Le centre de dépistage de Montpellier lève le doute

Anonyme et gratuit, le centre de dépistage de l’hôpital Saint-Éloi accueille quotidiennement plusieurs dizaines d’hommes et de femmes. En une heure, les médecins et les infirmières du centre aident, conseillent et, surtout, permettent à leurs patients de se soulager d’un doute.

« Le numéro 12 s’il vous-plait ! ». Dans la salle d’attente du centre de dépistage de l’hôpital Saint-Éloi, à Montpellier, il faut savoir s’armer de patience tout en essayant de ne pas trop angoisser. Sur les murs, les affiches de prévention mettent un peu de couleurs. Sida, Hépatites B et C, Chlamydiae et autres IST entourent les nombreux jeunes venus aujourd’hui passer les tests. « Positiver c’est ma force », des messages optimistes pour détendre les nerveux et quelques magasines pour faire passer le temps à ceux qui ont déjà rempli le questionnaire, obligatoire pour tous.

Date de naissance, tests déjà effectués, raison de la visite, nombre de partenaires, fréquences des rapports sexuels, utilisation du préservatif, drogue, tatouage, voyage à l’étranger, hospitalisation, etc, les questions sont précises. Trois amies remplissent assidûment leur feuille, commentant certaines de leurs réponses. Dans la salle, une majorité de jeunes, garçons et filles, occupent les sièges auprès des rares quadragénaires présents. Seul, en couple ou entre amis, le dépistage se fait sans tabou. « C’est la première fois que je viens dans ce centre. Je suis là parce qu’une de mes amies m’a encouragé à le faire. Ça faisait longtemps que j’y pensais, mais je n’osais pas. », confie Sarah, 22 ans, étudiante en Science politique. « Je ne stresse pas trop, ça va. C’est juste une vérification, je ne pense pas avoir pris de risque. Enfin j’attends de voir comment ça va se dérouler. ». Pour son amie, Julie, ce n’est pas une première : « Moi, j’essaye de le faire une fois par an. Je suis arrivée cette année sur Montpellier et j’ai trouvé facilement l’adresse de ce centre sur Internet. ».

« Ici, nous avons un gros centre de dépistage, c’est une ville étudiante et il y a également une importante communauté gay. », explique Michelle, une des infirmières du CDAG (Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit). « Nous accueillons 15 000 personnes par an en moyenne. La majorité sont des jeunes, dont certains sont envoyés par la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Nous faisons aussi de la prévention dans les collèges de la région, auprès des classes de 3ième. », ajoute-elle avant d’accueillir son prochain visiteur.

« Pour vivre plus sereinement »

Après un entretien rapide avec un médecin du centre, qui offre également conseils et préservatifs, la prise de sang est effectuée par une infirmière. Sarah ressort du centre avec le sourire : « Je suis contente, ça s’est très bien passé. Le médecin ne te juge pas, il t’explique bien tous les tests et pourquoi il les fait. Je vais revenir plus souvent, parce que j’ai compris que même avec les préservatifs on pouvait attraper pleins de maladies, comme la chlamydiae. »

Une fois dehors, l’attente n’est pas terminée. Les résultats des tests ne seront disponibles que dans quelques jours et chacun devra revenir en personne pour savoir si, oui ou non, il pourra reprendre normalement le cours de sa vie. Le dépistage est « un passage obligé pour vivre plus sereinement », commente Jérôme, 31 ans, chauffeur, pour qui c’était la seconde visite. « On a toujours un peu peur, mais vivre dans le doute c’est ce qu’il y a de pire ».

Les questionnaires du centre de dépistage de Montpellier sont necessaires  pour savoir exactement quels tests doit passer le patient.

Les affiches de la salle d'attente se veulent originales, informatives et avant tout convaincantes.

Matinale de Radio Campus du 29 Novembre

Tous les jeudis, les membres de l’équipe d’Haut Courant animent la matinale sur Radio Campus Montpellier.

