Le Club de la Presse de Montpellier se mobilise

Alors que deux journalistes de France 3 sont détenus depuis 80 jours en Afghanistan, le Club de la Presse de Montpellier organise un rassemblement de soutien le vendredi 19 mars à Montpellier, en présence de Florence Aubenas, dans le cadre d’une mobilisation nationale des Clubs de la Presse.

Depuis le 29 décembre 2009, Stéphane et Hervé, deux journalistes de France 3 sont retenus en otage en Afghanistan. Journalistes spécialistes des missions en zones de conflit, ils effectuaient un reportage dans le pays.

« Malgré certaines déclarations révoltantes de la part des autorités, les Clubs de la Presse tiennent à rappeler que ces journalistes ont été kidnappés alors qu’ils exerçaient leur mission d’information du grand public », précisent les Clubs de la Presse dans leur appel à la mobilisation. En effet, Nicolas Sarkozy a jugé que leur travail était d’une « imprudence vraiment coupable », et Claude Guéant, secrétaire général de l’Élysée, de surenchérir, le 17 janvier, sur Europe 1 que « le scoop ne doit pas être recherché à tout prix » et que les deux journalistes ont fait « courir des risques aussi à beaucoup de nos forces armées qui, du reste, sont détournées de leurs missions principales ».

Ces propos avaient soulevé la colère des gens du métier, du Syndicat National des Journalistes et de Reporters sans Frontières. « A la question de savoir s’ils ont pris des risques, la réponse est oui, bien évidemment. Tous les journalistes qui posent le pied en Afghanistan prennent un risque. Tous les jours, des centaines de journalistes prennent des risques. Les deux reporters de France 3 menaient un travail d’intérêt général. Exactement comme ceux qui sont au milieu des gravats de Port-au-Prince » rappelle Reporters sans Frontières dans un communiqué.

Chose qu’Alain Genestar a fait également valoir dans le Monde du 27 février : « l’époque – celle des jours actuels – est désormais à la comptabilité de la générosité, à la réprimande, à la discorde, à la désignation des présumés coupables. On dénonce leur comportement en public, au mépris de la discrétion qu’imposent ces circonstances. On les montre du doigt. On les expose à la vindicte populaire, les accusant de gaspiller l’argent des contribuables et de jouer avec la vie de nos fiers soldats. Jamais les journalistes et les photographes n’ont demandé à être traités avec une considération particulière. Ils n’exigent aucun régime de faveur – surtout pas -, mais seulement le respect dû à leur métier qui, dans certaines circonstances exceptionnelles – et la guerre, bien sûr, en est une -, s’exerce dangereusement, exige un courage et une audace qui échappent aux règles normales de la vie ordinaire ». Et de conclure : « sans l’audace et le courage de Robert Capa, sans l’audace et le courage des reporters, les lecteurs, les auditeurs, les téléspectateurs, le public, les citoyens ne seraient pas informés de la réalité de la guerre. De la « vraie » réalité, celle qui ne s’écrit pas ni ne se photographie, à l’abri du danger. Alors, « imprudents coupables », Capa et les autres ? Oui, nous sommes tous, par profession, journalistes et photographes, des « imprudents coupables ». »

Ainsi, engagés au quotidien pour la liberté d’exercer des journalistes, les Clubs de la Presse ont décidé de se mobiliser. Un rassemblement public est organisé le vendredi 19 mars, à partir de 10h, sur le parvis de l’Opéra-Comédie, à Montpellier, à l’occasion des 80 jours de détention des deux journalistes.

La journaliste Florence Aubenas, ancienne otage en Irak, prendra la parole pour apporter son soutien aux deux journalistes en captivité. Elle sera accompagnée de Claude Sérillon, qui a exercé pendant de longues années sur les antennes de France Télévision. De même, des représentants du Club de la Presse, de Reporters Sans Frontières et de plusieurs médias régionaux, seront également présents pour témoigner de leur solidarité envers leurs confrères.

Il est à savoir également que Reporters Sans Frontières a lancé un « Appel de soutien à nos confrères de France 3 enlevés en Afghanistan ». Il est consultable ici.

Alors, toutes les personnes sensibles à la question sont invitées, par le Club de la Presse de Montpellier, à rejoindre la place de la Comédie, « pour que
Stéphane et Hervé ne tombent pas dans l’oubli
».

 Pour plus d’informations n’hésitez pas contacter le Club de la Presse de Montpellier au : 06 07 64 86 03.

