti le système esclavagiste. Dire que c’est un crime contre l’humanité, c’est tout simplement dire la vérité et rendre hommage à ces millions de victimes. C’est rappeler que l’on choisit son camp : banaliser la monstruosité des négriers ou sublimer le courage des victimes et des philosophes européens. Et si jamais cette loi dérangeait un historien, non pas parce qu’il est historien, mais parce qu’il est négationniste et qu’il propage des thèses contraires aux valeurs morales de la République, contraires aux valeurs éthiques, je trouverais que c’est bien peu de chose.  »

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Hautcourant pose 3 questions à Christiane Taubira

Julie Derache : Que pensez-vous de l’actuel débat sur l’identité nationale initié par le gouvernement ?

Christiane Taubira : Cette histoire de débat n’a pas de sens. Le mot même de « national » est dangereux, il a une histoire chargée. En plus, les motivations à l’origine de ce débat sont connues : il est lancé par le Ministère de l’immigration et de l’identité nationale. Des historiens ont démissionné de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration lorsque le candidat Sarkozy a dit qu’il allait créer un Ministère de l’immigration et de l’identité nationale. Chose qu’il a effectivement fait par la suite. Les universitaires français ont été nombreux à dire que cette juxtaposition « identité nationale » et « immigration » est malsaine. Alors, avec ce débat, Sarkozy reste dans sa logique : crisper les Français et leur faire croire qu’ils sont en péril sur leur territoire. Ce genre de crispations a mené aux pires guerres nationalistes. C’est pour lui une étape supplémentaire. Elle entraîne les gens sur des chemins dangereux. Notamment en neutralisant l’épanouissement personnel dans la société. On leur dresse une sorte d’ennemi, une cible privilégiée. Par ailleurs, étudier l’évolution de l’identité française, et non nationale, est nécessaire et intéressant pour comprendre, en autres, les mécanismes possibles d’intégration. Des chercheurs le font. Notamment des sociologues et des historiens comme Suzanne Citron.

Ibra Khady Ndiaye : Alors que le gouvernement s’empresse de légiférer sur des questions comme le port de la burqa, de nombreuses discriminations demeurent au quotidien à l’égard des minorités. Que proposez-vous pour éradiquer ces discriminations ? Et, que pensez-vous du CV anonyme ?

Christiane Taubira : Il faut se battre contre les discriminations qui touchent toutes les minorités. Les personnes d’outre-mer subissent, en France, les mêmes discriminations que les autres immigrés. Ce sont des discriminations à l’apparence. J’ai connu cela étudiante, mes enfants aussi. Notamment pour la question du logement. J’ai toujours été contre le CV anonyme. C’est une connivence : au lieu de sanctionner les discriminations et le racisme, on les cache. Cela évite de pécher. Mais, la discrimination va se faire à l’étape suivante, pendant l’entretien d’embauche. Celui qui discrimine n’est pas sanctionné et va alors continuer. Il faut que les employeurs comprennent que l’on peut avoir n’importe quelle apparence et être compétent. Ils mettent en péril le « pacte républicain » en pratiquant la discrimination car ils annulent l’égalité de la citoyenneté. On ne s’accommode pas de cela, on sanctionne. En revanche, dans le cas de la burqa, les élites politiques sanctionnent, sévissent, car elles se sentent menacées par la moindre différence. Je suis contre la burqa mais je ne suis pas pour une loi non plus. Les hommes politiques ne cherchent pas à comprendre le phénomène, à comprendre comment on arrache les femmes de cela. Alors que les gens connaissent le chômage, perdent leur logement, sont dans le désarroi… leur problème le plus immédiat est : les femmes qui portent la burqa.

Laura Flores : Quel sera l’impact de la réforme des collectivités territoriales sur les départements d’Outre-Mer?

Christiane Taubira : On a déjà enlevé l’épine du pied à Nicolas Sarkozy avec la collectivité unique de la Guyane et de la Martinique. Je pense qu’il y a des tas de choses qui sont en danger avec cette réforme. C’est-à-dire que la collectivité unique a les mêmes compétences que le Conseil Général. Les premiers actes seront les réductions budgétaires : il ne nous faudra qu’un seul service financier, un seul service administratif, etc. En faisant cela, les capacités d’intervention vont être réduites ainsi que la logistique : la possibilité de porter l’action des élus. Le nombre d’élus, notamment ceux de proximité, va être diminué. Les gros budgets tels que le RMI vont en grignoter d’autres comme ceux du sport et de la culture. Cela me paraît inévitable aussi bien ici qu’en métropole. Je pense que les gens vont s’en mordre les doigts. Ceci étant, ils n’ont pas été nombreux à voter lors de la consultation.

