« Le Monde » pose ses valises à Montpellier

Rencontre avec Jonathan Parienté. Journaliste au Monde, il fait souvent escale à Montpellier dans le cadre du projet « une année en France ».

Jeune journaliste au service politique du site Le Monde.fr, Jonathan Parienté participe avec grand plaisir au projet « Une année en France ». Il quitte régulièrement ses habitudes parisiennes pour venir « poser ses valises » à Montpellier. Une idée originale qui mobilise journalistes et photographes dans huit communes à travers toute la France. L’idée est d’aller voir ce qui se trame dans ces villes, s’adapter à leur rythme, leurs habitants et en rendre compte sur la toile au travers de blogs dédiés.

Jonathan Parienté alimente donc son blog « Montpellier, une place au soleil » au fil de ses rencontres, de ses expériences et découvertes qui ont lieu durant ses séjours. Il admet que cette démarche, pendant cette année d’élection présidentielle, est aussi une manière de se libérer d’un certain parisianisme. L’occasion notamment de « fuir les circuits habituels » pour aller à la rencontre des gens, parler d’eux et de leur environnement. Un moyen pour un lectorat nombreux de découvrir ces villes françaises à travers le prisme d’un journalisme qui prend le temps.


Montpellier une place au soleil – Le blog de… par masterjournalisme08

Montpellier et internet : histoire d’un vide numérique

Malgré le dynamisme reconnu de la ville, sa présence sur la toile se fait hésitante. Entre le manque d’exploitation de la technique, pourtant accessible, et le peu de pluralité dans le contenu, Montpellier a encore des progrès à faire.

Internet, un outil essentiel pour la promotion de Montpellier

Rencontre avec Marie-Laure Vie, responsable stratégie multimédia et gestionnaire médias sociaux à la Chambre de Commerce et de l’Industrie (CCI). En trois questions, elle revient sur le potentiel de Montpellier sur Internet.

L’UE tisse sa légitimité sur la toile

L’échéance du renouvellement parlementaire des 4 et 7 juin 2009 mène l’Union Européenne dans une véritable campagne de séduction. Méconnue, sans intérêt, éloignée, le constat en ce qui concerne la bannière aux 12 étoiles ne change pas. Un comble pour les Européens, qui sont toujours plus nombreux et toujours plus dépendants des processus engagés à Bruxelles. Tour d’horizon des moyens d’attraction mis en place par les institutions.

Un contexte difficile

Bien que ces élections soient attendues, elles ne sont pas sans susciter quelques inquiétudes. La fin de l’année 2008 s’est avérée difficile et désespérante pour l’avenir. L’Europe le sait, elle n’échappera pas à la crise et ses effets. Sur ce point, les chiffres parlent d’eux mêmes. Le 19 janvier dernier, l’Union Européenne anticipe une baisse de 1,9 % de sa croissance. Conséquence directe, 51% des Français placent en pôle position de leurs préoccupations la croissance économique. Plus que jamais, Bruxelles doit convaincre!
Pour une large majorité de ses habitants, l’Europe n’existe toujours pas comme un ensemble à part entière, et les institutions l’ont bien compris. Pour faire face au déficit de confiance et au désintérêt vis à vis des questions européennes, la Commission a lancé depuis fin 2008, de nouvelles initiatives qui visent à informer, intéresser et convaincre ses citoyens. C’est désormais sur le web qu’une Europe plus proche, plus moderne et plus attirante compte bien gagner sa légitimité.

« Yes we can »

Jusqu’alors, les sites institutionnels(« Europa », « touteleurope ») se contentaient de mettre en ligne les informations brutes et la consultation citoyenne ne restait qu’une part négligeable de leur activité. La campagne victorieuse de Barack Obama l’a aujourd’hui affirmé comme une composante indispensable de la communication politique. Une leçon que les institutions européennes semblent avoir tirée et qu’ils souhaitent mettre à profit. Que vous soyez jeunes, actifs, élus ou retraités, l’Europe se décline pour vous…

« L’unité dans la diversité », à l’européenne sur un site 100 % jeune, c’est désormais possible!
En décembre 2008, l’UE branche la jeunesse en lançant un site destiné aux 15-25 ans: « Les euronautes ». Au programme : la possibilité pour les jeunes Européens de pouvoir s’informer sur les institutions et leurs actions. Un site cosmopolite qui s’illustre à travers portraits, vidéos ou discussions « Erasmus ».
L’Europe mise sur les plus jeunes de ses concitoyens pour mettre en évidence ses ambitions. La Commission s’est ainsi lancée dans la création de spots publicitaires. Pour héberger des vidéos « funs » et instructives, la chaîne en ligne Eutube a même été crée. Exemple en image avec cette vidéo intitulée « Chemical party », réalisé il y a quelques mois, en soutien aux chercheurs.

Mis en place dans la même période « Place d’Europe » s’inscrit comme étant « le rendez vous européen des élus locaux ». Un site d’échange pour tout savoir sur les modalités de création et de financement de projets européens. L’occasion également de partager ses expériences. Même si le lien avec les élections n’y est pas directement exprimé, l’attraction que provoque ces créations europhiles reste bénéfique.

Le 3 décembre 2008, la commission est encore allée plus loin en proposant les consultations européennes 2009. En permettant aux citoyens de prendre part par le biais de sites nationaux à un débat sur l’avenir paneuropéen, l’Europe met en avant son désir de collaboration et de discussion. En France, le futur européen s’articule autour d’une question « Que peut faire l’Union européenne pour améliorer notre avenir économique et social dans à l’heure de la mondialisation ? Chacun peut désormais apporter ses recommandations sur « touteleurope.fr ».

