Karabatic et les paris truqués, des révélations accablantes pour le joueur

A la veille de son audition devant un juge d’instruction montpelliérain, de nouveaux rebondissements dans l’affaire des soupçons de paris de matchs truqués mettent à mal la défense de Nikola Karabatic.

Trahi par son ordinateur et son téléphone portable.

Alors qu’il avait nié s’intéresser au match Cesson-Montpellier du 12 Mai 2012 qui fait l’objet de suspicion de paris truqués, le téléphone portable du joueur de handball semble prouver le contraire. Selon des récentes révélations du quotidien Midi Libre, le juge d’instruction a pris connaissance d’éléments troublants : la veille du match au soir, l’application « Parions Sport ! » qui permet de miser ou de consulter les cotes des paris sur le site de la Française des Jeux, était téléchargée sur l’iPhone de Nikola Karabatic. Le lendemain c’est-à-dire le jour du match, le même iPhone se connecte sur le site « Parions Sports » et consulte la cote du fameux pari sur le score à la mi-temps du match au coeur de l’affaire. Si aucun pari en ligne n’a été effectué à partir dudit téléphone, trois captures d’écrans découvertes dans l’ordinateur portable du joueur prouvent que ces connexions au site internet de la FDJ ont bien eu lieu.

Le rôle de sa compagne au coeur de l’affaire.

Reste la question du détenteur de l’iPhone au moment des connexions suspicieuses. S’il est avéré que c’est le joueur lui-même qui est l’auteur de celles-ci, sa ligne de défense serait plus difficile à tenir. En effet, Nikola n’a eu de cesse de nier depuis le début de l’affaire avoir jamais parié contre sa propre équipe. En revanche, sa compagne Géraldine Pillet, ainsi que le couple formé par son frère Luka Karabatic et Jennifer Priez ont avoué avoir succombé à la tentation des paris frauduleux. Puisque Géraldine a reconnu avoir parié 1500 euros de son initiative personnelle, elle pourrait aussi avoir été en possession du téléphone personnel de Nikola Karabatic, ce qui justifierait les connexions au site internet de pari sportif et disculperait le joueur de tout soupçon. Souvent désigné comme la tête pensante de l’opération, le trio a été entendu au tribunal de Montpellier le 24 Janvier dernier, mais aucune déclaration n’a laissé filtrer de nouvelles informations quant à l’avancée de l’affaire.

Les paris frauduleux ont-ils été financés par la « caisse du vestiaire » du MAHB ?

C’est la question que se pose désormais les enquêtes de la SRPJ de Montpellier ainsi que les policiers de l’Office central des Courses et des jeux. La « caisse du vestiaire » est une sorte de pot commun entre les joueurs et les membres du staff que l’on retrouve dans des nombreuses équipes de sport tout niveaux confondus. Selon les gains récoltés, elle sert en général à financer des courts séjours de vacances aux joueurs ainsi que leurs épouses. Or l’année dernière, la gestion de celle de l’équipe du MAHB était confié à… Luka Karabatic. Avec l’arrivée des jeux olympiques, aucun départ n’avait été prévu et c’est ce dernier qui a conservé le montant qu’elle contenait, soit une somme approximative de 6000 euros. Pour les enquêteurs se pose la question de savoir si c’est cette cagnotte qui a permis de financer une partie des paris frauduleux, et si tel devait être le cas, si la décision prise faisait suite à une initiative personnelle de Luka Karabatic ou relevait d’une décision collective de l’équipe montpelliéraine.

Affaire des paris truqués : les amateurs agacés

Tout ça pour ça ! Après un entretien avec Nikola Karabatic, mardi, Rémy Lévy, président du MAHB, décidait la réintégration du handballeur dans l’équipe montpelliéraine. Retour sur cette affaire dans les coulisses du handball amateur.

Depuis le 30 septembre (date de l’interpellation des neuf joueurs mis en cause), le handball français vit au rythme des rebondissements de l’affaire des paris truqués. Même les deux titres olympiques des « experts » n’ont pas à ce point défrayé la chronique. Dans le microcosme du handball amateur montpelliérain, l’heure est plutôt à l’agacement face à cette déferlante médiatique.  

