Enquête 2 : L’étrange valse des chiffres des contraventions

Mercredi 25 mars, le magazine Autoplus rendait public ce que tout le monde pensait tout bas : les forces de l’ordre françaises obéiraient à une politique de quotas. Après le démenti du ministère de l’intérieur, nous nous sommes procuré les relevés d’exercice des années 2005 et 2006. D’une part, un constat rien moins qu’accablant, de l’autre une surprise inattendue : les plus prompts à verbaliser ne seraient pas ceux que l’on croit.

Les chiffres ont beau prendre de l’âge, ils intriguent. L’année 2005 avait vu le nombre total de contraventions rédigées par les forces de l’ordre reculer de 7,11%. La bonne conduite des automobilistes français (-4% d’accidents et de tués sur les routes françaises) n’est sûrement pas la seule explication de ces chiffres hors norme : -15,67% de PV pour la gendarmerie, -20,25% pour la police nationale. Soit 24 millions de procès verbaux contre presque 26 une année plus tôt. Parti à Bercy en 2004, le retour tardif de Nicolas Sarkozy au ministère de l’intérieur en mai 2005 s’est semble-t-il fait sentir.

Le constat n’est plus tout a fait le même en 2006. Les 130 000 policiers nationaux n’ont pas démérité avec +3,4% de contraventions. Parmi ceux qui sanctionnent le moins les français, les gendarmes ont mis les bouchées double, haussant leur score de près de 28%. A moins d’un « bouleversement » dans la politique du ministère de l’intérieur, difficile d’expliquer ce revirement. Les récents témoignages parus dans le magazine Autoplus, la politique de quotas et de pressions exercées dans la profession révélées au grand jour, ont peut-être un rôle à jouer dans cette soudaine explosion de PV. Bruno Bartocetti, coordinateur régional du syndicat UNSA Police raconte : « on nous demande d’être toujours plus performants, de ramener du chiffre. Les directives nationales, c’est le quota, le quota, le quota. » Le même jour, le ministère de l’intérieur arguait que « le seul objectif est de faire diminuer le nombre de morts et de blessés, ce qui a été fait avec succès« . Des directives peuvent être exprimées au niveau local, mais « avec discernement et bon sens« .

Le cas de la police municipale n’est pas moins intrigant. D’une année sur l’autre, leur tendance est toujours la même. On ne s’y méprendra pas : à la hausse. +8,35% en 2005, +4% l’année qui suit, les policiers municipaux restent les plus prompts à verbaliser des forces de l’ordre. Quand un gendarme distribue 25 PV et un policier national 91, un agent municipal sévit à 458 reprises. Interrogé sur les plaintes de ses collègues nationaux, le secrétaire général de la Fédération de la police municipale de l’Hérault-Gard s’estime pourtant privilégié : « l’incitation à la verbalisation est une pratique quasi-inconnue chez les agents municipaux. Un maire n’a pas d’intérêt particulier a voir une police trop répressive. » Selon Jean Michel Weiss, les chiffres des forces municipales trouvent leur explication dans le travail des Agents de Surveillance de la Voie Publique qui, « chargés des horodateurs, peuvent être soumis à des exigences de résultat. » Face à l’augmentation du nombre de PV d’une année sur l’autre, M.Weiss confirme : « les collectivités comme Montpellier peuvent monter de grosses opérations mais ce n’est pas un engouement particulier. (…) La police municipale reste une police de terrain, de proximité. »
Et selon cette logique, une police de PV.

Enquête 2 : L’étrange valse des chiffres des contraventions

Mercredi 25 mars, le magazine Autoplus rendait public ce que tout le monde pensait tout bas : les forces de l’ordre françaises obéiraient à une politique de quotas. Après le démenti du ministère de l’intérieur, nous nous sommes procuré les relevés d’exercice des années 2005 et 2006. D’une part, un constat rien moins qu’accablant, de l’autre une surprise inattendue : les plus prompts à verbaliser ne seraient pas ceux que l’on croit.

Les chiffres ont beau prendre de l’âge, ils intriguent. L’année 2005 avait vu le nombre total de contraventions rédigées par les forces de l’ordre reculer de 7,11%. La bonne conduite des automobilistes français (-4% d’accidents et de tués sur les routes françaises) n’est sûrement pas la seule explication de ces chiffres hors norme : -15,67% de PV pour la gendarmerie, -20,25% pour la police nationale. Soit 24 millions de procès verbaux contre presque 26 une année plus tôt. Parti à Bercy en 2004, le retour tardif de Nicolas Sarkozy au ministère de l’intérieur en mai 2005 s’est semble-t-il fait sentir.