La dernière création européenne s’appelle « Europe Hebdo » et concerne plus précisément les élections de juin prochain. Ce blog collectif crée le 22 janvier dernier et géré par Elie Barnavi a pour fonction d’activer les réflexions et multiplier les débats. Chaque semaine, un billet rédigé par ce spécialiste de l’Europe laisse sa place à un intervenant connu et reconnu. L’idée étant de parler d’Europe, d’échanger et d’amener les lecteurs quel qu’ils soient à débattre en ligne.

L’Europe cherche journalistes pour petit coup de pouce… moyennant 5000 euros !

L’UE se lance une fois encore dans le démarchage en 2009 et vise tout particulièrement ce qu’il y a de mieux en matière de vecteur d’information: les journaux. Journalistes européens, tous à vos claviers ! Le premier concept « actu-réalité » vient en effet, d’être crée. C’est du moins ce que souhaite Bruxelles en mettant en place toute une série de concours réservés aux journalistes. Pour la deuxième année consécutive, le Prix du parlement européen pour le journalisme a été lancé le 15 janvier 2009 et concerne tous les journalistes européens. Le but est simple: mettre en évidence l’Europe, ses actions, susciter l’intérêt de manière originale et multiplier les informations. En deux mots, parler d’Europe, montrer l’Europe et susciter l’intérêt des lecteurs et futurs électeurs. Seul ou par équipe de 5, ils seront prêts à tout pour lui faire bonne presse, et surtout pour mériter la belle carotte de 5000 euros à l’arrivée! Une chose est sûre, les lecteurs, eux, risquent d’en manger…

Enfin, la dernière nouveauté européenne s’appelle « Think About it » et promet d’intenses réflexions sur la toile. Pour ce nouveau concept d’actualité et de discussions en ligne, les ingrédients sont diversifiés: 81 blogueurs issus des 27 pays membres, 4 mois d’écriture intensive et surtout un sujet tout trouvé: les élections européennes. Sur « Think About it », les lecteurs peuvent échanger et surtout voter pour leur « European blogger » préféré! Cette compétition européenne des blogueurs, crée par l’EJC (European Journalism Center) a débuté le 1er février et fait figure de pionnière. Une première qui illustre parfaitement l’intérêt numérique porté par l’Union Européenne.
En attendant que les choses sérieuses débutent, les citoyens peuvent désormais de clics en clics, se laisser guider.

L’UE tisse sa légitimité sur la toile

L’échéance du renouvellement parlementaire des 4 et 7 juin 2009 mène l’Union Européenne dans une véritable campagne de séduction. Méconnue, sans intérêt, éloignée, le constat en ce qui concerne la bannière aux 12 étoiles ne change pas. Un comble pour les Européens, qui sont toujours plus nombreux et toujours plus dépendants des processus engagés à Bruxelles. Tour d’horizon des moyens d’attraction mis en place par les institutions.

Un contexte difficile

Bien que ces élections soient attendues, elles ne sont pas sans susciter quelques inquiétudes. La fin de l’année 2008 s’est avérée difficile et désespérante pour l’avenir. L’Europe le sait, elle n’échappera pas à la crise et ses effets. Sur ce point, les chiffres parlent d’eux mêmes. Le 19 janvier dernier, l’Union Européenne anticipe une baisse de 1,9 % de sa croissance. Conséquence directe, 51% des Français placent en pôle position de leurs préoccupations la croissance économique. Plus que jamais, Bruxelles doit convaincre!
Pour une large majorité de ses habitants, l’Europe n’existe toujours pas comme un ensemble à part entière, et les institutions l’ont bien compris. Pour faire face au déficit de confiance et au désintérêt vis à vis des questions européennes, la Commission a lancé depuis fin 2008, de nouvelles initiatives qui visent à informer, intéresser et convaincre ses citoyens. C’est désormais sur le web qu’une Europe plus proche, plus moderne et plus attirante compte bien gagner sa légitimité.

« Yes we can »

Jusqu’alors, les sites institutionnels(« Europa », « touteleurope ») se contentaient de mettre en ligne les informations brutes et la consultation citoyenne ne restait qu’une part négligeable de leur activité. La campagne victorieuse de Barack Obama l’a aujourd’hui affirmé comme une composante indispensable de la communication politique. Une leçon que les institutions européennes semblent avoir tirée et qu’ils souhaitent mettre à profit. Que vous soyez jeunes, actifs, élus ou retraités, l’Europe se décline pour vous…

« L’unité dans la diversité », à l’européenne sur un site 100 % jeune, c’est désormais possible!
En décembre 2008, l’UE branche la jeunesse en lançant un site destiné aux 15-25 ans: « Les euronautes ». Au programme : la possibilité pour les jeunes Européens de pouvoir s’informer sur les institutions et leurs actions. Un site cosmopolite qui s’illustre à travers portraits, vidéos ou discussions « Erasmus ».
L’Europe mise sur les plus jeunes de ses concitoyens pour mettre en évidence ses ambitions. La Commission s’est ainsi lancée dans la création de spots publicitaires. Pour héberger des vidéos « funs » et instructives, la chaîne en ligne Eutube a même été crée. Exemple en image avec cette vidéo intitulée « Chemical party », réalisé il y a quelques mois, en soutien aux chercheurs.

Mis en place dans la même période « Place d’Europe » s’inscrit comme étant « le rendez vous européen des élus locaux ». Un site d’échange pour tout savoir sur les modalités de création et de financement de projets européens. L’occasion également de partager ses expériences. Même si le lien avec les élections n’y est pas directement exprimé, l’attraction que provoque ces créations europhiles reste bénéfique.

Le 3 décembre 2008, la commission est encore allée plus loin en proposant les consultations européennes 2009. En permettant aux citoyens de prendre part par le biais de sites nationaux à un débat sur l’avenir paneuropéen, l’Europe met en avant son désir de collaboration et de discussion. En France, le futur européen s’articule autour d’une question « Que peut faire l’Union européenne pour améliorer notre avenir économique et social dans à l’heure de la mondialisation ? Chacun peut désormais apporter ses recommandations sur « touteleurope.fr ».

