Régionales 2015 :
Philippe Saurel: « Chaque homme a le droit à sa part de souveraineté »

Philippe Saurel est la tête de liste des Citoyens du Midi pour les élections régionales en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Également maire de Montpellier et Président de sa nouvelle métropole, nous l’avons rencontré le 13 novembre 2015. Dans l’interview, il montre comment il s’est lancé tête baissée dans les élections régionales des 6 et 13 décembre prochains.

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Régionales 2015 :
Gérard Onesta : »On a donné le signal qui manquait pour que l’espoir revienne »

Gérard Onesta est la tête de liste du « Nouveau Monde » (FG, EELV, PO, NGS), pour les élections régionales en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Nous l’avons rencontré à Toulouse, entre deux rendez-vous, le 10 novembre 2015. Dans l’interview, il présente sa vision de la politique citoyenne et participative, pour ces élections régionales des 6 et 13 décembre prochains.

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Régionales 2015 :
Louis Aliot : « Je pense que notre programme est supérieur aux autres »

Louis Aliot est la tête de liste Front National pour les élections régionales en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Il était à Montpellier le 19 novembre 2015, dans le cadre de sa campagne. Dans cette interview, il explique pouvoir l’emporter les 6 et 13 décembre prochains.

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Carole Delga : Garantie « Sud de France », labellisée Hollande

La toulousaine a l’accent qui chante et se dit fière de ses origines de Haute-Garonne. Mais l’éphémère secrétaire d’Etat de Manuel Valls est d’abord une élève modèle du PS chouchoutée par de bonnes et puissantes fées. La magie va-t-elle opérer ?

Cette semaine, nous vous proposons une série d’articles consacrés aux élections régionales. Retrouvez nos portraits et nos vidéos dans notre dossier.

« Mille cœurs debout ! », ou peut-être un peu moins lors de l’arrivée triomphante de Carole Delga à son meeting. Ce soir de novembre, elle est à Frontignan, la chanson de Cali résonne, les poings se lèvent, les militants frappent des mains pour accueillir l’ancienne ministre-candidate. Elle porte certes les couleurs du gouvernement, mais ses habits sont d’un rouge bien plus vif que la politique de Manuel Valls. Et ce sourire aux lèvres presque forcé qui veut nous faire croire qu’au Parti Socialiste tout va bien…

Agrippée au pupitre, elle a déjà gagné : « Lorsque je serai la présidente de cette région… », engrène-t-elle comme si la bataille était déjà pliée. Sa langue de bois laisse parfois bouche bée mais chez les militants socialistes, on apprécie cette jeune femme dynamique et accessible. « Elle est gentille, souriante, ouverte. Il y a toujours plein de monde qui veut lui parler, elle est très entourée », assure Pénélope Guilbaud-Greffié, 19 ans, la plus jeune de ses colistières.

Donnée favorite au second tour par les sondages, avec 39% des voix selon BVA, cette toulousaine âgée de 44 ans semble très sûre d’elle. Pourtant, son horizon politique n’est pas si rose : une gauche dispersée, le Front National très nettement devant elle au premier tour selon toutes les enquêtes, et même son challenger des Républicains qui la devance. D’autres chancèleraient pour bien moins.

De la mairie de Martres-Tolosane à Bercy

Malgré son jeune âge, Carole Delga c’est d’abord un CV quasi irréprochable et une trajectoire à rendre jaloux un apparatchik de Solferino. Martin Malvy, actuel président de Midi-Pyrénées souligne sa « particularité de connaitre le fonctionnement de la mairie à l’Etat. » Fier de sa protégée (« On ne peut pas rêver mieux »), il cache à peine en avoir fait sa créature pour lui succéder. Elle le rencontre voilà une dizaine d’années alors qu’elle est chef de service au conseil régional à l’aménagement du territoire. « Lors des réunions de travail, elle était pertinente, avec des idées, de bonnes idées, à la fois lucide et volontaire. Et surtout de l’imagination. Au bout de quelques années, je me suis dit qu’elle pourrait devenir élue régionale ». Certes, Carole Delga dit s’inscrire dans la « conception politique de Martin Malvy ». Elle nuance cependant: « je suis inspirée mais pas tutorée ».

