Une aubaine pour l’extrême droite ?

Il y a un aspect crucial concernant les conséquences politiques du décès du président de la Région Languedoc-Roussillon : le profit que pourrait en tirer le Front National. Car la captation d’une partie de cet électorat par Georges Frêche n’était plus un secret. Pour Jacques Molénat, « aucune voix ne lui était indifférente, de l’extrême gauche à l’extrême droite. »

Robert Navarro : « L’après-Frêche a surpris tout le monde »

Premier secrétaire de la fédération socialiste de l’Hérault de 1990 à 2010, Robert Navarro fait partie des 58 exclus du Parti Socialiste. Il a su profiter de la redistribution des cartes de la « Frêchie » en devenant premier vice-président du conseil régional du Languedoc-Roussillon. Directement concerné par la succession de Georges Frêche, il a accordé un entretien à Hautcourant dans lequel il évoque l’héritage du « Président », la fédération de l’Hérault ainsi que son avenir politique.

La question de la succession directe de Georges Frêche semble problématique. Existe-t-il un héritier naturel ? Robert Navarro donne son avis :

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La fédération socialiste de l’Hérault a été mise sous tutelle en septembre 2010. La gestion de l’ancien premier secrétaire est vivement critiquée par ses détracteurs. Robert Navarro est notamment soupçonné d’avoir falsifié le fichier des adhésions et d’avoir créé la XIe section, bras armé au service des Frêchistes. Il répond à ces accusations :

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Georges Frêche se plaçait au-dessus des partis politiques. En plus des votes de gauche, il avait réussi à capter un électorat traditionnellement de droite. Avec sa disparition, la gauche languedocienne est-elle en danger ? Robert Navarro répond et aborde la question de son avenir politique personnel :

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La Sixième Fête des Vignes, le cache-misère

Dans une ambiance que l’on aurait pu imaginer plus tendue, suite à la manifestation houleuse des viticulteurs du mercredi 25 novembre 2009 à Montpellier, la sixième édition de la Fête des Vignes s’est déroulée dans le calme et a donné l’occasion, cette année, à 49 domaines vinicoles d’être sur le devant de la scène locale, place de la Comédie, les 27 et 28 novembre 2009. Seul hic, et pas des moindres, les vignerons présents se trouvent en réalité à l’abri de la crise viticole dans le Languedoc-Roussillon…

Eux, ne sont pas concernés par les problèmes de la chute des ventes et des prix. Les viticulteurs qui occupaient les stands, étant tous situés dans l’agglomération de Montpellier, bénéficient en effet d’un accès facile à leurs caves, au regard de la proximité avec le centre-ville et des infrastructures routières rapides. Interrogés à propos de leur rapport à la crise, ils ont un discours qui est sensiblement le même : dans un premier temps, ils compatissent avec les viticulteurs en colère et vantent pour la plupart les mérites du label Sud de France pour pallier à cette crise -n’oublions pas qu’ils ont été invités par le créateur dudit label, Georges Frêche…- . Ensuite, lorsque nous les interrogeons plus longuement, ils avouent alors ne pas se sentir concernés : « C’est quand on est plus loin de Montpellier qu’on est confronté aux problèmes d’exportations. Nous, on fait du commerce local » nous dit Benoit Lacombe, à 37ans, après sept ans d’exploitation du domaine de Rieucoulon, et exerçant parallèlement une activité de chercheur en biologie végétale au Centre National pour la Recherche Scientifique.

Nous pouvons alors distinguer les présents des absents : d’une part les petits exploitants à faible production, souvent situés aux abords de Montpellier, présents donc pour la plupart à cette fête, et d’autre part, les absents, en crise, les moyennes et grandes exploitations de l’arrière-pays dont l’export seul permet d’écouler la forte production dont les grandes surfaces ne veulent pas. Les présents étant forcément satisfaits de rentrer dans leurs frais et de profiter de cette publicité extraordinaire que prodigue cette Fête des Vignes : « Il y a plus de monde près de Montpellier c’est plus facile pour nous de nous faire connaître, et cette Fête permet aux passants de découvrir des domaines qu’ils ne connaissaient pas ! » résume Patrick Galtion, un des vendeurs présents au stand des caves de Saint-Georges d’Orques. Ne peut-il pas alors sembler choquant que ce soient les mêmes qui cumulent tous les avantages, à savoir proximité, faible coût d’exploitation et publicité peu onéreuse, quand la crise se déroule aux portes de l’agglomération?

D’ailleurs, Georges Frêche en a paru gêné si nous nous fions au ton coléreux du discours qu’il a prononcé pour l’inauguration de la fête, vendredi après-midi. Le Président d’agglomération a en effet développé longuement et avec virulence une grande partie de ses propos sur le thème de la crise viticole dans le Languedoc-Roussillon, jouant par là-même le rôle de Président de région sortant en pré-campagne. Alors que Benoit Lacombe fera une distinction entre « un regroupement de commercialisation vertueux et un regroupement de production moins efficace », Georges Frêche déclare vouloir « regrouper tous les domaines de la région pour mettre un terme à la parcellisation de l’offre », c’est à dire sous la bannière Sud de France. Contraste alors entre un ton électoraliste, populiste, « maurrassien » dira un observateur -en référence aux louanges adressées à la viticulture latine-, et le contexte d’une Fête des Vignes favorisant parmi les viticulteurs, ceux qui en ont le moins besoin… Au final, l’auditoire était peut-être plus abasourdi et confus qu’enthousiaste, par le décalage entre la nature des propos de Georges Frêche et le sourire des viticulteurs présents à cette manifestation.

Face à ce discours, nous avons aussi pu échanger quelques mots avec François Delacroix, directeur général des services de l’agglomération de Montpellier, qui pour sa part a évoqué, que la volonté était plutôt de « promouvoir l’excellence et la qualité ». Il est vrai que depuis vingt ans le vin local a considérablement évolué vers plus de qualité : si ce n’est que pendant ces vingt dernières années, Georges Frêche n’a passé que cinq années à la tête de la région. Et enfin, M. Delacroix de nous avouer : « Il fallait qu’on montre qu’on s’occupait de la préservation du monde viticole. ». Une devanture donc, rendue attractive par un prix de deux euros pour trois verres en théorie, mais pour une dégustation à discrétion dans les faits -aucun ticket ne nous a été demandé-. Clairement, une vitrine soigneusement décorée, pour afficher les performances de l’agglomération… tout en masquant une crise grave que la Région ne sait toujours pas résoudre.

Franck Michau

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