Le MoDem jette l’éponge

Le MoDem ne présentera aucune liste aux élections régionales en Languedoc-Roussillon. Contacté par Haut Courant ce midi, Marc Dufour a confirmé l’information rendue publique hier par Midi Libre. «Je ne déposerai aucune liste à la préfecture», explique le président héraultais du MoDem, qui avait été initialement désigné tête de file du MoDem dans la région par les militants centristes, lors d’une primaire interne l’opposant au ticket Catherine Labrousse-Patrice Drevet. Visiblement pressé, le patron du MoDem 34 n’a pas souhaité faire de commentaire supplémentaire pour l’instant.

L’interminable jeu de billard à bandes multiples qui retardait l’entrée du MoDem en campagne depuis un mois débouche donc sur une issue improbable: après avoir eu Marc Dufour comme candidat avec ses colistiers, puis Patrice Drevet dans l’optique d’une alliance MoDem/Alliance Écologique Indépendante, puis de nouveau Marc Dufour sans listes clairement établies, le MoDem n’a finalement plus de candidat du tout. Il n’y aura pas de nouveau renversement de situation, la préfecture acceptant les candidatures jusqu’à aujourd’hui dernier délai.

Depuis quelques jours, Bayrou est impuissant face à l’implosion de son parti dans plusieurs régions.

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Mis à jour le 15 février à 19h30

MoDem : Alerte orange en Languedoc Roussillon

Mais que se passe t-il au MoDem ? Entre tout puissant bureau national et préférences de cadres de province et de militants, le parti centriste ne sait plus où donner de la tête.

Pris dans le jeu de stratégies électorales, François Bayrou a de vives divisions à régler au sein de son parti en Languedoc Roussillon. Les critiques se multiplient en interne et les perspectives d’une alliance avec le candidat Patrice Drevet (Alliance Ecologie Indépendante) s’estompent durablement. En effet Marc Dufour, qui rassemble de nombreux soutiens, est entré en campagne et présente ses listes malgré les polémiques. N’en déplaise.

Des élus MoDem du département de l’Aude ont communiqué jeudi leur soutien «sans réserve» à M.Dufour et René Caunes pour le scrutin régional du mois prochain. Ils rappellent «le résultat sans contestation du scrutin démocratique» des élections primaires internes qui avait accordé une large victoire à M.Dufour face à P.Drevet. Décision entérinée par le conseil national du MoDem le 24 janvier. Affichés dans les lignes de l’Indépendant, ces élus tentent de réveiller «la valeur des convictions du parti et la fidélité dans l’engagement de chacun» dans «un appel solennel au respect de la démocratie et à l’unité du mouvement».

Un couple se distingue avec force dans les soutiens de M.Dufour. Vice président du MoDem dans l’Herault, Didier Denestebe exprimait sa position la semaine dernière à la rédaction «Je suis plutôt du côté de Marc Dufour, qui a été investi par les militants lors d’une primaire interne. Sa désignation a été reconnue nationalement. Et si vous allez sur le site du MoDem, c’est ce qui est écrit noir sur blanc.»

Pourtant depuis mercredi, d’après un article de Rue89, ni le nom de M.Dufour ni celui de la région ne sont inscrits sur le site du MoDem.

Malaise, les critiques de Florence Denestebe, son épouse et également vice-présidente du MoDem dans l’Hérault, se font plus définitives. «Adieu François … Je t’aimais bien tu sais !» signe t-elle dans une lettre ouverte au leader centriste sur le site de l’Hérault Tribune. Vive révolte de cette élue qui dénonce «un manque flagrant de contacts avec les bases militantes». Course à l’audience et castings people, F.Denestebe lui reproche l’imposition de nouvelles têtes dans la région pour pallier des résultats de sondages défavorables. En poésie, la désormais «ex vice-présidente du MoDem (34)» s’exprime directement à l’intéressé et déclare démissionner de «son» parti dont elle ne reconnait plus la mission.

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Certains réveillent pourtant de plus vives polémiques quant au caractère du personnage Dufour dans le paysage interne du parti centriste en Languedoc Roussillon. Un de ses anciens co-listier aux régionales de 2004 porte un regard pessimiste sur l’actuelle et apparente explosion du MoDem.