Le constat n’est plus tout a fait le même en 2006. Les 130 000 policiers nationaux n’ont pas démérité avec +3,4% de contraventions. Parmi ceux qui sanctionnent le moins les français, les gendarmes ont mis les bouchées double, haussant leur score de près de 28%. A moins d’un « bouleversement » dans la politique du ministère de l’intérieur, difficile d’expliquer ce revirement. Les récents témoignages parus dans le magazine Autoplus, la politique de quotas et de pressions exercées dans la profession révélées au grand jour, ont peut-être un rôle à jouer dans cette soudaine explosion de PV. Bruno Bartocetti, coordinateur régional du syndicat UNSA Police raconte : « on nous demande d’être toujours plus performants, de ramener du chiffre. Les directives nationales, c’est le quota, le quota, le quota. » Le même jour, le ministère de l’intérieur arguait que « le seul objectif est de faire diminuer le nombre de morts et de blessés, ce qui a été fait avec succès« . Des directives peuvent être exprimées au niveau local, mais « avec discernement et bon sens« .

Le cas de la police municipale n’est pas moins intrigant. D’une année sur l’autre, leur tendance est toujours la même. On ne s’y méprendra pas : à la hausse. +8,35% en 2005, +4% l’année qui suit, les policiers municipaux restent les plus prompts à verbaliser des forces de l’ordre. Quand un gendarme distribue 25 PV et un policier national 91, un agent municipal sévit à 458 reprises. Interrogé sur les plaintes de ses collègues nationaux, le secrétaire général de la Fédération de la police municipale de l’Hérault-Gard s’estime pourtant privilégié : « l’incitation à la verbalisation est une pratique quasi-inconnue chez les agents municipaux. Un maire n’a pas d’intérêt particulier a voir une police trop répressive. » Selon Jean Michel Weiss, les chiffres des forces municipales trouvent leur explication dans le travail des Agents de Surveillance de la Voie Publique qui, « chargés des horodateurs, peuvent être soumis à des exigences de résultat. » Face à l’augmentation du nombre de PV d’une année sur l’autre, M.Weiss confirme : « les collectivités comme Montpellier peuvent monter de grosses opérations mais ce n’est pas un engouement particulier. (…) La police municipale reste une police de terrain, de proximité. »
Et selon cette logique, une police de PV.

A Montpellier, les blocages n’empêcheront pas les exams

Après huit semaine de grève dont trois de blocage, les universités montpelliéraines ont dû revoir leur calendrier. A peine un mois avant les premières échéances, les facs s’organisent pour ne pas être pénalisées.

D’une année sur l’autre, les blocages d’universités se répètent et une question se pose : la fac va-t-elle délivrer des diplômes au rabais? Une inquiétude pour de nombreux étudiants craignant d’être pénalisés sur le marché du travail. C’est d’ailleurs une des raisons évoquée pour expliquer la perte de près de 6 000 étudiants à Paul-Valéry (Montpellier III) en à peine six ans.

blocage.jpgAnne Fraïsse, la présidente de cette université, est consciente de ces craintes. «D’un point de vue extérieur, il est normal de penser que les blocages affectent la qualité des enseignements et donc des diplômes», admet-elle, «mais c’est plus une image qu’une réalité. La réputation de Paul-Valery est injustifiée par rapport à ses résultats.» Selon elle, «les inscriptions ont chuté ces dernières années, néanmoins cela concerne surtout les licences. Les Masters proposés à Paul-Valéry attirent, eux, de plus en plus d’étudiants.»

Anne Fraïsse reste optimiste : «Cette année, Montpellier III n’est pas dans une situation trop dramatique. Nous sommes bloqués depuis deux semaines, mais il y a déjà eu sept semaines de cours au 2ème semestre.»

Alors que Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur, a demandé l’organisation de cours de rattrapage dans les universités bloquées, Montpellier III a décidé de reculer le calendrier des cours et des examens dès la fin du blocage.

«Tous les cours seront assurés et les examens se dérouleront normalement», promet la présidente.

Même son de cloche à Montpellier II. Sa présidente, Danièle Hérin, assure que les examens se passeront dans des conditions relativement normales. «L’IUT de Montpellier a déjà organisé des cours de rattrapage le samedi matin pour ne pas pénaliser ses étudiants. En ce qui concerne la fac de science, 75 % des cours ont été assurés», précise-t-elle. «Les cours ratés seront rattrapés et les examens décalés probablement entre mai et juin», ajoute-t-elle.

Cette décision risque tout de même de pénaliser un certain nombre d’étudiants. En particulier ceux qui effectuent des stages pour valider leur année, les étudiants étrangers attendant la fin des examens pour rentrer chez eux, ou encore ceux qui cherchent un job d’été dès la fin des cours.

Certains n’ont pas attendu le déblocage pour se mettre à jour. Emilie, étudiante en Master, a pris les devants : «J’ai un mémoire à préparer, je ne peux pas me permettre de perdre du temps. J’ai réussi à récupérer les cours d’anciens étudiants.» C’est déjà ça !

Quand la technologie devient art branché

La maison Kawenga rouvre ses portes. Laborantin aux tendances numériques assumées, ce lieu d’expérimentation technologique accueille de nouveaux talents, hackeurs boutonneux et informaticiens confondus, dans ses locaux flambants neufs de Montpellier.

