« J’ai incité mes parents à prendre leur carte UMP »
Haut courant : D’où vient votre engagement au mouvement des jeunes populaires ?
R.F. : Je me suis engagé à l’UMP en 2005, après les manifestations anti CPE. J’étais en Terminale et mon lycée (Paul Valéry à Sète) était bloqué. J’avais pris la parole dans des Assemblées Générales et exprimé mes opinions. J’ai senti qu’il se passait quelque chose. En mobilisant un peu de monde, on avait réussi à débloquer le lycée. Puis, j’ai rencontré des sympathisants et des militants de l’UMP.
Haut courant : Dans votre famille, est-ce qu’il y avait un engagement politique?
R.F. : Non pas du tout. Mes parents sont plutôt à droite mais j’étais encarté avant eux et je les ai incités à adhérer au parti. Ce ne sont pas eux qui m’ont inculqué une quelconque doctrine.
HC : Faites-vous partie d’autres organisations?
R.F. : J’ai été membre du mouvement étudiant UNI, la droite universitaire. Il a été récemment remplacé par le Mét (Mouvement des étudiants). Je suis le président fondateur du Saint Vincent Club, un club épicurien. Nos membres ont entre 18 et 25 ans. Des jeunes qui s’intéressent au vin et aux produits du terroir. Nous faisons des rencontres dans des domaines viticoles de la région, des dégustations.
« Georges Frêche a fait de bonnes choses mais il est fini »
HC : Comment militez-vous pour les régionales 2010?
R.F. : On accompagne Raymond Couderc (maire de Béziers et candidat UMP aux élections régionales) dans les forums thématiques qu’il mène dans toute la région. On distribue des tracts sur les marchés, on discute avec les proches et les amis. La politique est une interaction, pour échanger des idées et convaincre les gens. On porte aussi le projet de Raymond Couderc via Internet. Tous les moyens sont utilisés. Contrairement à Georges Frêche qui fait un meeting par département et reste centré sur Montpellier, notre candidat va vraiment dans chaque département, notamment ceux qui sont mis à l’écart et oubliés par le Président du Conseil Régional. Chaque section jeune, par département, a travaillé sur un thème différent. Pour l’Hérault, c’était l’éducation et le logement. On s’est donc réunis pour remettre à Raymond Couderc notre livre blanc lors d’une Convention régionale. Il s’en est servi pour élaborer son programme. La politique chez les Jeunes UMP, ce n’est pas uniquement faire la clape dans des meetings.
HC : Quelles en sont les grandes lignes?
R.F. : Une des lignes principales de la campagne est la tournée des oubliés. Georges Frêche, ancien maire et député de Montpellier, a beaucoup fait pour la capitale de la région Languedoc-Roussillon et ses alentours, mais il a complètement délaissé les Pyrénées-Orientales et la Lozère par exemple. Dans notre région, tout le monde contribue à l’énorme effort fiscal. Mais pour la redistribution, tout est centré sur Montpellier. La ville est pour lui une vitrine sur laquelle il s’appuie. C’est pour cela que les montpelliérains le porte dans leur coeur. Il a encore une notoriété extraordinaire. Mais, allez en parler à des catalans ou des lozériens…
HC : Mais le programme en lui-même?
R.F. : C’est donc rééquilibrer le budget du conseil régional. La communication a un budget qui a explosé. Elle est passée de 12 millions d’euros à 95 millions d’euros en cinq ans. Quant au budget du tourisme, il est ridiculement bas. Pour ce qui est des Maisons du Languedoc notamment à Shanghai et à New-York, elles coûtent 25 OOO euros par jour mais ne rapportent rien ! Il faudrait soit les supprimer soit les repenser, comme un lieu interactif et non comme une grande affiche publicitaire. Un lieu où les producteurs puissent vendre leurs produits. Des acheteurs locaux pourraient passer des commandes pour des vins languedociens.
HC : Et le Label Sud De France, qu’en pensez-vous?
R.F. : C’est bien d’avoir une marque régionale pour développer ses produits mais ça a été très mal utilisé. Aujourd’hui, on a du jambon Serrano sous la marque Sud de France alors que ce n’est pas produit en Languedoc, cela n’a pas de sens. Si une intoxication alimentaire survient, toute la marque en pâtira, alors que nos producteurs n’y sont pour rien. Elle perd de son authenticité en se banalisant ainsi. Je suis en désaccord avec l’Express notamment, qui a décrit cette marque comme un des points forts du bilan de Georges Frêche.