La dernière création européenne s’appelle « Europe Hebdo » et concerne plus précisément les élections de juin prochain. Ce blog collectif crée le 22 janvier dernier et géré par Elie Barnavi a pour fonction d’activer les réflexions et multiplier les débats. Chaque semaine, un billet rédigé par ce spécialiste de l’Europe laisse sa place à un intervenant connu et reconnu. L’idée étant de parler d’Europe, d’échanger et d’amener les lecteurs quel qu’ils soient à débattre en ligne.

L’Europe cherche journalistes pour petit coup de pouce… moyennant 5000 euros !

L’UE se lance une fois encore dans le démarchage en 2009 et vise tout particulièrement ce qu’il y a de mieux en matière de vecteur d’information: les journaux. Journalistes européens, tous à vos claviers ! Le premier concept « actu-réalité » vient en effet, d’être crée. C’est du moins ce que souhaite Bruxelles en mettant en place toute une série de concours réservés aux journalistes. Pour la deuxième année consécutive, le Prix du parlement européen pour le journalisme a été lancé le 15 janvier 2009 et concerne tous les journalistes européens. Le but est simple: mettre en évidence l’Europe, ses actions, susciter l’intérêt de manière originale et multiplier les informations. En deux mots, parler d’Europe, montrer l’Europe et susciter l’intérêt des lecteurs et futurs électeurs. Seul ou par équipe de 5, ils seront prêts à tout pour lui faire bonne presse, et surtout pour mériter la belle carotte de 5000 euros à l’arrivée! Une chose est sûre, les lecteurs, eux, risquent d’en manger…

Enfin, la dernière nouveauté européenne s’appelle « Think About it » et promet d’intenses réflexions sur la toile. Pour ce nouveau concept d’actualité et de discussions en ligne, les ingrédients sont diversifiés: 81 blogueurs issus des 27 pays membres, 4 mois d’écriture intensive et surtout un sujet tout trouvé: les élections européennes. Sur « Think About it », les lecteurs peuvent échanger et surtout voter pour leur « European blogger » préféré! Cette compétition européenne des blogueurs, crée par l’EJC (European Journalism Center) a débuté le 1er février et fait figure de pionnière. Une première qui illustre parfaitement l’intérêt numérique porté par l’Union Européenne.
En attendant que les choses sérieuses débutent, les citoyens peuvent désormais de clics en clics, se laisser guider.

Guy Birenbaum : « Que font les journalistes dans cette galère? »

Le chroniqueur Guy Birenbaum, qui sort actuellement un livre intitulé « Cabinet noir » aux éditions Les Arènes, s’attelle à démonter une à une les illusions qui survivent encore chez deux journalistes de demain. Sans langue de bois, il critique la pertinence des États Généraux autant que celle des contre-États Généraux de la presse. Il va jusqu’à remettre en cause la légitimité même du journaliste.

Les États généraux de la presse, « une mascarade »

Quelle est votre position par rapport à l’organisation des Etats généraux de la presse par le pouvoir exécutif ?

Je suis totalement contre. C’est une mascarade. Le problème, c’est de savoir pourquoi les journaux ne marchent pas. Mon sentiment, c’est qu’il y a une forme de connivence. Ce n’est pas sous les lambris et sous les ordres de l’Élysée qu’on doit régler les problèmes d’une corporation, dont l’un des fondamentaux est l’indépendance par rapport au pouvoir. Ceux qui vont chercher de l’argent pour ne pas sombrer parce qu’ils n’ont plus de lecteurs, qu’ils ne se demandent pas pourquoi ils sont muselés.
Je pense qu’ils sont tellement habitués à un système subventionné qui leur a permis de survivre jusque-là qu’ils ne voient même pas le problème. Qu’ils se demandent pourquoi leurs journaux ne marchent pas ! Selon moi, un des éléments de réponse, c’est le sentiment général, vrai ou faux, partagé par les jeunes générations et les gens qu’on voit sur Internet, qu’il y a une forme de connivence. Et comment mieux incarner cette connivence qu’en se mettant dans la main du président ?

On voit que l’État envisage un véritable Plan Marshall de la presse dans les prochains mois, mais on peut observer que les rapports dont s’inspire l’Élysée préconisent ensuite un effacement de l’État dans ce domaine par une suppression des aides directes accordées à la presse…

Oui, donc tout ça est paradoxal et assez peu compréhensible. Je ne comprends pas ce que des gens très intelligents comme Bruno Patino, pour qui j’ai beaucoup de respect, font dans cette galère. Et entre parenthèses, mes amis d’Internet ont aussi claqué la porte quand ils ont compris qu’ils n’avaient pas accès au pognon. Sans vouloir faire de procès d’intention, la vraie raison c’est ça : si on leur avait dit « On va budgéter quelque chose pour les sites Internet indépendants », ils seraient restés.
On est un peu suspicieux quand on connaît les rapports entre le président de la République et les patrons de presse. Je ne les ai pas inventés. La particularité française est là : combien y a-t-il de groupes indépendants en France ? Il y a Alain Weil, qui a fait RMC Info, BFM TV, La Tribune et puis sinon il y a Bertelsmann et Prisma, groupe étranger qui ne fait que de la presse. Les autres font du BTP, des avions, des armes, et je travaille parfois sur une antenne, Europe 1, dont le patron vend des armes. Donc si vous voulez, cette proximité est problématique, c’est l’exception française, un peu comme en Italie, alors qu’autour de nous, en Allemagne, en Angleterre, il y a des grands groupes plurimédias indépendants. Mais le Président de la République a raison de dire que les seuls qui sont prêts à financer en France, c’est Pinault, Lagardère ou Bouygues.

Il n’y aurait pas de « Murdoch » à la française ?