Dépaysant, le voyage proposé par Kawenga promet de l’être. Installé depuis peu au 21 boulevard Louis Blanc cet authentique havre de technologies regorge de fils et branchements incongrus, de matériel introuvable ailleurs que dans les stocks surprotégés de la Silicon Valley ou de la Nasa. Passé maître en matière d’expérimentation high tech, le collectif Dardex-mort2faim est le premier à s’emparer des lieux. Invasion montpelliéraine prévue le 27 mars prochain. Plutôt à son aise dans les locaux immaculés de Kawenga, Dardex-mort2faim ne relâchera son emprise artistique que le 11 avril.

Les yeux et les oreilles couverts par un casque estimé à quelques 10 000 euros, le tout branché sur une machinerie aussi coûteuse qu’elle est ancienne, les artistes du collectif Dardex plongent
le visiteur dans un monde entièrement virtuel, factice. Une chambre d’asile psychiatrique modélisée en trois dimensions (3D), capitonnée du sol au plafond, sans aucune issue. L’ambiance est voulue oppressante. psychotik_room_copie.jpg L’immersion, totale. Dans cette expérience virtuelle, le « cobaye » n’entend rien sinon le son de ses propres battements de cœur. Mesurés en temps réel, les palpitations et le stress influent directement sur l’environnement en 3D, pliant les murs, contorsionnant les formes.

Le dispositif inventé par Quentin Destieu et de Sylvain Huguet agit à l’instar d’un miroir. Psychotik Room place l’individu dans une situation d’isolement similaire à celles du quotidien, du travail en solitaire aux rues bondées d’inconnus. Les rencontres, justement, les deux artistes s’y plient volontiers. Premiers résidents des nouveaux locaux du groupe Kawenga, les inventions du collectif Dardex sont accessibles au public du lundi au samedi de 14 à 18h, du 27 mars au 11 avril. Avec en prime, des ateliers d’initiation aux nouvelles technologies. Adeptes du recyclage en tout genre, les deux artistes et Kawenga invitent en effet les curieux à des ateliers de bricolage un brin déjantés. Changer une poubelle en platine pour DJ ou ressouder les touches de son clavier à des boutons faits maison, néophytes et informaticiens accomplis trouveront dans le blanc impeccable de la maison Kawenga de quoi s’exprimer, et pourquoi pas, de quoi apprendre.

Article paru sur midilibre.com le 20 mars 2009

L’arrivée du numérique suscite la colère des dernières radio libres

La TNT bien installée, c’est maintenant au tour de la radio de passer à l’ère numérique. Résistantes ou peu enthousiastes, les radios libres contestent les choix techniques de l’Etat. Au banc des accusés, le T-DMB, un système de diffusion que la Corée est pour l’instant la seule à utiliser.

L’Eko des Garrigues trouve le son RNT « peu convainquant ». Radio Clapas s’indigne de ce qu’elle nomme « une machine à nous exclure ». Divergences FM critique le choix du CSA « rien moins qu’absurde » pour une norme de diffusion que les Coréens et les Français seront les seuls à utiliser (le T-DMB ou Diffusion multimédia numérique terrestre). Alors qu’est prévu courant 2009 l’ouverture des candidatures dans le pourtour montpelliérain, la Radio Numérique Terrestre (RNT) suscite une forte hostilité dans le milieu associatif local.

Déjà mise en place dans plusieurs pays de l’Union Européenne, l’idée avancée par le gouvernement l’année dernière est pourtant séduisante à plus d’un titre. Stopper son émission de radio favorite pour la reprendre quelques minutes ou plusieurs heures plus tard, afficher des images ou du texte en plus d’un son de meilleure qualité, autant d’arguments qui plaident en faveur du numérique quand les bons vieux postes accumulent la poussière et les parasites. Mise en place d’ici 2012, la RNT devrait cohabiter avec les ondes radio classiques au moins jusque 2020, comme le font actuellement la TNT et l’analogique pour la télévision.

Ce passage de flambeau a beau augurer monts et merveilles, il ne fait pas que des heureux. Les radios de catégories A, dites associatives, dénoncent depuis le début l’accompagnement de l’Etat, lacunaire, et des aides pour l’instant inexistantes. Les conditions d’exercice et les contraintes d’accès au numérique sont pourtant draconiennes : l’obligation pour les radios associatives de trouver un prestataire (ce qui met fin à l’autodiffusion) et de se regrouper à plusieurs en SARL, de même que le pari du système de diffusion coréen (D-TMB) au détriment de la norme en vogue (DAB) ; deux signes annonciateurs d’ « un bulldozer auquel seuls les gros survivront » selon Jean Paul Gambier, membre de Radio Clapas.