«Cette situation est consternante et risque fort de nous conduire, tous ensemble, droit dans le mur» avait amorcé François Van De Ville, secrétaire départemental du MoDem dans le Gard, dans un commentaire laissé sur un précédent article. Pas très enthousiaste à l’idée que M.Dufour prenne la tête de liste régionale, il évoque les «relations» qu’entretient ce dernier avec les différentes fédérations de la région et en particulier dans la sienne. Lui reprochant d’imposer «ses seuls amis proches tous membres d’un cercle restreint» à la place des membres candidats validés par le siège national. Aujourd’hui non candidat, il dénonce ce «tel déni de démocratie» et ne s’étonne pas d’un «échec annoncé aux responsabilités clairement définies».

Pourtant d’autres cadres de province appellent à l’apaisement et assurent que d’ultimes discussions sont toujours en cours. Ainsi sur le site du Mouvement Démocrate du Gard, Philippe BERTA
, son président départemental, rappelle deux points essentiels à l’actualité de la campagne du parti dans la région. «Pour le moment il n’y a aucune tête de liste officiellement investie dans le Languedoc Roussillon». Et de préciser «Nul n’est autorisé à s’adresser à qui que ce soit d’entre vous, et n’a reçu de mission le chargeant de constituer une liste tant que notre Mouvement n’aura pas désigné officiellement sa tête de liste régionale».

Tout du moins essayer, car le parti centriste ne semble plus retrouver un semblant d’équilibre. En effet au même moment à Nîmes, M.Dufour présentait jeudi après midi sa liste gardoise tiré par Eric Firoud, et devait annoncer le lendemain celle de l’Hérault. Présenté comme le chef de file régional, il continuait son tour de campagne alors même que les instances nationales discutaient encore. Mais ce vendredi aucune liste n’a été finalement présentée à Montpellier. Rendez-vous manqué car annulé au café de la place Jean Jaurés. Contacté illico par téléphone et quelque peu pressé, il n’en a pas dit davantage.

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Mis à jour le 14 février à 19h30

Georges Fandos : « Il faut éviter la concentration sur Montpellier »

Délégué régional du parti « écolo-centriste » Cap 21 en Languedoc-Roussillon, Georges Fandos a rejoint la liste d’Europe Écologie menée par Jean-Louis Roumégas pour les élections régionales. Revenant sur son parcours et les raisons de cette alliance, il se livre à Haut Courant.

Europe Écologie plutôt que le MoDem

Quel a été votre parcours ?

Je suis engagé dans la cause écologiste depuis des années. J’ai participé au comité de soutien du premier candidat écologiste aux présidentielles de 1974 : René Dumont, un ingénieur agronome comme moi. Après, j’ai participé à la création des Verts en Languedoc-Roussillon. Ensuite, j’ai participé au développement de Cap 21. J’ai soutenu Corinne Lepage en 2002 lorsqu’elle s’était présentée aux présidentielles et j’ai été candidat Cap 21 aux législatives. En 2004, j’ai composé une liste Cap 21 aux élections régionales où j’ai presque fait 5% des voix.

Pourquoi être passé des Verts à Cap 21 ?

A l’époque, les Verts s’étaient alliés à Georges Frêche. Or, je n’étais pas d’accord avec la politique d’urbanisme de ce dernier, entre autres. Maintenant, ils s’éloignent de Georges Frêche alors je m’en rapproche. Frêche est un bon baromètre de mes relations avec les Verts, ou avec le MoDem (sourire).

C’est pour cette raison que vous êtes revenu vers Europe Écologie dernièrement ?

Oui. A un certain moment Cap 21 s’est rapproché du MoDem lors d’un accord avec François Bayrou. Au niveau régional, cela ne se passe pas très bien, surtout depuis que Dufour a passé un accord avec Georges Frêche aux municipales. Alors, on a prit nos distances avec et on s’est rapproché d’Europe Écologie. Cela me paraissait plus cohérent. On a essayé  » d’écologiser  » le MoDem et cela n’a pas marché. Ils n’ont pas été sensibles à tout ce que l’on pouvait développer. En plus, M. Bayrou a un exercice du pouvoir qui est quand même très personnel. Cela ne nous a pas plu. Corinne Lepage s’est aussi mise en retrait.

Que pensez-vous du fait que François Bayrou ait voulu mettre un candidat comme Drevet en tête de liste MoDem ?