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Diplômée d’un Master II en Droit des collectivités locales, elle entre en politique en 2008, élue maire de son village Martres-Tolosane. Elle le restera six ans et devient en 2010 vice-présidente de la région Midi-Pyrénées. En 2012, à sa grande surprise, elle est élue députée de la huitième circonscription de Haute-Garonne avec 51,6 % des voix. C’est à ce moment qu’elle découvre la politique nationale et devient une parlementaire dans le « courant hollandais », dirigé par Stéphane Le Foll, qu’elle côtoyait déjà avant son élection. En quasi deux ans, elle se fait remarquer comme députée, notamment auprès de Manuel Valls qui la repère et la soutient. D’après Clément Prunières, coordinateur adjoint de sa campagne, « elle a émergé aux yeux de certains nationaux ». Elle devient un « soutien inconditionnel de Hollande », alors que d’autres frondaient elle lui est restée fidèle. « C’est quelqu’un de loyal envers le président, ça a forcément joué ».

Son ascension est fulgurante puisque François Hollande – dont elle est proche – la propulse au gouvernement en juin 2014, comme secrétaire d’Etat déléguée au Commerce, à l’Artisanat, à la Consommation et de l’Économie sociale et solidaire – rien que ça ! Un an plus tard, et après s’être fait un petit nom à Paris, elle le quitte. Non pas sur un désaccord avec la politique menée par François Hollande, comme son collègue Benoît Hamon avec qui elle a fait la loi sur le « fait maison », mais pour se consacrer à sa campagne régionale.

« Je suis 100% made in Languedoc »

« Je suis une femme libre au service du collectif », scande désormais celle qui joue de son pedigree très terroir, jusqu’à revendiquer le label régional « Sud de France ». Dans cette campagne, elle a fait de son accent qui attendrissait ses collègues du gouvernement, une force, presqu’un atout majeur. « Mon identité, mes racines, mon accent je dois en être fière ». Née à Toulouse un jour d’été 1971, elle vit toujours dans sa maison de famille de Martres-Tolosane (Haute-Garonne) où elle a grandi, élevée par sa grand-mère et sa mère, secrétaire puis femme de ménage. Elle le répète : « Je suis 100% made in Languedoc ». Surnommée « l’accent du gouvernement » par François Hollande, elle répand la politique de l’Elysée à l’autre bout du pays.

Dans une (future grande) région où la gauche est ultra majoritaire, Carole Delga assume son rôle de bonne élève du Parti socialiste. Chose inouïe en ces temps d’impopularité gouvernementale, elle défend même le président de la République qui ne lui a jamais ménagé son soutien. En visite à Carcassonne, le chef de l’Etat en avait profité pour vanter le rôle de Delga en matière d’économie solidaire. « Continue le terrain », lui a glissé celui-ci d’après Libération, lorsqu’elle a quitté Bercy pour la campagne. Cela tombe bien, aujourd’hui Carole Delga ne rêve plus ni d’Assemblée nationale ni de maroquin ministériel. « Je resterai au service du local, je ne remonterai pas à Paris, ma décision je l’ai prise ». Dimanche, les électeurs du cru diront s’ils accordent, eux aussi, les félicitations à la bonne élève du PS.

Louis Aliot, le passe-partout

Compagnon de la présidente du FN et numéro deux du parti, Louis Aliot au look de gendre idéal désarçonne même ses adversaires. Mais le favori du premier tour en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées est surtout un redoutable homme d’appareil au service de la famille Le Pen depuis plus de deux décennies.

Cette semaine, nous vous proposons une série d’articles consacrés aux élections régionales. Retrouvez nos portraits et nos vidéos dans notre dossier.

« Au sein de l’équipe de campagne c’est l’ambiance start-up », affirme content de lui Frédéric Gourier, membre de l’équipe de campagne de Louis Aliot. « C’est lui qui porte le costume-cravate et il est exigeant », rajoute-t-il sourire en coin. Mais qui se cache derrière le vice-président du Front National à l’ascension éclair ?

Chez les Le Pen, Louis Aliot a conquis le père avant la fille. Il adhère au Front National en 1990. Bon petit soldat, il se fait remarquer l’année suivante en terminant major de l’université d’été du parti. Puis, tout s’accélère. En 1999, il est directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen, et coordinateur de la campagne présidentielle de 2002 durant laquelle le FN se hisse au second tour.

Opération séduction en terres catalanes

Pour progresser encore, Aliot doit se trouver une terre d’élection. Né en 1969 à Toulouse d’une mère rapatriée d’Algérie et d’un père ariégeois, Louis Aliot passe son enfance entre la Haute-Garonne et l’Ariège. Mais ce sera Perpignan, où le parti lui confie la mission de raviver la flamme frontiste ainsi que dans les Pyrénées-Orientales (PO). Son patient travail d’implantation auprès de la communauté pied-noire et des notables du cru s’avère vite payant : sa liste « Perpignan, ville libre » remporte plus de 10% aux municipales. Jaume Roure, fondateur du parti Unitat Catalana, qui le côtoie au conseil municipal à l’époque, n’est pas tendre : « Je l’ai toujours affronté, il verse dans le nationalisme français, mais dans le pire sens du terme. Il est dans le populisme, le repli sur soi. Ce n’est pas un adversaire avec lequel on peut sympathiser».

