Permis de végétaliser : quand la ville se met au vert

Les plantes changent-elles la ville ? Montpellier vient de lancer des permis de végétaliser pour inciter les habitants à fleurir leurs rues. L’occasion pour les citadins de renouer avec la nature. 

Silence ça pousse. La capitale de l’Hérault souhaite renforcer sa végétalisation par des initiatives citoyennes. « Montpellier cité-jardin » prévoit également la plantation de 1000 arbres chaque printemps. Pour Jacques Tassin, chercheur-écologue au CIRAD, l’arborisation participe à réduire la température d’un espace urbain de 2 à 8 degrés. Les arbres assainissent l’air dans un rayon de 30 mètres, ils captent et filtrent les polluants avec leur feuillage. Le végétal a aussi une influence non négligeable sur le lien social. Il apaise, concourant à diminuer les violences urbaines. Une étude norvégienne publiée dans The International Journal of Environmental Research and Public Health en 2015 révèle, en effet, une régulation du rythme cardiaque et de la pression artérielle des individus observant des images de nature. Outre l’apaisement visuel, Jacques Tassin évoque « des effets directs sur nos cellules par l’émanation de substances volatiles produites par le feuillage » qui réduit notre stress.

Pour Errol Vela, enseignant-chercheur en botanique à l’Université de Montpellier, cette initiative permettrait de redonner vie à certains espaces délaissés. Placer des bacs à plantes dans les rues aurait aussi un intérêt pour la récupération des eaux de pluie et une diminution du ruissellement, conséquent à Montpellier. De son côté, Laure Cormier, maitre de conférences en urbanisme- paysagisme à l’Université de Tours, souligne l’aspect innovant de cette appropriation de l’espace public, réservé jusque-là aux seules puissances publiques : « On donne plus de possibilités à tout un chacun de s’investir pour que cela soit un espace de dialogue plus spontané, pas forcément organisé autour d’une manifestation culturelle». Cependant, cette ouverture pose la limite d’une privatisation du domaine public par quelques acteurs dominants dont les choix ne font pas toujours unanimité. Une autre difficulté de ce type de projet  repose sur la gestion à long terme. « Que deviennent les plantes si les riverains déménagent ? »

L’impact sur la biodiversité reste également mitigé. Même si Errol Vela salue les intérêts humains d’une « ville jardinée », il met en garde contre des bonnes intentions parfois contraires à l’écologie fonctionnelle .« Si c’est arracher une vraie biodiversité discrète ou que les gens n’aiment pas, pour en cultiver une fausse achetée en pépinière, d’un point de vue scientifique, c’est potentiellement une perte ». Mais pour Jacques Tassin, l’intérêt du permis de végétaliser est avant tout de fédérer une action collective autour du vivant. Une sensibilisation essentielle pour l’écologue au CIRAD qui considère que :« l’une des plus grandes extinctions actuelles vient de la perte de notre confrontation au vivant qui entraîne une indifférence à l’érosion de la biodiversité».

Le permis de végétaliser, qu'est ce que c'est ? 

L'initiative fait suite au projet « embellissons nos murs », lancé il y a dix ans à Rennes, qui visait à fleurir l'espace public. Elle s'est ensuite essaimé travers la France, avec la volonté de créer des espaces de proximité, alliant jardinage et sociabilisation. Paris, Bordeaux, Marseille ou Strasbourg, ces villes sont aujourd'hui nombreuses à disposer du permis de végétaliser. Il offre à chaque habitant la possibilité de faire une demande auprès de la mairie afin d'obtenir une autorisation d'aménagement d'une rue ou d'un quartier. Il peut s'agir de plantations aux pieds des arbres, de l'installation de bacs à cultiver dans les rues ou encore d'implantations de micro fleurissements. Il est cependant préférable de cultiver des plantes locales. L'entretien est à la charge du particulier qui en fait la demande. Pour plus d'informations sur les procédures à Montpellier rendez vous sur le site de la mairie de Montpellier.

Zéro déchets : ils jettent moins, pour dépenser moins

Des marches pour le climat ont lieu dans plusieurs villes de France ce samedi 13 octobre. Parmi les initiatives, moins gaspiller est devenue une injonction, un mode de vie… qui peut faire économiser jusqu’à 40% !