Pour Céline Allègre présidente du MUC (Montpellier Université Club), l’affaire dérange surtout le MAHB [[Montpellier agglomération handball club]] et la mairie. Le handball est avant tout un sport collectif, « c’est une équipe qui est championne, pas des stars individuellement. » déclare David Droit, entraîneur au MUC. C’est d’ailleurs là que le bat blesse : « Le point négatif dans cette histoire c’est l’idée qu’ils aient fait ça dans leur coin, qu’ils aient lâché l’équipe. Certains joueurs comme Guigou attendent d’ailleurs des explications » ajoute l’entraîneur.

Le MUC (Montpellier Université Club)

Mais c’est surtout la médiatisation de l’affaire qui est mise en cause par ces amateurs. Céline Allègre souligne que si l’affaire n’avait pas eu un tel écho, le MAHB se serait probablement contenté d’une suspension [[on apprenait mardi 30 octobre que Luka Karabatic était convoqué à un entretien préalable de sanction disciplinaire]]. Pour David Droit, les joueurs ont été jetés en pâture. « Les médias n’ont pas fait la part des choses, les chaînes infos sont restés bloquées en continu sur l’affaire toute la soirée du 30 septembre alors que les règlements de compte en Corse sont moins médiatisés. »

David Droit ajoute que si l’histoire fait parler, elle ne suscite pas de réaction négative chez les jeunes handballeurs. Fanny Thibault, capitaine de l’équipe féminine du MUC, regrette surtout de ne plus voir les joueurs inculpés sur un terrain.

Si les conséquences pour le MAHB sont importantes (retrait du sponsor Brother, fréquentation de l’Arena en berne, organisation de la formation des jeunes etc.), le monde du handball amateur montpelliérain a encore de beaux jours devant lui. Depuis la victoire des handballeurs français aux jeux olympiques de Londres cet été, Céline Allègre a constaté une augmentation de 20% du nombre de licenciés.

L’affaire n’a pas fait bouger le monde du handball amateur d’un iota. La ferveur autour du sport reste la même.

Un MAHB en demi-teinte

Le cœur y était, l’envie aussi mais la précision et la percussion ont manqué aux Montpelliérains dans le match de ligue des champions qui les opposait à une équipe de Hambourg solidaire et bien organisée, dimanche, à l’Arena. Le score final, 29 à 33 en faveur des Allemands, fait figure de sanction douce à l’égard des handballeurs du MAHB, tant leur jeu fut inégal. L’espoir de voir la jeune équipe héraultaise jouer les huitièmes de finale s’est grandement amenuisé.

Pourtant c’est bien Montpellier, privé des cinq suspects de l’affaire des paris truqués, qui a ouvert la marque et qui a fait les premiers efforts, creusant un court écart avant d’être rejoint – puis dépassé, à la 5ème minute. Dès lors, les hommes de Patrice Canayer devraient courir après le score, plus ou moins vaillamment et avec plus ou moins de réussite.

Au premier temps mort, après une dizaine de minutes et deux tirs sur les montants, le MAHB était mené de 4 points, 5 à 9. L’addition se fit plus lourde les minutes suivantes et les Allemands, appuyés sur un solide Dan Beutler dans les cages, prirent rapidement de l’avance et enchaînèrent les réalisations. Après un quart d’heure, le score était de 5 à 12. Il fallut attendre l’entrée de Michaël Guigou, à la 19ème minute, pour que les Montpelliérains retrouvent leur efficacité. L’ailier gauche, converti à l’occasion en demi-centre, marqua à deux reprises, réveillant son équipe et poussant ses jeunes joueurs à l’assaut de la forteresse hambourgeoise. Avec succès : à la pause l’écart était seulement de 2 points (14-16) et tout semblait encore possible.

L’espoir fut de courte durée. Amputés de William Accambray, sorti pour 2 minutes à la fin de la première mi-temps, les Héraultais durent se passer de Michaël Guigou sanctionné lui aussi d’une exclusion temporaire à la suite d’un mauvais geste défensif. Et si le gardien Montpelliérain, Rémy Desbonnet, se paya le luxe de marquer contre son vis-à-vis, la sanction ne se fit pas attendre. À la 40ème minute, l’écart était à nouveau de 5 points, ce qui permit à l’équipe allemande de dérouler son jeu, profitant même de quelques pertes de balle. Les joueurs du MAHB, acculés en défense, manquèrent de pénétration en attaque malgré une volonté flagrante. À 8 minutes de la fin, l’écart était de 7 points. Le sursaut d’orgueil final ne suffit pas malgré les coups de butoir de Mathieu Grebille et la rencontre prit fin sur un score logique de 29 à 33.