Julie DERACHE & Ibra Khady NDIAYE

Marcel Rufo : « Nous avons tous plusieurs pères »

Il est sans doute le pédopsychiatre le plus célèbre de France. Après avoir présenté, sur France 3, une émission dédiée à la famille « Le mieux c’est d’en parler », Marcel Rufo rejoint France 5 où il présente actuellement « Allo Rufo ». Auteur d’une trentaine d’ouvrages, le spécialiste de l’enfance et de l’adolescence, aborde la figure paternelle dans «Chacun cherche un père». Pour Hautcourant, le professeur analyse l’évolution de l’image et du rôle du père.

Pères, enfants, Marcel Rufo analyse une évolution sociétale

Pourquoi vous êtes-vous spécialisé dans l’étude des enfants et des adolescents ?

Avant de faire médecine, j’ai étudié la philosophie. Alors, une fois en médecine, son côté scientifique et technique me plaisait, mais la dimension plus globale de l’histoire du sujet, des relations avec sa famille, de la représentation de sa maladie me manquaient… Et, naturellement, je me suis dirigé vers la neuropsychiatrie. De grandes figures m’ont formé : Henri Gastaut ndlr, neurologue spécialiste de l'[épilepsie] et Arthur Tatossian [ndlr, psychiatre phénoménologue auteur de La phénoménologie des psychoses]. Toutefois, la psychiatrie m’ennuyait. Je suis donc allé en pédiatrie : l’histoire des enfants malades et comment on s’occupe d’eux m’a passionné.

Avez-vous été influencé par des personnes comme Françoise Dolto ?

Bien sûr. Elle a permis de dire aux gens que les symptômes apparemment médicaux, avaient un sens psychique. Elle a ouvert le champ de l’enfance. Dolto a permis de comprendre les mécanismes inconscients des enfants, comme le pipi au lit.

C’est parce que les pères ont une incidence directe sur leurs enfants que vous avez écrit un ouvrage sur eux ?

Non, j’ai écrit ce livre sur les pères pour deux autres raisons. La première est le changement très incroyable de la paternité depuis quelques temps. Les pères ont fait des progrès immenses. Puis, la seconde raison est que, très souvent, les psychologues disent pour un enfant en difficulté, avec un mauvais comportement : « mais que fait le père ? Où est l’autorité paternelle ?« . Nous sommes face à une véritable grande bascule dans notre temps face aux progrès énormes du féminisme, de l’égalité des sexes. En même temps, il ne faut pas oublier les rôles bien différents du père et de la mère pour élever un enfant. Je crois que c’est un moment important pour travailler la relation père-fils.

C’est quoi être père aujourd’hui ? En quoi son rôle est différent de celui d’hier ?

Aujourd’hui, les pères osent s’occuper des bébés. Ils sont vraiment admirables. Je suis personnellement sidéré. Ils viennent de plus en plus nombreux à mes conférences. Il y a une quinzaine d’années, quand je faisais des exposés, il n’y avait que des mères et des grands-mères. Les pères sont aussi plus présents lors des séparations. Ils n’abandonnent plus systématiquement, comme avant, l’enfant. Les pères actuels sont beaucoup plus remarquables que les pères que nous avons été.

A quoi est due cette évolution ?

Je pense que c’est du au féminisme, à l’égalité des sexes. C’est un des effets latéraux de Mai 1968. A dire que nous sommes égaux, nous sommes également égaux devant les enfants. Néanmoins, la mère reste plus importante. D’abord, c’est elle qui décide d’avoir un enfant ou pas. Après, pour les enfants, la mère est plus sûre que le père.

Quelles sont les différences entre le rôle du père et celui de la mère ?

Ce serait mal comprendre les choses que de dire que nous sommes tous égaux. Il faut être égaux dans la différence. C’est quelque chose d’assez essentiel. Le bébé va observer les différences entre son père et sa mère. Il s’agit pour lui de trouver les différences pour grandir.

Comment un enfant peut se construire dans un couple de même sexe ?

Je suis favorable à l’homoparentalité. Ce, avec des aménagements qui permettraient de ne pas tomber dans la critique plate d’une seule identification sexuée. Dans le cadre de l’adoption homoparentale, il faudrait que ce soit les deux familles qui adoptent l’enfant : les grands-parents, les oncles, les tantes, les cousins… Comme cela, on aurait pas ce que disent les psychanalystes, à juste titre, le trouble de l’identification.

Y-a-il plusieurs sortes de paternité ?