Radins, malins ou nouveaux bobos, qui sont les accros du zéro déchet ? En Occitanie, chaque personne produit en moyenne 630 kg de détritus par an. C’est deux fois plus qu’en  1980 selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) pour qui, il est temps d’alléger nos poubelles. Mais comment ? Par de petits gestes. Préférer le déodorant solide ou l’oriculi en bambou, le nouveau coton-tige écologique réutilisable. Et acheter en vrac, sans emballages. Avec ces initiatives, la planète n’est pas la seule à dire merci. Le porte-feuille du consommateur aussi. Marion Fernandes, membre active de l’association Montpellier Zéro Déchet, parle de 30 à 40% de baisse du budget des courses.

« On économise presque 100 euros pour 4, à la fin du mois ! »

À l’épicerie de Cityzen Market, rue Durand, défendre le zéro déchet est un « classique ». Joséphine, la quarantaine et lunettes rondes, est une cliente invétérée du magasin, élu en 2017 « projet éthique  de l’année » par l’association Etika Mondo. Le principe est simple. « Je viens exprès avec mes bocaux vides pour les remplir des quantités dont j’ai besoin. Amandes, pois chiches, bicarbonate… peu importe, explique la cliente. Ça permet de ne plus gaspiller et quand vous faites le calcul, vous y gagnez vraiment. »

C’est d’ailleurs la raison de ses nombreuses venues. « Aider l’environnement oui, c’est inévitable… mais pas que. Ayant des revenus modestes, on économise presque 100 euros pour 4, à la fin du mois ! » Un gain qui n’est pas négligeable mais pas encore assez pour la mère de famille qui espère davantage de coopératives responsables sur Montpellier. « Les boutiques ne proposent pas encore le troc, c’est dommage. »

Le b.a.-ba des gestes écolos

Toujours est-il que chaque effort est important. Implanté depuis maintenant un an dans la ville, l’association Montpellier Zéro Déchet défend une consommation respectueuse de l’environnement facile et accessible à tous. Pour Marion Fernandes, trois gestes simples et économiques permettent de réduire considérablement le nombre de détritus. Parmi les inconditionnels, on retrouve le « Stop Pub », autocollant bien connu des boîtes aux lettres. Le « sac en vrac », fabriqué en tissu dès trois euros, qui remplace les sachets en papier ou en plastique de 20 centimes chacun. Et la gourde. Rentabilisée avec un simple pack d’eau. « C’est plus pratique qu’il n’y parait. Plus besoin de bouteilles, vous prenez votre eau aux fontaines mises en place par la Ville. Ou vous demandez gentiment dans les boulangeries, restaurants… Ils n’ont de toute manière pas le droit de vous refuser.»

À cela, d’autres actions sont possibles : acheter d’occasion ou réparer si possible les appareils qui ne fonctionnent plus, privilégier le vinaigre blanc pour les produits ménagers, vérifier les dates de péremption des aliments, ou respecter les consignes de tri des déchets. Il suffit juste de commencer.

Autre astuce : le troc ou la deuxième vie des objets

À l’occasion de la 9ème édition de Troc tes trucs dimanche 7, les habitants de Prades-Le-Lez se sont donné rendez-vous pour échanger leurs effets personnels, le temps de la journée. Livres, poussettes, casseroles, sandalettes, jeux vidéo. Tout y est. « Le concept vient de Montréal, avance Sylvie Lorrain, responsable du pôle partenariats et animation de l’association. On valorise l’objet en point virtuel que la personne pourra ensuite échanger contre d’autres biens. On interdit cependant les marques. L’idée est de sensibiliser les gens à consommer moins. » Et ça marche. Au milieu d’une cinquantaine de bénévoles, des dizaines de familles viennent déposer leurs affaires. Si Amélie Nothomb ne vaut qu’un seul point, la combinaison de ski s’échange contre trois points. Bien loin encore de la trottinette, avec ses sept points. « Grâce à l’économie circulaire, le produit a plusieurs vies puisqu’on ne crée pas le déchet.» Et pour Bertrand et sa femme, c’est l’occasion de faire des affaires « pas cher. On renouvelle notre garde-robe pour le prix d’une radio que l’on utilise plus, rit le couple. C’est parfait !»

