007 : le costume de tous les fantasmes

Son nom est Bond. James Bond. Il a plusieurs femmes, plusieurs voitures et… plusieurs visages. Daniel Craig est le sixième à lui prêter le sien. Tandis que le dernier opus n’est pas encore sorti, de nombreux noms circulent déjà sur l’homme qui pourrait prendre sa place. Cet exercice de pronostic n’est pas chose surprenante : il a lieu à chaque fois qu’un nouvel opus est annoncé en salle.

À l’occasion de la sortie de Skyfall, les noms d’Idris Elba (le Stringer Bell de la série The Wire), de Tom Hardy (Inception, Lawless), de Michael Fassbender (Inglorious Bastard, Shame), ou encore de Sam Worthington (Avatar, Last Night) viennent s’ajouter à une liste déjà bien remplie de prétendants. Depuis 1961, une trentaine d’acteurs a été pressentie pour le rôle. Certains d’entre eux avaient, en effet, été contactés par EON Productions, à qui appartient la franchise. En revanche, tous n’ont pas passé de casting, ni même émis l’idée de s’y présenter.

Pour le premier film, Richard Todd (Le Jour le plus long) était le premier choix de Ian Fleming, l’auteur des livres, mais il n’a pas pu se libérer pour le tournage, Sean Connery a pris sa place. En 1967, le nom de Michel Caine était sur toutes les lèvres. Refusant d’être catalogué dans un rôle d’agent secret, il n’a pas donné raison aux rumeurs. Colin Firth (Le Discours d’un Roi) était l’un des favoris du public à la succession de Pierce Brosnan en 2004. Il a cependant avoué, la même année, au magazine américain Entertainment Weekly : « Personne ne m’a approché mais l’idée de me révulserait pas. » Après lui, d’autres ont été évoqués : Clive Owen (Closer), Christian « Batman » Bale, Benedict « Sherlock » Cumberbatch. Encore des noms, toujours des noms, rien que des noms. Des murmures, des rumeurs, venant de toutes parts : des communautés de fans, aux acteurs eux-mêmes, des magazines spécialisés aux sites d’information, de l’industrie du cinéma au marché aux puces du coin. Chaque homme, pourvu qu’il soit acteur, originaire du Commonwealth et bien taillé est susceptible d’être mis sur le devant de la scène.

En attendant, ni EON Productions ni Daniel Craig, qui donne ses traits à l’agent britannique pour la troisième fois, n’ont parlé de la fin de leur collaboration. Au contraire, l’acteur clame son envie de ré-enfiler le costume impeccable du double zéro et a même confirmé sa présence dans deux épisodes supplémentaires.

007 contre le reste du Monde

Le compte à rebours est lancé. Skyfall, le nouveau James Bond, sortira en salles le 26 octobre prochain. On retrouve Sam Mendes à la réalisation et toujours Daniel Craig pour incarner l’agent 007. Les fans profiteront de l’événement pour fêter les 50 ans de l’espion britannique. L’occasion de revenir, sur cette saga mythique débutée en 1962 avec l’adaptation à l’écran du roman de Ian Flemming, James Bond contre Docteur No.

Arrêtons-nous aujourd’hui sur le rôle des méchants dans James Bond. Loin d’être anecdotiques, ces derniers font clairement partie du succès de chacun des films. Mais l’intérêt du méchant dépasse bien souvent le simple cadre cinématographique. L’ennemi de l’agent secret est, en quelque sorte, le reflet de l’évolution des peurs et préjugés de la société britannique. Si l’on fait état du statut des méchants dans James Bond, le constat est saisissant : chacun d’entre eux ou presque est lié au contexte géopolitique ou économique du Royaume-Uni.

