Quel héritier à Georges Frêche ?

La succession de Georges Frêche dans le monde politique socialiste pose un certain nombre de questions. L’une d’elles concerne son héritage direct. Aujourd’hui, plusieurs de ses proches tentent de se positionner comme successeur de « l’Empereur de Septimanie ». Présentation de quatre d’entre eux.

Une aubaine pour l’extrême droite ?

Il y a un aspect crucial concernant les conséquences politiques du décès du président de la Région Languedoc-Roussillon : le profit que pourrait en tirer le Front National. Car la captation d’une partie de cet électorat par Georges Frêche n’était plus un secret. Pour Jacques Molénat, « aucune voix ne lui était indifférente, de l’extrême gauche à l’extrême droite. »

Robert Navarro : « L’après-Frêche a surpris tout le monde »

Premier secrétaire de la fédération socialiste de l’Hérault de 1990 à 2010, Robert Navarro fait partie des 58 exclus du Parti Socialiste. Il a su profiter de la redistribution des cartes de la « Frêchie » en devenant premier vice-président du conseil régional du Languedoc-Roussillon. Directement concerné par la succession de Georges Frêche, il a accordé un entretien à Hautcourant dans lequel il évoque l’héritage du « Président », la fédération de l’Hérault ainsi que son avenir politique.

La question de la succession directe de Georges Frêche semble problématique. Existe-t-il un héritier naturel ? Robert Navarro donne son avis :

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La fédération socialiste de l’Hérault a été mise sous tutelle en septembre 2010. La gestion de l’ancien premier secrétaire est vivement critiquée par ses détracteurs. Robert Navarro est notamment soupçonné d’avoir falsifié le fichier des adhésions et d’avoir créé la XIe section, bras armé au service des Frêchistes. Il répond à ces accusations :

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Georges Frêche se plaçait au-dessus des partis politiques. En plus des votes de gauche, il avait réussi à capter un électorat traditionnellement de droite. Avec sa disparition, la gauche languedocienne est-elle en danger ? Robert Navarro répond et aborde la question de son avenir politique personnel :

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Robert Navarro tacle les hommes du « Président »

Dans un entretien accordé à HautCourant le lundi 7 février, Robert Navarro, sénateur et premier vice-président de la Région Languedoc-Roussillon, s’est lâché sur Frédéric Bort.

Le président : chronique d’un « monstre » politique

Mercredi 15 décembre sort Le président, le nouveau documentaire d’Yves Jeuland. Près de deux mois après la mort de Georges Frêche, le film retrace la dernière campagne politique de « l’empereur de Septimanie » : les Régionales 2010.

Les larmes coulent sur son visage, sa voix est éreintée par l’émotion. Debout sur la tribune, Georges Frêche galvanise une audience déjà toute acquise à sa cause. Ce moment fort du documentaire est symptomatique du dilemme vécu par la caméra d’Yves Jeuland. « Le président » l’avouera plus tard, mais il ment. L’histoire qu’il raconte, son grand-père travaillant dur et uniquement muni de sabots, est fausse ou romancée du moins.

L’empathie gagne pourtant le spectateur. Le réalisateur, qui a pris conscience qu’il suivait «le dernier combat d’un homme», restitue toute l’ambiguïté et la complexité du personnage. Fort, grande gueule et orateur de talent, mais cynique et prêt à tout pour gagner, le trait caractéristique du personnage était de mettre en application sa philosophie de vie : «Je suis un tendre, mais si vous êtes trop tendre, on vous tue. Moi, je tue le premier et je pleure après.»

Dans la peau de Georges Frêche

L’immersion dans l’univers frêchiste est totale, Yves Jeuland a parfaitement su se faire oublier des protagonistes. Le résultat donne l’impression au spectateur de vivre la campagne de l’intérieur, sans intermédiaires. Les relations de l’ancien maire de Montpellier avec ses collaborateurs ne subissent visuellement pas de contraintes. À tel point qu’ils en oublient souvent la présence du réalisateur.

Frédéric Bort, directeur de cabinet, est omniprésent et ses conseils sont parfois immoraux. «Il faut mentir en politique» explique-t-il au grand Georges. Ce dernier, qui visiblement n’a pas besoin de conseil en la matière, reconnaît plus tard qu’il sort parfois «les chiffres qui lui viennent à la tête».

La solitude du pouvoir

Le documentaire met en exergue la façon de faire du « président ». L’homme est politiquement seul dans son combat, ses colistiers ne sont que très peu présents et tentent dans de rares occasions d’ajouter leurs touches à cette campagne. L’impression ressentie accorde une grande place à son cabinet. Frédéric Bort et Laurent Blondiau, responsable de sa communication, le harcèlent de remarques et de recommandations.

Des consignes qu’il ne suit qu’occasionnellement. «Pas d’attaques personnelles !», son communicant se veut implacable, « l’empereur de septimanie » dans son entêtement l’ignore. Critiquant tour à tour Arnaud Montebourg, «ce petit morveux», Martine Aubry et le plus souvent sa nouvelle rivale Hélène Mandroux, sa campagne est sans concession.

Sur fond d’affaire Fabius

Au-delà du charisme de Georges Frêche, le documentaire a gagné un intérêt soudain le 28 janvier 2010. Dans l’Express, le président attaque Fabius sur sa «tête pas très catholique». Cette campagne des régionales, qui devait se résumer en un affrontement entre la gauche Frêchiste et la droite de Raymond Couderc s’est transformée en une lutte fratricide entre socialistes. L’ancien maire de Montpellier devint alors une attraction nationale. Défendu ou pourfendu, les médias se sont focalisés sur le personnage et l’élection est devenue une sorte de référendum dont « le président » est sorti gagnant.

La conclusion est identique pour ce documentaire qui dépeint avec brio la personnalité d’un des leaders les plus charismatiques de la politique régionale et française.

« Le président » : la bande-annonce du film