Si, il y a Alain Weil, mais c’est de l’« info low cost ». Regardez comment ça se passe : ils viennent de lancer un journal de sport, qui concurrence ce qui peut, c’est de la précarité, des petits contrats pour les journalistes, du copier/coller sur Internet. Ce n’est pas terrible. Puis se rajoutent à tout ça les gratuits qui ont amené des gens qui ne lisaient pas. Mais est ce que ça leur a fait acheter des journaux ? Vu les résultats de Métro et de 20 minutes qui sont déficitaires. Attention, je ne suis pas un ayatollah comme tous nos amis de la presse écrite qui ont hurlé en disant que ça leur volait des lecteurs, alors que la concurrence, même avec un gratuit, ça doit justement en amener. Il y a une émulation, c’est concurrentiel. Mais si les autres voulaient que leurs journaux soient achetés, ils devraient les faire moins chers et meilleurs. Parce que de ce point de vue-là, moi je n’achète plus les journaux depuis cet été. Je suis « addict » de l’info, mais pourquoi m’embarrasser avec ces papelards ? Le Parisien, qui n’est pas un mauvais journal, il faut 5 minutes pour le lire, Libération, 10 minutes…Le Monde, Le Figaro, on peut lire le contenu en ligne. Pourquoi avoir un budget presse absolument délirant ?

Oui, mais ce sont les gens qui achètent le papier qui financent les sites internet des grands journaux…

Je suis d’accord, mais les journalistes ont un problème car ils considèrent qu’ils doivent être payés une deuxième fois quand ils sont publiés sur le net. Moi je suis désolé, je travaille pour un patron, je ne veux pas être payé en plus si je suis publié sur Internet. Il faut arrêter les conneries. Ils vont le chercher où l’argent ? Ils n’ont pas fait la preuve de leur capacité à le ramener. Donc je comprends pourquoi ils ont besoin de subventions, mais qu’ils se demandent d’abord pourquoi les gens ne lisent pas leurs journaux et pourquoi ils sont mauvais. Parce qu’ils sont mauvais !

Le rapport Montaigne, que l’on peut consulter sur le site des États généraux, n’hésite pas à citer ouvertement la concentration, par le biais des grands groupes plurimédias comme celui de Silvio Berlusconi, comme gage de pluralisme…

La caractéristique du sarkozysme, c’est la décomplexion. Je vous rappelle quand même qu’en France, l’arrivée d’un système dans le « style » Berlusconi, c’est Mitterrand. N’oubliez jamais que la Cinq, c’est Mitterrand. Sur la publicité, qui voulait sa suppression ? C’était une proposition de la gauche dans les années 80. De toute façon, l’argent débloqué ne suffira pas. Il suffit de connaître un peu des producteurs d’information pour savoir que depuis des mois et des mois, depuis janvier en vérité et cette annonce un peu délirante de Nicolas Sarkozy qui a surpris tout le monde, il ne se passe plus rien. Ça n’a pas été préparé et du coup, les productions à la tv ont été gelées dans plein d’endroits. Il n’y a plus de décision à France Télévision depuis 6 mois. Ça, c’est un vrai problème. Donc mon sentiment, c’est qu’il ne faut pas hurler car la suppression de la pub à la télé est une proposition historique de la gauche, mais telle qu’elle est faite de la manière actuelle, c’est insuffisant. Surtout qu’ils ne veulent pas entendre parler d’augmentation de la redevance, alors qu’il faudrait le faire en vérité. Déshabiller Paul sans le rhabiller, il va être à poil. Ils ont de la choucroute dans le cerveau nos amis journalistes. Le rapport avec Internet, ils ne comprennent rien.

Les contre États
généraux de la presse, « bullshit »

Que pensez-vous d’initiatives comme les contre États Généraux organisés par Mediapart et RSF ?

« Bullshit », comme les États Généraux. Je vais vous dire la vérité, ces gens ne m’intéressent pas tellement. Je pense qu’ils n’ont pas compris le monde qui passe sous leurs yeux. Que faire avec des gens qui ne comprennent pas ? C’est un monde de collectionneurs de papillons, où chacun est punaisé. Toi tu es journaliste, toi tu es blogueur, etc. Qu’ils aillent voir des sites américains, le Huffington Post, Slate. Des sites qui font cent fois leur trafic au quotidien.
Ces gens n’ont pas compris le monde qui passe sous leurs yeux. Les contre États Généraux, je n’y crois pas du tout. C’est encore une fois une réflexion qui n’est basée sur rien qui ait un rapport avec la réalité, ni économiquement, ni sociologiquement, ni politiquement. La réalité, c’est Le Post, Facebook, Netvibes, c’est pas : « Je vais vous faire un journal tellement chiant que vous allez même pas le regarder sur Internet ». Mediapart, ça tombe des mains. Des papiers de douze kilomètres, c’est la négation du net ! C’est le Monde diplomatique, pour se faire mal aux yeux. C’est une utopie sympathique, mais ils sont dans l’idéal de la presse. La réalité du net n’est pas celle qu’ils voudraient.

François Bonnet de Mediapart explique qu’en claquant la porte, il voulait faire réagir les personnes de la commission pour que les États Généraux soient placés sous l’égide du Parlement.