La menace du « SPECTRE »[[Service pour l’espionnage, le contre-espionnage, le terrorisme, la rétorsion et l’extorsion]]

Certes le premier film, James Bond contre Dr No, relève particulièrement de l’anticommunisme. Un scientifique sino-allemand (Julius No), retranché sur une île, a pour projet de détruire le monde en détournant des missiles. Cela n’est pas sans rappeler la crise des missiles de Cuba de 1962, année de la sortie du film. Cependant, suite à l’apaisement entre les deux blocs dans les années 1960 et 1970, 007 se retrouve confronté aux membres du « SPECTRE ». Cette organisation internationale terroriste vise à détruire les deux superpuissances pour dominer le monde, rien que cela. Ainsi retrouve-t-on l’incontournable Ernst Stavro Blofeld, Polonais d’origine et ennemi juré de James Bond. Le « SPECTRE » est une organisation qui n’est pas liée à un État en particulier. Ses membres sont majoritairement issus du Tiers-Monde. Rappelons que nous sommes en pleine période de décolonisation, et que, dans ce contexte, la société britannique voit son empire se déliter. De fait, le Royaume imagine sa souveraineté menacée. Quoi de plus réconfortant que de fomenter le mythe d’un espion qui corrige à sa manière les atteintes à la souveraineté britannique tout en restant fidèle à sa Majesté… C’est ainsi que l’on retrouve Bond en 1964, dans Goldfinger face à des « Chigroes », un mélange grotesque entre « chinois » et « nègres ». Le « SPECTRE » est en quelque sorte le reflet d’une peur d’un ennemi invisible capable à lui seul de renverser l’ordre établi et l’équilibre fragile installé entre l’URSS et les États-Unis. Une peur clairement teintée de racisme.

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Chocs pétroliers et apaisement

Les années 1970 voient l’économie occidentale mise à mal par les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979. Coïncidence ? Les grands méchants des trois James Bond qui sortiront à cette période sont de riches industriels : Karl Stromberg dans L’Espion qui m’aimait (1977) où 007 fait équipe avec une espionne russe, Hugo Drax dans Moonraker (1979) et Aris Kristatos dans Rien que pour vos yeux (1981). Une des répliques de ce dernier est d’ailleurs assez révélatrice. Bond, après avoir lancé un outil ultramoderne d’une falaise annonce à un gradé russe : « Vous ne l’avez pas, je ne l’ai pas non plus. C’est la détente camarade ! ». Les peurs en Grande-Bretagne sont dorénavant tournées vers l’économique et le cruel militaire à l’accent russe ne semble plus être l’ennemi par excellence, du moins jusqu’à la fin des années 1970.

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Le retour du péril rouge

Ronald Reagan est élu président des États-Unis en 1980. Il fait installer un bouclier anti-missile aux États-Unis. La guerre froide est relancée avec un regain des tensions entre les deux blocs. Cette dernière est palpable à l’écran avec les trois nouveaux James Bond : Octopussy (1983), Dangereusement vôtre (1985) et Tuer n’est pas jouer (1987) où à chaque fois, l’ennemi principal est un Russe. Mais en 1989, le mur de Berlin chute et trois ans après l’Union Soviétique n’est plus. James Bond vient de perdre son meilleur ennemi…

Le danger vient de l’intérieur

Cet événement entraîne l’établissement d’un nouvel ordre mondial. L’identité de l’agent secret est mise à mal, car James Bond ne serait pas ce qu’il est sans ses ennemis. La machine s’enraye et peine à retrouver ce qui a fait son succès. Ce n’est qu’en 1995 que sort le nouvel opus, Goldeneye, où le méchant est cette fois un ancien agent britannique devenu terroriste. Voilà le nouveau Némésis de 007, le terroriste originaire de l’Occident devenu traitre en épousant une cause machiavélique. Le terroriste effraie à l’écran comme dans la réalité. Parallèlement, la figure du riche businessman, propriétaire d’une multinationale se développe (Elliot Carver dans Demain ne meurt jamais sorti en 1997.). James Bond retrouve l’image d’un agent luttant pour la sécurité du Royaume et contre l’injustice. Quantum of Solace (2008) se charge quant à lui d’utiliser un terrain neutre, la Bolivie, pour faire référence à la menace du terrorisme islamiste. Un entrepreneur, Dominic Greene (Mathieu Amalric), s’accapare des ressources naturelles (eau et pétrole) tout en entretenant des relations avec des politiciens américains. Tout cela n’est pas sans rappeler les relations entre Ben Laden et Bush d’autant que Greene (green : « vert » en anglais) évoque la couleur de l’Islam.