Au programme du 29 novembre :

 Les titres de l’actualité internationale et nationale – Coline Chavaroche

 Reportage au meeting de l’UDI à la Grande-Motte avec interview de Jean-Christophe Lagarde – Alix Moréteau

 Chronique : abécédaire de la politique – Simon Robert

 Journal d’informations locales – Pauline Chabanis

 Météo – Coline Chavaroche

 Interview d’André Pedredos, coordinateur territoire d’Action Languedoc pour AIDS – Lucie Lecherbonnier

Montpellier : de blanc masqués contre le SIDA

Objectif zéro. Mercredi 30 novembre, 18h, la nuit vient de tomber sur le centre-ville de Montpellier. La place Jean-Jaurès prend ses airs habituels de rendez-vous festif et convivial. Au milieu, quelques silhouettes se distinguent, de blanc masquées. En silence, très vite rejoints par d’autres, les anonymes se recueillent… Plusieurs lanternes rouges flottent au-dessus de la foule. La marche blanche peut commencer. « SIDA : Zéro contamination, zéro mort et zéro discrimination ». Tels étaient les slogans que l’on pouvait lire sur les panneaux scandés par les quelques 80 participants. Autour, la foule s’interroge. Les « qui sont-ils ? » ou encore les « pourquoi ces masques ? » montrent bien l’intrigue provoquée par le rassemblement. Mais au fait, qui étaient-ils et que faisaient-ils ?

Solidaires. Ils sont tous membres ou sympathisants du collectif SIDA 34 qui rassemble des associations, des médecins et des chercheurs, ayant en commun, la lutte contre le SIDA. Pour Carine Favier, référent du réseau Ville Hôpital VIH de Montpellier et animatrice du collectif, l’action était l’occasion de « témoigner malgré les nombreuses actions, que la discrimination des personnes séropositives au sein de la société, persiste ». Elle juge la situation « inadmissible » et estime qu’en « ce qui concerne le SIDA, on a avançait sur presque tout, sauf ça ». Marquer les esprits sur ce sentiment de discrimination, « d’où les masques blancs », ajoutera-t-elle. C’est vers l’avenir que se tourne Jessie, étudiante de 25 ans, elle-aussi venue en soutien à la cause. La jeune Montpelliéraine a envie de « continuer le combat et ne jamais oublier qu’il y a des petits qui grandissent et qu’il faut leur expliquer (…) le seul danger reste la banalisation ».

Encourageant. La lutte contre le SIDA semblerait donc se poursuivre et le département de l’Hérault se voudrait encore plus actif. En effet, plusieurs initiatives ont été lancées et notamment l’inauguration ce 1er décembre à Béziers d’un nouveau local pour l’association AIDES. Également associée au mouvement, l’association LGP Montpellier met en place dans ses locaux le «dépistage rapide 30’ ». Un dépistage anonyme et gratuit qui s’opère par le simple prélèvement d’une goutte de sang sur le doigt. Un nouveau procédé déjà en place dans plusieurs structures associatives de lutte contre le SIDA et qui dès le 8 décembre et ensuite tous les premiers jeudi du mois, pourra s’effectuer à la Maison des LGBT, boulevard Pasteur à Montpellier. Pour son président Vincent Autin, le but de ce dépistage est « de répondre à des personnes plutôt fébriles à aller vers des structures plus traditionnelles ». Aller vers un laboratoire s’avèrerait-il être un frein ? Toujours est-il que dépistage rapide ou non, les centres dits traditionnels restent les seuls à permettre la détection d’autres types d’infections sexuellement transmissibles qui sont certes moins graves mais aujourd’hui, en nette recrudescence.

Le Sida : un contexte épidémiologique et social différent

Aujourd’hui, les personnes infectées par le VIH et qui sont diagnostiquées assez tôt n’apprennent plus à mourir, mais à vivre avec le VIH. La médication s’est grandement améliorée, la prévention paie et les malades bénéficient d’un meilleur accès aux traitements, à tel point qu’on assiste à une « banalisation » préoccupante de la maladie.

Le sida tue de moins en moins

Tous les deux ans, à la veille de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le sida (le 1er décembre), l’Onusida, un partenariat des Nations Unies pour la lutte contre le sida publie un rapport qui fait le point sur l’épidémie au niveau mondial et régional. Cette année, le rapport qui compte une cinquantaine de pages, annonce que le sida tue de moins en moins : en 2010, 1,8 million de personnes sont décédées des suites du sida, un recul par rapport au milieu des années 2000 qui avait enregistré 2,2 millions de morts. Aujourd’hui, près de 50% des séropositifs ont accès à un traitement (antirétroviraux), ce qui a sauvé la vie à 700 000 personnes pour la seule année 2010. Mais le nombre de personnes vivant avec le VIH n’a jamais été aussi élevé, et c’est l’un des paradoxes des statistiques. Sur le plan épidémiologique, en 2010, 34 millions de personnes vivent avec le VIH.