Il n’avait plus d’écologistes dans ses rangs : nous étions partis à Europe Écologie. Il avait besoin d’un label « écologie » et il a trouvé quelqu’un en la personne de Drevet. Mais, cela n’a pas marché : Drevet fait sa propre liste. Les militants du MoDem avaient élu Marc Dufour, et Bayrou a voulu imposer Drevet de manière autoritaire. Or, Drevet n’a rien voulu céder. Du coup, il n’a eu aucun accord avec lui.

Lorsque j’ai rencontré Drevet, il y a trois mois, je lui ai proposé de faire une liste commune entre tous les écologistes. Je n’ai jamais eu de réponse. Il a décidé de faire cavalier seul. C’est dommage. Sa stratégie est de se vendre au plus offrant. Ce n’est pas la bonne. Au second tour, Frêche lui fera toutes les promesses qu’il voudra. Mais, une fois élu, il fera ce qu’il voudra. En d’autres termes, il va se faire bananer. Ce n’est pas une stratégie pertinente au niveau de l’écologie politique.

Quel regard portez-vous sur la proposition faite par Daniel Cohn-Bendit d’une présidence tournante entre les socialistes et Europe Écologie ?

Cohn-Bendit dit toujours des choses surprenantes. Je pense qu’avec les socialistes, il peut y avoir un accord de second tour, mais pas au premier tour. Je vois mal Hélène Mandroux devenir du jour au lendemain écologiste. Cela ne serait pas très crédible. Je ne suis pas favorable à la proposition de ce cher Daniel.

Que pensez-vous de toute la polémique autour de Georges Frêche ?

Cela fait longtemps qu’il fait des déclarations fracassantes. Tout le monde semble découvrir le personnage, je trouve cela un peu cocasse. C’est de la péripétie. Il est très malin. S’il a fait ces déclarations c’est pour s’attirer les voix du Front National au second tour. Il mène à la fois une politique communautariste : il donne des subventions à la communauté juive notamment. En même temps, il fait des déclarations comme ça, déconcertantes. Il y a du calcul politique : c’est plus du machiavélisme politique que du racisme. Je connais le personnage.

Pourquoi sont-ils si nombreux à suivre Frêche ?

C’est la solution de facilité, pour avoir quelques places d’élus.

Pensez-vous que le fait que Cap21 se détache du MoDem sera une tendance générale dans l’avenir ?

Pour les élections régionales, dans plusieurs régions, Cap21 a passé des accords avec Europe Écologie : Haute Normandie, PACA, Ile-de-France, … Dès le départ, Corinne Lepage souhaitait que pour les régionales le MoDem travaille avec Europe Écologie. En particulier dans notre région car le MoDem a une attitude très ambigüe envers Georges Frêche et nous ne voulions en aucun cas le soutenir au second tour. Mais ce n’est pas le choix qui a été fait par le MoDem et il va finir par soutenir Frêche au second tour. Du coup, nous étions en porte-à-faux vis-à-vis de leur stratégie. Sur le plan régional, nous étions plus proches d’Europe Écologie et nous avons préféré nous allier avec. Avec l’accord des militants. Pour les autres régions, je connais mal la problématique mais c’est lié aux dysfonctionnements anti-démocratiques du MoDem.

Sur quelles bases communes vous entendez-vous avec Europe Écologie ?

Nous avons posé plusieurs conditions préalables avant de lier cette alliance. Notre première condition était de ne pas soutenir Frêche en tant que président de région. Ensuite, nous avons deux axes forts dans cette campagne. Le premier est l’aménagement équilibré et harmonieux du territoire : refuser de tout centraliser sur Montpellier. Le second est la gouvernance démocratique de la région. C’est sur ces bases que nous nous sommes rapprochés d’Europe Écologie. Après, nous avons négocié pour avoir des élus de Cap21.

Cette alliance préfigure-t-elle une future force écologiste unifiée en Languedoc-Roussillon ?

Cela dépend de ce que deviendra Europe-Écologie. En son sein, il y a différentes sensibilités, personnalités. Son avenir n’est pas encore trop fixé. Mais, je pense que l’on a intérêt à continuer à travailler avec Europe Écologie.

N’y-a-t-il pas une contradiction dans le fait qu’un parti comme Cap 21, de centre droit, s’allie avec un mouvement qui rassemble jusqu’à l’extrême gauche ?

