La gratuité selon Airtist

Airtist.com propose une alternative au téléchargement illégal en offrant de la musique gratuite sur Internet. Sans communication le site a déjà attiré une communauté de 125 000 membres. Olivier Reynaud, cofondateur d’Airtist, présente son entreprise et son point de vue sur l’état du milieu de la musique en France.

Votre site propose de télécharger gratuitement et légalement de la musique sur Internet, quel est votre concept ?


Airtist est un site de téléchargement gratuit, légal et éthique. Les internautes ont le choix entre deux types de téléchargement. Le premier classique, à l’achat, avec un prix définit par les artistes, ce qui est une nouveauté. Le second, si l’internaute ne veut ou ne peut pas payer, reste gratuit et légal en échange d’une publicité. Aujourd’hui, nous sommes les seuls à proposer cela. Pour obtenir un titre, l’usager doit créer un compte et choisir son morceau. Une publicité apparait en plein écran, comme à la télévision, et c’est seulement à la fin du spot qu’il peut accéder à la page de téléchargement. C’est gratuit et l’artiste est payé grâce à la publicité à hauteur de 12 centimes d’euro par titre téléchargé. En plus, à chacun d’eux, un centime d’euro va à une association caritative choisie par l’internaute.

La gratuité est de plus en plus recherchée, notamment dans la presse écrite. Est-ce qu’il est difficile de convaincre des partenaires de travailler avec vous ?


Le support publicitaire que l’on propose est nouveau. C’est une publicité au format télévision avec tous les avantages d’Internet. La campagne peut être ciblée selon l’âge, le sexe ou la ville. L’annonceur peut gérer la redondance des spots et contrôler tout le déroulement en ligne de sa campagne. Par rapport à ce qu’il existe actuellement, nous sommes les seuls à offrir une réelle gestion en temps réel de la publicité. C’est un support haut de gamme qui répond à la plupart des attentes des annonceurs, le contrôle en plus. Cela représente un coût important, c’est sûr. Mais cet avantage était recherché par de nombreux publicitaires, c’est pour cela qu’ils ont adhéré au projet.

La crise actuelle a beaucoup affecté les recettes publicitaires, qu’en est-il pour Airtist ?


Tous les sites qui travaillent dans la publicité en ligne ont subi les effets de la crise, Airtist y compris. Nos publicités fonctionnent différemment par rapport aux autres sites, mais il y a tout de même eu un net ralentissement. Certaines entreprises n’ont pas tenu le choc, mais nous on est toujours là, on tient et on avance. On essaye d’ailleurs de développer un support publicitaire annexe sur les bases du premier, qui va permettre d’outrepasser ce type de crises. C’est une surprise prévue pour 2009 !

Certains professionnels de la musique pensent que le milieu est au bord de la disparition à cause d’Internet. Quel est votre avis sur ce constat ?


Aujourd’hui de plus en plus de monde travaille dans la musique. Sur Internet, une dizaine de site de téléchargement sont créés tous les mois. Le problème c’est que les échanges financiers (vente de disques, places de concert…) n’ont pas augmenté à la hauteur des acteurs présents dans le monde musical. Beaucoup n’ont pas su gérer cette mutation et se sont effondrés. La recette pour se maintenir aujourd’hui, c’est d’éviter de s’éparpiller. Les entreprises qui réussissent sont celles qui entrent en partenariat avec certains labels ou qui se concentrent sur une niche particulière. Il faut savoir cibler un public et favoriser la scène. C’est ça qui marche en ce moment.

Pour finir, quels sont vos projets pour 2009 ?


La nouveauté pour 2009, c’est plus de catalogues. Nous avons déjà EMI en ligne et nous espérons faire signer deux autres « majors » entre Sony, Warner et Universal. Nous allons aussi proposer plus de téléchargement gratuit grâce aux publicités. Début 2009 il devrait y avoir de bonnes surprises pour les internautes avec de nouveaux artistes. Nous allons aussi être beaucoup plus présents sur scène avec des photographes, des tourneurs et des places de concert à gagner. Il faudra surveiller le site.

Une autre télévision est possible, oui mais laquelle ?

Après l’annonce du 8 janvier dernier concernant la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, les réactions ont été nombreuses. Souvent le fait des professionnels de l’audiovisuel. Deux chercheurs ont accepté d’imaginer ce que pourrait être la « télévision de qualité » que Nicolas Sarkozy appelle de ses voeux.