D’autres sympathisent pourtant avec l’homme en coulisses. À droite notamment. Jean-François Fons, tête de liste pour le FN dans les PO, a rencontré Louis Aliot alors qu’il était élu UMP à la mairie de Perpignan. « À l’époque, affirme-t-il, Louis était dans l’opposition et j’étais le seul à le saluer. On a sympathisé, et je l’ai finalement rejoint ». Lorsqu’on lui demande de décrire la personnalité d’Aliot, Jean-François Fons commence sa phrase en affirmant vouloir être « honnête ». « Louis, dit-il, est quelqu’un de calme, à l’écoute. Quand on le connaît peu il passe pour un discret, mais sur le plan humain il a des qualités indéniables ».

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Une « sociabilité méditerranéenne » tout-terrain

Louis Aliot, c’est aussi cette « sociabilité méditerranéenne », précise l’historien Nicolas Lebourg, chercheur à l’Université de Perpignan Via Domitia. « Celui qu’on croise à Perpignan, attablé en terrasse de café, à qui l’on vient serrer la main ou faire la bise». Une stratégie qui pourrait payer, selon Valérie Igounet, autre chercheuse associée à l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP-CNRS). « Ce qui peut jouer pour les régionales, c’est son côté sympathique, son accent du sud, sa présence sur le terrain », affirme-t-elle.

Un style désarçonnant… qui contribue à séduire certaines catégories de la population. « Il est très à l’aise dans tous les milieux », assure Jean Miclot. Ancien du Front National, il est aujourd’hui tête de liste gardoise derrière une autre liste d’extrême-droite conduite par Jean-Claude Martinez (France Force Sud). « Je l’ai vu tenant des têtes de cochon avec des paysans dans le Gard. C’est aussi l’ami des notables, le copain de Roland Dumas… Et il est apprécié des pieds-noirs et harkis de la région », énumère-t-il. Ce que confirme Thierry Rolando, président national du Cercle algérianiste. « Aliot appartient à cette communauté et en épouse les drames. Il a un positionnement très fort sur les questions mémorielles liées aux Français d’Algérie et harkis », argue-t-il.

Louis Aliot sait donc user avec subtilité de son passé politique comme familial ou de son métier d’avocat pour séduire les électeurs. « De manière vulgaire et naturelle, Aliot désarme les gens car il ne correspond pas à l’image de l’extrême-droite. Il représente à lui seul un instrument de normalisation », explique Nicolas Lebourg, spécialiste du Front National. « Juifs, femmes, pieds-noirs… Louis Aliot ouvre des tiroirs pour toucher un panel plus large » que le FN traditionnel, détaille Valérie Igounet. « Je ne dirais pas qu’il soit désarmant. C’est plutôt un représentant exemplaire de ce nouveau FN, plus « modéré » », ajoute-t-elle.

Certains « codes frontistes » subsistent pourtant dans ses discours. « Louis Aliot utilise encore régulièrement l’expression « Trois couleurs, un drapeau », car c’est la capacité à intégrer des populations diverses qui fait la grandeur de la France selon lui ». Une formule dérivée de « Trois couleurs, un drapeau, un empire », lancée par le service d’information du régime de Vichy. « S’il cherche à se démarquer sur la sémantique, les thématiques restent sensiblement les mêmes », ajoute Valérie Igounet. Dans son journal de campagne, Aliot parle du « grand repeuplement » qui n’est pas non plus sans évoquer le « grand remplacement », cher à Renaud Camus, écrivain français qui est à l’origine du concept.

Un moteur essentiel de la « dédiabolisation » du FN

Instigateur de la soit disant « dédiabolisation » du Front national, Louis Aliot a longtemps été un lepéniste (version Jean-Marie) pur et dur. « En 1998, il adresse une lettre aux adhérents FN de Haute-Garonne en leur demandant de ne pas rejoindre Bruno Mégret et de rester fidèles à Jean-Marie Le Pen », rappelle Valérie Igounet, auteure du Front National de 1972 à nos jours : le parti, les hommes, les idées.