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C’est Javier Bardem qui jouera le rôle du prochain méchant dans Skyfall. Peu d’informations sont disponibles pour l’heure sur le personnage qu’il portera à l’écran. Néanmoins, il est fort à parier qu’une nouvelle fois, James Bond fera face à un homme incarnant ce qui est perçu comme étant le « Mal » par nos sociétés. Un manichéisme qui a permis 50 ans de succès aux romans de Ian Flemming et à ses adaptations cinématographiques.

007 contre le reste du Monde

Le compte à rebours est lancé. Skyfall, le nouveau James Bond, sortira en salles le 26 octobre prochain. On retrouve Sam Mendes à la réalisation et toujours Daniel Craig pour incarner l’agent 007. Les fans profiteront de l’événement pour fêter les 50 ans de l’espion britannique. L’occasion de revenir, sur cette saga mythique débutée en 1962 avec l’adaptation à l’écran du roman de Ian Flemming, James Bond contre Docteur No.

Arrêtons-nous aujourd’hui sur le rôle des méchants dans James Bond. Loin d’être anecdotiques, ces derniers font clairement partie du succès de chacun des films. Mais l’intérêt du méchant dépasse bien souvent le simple cadre cinématographique. L’ennemi de l’agent secret est, en quelque sorte, le reflet de l’évolution des peurs et préjugés de la société britannique. Si l’on fait état du statut des méchants dans James Bond, le constat est saisissant : chacun d’entre eux ou presque est lié au contexte géopolitique ou économique du Royaume-Uni.

La menace du « SPECTRE »[[Service pour l’espionnage, le contre-espionnage, le terrorisme, la rétorsion et l’extorsion]]

Certes le premier film, James Bond contre Dr No, relève particulièrement de l’anticommunisme. Un scientifique sino-allemand (Julius No), retranché sur une île, a pour projet de détruire le monde en détournant des missiles. Cela n’est pas sans rappeler la crise des missiles de Cuba de 1962, année de la sortie du film. Cependant, suite à l’apaisement entre les deux blocs dans les années 1960 et 1970, 007 se retrouve confronté aux membres du « SPECTRE ». Cette organisation internationale terroriste vise à détruire les deux superpuissances pour dominer le monde, rien que cela. Ainsi retrouve-t-on l’incontournable Ernst Stavro Blofeld, Polonais d’origine et ennemi juré de James Bond. Le « SPECTRE » est une organisation qui n’est pas liée à un État en particulier. Ses membres sont majoritairement issus du Tiers-Monde. Rappelons que nous sommes en pleine période de décolonisation, et que, dans ce contexte, la société britannique voit son empire se déliter. De fait, le Royaume imagine sa souveraineté menacée. Quoi de plus réconfortant que de fomenter le mythe d’un espion qui corrige à sa manière les atteintes à la souveraineté britannique tout en restant fidèle à sa Majesté… C’est ainsi que l’on retrouve Bond en 1964, dans Goldfinger face à des « Chigroes », un mélange grotesque entre « chinois » et « nègres ». Le « SPECTRE » est en quelque sorte le reflet d’une peur d’un ennemi invisible capable à lui seul de renverser l’ordre établi et l’équilibre fragile installé entre l’URSS et les États-Unis. Une peur clairement teintée de racisme.