Philippe Meirieu est l’auteur d’« Une autre télévision est possible », Chronique Sociale, Lyon, octobre 2007.
Professeur en sciences de l’éducation à l’université Lumière-Lyon 2, il est aussi responsable pédagogique de la chaîne de télévision pour l’éducation et la connaissance, Cap Canal

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Philippe Meirieu
Vous qui dénoncez la course à l’audience que se livrent les chaînes de télévision tout en reconnaissant que l’immense majorité d’entre elles ne peut vivre que grâce aux revenus de la publicité , que pensez-vous de l’annonce de Nicolas Sarkozy concernant la suppression de la publicité pour le financement des chaînes publiques ?

Je suis très réservé sur cette annonce. La question de la publicité a été traitée sous l’angle du marché et non pas sous l’angle du statut de la publicité en général.
Je n’appelle pas à une augmentation ou à une diminution de la publicité, mais à une réflexion globale sur le rôle et la place de la publicité à la télévision. Il faudrait réfléchir à l’ensemble des choses qui perturbent la gestion de l’espace public audiovisuel. Toutes chaînes confondues. Par exemple, moi, au titre de la protection de l’enfance, je suis favorable à une suppression de la publicité un quart d’heure avant et un quart d’heure après chaque émission de jeunesse.
D’autres moyens de financement existent. Par exemple le partenariat. On pourrait imaginer des partenariats avec l’éducation nationale, le ministère de la santé etc… Une forme de partenariat ciblé pourrait être entrepris avec les collectivités territoriales. Par ailleurs, je ne suis pas hostile à une augmentation de la redevance qui est en France l’une des plus basse d’Europe.

Que serait pour vous une télévision de qualité ?

Une télévision qui se passionnerait pour la chose publique, aussi bien pour la médecine, que pour l’éducation… Il y a eu des réussites dans ce domaine qui pourraient être reprises.
Une télévision qui prend les gens pour des gens intelligents, ce qui ne veut pas dire de ne pas les distraire. Mais une télévision qui n’est pas un caractère hypnotiquo-magique, qui refuse un certain nombre de trucages, systématiques dans le talk-show.
Une télévision qui donne une place essentielle à l’image de création. Il y a le documentaire mais également quelque chose qui en France aurait un fort potentiel : le cinéma d’animation. Ce n’est pas forcément élitiste. Beaucoup de personnes apprécient le documentaire touristique ou animalier. Le docu-fiction quant à lui peut aider à faire comprendre des choses. Ce qui serait par exemple intéressant, ce serait de faire des scénarios qui présenteraient ce qui se passerait si ceci ou si cela…. Les créateurs ne sont pas suffisamment mis à contribution. De plus il faudrait que ça fonctionne par appel d’offre et pas par copinage.
Une télévision qui prend des risques. Il faudrait avoir du courage pour supprimer le matin les émissions de jeunesse, type dessins animés, qui ont une influence très nocive en terme d’attention à l’école. Par ailleurs, nous sommes dans des formes archi éculées, le 13 /26/52 mn pour le documentaire. Il y a d’autres formes possibles ! Promo et copinages sont devenus le carburant de la télévision. C’est insupportable ! Ce sont toujours les mêmes émissions critiques, même les moins traditionnelles, c’est encore de la promo et du copinage !
Pour que la télévision se fasse culturelle, il faut qu’elle se fasse créatrice de forme. La télévision a été créatrice à ses débuts. Aujourd’hui, c’est l’âge de la télé réalité, qui a été très astucieux en termes d’inventivité. Le problème est qu’il modélise les autres émissions. On tombe dans le paradigme voyeurisme, exhibition, narcissisme.

Yves Soulé est formateur lettre à l’IUFM de Montpellier. Il est associé au laboratoire interdisciplinaire de recherche en didactique éducation et formation (LIRDEF)

Yves Soulé

Comment réagissez-vous à l’annonce de Nicolas Sarkozy concernant la suppression de la publicité sur les chaînes publiques?