Oui, il y a plusieurs pères. Malgré ce que l’on croit, nous n’avons pas qu’un père biologique. Le père ne se résume pas au chromosome. Le père biologique, réel, devient rapidement le père imaginaire. C’est à dire, que sur son père, l’enfant va très vite imaginer des choses qui ne sont pas. Il construit autour du père, une enveloppe de héros. Pour l’enfant, le père est magnifique. Puis, à l’adolescent, l’image change : le père n’est plus si magnifique. Puis, finalement, on se dit « j’aime bien cet homme pour ses défauts aussi« . En même temps, viennent s’agréger des pères de compléments : un patron, un éducateur, un instituteur… Pour Camus, par exemple, son instituteur Louis Germain était un père.

Les pères de littérature existent-ils ?

Absolument. Salinger [ndlr, écrivain américain auteur de l’Attrape-coeurs], qui vient de mourir [ndlr, le 27 janvier 2010], était l’un de mes pères de littérature.

Pensez-vous qu’un enfant peut se construire avec un père absent ?

Cela dépend de l’absence. Le père qui est parti, et que la maman a aimé, n’est pas complètement absent. La mère peut dire : « il ne voulait pas vivre avec nous, mais moi je voulais que tu sois-là« . Cela construit l’enfant. Il va même beaucoup plus l’idéaliser. Ce père absent-là va rester beaucoup plus longtemps un héros. Le père inconnu, celui dont la mère ne parle jamais, est plus dommageable. Cela fait de lui le père secret, comme s’il y avait quelque chose de honteux. Les histoires doivent être dévoilées aux enfants, tout en les poétisant. L’enfermement dans un secret créé des troubles pour l’enfant, surtout pour un enfant fragile.

Que pensez-vous du phénomène des familles recomposées ?

C’est un mécanisme qui prend une ampleur presque majoritaire dans les grandes villes. Les couples qui se composent maintenant ont 10% de chance de ne pas survivre au bout de cinq ans. Je ne discute pas de la progression sociale du fait de vouloir être heureux à tout prix et de ne pas se sacrifier pour des enfants. Mais, pour eux, c’est toujours difficile, c’est un facteur de difficultés. Et on a beau se raconter ce que l’on veut : « on s’entend bien, on fait des gardes alternées« , c’est difficile pour les enfants.

Quel statut donner au beau-père ?

Cette histoire de donner un statut aux beau-parents est une bêtise ndlr, référence est faite au [projet de loi envisagé par Nicolas Sarkozy sur un « statut du beau-parent »]. Issu d’un premier divorce, l’enfant doit déjà partager son temps entre son père et sa mère. Ce qui veut dire que si l’on donne un statut au beau-père, il devra encore plus se partager en cas de second divorce. Et ainsi de suite… Quand est-ce qu’il va avoir un weekend pour lui ce pauvre malheureux ? Le beau-père n’a pas à avoir des droits sur l’enfant. Le beau-père a le rôle que l’enfant lui donne. Ce n’est pas une loi qui va créer l’affection.

Que pensez-vous du phénomène du parent-copain ?

Il ne faut pas être copain avec ses enfants. C’est là un point très important de la difficulté de notre temps. Les parents qui veulent séduire, les pères notamment, n’ont pas à le faire. Ils doivent être parent, avec toutes les limites. C’est un excès du progrès : le père toujours jeune, toujours séduisant, qui comprend tout, qui joue à être un peu trop jeune. Il faut qu’il soit vieux, qu’il vieillisse.

Pensez-vous qu’aujourd’hui les parents n’ont pas assez d’autorité ?

L’autorité d’avant, l’autorité pater familias était bête. Mais, entre l’autorité idiote et pas de limites, je crois qu’il faut trouver un juste milieu. S’il est interdit d’interdire, selon le grand slogan de 1968, il est fondamental de donner son avis. Il faut mettre des limites pour que le message passé à l’enfant soit : « je ne veux pas que tu te détruise, je ne veux pas que tu te fasses du mal ». L’autorité est : « je dois dire ma position pour te respecter, non pas pour te plaire« .

Que pensez-vous du phénomène de l’enfant-roi ?

L’enfant devient un « produit » rare. Nous sommes, en France, à 2 de natalité ndlr, selon les [indicateurs de fécondité]. Alors, on ne peut pas supporter qu’un enfant dans lequel on a investi notre avenir, échoue. L’enfant est porteur de toutes les choses que l’on voulait réussir et que l’on a pas réussies.