Oui mais on nous parle de concurrence déloyale, parce qu’il y aurait de l’argent pour les sites adossés à des médias, comme le Monde ou le Nouvel Obs, et pas pour les sites indépendants, mais l’indépendance, ça a ce prix-là justement. Je suis contre ce système. Je ne pense pas que l’argent public puisse subventionner des médias censés être indépendants. Ça pose toujours un problème. Car le problème de Mediapart est simple : Il n’y a pas de modèle économique. Ils doivent monter à un certain nombre d’abonnés, et ils ne le sont pas, donc l’histoire est réglée. C’est une hérésie intellectuelle : Internet, c’est la liberté, la gratuité. Tous les plus grands sites américains sont ouverts. On ne peut pas, sur la culture du scoop, faire marcher un site. Il y a peut-être quelques milliers de personnes, pas plus, pour qui avoir l’information cinq minutes avant tout le monde est important. Cinq minutes après, l’information est partout. Ils n’ont rien compris : c’est la galaxie Gutenberg qui fait semblant d’avoir compris l’arobase. Cela ne me fait pas plaisir de dire ça, mais Internet, c’est gratuit. Le seul qui s’en sort avec ce modèle-là, c’est Daniel Schneidermann. Il s’est fait viré de son émission, donc sur l’émotion il a lancé une pétition, puis un site. On espère qu’en année deux il va retrouver tous ses habitués. Le problème, c’est qu’il ne veut pas de publicité et à mon sens il a tort : il faut arrêter de penser qu’on est dans la main des annonceurs, parce qu’à ce moment là tous les journaux sont dans les mains du pouvoir et c’est le serpent qui se mord la queue.

Ce qui est étonnant, c’est qu’il n’y ait pas de vue commune, de réaction de solidarité de la profession face à l’annonce de toutes ces réformes…

Ils se détestent. Ils vont continuer à se tirer dans les pattes, n’ayez aucune illusion. C’est une guerre entre des individus, il n’y aura jamais la moindre solidarité. On dit qu’ils sont corporatistes, mais ce n’est pas vrai, ils sont corporatifs pour leur titre. Ils n’arrivent pas à se fédérer pour des choses comme la clause de conscience, mais en revanche, parlez leur du secret des sources, et tout le monde est debout. Je ne regrette pas de ne pas avoir la carte de presse. Quand quelqu’un me dit que ce que je fais n’est pas du journalisme, je réponds merci.

Internet et journalisme, incompatibilité ?

La solution à tous ces maux se trouverait-elle sur Internet ?

Mais c’est qui Internet ? Ce sont les internautes. Il n’y a pas de deus ex machina super intello au-dessus. Chacun écrit ce qu’il a envie de lire, Plenel a fait ce qu’il avait envie de lire, sauf que son problème, c’est qu’il a fait Le Monde… De 1963 ! Je pense que, dans pas mal de domaines, l’expression « c’était mieux avant » n’est pas fausse, mais avec Internet ce n’est pas possible. Grâce aux nouveaux moyens c’est terminé : avec un petit appareil photo, je peux faire un reportage tout seul, et je peux le mettre en ligne en dix minutes. Ce qu’il faut que ces gens comprennent, c’est qu’ils ne sont pas adaptés à la planète telle qu’elle est.

A votre avis, peut-on abandonner le journal papier pour les sites Internet ?

Je ne sais pas. Semble t-il qu’un jour oui. Autant je ne crois pas du tout que les livres disparaîtront, autant les journaux, tels qu’ils sont là, ils seront morts. Parce qu’en France, il y a cette particularité qui fait qu’on ne pourra jamais s’en sortir, sauf avec la pompe à finance ou des mécènes… Bernard Arnault, François Pinault, Alain Weil… Mais ce n’est pas viable, ni louable. Et le jour où Lagardère en aura marre de paumer du pognon avec ses journaux… Alors évidemment, il a besoin d’Europe 1, du JDD, donc on peut toujours espérer. Mais on en vient à espérer qu’il ait besoin, pour son influence, de garder du papelard, pour que la presse survive ! S’il y a bien un truc dont je suis sûr, c’est que le journaliste n’a pas son destin entre ses mains.

Cependant, il y a une tendance actuelle qui veut que les annonceurs préfèrent se tourner vers les sites de service comme Google ou Yahoo plutôt que vers les sites d’information…

Le Post fait 30 000 € de recettes publicitaires mensuelles. Donc c’est à perte (ndlr : c’est I-Régie.com, filiale du Monde Publicité et du Monde Interactif, qui commercialise l’offre Internet du Post). Ça parie sur un développement qui permettra à échéance de devenir rentable, mais ce sont des investissements lourds de 3 ou 4 ans, que ne peuvent pas faire les indépendants. Ou alors ils se regroupent, ils se fédèrent, ils acceptent la publicité comme Bakchich, mais ils n’ont pas une thune. Pourquoi moi je suis sur le Post et pas sur les autres ?

Donc pour vous, le système des blogs est plus viable que celui d’Internet ?

Les sites adossés à des grands médias sont des sites plus viables que les indépendants. Comme dans l’édition, etc. C’est logique. Sachant qu’on aborde une crise terrible, je préfère être là où je suis que petit blogueur sur un site qui fait 10 ou 100 fois moins de trafic.

Et quel est le trafic sur le Post ?

Ma page perso fait tous les mois entre 350 000 et 400 000 visiteurs uniques, et un peu plus de 500 000 pages vues, donc le Post commence à être très costaud, mais ce n’est pas encore rentable.

Qu’est ce qui vous a poussé à vous lancer dans un blog ?

François Filloux, patron de 20 minutes, m’a dit que j’avais tout pour faire un blog : mon style d’écriture, mon côté en dedans/en dehors. Du coup je l’ai fait et ça a explosé. Puis le Post m’a proposé une rétribution.

Vous nous disiez tout à l’heure ce que vous pensiez de Mediapart, que pensez-vous des sites gratuits comme Rue89 ?

C’est la même chose. Ce n’est pas parce que c’est gratuit qu’ils n’ont pas la même chose dans la tête. J’aurais pu travailler avec eux, mais ils ne savent pas quoi faire de moi. Moi j’ai l’esprit du net. Donc, je n’entre pas dans leur case. Je suis trop déconneur pour eux, ils ne sauraient pas quand est ce que ce que j’écris est sérieux ou pas. Mais je fais confiance à l’intelligence du lecteur. Et ceux qui ne comprennent pas ça je les emmerde. Vous savez quoi, je m’en fous. Et eux, ils ont une espèce de charte de déontologie de mes deux qui leur pend au nez.