J’éprouve beaucoup de soupçons par rapport à un gouvernement qui décide, sans concertation, de dissoudre le lien consubstantiel de la télévision publique et de la publicité .
Je ne crois pas aux idées de partenariat pour financer la télévision sans les logiques d’audimat et donc de publicité. Pourquoi ne pas plutôt imaginer une sorte de carte bancaire télévisuelle qui permettrait une consommation à la carte ? Les téléspectateurs paieraient ainsi leur consommation effective. C’est une solution qui risque néanmoins d’être plus chère que ne l’est la redevance aujourd’hui.
Je me méfie de cette volonté de retour en arrière, vers un passé idéalisé . Y-a-t-il déjà eu une télévision de qualité ? Il faudrait s’intéresser aux discours de la presse sur la télévision dans les années 60…

Que serait une télévision de qualité?

Mon rôle en tant que formateur n’est pas d’imaginer ce que la télévision devrait être. En tant que téléspectateur, j’ai une opinion sur la question. Pour commencer, il faut se méfier lorsque qu’on parle de « la » télévision. Elle est aujourd’hui hybride .
S’il est question des chaînes publiques hertziennes, une télévision de qualité serait un télévision qui n’aurai pas de compte à rendre en terme de rentabilité immédiate . Une télévision qui se poserait la question de l’interactivité avec le téléspectateur.
La télévision conserve un rôle majeur dans la production. On a besoin de l’écriture télévisuelle à côté de l’image figée et presque laborieuse de la lecture en ligne. La télévision a un impact spécifique . Il y a une proximité à l’objet. Elle a été accusée de ruiner la veillée . Aujourd’hui, elle s’oppose à la consommation individuelle, privée, voire égoïste d’Internet.
Toutefois, il faut penser ces deux outils dans leur complémentarité. Un outil comme You Tube offre un formidable catalogue. On ne peut nier les problèmes que son utilisation implique, mais ça appelle une réflexion plus large : pourquoi l’offre de l’Institut National de l’Audiovisuel est si chère ?
Il faudrait un intérêt accru de la télévision pour des publics spécifiques, tels que les ados par exemple. Leur parole dérange. Il faudrait se préoccuper de ce public comme le font certaines radios et non pas en fonction de l’intérêt que pourraient y trouver leurs parents.
Contrairement à Philippe Meirieu quant il parle de sidération, je préfère parler de considération. Cela suppose un certain respect dans le professionnalisme des gens de la télévision. On ne peut pas critiquer a priori. Il y a comme une difficulté à penser la télévision. Elle fait peur . Le pouvoir d’aliénation qu’on lui prête est tel qu’on en vient à la considérer comme l’«autre».
La télévision nécessite un apprentissage, sur quatre points essentiels : le contenu, le traitement, les intentions et l’impact. Le téléspectateur peut choisir d’avoir une position critique face à la télévision, mais soyons honnête, la télévision est aussi bien souvent une fenêtre d’oubli de la réalité, de décalage par rapport à ses obligations journalières. Elle constitue une soupape. Il serait aberrant de demander au téléspectateur qu’il se comporte comme les chercheurs aimeraient qu’il le fasse.

Fuzz.fr ne fait plus de Buzz

Depuis deux semaines, l’affaire fait couler beaucoup d’encre sur internet. Plus exactement, elle fait le « buzz » sur les sites communautaires. L’histoire s’est conclue jeudi par une condamnation. Sans aucun doute, il ne s’agit que d’un épisode de l’histoire du Web 2.0.

Le TGI de Paris a jugé jeudi 27 mars en référé que Fuzz.fr, un site d’information alimenté par les internautes eux-mêmes, avait porté atteinte à la vie privée de l’acteur Olivier Martinez. Son avocat, Me Emmanuel Asmar, assure que cette décision « fait jurisprudence ». Selon lui, tous les sites internet devront dorénavant être considérés non plus comme de simples hébergeurs, mais comme des éditeurs, responsables de leurs contenus.
Condamné à verser 1 000 euros de dommages et intérêts à Olivier Martinez, ainsi que 1 500 euros de frais de justice, Eric Dupin, le créateur de Fuzz.fr, édité par la société Bloobox.net, estimait jeudi, qu’il s’agissait « d’un jour noir pour le web collaboratif français car c’est la porte ouverte à toutes les procédures».