Mais sa stratégie de conquête du pouvoir au plan national comme local passe par une volonté de rompre dans les années 90 avec l’antisémitisme et les obsessions raciales du parti. « À l’époque, il est opposé au courant Terre et Peuple, ouvertement racialiste, initié par Pierre Val », détaille Nicolas Lebourg. Les saillies de Jean-Marie Le Pen le « heurtent », car ce qu’il souhaite défendre avant tout est « le populisme national classique de la fin du XIXème siècle ». Lorsque le fameux « point de détail de l’histoire » est évoqué par Jean-Marie Le Pen, Louis Aliot ira jusqu’à rédiger un communiqué de presse indiquant que ces propos n’engagent pas le parti. Il sera convoqué par le président du parti et lui proposera sa démission.

S’il est le conjoint de Marine Le Pen, aujourd’hui présidente du parti, qu’en est-il de sa liberté d’expression ? « Il s’offre une certaine liberté sur les sujets qui lui importent », affirme Nicolas Lebourg.
Louis Aliot était d’ailleurs contre l’exclusion de Jean-Marie Le Pen en août 2015, en signe de respect pour ses cinquante ans de carrière politique. « Aliot ne l’aurait pas exclu et surtout pas de cette façon », indique Valérie Igounet. « Même s’il vit avec la présidente du parti, qui occupe une place politico-médiatique plus importante, il s’est fait une véritable place au sein du Front National », argue l’auteure.

Philippe Saurel, la bataille électorale sans fin

Son gimmick de « maire à plein temps » n’a duré que quelques jours. Depuis 18 mois, Philippe Saurel court après les scrutins. Une nécessité politique autant qu’une fringale de pouvoir, pour le maire de Montpellier et baron de Caravètes qui, candidat aux régionales, rêve d’étendre son royaume par delà la Garonne.

Cette semaine, nous vous proposons une série d’articles consacrés aux élections régionales. Retrouvez nos portraits et nos vidéos dans notre dossier.

Seul . Philippe Saurel ne cesse de braver les appareils partisans, il en a même fait sa marque de fabrique. Le chirurgien-dentiste de profession, ne pose presque plus de couronnes mais cherche plutôt à les conquérir. Après la mairie de Montpellier et l’agglomération dans la foulée, le voilà de nouveau en campagne avec ses « Citoyens du Midi ». Objectif : devenir « faiseur de » roi de la région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées.

Perdre sa famille politique – le parti socialiste – n’a pas endeuillé ce quinqua « montpelliérain de souche ». Bien au contraire. Il a transformé son éviction du PS en Janvier 2014, en un acte politique fondateur. Depuis, il n’en finit pas de moquer « les chars de Solférino » qui n’aiment pas la dissidence. Biberonné à la politique par Georges Frêche, il a chipé quelques traits de caractère à son mentor : la provoc’, la gouaille, et une forme de détestation des partis politiques. Et, comme son illustre prédécesseur, il fonce dans le tas.

Sans argent et sans fidèles, il s’aventure depuis l’été en dehors des murs de sa métropole fraîchement bâtie. L’autoproclamé candidat « antisystème », s’est lancé cette fois dans un défi qui semble hors de portée. 13 départements, 183 colistiers et des milliers de kilomètres parcourus… Crédité selon les instituts Ifop et BVA de 6 à 8%, le maire de Montpellier estime déjà avoir remporté une victoire par le simple fait d’avoir pu déposer les listes en préfecture.

« Saurel, c’est Gerd Müller ! »

Entre flagornerie et admiration, un de ses collaborateurs le compare à Gerd Müller, joueur de football allemand des années 70, célèbre pour sa niaque et le nombre de buts qu’il a marqué dans sa carrière. Ca tombe bien, le prévôt aime mettre en parallèle sa campagne à un match ou une compétition sportive : « Vous gagnez le premier match et vous êtes qualifiés en quart de final, vous allez vous arrêter à ce match ? Non, je joue les quarts de final ». Le sport collectif en politique n’est pourtant pas ce qui caractérise ce solitaire assumé.

Fustiger les structures partisanes, lui permet surtout de guigner des voix à gauche comme à droite. Dans l’Hérault, son argument majeur est « la préservation des intérêts de Montpellier et de sa métropole au sein de la nouvelle région ». Ce qui lui a permis d’attirer dans son filet électoral des élus de poids comme Jean Pierre Grand, sénateur de l’Hérault et maire Les Républicains de Castelnau-le-Lez. Ce dernier parle de Saurel comme « un homme plein de qualités intellectuelles qui incarne la défense de la métropole ». Cerise sur le gâteau, Grand conteste depuis des mois la légitimité de Dominique Reynié, chef de file aux régionales … de la droite républicaine.

