Olivier Besancenot : « L’état d’urgence se transforme en Etat de répression »

Dans le cadre des élections régionales 2015, Olivier Besancenot était attendu au meeting du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) à Montpellier le 4 décembre dernier. C’est dans la salle Guillaume de Nogaret, à l’espace Pitot, que le facteur le plus connu de France a répondu à nos questions. Etat d’urgence, restriction des libertés, terrorisme, islamophobie… Un tour d’horizon de l’actualité, sans langue de bois.

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Francis Viguié: « le trublion » du conseil municipal

Conseiller municipal à la Mairie de Montpellier depuis 2008, Francis Viguié est souvent le seul à s’opposer aux décisions de la majorité. A 59 ans, ce militant de toujours, engagé auprès de la LCR dans les années 1970, reste plus déterminé que jamais dans sa volonté de changer le monde. C’est autour d’un café au bar des Lilas, dans son quartier de Figuerolles qu’il nous livre son analyse.

Que vous inspire la déclaration de candidature de Philippe Saurel aux élection municipales de Montpellier en 2014 ?

C’est un peu tôt pour ce genre d’annonce. A deux ans de l’échéance électorale, il pense déjà aux prochaines municipales alors qu’il reste encore beaucoup à faire pour les Montpelliérains. Cependant, il n’est pas le seul a être entré en campagne. Jean-Pierre Moure, le président de l’Agglo s’est, lui aussi, lancé dans la bataille pour la mairie. Ce qui me dérange c’est que ces ambitions personnelles gangrènent le conseil municipal.

Qu’entendez vous par un conseil municipal « gangréné » ?

Au conseil municipal il règne une ambiance déplorable, dans laquelle il est difficile de faire avancer les dossiers importants. L’affrontement entre Saurel et Moure a ravivé les vieilles tensions au sein d’un Parti Socialiste divisé. Et Hélène Mandroux n’arrive pas à apaiser la situation. Faute de majorité dans son groupe municipal, elle manque d’espace politique.
De manière générale, les mauvaises pratiques de la fédération socialiste héraultaise et sa mise sous tutelle sont le résultat d’une perte de leurs repères politiques. Georges Frêche n’était pas un homme de gauche et Robert Navaro qui était son bras droit en est l’exemple. Leur politique est à l’image de leur fonctionnement interne.

Quels sont vos projets pour la ville ?

Premièrement les transports gratuits. Dans une ville comme Montpellier où la population est jeune, modeste, et durement touchée par le chômage, c’est une nécessité. Il faut bien pouvoir se déplacer pour trouver un boulot, aller au travail ou à l’université. Actuellement seuls les bus qui relient la périphérie au centre sont gratuits. Alors comment fait-on pour se déplacer dans le centre ville quand on a pas les moyens de se payer le tramway ou le bus ? Depuis des années je propose la gratuité des transports, mais jusqu’à aujourd’hui le conseil municipal l’a rejetée.
Globalement il y a un gros problème au niveau de l’urbanisation. Il n’est pas normal que des quartiers comme le Petit bard ou les Cévennes pourrissent, et que du neuf soit construit ailleurs. La priorité est de rénover les vieux bâtiments qui ne sont même pas isolés. Il faut stopper cette « urbanisation à tout va ». On doit arrêter de tout vouloir bétonner, les citadins ont besoin de respirer.

Sinon la question centrale c’est celle des services publics. Depuis des années, on a délégué l’exploitation de l’eau à Véolia, une entreprise privée. Il paraît évident que l’eau potable est un bien commun auquel on ne devrait pas pouvoir limiter l’accès par des hausses de prix. Heureusement le contrat se termine en 2014, et nous proposons donc un retour en régie. C’est la même chose pour les parkings du centre ville bradés à Vinci alors même que l’activité est très rentable. Personne ne peut se payer 7 heures de stationnement par jours.

Enfin, on doit passer à une forme de démocratie participative. Voter tous les six ans aux municipales ce n’est pas vraiment la démocratie. Il n’y a aucun droit de regard sur ce qui est fait par la mairie pendant le mandat, et ce n’est pas normal. Les citoyens devraient pouvoir voter les grandes décisions, mais aussi le budget. Si on prend l’exemple de la vidéo-surveillance, rien n’indique son efficacité pour lutter contre l’insécurité. Pourtant la majorité continue d’investir des sommes folles dans ce projet ruineux pour les collectivités. Ce n’est pas moi qui le dit, mais ce qu’indique le rapport de la cours des comptes.

