Quelques instants dans le quotidien d’un Président

Au Festival international du film politique de Carcassonne, le film documentaire de Yves Jeuland « Un temps de président » initialement destiné à des classes de terminale a été ouvert au public ce vendredi suite à l’interdiction des sorties scolaire pour cause de manifestation.

25 août 2014 : 1ère journée de tournage pour Yves Jeuland. C’est seul qu’il va pendant six mois raconter le quotidien d’un Président et de ses principaux conseillers à L’Élysée. Doutes, peur, appréhension, soulagement, agacement … une valse d’émotion pour le chef d’État et son équipe.

L’Élysée vous ouvre ses portes avec Un temps de président. Sans entretien ni commentaire, c’est l’histoire de ce lieu, « cette bulle silencieuse », qui apparait extérieur au quotidien des français qui va vous être raconté. Centré sur François Hollande et ses deux principaux conseillers : Gaspard Gantzer et Jean-Pierre Jouyer, la volonté d’Yves Jeuland a été de raconter leur histoire vue de l’intérieur, de capter leurs gestes, leurs émotions et non « les petites phrases que les gens vont retenir » comme il tient à le souligner.

Pendant 1h50, c’est la vie des personnages au sein du palais, accompagné du bruit extérieur qui est raconté. Matinale de France Inter, Journal de 20h sur TF1 ou France 2, ce sont eux qui narrent l’histoire. Une façon pour le réalisateur « de relier le monde extérieur et cette bulle qui semble hors du temps. » Dîner, réunion du gouvernement, conférence de presse, écriture des vœux pour la nouvelle année … autant de moment que vivent un Président et son entourage professionnelle. Tout au long du documentaire, c’est un mandat pluvieux qui est dépeint. François Hollande montre qu’il n’a pas peur de braver les événements et d’en assumer les responsabilités, sans parapluie ! On voit un homme à l’aise avec l’objectif et qui le cherche constamment.

Le projet initial d’Yves Jeuland : tourner un été à l’Élysée, une période plutôt calme pour le palais. Mais il a eu l’opportunité grâce à Gaspard Gantzer, principal conseiller du Président et conseiller en communication à l’Élysée de pouvoir retracer non pas une saison, l’été, mais trois, en passant par l’automne et l’hiver. Une période qui n’est d’ailleurs pas anodine. En effet, François Hollande voit le ciel qui lui tombe sur la tête. Démission de l’ensemble de son gouvernement, éclatement au grand jour par les magazines people et son ex-femme de sa vie privée, attentats à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher … Une succession d’événements effroyables qui vont venir rythmer le quotidien du chef d’État et de son cabinet.

On aperçoit également Emmanuel Macron, entrant au gouvernement et qui impose déjà sa façon de travailler. Trois ans après sa sortie, ce film à des airs de ressemblance avec la situation actuelle. Un chaos et une incompréhension des français, et un Président qui a le ciel qui est en train de lui tomber sur la tête !

Une aubaine pour l’extrême droite ?

Il y a un aspect crucial concernant les conséquences politiques du décès du président de la Région Languedoc-Roussillon : le profit que pourrait en tirer le Front National. Car la captation d’une partie de cet électorat par Georges Frêche n’était plus un secret. Pour Jacques Molénat, « aucune voix ne lui était indifférente, de l’extrême gauche à l’extrême droite. »

Robert Navarro tacle les hommes du « Président »

Dans un entretien accordé à HautCourant le lundi 7 février, Robert Navarro, sénateur et premier vice-président de la Région Languedoc-Roussillon, s’est lâché sur Frédéric Bort.

Le président : chronique d’un « monstre » politique

Mercredi 15 décembre sort Le président, le nouveau documentaire d’Yves Jeuland. Près de deux mois après la mort de Georges Frêche, le film retrace la dernière campagne politique de « l’empereur de Septimanie » : les Régionales 2010.

Les larmes coulent sur son visage, sa voix est éreintée par l’émotion. Debout sur la tribune, Georges Frêche galvanise une audience déjà toute acquise à sa cause. Ce moment fort du documentaire est symptomatique du dilemme vécu par la caméra d’Yves Jeuland. « Le président » l’avouera plus tard, mais il ment. L’histoire qu’il raconte, son grand-père travaillant dur et uniquement muni de sabots, est fausse ou romancée du moins.

L’empathie gagne pourtant le spectateur. Le réalisateur, qui a pris conscience qu’il suivait «le dernier combat d’un homme», restitue toute l’ambiguïté et la complexité du personnage. Fort, grande gueule et orateur de talent, mais cynique et prêt à tout pour gagner, le trait caractéristique du personnage était de mettre en application sa philosophie de vie : «Je suis un tendre, mais si vous êtes trop tendre, on vous tue. Moi, je tue le premier et je pleure après.»

Dans la peau de Georges Frêche

L’immersion dans l’univers frêchiste est totale, Yves Jeuland a parfaitement su se faire oublier des protagonistes. Le résultat donne l’impression au spectateur de vivre la campagne de l’intérieur, sans intermédiaires. Les relations de l’ancien maire de Montpellier avec ses collaborateurs ne subissent visuellement pas de contraintes. À tel point qu’ils en oublient souvent la présence du réalisateur.

Frédéric Bort, directeur de cabinet, est omniprésent et ses conseils sont parfois immoraux. «Il faut mentir en politique» explique-t-il au grand Georges. Ce dernier, qui visiblement n’a pas besoin de conseil en la matière, reconnaît plus tard qu’il sort parfois «les chiffres qui lui viennent à la tête».

La solitude du pouvoir

Le documentaire met en exergue la façon de faire du « président ». L’homme est politiquement seul dans son combat, ses colistiers ne sont que très peu présents et tentent dans de rares occasions d’ajouter leurs touches à cette campagne. L’impression ressentie accorde une grande place à son cabinet. Frédéric Bort et Laurent Blondiau, responsable de sa communication, le harcèlent de remarques et de recommandations.

Des consignes qu’il ne suit qu’occasionnellement. «Pas d’attaques personnelles !», son communicant se veut implacable, « l’empereur de septimanie » dans son entêtement l’ignore. Critiquant tour à tour Arnaud Montebourg, «ce petit morveux», Martine Aubry et le plus souvent sa nouvelle rivale Hélène Mandroux, sa campagne est sans concession.

Sur fond d’affaire Fabius

Au-delà du charisme de Georges Frêche, le documentaire a gagné un intérêt soudain le 28 janvier 2010. Dans l’Express, le président attaque Fabius sur sa «tête pas très catholique». Cette campagne des régionales, qui devait se résumer en un affrontement entre la gauche Frêchiste et la droite de Raymond Couderc s’est transformée en une lutte fratricide entre socialistes. L’ancien maire de Montpellier devint alors une attraction nationale. Défendu ou pourfendu, les médias se sont focalisés sur le personnage et l’élection est devenue une sorte de référendum dont « le président » est sorti gagnant.

La conclusion est identique pour ce documentaire qui dépeint avec brio la personnalité d’un des leaders les plus charismatiques de la politique régionale et française.

« Le président » : la bande-annonce du film

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Cette semaine, c’est la succession de Georges Frêche, décédé il y a un peu plus d’un mois, qui a été décortiquée par les journalistes d’Haut Courant.

Au programme :

  • un micro-trottoir sur le lieu qui portera le nom de l’ancien président de région.
  • l’analyse d’une petite phrase de Robert Navarro, vice président du conseil régional.
  • l’interview d’Yves Jeuland, le réalisateur du film tant attendu sur Georges Frêche, Le Président.

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