Début mars, Olivier Martinez assigne en justice une vingtaine de sites web pour avoir évoqué sa liaison avec Kylie Minogue. Parmi eux, Fuzz.fr qui, par le système des liens hypertextes, renvoyait vers un article du site Celebrites-stars.blogspot.com qui évoquait la liaison.

« C’est comme si on condamnait le kiosquier du coin parce qu’il expose les unes des magazines people au public.»

Le site Fuzz.Fr (hors ligne aujourd’hui), était construit sur le modèle du site Digg.com. Les internautes proposaient et composaient intégralement le contenu. Leurs votes permettaient de faire « remonter l’information » en première page du site. Il n’y avait donc pas d’implication directe de Fuzz.fr dans le choix des actualités publiées.
Or, le juge des référés a estimé que, par la création d’une rubrique intitulée People dans laquelle était insérée l’article contesté, Fuzz.fr « avait opéré un choix éditorial ». Il considère par ailleurs que « l’acte de publication doit être compris non pas comme un simple acte matériel, mais comme la volonté de mettre le public en contact avec des messages de son choix. ».

Dans un communiqué, Eric Dupin estime que, «le choix du tribunal est porteur de nombreuses contradictions qui risquent d’insuffler un climat de peur et d’insécurité néfaste à toute l’économie d’internet ainsi qu’à sa liberté d’expression. »
Gérald Sadde, l’avocat de Fuzz.fr déplore également cette décision « C’est comme si on condamnait le kiosquier du coin parce qu’il expose les unes des magazines people au public. C’est aller très loin dans la responsabilité » .

Fuzz.fr ne fait plus de Buzz

Depuis deux semaines, l’affaire fait couler beaucoup d’encre sur internet. Plus exactement, elle fait le « buzz » sur les sites communautaires. L’histoire s’est conclue jeudi par une condamnation. Sans aucun doute, il ne s’agit que d’un épisode de l’histoire du Web 2.0.

Le TGI de Paris a jugé jeudi 27 mars en référé que Fuzz.fr, un site d’information alimenté par les internautes eux-mêmes, avait porté atteinte à la vie privée de l’acteur Olivier Martinez. Son avocat, Me Emmanuel Asmar, assure que cette décision « fait jurisprudence ». Selon lui, tous les sites internet devront dorénavant être considérés non plus comme de simples hébergeurs, mais comme des éditeurs, responsables de leurs contenus.
Condamné à verser 1 000 euros de dommages et intérêts à Olivier Martinez, ainsi que 1 500 euros de frais de justice, Eric Dupin, le créateur de Fuzz.fr, édité par la société Bloobox.net, estimait jeudi, qu’il s’agissait « d’un jour noir pour le web collaboratif français car c’est la porte ouverte à toutes les procédures».

Début mars, Olivier Martinez assigne en justice une vingtaine de sites web pour avoir évoqué sa liaison avec Kylie Minogue. Parmi eux, Fuzz.fr qui, par le système des liens hypertextes, renvoyait vers un article du site Celebrites-stars.blogspot.com qui évoquait la liaison.

« C’est comme si on condamnait le kiosquier du coin parce qu’il expose les unes des magazines people au public.»

Le site Fuzz.Fr (hors ligne aujourd’hui), était construit sur le modèle du site Digg.com. Les internautes proposaient et composaient intégralement le contenu. Leurs votes permettaient de faire « remonter l’information » en première page du site. Il n’y avait donc pas d’implication directe de Fuzz.fr dans le choix des actualités publiées.
Or, le juge des référés a estimé que, par la création d’une rubrique intitulée People dans laquelle était insérée l’article contesté, Fuzz.fr « avait opéré un choix éditorial ». Il considère par ailleurs que « l’acte de publication doit être compris non pas comme un simple acte matériel, mais comme la volonté de mettre le public en contact avec des messages de son choix. ».

Dans un communiqué, Eric Dupin estime que, «le choix du tribunal est porteur de nombreuses contradictions qui risquent d’insuffler un climat de peur et d’insécurité néfaste à toute l’économie d’internet ainsi qu’à sa liberté d’expression. »
Gérald Sadde, l’avocat de Fuzz.fr déplore également cette décision « C’est comme si on condamnait le kiosquier du coin parce qu’il expose les unes des magazines people au public. C’est aller très loin dans la responsabilité » .