Au second tour des municipales, ferez-vous à nouveau alliance avec les Verts comme en 2008 ?

Avec les Verts c’est peu probable. Ils ont commencé à négocier avec la majorité pour obtenir des places, et risquent certainement de s’allier au Parti Socialiste. Au contraire le Nouveau Parti Anticapitaliste a toujours voulu rester indépendant du PS.
Le scandale c’est que le système électoral favorise les grands partis. Il faudrait instaurer la proportionnelle pour une élection juste.

… et avec le Front de Gauche ?

Pour l’instant on est encore en négociation avec eux pour les législatives.

Qu’attendez-vous de ces élections présidentielles de 2012?

Avant tout je souhaite le départ de Sarkozy, il a fait suffisamment de dégâts comme ça dans notre pays. Mais ce n’est pas pour autant que j’attends beaucoup de François Hollande. Je m’en méfie car comme les autres « socialistes » européens il propose une politique d’austérité. Alors que la population n’a pas à payer une crise dont elle n’est pas responsable.

Que pensez-vous du candidat du NPA : Philippe Poutou ?

Par rapport à Philippe Poutou, je ne suis pas emballé. A mon sens il y a de sérieux problèmes d’orientation depuis le renoncement d’Olivier Besancenot à la présidentielle. Son départ était assez soudain, cela ne nous a pas laissé suffisamment de temps pour nous organiser au mieux. Aujourd’hui j’ai l’impression que le parti s’est replié sur lui même.

Tour d’horizon des partis politiques

Alors que le Parti socialiste tente de se réorganiser en Languedoc-Roussillon et que la bataille s’intensifie pour se positionner en tant que leader, les autres partis politiques ne sont pas en reste. Les prochaines échéances électorales vont se transformer en une lutte pour récupérer un certain nombre d’électeurs qui étaient davantage fidèles à un homme, Georges Frêche, qu’à un parti politique.

Loppsi 2 : la mobilisation accouche d’un collectif

Plusieurs associations et collectifs se sont réunis ce jeudi 6 janvier au local du Nouveau Parti Anticapitaliste pour se mobiliser contre le projet de loi Loppsi 2. La résistance s’organise autour du rejet de l’article 32 ter A.

Rassemblés en collectif éphémère nommé Nomades et Citoyens en Mouvement, le NPA et Voisins & Citoyens en Méditerranée ont préparé lors de cette réunion la manifestation prévue pour le 8 janvier. La Cimade et l’association Cheyen n’étaient pas présent mais soutiennent ouvertement l’initiative. D’autres mouvements tels que la CNT, la CGA, Solidaires 34 et Don Quichotte sont venus en tant qu’observateurs.

L’article 32 ter A vivement contesté

Le projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi) 2, qui sera présenté le 18 janvier prochain au Sénat en deuxième lecture, fait l’objet de vives critiques. Notamment, l’article 32 ter A vise directement les personnes ayant choisi un mode d’habitat alternatif tel que les camions, yourtes et autres roulottes.

Dorian, la vingtaine, vit en camion, « non par nécessité, mais par choix ». Dans son appel, le collectif, créé il y a une quinzaine de jours, dénonce une loi « hyper sécuritaire […] qui méprise, bafoue nos libertés individuelles et publiques et instaure un contrôle généralisé de l’ensemble de la population avec ce nouvel État policier. » Si l’article 32 ter A concerne directement la vie des membres du collectif, ces derniers insistent sur le fait que la loi dans sa dimension sécuritaire concerne chaque citoyen, notamment à travers la vidéo-surveillance.

« On n’est pas malheureux en étant nomade »

DSCF5002.jpgLa conférence de presse s’est rapidement transformée en table ronde autour de la loi et ses travers. Chacun prenant tour à tour la parole pour exprimer ses positions. Claude, de Solidaires 34, dénonce le fait que « tout ce qui est considéré comme hors norme est considéré comme a priori suspect. » Pour Francis Viguié, représentant local du NPA, « il y a un racisme d’État », tandis que Marc Pralon, porte-parole de Voisins & Citoyens en Méditerranée, affirme que la loi créera « plus de précarité et d’insécurité ».