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Chocs pétroliers et apaisement

Les années 1970 voient l’économie occidentale mise à mal par les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979. Coïncidence ? Les grands méchants des trois James Bond qui sortiront à cette période sont de riches industriels : Karl Stromberg dans L’Espion qui m’aimait (1977) où 007 fait équipe avec une espionne russe, Hugo Drax dans Moonraker (1979) et Aris Kristatos dans Rien que pour vos yeux (1981). Une des répliques de ce dernier est d’ailleurs assez révélatrice. Bond, après avoir lancé un outil ultramoderne d’une falaise annonce à un gradé russe : « Vous ne l’avez pas, je ne l’ai pas non plus. C’est la détente camarade ! ». Les peurs en Grande-Bretagne sont dorénavant tournées vers l’économique et le cruel militaire à l’accent russe ne semble plus être l’ennemi par excellence, du moins jusqu’à la fin des années 1970.

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Le retour du péril rouge

Ronald Reagan est élu président des États-Unis en 1980. Il fait installer un bouclier anti-missile aux États-Unis. La guerre froide est relancée avec un regain des tensions entre les deux blocs. Cette dernière est palpable à l’écran avec les trois nouveaux James Bond : Octopussy (1983), Dangereusement vôtre (1985) et Tuer n’est pas jouer (1987) où à chaque fois, l’ennemi principal est un Russe. Mais en 1989, le mur de Berlin chute et trois ans après l’Union Soviétique n’est plus. James Bond vient de perdre son meilleur ennemi…

Le danger vient de l’intérieur

Cet événement entraîne l’établissement d’un nouvel ordre mondial. L’identité de l’agent secret est mise à mal, car James Bond ne serait pas ce qu’il est sans ses ennemis. La machine s’enraye et peine à retrouver ce qui a fait son succès. Ce n’est qu’en 1995 que sort le nouvel opus, Goldeneye, où le méchant est cette fois un ancien agent britannique devenu terroriste. Voilà le nouveau Némésis de 007, le terroriste originaire de l’Occident devenu traitre en épousant une cause machiavélique. Le terroriste effraie à l’écran comme dans la réalité. Parallèlement, la figure du riche businessman, propriétaire d’une multinationale se développe (Elliot Carver dans Demain ne meurt jamais sorti en 1997.). James Bond retrouve l’image d’un agent luttant pour la sécurité du Royaume et contre l’injustice. Quantum of Solace (2008) se charge quant à lui d’utiliser un terrain neutre, la Bolivie, pour faire référence à la menace du terrorisme islamiste. Un entrepreneur, Dominic Greene (Mathieu Amalric), s’accapare des ressources naturelles (eau et pétrole) tout en entretenant des relations avec des politiciens américains. Tout cela n’est pas sans rappeler les relations entre Ben Laden et Bush d’autant que Greene (green : « vert » en anglais) évoque la couleur de l’Islam.

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C’est Javier Bardem qui jouera le rôle du prochain méchant dans Skyfall. Peu d’informations sont disponibles pour l’heure sur le personnage qu’il portera à l’écran. Néanmoins, il est fort à parier qu’une nouvelle fois, James Bond fera face à un homme incarnant ce qui est perçu comme étant le « Mal » par nos sociétés. Un manichéisme qui a permis 50 ans de succès aux romans de Ian Flemming et à ses adaptations cinématographiques.

Le cinéma est un sport de combat

La salle du cinéma Diagonal de Montpellier était pleine lors de l’avant-première du film « Les nouveaux chiens de garde », organisée il y a trois mois dans le cadre du Forum National des Médias Indépendants. Déjà primé deux fois cette année au festival de cinéma de Valenciennes, le documentaire réalisé par Yannick Kergoat et Gilles Balbastre recueille les applaudissements du public avant même sa sortie officielle dans les salles obscures le 11 janvier.

Dans la lignée des travaux de Pierre Bourdieu dans l’ouvrage Sur la télévision cette adaptation à l’écran de l’analyse critique des médias, développée dans le best-seller éponyme de Serge Halimi, met en lumière le caractère anti-démocratique des principaux médias dominants français.