Le psy et l’écran

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Pourquoi faire de la télévision ?

Je pense que la télévision est un extraordinaire accélérateur de connaissances. Pour la vulgarisation, pour la diffusion du savoir, rien ne remplace la télévision. Entre nous, comme moyen de communication, je préfère l’écrit et la radio.

Justement, pourquoi avoir quitté la radio pour faire de la télévision ?

J’ai quitté Europe 1 car durant trois ans, toutes les semaines, j’animais la nuit une émission, c’est lourd et fatiguant. Une autre radio m’a proposé tous les jours de 14h à 16h : c’était encore plus exagéré. Mais, aujourd’hui, je parle tous les jours sur la 5. On pourrait me dire : « tu exagère encore plus« . Voilà que l’on me propose maintenant un prime de 20h30 à minuit sur France 2, en direct. Il ne me manquait plus que cela ! J’avoue que j’atteins presque mes limites physiques et psychiques. J’ai aussi un service à construire. Il faudrait donc que je sois de temps en temps dans la réalité et pas dans le virtuel.

La question centrale de faire de la psy à la télévision est : « est-ce que vulgariser est vulgaire ? ». Est-ce facile ? Je ne crois pas. Je voudrais bien voir certains de mes camarades, un peu critiques, sous la caméra, nous expliquer des choses complexes. Ils ont choisi d’autres voies que je respecte, j’aimerais simplement qu’ils respectent la mienne. Il faut faire attention à ne pas trop en dire, ne pas trop interpréter, mais ne pas rien dire non plus. Sinon, ce n’est pas intéressant. Il faut ouvrir des portes : une émission de six minutes ouvre une porte vers la psychologie.

Comment ne pas dire que Pradel et Dolto, sur France Inter, n’ont pas changé la donne ? [ndlr, en 1976 Jacques Pradel débute une émission sur France Inter, « Lorsque l’enfant paraît » avec la psychanalyste et pédiatre Françoise Dolto qui répond aux questions d’auditeurs sur le thème de l’éducation de leurs enfants] A mon niveau, à la suite de ces grands aînés, j’essaye de diffuser mes connaissances sur la psychiatrie enfantine.

De nouveaux projets ?

Nous allons créer à Marseille un nouvel établissement pour étudier comment guérir la guérison. [ndlr, Marcel Rufo est actuellement chef du service médico-psychologique de la famille et de l’enfant au CHU Sainte-Marguerite de Marseille]

A lire

 Chacun cherche un père de Marcel Rufo

 La bonne parole, Quand les psys plaident dans les médias de Dominique Mehl

Julie DERACHE

The wednesdays, un court métrage « tripant »

Lundi 1er février 2010, France 3 diffusait la 11 ème nuit du court métrage spécial « british connection », qui a été enregistré au musée Grévin.
De quoi en prendre pleins les mirettes, et dégoter de petits bijoux…made in Royaume Uni, Canada anglophone ou Irlande.
Fait rare sur les chaînes publiques, les films étaient en VOSTF ( Version Originale Sous-Titréé en Français).
Dommage qu’un tel programme ne soit diffusé en semaine et à 0h10.
Exclusivement donc réservé aux « ladies and gentlemen » insomniaques (4h de programmation pour 14 films).

Parfois, lorsqu’on est à l’automne de sa vie, on pourrait essayer n’importe quoi pour retrouver un sourire sur son visage…même l’ecstasy…

Voici en deux lignes, le résumé du court métrage réalisé par l’irlandais, Conor Ferguson en 2007. Cette fiction de 13 minutes et trente secondes, a reçu le prix du public du Festival du court métrage de Clermont Ferrand.

Dans ce conte moderne, Mr et Mrs O’ Leary, deux retraités tentent d’égayer la monotonie du mercredi en prenant de l’ecstasy. Par ce moyen peu conventionnel, ils pensent redécouvrir la folie oubliée, le lâcher prise et surtout ils parviennent à raviver la flamme d’un amour dont ils avaient presque tout oublié.

Puis un jour, la loi vient frapper à leur porte: la musique est un peu trop forte, les voisins tambourinent, inquiets pour la santé de leurs seniors de voisins, un policeman entre chez eux. Et les voilà arrêtés, amenés au poste et jugés pour détention illégale de 145 pilules d’ecstasy.