HIV_treatment.png

Si le nombre de personnes atteintes par la maladie augmente autant, c’est à cause de l’efficacité des traitements et d’un plus grand accès aux soins. Les antirétroviraux sont des molécules qui perturbent la réplication du VIH, et qui améliorent donc les défenses immunitaires pour mieux résister aux infections. Ces médicaments permettent également aux personnes atteintes d’être beaucoup moins contagieuses lors de rapports sexuels.
En mai, des essais cliniques menés aux États-Unis montraient que le fait de soumettre le plus tôt possible après l’infection les personnes séropositives à un traitement par antirétroviraux permettait de réduire de 96 % le risque de transmettre le VIH à leurs partenaires séronégatifs. Mais, si les antirétroviraux permettent de contrôler la maladie, ils n’ont pas permis d’éradiquer le virus ni de guérir définitivement les malades. Ils ont transformé une maladie mortelle en maladie chronique. Il n’existe donc à ce jour aucun traitement curatif qui soit capable d’éliminer définitivement le VIH ; en revanche plusieurs pistes de traitements préventifs suivent des voies prometteuses.

Une meilleure prophylaxie

L’Onusida salue également d’importants progrès dans le domaine de la prévention : effectivement l’utilisation d’antirétroviraux (le Ténofovir et l’Emtricitabine) avant ou après un rapport à risque chez des personnes non-infectées est prescrit depuis une dizaine d’année. C’est ce que l’on nomme « TasP » pour « le traitement comme prévention » ou « trithérapie préventive ». La prise quotidienne d’une pilule d’antirétroviral réduit de deux tiers le risque d’infection au VIH. Mais une telle utilisation n’est pas anodine, car il s’agit des mêmes médicaments que ceux pris par les personnes qui ont déjà le VIH. C’est un traitement lourd qui comporte des effets secondaires.

Circoncision-contre-sida-vih.jpg Dans le champ de la prévention toujours, les bénéfices de la circoncision masculine : recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) depuis 2007, cette intervention permettrait, selon l’étude de l’ANRS (agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales), de réduire de 76% le risque d’infection par le VIH chez les hommes. À tel point que le fait de circoncire 20 millions d’hommes supplémentaires à travers l’Afrique orientale et l’Afrique australe pourrait éviter 3,4 millions de nouvelles infections au VIH d’ici à 2015 (Onusida). Mais comment ça marche ? L’idée repose pour l’essentiel sur le postulat que certaines cellules présentes sur la face interne du prépuce seraient des portes d’entrée privilégiées du virus au sein de l’organisme lors d’une relation sexuelle. Cependant, cette pratique ne protège pas complètement et ne doit pas remplacer les autres méthodes de prévention, il faut également veiller à ce que ce geste soit proposé et non imposé (OMS). La prévention passe aussi par l’information et l’éducation, cependant, depuis quelques années, on assiste à un relâchement, notamment dans la communauté gay.

Une « banalisation » de la maladie ?

En France on observe un relâchement depuis le début les années 2000 en matière de prévention. Dans la communauté gay la maladie suscite moins de craintes grâce à l’efficacité des traitements, a commenté Caroline Semaille, de l’Institut de veille sanitaire (Invs). Les rapports sexuels entre hommes représentent le seul mode de contamination pour lequel le nombre de découvertes de séropositivité VIH ne diminue pas depuis 2003 ou très peu (toujours selon l’Invs). stats_heb.jpg France Lert, directrice de recherche à l’Inserm, a analysé les causes du relâchement de la prévention chez les gays. « Cela renvoie de plus en plus à un sentiment de risque accepté. Ou ce que j’appellerais un consentement au risque. Dans l’enquête que nous avons menée sur les séropositifs, on voit que la majorité des prises de risque sont vécues en toute connaissance de cause. Comme si le risque face au VIH était perçu de plus en plus comme un danger parmi d’autres. Et assumé en tant que tel. Peut-être pour vivre comme tout le monde. » Les campagnes de prévention ne semblent donc a priori plus avoir de prise sur les pratiques.