De la connivence entre journalistes et hommes politiques aux collusions avec les chefs d’entreprise, en passant par le monopole de l’accès à la parole médiatique par les élites, le film dénonce les pratiques d’une oligarchie. C’est l’indépendance, l’objectivité et le pluralisme du quatrième pouvoir qui sont remis en cause. Images d’archives télévisuelles et enregistrements d’émissions radio à l’appui, cette critique au vitriol menée sur un ton sarcastique, s’attaque à l’imposition d’une pensée unique libérale. Le message est clair : ni la télévision, ni la radio, ni la presse ne jouent leur rôle de contre-pouvoir.


Les Nouveaux chiens de garde Bande-annonce par toutlecine

C’est contre cette conception des médias, exprimée par Franz-Olivier Giesbert, que s’érige le documentaire : « Tout propriétaire a des droits sur son journal. D’une certaine manière, il a les pouvoirs. Vous me parlez de mon pouvoir, c’est une vaste rigolade. Il y a des vrais pouvoirs. Le vrai pouvoir stable, c’est celui du capital. Il est tout à fait normal que le pouvoir s’exerce. Ça se passe dans tous les journaux. Il n’y a pas un journal où cela ne se passe pas ». En bref, un cinéma engagé qui interpelle le citoyen. Lors d’une table ronde sur le thème de la démocratie et des médias qui a eu lieu lors de l’avant première, Yannick Kergoat déclarait : « il faut faire de la question des médias une question politique», et associé au propos de Pierre Carles il poursuivait : « l’intégration croissante entre médias et champ social impliquait aussi d’agir sur la société pour qu’un changement s’opère».

Séances du 11 janvier au cinéma Diagonal : 13h55, 16h et 19h50

Jean-François Bourgeot: « On n’a pas découvert le monde arabe cette année »

La 33ème édition du Cinemed (Festival du Cinéma Méditerranéen de Montpellier) a ouvert le vendredi 21 octobre dernier. Avant sa fermeture samedi, Jean-François Bourgeot, directeur du festival depuis maintenant dix ans, a accepté de nous parler d’un rendez-vous qui semble avoir trouvé son public.

Le Cinemed fête cette année ses 33 ans, quelle est aujourd’hui sa place dans le paysage cinématographique français?

Sa place est à la fois banale et particulière. Banale parce que c’est un festival qui correspond à une dimension moyenne. Particulière, car c’est un rendez-vous où il y a un vrai public qui paye pour voir des films d’identité méditerranéenne qu’il ne pourra souvent pas voir ailleurs. Que ce soit en France ou en Europe, nous sommes les seuls à accorder autant de place à ce cinéma.

Dans l’ensemble si l’on exclue les grands festivals comme Cannes ou Deauville, nous somme en termes de surface et de public l’un des dix festivals en bonne santé en France.

Comment expliquer que le festival ait pris autant d’importance?

On a fait un vrai saut qualitatif et quantitatif sous l’impulsion de Georges Frêche et depuis la construction du Corum à la fin des années 1980. On est passé du statut de « Rencontres du Cinéma de Méditerranée » à celui de « Festival ».

Aujourd’hui, on permet aux gens de voir beaucoup de films récents. Une partie d’entre eux n’ont pas de distributeurs en France et ne passeront qu’à Montpellier. D’autres sont chez nous en avant première. C’est pour eux l’occasion de confronter leur film à un public pour la première fois.

Le Cinemed demeure, toutefois plutôt élitiste dans la mesure où les films projetés se destinent à un public plutôt averti…

(Il coupe) Oui mais on fait tout de même entre 70 000 et 80 000 entrées sur 9 ou 10 jours. Lors de l’ouverture, la salle Berlioz, qui fait 2000 places, est pleine. 2000 places c’est cinq fois la plus grande salle du Gaumont. Il y a donc des moments où on attire la foule. Mais ce qui est encore plus intéressant c’est qu’on a fait près de 600 entrées pour un film d’Ermiano Olmi (ndlr, Centochiodi) qui peut etre considéré comme du cinéma d’auteur.