Cap21 n’est pas tellement de centre-droit. En fait, Corinne Lepage a été appelée à être ministre de l’environnement par M. Juppé sur la base de critères techniques avant tout, sur ses compétences propres. Elle n’est pas rentrée dans le gouvernement Juppé en tant que soutien de sa politique générale. Par exemple, lorsqu’elle a fait la loi sur l’air, les oppositions venaient du groupe RPR. Elle s’est heurtée aux lobbies pétroliers, automobiles… Elle a donc beaucoup eu d’autonomie par rapport au gouvernement Juppé. Sa sensibilité est plutôt au centre. Nous avons essayé de créer un mouvement à la fois démocrate et écologiste avec le MoDem. Nous n’avons pas réussi à le faire. Aujourd’hui, nous nous retrouvons plus à l’aise au sein d’Europe Écologie où il y a des personnes proches de la mouvance de Nicolas Hulot : Jean-Paul Besset, Yannick Jadot… Tous ne sont pas proches de nous, mais globalement il y en a. Le programme que nous avons élaboré ensemble pour les régionales est assez proche de nos thèses.

Sortir du modèle de développement en tâches d’huile

Que reprochez-vous au bilan de Georges Frêche ?

Il a une vision de l’aménagement du territoire du siècle passé. Sa théorie : le développement en tâches d’huile. C’est-à-dire : je développe Montpellier et, en tâches d’huile, cela se développe dans la région. Ce n’est pas comme cela que ça marche. Il faut avoir une vision moderne : développer les villes moyennes de notre région pour essayer de dynamiser tous les départements, tout en conservant une capitale régionale avec des fonctions culturelles, administratives et politiques. Il faut notamment renforcer le pôle universitaire montpelliérain et le mettre au service de la région, et non au service d’une mégalopole régionale.

Nous sommes proches de la conception d’aménagement du territoire que l’on peut voir en Italie du Nord ou en Allemagne où chaque ville moyenne a ses propres industries… C’est une vision d’un aménagement équilibré. Nous ne voulons pas que se reproduisent les erreurs de la région parisienne : une mégalopole qui génère des contre-productivités en termes d’embouteillages – que l’on vit déjà à Montpellier et qui s’aggraveront si l’expansion de Montpellier continue comme prévu ; car M. Frêche veut construire jusqu’à la mer -, en terme de santé – dans les grandes mégalopoles, il y a notamment des problèmes de qualité de l’air -, en terme de perte de temps dans les transports, en termes de coûts des services – la gestion des déchets, la gestion de l’eau coûte plus cher dans les grandes villes -. Il n’y a pas d’économie d’échelle, il y a des  » déséconomies  » d’échelle. Par exemple, c’est ce qui explique que la RATP soit déficitaire. Alors, c’est l’Etat français qui compense les déficits de la RATP.

Quels sont les différents besoins selon les départements ?

Il faut assurer à l’ensemble du territoire régional des services publics. Qu’ils soient présents et attractifs dans toutes les villes moyennes : Perpignan, Béziers, Bédarieux, Ganges, Sète… Nous voulons une politique d’aménagement du territoire très volontariste pour rendre attractive toutes les villes de la région. Il faut développer les savoirs-faire de la région qui sont aujourd’hui négligés. A Alès, la métallurgie par exemple. Au niveau de l’habitat, il faut développer l’isolation, la sobriété énergétique. C’est-à-dire, plutôt que de produire l’électricité, il faut l’économiser et ne pas la gaspiller. C’est faisable en isolant les maisons par exemple.

Est-il compatible de développer l’économie tout en protégeant l’environnement ?

C’est le défi de demain. Nous sommes pour l’éco-économie. La protection de l’environnement et l’écologie peuvent être un vecteur de création d’emplois important. On le voit avec les énergies renouvelables : le photovoltaïque, l’éolien… Alors pourquoi ne pas développer le photovoltaïque dans notre région ?

Changer pour ne pas sombrer

Pensez-vous qu’il y a encore la place pour un parti écologique alors que les valeurs écologiques sont reprises par tous les partis ?