Alors que leurs ressources pourraient diminuer, les radios associatives se préparent donc à de nouveaux coûts. Le président de la fédération des radios associatives ne se prive d’ailleurs pas de comparer l’idée du CSA de créer des collectifs à une : « incitation commerciale à former des groupes. » « Nous on n’est pas dans les affaires, on fait du lien social, renchérit-il. On tourne à 80% au bénévolat, pourquoi on devrait créer une société privée ? »

Membre actif de Radio Clapas, Jean Paul Gambier déplore le choix du D-TMB, initialement conçu pour la télévision, au seul motif des données associées. L’ajout de la vidéo rapprocherait un peu trop les médias audio et télé à son goût: « la radio avec de l’image, ce n’est plus vraiment de la radio. » S’il admet qu’« on ne peut pas être contre une révolution qui se fera de toutes façons sans nous », Jean Paul Gambier préférerait « passer au numérique autrement. »

« Les gros de la radios visent le monopole »

Constat que partage l’Eko des Garrigues, membre du collectif anti-RNT Radios en lutte. Le chef d’antenne Stéphane Tosi craint « de devoir se rééquiper, de trouver un prestataire puis un partenariat avec d’autres radios. » Au risque d’un impact sur la programmation, et à terme « la mort de la station. » Dans ce climat d’incertitude économique, l’attribution de la norme coréenne ferait presque rire. Là dessus, Stéphane Tosi a une explication toute faite : « Passer de la FM au numérique franco-coréen, c’est changer tous les postes radio, de la voiture au réveil. Il fallait relancer l’économie d’une façon ou d’une autre. Avec ça, c’est parti pour.» Jean Paul Gambier y voit plutôt un coup des lobbys : « Parce que les gros de la radio visent le monopole, ça arrangerait beaucoup de monde si on disparaissait.»

Des choix techniques discutables

Les choix techniques ne sont pas seuls à être montrés du doigt. Leur mise en application pourrait bien poser problèmes. Alors qu’un émetteur FM comme celui de la Paillade couvre un rayon d’environ 30km, il faudra 4 ou 5 antennes T-DMB pour desservir la même superficie en 2012. Quant aux fréquences utilisées, Gilles Gouget met en doute leur innocuité sur le corps humain : « efficaces ni à l’intérieur ni à l’extérieur », le directeur de la station Divergences FM assure que les nouvelles antennes devront « mettre le paquet pour espérer atteindre la chaîne Hi-Fi numérique du salon familial.»

« Précipité, hâtif », Gilles Gouget ne cache pas sa perplexité sur le dossier numérique. «Personne n’est prêt pour le T-DMB, pas même les constructeurs d’autoradios » soutient mordicus cet inconditionnel de la FM. Passer par le réseau Wifi, ou exploiter au mieux la technologie RDS, utilisée pour afficher les noms des stations sur huit caractères, en désespoir de cause les radios associatives se replient sur des options moins coûteuses que le numérique terrestre, sans toutefois vraiment y croire.

Selon un représentant de la radio ouvertement anti-RNT Canal Sud, cité par notre confrère le Canard Enchaîné, le passage au numérique coûterait à chaque station candidate quelques 17 222 € par an. Avec moins de 40 000 € de budget annuel pour L’Eko des Garrigues, 110 000 pour Divergences FM et quarante de plus chez Radio Clapas, dont plus de la moitié part en masse salariale, le calcul est vite fait. L’appréhension des directeurs d’antenne associative à tendre la main au progrès n’en paraît que plus logique. La marche forcée de l’Etat, que plus discutable.

Article paru sur midilibre.com le 15 Mars 2009

Ne sachant pas quoi faire de son stock de balles, il le poste à ses ennemis politiques

Cette semaine, Satire à vue se la joue Faits Divers. Peut être parce que la police de la France entière a les yeux braqués sur Montpellier… En effet, un montpelliérain a été arrêté mercredi 4 mars 2009 . Il est suspecté d’avoir terrorisé plusieurs personnalités de droite en leurs envoyant des lettres de menaces de mort contenant des balles d’armes à feu. Pour une fois qu’on parle de notre belle ville : Célébrité, nous voilà !

Montpellier sous les feux de la rampe, ou plutôt sous le feu des balles. Le Point relate que « Un homme âgé de 47 ans, informaticien et militaire de réserve, a été interpellé mercredi 4 mars à son domicile à Montpellier dans l’enquête sur l’envoi, ces dernières semaines, de courriers accompagnés de menaces de mort visant Nicolas Sarkozy, plusieurs ministres et d’autres personnalités ». 20minutes complète, l’arrestation aurait été faite sur « la foi d’une dénonciation de son ex-compagne […] qui aurait alerté la police car il aurait employé pour la menacer des termes proches de ceux utilisés dans les lettres ». Ca, c’est de la preuve…

De Lamalou les Bains à l’Elysée

Mais remontons aux sources de l’affaire. C’est le quotidien Sud-Ouest qui déclencha l’emballement médiatique en révélant mardi 3 février qu’Alain Juppé avait reçu une balle de 9 mm lundi matin dans une enveloppe kraft adressée à la mairie de Bordeaux. Le tout accompagné de menaces de mort bien sur, sinon c’est pas drôle.
Mais Alain Juppé n’est pas l’unique victime du corbeau comme le dévoile Rue89 : « Quelques heures plus tard, parquet, Elysée et ministères concernés révélaient que Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie et Rachida Dati avaient reçu des plis de même teneur, en fin de semaine dernière. Des élus locaux aussi: le sénateur de Lozère Jacques Blanc et le sénateur-maire de Béziers (Hérault), Raymond Couderc -calibre 38 pour lui (à peine plus gros qu’une balle de 9 millimètres) ».
A Satire à vue, on pense détenir un indice : le coupable ne doit pas être de droite.