Le MAHB, défait le 7 octobre dernier par les Espagnol de Leon à la suite d’un match aux nombreux rebondissements avait fait match nul contre Flensburg lors de la première journée. Avec 1 point, ils sont sixièmes et bons derniers de leur groupe. Seuls les quatre premiers recevront leur ticket pour les huitièmes de finale.

A l’Arena, le handball devient show

Mercredi 14 décembre à la Park&Suites Arena. Ce soir, la récente salle omnisport montpelliéraine accueille le derby de handball entre le Montpellier Agglomération Handball (MAHB) et le club de Nîmes. Retour sur une soirée riche en spectacle.

Une salle moderne

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20h, devant l’Arena. Le bâtiment massif et moderne impressionne. Le toit qui couvre une immense baie vitrée est illuminé d’un bleu saphir. Une fois le portique de sécurité franchi, les gens pénètrent dans l’enceinte. A l’intérieur, l’architecture est également sublime. Mais le chaland est d’abord attiré par les lumières et odeurs des nombreux stands. Le vaste hall d’entrée propose tout ce que la société de consommation peut imaginer. Qui dit spectacle dit marketing. Après avoir payé sa place à partir de 9€ ou pris un pack de deux matchs à 12€, le consommateur de sport est fortement invité à se restaurer ou acheter un produit dérivé de son équipe favorite. Une fois le devoir de consommation accompli, il est temps de pénétrer dans l’arène.

Un show à l’américaine

20h45, dans les gradins. Les presque 9000 spectateurs présents tout autour du terrain assistent à un véritable show à l’américaine. Suspendu au plafond, un dirigeable survole la salle près de l’écran géant. Au sol, un alignement de jeunes handballeurs montpelliérains quadrillent le parquet. La lumière s’éteint, le speaker annonce les arbitres du match. Ces derniers se retrouvent sous les feux des projecteurs, accueillis au centre du terrain comme de véritables rock stars. Vient ensuite le tour des joueurs nîmois avant les montpelliérains. Un par un, les hommes de Patrice Canayer apparaissent sur fond d’une musique entrainante. Leur nom est scandé par la foule tandis que des flammes s’élèvent sur le terrain. A l’applaudimètre, il n’y a pas de match, Nikolas Karabatic est ovationné. Pour un spectacle total, il faut des stars. Le tout juste élu « champions des champions » par le journal l’Equipe en est une toute trouvée. Tous les yeux sont rivés sur lui, « Karabatic c’est le meilleur » résume un enfant en tribune. Cette entrée spectaculaire des joueurs peut paraître exagérée pour une rencontre de championnat qui oppose le leader à l’avant-dernier. « Mais c’est bon pour le hand » rétorque Christelle, la compagne d’un joueur, présente parmi les spectateurs.

21h début du match. Le show se poursuit. Les joueurs locaux sont encouragés par une fanfare dans la tribune allouée à leurs supporters. Les yeux rivés sur eux, un speaker chauffe la salle au micro et réclame une ola à chaque temps mort. Outre les « Montpellier, Montpellier » et autres trompettes des supporters, la rencontre est rythmée par diverses musiques émises par la sono de la salle. Ainsi, un célèbre morceau, extrait de Star Wars, résonne lorsque les joueurs du MAHB tirent leurs penaltys.

22h30, coup de sifflet final. Sur le terrain aussi le spectacle a tenu toutes ses promesses avec un suspense haletant jusqu’au bout. Le MAHB s’impose sur le fil grâce à un but à 10s de la fin. Le Rideau se ferme sur le parquet. Seuls les plus privilégiés pourront poursuivre la fête dans les loges VIP de l’Arena…

Troisième mi-temps dans les coulisses des loges V.I.P.

photo_coulisses.jpg 23h, devant les portes des loges VIP. Les vigiles veillent, il faut montrer patte blanche pour entrer. Une fois à l’intérieur le spectacle est alléchant. Plusieurs tables sont garnies de charcuteries, fromages et autres victuailles. Tenue de soirée et sourire aux lèvres, de charmantes hôtesses reçoivent les invités, journal l’Equipe à la main. En Une du quotidien : Nikola Karabatic. Champion des champions, le handballeur est la fierté de Montpellier.