FACE Hérault est un club d’entreprise contre l’exclusion

La première Fête du Parrainage de FACE (Fondation Agir Contre l’Exclusion) Hérault était organisée ce 10 décembre 2009 dans les locaux de la fédération Française du Bâtiment.

Lancée en 2002, l’action de parrainage, a rassemblé une centaine de parrains et marraines, chefs d’entreprise, cadres de tous secteurs et près de 400 demandeurs d’emploi. FACE Hérault est une fondation qui agit contre l’exclusion, avec en moyenne, un taux d’accès à l’emploi de 70%.
Elle oriente ses actions autour de quatre axes :

 Faciliter le retour à l’emploi des personnes en risque d’exclusion. Pour cela, du personnel en activité accompagne pendant six mois les filleuls.
FACE accompagne les entreprises dans un recrutement diversifié (personnes handicapées, bénéficiaires du RMI, personnes issues des quartiers) et assure la réussite de l’intégration.

 Faire découvrir aux jeunes le monde de l’entreprise

 Accompagner les entreprises pour mettre en œuvre l’égalité de traitement. Un plan d’accompagnement existe pour les entreprises qui s’articule autour de la formation, du diagnostic…

 Mobiliser les entreprises et les habitants des quartiers prioritaires.
Des témoignages de parcours heureux, des films, des expositions photographiques, étaient à l’ordre du jour afin de mettre en valeur toute la richesse de cette action.
Les Parrains et les filleuls ont fait part de l’enrichissement mutuel qu’ils éprouvent. Alex Conil, Secrétaire de la Fédération Française du Bâtiment membre très actif du réseau de parrainage a fait part à l’assemblée de sa satisfaction, notamment d’avoir beaucoup appris de l’un de ses filleuls.
Les filleuls ont aussi exprimé leur satisfaction et toute leur reconnaissance pour FACE Hérault.

 » Ce n’est pas le VIH qui tue mais plutôt les autres « 

A l’occasion de la Journée Mondiale de Lutte contre le Sida, mardi 1er décembre, la Maison de la prévention santé de Montpellier a accueilli une conférence-débat. Animée par Franck Marcé, coordinateur régional de Sida Info Service, elle portait sur les résultats d’une enquête faite auprès des séropositifs sur les discriminations qu’ils subissent.

Les discriminations à l’encontre des personnes séropositives sont toujours d’actualité. C’est ce que montrent les résultats de la quatrième enquête faite par Sida Info Service sur ses lignes d’écoute. Celle-ci s’est principalement intéressée cette année aux discriminations dans les milieux de santé et du travail. Franck Marcé souligne que sous le terme « discrimination » se dégage deux aspects : la discrimination ressentie et la discrimination reconnue par la loi. Par exemple, si l’accès à la santé, à un travail ou au logement est refusé à une personne pour des raisons de sexe, d’âge ou d’origine ethnique, le recours à la loi est possible. Mais peu de victimes engagent des démarches juridiques. Ce, pour trois raisons principales : la méconnaissance de leurs droits, la peur des représailles ou encore parce qu’elles n’en ont pas la force physique et morale ou n’en voient pas l’intérêt.

70% des personnes interrogées estiment avoir déjà été discriminées. Les domaines pointés du doigt sont nombreux : amis (42%), famille (38%), assurances et banques (29%), conjoint (18%), etc. Mais l’enquête a mis en avant deux secteurs particulièrement discriminants : la santé et le monde du travail.

Le plus étonnant est de constater qu’un appelant sur deux s’est senti discriminé dans le milieu médical. « Ce qui constitue un vrai problème » selon Franck Marcé. En effet, une personne sur trois incrimine les spécialistes : gynécologues et dentistes en tête de liste. Cette « peur irrationnelle » de professionnels pourtant les mieux formés au sujet de la maladie et de sa transmission est un paradoxe. Le témoignage d’un des sondés illustre cette inquiétude :  » Après m’avoir soigné, mon dentiste m’a fait cracher mon sang à l’extérieur de son cabinet par peur d’être contaminé « . Certains séropositifs se voient donc contraints à cacher leur maladie pour accéder normalement aux soins.

Dans le milieu professionnel, la grande majorité des discriminations sont le fait de collègues (20%) plus que des patrons (15%). Ces derniers redoutent une baisse des performances due à la maladie. Une personne interrogée sur quatre a été discriminé sur son lieu de travail. Ce sont le plus souvent des stratégies de harcèlement, de mise au placard et de mauvaise ambiance. Ce qui engendre un fort sentiment de rejet. Ces situations qui touchent à la question du droit du travail sont difficiles à prouver. Un homme de l’assistance témoigne :  » Quand mon patron a appris ma séropositivité, il n’a pas renouvelé mon contrat. Je n’ai jamais pu le prouver. D’ailleurs, je n’avais pas la force physique de me battre pour faire respecter mes droits « . Pour Franck Marcé, la discrimination professionnelle n’est donc  » pas une histoire ancienne et reste un fait d’actualité « .