Nous avons gagné une bataille culturelle : les questions écologiques sont au centre des préoccupations aujourd’hui. Par contre, ces préoccupations ne sont pas encore entrées dans les politiques concrètes. C’est tout le problème. Tout le monde fait du développement durable dans les discours mais pas dans l’action. Par exemple, en matière de transport : ce qui est envisagé par toutes les classes politiques, c’est le doublement de l’A9. Il serait mieux de mettre les camions sur les trains pour que le trafic fret se passe plutôt sur les rails que sur la route. On est encore dans des logiques traditionnelles : pour dégager l’A9, on est obligé de la doubler. On a donc progressé sur le plan des idées, de la prise de conscience mais, concrètement, dans les politiques sectorielles tout reste à faire. Je suis pour des changements structurels lourds. Il faut notamment préparer la transition vers une économie sans pétrole, tournée vers la chimie alternative verte, à partir de la biomasse, à partir d’autre chose en somme. Il faut y réfléchir très vite parce que si l’on fait rien les ressources pétrolières vont s’épuiser et on aura aucune alternative.

De tels changements ne seraient-ils pas très coûteux? Les objectifs d’Europe Écologie sont-ils chiffrés ?

Si l’on ne fait rien, le réchauffement climatique va coûter très cher. C’est ce que nous dit le rapport Stern commandé par le gouvernement anglais [ndlr. ce rapport est un compte rendu publié en 2006 sur l’effet du changement climatique et du réchauffement global sur la planète rédigé par l’économiste Nicholas Stern. Ses principales conclusions sont qu’un pour cent du PIB investi maintenant suffirait à fortement atténuer les effets du changement climatique et qu’autrement ce serait risquer une récession jusqu’à vingt pour cent du PIB mondial].

Synthèse du Rapport Stern

Je prône une transition qui sera moins coûteuse au niveau macro-économique, que si l’on continue les tendances politiques actuelles. Ne rien faire amènera des situations de crises auxquelles il faudra s’adapter, et c’est cela qui coûtera cher. De nombreuses personnes ont travaillé sur cela. L’association Negawatt, par exemple [ndlr. située à Mèze], a bâti un scénario pour un système énergétique viable, basé sur la sobriété des économies d’énergie.

Scenario Negawatt

Tout n’a pas été chiffré. Il est difficile de tout anticiper.

Cela va-t-il forcément de pair avec une augmentation des impôts ?

Par forcément. C’est une question d’allocations des ressources. Aujourd’hui, d’énormes gaspillages sont faits. Quand vous passez une heure dans les embouteillages, cela coûte cher en termes de dépenses énergétiques. Si l’on fait en sorte que les gens travaillent plus près d’où ils vivent, cela générera des économies que l’on pourra allouer à des investissements comme ceux que je viens de développer. C’est une question de transition.

Avez-vous des régions ou pays modèles ?

Des choses intéressantes ont été faites ailleurs. Dans le Sud-est asiatique, aux Philippines, par exemple. Ce sont des pays qui ont relativement réussi à se protéger de la mondialisation financière et qui ont essayé de conserver leurs capitaux pour les réinvestir. Le fait de ne pas ultra-libéraliser s’est traduit une sortie de crise plus aisée. L’exemple de la Corée du Sud est aussi intéressant. Elle a pu développer son industrie en réinvestissant ses capitaux et en ayant une stratégie industrielle claire : plutôt que de vendre ses entreprises à l’étranger, elle a auto-construit ses pôles industriels, et cela a permis de générer un cycle économique vertueux, donc du pouvoir d’achat. Le miracle coréen a été basé là-dessus. A contrario, d’autres pays ont joué la mondialisation à fond comme l’Argentine et ont fait faillite.

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MoDem : Marc Dufour présente sa propre liste

Vendredi 5 février au local du MoDem, 28 rue Henri René à Montpellier, les militants se sont retrouvés comme chaque semaine. La nouvelle est tombée hier soir : Marc Dufour présentera une liste MoDem pour la campagne des régionales en Languedoc Roussillon et la déposera mardi si rien ne bouge d’ici là. Passage à l’acte.

La nouvelle a été annoncée hier soir au local du MoDem par Michel Aslanian, conseiller municipal de Montpellier et Vice-président de la Communauté d’Agglomération, et Frédéric Tsitsonis, adjoint au maire de la ville de Montpellier. «On part. On monte une liste MoDem. Le rendez-vous est pris pour mardi (ndlr. 9 février) à la préfecture pour le dépôt des listes» informe M. Aslanian.