Une centaine de personnes se rassemblent sous un éclairage teinté de jaune et de violet. L’ambiance est feutrée. Sur l’estrade, le Président de l’Agglomération de Montpellier Jean-Pierre Moure ne cache pas sa satisfaction: « Le titre de Nikola fait honneur au sport de l’agglomération de Montpellier. Nous sommes la première agglomération de France sur le plan sportif. Je suis convaincu qu’on ira plus loin ». A ses côtés, l’ancien handballeur Joël Abati et actuel conseiller régional savoure : « Aujourd’hui, à travers ce titre qu’a reçu Nikola, c’est enfin la reconnaissance du handball ».

René Girard, entraîneur de l’équipe de football de Montpellier, est présent. Venu pour soutenir son homologue et ami nîmois Patrice Canayer, il ne tarit pas d’éloges pour Nikola Karabatic : « Il mérite amplement cette distinction. C’est un joueur formidable et un homme exceptionnel ». Les retrouvailles entre les deux entraîneurs se font sourire aux lèvres. « C’est quelqu’un que j’apprécie énormément, on se connait depuis longtemps » assure le coach des handballeurs montpelliérains, avant de conclure. « On échange beaucoup mais pas sous forme de conseils ».

Photo0173.jpgLa soirée poursuit son cours, et voit l’arrivée au compte-goutte des joueurs. Ceux-ci retrouvent leurs compagnes et amis, puis s’éclipsent discrètement. Deux heures après minuit, les derniers verres de vins sont versés. Tandis que les personnes encore présentes finissent de quitter les lieux, les petites mains s’affairent pour débarrasser le surplus de nourriture.

Patrice Canayer à propos de René Girard : « C’est quelqu’un que j’apprécie énormément »

Mercredi 14 décembre, le Montpellier Agglomération handball s’impose 34-33 face à Nîmes. Les derbys sont souvent chauds, ce soir c’est bouillant ! Dans une Arena surchauffée, le MAHB s’impose, grâce à un but à 10 s de la fin, au terme d’un match tendu.

Au milieu des spectateurs, une fois n’est pas coutume, René Girard est en tribune. L’entraineur du Montpellier Héraut Sport Club, actuel leader de la ligue 1, est venu avant tout par amitié, encourager son collègue de profession, Patrice Canayer. Leur deuxième point commun est la ville de Nîmes, club de cœur du premier et ville native du second. Sur fond du derby, leur présence conjointe est une occasion de faire le lien entre les deux sports phares de l’Agglo.

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René Girard : « les sports en salle c’est quand même autre chose »

Tranquillement assis aux côtés du Président de l’Agglomération de Montpellier, Jean-Pierre Moure, René Girard accepte volontiers de se confier à la mi-temps.

Hautcourant : Vous intéressez-vous beaucoup au handball ?

René Girard : Oui, je trouve qu’il y a énormément de similitudes avec le football. Tactiquement, beaucoup de choses se ressemblent et j’ai un pote nîmois (Ndlr : Patrice Canayer) qui entraine aussi donc ça m’attire encore un peu plus.

Qu’est-ce que vous pensez de l’ambiance qui règne au sein de l’Arena comparée à la Mosson?

R-G : Je disais au président (Ndlr : Jean-Pierre Moure) que les sports en salle c’est quand même autre chose. Il y a toujours du monde, il y a une caisse de résonance qui est tout autre. C’est convivial, j’aime beaucoup l’ambiance.

Etes-vous jaloux de l’Arena ?

R-G : Jaloux, non, parce que pour y jouer un match de football c’est difficile. Mais c’est bien dans l’ère moderne d’avoir des installations comme ça. Quand on a une équipe telle que Montpellier au handball, au niveau national et européen, on mérite bien une belle salle.

Cette réussite vous donne envie d’avoir un nouveau stade ?

R-G : Je crois que la Mosson est un lieu chaleureux et très intéressant mais peut-être que quelques améliorations et rajeunissements ne seraient pas de trop.

Donc vous êtes d’accord avec votre président Louis Nicollin qui pense que des aménagements pourraient suffire ?