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« Mais j’ai déjà gagné les régionales.. »

L’œil un peu hagard, on lui donnerait des airs de grand gamin, lorsqu’il ramasse par terre un morceau de ruban « bleu-blanc-rouge », fraîchement coupé lors d’une inauguration, pour le ranger précieusement dans la pochette de sa veste de costume. Entre deux coups d’œil à sa montre, il vérifie que son discret rappel des couleurs républicaines dépasse suffisamment pour être vu.

Pour se rassurer dans cette campagne, Philippe Saurel rabâche sans arrêt qu’il a « gagné tous les scrutins » où il se présentait sous son nom depuis 1998. En réalité, c’est surtout sa brillante victoire aux municipales de mars 2014 qui a marqué les esprits. Mais depuis, le maire de Montpellier est accusé d’avoir oublié son grand engagement d’être maire à plein temps. Il a étiqueté et fait élire une série de candidats en son nom aux élections départementales de mars 2015.

« Un rapport personnel au pouvoir important.. »

« C’est une personne qui a un style agressif, il n’est pas dans l’apaisement » dézingue Michael Delafosse, conseiller départemental PS et rare survivant de la tempête Saurel. Selon lui « les citoyens ont été trompés » et à entendre la litanie de ses critiques, le maire mentirait comme un arracheur de dent.

Expert du rapport de force et du calcul électoral, Saurel sait pertinemment qu’il ne l’emportera pas. Mais son plaisir politique du moment est ailleurs. Il se rêve en faiseur de roi. Son choix de reporter ses voix vers l’une ou l’autre des listes sera décisif pour le futur président de région. Pour l’heure, il reste muet sur ses intentions et réserve son choix « à ses 12 autres têtes de listes en fonction des scores du premier tour ». Seule certitude, il ne prendra pas le risque de laisser la région au Front National par le jeu de calculs politiciens suicidaires.

Fabien Nicolas, son conseiller politique, analyse : « faute d’avoir un parti politique, Philippe Saurel a l’obligation d’être candidat » scrutin après scrutin. Dit autrement, on n’a pas fini de le voir courir sur les routes du Midi.

Gérard Onesta, trait d’union de la gauche

Écologiste, fédéraliste et régionaliste : la liste Onesta réunit six partis de la gauche non gouvernementale. Un laboratoire pour la présidentielle de 2017 ou une énième tentative sans lendemain pour l’autre gauche de se fédérer ?

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À 55 ans, Gérard Onesta n’a jamais cessé de croire à l’Europe, à la gauche et à leurs potentiels d’unification. Travailleur assidu et reconnu par ses pairs, cet ancien vice-président du parlement européen pendant dix ans (1999-2009) est un homme de conviction.

Dans ce scrutin régional, il incarne ce trait d’union fédérateur entre la gauche radicale et les écologistes. Ce rôle d’unificateur, Gérard Onesta le revendique : « Nous avons mis les citoyens dans le moteur, à travers un processus long mais extrêmement fécond où leurs nombreuses contributions ont permis de construire un programme et une charte éthique qui rassemble de manière inédite toutes les composantes du Front de gauche, les régionalistes occitan et catalan, la Nouvelle gauche socialiste, les écologistes et pleins de citoyens non-encartés ». Seule la région PACA a réussi ce pari d’unité de la gauche non gouvernementale avec la liste conduite par l’écologiste Sophie Camard.

Sa liste intitulée « Nouveau Monde » ambitionne donc de conquérir la nouvelle région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées mais aussi d’expérimenter « la régénération politique à l’échelle du pays ».

Un programme citoyen et participatif

Son programme a été bâti sous forme de « projet en commun » citoyen et participatif. Il prétend être une réponse politique nouvelle. Féru des espagnols de Podemos, Onesta se démarque de la politique gouvernementale « qui a montré son incapacité à sortir du modèle libéral et productiviste, et dont le bilan est extrêmement décevant ».

Le cousin du sélectionneur français en handball (Claude Onesta) propose une politique régionale axée sur trois thématiques : l’emploi, le territoire et la démocratie citoyenne et éthique. Ce qui se traduit notamment par la volonté affirmée de sécuriser l’emploi régional, mettre en avant la jeunesse, prioriser l’agriculture paysanne écologique, refuser la compétition entre territoires ou favoriser le développement des trains… Au coeur de sa campagne, on retrouve également des priorités telles que la transparence, la démocratisation de l’Assemblée régionale et le renforcement du pouvoir citoyen et bien sûr l’interdiction du cumul des mandats.