Très souvent les gens abordent ce festival en se disant que les films vont être « intello », ennuyeux et prise de tête. Or, ce n’est pas parce qu’on choisit des réalisations qui ont un style et un point de vue qu’ils sont inaccessibles.

Sur quels critères vous basez-vous pour sélectionner vos films ?

Evidemment il faut qu’ils soient d’origine méditerranéenne. A partir de là, les premiers critères résident dans la force des sujets mais aussi dans la manière dont ils sont traités. Ensuite, on accorde de l’importance à la diversité territoriale. Cette année 22 pays sont représentés sur les 25 possibles.

Par ailleurs, ce festival continue à être pensé par des gens qui viennent des ciné-clubs. On encourage donc les films suscitant l’interrogation et l’échange avec le public. L’intérêt n’est pas de faire de l’analyse filmique mais de comprendre comment les pays de la méditerranée se représentent dans leurs cinéma.

Le festival représente aussi une occasion pour ouvrir le débat et évoquer des sujets d’actualité. Cette année, dans quelle mesure avez-vous « surfé » sur le printemps arabe ?

Le mot « surfer » je ne vais pas le réfuter parce qu’il y a effectivement un effet de mode sur ce sujet qui touche beaucoup de festivals. Nous on ne l’a pas découvert cette année parce que ces pays sont présentés au festival depuis sa création. Pour rappel, Youssef Chahine est citoyen d’honneur de la ville. De plus, notre festival a commencé plusieurs mois après le début des révolutions donc on n’était pas dans l’urgence de « surfer » ou d’être dans le coup.

Nous nous sommes simplement mis au diapason d’une année qui a changé le monde. Pour cela nous avons choisi de gonfler la partie égyptienne de la programmation. Des questions politiques seront évoquées puisque les films eux-mêmes s’interrogent sur les liens entre démocratie et monde arabe, mais on s’intéressera surtout à l’effet des révolutions sur le cinéma des pays concernés.

Même si on parle en priorité de cinéma, il y a donc, malgré tout un réel engagement derrière ce festival…

Bien sûr, mais nous ce qu’on aime bien c’est partir du cinéma et pas de l’anecdote. Il faut en priorité que les formes soient intéressantes et que les films soient réussis. Il y a des films qui essaient de dire des choses très sympas mais qui sont ratés. Ceux-là ne nous intéressent pas.

Vous recevez beaucoup de subventions de l’agglomération de Montpellier et de l’Union Européenne, est ce que ces acteurs ont un droit de regard sur votre programmation et vos choix ?

Non, il n’y a aucun droit de regard en termes de programmation même si il y a évidemment quelques contraintes. Pour la subvention de l’Europe, par exemple, au moins 70% de notre programmation doit correspondre à des productions ou des coproductions européennes. C’est une manière de soutenir le cinéma du vieux continent.

En revanche la ville non. La seule chose que Georges Frêche voulait c’était qu’il y ait des vedettes, que ça brille un peu pour qu’on parle de nous. Seulement, ce n’est pas parce qu’on fait venir des célébrités de Paris que cela fonctionne. La presse parisienne voit ces personnalités toute l’année. Par contre quand on fait venir des grands noms du cinéma italien ou égyptiens ça devient plus intéressant.

Pour finir, comment est ce que vous voyez l’avenir du Cinemed avec notamment le basculement du cinéma dans l’ère du numérique ?

C’est une évolution qui est compliqué pour nous depuis l’an dernier déjà, qui est particulièrement difficile cette année et qui le sera encore l’an prochain. On sera sorti de la turbulence quand le Corum sera mieux équipé et quand le support numérique s’homogénéisera. En ce moment on est dans une période de transition. On reçoit toutes sortes de supports. C’est le bordel !

Heureusement, les créations contemporaines finiront par se normaliser y compris celles venues des pays plus pauvres. En revanche, les choses seront plus dures pour nos recherches rétrospectives. Même si depuis quelques années on passe beaucoup de copies au numérique, on ne retrouvera jamais tout.

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