R-G : J’aime bien les endroits chauds, j’aime bien tout ce qui est chaud. Vous savez j’étais nîmois avant d’être montpelliérain, on avait un stade qui s’appelait le stade Jean Bouin et on en a fait un beau à côté et beaucoup de choses sont parties. J’aime bien les choses qui sont enracinées.

Visez-vous la ligue des champions ?

R-G : Patrice oui mais pas moi… (Rires)

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Patrice Canayer : « Pas de rivalités entre les sports à Montpellier »

Au terme d’un match rude, les deux hommes se retrouvent dans les loges VIP. Ils s’entretiennent chaleureusement. La pression est retombée, Patrice Canayer se livre à son tour :

Hautcourant : Comment avez-vous vécu ce match fou à l’arbitrage contesté ?

Patrice Canayer : C’était un match difficile, un vrai derby très engagé. Je suis très heureux de l’avoir gagné. Je n’aime pas commenter l’arbitrage. Il y a juste une action très litigieuse pour moi à la fin qui m’a agacée parce que les arbitres n’ont pas vu une situation de jeu très problématique alors qu’elle n’était pas très compliquée à voir puisque c’était le positionnement d’un joueur. Pour le reste, je n’aime pas faire de commentaires, ce n’était pas un match facile à arbitrer.

Lors de votre entretien avec René Girard, lequel a donné des conseils à l’autre ?

P. C. : Aucun, nous nous connaissons suffisamment. C’est quelqu’un que j’apprécie énormément, on se connait depuis longtemps. On échange beaucoup mais pas sous forme de conseils.

Existe-t-il une rivalité avec le football à Montpellier ?

P.C. : Pas de rivalités entre les sports à Montpellier, on se bat pour des titres de champion de France alors on ne va pas avoir des rivalités locales, on en est pas là…

Le MAHB joue « gros »

Ce dimanche 4 décembre à 17h15, le Montpellier Agglomération Handball (MAHB) affronte l’ogre allemand du THW Kiel, plus gros budget d’Europe, en phase de poules de la Ligue des champions. Cette rencontre se déroulera dans une Arena surchauffée, annoncée à guichets fermés depuis plusieurs semaines déjà.

Après leur exploit du match aller dans l’antre allemande (victoire 24 à 23), les hommes de Patrice Canayer vont tenter de rééditer cette performance devant leur public.

Rémi Salou : « des guerriers, le couteau entre les dents »

remi-salou-le-pivot-de-montpellier.jpgMalgré un très bon début de saison en championnat avec un sans-faute – onze victoires en autant de matchs -, le MAHB reste sur deux défaites consécutives en compétition européenne. On pourrait penser que le moral des troupes n’est pas au mieux. « Il n’y a pas de crise» assure Rémi Salou, faisant référence aux derniers bons résultats en championnat comme la victoire par sept buts d’écart mercredi dernier à Créteil. Les joueurs restent donc confiants . Le pivot montpelliérain dément un éventuel excès de confiance préférant évoquer simplement « un coup de fatigue ». Le groupe semble plus que jamais motivé et mobilisé : « on aborde ce match comme des guerriers, le couteau entre les dents ». En point presse, l’entraineur emblématique du club, Patrice Canayer, espère lui « une victoire significative ».

Comme chaque année, Montpellier se veut très ambitieux : « notre objectif est simplement de tout gagner, on joue toutes les compétions à fond » précise le jeune espoir Rémi Salou. Mais avant d’envisager une victoire finale, il faut d’abord assurer la qualification. Après leurs défaites à Copenhague et chez les hongrois de Pick Szeged, les montpelliérains sont actuellement quatrième avec six points dans leur poule de six équipes. Kiel est troisième avec une longueur d’avance tandis que Pick Szeged n’est qu’à deux points derrière. La lutte en vue des quatre places qualificatives s’annonce donc serrée. Le vainqueur fera un très grand pas vers les huitièmes de finale.

L’enjeu sera de taille dans ce match crucial qu’Haut Courant ne manquera pas de suivre pour vous. Rendez-vous dimanche soir…

Les hommes de Canayer sont de retour !