Ce relâchement de la prévention ne concerne pas que les homosexuels, mais les enquêtes manquent sur les hétérosexuels. Une enquête réalisée en 2010 par l’ANRS en île de France, sur les connaissances, les attitudes, les croyances, et les comportements de la population générale adulte face au VIH traduit un éloignement du sida de leurs préoccupations. « Le niveau de connaissance des 18-30 ans continue de baisser depuis 1998, alors qu’il augmente parmi les 45-54 ans. Ils sont même, pour la première fois en 2010, ceux qui maîtrisent le moins bien les mécanismes de transmission ». La journée mondiale du 1er décembre de lutte contre le sida devra donc remobiliser et peut être trouvera-t-elle une autre façon de délivrer son message aux nouvelles générations.

sida.jpg

Les vaccins contre le VIH : où en est la recherche ?

Trente ans après la découverte du VIH, la recherche scientifique a effectué des avancées révolutionnaires en matière d’immunologie. 2011, à l’aube de nouveaux progrès dans la lutte contre le Sida, voici un point sur les avancées scientifiques concernant le vaccin.

Depuis le début de l’épidémie, au début des années 80, les chercheurs sont à l’affût pour mettre au point le traitement ultime, le vaccin. D’une façon générale, la mise au point d’un vaccin contre le sida est extrêmement délicate car les connaissances sur le virus sont incomplètes. De nombreux chercheurs, financés par des firmes ou des laboratoires, ont engagé alors une concurrence effrénée.

Vers un vaccin préventif ?

vaccinSIDA_M.jpgEn septembre 2009, des chercheurs thaïlandais et américains (laboratoire californien VaxGen) avaient annoncé à Bangkok, avoir mis au point un vaccin à même de réduire significativement le risque de contamination par le virus du sida. Un essai clinique conduit sur 16 000 personnes avait cependant montré l’effet modeste de ce vaccin expérimental, avec 30% de personnes infectées en moins par rapport au groupe témoin. Or il faudrait atteindre 60% pour constater un impact sur l’évolution de l’épidémie. Le vaccin était une combinaison de deux vaccins testés auparavant mais qui ne s’étaient pas révélés efficaces indépendamment l’un de l’autre. Même si les données sont positives, les chercheurs militaires américains soulignent que de nombreuses discussions doivent encore avoir lieu avant que quelqu’un décide d’utiliser des vaccins avec une aussi faible efficacité. Mais ils représentent toutefois une avancée scientifique qui encourage à poursuivre les recherches. « Ce résultat représente une percée car c’est la première fois qu’il y a une preuve qu’un vaccin contre le virus VIH a une efficacité préventive », ont indiqué dans un communiqué les chercheurs.

La découverte de nouveaux anticorps aux Etats-Unis

Le_virus_du_sida_s_agrippe_a_une_cellule_lymphocyte_T4_et_l_infecte.jpg Autre stratégie vaccinale explorée : de nouveaux anticorps, capables de neutraliser 90% des souches connues du VIH, ont été découverts par des chercheurs américains en août 2011. Le Professeur Dennis Burton et ses collègues du Scripps Research Institute ont isolé 17 anticorps qui deviennent de nouvelles pistes dans la recherche de vaccins. Les anticorps sont en quelque sorte les « armes » du système immunitaire contre les agents infectieux, virus ou bactéries. Dans le cas du VIH, ses multiples et rapides mutations lui permettent d’échapper aux anticorps. Les virologues ont découvert les nouveaux anticorps à partir de prélèvements provenant de quatre individus séropositifs, qui se trouvaient dotés d’une forte réponse immunitaire naturelle contre le VIH. En inhibant une protéine située à la surface du virus, ces anticorps empêchent le VIH d’attaquer les cellules immunitaires. Mais ces travaux restent à un stade encore préliminaire, les tests ont été réalisés in vitro, pas encore sur l’animal.