Alors selon vous, journalisme et Internet ne sont pas compatibles…

Si, c’est tout à fait compatible. Mais je me demande avec quoi journalisme est encore compatible. Moi c’est ça ma question : c’est quoi le journalisme ? C’est un mec qui enquête, qui vérifie, etc. Le problème c’est qu’il y a plein de gens qui en sont capables et qui n’ont pas leur carte de presse. De toute façon le métier de journalisme, c’est formidable : qu’est ce qu’il faut faire pour avoir sa carte de presse ? Le seul critère : 50% des revenus. C’est bizarre non ? Vous connaissez beaucoup de professions définies par la fiscalité ? Et bah voilà, rien qu’au départ ça ne veut rien dire. Donc moi je ne fais aucune opposition à la con entre blogueurs et journalistes. Qu’est ce qu’on en a à foutre ? Si vous avez du talent, écrivez, vous serez lu. Du talent, de la chance et du savoir faire. Les étiquettes, ça suffit. Les gens qui brandissent leur carte de presse, c’est ridicule. Et puis il faut être curieux. La curiosité des journalistes s’arrête de l’autre côté du boulevard Saint Germain. Quant à franchir le périphérique, n’en parlons pas.

Jean-Marie Charon :« Il semble indispensable d’innover, de se recentrer sur l’analyse »

Spécialiste des médias, Jean-Marie Charon est sociologue et chercheur au CNRS. Il fait aussi partie de la sous-commission d’amélioration des contenus siégeant aux États Généraux de la Presse. Il donne son avis sur la question…

Selon vous, qu’est-ce qui a conduit le gouvernement à organiser les États Généraux de la presse ?

Plusieurs facteurs en sont à l’origine. L’élément déclencheur a été la revente des Échos à LVMH durant l’été 2007, et les conflits qui s’en sont suivis avec la société des rédacteurs. Celle-ci a été soutenue par ses pairs et par le Syndicat National des Journalistes (SNJ), qui a été le premier à mettre en évidence la nécessité d’une réunion en présence de tous les acteurs de la presse, où seraient évoquées les questions de propriétés et de concentrations dans ce secteur. Le SNJ et ses partenaires en avaient déjà appelé aux États Généraux de la Presse pour aborder des questions plus générales, tel que le contenu par exemple. Autre élément important : les éditeurs. Ceux-ci ont accusé une forte baisse de leurs recettes publicitaires en 2007-2008. Ils ont donc demandé à l’État d’intervenir pour mettre en place une grande négociation et leur accorder un plan de soutien exceptionnel. La réponse du Président Sarkozy à tous ces événements a été d’organiser les États Généraux de la Presse.

Cela n’entraîne-t-il pas un risque de mélange des genres ?

Cela peut en effet discréditer la presse et les États Généraux. Et cela pose aussi le problème des connivences. Mais quelles sont les autres alternatives ? Une telle organisation est très coûteuse et difficile à mettre en place à cause de l’éclatement syndical d’une profession profondément individualiste. Finalement cela est assez habituel pour les entreprises de se retourner vers l’État lorsqu’elles rencontrent de grosses difficultés. D’ailleurs ce n’est pas la première fois que cela se produit dans ce secteur. Au début des années 1990, face à la dégradation de la conjoncture économique, Jean-Noël Jeanneney, alors secrétaire d’Etat à la Communication, avait initié un grand colloque au Conseil économique et social. Par ailleurs, il avait demandé un rapport visant à répertorier les grands problèmes de la Presse, afin de proposer des aides.

Ne pensez-vous pas que les États Généraux de la Presse sont trop axés sur les problèmes économiques de ce secteur et peu sur le reste ?

Ils ne traitent pas seulement des problèmes économiques, ils abordent également des questions sociales. Par exemple, concernant la distribution, il ne s’agit pas seulement d’évoquer la baisse des chiffres d’affaires, mais aussi de la manière de faire reculer la précarité des employés et de leur assurer une retraite décente.

La Presse est-elle victime d’une crise de l’offre ou de la demande ?

C’est toujours une crise de l’offre, donc du contenu. Celui-ci n’est pas assez diversifié et adapté au lectorat. La réflexion doit porter là-dessus mais ce n’est pas suffisant. Le modèle économique de la presse écrite se trouve aussi en grande difficulté. Les prix des journaux sont trop élevés car les coûts de fabrication le sont aussi. Tous ces problèmes sont totalement interdépendants. Il semble indispensable d’innover, de se recentrer sur l’analyse, le grand reportage, l’enquête, mais pour cela il faut du capital, et aussi peut-être revoir le statut légal de l’entreprise de presse.

Les Français lisent, écoutent et regardent les actualités. Comment expliquez-vous qu’ils soient si peu à s’intéresser aux Etats Généraux de la Presse ?

Le public se sent très concerné par les problèmes du secteur audiovisuel, mais peu par ceux de la presse écrite. Ses difficultés sont perçues comme moins importantes, car les éditeurs se disent en crise depuis plus de vingt ans, c’est un discours permanent. Cela a donc moins d’impact. Selon certains, les États Généraux ont oublié le « Tiers État », car les lecteurs n’y sont pas conviés. Cette critique est excessive, car en réalité il est très difficile d’associer le milieu syndical, les associations et les grandes fédérations d’éducation populaire. Car si leur direction se sent intellectuellement intéressée, leur base se mobilise peu.

Pensez-vous que les États Généraux ne sont qu’un prétexte visant à légitimer des réformes déjà prévues ?