A noter également que les discriminations sont multiples. A celles dues au VIH (virus de l’immunodéficience humaine), s’ajoutent celles dues au sexe, au handicap, à l’ethnie ou encore à l’homosexualité. Pour faire évoluer les mentalités, le chemin à parcourir est encore long.

Ces pays qui refusent les séropositifs sur leur sol

Aujourd’hui 1er décembre, 21ème Journée mondiale de lutte contre le Sida. L’occasion de rappeler que 106 pays dans le monde refusent l’installation des séropositifs sur leur sol. Treize d’entre eux leur refusent même la simple entrée.

À savoir la Russie, la Chine, l’Arabie Saoudite, l’Arménie, le Brunei, la Corée du Sud, l’Irak, la Libye, la Moldavie, Oman, le Qatar, le Soudan et enfin les États-Unis.
De l’autre côté de l’Atlantique, c’est en 1993 que la loi a interdit à tout porteur du virus du Sida de circuler dans le pays. Aucun test n’est effectué sur les passagers. En revanche, cette sélection se fait à l’aéroport. Si des médicaments anti-VIH sont trouvés dans les bagages, les personnes sont refoulées. Le lobbying est important de la part des associations françaises. En 2008, Georges Bush signe l’abrogation de cette loi. Mais sans les décrets d’application. Rien ne se passe. En octobre dernier, Barack Obama a officiellement annoncé la libre-circulation des séropositifs dans le pays à partir du 1er janvier prochain. «Un symbole fort après 16 ans de combat», explique Bastien Vibert, coordinateur de l’association Élus locaux contre le Sida (ELCS). «Les États-Unis ont bien sûr le poids économique qu’on leur connait. On veut se servir de cette réussite comme levier pour les autres pays. Même si on regrette qu’ils refusent toujours la liberté d’installation».

«Un problème de valeur de société»

Si aux Etats-Unis, le test n’est pas obligatoire, il l’est par exemple en Chine. «Je connais une personne française qui a été embauchée sur un poste important en Chine. Quarante examens médicaux ont été nécessaire pour obtenir le permis de travail. Elle s’est avérée séropositive et a dû quitter le pays», raconte-t-il. «En Chine, une modification de la loi sera beaucoup plus difficile à obtenir. Ce n’est pas un problème de santé publique, mais de droit de l’Homme et de valeurs de société. On ne lutte pas contre une maladie en luttant contre les malades. On ne peut dire à une population qu’elle sera en sécurité parce-qu’une loi interdit les malades étrangers d’entrer dans leur pays : tous les pays sont touchés, ceux là autant que les autres». Le problème se résout-il en éloignant l’autre de soi? Aux États-Unis, un fort courant, qui suit le point de vue l’Église, prône l’abstinence comme moyen de prévention. En France, si aucune restriction n’est en place, Jean-Marie Le Pen, Président du Front national, a parlé sans ambiguïté d’«isoler les sidaïques dans des sidatoriums».

On ne parle pas là seulement de treize pays dans le monde. Mais aussi des 93 autres, qui ont mis des mesures prohibitives en place pour lutter contre l’installation de personnes séropositives sur leur territoire. Parmi eux, le Canada, la Bulgarie, l’Australie ou la Suède et les États-Unis. Si les associations saluent la décision américaine, le coup de communication n’est pas exclu. Ils ne peuvent prétendre à une prise de conscience alors qu’ils refusent toujours l’installation. «Le combat est encore long», poursuit Bastien Vibert. «En Égypte, où un test est obligatoire pour un séjour de plus de trois mois, une personne qui avait elle aussi un poste-clé, a été exclue du pays en deux jours, après un test positif au VIH. Elle n’avait pas eu le temps de faire ses valises. Elle ne pourra plus travailler dans un pays arabe. Les séropositifs sont considérés comme des dangers avant d’être des personnes. Pas seulement parce qu’ils sont considérés comme contagieux (ce qui n’est pas le cas), mais parce qu’ils ont fauté».

Cette discrimination à la libre circulation peut également être extrapolée à la vie sociale quotidienne, même si aucune autre loi n’existe dans ce sens. Selon Sida info service, 60% des séropositifs se disent discriminés. L’association a mis en place une ligne Sida Info droit, pour les discriminations au travail. Par ailleurs, selon Bastien Vibert, « de nombreux dentistes refusent de soigner les séropositifs. Certains posent la question au patient quelques minutes après leur entrée dans le cabinet. Plusieurs cas sont passés devant l’ordre des médecins».

Réglementations applicables aux déplacements et aux séjours des personnes vivant avec le VIH/sida