Les protagonistes défendent avant tout un mode de vie. Selon Paul, de l’association Don Quichotte, « on n’est pas malheureux en étant nomade, c’est un projet de vie à part entière et on en est fier. » Ils distinguent ce choix de vie du mal-logement qu’ils entendent dénoncer. À ce titre, l’INSEE a rendu dernièrement un rapport sur la condition du mal-logement en France. Selon l’étude, plus d’un million de ménages vivent dans des habitations de fortune, des logements sans confort ou surpeuplés. Anna, qui vit dans un camion depuis peu, s’indigne : « L’État place des gens dans des HLM miteux et après on vient nous dire que nos logements sont insalubres ! »

Plusieurs collectifs du même acabit se mettent en place dans toute la France et des manifestations s’organisent à Paris, Tours ou encore Orléans. Celle de Montpellier se déroulera ce samedi 8 janvier à 14h. Le rendez-vous est fixé à la préfecture et le cortège déambulera dans les rues du centre ville pour finir, à 16h, à la Comédie.

Des Montpelliérains s’opposent à Loppsi 2

Samedi 18 décembre, environ 300 manifestants étaient réunis devant la préfecture de Montpellier. Voici un reportage vidéo sur la protestation contre le Projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, porté par le député UMP Éric Ciotti.

«Un projet de loi qui stigmatise une partie de la population» est à l’origine de ce rassemblement. Une partie du texte prévoit de détruire tout logement construit sans autorisation, ce qui inclut les habitats de fortune et autres roulottes et yourtes. Les associations et partis politiques étaient présents pour dénoncer une loi qui exproprie sans reloger.

Selon Marie-Hélène, militante au NPA, «il va bien falloir un jour que tout le monde se réveille, toutes nos libertés sont visées.» Les collectifs annoncent de nombreux rassemblements dans les semaines à venir contre ce projet de loi. Il est examiné depuis le 14 décembre dernier en deuxième lecture à l’Assemblée Nationale et fait encore l’objet de débats parlementaires.

Manifestation contre la loi Loppsi 2

François Liberti: « Pour l’émer­gence d’une gauche de transformation sociale »

Depuis le 5 Janvier 2010, la gauche radicale[[Alternatifs, FASE, Front de Gauche (GU, PCF, PG) NPA, M’PEP, Objecteurs de Croissance]] présente une liste unitaire au premier tour des élections régionales en Languedoc Roussillon. Notons le caractère inédit de cet équipage : pareil consensus n’a été réalisé que dans le Limousin et en Pays de la Loire. Rencontre avec François Liberti (PCF), porte parole de la liste « A Gauche Maintenant ! ».

Avec son franc parler, l’ancien député-maire de Sète, vice président du Conseil général de l’Hérault, défend non pas une liste anti-Frêche, mais « fidèle aux valeurs de la Gauche ».
Objectif: « faire de la région un pôle de résistance aux politiques libérales »

Haut Courant : Comment parvient on à réaliser l’union de la gauche radicale ?

François Liberti : Concilier les différentes sensibilités, ça a mis du temps car nous n’avions pas l’habitude de travailler ensemble. Cela oblige à revoir les idées préconçues et à vérifier la pertinence des contenus. Encouragés par les résultats des élections européennes, on a voulu continuer sur la lancée de cette gauche de transformation au moment des régionales. Évidemment, il y a eu des périodes de confrontations passionnées durant la mise en œuvre de cette démarche partagée. Il faut noter que celle-ci s’est faite dans des circonstances particulières puisque, en Languedoc Roussillon, les militants du NPA ont refusé de suivre la position nationale suicidaire de leur parti.


Haut Courant : Pourquoi affirmez-vous qu’en Languedoc Roussillon, la Gauche a été trahie par le président de région sortant ?