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Un rendez-vous montpellierain salvateur

« J’en ai rêvé de ces drapeaux, de les voir ensemble, réunis. Vous l’avez fait ! ». Lors du meeting au Parc des expositions de Montpellier, mi-novembre, Gérard Onesta s’était fait lyrique. Deux à trois milles personnes étaient rassemblées ce jour-là autour des leaders de la gauche non-socialiste comme Cécile Duflot (EELV), Clémentine Autain (Ensemble) ou Pierre Laurent (PCF). Seul grand absent, Jean-Luc Mélenchon (PG), grippé, avait tenu à afficher son soutien sur son site internet. Même s’il ne le clame pas, Onesta rêve de prolonger cette union d’un soir jusqu’à la présidentielle de 2017, ou du moins qu’elle puisse servir de tremplin aux « camarades » de l’autre gauche.

Ce message d’unité et de rassemblement ravit pour l’heure les militants : « Il faut dépasser le tête-à-tête Parti de Gauche-Europe Ecologie Les Verts. Quand on parle des citoyens et aux citoyens, il faut oublier les partis politiques. C’est bien de montrer une unité dans un meeting mais moi, ce qui m’intéresse, ce sont les valeurs », confiait ce soir-là Michèle, militante d’Ensemble. « C’est un exemple pour la France, de part la largeur du rassemblement et de son ouverture aux autres. Nous devons montrer qu’il y a une autre voie possible et crédible pour gouverner le pays, et la région » rajoutait Valentin, étudiant à Montpellier.

Onesta a l’attaque de ses opposants

Architecte de formation, Onesta n’hésite pas à saper les fondations de ses adversaires politiques. Dominique Reynié, candidat contesté des Républicains ? Le leader de « Nouveau Monde » fustige sa politique du « tout route ». Le Front National ? Un « clan familial qui ne prendra pas cette région. » Quant à Carole Delga, tête de liste PS-PRG, elle reçoit la plupart de ses foudres : « Cette gauche à dérive sociale-libérale n’est pas compatible avec notre gauche sociale, écologiste, citoyenne et éthique », a-t-il notamment déclaré à Midi Libre. Un pur propos de campagne puisqu’une alliance avec elle est envisagée dés le soir du premier tour pour ne pas laisser la future région à la droite et à l’extrême droite.

Une union précaire ?

Au-delà de ces élections régionales, l’expérience alternative Onesta sera scrutée au plan national. Surtout si elle récolte dans les urnes un score suffisamment élevé pour menacer la présence au second tour de la présidentielle du candidat PS. Les désaccords constants et assumés de la gauche de la gauche avec la politique gouvernementale pose la question d’une potentielle union des verts et du Front de gauche autour des chefs de file Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon.

Problème, même les militants sont sceptiques : « Je l’espère, mais j’imagine que la bataille des égos et des chapelles reprendra vite le dessus. Déjà, Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon veulent être candidats en 2017. Je trouve ça dommage au vu de ce qui se passe ici. Qu’on ne s’étonne pas que les gens n’y comprennent plus rien : un jour on est uni, l’autre jour on est adversaire » confie Michèle. Même constat chez Valentin : « La rupture avec le PS semble actée mais à court terme un tel rassemblement de la gauche au plan national semble difficile à construire. Mais j’espère que cette liste sera un moteur pour 2017. » La députée écologiste Cécile Duflot botte en touche lorsqu’il s’agit d’invoquer une alliance pour 2017 : « Ce n’est pas le moment d’en parler, il faut rester concentré sur les régionales. »

Ça tombe bien, c’est la priorité de Gérard Onesta ! Il sera toujours temps pour lui de négocier dans l’entre-deux tours les conditions d’une autre union. Avec cette fois, la socialiste Carole Delga.

Fusion Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées : La peur de Montpellier face au géant Toulousain

En Languedoc-Roussillon, les élections du 6 et 13 décembre vont consacrer un big bang régional. Les craintes de voir Montpellier la « Surdouée » être avalée par Toulouse, a dans un premier temps inquiété les élus. Mais c’est pourtant un nouveau discours qui s’est imposé au fil de la campagne.

Cette semaine, nous vous proposons une série d’articles consacrés aux élections régionales. Retrouvez nos portraits et nos vidéos dans notre dossier.

« À Toulouse, ils parlent d’absorption et d’annexion. Je ne peux pas accepter cette façon de nous considérer ». Cette phrase choc a abondamment été reprise par les médias lors du décès de Christian Bourquin, ancien président socialiste du Languedoc-Roussillon. Mort en août 2014, cet héritier de Georges Frêche s’était distingué par un dernier combat : pas de mariage entre le Languedoc-Roussillon et le Midi-Pyrénées. Un an plus tard, Midi-Pyrénées passera pourtant bien la bague au doigt du Languedoc-Roussillon le 1er janvier 2016. Et sans que cela ne choque plus guère aucun élu.