Mais comme quand on aime, on ne compte pas, l’effroyable serial menaceur s’en est même prit aux médias. Apres Nonce Paolini, PDG de TF1, une « enveloppe est arrivée ce matin (4 mars ndlr) au siège de France Télévision » indique Le Figaro. Autant dire qu’avec une telle brochette de célébrités sarkoziennes, l’affaire ne pouvait pas s’éterniser indéfiniment.
On en oublie même la première victime, Marcel Rocques, modeste maire nouveau centre de Lamalou les Bains. L’édile s’est vu honoré le 31 mai 2007 « d’une missive, accompagnée d’une balle d’arme de poing de calibre 44 Remington Magnum de marque RP » précise le Parisien. Désolé Marcel, mais Lamalou les bains, ça fait pas frétiller la brigade anti-terroriste…

Le monsieur te dit : « vous êtes dans les starting blocks de la mort »

Niveau prose, le contenu des lettres est digne de tout activiste dyslexique qui se respecte. Le parisien nous communique ainsi quelques extraits choisis : « Le mépris total de vous envers le peuple nous impose d’agir », ou bien « Le dispositif de surveillance nous a permis de vous cibler vous et les vôtres dans tous vos déplacements donc vous êtes ciblés et verrouillés. Le temps pour nous est sans importance puisque vous êtes déjà mort, en sursis, seulement », ou encore «Vous UMP Nouveau Centre FN et autres collabos centristes et socialos collabos, vous êtes dans les starting blocks de la mort». Quel charmant personnage. On est persuadé que Royal, Bayrou, Bockel et Morin apprécieront l’amalgame collabos-centristes et socialos-collabos.

Devant ce haut sommet de littérature, la réaction de Michèle Alliot-Marie a été tres… mesurée. Dans un éclair de lucidité, elle a déclaré au NouvelObs que l’auteur des lettres de menaces est « de toute évidence (…) quelqu’un qui est un petit peu dérangé ».
Rappelons à juste titre par le biais des Echos que « L’envoi de lettres de menace de mort est puni d’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à trois ans et 45.000 euros d’amende ». Alors jeunes corbeaux en herbe, même si les politiques vous agacent, n’essayez pas de reproduire ce difficile exercice chez vous, et ce même en présence d’un adulte.

Bastien Cazals saisit le Tribunal Administratif de Montpellier

L’instituteur désobéisseur veut faire valoir ses droits ! Bastien Cazals, le directeur de l’école maternelle Louise Michel (Saint-Jean-de-Védas) annonce qu’il dépose deux recours en Tribunal Administratif pour contester la décision de l’Inspection Académique de l’Hérault d’effectuer des retraits sur salaire. Dans une lettre adressée au Président de la République le 25 novembre 2008 il explique, entre autres, les motifs pour lesquels il refuse de mettre en place l’aide personnalisée. Cette aide a été mise en place à la rentrée dernière et vise à consacrer une demi-heure par jour de soutien (sur une semaine de quatre jours). Le professeur des écoles, lors d’un rassemblement devant le Rectorat le 17 décembre dernier, que la mise en place de ce nouveau dispositif ne fait «qu’entretenir la confusion avec l’aide spéciale, les Rased», les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté. Le Ministère de l’Éducation Nationale a décidé de supprimer 3 000 postes pour la rentrée scolaire de 2009.

Depuis, Bastien Cazals a été inspecté et convoqué à l’Inspection Académique à plusieurs reprises. Cette dernière a décidé de lui retirer 12 jours de salaires sur le mois de décembre, soit 700 euros. Une décision illégale, selon le mémoire déposé la semaine dernière par ses avocats, Maître Ruffel (un parent d’élève) et Maître Mazas. «L’Administration considère qu’il s’agit d’un service non-fait, et que par décision administrative elle a le droit d’effectuer un retrait sur salaire», explique Bastien Cazals. Or, les sanctions financières ne figurent pas en tant que tel parmi la série de sanctions disciplinaires qui existent. De plus, l’Inspection Académique n’aurait pas respecté toute les étapes d’une procédure disciplinaire. Il existe en effet une graduation dans le type de sanction allant du simple avertissement jusqu’à la révocation. Deuxième motif, «il ne s’agit pas d’un refus de service car c’est un ordre illégal». Bastien Cazals renchérit : «le statut des fonctionnaires permet de ne pas appliquer un ordre s’il est illégal et de nature à porter préjudice aux usagers». L’aide personnalisée, rajoute une demi-heure d’enseignement qui ne respecte pas l’obligation règlementaire de ne pas dépasser les six heures quotidiennes des élèves, selon un décret de 1990. L’instituteur rappelle que «le Ministre lui-même dit que l’aide personnalisée était considérée comme un temps d’enseignement».