Un vaccin pour protéger le système immunitaire made in France

2867153-isol-le-virus-vih-2.jpgL’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a autorisé en octobre la société biopharmaceutique française InnaVirVax, du Génopole d’Evry en Essonne, à tester un vaccin thérapeutique (VAC -3S) contre le sida sur 24 patients sous trithérapie à l’hôpital Cochin et à la Pitié-Salpêtrière. Ce vaccin ne vise pas à protéger les individus sains du virus VIH, mais à aider ceux qui ont déjà été infectés à mieux s’en défendre, en protégeant le système immunitaire. Il faut être sûr qu’il ne provoquera pas d’effet néfaste, c’est donc un essai clinique de phase 1. Si un jour ce vaccin voit le jour pour le grand public, « le traitement sera plus léger pour le malade qu’une prise médicamenteuse journalière » nous apprends Joël Crouzet, fondateur d’InnaVirVarx. « Il consiste en trois injections intramusculaires du vaccin à 4 semaines de distance.» Ce traitement viendrait en complément des thérapies actuelles, basées sur les antirétroviraux, qui font presque disparaître toute trace du virus mais n’améliorent pas la défense de l’organisme. En bref, si les essais sont concluants, le vaccin VAC-3S deviendrait le premier traitement à renforcer les défenses immunitaires pour les patients infectés par le VIH.

sida1-545x383.jpg

En conclusion, la recherche sur les vaccins représente un réel espoir et ouvre de nouvelles perspectives. Même si de précédents essais de vaccins contre le VIH ont donné finalement peu de résultats, les chercheurs continuent de poursuivre leur effort pour éradiquer cette maladie.

 » Ce n’est pas le VIH qui tue mais plutôt les autres « 

A l’occasion de la Journée Mondiale de Lutte contre le Sida, mardi 1er décembre, la Maison de la prévention santé de Montpellier a accueilli une conférence-débat. Animée par Franck Marcé, coordinateur régional de Sida Info Service, elle portait sur les résultats d’une enquête faite auprès des séropositifs sur les discriminations qu’ils subissent.

Les discriminations à l’encontre des personnes séropositives sont toujours d’actualité. C’est ce que montrent les résultats de la quatrième enquête faite par Sida Info Service sur ses lignes d’écoute. Celle-ci s’est principalement intéressée cette année aux discriminations dans les milieux de santé et du travail. Franck Marcé souligne que sous le terme « discrimination » se dégage deux aspects : la discrimination ressentie et la discrimination reconnue par la loi. Par exemple, si l’accès à la santé, à un travail ou au logement est refusé à une personne pour des raisons de sexe, d’âge ou d’origine ethnique, le recours à la loi est possible. Mais peu de victimes engagent des démarches juridiques. Ce, pour trois raisons principales : la méconnaissance de leurs droits, la peur des représailles ou encore parce qu’elles n’en ont pas la force physique et morale ou n’en voient pas l’intérêt.

70% des personnes interrogées estiment avoir déjà été discriminées. Les domaines pointés du doigt sont nombreux : amis (42%), famille (38%), assurances et banques (29%), conjoint (18%), etc. Mais l’enquête a mis en avant deux secteurs particulièrement discriminants : la santé et le monde du travail.

Le plus étonnant est de constater qu’un appelant sur deux s’est senti discriminé dans le milieu médical. « Ce qui constitue un vrai problème » selon Franck Marcé. En effet, une personne sur trois incrimine les spécialistes : gynécologues et dentistes en tête de liste. Cette « peur irrationnelle » de professionnels pourtant les mieux formés au sujet de la maladie et de sa transmission est un paradoxe. Le témoignage d’un des sondés illustre cette inquiétude :  » Après m’avoir soigné, mon dentiste m’a fait cracher mon sang à l’extérieur de son cabinet par peur d’être contaminé « . Certains séropositifs se voient donc contraints à cacher leur maladie pour accéder normalement aux soins.

Dans le milieu professionnel, la grande majorité des discriminations sont le fait de collègues (20%) plus que des patrons (15%). Ces derniers redoutent une baisse des performances due à la maladie. Une personne interrogée sur quatre a été discriminé sur son lieu de travail. Ce sont le plus souvent des stratégies de harcèlement, de mise au placard et de mauvaise ambiance. Ce qui engendre un fort sentiment de rejet. Ces situations qui touchent à la question du droit du travail sont difficiles à prouver. Un homme de l’assistance témoigne :  » Quand mon patron a appris ma séropositivité, il n’a pas renouvelé mon contrat. Je n’ai jamais pu le prouver. D’ailleurs, je n’avais pas la force physique de me battre pour faire respecter mes droits « . Pour Franck Marcé, la discrimination professionnelle n’est donc  » pas une histoire ancienne et reste un fait d’actualité « .

A noter également que les discriminations sont multiples. A celles dues au VIH (virus de l’immunodéficience humaine), s’ajoutent celles dues au sexe, au handicap, à l’ethnie ou encore à l’homosexualité. Pour faire évoluer les mentalités, le chemin à parcourir est encore long.