Damien Alary (PS), successeur de Christian Bourquin, se présentait il y a un an comme le défenseur de sa région. Il semble avoir changé d’avis, alors que son opposition continue de dénoncer un chantage gouvernemental. « Les socialistes ont vendu la région, tout simplement », s’insurge Stéphan Rossignol, tête de liste Les Républicains pour l’Hérault.


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Une fusion régionale pour punir les « mauvais élèves » du Languedoc-Roussillon

« Avant la mort de Christian Bourquin, l’unité du Languedoc-Roussillon dépassait nos différences politiques », affirme Stéphan Rossignol. « Bourquin était venu à la tribune du Sénat pour témoigner contre la nouvelle carte. Les échanges étaient violents. »

Mais la mort de l’ancien président de région a en réalité marqué ce changement de cap décisif chez les socialistes locaux. « Alary a été choisi par le PS pour lui succéder car il est plus docile », analyse Stéphan Rossignol. Et selon lui, « il en a profité pour s’offrir un strapontin en ayant bien soutenu la réforme gouvernementale ». Ce strapontin, c’est un poste de président de région délégué dans le futur grand ensemble Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Une nouveauté créé sur mesure.
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La mutualisation des services, la recherche d’économies : tels étaient les arguments phares de la loi nOTRE, à l’origine de la fusion. Ils ont été vécus comme une punition, côté Montpellier. « La ville est maltraitée dans cette fusion. Les politiques montpelliérains sont les mauvais élèves : ils sont à la marge de leur formation politique, et n’ont pas de ministres gouvernementaux  », explique Emmanuel Négrier, politologue à l’Université de Montpellier, spécialiste de la vie politique régionale. À l’inverse, Toulouse représente le modèle. « Les politiques de Midi-Pyrénées s’inscrivent parfaitement dans la ligne du gouvernement. C’est une punition exemplaire, d’où cette fusion totalement déséquilibrée  ».

La faiblesse économique du Languedoc-Roussillon VS le superchampion Midi-Pyrénées

Mais pourquoi craindre autant Toulouse ? « Montpellier va perdre son statut de capitale régionale et Toulouse va hériter de l’essentiel des compétences, appuie Emmanuel Négrier.  C’est logique, puisque Toulouse est plus forte économiquement. »

Midi-Pyrénées, c’est Airbus, le tourisme et surtout 10,3 % de chômage en 2014, selon l’Insee. De quoi faire pâlir le Languedoc-Roussillon, fier de sa recherche universitaire et médicale mais qui plafonne à un taux de chômage de 14,1 % en 2014, le plus haut de France.

L’économie du Languedoc-Roussillon repose essentiellement sur les services. « Les atouts de ce territoire jouent aussi contre lui économiquement », explique Jean-Marc Guillelmet, directeur régional des études économiques de la Chambre du Commerce et de l’Industrie régionale. La principale force de Montpellier réside dans un afflux démographique des plus forts de France, toujours croissant. « C’est une région agréable à vivre, avec la mer et le soleil, moins chère qu’en PACA. Mais le marché du travail n’arrive pas à absorber toutes ces personnes. 95 % des entreprises locales ont moins de dix salariés », souligne l’économiste.

Montpellier annexée ?

L’inquiétude de Christian Bourquin se fondait concrètement sur ces chiffres, au risque de ne pas percevoir les intérêts potentiels de la fusion. « Le Languedoc-Roussillon a des avantages à tirer de cette fusion. En particulier sa métropole montpelliéraine  », relativise Jean-Marc Guillelmet. La nouvelle région aurait deux métropoles développées. « L’enjeu est de trouver un style de politique qui reconnaisse une place à chacune sans craindre l’autre », conclut Emmanuel Negrier. Si une politique de coopération se met en place, Montpellier devrait garder une place importante. Au moins symboliquement…


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D’autant plus que Midi-Pyrénnées est loin d’avoir le profil parfait. L’aéronautique constitue le poumon de la métropole toulousaine. « Elle n’est pas diversifiée, ça peut être un problème. Toulouse a tout aspiré autour d’elle », souligne Jean-Marc Guillelmet. « La différence est énorme entre Toulouse et la deuxième ville de la région. Montauban, avec ses 56 000 habitants est la démonstration de l’hégémonie toulousaine  », martèle Stéphan Rossignol. À l’Est, il y a davantage d’équilibre entre les 268 000 Montpelliérains et les 146 000 habitants de Nîmes.