Patrice Drevet (Alliance Écologiste Indépendante) et Marc Dufour (MoDem) devaient se rencontrer ce vendredi pour tenter de trouver un accord, après plusieurs jours d’incertitude.
«Pour faire alliance, il faut être avec des gens qui ont envie de discuter. Nous, on ne va pas attendre» précise M. Aslanian.

Hier soir, Frédéric Tsitsonis a rappelé aussi l’importance du respect du vote interne des militants lors des primaires, majoritairement pro-Dufour, et raconte : «Aujourd’hui, on n’a plus à réfléchir, il faut y aller. Sinon, cela ne serait pas normal pour les militants et ce serait vécu comme injuste.»

François Bayrou avait proposé à P. Drevet de conduire la liste Alliance Écologiste Indépendante début janvier, après les résultats d »un sondage paru dans Midi Libre peu favorables pour le MoDem. Aujourd’hui ses choix stratégiques vont à l’encontre de la volonté des adhérents en Languedoc-Roussillon.

D’ici le 9 février toute négociation et toute manœuvre restent encore possibles. Le destin du MoDem local à l’issue de ce scrutin dans la région en dépendra, sa portée et son poids électoral tout autant.

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Papy fait de la résistance

« Les Françaises et les Français ont majoritairement apporté leurs suffrages sur les candidats de gauche et sur les élu-es et candidat-es communistes qui font de notre Parti la troisième force politique de notre pays ». Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, peut se réjouir de ce 9 mars 2008. Le principal apprentissage de ce premier tour des municipales ne réside pas dans la défaite attendue de la droite ni dans la victoire, moins large qu’espérée, du PS mais dans les bons scores du parti communiste.

Le PCF jouait sa survie dans ce scrutin. Au lendemain du premier tour, il est toujours présent et bien vivant. Troisième formation politique du pays, le parti communiste devance le Modem, sensé être le grand arbitre du scrutin, et démontre une fois de plus l’importance de son assise locale. Des bastions perdus en 2001 sont reconquis (Dieppe par exemple), d’autres, lorgnés par le PS, ont été ou sont en passe d’être conservés.
La secrétaire nationale du PCF s’exprime le soir du premier tour
Ces résultats posent une question fondamentale à la gauche française et notamment au parti socialiste. De quel côté doit il tourner son regard ? Vers le centre et le Modem comme l’a fait Ségolène Royal, réitérant ses appels du pied à François Bayrou ? Ou vers un PCF revigoré par une audience sensiblement accrue par rapport aux scrutins de 2007 ?

La stratégie socialiste était pourtant simple : en finir avec l’assistanat de leur voisin de gauche, en finir avec ce qui leur paraissait être de l’acharnement thérapeutique. Ainsi de nombreuses listes dissidentes PS entraient en concurrence avec des listes PCF dès le premier tour dans 7 des 13 municipalités de Seine Saint Denis, historique « banlieue rouge ». La Courneuve et Bagnolet, villes symboliques tant l’assise et la tradition « rouge » y sont fortes, ont confirmé la résistance communiste. La bataille sera rude pour la présidence du département de Seine-Saint-Denis, communiste depuis sa création en 1967, qu’entend ravir le socialiste Claude Bartolone. Les citoyens ont préféré faire confiance aux équipes communistes sortantes qu’aux nouveaux venus socialistes. Un aveu de confiance et de fidélité au PCF autant qu’un avertissement à un PS « embourgeoisé » (Laurent Joffrin) qui réussit ses meilleurs scores grâce à l’électorat « bobo » des centres-villes.
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Mais la résistance est nationale. A Vénissieux, à Martigues, à Arles, à Vierzon ou à Dieppe …, les équipes communistes sont élues dès le 1er tour ou en ballottage très favorable en vue du second. Fort d’une légitimité démocratique retrouvée, le PCF met en garde le PS : « les alliances avec le Modem sont contre-nature » explique un dirigeant du parti.
Pendant que l’UMP et le PS vont se battre les faveurs de François Bayrou, le « vieillissant » parti communiste français résiste et entend bien démontrer que la gauche française doit encore compter sur lui. Un argument de poids en cas de fondation, à l’italienne, d’un nouveau parti à gauche auquel les communistes pourraient participer.