A moins d’une semaine de la reprise officielle de la compétition, l’équipe du MAHB est de retour ! Ce mardi 31 août, Hautcourant a assisté à la présentation officielle du cru 2010 au palais des sports René Bougnol. L’occasion de revoir les anciens et les nouveaux venus, de découvrir le maillot officiel 2010/2011 et d’assister à un entraînement commenté en direct par Patrice Canayer.

C’est la rentrée des classes pour les champions. Après une année bien chargée et lourde de médailles, ils ont profité de quelques vacances méritées. Mais il faut bien retourner sur les bancs de l’école… Ce mardi, c’est une foule impressionnante qui est venue les voir et le show valait la (petite) attente : des joueurs en forme étaient au rendez-vous…. Même si tous n’étaient pas toujours concentrés et retrouvaient les copains avec facétie et large sourire ! N’est-ce-pas Niko ?

Hautcourant vous fait revivre en images les retrouvailles du MAHB avec son public montpelliérain ! Ci-dessous les présentations officielles.

Sous les applaudissements du public, les joueurs prennent la pose pour la photographie officielle de l’année.

Et c’est parti pour le premier entrainement de l’année ! L’occasion est donnée pour se faire un petit match.

Quelques étirements avant….

…. la séance de dédicaces pour un public nombreux !

Petit portrait du capitaine, Nikola Karabatic, pour finir ce reportage photographique.

Rendez-vous mercredi 8 septembre pour le premier match de la saison contre l’Olympique Club de Cesson à 20h30 !

Photographies © Julie Derache

Laurent Puigségur : « On est bien plus maître de son destin en sport qu’en politique »

Les sportifs de haut-niveau sont de plus en plus nombreux à s’engager en politique. Au niveau national comme local. Hautcourant est allé à la rencontre de Laurent Puigségur et Joël Abati, deux itinéraires croisés. Similaires mais différents. Portraits croisés de deux anciens partenaires de jeu. De capitaine à maire-adjoint, premier volet avec Laurent Puigségur.

Le handball, la passion du jeu

Il est des joueurs d’exception et des hommes de cœur, Laurent Puigségur est de ceux-là. A la fois talentueux et incontournable. Capitaine emblématique du Montpellier Handball, actuel MAHB, celui qui était surnommé Peggy a contribué aux premiers succès et à la réussite d’un club devenu meilleur club français et l’un des meilleurs européens. Arrivé dans l’Hérault en 1990, juste après un premier titre de champion de France gagné avec Nîmes, le pivot en gagnera neuf autres avec le MHB. Mais son palmarès ne s’arrête pas là : 6 fois vainqueur de la Coupe de France, 3 fois de la Coupe de la Ligue, vainqueur de la Ligue des Champions en 2003 et Champion du monde en 2001. C’est en 2006, que Peggy décide d’arrêter sa carrière de joueur professionnel. Mais, encore et toujours passionné par le handball, il est aujourd’hui entraîneur de l’USAM Nîmes/Gard en 1ere Division, une activité « très prenante ».

Avec un père professeur de gym, Laurent est, comme nombre de ses comparses, tombé dans la marmite du sport tout petit : « le handball était la cerise sur le gâteau ». S’essayant à de nombreux sports, il a rencontré l’entraîneur qui a fait la différence. Une femme. Celle qui « m’a fait rester dans cette discipline ». De doué pour le handball, il est devenu passionné. Et s’il est heureux de faire partie de la génération qui a popularisé ce sport, il dénonce un manque de considération pour la discipline handballistique : « il faut que tous nos exploits servent, qu’ils fassent évoluer les mentalités. Surtout les mentalités télévisuelles, pour que l’on considère le handball comme un sport phare en France. En plus, c’est un sport télégénique, rapide, avec un public familial, jeune. Il faut qu’il sorte de l’anonymat ». Et de rajouter : « les Experts viennent de faire quelque chose d’historique et d’extraordinaire. Il faut que cela serve ».