Ces pays qui refusent les séropositifs sur leur sol

Aujourd’hui 1er décembre, 21ème Journée mondiale de lutte contre le Sida. L’occasion de rappeler que 106 pays dans le monde refusent l’installation des séropositifs sur leur sol. Treize d’entre eux leur refusent même la simple entrée.

À savoir la Russie, la Chine, l’Arabie Saoudite, l’Arménie, le Brunei, la Corée du Sud, l’Irak, la Libye, la Moldavie, Oman, le Qatar, le Soudan et enfin les États-Unis.
De l’autre côté de l’Atlantique, c’est en 1993 que la loi a interdit à tout porteur du virus du Sida de circuler dans le pays. Aucun test n’est effectué sur les passagers. En revanche, cette sélection se fait à l’aéroport. Si des médicaments anti-VIH sont trouvés dans les bagages, les personnes sont refoulées. Le lobbying est important de la part des associations françaises. En 2008, Georges Bush signe l’abrogation de cette loi. Mais sans les décrets d’application. Rien ne se passe. En octobre dernier, Barack Obama a officiellement annoncé la libre-circulation des séropositifs dans le pays à partir du 1er janvier prochain. «Un symbole fort après 16 ans de combat», explique Bastien Vibert, coordinateur de l’association Élus locaux contre le Sida (ELCS). «Les États-Unis ont bien sûr le poids économique qu’on leur connait. On veut se servir de cette réussite comme levier pour les autres pays. Même si on regrette qu’ils refusent toujours la liberté d’installation».

«Un problème de valeur de société»

Si aux Etats-Unis, le test n’est pas obligatoire, il l’est par exemple en Chine. «Je connais une personne française qui a été embauchée sur un poste important en Chine. Quarante examens médicaux ont été nécessaire pour obtenir le permis de travail. Elle s’est avérée séropositive et a dû quitter le pays», raconte-t-il. «En Chine, une modification de la loi sera beaucoup plus difficile à obtenir. Ce n’est pas un problème de santé publique, mais de droit de l’Homme et de valeurs de société. On ne lutte pas contre une maladie en luttant contre les malades. On ne peut dire à une population qu’elle sera en sécurité parce-qu’une loi interdit les malades étrangers d’entrer dans leur pays : tous les pays sont touchés, ceux là autant que les autres». Le problème se résout-il en éloignant l’autre de soi? Aux États-Unis, un fort courant, qui suit le point de vue l’Église, prône l’abstinence comme moyen de prévention. En France, si aucune restriction n’est en place, Jean-Marie Le Pen, Président du Front national, a parlé sans ambiguïté d’«isoler les sidaïques dans des sidatoriums».

On ne parle pas là seulement de treize pays dans le monde. Mais aussi des 93 autres, qui ont mis des mesures prohibitives en place pour lutter contre l’installation de personnes séropositives sur leur territoire. Parmi eux, le Canada, la Bulgarie, l’Australie ou la Suède et les États-Unis. Si les associations saluent la décision américaine, le coup de communication n’est pas exclu. Ils ne peuvent prétendre à une prise de conscience alors qu’ils refusent toujours l’installation. «Le combat est encore long», poursuit Bastien Vibert. «En Égypte, où un test est obligatoire pour un séjour de plus de trois mois, une personne qui avait elle aussi un poste-clé, a été exclue du pays en deux jours, après un test positif au VIH. Elle n’avait pas eu le temps de faire ses valises. Elle ne pourra plus travailler dans un pays arabe. Les séropositifs sont considérés comme des dangers avant d’être des personnes. Pas seulement parce qu’ils sont considérés comme contagieux (ce qui n’est pas le cas), mais parce qu’ils ont fauté».

Cette discrimination à la libre circulation peut également être extrapolée à la vie sociale quotidienne, même si aucune autre loi n’existe dans ce sens. Selon Sida info service, 60% des séropositifs se disent discriminés. L’association a mis en place une ligne Sida Info droit, pour les discriminations au travail. Par ailleurs, selon Bastien Vibert, « de nombreux dentistes refusent de soigner les séropositifs. Certains posent la question au patient quelques minutes après leur entrée dans le cabinet. Plusieurs cas sont passés devant l’ordre des médecins».

Réglementations applicables aux déplacements et aux séjours des personnes vivant avec le VIH/sida

Le VIH: vers une régression des mentalités ?