Saisi en référé-suspension, le Tribunal à Montpellier devra juger sur l’urgence de réparer le préjudice du retrait sur salaire. Le jugement au fond sera plus lent, ce type de procédure pouvant durer un an. En attendant, Bastien Cazals se félicite que d’autres désobéisseurs pédagogiques à Tours et à Colomiers réfléchissent à une même action en justice.

Le Planning familial est en danger

L’Etat s’apprête à réduire considérablement les budgets alloués au Planning familial. Les salariés se sont mis en grève et ont manifesté contre cette mesure.
Entretien avec Françoise Imbert, directrice du Planning familial de Montpellier, qui nous explique les dangers d’une telle réduction de budget.

Quel rôle exercez-vous au sein du Planning familial de Montpellier?

J’occupe la fonction de directrice, et je suis en poste depuis juillet 2001.

Depuis combien de temps le Planning existe t-il?

Le MFPF (Mouvement Français du Planning Familial) a fêté ses 50 ans en 2006 …. il est donc né en 1956, sous l’intitulé de Maternité Heureuse.

En moyenne, combien de personnes viennent consulter le Planning par an ?

En moyenne, nous sommes en contact avec 13.000 personnes par an, parmi lesquelles environ 4.200 qui font la démarche de venir nous rencontrer (planification, entretiens individuels dits de Conseil Conjugal et Familial)

Combien gagne un(e) salarié(e) du Planning, comment est-il (elle) recruté(e) ?

Les salaires sont établis en fonction du poste occupé : il n’y a donc pas d’uniformité à ce niveau.
Je peux juste préciser que la contribution de l’Etat concernant notre mission d’information, d’accueil, d’écoute et d’éducation à la sexualité est actuellement de 8 € de l’heure. C’est de la suppression de cette aide dont il est question aujourd’hui.
Les recrutements se sont à trois niveaux, parallèles : ANPE, réseau national du MFPF et réseau local.


Pouvez-vous expliquer en quoi consiste exactement la révision du budget du Planning familial?

Le projet de loi de Finances pour 2009, prévoit, entre autre chose, une baisse de de 1 million d’euro concernant le programme 106 : actions en faveur des familles vulnérables. C’est cette ligne budgétaire qui permet notamment le financement du conseil conjugal et familial et au soutien à la parentalité. Il s’agit donc pour 2009 d’une amputation de 40% du budget précédemment alloué, le risque étant sa suppression totale en 2010.

Quelles seront les conséquences directes sur votre métier et sur le Planning ?

L’ensemble des Associations Départementales du réseau national du MFFP se sont vues confiées cette mission d’utilité publique suite à la loi Neuwirth de 1967. Pour certaines d’entre elles, il s’agit d’un mission exclusive. De fait, la suppression de cette aide ne manquera pas d’entrainer avec elle la fermeture d’environ 1/3 des associations départementales du MFPF.

Quelles conséquences pour les personnes qui fréquentent le Planning ?

Dans la mesure où elle concerne notre travail d’accueil, d’écoute et de prévention, la disparition de ces associations ne sera bien entendu pas sans conséquences sur les différents publics qui fréquentent le MFPF ou auquel il s’adresse (jeunes en établissements scolaire notamment). Il y a donc clairement mise en danger de l’information sur les droits sexuels et reproductifs, et ce danger se profile alors qu’une campagne triennale nationale autour de la contraception a été lancée par le gouvernement fin 2007, et que le MFPF en est un relai d’information important !

Après la manifestation et la grève, aurez-vous d’autres recours pour vous faire entendre ?

La situation du MFPF a été abordée le 4 février dernier, en Assemblée Nationale. Aux vues du mouvement de grève du MFPF et du fort soutien qu’il reçoit depuis la médiatisation de cette situation, le Ministre Hortefeux a assuré qu’il n’y avait aucune inquiétude à avoir concernant les financements alloués au MFPF. Vous vous doutez bien que notre Secrétaire Générale, Marie-Pierre MARTINET, suit cette annonce de très près !

Pourquoi pensez-vous que l’Etat restreigne le budget ? (Alors que l’Etat souhaite plus de structures d’accueil pour les femmes battues par exemple et que le Planning en est une)

Je suppose que cela s’inscrit aussi dans une logique de petites économie …. qui n’en est pas moins une fausse économie et qui serait une grave erreur dans la mesure où, une fois de plus, elle concerne entre autre la prévention des risques sexuels.

Lorsque vous avez accueilli les gens dans la rue (lors de la grève), quelles ont été leurs réactions face aux menaces qui pèsent sur les Plannings ?

Tout d’abord, de nombreuses personnes ont été surprises que notre réseau associatif puisse être en danger, car encore beaucoup pensent que nous sommes une institution et non pas une association Loi 1901. Mais ce qui ressort très majoritairement, c’est un soutien des citoyen(e)s : à titre d’exemple, en 4 jours, notre pétition en ligne a reçu 30.000 signatures !

Que pensez-vous du film « Les bureaux de Dieu » de Claire Simon ? Pensez-vous qu’il reflète bien le quotidien des Plannings ?