Et Mrs O’Leary de se justifier devant le juge: « Le lundi c’est le premier jour de la semaine, le mardi je fais du poulet rôti, le jeudi on joue aux cartes, le vendredi nos petits enfants viennent nous voir.Le samedi, c’est le samedi, tout le monde aime le samedi, et le dimanche nous allons à la messe. Mais le mercredi! Le mercredi c’est le pire jour de la semaine, le temps passe si lentement le mercredi…et à ces moments là on a plus de temps pour penser à…à vous savez quoi ».

Recherche de la jeunesse éternelle, peur de la mort, besoin de retrouver un amour que l’on croyait éteint, autant de thèmes qui parlent au commun des mortels.

Les scènes alternent entre le procès et le récit de Mrs O’Leary, d’une naïveté enfantine et touchante qui ne comprend pas « ce qu’ils ont fait de mal ». Elle explique que ce n’est « que les mercredis ». Puis désignant son époux depuis plus de 30 ans, elle témoigne  » il a toujours beaucoup souffert pour exprimer ses sentiments » mais en souriant, elle ajoute « le mercredi il n’est plus le même, il me dis des choses si tendres Monsieur le commissaire, il est heureux, on dirait un enfant… »

L’ambiance parfois loufoque, avec ces deux retraités s’amusant d’un rien, faisant des bulles, écoutant la musique à fond, courant dans les champs, sautant sur le lit, sait pourtant respecter la pudeur des personnages. Sans oublier cette english touch si particulière qui sait transformer l’absurde en émotion, plonger le spectateur dans un état proche de l’euphorie absolue des deux personnages, pour ensuite le faire retomber dans des questionnements plus sérieux. Car loin de banaliser le problème de la drogue, ce court métrage invite à s’interroger au delà: quelle incidence la loi a t-elle sur nos vies, quand prend-elle le pas sur nos libertés les plus intimes, comment trouver une proportionnalité dans le rendu de la justice. Et plus largement aurons nous le choix un jour de prendre la liberté ultime de décider du jour et de la façon dont l’hiver viendra clore les quatre saisons de nos vies? Des questions donc d’actualité, à méditer en regardant the wednesdays de préférence le mercredi et sans avoir recours à des substances illégales…

Pour voir des extraits de cette nuit du court métrage, cliquez ici. A voir absolument! Mais difficile de trouver ce petit bijou inédit sur le net. Amis internautes, help us…

Des hics et des toc : une chaotique année médiatique

Depuis son élection, Nicolas Sarkozy cohabite tant bien que mal avec les médias. Entre mépris et connivence, de nombreux sujets houleux ont parsemé la première année élyséenne de l’ancien maire de Neuilly. Suppression de la publicité télévisuelle dans le service public, polémiques autour de la nouvelle loi sur la protection des sources et conflit ouvert avec l’AFP. La presse française est menacée. Tour d’horizon d’une chaotique année politico-médiatique.

Fin janvier, un ponte du quotidien conservateur le Figaro, Yves Thréard, déclarait sans ambages ni faux-semblants : « Nicolas Sarkozy n’aime pas les journalistes, il les déteste même ». Le ton était donné.

« M. Sarkozy confond télévision publique avec télévision d’Etat »

Quelques jours auparavant, au cours de sa conférence de presse spectaculaire devant plus d’une centaine de journalistes, le président de la République a annoncé la suppression de la publicité dans l’audiovisuel public, effective dès le 1er janvier 2009, sans concertation avec les ministres et les directions concernés. Un manque à gagner de plus de 800 millions d’euros pour France Télévision qui a aussitôt fait réagir l’opposition, soupçonnant le président de favoriser par cette réforme, les affaires de groupes tel que le groupe Bouygues, propriétaire de TF1. Patrick Bloche, vice-président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale en charge des médias avait alors dénoncé un « jeu de bonneteau hasardeux consistant à déshabiller le service public pour venir à la rescousse des grandes chaînes privées dont les actions ont aussitôt décollé« .

Pour désigner le nouveau mode de financement de la télévision publique, la Commission Copé, regroupant, à parité, professionnels et parlementaires, a été mise en place. Ses conclusions, rendues le 25 juin, ont fait long feu, surpassées par la volonté présidentielle d’appliquer ses propres idées : Nicolas Sarkozy a fixé son propre calendrier (la publicité disparaitra entre 20h et 6h du matin dès janvier 2009 puis la mesure sera étendue au 1er décembre 2011 alors que la commission préconisait 2012). Pour financer le manque à gagner, le chef de l’Etat a décidé de taxer les opérateurs de téléphonie et d’Internet à 0,9 %, alors que la commission Copé proposait que cette taxe soit de 0,5 %.