Au moment où la mobilisation annuelle du Sidaction inonde les télévisons, le préservatif comme instrument de protection du sida est remis en cause. En voyage en Afrique où le sida fait des ravages, le pape présentait le préservatif comme un instrument « d’aggravation du problème » du sida. Le 27 mars sur France Info, l’évêque d’Orléans Mgr André Fort en rajoute une couche et soutient que le préservatif n’est pas fiable pour se protéger du sida. Enfin, l’absence de réaction du Président Nicolas Sarkozy en visite en Afrique pour affaires est à regretter selon certains observateurs.
L’occasion de revenir sur cette maladie et sa difficile acceptation dans la société.

Le VIH, c’est 1 personne contaminé dans le monde toutes les 6 secondes.
En 2007, 33 millions de personnes dans le monde seraient infectées par le VIH selon les données de l’Onusida soit 6 800 personnes par jour.
Plus de 95% des cas se trouvent dans les pays à revenus faibles et moyens. Enfin, le sida emporte chaque jour environ 5 700 personnes.

Les premiers cas recensés de personnes porteuses de la maladie, que l’on n’appelait pas encore sida, apparaissent aux Etats-Unis en 1981. On lui donne plusieurs noms dont le « gay syndrome » car elle touche au début plus spécialement la communauté homosexuelle. L’identification du virus du sida se fait en 1982 par l’équipe du professeur Montagnier de l’Institut Pasteur.
Dans les années 1980 débutent alors des campagnes de sensibilisation et de prévention au moyen notamment du préservatif.

Au début, la société a du mal à s’y faire. La peur de la maladie est à l’ origine de rumeurs qui font des atteints du VIH des donneurs intentionnels qui se vengent. Comme celle de l’amant qui, après une relation laisse un mot: bienvenue au club. Ou encore celle des piqures infectées mises volontairement sur les fauteuils de cinémas.
Avec la liberté sexuelle acquise dans les années 1960-1970, le sida vient freiner l’époque des mœurs insouciantes.
D’abord associée à la communauté homosexuelle ou aux toxicomanes, la maladie est mal vue.
De nombreuses personnalités atteintes ne le dévoileront jamais ou difficilement publiquement. Comme le philosophe Michel Foucault, les comiques Elie kakou et Thiery le Luron… D’autres en feront une lutte ou un combat comme le joueur de tennis américain Arthur Ashe. Le cinéma s’est vite emparé de cette difficile acceptation de la maladie: Le film Philadelphia de Jonathan Demme sorti en 1994, montre l’histoire de l’exclusion sociale d’un avocat homosexuel atteint du VIH. Ou encore Les nuits fauves, en 1992 de Cyril Collard, film autobiographique de cet écrivain, acteur et réalisateur français bisexuel aux mœurs sexuelles débridées, séropositif. L’ Ecrivain Hervé Guibert, lui, révèlera sa séropositivité dans « A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie » et fait de sa maladie un moyen de provocation et de prise de conscience. Il se photographie au fur et à mesure de l’avancement de la maladie, se filme pour la télé…

Peu à peu, le préservatif, qui existe pourtant depuis 3000 ans avant Jésus Christ [[ pour plus d’informations sur histoire du préservatif, voir http://www.mag-pluspharmacie.com/pr_servatif.html]] est rentré dans les mœurs comme outil de contraception mais surtout de protection contre le VIH. La « génération capote » est née, et de nombreuses associations comme Aids et Sidaction pour les plus connues se mobilisent, portées par des stars de la chanson ou du cinéma..

Un changement qui ne plait pas beaucoup à certains hommes d’églises pour qui l’argument de protection cache celui de la contraception. La recherche avance et aujourd’hui, en France, la moyenne d’âge d’une personne atteinte du VIH est 41 ans. En réponse aux propos de l’évêque, l’Onusida a publié un communiqué le 20 mars où elle rappelle que « La prévention est le fondement de la riposte au sida » et affirme que « le préservatif masculin en latex est la seule technologie disponible la plus efficace pour réduire la transmission sexuelle du VIH. »
Aujourd’hui en France, la maladie n’est pratiquement plus un tabou. La prévention est passée dans les mœurs. Les enfants l’apprènent à l’école, à la télévision, avec les parents. Les réactions provoquées par les récents propos concernant le préservatif en témoignent.