Le film de Claire Simon témoigne d’une partie des activités du MFPF (les entretiens individuels sur les questions de contraception, IVG, violences, difficultés relationnelles ….), qui est justement l’une de celles menacées aujourd’hui. L’accueil que lui a réservé le public a été très favorable, c’est donc un film qui a atteint son objectif, notamment car il fait mieux connaître au grand public ce qu’est le « métier » de conseiller(ère) conjugal(e) et familial(e), tel que pratiqué au MFPF (nous sommes d’ailleurs organisme de formation pour la validation de ce titre). C’est en outre un excellent outil que nous pourrions utiliser en interne, au niveau de notre formation au Conseil Conjugal et Familial, mais aussi en matière d’analyse de la pratique…

GOJIRA : « Au delà de nos démons, nous restons des humanistes »

Vendredi 7 février, le Rockstore de Montpellier accueille Gojira, un des groupes majeurs de la scène Metal française depuis plus d’une dizaine d’années. Pour l’occasion, entretien avec Mario Duplantier, le batteur énergique de la formation.

A. J. : On vous classe souvent dans la catégorie du Death Metal, vous retrouvez-vous sous cette appellation?

Mario Duplantier : Nous appartenons sans nul doute à la grande famille du Metal. La musique du Death Metal, plus extrême encore, nous a chamboulés dès les débuts, du fait de la de la technicité très poussée de ce style et de la récurrence autour de la noirceur. Mais au delà de ça, même si nous n’hésitons pas à parler de nos propres démons, nous restons des humanistes. Nous avons foi en l’Homme. L’important dans notre recherche, c’est de donner une dimension d’ordre existentiel et spirituel à notre musique.

A. J. : Au delà de la question des influences, Gojira a t-il une idole en commun qui fait l’unanimité au sein du groupe ?

M. D. : Notre groupe existe grâce à Metallica. J’avais 12 ans la première fois que je l’ai écouté, c’est ce qui m’a fait abandonner le sport pour la batterie. Sinon, nous admirons aussi Sepultura et Death.

A. J. : On vous dit engagés. En faveur de quoi « militez » vous ?

Nous ne sommes pas spécialement branchés politique, bien que tout le soit plus ou moins. Il y a des choses qui nous touchent, d’autres qui nous font mal. On essaie de composer des hymnes à la nature et à la vie.

A. J. : Comment se déroule la phase de composition de votre musique ?

M. D. : C’est mon frère Joseph qui écrit les textes et compose les mélodies. Il gère de nombreux aspects culturels du groupe, jusqu’aux pochettes. De mon côté, je crée le dynamisme des morceaux. Souvent, une idée part d’une partie de batterie que je viens de trouver.

A. J. : Pouvez-vous me parler un peu de votre jeu de batterie, impressionnant de technicité ?

M. D. : Le Metal est un challenge technique formidable. Pour être bon dans ce domaine, il faut se spécialiser corps et âmes dans cette rythmique spéciale. Sur scène ou en répétition, je me mets toujours en péril, je cherche à toujours repousser mes limites de jeu. Le rapport au corps doit donc s’appréhender comme celui d’un athlète de haut niveau qui ne se relâche jamais. Mon souci majeur avec mon instrument, c’est de réduire la marge entre les concerts où je suis fatigué et ceux où je pète la forme, pour que le public ne s’en aperçoive pas.

A. J. : Vous marchez très bien outre-atlantique, qu’est ce qui séduit les américains dans votre musique, selon vous ?

M. D. : L’avantage du Metal, c’est que c’est une musique universelle. Nous obéissons aux mêmes codes à travers le monde. Gojira crée une musique internationale, mais avec une touche « à la française » : nos textes sont basés sur une réflexion critique et cultivée, plus complexe que certains groupes allemands ou américains. Aux États-Unis, les gens sont fascinés que l’on vienne de France. Ils ont un respect incroyable et nous déroulent à chaque fois le tapis rouge.

A. J . : L’année dernière sortait votre dernier album « The Way Of All Flesh » (La voie de toute chair). Quelle est la signification du titre ?

M.D. : Joseph a commencé à avoir ses premières rides. Tout de suite, il s’est posé certaines questions fondamentales sur l’après-vie. Sommes-nous juste un tas d’os qui pourrit sous la terre, nous réincarnons-nous? Avec cet album, il a décidé d’appréhender sa propre mort, pour ensuite se demander ce que l’on peut bien faire du temps qui nous est imparti jusqu’au coup d’arrêt.

A. J. : Vous êtes cette année sur la route. Avez-vous des projets après 2009 ?

M. D. : Avec la tournée en tête d’affiche aux États-Unis cette année, le rythme va être soutenu! Donc après, on envisage de se calmer sur les concerts. Nous avons joué dans un cinéma en live il y a quelques temps pour illustrer un péplum muet. Ce projet nous a plu, nous enregistrerons peut-être la BO si nous récupérons les droits d’auteur!