La politique, une opportunité

Laurent Puigségur vit à Jacou depuis une dizaine d’années. Alors, quand l’édile de la commune, Jean-Marcel Castet, lui demande de se joindre à lui pour les municipales en 2008, il saisit l’opportunité qui s’offre à lui. Il devient maire-adjoint et délégué à la communication. On pourrait se demander pourquoi Laurent a été élu à la communication et non au sport : « je suis du matin au soir dans le monde du sport, j’avais envie de voir autre chose. De plus, j’ai fait des études dans ce créneau ». En effet, après avoir stoppé sa carrière en 2006, Laurent Puigségur avait alors repris des études qui ont abouti à l’obtention du Dedpad (Diplôme d’état de directeur de projet d’animation et de développement). Il consacre actuellement environ une demi-journée par semaine à la mairie de Jacou. Ses tâches sont diverses : rédacteur-en-chef de l’Echo de la Mayre et du Mois à Jacou, journaux municipaux, chargé de la communication autour des manifestations culturelles, ou encore chargé de la finalisation du nouveau site internet de la mairie. Un petit niveau d’engagement politique municipal qui lui convient : « je n’ai pas d’autres ambitions politiques, ni de velléités à briguer des postes plus importants. Ce que je fais me plaît, c’est très intéressant. Mais, je ne sais pas si je me représenterai aux prochaines élections municipales ».

De sensibilité de gauche, Laurent n’est cependant pas encarté : « les appareils politiques ne m’ont pas donné envie de les rejoindre ». Pour lui, entrer en politique était « un moyen de pouvoir rendre tout ce que l’on a pu me donner en tant que sportif. Si je me suis engagé, c’était par envie d’aider mes concitoyens et de voir de l’intérieur ce qu’il se passe ». En effet, Laurent a décidé de se présenter en tant qu’adjoint pour servir les autres : « j’ai été éduqué de manière citoyenne. On m’a apprit le partage et à m’occuper des autres ». D’ailleurs, sa gentillesse et sa simplicité ont conquis tous ceux qu’il côtoie. Sa conception de la politique ? « Un moyen d’aider les gens, d’améliorer leur cadre de vie et leur sécurité, de proposer des offres culturelles intéressantes… », dit-il avec le sourire. Pour Laurent, les qualités essentielles, que ce soit dans le monde du sport ou de la politique, sont humaines : « c’est une question d’éducation et de valeurs ». Même si, selon lui, il n’y a pas de pont tracé entre le sportif et le politicien, l’ancien sportif voit des similitudes entre leurs deux parcours : « on a besoin des mêmes axes de motivation. Tout d’abord, le besoin d’unité : on doit former un groupe lié ou une liste cohérente. Ensuite, les élections, c’est comme un match : il y a la victoire ou la défaite au bout. Les deux pratiques se ressemblent : il faut aller au combat pour gagner ». Et c’est comme tout autre citoyen, que le sportif doit légitimement s’engager au sein de la cité : « il faut arrêter les préjugés disant que les sportifs ne sont pas à même de faire de la politique. Certains ont fait des études, sont intelligents et sont tout à fait aptes à mener certaines affaires ». Et de rajouter : « il faut que toutes les strates sociales, tous les horizons soient représentés. Cela créé du débat et permet aux électeurs de s’identifier à des élus ».

Les élections régionales, des élections compliquées

Laurent Puigségur n’a pas non plus sa langue dans sa poche. Il se montre très critique quant à la campagne de la gauche pour les prochaines élections régionales : « ce sont des élections compliquées, et je n’en pense certainement pas du bien ! La gauche devrait préparer un programme plutôt que de se diviser encore et encore, et détruire tout ce qui se fait de bien ». Et lorsqu’on évoque le fait que son ancien camarade de jeu, Joël Abati, se soit engagé dans la bataille des régionales aux côtés de Georges Frêche, l’ancien capitaine du MBH sourit : « c’est une excellente chose pour lui. Mais attention, la politique, ce n’est pas le sport de haut-niveau. Il faut qu’il fasse attention aux requins ». Pourquoi ? Dans le sport, il n’y a pas de requins ? « On est bien plus maître de son destin en sport qu’en politique. S’il est inscrit sur une liste, c’est que l’on compte sur lui… »

Julie DERACHE

Nikola Karabatic, droit dans les yeux

Tout juste auréolé d’un nouveau titre de champion d’Europe, Nikola Karabatic est de retour sur la scène handballistique montpelliéraine pour disputer un match dynamique de Ligue des Champions avec Constanta. Après la victoire de son équipe (37 à 24), c’est un peu fatigué qu’il se livre et revient sur son parcours, du MAHB à Vienne en passant par Kiel.