Débat alternatif : peut-on refuser de serrer la main du Président de la République

« Casse-toi alors pauvre con ». Quand le Président de la République dérape, Internet saisit le buzz au bond et éclabousse l’opinion publique. La vidéo circule à vitesse grand V alors l’Elysée envoie son équipe ministérielle au créneau pour laver l’affront. L’opposition charge de son côté et s’offusque de l’altercation. L’affaire aurait pu se tasser mais quelques jours plus tard, une jeune esthéticienne esquive la main tendue du chef de l’Etat à un moment où Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages.
Haut Courant lance son débat alternatif : peut-on refuser de serrer la main du Président de la République? Est-ce l’homme ou la fonction qui était visée?

« Le journalisme par « effraction », une réponse aux stratégies du pouvoir »

Vendredi 1er février 2008. Le journaliste Guillaume Dasquié se retrouve à nouveau face aux étudiants du Master professionnel « Métiers du Journalisme » de Montpellier. Thème de l’intervention : le journalisme par « effraction », ou comment exercer sa profession par tous les moyens et continuer de délivrer une information honnête au citoyen.

Fin novembre, il avait fait le déplacement pour parler de son expérience comme journaliste d’investigation, de sa vision du métier, et délivrer quelques conseils pratiques aux reporters en formation. Entre-temps, le 7 décembre dernier, Guillaume Dasquié a été mis en examen pour « détention et diffusion de documents ayant le caractère d’un secret de la défense nationale ».Tout ça pour avoir publié, le 17 avril 2007, dans Le Monde, une enquête qui démontrait qu’avant le 11 septembre 2001, la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) avait anticipé les menaces d’Al-Qaida sur les États-Unis et qu’elle avait transmis ces informations aux services secrets américains (voir « Dérives et pressions pendant la garde à vue du journaliste Guillaume Dasquié »). Le jeudi 24 janvier, les avocats de Guillaume Dasquié ont déposé une requête en annulation de la procédure devant la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris, au nom du droit à la protection des sources journalistiques. « Obtenir des informations sensibles génère forcément le type de réaction qui m’est arrivée. Mais ce n’est pas parce qu’un journaliste arrive à se procurer une information avec le tampon « confidentiel défense » qu’il doit tourner la tête et passer à autre chose » explique-t-il, déterminé. Presque deux mois après sa garde à vue de trente-huit heures et sa mise en examen, il revient sur sa « mésaventure », renforcé dans ses convictions :

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Pour Guillaume Dasquié, exercer le métier de journaliste dans un monde où règnent les stratégies de communication est devenu un sacerdoce, une mission quasi impossible sans le contournement des méthodes traditionnelles. Il introduit alors le concept d’un journalisme nerveux, virulent et déterminé, dont les seules limites restent, pour lui, la morale et l’éthique. « Les journalistes se doivent de contourner les dispositifs violents de la part des acteurs politiques ou individuels qui visent à cadenasser l’information : faire du vrai journalisme aujourd’hui, c’est faire du journalisme par « effraction » ».

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Qui parle de journalisme par « effraction », parle des moyens – pas toujours très légaux – que le journaliste utilise pour aller chercher l’information, ou alors pour se protéger lui-même. Le meilleur exemple : les micros et caméras cachés.

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Certains professionnels, comme le journaliste Edwy Plenel, s’interdisent le recours à de tels procédés, quel que soit l’enjeu de l’information à glaner. Guillaume Dasquié, lui, ne voit ces techniques que comme des outils au service du jeu « informateur-informé ». « Pour s’en sortir dans le jeu de la communication, le journaliste ne doit pas être l’instrument du jeu, mais le manipulateur lui-même. Pour produire de l’information sur des sujets touchant la raison d’État, il faut forcément briser les règles, passer par des chemins détournés. Au bout du compte, on est soit manipulateur, soit manipulé. Au journaliste de choisir son rôle ».

En conclusion, Guillaume Dasquié évoque l’avenir du journalisme d’investigation avec le développement de l’information sur Internet. Pour lui, les médias on-line offrent de véritables perspectives : « C’est un vrai succès aujourd’hui dès que des sites Internet produisent de l’information de qualité. Ils développent une identité journalistique propre et une crédibilité supérieure aux supports papier. Les possibilités de développement ramènent les journalistes aux questions essentielles, aux bases du métier ».