A. J. : Et au fait, Gojira, c’est un hommage à la puissance de Godzilla, n’est-ce pas ?

M. D. : Oui, c’est le nom de Godzilla en japonais. Ça évoque la puissance, bien sûr, mais c’est aussi une référence au nucléaire : Ce monstre est né de radiations nucléaires, d’une déformation de la nature. Et puis, notre musique, elle aussi, est monstrueuse.

« Que ceux qui ont des enfants normaux restent à leur place »

Jean Louis Fournier était mardi soir à la médiathèque Emile Zola de Montpellier. Il y présentait son dernier ouvrage, « Où on va, Papa? », le récit autobiographique d’un père d’enfants handicapés.

« Je me demande, docteur, si mes enfants sont totalement normaux ». Dans ses pieds, deux « oiseaux ébouriffés » qui gazouillent, piaillent, et se griffent, la dizaine d’années à peine passée. Mathieu et Thomas. Ses deux fils handicapés, « des enfants pas comme les autres ». C’est un peu sa spécialité à Jean Louis Fournier, cet auteur aux livres pas comme les autres : « Ca laisse le bénéfice du doute ». Le ton sarcastique, parfois dur quand il n’est pas amer, de son dernier roman « Où on va, papa ? » lui a valu le prix Femina 2008 et le globe Crystal 2009. En bonus, un moment en compagnie des montpelliérains de la médiathèque Emile Zola un soir de mardi 2 Février.

Deux naissances, deux miracles à l’envers

20090203-20090203-DSC_0043.jpgA l’initiative de la librairie Sauramps, ce père de trois enfants, dont deux garçons handicapés, est étrangement venu parler plus de lui que de son dernier livre paru au éditions Stock en fin d’année. La salle est comble, la lumière chaleureuse, les têtes sont grises. Une main sous le menton, les lectrices de Jean Louis Fournier ont la posture de femmes concernées.
Jean Louis se raconte. La veille, il était au Lido. Pour y recevoir son « truc », le Globe Crystal Roman&Essai, décerné par un jury de plus de 4000 journalistes. Parler d’handicaps dans un lieu symbole de beauté et de réussite, « c’est assez insolite » ironise l’intéressé, les yeux encore pétillants. Parce que, «voyez vous, les danseuses du Lido c’est pas vraiment des handicapés, plutôt des chefs d’œuvre de la nature.»

« Deux miracles à l’envers » en deux ans, Jean Louis Fournier a connu l’enfer. Dans « Où on va, papa ?», le père et narrateur alterne confessions et moments partagés. Il a la voix sans timbre de ceux qui ont tout vécu. Des moments de folie où Thomas, 7 ans, tente d’enfiler sans succès son pull par le chas de l’aiguille, aux visites à l’institut, où parmi des adultes qui ne seront jamais que de vieux enfants, son fils tarde à le reconnaître. « Où on va, papa ? », ce refrain qui tournait en boucle à l’arrière de la Camaro lors des échappées du dimanche, Jean Louis Fournier ne l’entend plus. « Mon fils n’a plus envie d’aller nulle part » confie ce vieil écorché qui fait semblant d’être méchant.

La vierge Marie aux WC

Le rire agit sur lui comme un antidépresseur, un antalgique qu’il injecte dans sa vie et dont il repeint ses pages. « J’ai tendance à voir l’insolite des situations, du drôle dans le drame, un peu comme les enfants. » Le cartable au dos, Jean Louis Fournier mettait déjà son hygiène artistique au service de la paroisse locale. Ainsi l’effigie de Marie la Sainte a-t-elle participé à une expérience esthétique qui l’a vue passer du bénitier aux sacrosaints doubles WC.
« La reproduction n’était pas digne d’elle » rétorquera le bon samaritain au chanoine venu lui remonter les bretelles et médire auprès de la mère Fournier «ce gamin on en fera jamais rien ». Fort d’une vingtaine d’ouvrages à son actif, dont une collaboration prolifique avec l’humoriste Pierre Desproges, le petit garnement a défié les pronostics. Une dent tout de même contre celui qui n’aura pas su reconnaître son talent : « ce chanoine, j’espère qu’il est mort depuis longtemps et qu’il est bien en enfer !»

20090203-20090203-DSC_0041-2.jpg Le regard des autres, Jean Louis Fournier sait s’en passer. Pour ce qui est de leur pitié, il préfère faire sans. Les gens compatissants lui font horreur, la faute à des problèmes de transpiration : « Ils ont toujours la main moite lorsqu’ils la posent sur vous. Que ceux qui ont des enfants normaux restent à leur place et nous laissent tranquilles. » Son amour, Jean Louis Fournier le réserve à ses lecteurs. Bien qu’il espère mettre à l’aise la société avec ses moins chanceux, il croit encore en l’humanité tant « qu’elle achète son livre ». Pour ça, pas de pénuries à l’horizon. L’une après l’autre, les auditrices présentent pieusement leur exemplaire du dernier Fournier à la dédicace. Bon seigneur, Jean Louis rend l’hommage : « Mesdames je vous adore, ce n’est pas grâce à vos maris que je vends, c’est grâce à vous, continuez ! »