A Bougnol, le tapis rouge se déroule devant le champion. Au rythme des tambours des Blue Fox, la foule scande : « Niko, Niko, Niko ! » Mercredi soir, les Montpelliérains fêtaient le retour du champion, de leur champion : Nikola Karabatic. Accompagné de ces deux acolytes, Mika et Doudou, le célèbre handballeur revient tout juste de Vienne où l’équipe de France vient d’être une nouvelle fois sacrée championne d’Europe. Pas fatigué le Niko ? « Si, mais c’est mon métier d’être à fond à chaque fois, de tout donner ! » Et il le prouve. Il a offert un superbe spectacle aux supporters montpelliérains : aussi bon en défense qu’en attaque, le demi-centre est partout à la fois. Avec une main d’acier et ce but improbable marqué depuis l’autre bout du terrain, le capitaine a mené son équipe à la victoire contre des Roumains qui « tentent beaucoup de choses aussi bien dans l’offensif que dans le défensif« . Le match contre Constanta était très bien préparé : l’équipe roumaine était la seule à avoir battu le MAHB depuis le début de la compétition, les hommes de Canayer se devaient de laver l’affront.

Niko puise son énergie dans son équipe où « l’état d’esprit » et « la dynamique collective » sont capitaux. Être ensembles, unis, généreux, fidèles : voilà peut-être la recette magique des joueurs du MAHB ? En tout cas, c’est celle de Nikola Karabatic. Fatigué par un long championnat, par un match éreintant de Ligue des Champions, il répond encore présent avec le sourire et un regard qui ne vous lâche pas. Un charisme à l’état brut.

A tout juste 25 ans, Karabatic, c’est un palmarès impressionnant : quatre fois champion de France, deux fois champion d’Europe, champion olympique, champion du monde, meilleur joueur au monde 2007, entre autres. Le secret ? « Un travail de tous les jours : deux entraînements de deux heures par jour pendant la saison. Parfois plus. Être sportif professionnel, c’est également une hygiène de vie : il faut faire attention à tout ce que l’on fait, à ce que l’on mange« . Mais ce n’est pas tout. Le haut-niveau, c’est « aussi et surtout un état d’esprit » : il faut avoir des « qualités physiques et du talent bien sûr, mais le plus important se passe dans la tête. Ce sont les qualités mentales qui sont indispensables : savoir ce que l’on veut, avoir des ambitions… » Avoir l’œil du tigre en somme ? « Oui ! »

Le champion a su « très tôt » ce qu’il voulait : devenir joueur professionnel, devenir le meilleur. Toucher des doigts l’excellence. Avec un père handballeur, gardien de l’équipe nationale yougoslave, c’est tout naturellement que Nikola est tombé dans la marmite alors qu’il n’était qu’un enfant. Puis, c’est au tour du petit dernier, Luka, de rejoindre les rangs du MAHB. Ce qui rend Niko « très heureux » : « je suis d’autant plus attentif à ce qu’il fait, lui, en tant que joueur. Je suis peut-être plus exigent avec lui qu’avec un autre. J’essaye de lui apporter mon expérience« . Chez les Karabatic, la passion du handball, « c’est de famille« . Et pour réaliser son rêve, Niko a travaillé durement, du MAHB à Kiel où il a « tout apprit et beaucoup mûri » : « on réussi en travaillant plus que les autres« .

Quels nouveaux défis attendent un jeune joueur qui a tout gagné ? « Gagner tout ce qui vient. Gagner cette Ligue des champions ! Quand on est un grand sportif, il faut savoir se remettre en question à chaque compétition. » Sa plus belle victoire est, peut-être, avoir donné la passion du handball à toute une génération d’enfants qui ne rêvent que d’être des « Nikola Karabatic » et qui portent fièrement le maillot numéro 22.

Et lorsque l’on évoque devant lui cette « génération Karabatic« , il reste modeste : « depuis tout petit, j’ai toujours été un passionné de handball. J’ai toujours rêvé de voir du handball à la télévision et dans les médias. Alors, si j’ai pu participer à rendre accessible mon sport, j’en suis heureux. J’essaye de le mettre constamment en avant, avec les partenaires, dans les médias« . La « génération Karabatic » a de beaux jours devant elle, et son icône peut continuer à nous faire rêver, la main sur la balle et la tête dans les étoiles.

Julie DERACHE