Mais c’est la nomination du président de France Télévision en Conseil des ministres qui a provoqué le plus grand tollé. En lieu et place de l’actuelle nomination par le CSA, la procédure, qui accordera ce pouvoir à l’exécutif, prévaudra également pour la présidence de Radio France. « M. Sarkozy confond télévision publique avec télévision d’Etat. Il sera peut-être, demain, rédacteur en chef« , a dénoncé dans le Monde Arnaud Hamelin, producteur et président du Syndicat des agences de presse télévisées (Satev). L’indépendance des médias français, déjà fortement malmenée, encaisse là un nouveau coup dur.
Une séquence « off » du président crée la polémique

x5z26r&related=1Cette annonce coïncide avec la publication par rue89 d’une vidéo « off » du président avant une interview sur France 3. Dans ce témoignage, Nicolas Sarkozy semble rappeler qu’il est le patron du service public et promet du changement. « Ca va changer » répète-t-il énervé dans ce document. Fait-il référence à la présidence actuelle de Patrick de Carolis avec qui le ton est récemment monté ? Après avoir menacé de démissionner, le président de France Télévision s’est exprimé sur RTL : « Lorsqu’on dit qu’il n’y a pas de différence entre la télévision de service public et les télévisions privées, je trouve cela faux, je trouve cela stupide, et je trouve cela injuste ». Une sortie qui a fortement déplu à l’Elysée. Soi-disant conforté dans ses fonctions par Sarkozy, Patrick de Carolis reste ouvertement sur la sellette. Henri Guaino ne le nie d’ailleurs pas. Selon Le Monde, le conseiller du président confirme qu’une nouvelle nomination aura lieu après l’adoption de la loi. Même la majorité semble agacée par l’attitude présidentielle. « On ne peut pas s’attaquer à l’AFP et à France Télévision », se lamentait un député UMP.

Cette vidéo « off » de rue89 a également relancé le débat sur la protection des sources journalistiques. Après la demande de l’Elysée à rue89 pour que le site d’information détruise la vidéo, France 3 a ainsi porté plainte afin de découvrir la source qui a permis « la fuite » de cette séquence « off ». Une première en France : un média qui menace un autre média pour découvrir sa source. Fondateur du site menacé et ancien de Libération, Pierre Haski explique : « La lettre de l’avocat exigeait aussi que Rue89 révèle la source de ce document. Cette demande, sans précédent entre médias, avait provoqué de nombreuses protestations, notamment des journalistes et de la direction de la rédaction de France3 qui s’en sont désolidarisés. Rue89 avait refusé d’obtempérer, et la vidéo est toujours disponible ». L’usage veut que ce soit l’Etat qui perquisitionne des journaux pour trouver leurs sources. Le Canard enchainé peut en témoigner.

Protection des sources : une loi floue

En décembre dernier, le journaliste Guillaume Dasquié, spécialisé dans les enquêtes sur le renseignement, était mis en garde à vue à la DST. Au final, une mise en examen pour « détention et divulgation au public de renseignement ou fichier ayant le caractère d’un secret de la défense nationale ». « La garde à vue de Guillaume Dasquié met en relief le retard de la législation française, la plus rétrograde d’Europe pour la protection des sources des journalistes. L’article 109 du code de procédure pénale n’assure pas assez la protection des journalistes », expliquait alors Robert Ménard à Hautcourant.com. Promis dans son programme présidentiel, la nouvelle loi sur la protection des sources des journalistes a été adoptée le 15 mai en première lecture à l’Assemblée nationale. Aussitôt dénoncée par un cortège de juges, d’avocats et de journalistes, elle ne protège les sources que dans certains cas. Les journalistes satiriques espéraient une loi leur permettant de n’encourir aucune sanction devant un juge s’ils ne divulguaient pas leurs sources. Ils ont été déçus. « La justice aura le droit de rechercher l’origine d’une information de presse lorsqu’un « impératif prépondérant d’intérêt public » l’imposera, à titre exceptionnel, en cas de crime ou délit grave et si cela est absolument nécessaire à l’enquête », explique le site bakchich.info. Le flou de la formulation interpelle.

Après 14 mois de sarkozysme et de conflits politico-médiatiques, François Malye, secrétaire général du Forum des sociétés de journalistes (FSDJ), juge « qu’il y a une régression démocratique. On assiste à une reprise en main par des grands acteurs qui veulent mettre de l’ordre dans les médias ».