Les professionnels de la presse ont pu craindre que les décisions clés soient déjà prises. D’une manière générale, ils se sentent mis en porte à faux et ont l’impression que le débat n’est pas équilibré. L’initiative d’organiser les États Généraux a été prise par le pouvoir politique et il existe peu de moyens de pression sur celui-ci, si ce n’est l’argumentation. Mais cela pèse bien peu. Par exemple, je suis complètement hostile aux textes remettant en cause les lois anti-concentration, qui n’ont rien à voir avec les problèmes de la presse aujourd’hui. De même, je pense qu’il aurait fallu plus de temps pour analyser et enquêter sérieusement sur les questions de distribution et de lectorat.

Que pensez-vous des « contre-États Généraux » organisés par Edwy Plenel ?

Je pense que c’est une initiative intéressante. Le but des États Généraux était de créer un grand débat public. Même ceux qui étaient très dubitatifs y sont allés et ont réagi dans ce cadre. Les autres peuvent aussi s’exprimer à l’extérieur. Cela incite les professionnels de la presse à mieux communiquer entre eux. Mais ce qui est encore plus intéressant, c’est que les associations et syndicats qui débattaient dans leurs coins, se sont également réunis. D’ailleurs, Acrimed, Attac et le SNJ vont organiser leur propre débat et faire des contre propositions.

Blogosphère : Un peu de résistance, beaucoup de lassitude

Organisés à l’initiative du pouvoir depuis le 2 octobre 2008, les États Généraux de la Presse alimentent la polémique en tentant de trouver les clés qui permettraient de sauver le secteur. En première ligne des suspects incriminés: Internet. Pure players et blogueurs constitueraient une menace envers la vitalité de la presse.
Entre organisation de la résistance et lassitude assumée, prise de température au sein de la blogosphère.

Ah ben web mais bon

Le pôle 3 des Etats généraux de la presse reprend la réflexion sur le web et les modèles de journalisme qu’il importe. Seulement rien de concret n’en est sorti pour l’instant. Conscients du vide à occuper, les sites web d’information ont pris les devants. Exemples.

« Internet et les nouveaux modèles », s’il est un intitulé qui laisse espérer un vent de renouveau sur la presse française c’est bien celui du pôle 3 des Etats Généraux de la Presse Ecrite. Or, pour l’instant, c’est plutôt calme plat sur la mer numérique. Pas même une légère brise à l’horizon du .com. Certes, la révolution web vient tout juste d’entamer sa marche et les susnommés Etats Généraux ont à charge d’y répondre de la manière la plus adéquate possible, mais à l’heure numérique rien de concret, pas même un remous théorique n’émane du « think tank » présidé par Bruno Patino, l’ex patron du Monde-Interactif. De « visionnaire et reconnue » [Voir son discours inaugural du 2 Octobre]] , la réflexion plébiscitée par Nicolas Sarkozy se cantonne pour le coup à l’invisible et l’indiscernable. Même constat sur la toile, où le roulis règne en maître : quand [Rue 89 se prête au jeu, « sans illusion », MediaPart organise ses propres états généraux. Et, tant craints qu’isolés du débat, les blogueurs tanguent entre l’incrédulité et l’incompréhension la plus totale. Le triste naufrage d’une idée au départ pas si mauvaise : des Etats généraux de la presse pour sauver la presse.

Après plus d’un mois de concertations alambiquées aux aboutissements encore incertains, l’on pourrait penser qu’Internet et ses plumes ne sont pas vraiment les bienvenus aux Etats Généraux de la presse, et l’on aurait presque tort de se priver.

Comme à son habitude, Nicolas Sarkozy n’a pas tourné sept fois son curseur dans sa fenêtre avant « de lâcher son com’ » au discours inaugural du 2 Octobre. Selon le président, « pour le moment en tout cas, la presse numérique ne constitue pas un modèle alternatif rentable ». L’instigateur des Etats Généraux critique par ailleurs, comme l’avait fait Danièle Giazzi l’auteure du rapport éponyme avant lui, « le respect incertain de la propriété intellectuelle ainsi que le risque de relâchement de la qualité de l’information », supposés symptômes d’un world wide web fourre tout. Entre autre chose, le fait que les éditions électroniques de journaux proposent sans frais les archives du support papier n’est pas pour aider au constat déjà bien terne de l’Elysée. Des sites officiels qui participent à « leur propre concurrence pour rien » et une gratuité qui « aggravent les problèmes», bien loin d’enfoncer les portes le bilan présidentiel ferme les fenêtres.

C’est un fait, Nicolas Sarkozy ne croit pas, et ses amitiés propriétaires de la presse française non plus, au média Internet. Minoritaire, jugé impropre à une information de qualité et surtout inadapté aux logiques de rentabilité d’une entreprise de presse, le média numérique représenterait aux yeux du président « un espoir (…) mais aussi beaucoup de menaces ».

Alors, la réflexion sur le net n’est-elle pas à chercher du côté du banc des accusés, le net lui-même ? Car, sauf en de rares exceptions (Télérama, plus récemment Marianne et Le Parisien), la presse papier apparaît bien incapable de réfléchir posément aux Etats Généraux ainsi qu’à l’avenir de la presse qu’ils dessinent. Ce n’est un secret pour personne, les sites d’information n’en sont encore qu’à leurs balbutiements. Ses égéries, à l’instar du Monde Numérique, seraient bien en mal de survivre sans le support alimentaire des médias papiers, audiovisuels en plus de l’aide « substantielle » des agences de presse. A cet égard, Rue 89 et MediaPart ont pour ainsi dire un clic d’avance. Information gratuite, payée par la publicité et la conception de sites web d’une part, journal numérique pour abonné de l’autre, les deux sites d’information exclusivement webienne incarnent deux alternatives économiques créatrices. Partis de rien si ce n’est leur nom, leur savoir faire et l’envie de réussir là où les médias traditionnels (qui les ont formés) ont échoué, Rue 89 et Mediapart : deux médias professionnels, deux exemples à la rentabilité encore à prouver d’un possible autre choix que celui proposé par Nicolas Sarkozy. Celui des grands groupes appuyés sur les agences de presse [[Recommandation 9 du Rapport Giazzi : Doter l’Agence France Presse d’un statut et d’une
direction pérennes, soutenir son projet numérique. Danièle Giazzi estime en outre qu’il « il est indispensable de renforcer le rôle de l’AFP (…), cette institution joue un rôle central et prééminent dans la qualité de l’information diffusée par les médias français.»]] et la notion de « marque » exportable d’un média à l’autre. Car dans les rédactions de ces tout jeunes médias, tous les rédacteurs ou presque accusent d’une certaine expérience dans les médias traditionnels. Un milieu formateur, qui, semble-t-il, ne répond plus à leurs attentes fondatrices, celles que l’on se forge sur le terrain et que l’on inculque normalement dans les écoles sans jamais s’en défaire : l’objectivité d’abord, l’anticonformisme ensuite, l’information avant tout.