Pour rassurer l’électorat languedocien, les candidats assurent que la métropole montpelliéraine conservera son rang. Qu’importe la couleur politique, les discours sont similaires. Christian Assaf, député et quatrième sur la liste PS de l’Hérault, avait voté contre la fusion. Aujourd’hui, il semble s’être rangé aux arguments du gouvernement. « C’est un mal pour un bien. Toulouse a l’industrie, le tourisme riche et vert. Montpellier a des ports, le tourisme de masse et une viticulture qui s’exporte. Il faut se compléter sans se faire la guerre ». Même s’il admet que « la politique est un rapport de force », il assure que la liste conduite par Carole Delga, « garantit un développement équilibré des territoires ».


Même constat selon lui pour l’ancienne capitale régionale : « Montpellier restera une place forte de l’intelligence et de la recherche », assure le député PS Christian Assaf. Elle « dispose quand même de la fac de médecine la plus vieille du monde  » se rassure le maire Les Républicains Stéphan Rossignol. Même l’apparente liste dite citoyenne et hors des partis du maire montpelliérain Philippe Saurel s’aligne désormais sur ces discours. Pour garder la face, les représentants du PS et des Républicains ont préparé leurs punchlines. « Si les socialistes gardent la région, Montpellier deviendra la nouvelle Nîmes de Toulouse : dépendante et sans poids », exprime Stéphan Rossignol. Jeu de mîmes inversés avec Christian Assaf. « Nous sommes les seuls qui garantissons une place de choix à Montpellier  ». Qu’importe le gagnant des élections, Montpellier est sauvée.

Régionales 2015 : Le meeting du « Nouveau Monde en Commun » en photos

Le 12 novembre, plus de 2000 militants et sympathisants se sont déplacés au meeting du « Nouveau Monde en Commun », au parc des expositions de Montpellier. Cette alliance regroupe le Front de Gauche, le Parti Communiste Français (PCF), Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV), le Partit Occitan et La Nouvelle Gauche Socialiste pour les élections régionales. Gérard Onesta, leur candidat en tête de liste, s’est entouré de « gros calibres » : la députée de Paris Cécile Duflot, le patron du PCF Pierre Laurent et le député écologiste Noël Mamère. La future région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon est la seule avec Provence-Alpes-Côte-d’Azur à proposer une telle alliance.



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Avant de démarrer les hostilités, c’est le groupe L’Homme Parle qui a investi la scène avec des titres engagés comme Militant du quotidien. «Les valeurs humaines se consument, dans le brouillard des pots d’échappement qui fument.»




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L’arrivée des tribuns du meeting «Le Nouveau Monde en Commun » du 12 novembre.




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Noël Mamère, député écologiste : «Nous ne sommes pas politiquement bio-dégradable ! »




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Cécile Duflot, députée EELV de Paris : « Le Nouveau Monde est une invitation au réveil de nos existences, grâce à des listes belles – rebelles – paritaires et citoyennes. »




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Eric Coquerel, coordinateur du Parti de Gauche, représente Jean-Luc Mélenchon: «Nous, la gauche digne, nous constituons un bouclier républicain.»




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Clémentine Autin,porte-parole d’Ensemble, composante du Front de Gauche:« La colère, nous voulons la transformer en espoir ! Pour reconstruire la gauche de ce pays.»




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Liêm Hoang-Ngoc, La Nouvelle Gauche Socialiste : «Je m’adresse particulièrement à ceux qui ne votent pas, et je leur dis de dire merde au PS ! Si vous voulez faire chier le PS, votez pour le Nouveau Monde.»




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Pierre Laurent, secrétaire national du Parti Communiste: «En Europe, des forces croissantes sont en train de se lever. Et nous, nous ne voulons pas seulement résister,nous voulons gagner.»




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Gérard Onesta, candidat du Nouveau Monde pour la nouvelle région:« Il se passe quelque chose dans notre région. On se rassemble tous, et il ne faut pas attendre de se ressembler pour se rassembler. Nous sommes peut-être le signal que tout un pays attend !»




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Michèle, militante d’Ensemble : « Ce mouvement est porteur de quelque chose, mais pour qu’il fonctionne, il faut savoir quitter sa chapelle : éviter les batailles d’egos que nous payons très cher et se concentrer sur les valeurs fondamentales de la gauche




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Pierre Hardy, militant d’EELV depuis quelques mois. « Ce rassemblement est porteur. Il est nécessaire car si nous voulons gouverner, il faut prendre ce qu’il y a de commun entre nous tous et porter ces valeurs ».




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Thomas Champigny, militant au Parti de gauche depuis 6 ans. « Il y a un véritable enthousiasme, cela donne de la force au mouvement. Ça donne de l’espoir pour la suite ».