Le VIH: vers une régression des mentalités ?

Au moment où la mobilisation annuelle du Sidaction inonde les télévisons, le préservatif comme instrument de protection du sida est remis en cause. En voyage en Afrique où le sida fait des ravages, le pape présentait le préservatif comme un instrument « d’aggravation du problème » du sida. Le 27 mars sur France Info, l’évêque d’Orléans Mgr André Fort en rajoute une couche et soutient que le préservatif n’est pas fiable pour se protéger du sida. Enfin, l’absence de réaction du Président Nicolas Sarkozy en visite en Afrique pour affaires est à regretter selon certains observateurs.
L’occasion de revenir sur cette maladie et sa difficile acceptation dans la société.

Le VIH, c’est 1 personne contaminé dans le monde toutes les 6 secondes.
En 2007, 33 millions de personnes dans le monde seraient infectées par le VIH selon les données de l’Onusida soit 6 800 personnes par jour.
Plus de 95% des cas se trouvent dans les pays à revenus faibles et moyens. Enfin, le sida emporte chaque jour environ 5 700 personnes.

Les premiers cas recensés de personnes porteuses de la maladie, que l’on n’appelait pas encore sida, apparaissent aux Etats-Unis en 1981. On lui donne plusieurs noms dont le « gay syndrome » car elle touche au début plus spécialement la communauté homosexuelle. L’identification du virus du sida se fait en 1982 par l’équipe du professeur Montagnier de l’Institut Pasteur.
Dans les années 1980 débutent alors des campagnes de sensibilisation et de prévention au moyen notamment du préservatif.

Au début, la société a du mal à s’y faire. La peur de la maladie est à l’ origine de rumeurs qui font des atteints du VIH des donneurs intentionnels qui se vengent. Comme celle de l’amant qui, après une relation laisse un mot: bienvenue au club. Ou encore celle des piqures infectées mises volontairement sur les fauteuils de cinémas.
Avec la liberté sexuelle acquise dans les années 1960-1970, le sida vient freiner l’époque des mœurs insouciantes.
D’abord associée à la communauté homosexuelle ou aux toxicomanes, la maladie est mal vue.
De nombreuses personnalités atteintes ne le dévoileront jamais ou difficilement publiquement. Comme le philosophe Michel Foucault, les comiques Elie kakou et Thiery le Luron… D’autres en feront une lutte ou un combat comme le joueur de tennis américain Arthur Ashe. Le cinéma s’est vite emparé de cette difficile acceptation de la maladie: Le film Philadelphia de Jonathan Demme sorti en 1994, montre l’histoire de l’exclusion sociale d’un avocat homosexuel atteint du VIH. Ou encore Les nuits fauves, en 1992 de Cyril Collard, film autobiographique de cet écrivain, acteur et réalisateur français bisexuel aux mœurs sexuelles débridées, séropositif. L’ Ecrivain Hervé Guibert, lui, révèlera sa séropositivité dans « A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie » et fait de sa maladie un moyen de provocation et de prise de conscience. Il se photographie au fur et à mesure de l’avancement de la maladie, se filme pour la télé…

Peu à peu, le préservatif, qui existe pourtant depuis 3000 ans avant Jésus Christ [[ pour plus d’informations sur histoire du préservatif, voir http://www.mag-pluspharmacie.com/pr_servatif.html]] est rentré dans les mœurs comme outil de contraception mais surtout de protection contre le VIH. La « génération capote » est née, et de nombreuses associations comme Aids et Sidaction pour les plus connues se mobilisent, portées par des stars de la chanson ou du cinéma..

Un changement qui ne plait pas beaucoup à certains hommes d’églises pour qui l’argument de protection cache celui de la contraception. La recherche avance et aujourd’hui, en France, la moyenne d’âge d’une personne atteinte du VIH est 41 ans. En réponse aux propos de l’évêque, l’Onusida a publié un communiqué le 20 mars où elle rappelle que « La prévention est le fondement de la riposte au sida » et affirme que « le préservatif masculin en latex est la seule technologie disponible la plus efficace pour réduire la transmission sexuelle du VIH. »
Aujourd’hui en France, la maladie n’est pratiquement plus un tabou. La prévention est passée dans les mœurs. Les enfants l’apprènent à l’école, à la télévision, avec les parents. Les réactions provoquées par les récents propos concernant le préservatif en témoignent.