Ces médias uniquement internet, comparables à Bakchich et Arrêt sur Images, le Rapport Giazzi déposé en septembre dernier sur le bureau du président de la république compte bien leur apporter une aide financière méritée. Celle dont jouissent les médias traditionnels et leurs sites web depuis plusieurs années déjà [[Recommandation n°5 du rapport Giazzi : Élargir les aides de la commission paritaire aux nouveaux supports d’information, extension du régime de TVA réduite aux publications uniquement Internet.]] . Un juste retour des choses voire un rééquilibrage dira-t-on. Car, si l’est des journaux qui informent, qui ont du moins tenté de le faire durant la tenue des Etats Généraux de la Presse, ce sont bien les médias Internet (nous vous invitons à ce titre à découvrir le site norovision.fr qui développe une analyse des médias des plus pertinentes). Au risque, comme ce fut le cas pour Arrêt sur Images, de s’en voir exclu.

Ce qu’il en ressort pour l’internaute lambda? Pas grand-chose de gratuit en tout cas. Débourser quelques euros pour connaître le futur de la presse, c’est parfois cher payé mais actuellement la seule option possible devant l’insuffisance du milieu en matière d’autocritique.

Algérie : la blogosphère s’anime !

La blogosphère algérienne est animée depuis quelques semaines suite à deux affaires qui ont fait polémique sur l’espace public et dont « la star « est la ministre de la culture. Il s’agit du limogeage de Amine Zaoui, directeur de la bibliothèque nationale et de la censure du nouvel ouvrage du journaliste Mohamed Benchicou «Journal d’un homme libre». Les raisons invoquées par la ministre : « incompétence» pour le premier et « diffamation » pour le second.

De nombreux blogs et sites ont connu une grande effervescence suite au buzz médiatique, en enregistrant une augmentation de visiteurs et de commentaires. Même la communauté Facebook s’en est mêlée puisque des groupes ont été crées et certains internautes sont tellement déterminés qu’ils appellent à un débat «facebookien» pour le sauvetage de la démocratie en Algérie. «La blogosphère est avant tout un espace de liberté devant le black-out des médias publics et la frilosité des titres privés, c’est aussi le seul espace où le citoyen algérien lambda peut s’exprimer librement» nous déclare un journaliste algérien.

Intellectuels, poètes, et journalistes sont les premiers à dénoncer ces deux affaires et ils fustigent une volonté du pouvoir d’asphyxier la liberté d’expression en général. Sur le site d’informations généralistes de Mohamed Benchicou [[www.lematindz.net]], on trouve des témoignages de sympathie – NDLR-après deux ans de prison, le journaliste est considéré désormais comme un symbole de résistance et de rébellion – ou on peut lire des message de soutien ou de condamnation de cette censure. Et l’affaire du limogeage du directeur de la bibliothèque nationale a aussi suscité un débat sur le net. D’ailleurs de nombreux écrivains, poètes algériens, tunisiens et marocains ont signé des pétitions en ligne.

Ces deux affaires ne sont nullement inédites dans un pays où l’autoritarisme est l’espace le mieux assumé. D’ailleurs, la ministre de la culture a affirmé sa position: « j’assume » pour la censure du livre, invoquant que « la constitution qui garantit l’honneur des citoyens et le code pénal condamnent les atteintes à la révolution, à l’honneur du chef de l’Etat et celui des fonctionnaires des corps constitués». Dans le cas du directeur de la bibliothèque nationale, la ministre a parlé, du moins à travers un communiqué du ministère, « d’incompétence ».

Suite à ces deux décisions, il y a eu une extraordinaire levée de boucliers. Dans son blog, Benchicou contre-attaque et tente de répondre à la ministre en publiant des extraits de son ouvrage mettant en doute les affirmations de la ministre qui est arrivée à dire qu’elle avait évité la prison à son auteur. D’autres blogs considèrent que ces deux affaires peuvent cacher l’actualité réelle d’aujourd’hui, marquée par la propension à l’hyperprésidentialisme d’une nouvelle constitution faite sur mesure pour le Président. Le débat est chaud. Les uns considèrent, à force d’arguments, que c’est le retour de la censure et de l’unilatéralisme, les autres avancent l’idée que le pays n’a pas changé fonctionnant toujours comme une simple dictature.

Pendant ce temps là, Internet reste la vedette du top 10 des loisirs de la population algérienne, jeune pour la quasi majorité. Ce média social est de plus en plus vulgarisé en Algérie, avec la multiplication des cybers-espaces et les offres pour les particuliers. «Le net est le seul espace où on peut dire ce qu’on pense en toute liberté afin de faire bouger les choses ! » nous confie un jeune étudiant algérien de 22 ans. L’Algérie est-elle en train de vivre sa période de cyber-militantisme? Affaire à suivre…