HC : Pensez-vous que Raymond Couderc soit le meilleur candidat pour les régionales?
R.F. : Pour moi c’est le meilleur, et il a une expérience concluante à Béziers. Comme Frêche à Montpellier certes, mais le Président de région a un mauvais bilan. Je respecte l’homme. Je ne suis pas le Jeune UMP qui va casser du sucre sur son dos. Ce qui est choquant, c’est ce qu’il est en train de devenir et les bourdes qu’il fait à répétition. Il a peut être fait de bonnes choses mais il est fini. Il doit passer la main.
HC : Finalement, la campagne des régionales tourne autour de Frêche ?
R.F. : Non du tout. Je n’aime pas ces campagnes qui se fixent sur un adversaire. C’est stérile. Raymond Couderc a un programme construit. Il pointe les points noirs du bilan de Georges Frêche mais c’est de bonne guerre et il faut informer l’électorat. Je pense que Frêche se saborde tout seul. Même son parti le critique, on ne va donc pas en rajouter.
HC : Raymond Couderc avait soutenu en 1998 la liste de Jacques Blanc qui s’était associé au FN, cela ne vous dérange pas?
R.F. : Non. Je n’étais pas là, et je ne sais pas comment ça s’est passé. Ils se sont certes réunis pour une élection, mais ce n’est pas parce qu’il y a un ou deux conseillers régionaux du FN, que le programme du parti sera appliqué au sein de notre région ! Je comprends toutefois que cela ait pu faire polémique. Je vois mal Raymond Couderc s’allier avec la fille d’Alain Jamet (ndlr. Président du Front National de la Région Languedoc-Roussillon).
HC : Que pensez-vous de la position de Christian Jeanjean (Maire UMP de Palavas), candidat divers droite qui se présente face à Couderc?
R.F. : C’est vraiment dommage qu’il y ait cette scission mais elle ne représente vraiment pas grand-chose. Elle est de l’ordre de 3 ou 4%, il ne passera pas le premier tour. Ce n’est pas un adversaire dont on doit se méfier.
HC : Dans la mesure où la majorité des régions est à gauche, est-ce que vous élaborez une stratégie entre jeunes de différentes régions?
R.F. : Tous les mois environ, on se retrouve à Paris avec chaque responsable départemental. On rencontre des ministres et des cadres du parti. On échange sur la façon de mener campagne et l’on se donne des conseils mutuels.
HC : En tant que jeune, êtes-vous bien placé dans le parti? Et y-a-il une oligarchie?
R.F. : Ils nous laissent notre chance. Pour les régionales, on a pas mal de jeunes qui sont sur les listes. Bien plus que chez les socialistes. J’ai deux amis qui sont 17 et 20ème sur la liste dans l’Hérault, et ils ont 23 et 24 ans.
« J’ai des jeunes qui trouvent que l’on n’est pas assez à droite »
HC : Que pensez-vous de la politique nationale de l’UMP?
R.F. :Je suis resté fidèle à notre Président. Contrairement à certains déçus, je me reconnais tout à fait dans le Nicolas Sarkozy qui a été élu en 2007. Il y a bien sûr des choses qui peuvent choquer sur la forme, des façons de faire, des affaires et des scandales, mais c’est sa politique qu’il faut regarder. Dans le fond, les réformes sont fidèles au programme présidentiel.
HC : Vous appuyez-vous sur son bilan pour faire campagne?
R.F. : Pour les régionales, non. C’est une collectivité locale et les grandes orientations du national ne pèsent pas vraiment sur la façon dont on gère une collectivité.
HC : Qu’est-ce que vous pensez de la « Fnisation » de l’UMP?
R.F. : Je n’en pense pas grand-chose parce que je ne la vois pas. Vous parlez du national ? Moi, j’entends plutôt l’inverse. J’ai des jeunes qui trouvent que l’on n’est pas assez à droite parce que l’on se tourne aussi vers la Gauche Moderne. Pour les questions d’immigration, ils estiment le ministère de l’Immigration pas assez radical.
HC : Quel regard portez-vous sur l’alliance de l’UMP avec le Mouvement Pour la France de Philippe de Villiers?
R.F. : Le MPF, j’en suis un peu loin. Ils ont rejoint la majorité pour cette élection mais ce n’est pas l’UMP pour autant. Il faut se battre ensemble quand on voit qu’il n’y a que deux régions qui sont à droite.