François Liberti : Il y a plusieurs éléments distincts. Tout d’abord, c’est cette succession de petites phrases, qui sont tout sauf des dérapages : tout cela est calculé et structuré. Georges Frêche instrumentalise et affaiblit le débat d’idées et, le plus insupportable, joue avec un racisme populaire. Ce ne sont pas des valeurs de Gauche. Nous menons un combat basé sur les solidarités, les électeurs ne sont pas des cons! Quand on perd le sens des valeurs, on perd le sens même de la politique. Il faut en finir avec la mégalomanie et le pouvoir personnel en Languedoc Roussillon. Quand Frêche dit que Sarkozy lui ressemble comme une goutte d’eau, c’est tout à fait vrai, il se comporte comme une courroie de transmission de la politique sarkozienne dans la région.

Haut Courant : C’est-à-dire ?

François Liberti : On est dans une situation «laboratoire» en Languedoc Roussillon. Par exemple, quand la région se positionne pour financer la ligne de train à grande vitesse, c’est au détriment du réseau secondaire. Ce que l’on souhaite, c’est augmenter le réseau des TER, aller vers la gratuité des transports publics, ce qui est en soi un élément de justice sociale et à la fois un défi écologique.
D’autre part, le soutien de la région à une réforme territoriale visant à liquider les communes au profit des grandes métropoles qui captent l’essentiel des financements, ce n’est pas ce que nous voulons.
Et puis, nous trouvons anormal que la région participe au financement des lycées privés, au-delà de ce que la loi impose. Cet argent là devrait être redistribué pour aller vers la gratuité des transports dont j’ai parlé.

Haut Courant : Quelles sont donc les priorités de votre liste ?

 Photo : Rédouane Anfoussi

François Liberti : Il y a tout d’abord une urgence sociale due notamment à la précarité. Plus de 100 000 personnes sont mal logées dans la région. La lutte contre la spéculation immobilière est l’une de nos priorités, Frêche n’a pas freiné ce phénomène malgré la création de l’office foncier régional. On ne peut plus se contenter de quelques commissions-alibis bidons.
Il faut drainer les circuits vers ceux qui en ont vraiment besoin. Aujourd’hui la région débloque des aides aux entreprises, sans contrôle. Par exemple, l’argent public accordé à Areva et Sanofi n’a bénéficié qu’à la création d’emplois très qualifiés, d’autant plus qu’aujourd’hui ces entreprises licencient. L’engagement des fonds publics doit se faire sur une économie de proximité.

Haut Courant : Vous devez donc apprécier la création de la marque Sud de France ?

François Liberti : Cette fameuse marque ombrelle sert à la promotion de quelques grosses entreprises de la région qui importent des produits d’ailleurs, (comme des moules pêchées en Espagne) : le label sert ensuite de tête de pont pour la commercialisation à l’étranger. Je veux bien promotionner les vins du Languedoc à Shangaï ou New York, mais il faut aussi penser à redévelopper la production locale. Il faut aller vers un développement intelligent du territoire en favorisant un maillage de petites et moyennes productions.

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon



Mis à jour le 12 février à 4h00

Le NPA prend forme

Olivier Besancenot s’est déplacé à Montpellier le 15 novembre 2008. C’était à l’occasion d’une réunion nationale des comités d’Initiative pour le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). A ses côtés : Sophie, étudiante du Comité de Montpellier, Hervé, postier CGT du comité de Nîmes, Célinia du comité jeunes de Perpignan, et Raoul-Marc Jennar du comité du Conflent. Le NPA est encore un projet. Aucun nom définitif pour le moment. Il succèdera néanmoins à la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), lors du Congrès prévu fin janvier 2009. Pendant ce temps, les idées fusent.

Le NPA se veut une alternative à la gauche existante. Il prône un anticapitalisme et un antilibéralisme assumés et rejette toute alliance avec le Parti Socialiste. Son ambition : rassembler au-delà de la base militante actuelle de la LCR. Quelques pistes sur le programme du futur parti…

Les Idées

Le meeting touche à sa fin. Le son du groupe Totum Orchestra envahit peu à peu le Parc des Expositions. Militants aguerris ou simples observateurs, ils acceptent de dévoiler leur sentiments sur un parti en gestation.

Réactions

Olivier Besancenot est le porte-parole médiatique du projet de NPA et force est de constater qu’il ne laisse pas les militants indifférents. Véritable showman, il manie humour et sujets graves avec un certain talent. Morceaux choisis…

Un chef Charismatique