Les Artivistes: l’association qui aide les citoyens à prendre en main le climat

« Vous (re)donner la parole et les moyens d’agir ». Telle est la devise des Artivistes. Créée il y a deux ans, l’association héraultaise expérimente le potentiel de l’art pour booster la participation des citoyens sur les enjeux climatiques. Les projets se bousculent.

Comment permettre aux citoyens de participer aux décisions prises sur les sujets socio-environnementaux ? L’association Artivistes-atelier apporte une réponse en mettant à l’épreuve une démarche bien particulière.

« L’art est un moyen fantastique pour mobiliser les gens et leur permettre de s’exprimer », Davia Dosias-Perla, fondatrice de l’association, en est convaincue. Experte auprès des collectivités, elle est aussi profondément persuadée que les plans d’actions construits sans faire participer les citoyens sont voués à l’échec, notamment en matière de transition écologique.
Il y a trois ans, elle imagine « Rue du climat : de murs en rubans », des animations de rue réalisées par des artistes dans le quartier des Beaux-Arts à Montpellier, pour créer un débat citoyen sur le thème du climat. Les promeneurs se prêtent au jeu. C’est le début de l’aventure Artivistes.

Des artistes et des chercheurs

L’association met en œuvre deux types de ressources : des artistes et des chercheurs en science participative. D’abord des animations artistiques de rue permettent de mobiliser un large public et d’amener les participants à s’exprimer. Ensuite les chercheurs accompagnent des groupes de travail afin d’aboutir à des réflexions et décisions utilisables par les collectivités. -534.jpg

Depuis deux ans, l’association Artivistes multiplie les initiatives, peaufine sa démarche, développe son réseau. Elle compte aujourd’hui une vingtaine de bénévoles et 35 artistes, street-artistes, vidéastes, photographes, danseurs, slameurs ou musiciens. Davia Dosias-Perla résume : « Par le vecteur artistique et culturel, on veut remettre le citoyen dans la boucle décisionnelle ».

Le dispositif Artivistes a remporté cette année un appel à projet de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) sur le thème de l’aide à la mise en place de politiques publiques en faveur de la qualité de l’air.
L’équipe, en partenariat avec le CNRS, accompagnera l’agglomération du Pays de l’Or dans la co-construction, avec les citoyens, d’indicateurs de performance.
« Qu’est-ce qu’une bonne politique de qualité de l’air? » sera la première question adressée aux participants, élus, techniciens et habitants, indique Davia Dosias-Perla.
Ce projet pilote débutera en janvier 2018 pour deux ans. Les outils de décision qui verront le jour pourraient être ensuite utilisés par les acteurs d’autres territoires, c’est la finalité recherchée.
« On est une toute petite association, mais il y a des personnes solides qui nous soutiennent comme Jean Jouzel (climatologue, ancien vice-président du GIEC, ndlr) ou Laurence Monnoyer-Smith (Commissaire générale au développement durable, ndlr), et on nous fait confiance. L’Ademe comprend notre travail et y voit un intérêt. Ca fait du bien!», commente la fondatrice d’Artivistes.

Au-delà des projets à l’échelle locale, Davia et son équipe ne manquent pas d’idées et d’ambition. Asseoir le rôle de la France dans l’initiative C40 Cities, lancées par 40 grandes villes du monde signataires de l’Accord de Paris sur le climat, constitue un défi supplémentaire. La fondatrice de l’association imagine une tournée des villes d’ici 2020 « pour partager les initiatives et analyser les leviers, les freins, les limites et avantages des actions entreprises en faveur du climat »

Alors que le climatologue Gilles Rammstein confiait, dans un entretien au journal Le Monde en novembre dernier, « l’art est très utile pour penser l’avenir du climat », les Artivistes semblent s’engager dans la bonne direction.

L’écologie, un secteur qui recrute

Un forum des métiers de l’écologie était organisé au début du mois par les élèves du master des ingénieurs écologues. L’occasion de faire le point sur les possibilités d’emploi dans ce secteur et sur les formations à Montpellier.

D’ici à 2020, le secteur de l’énergie renouvelable devrait compter 200 000 employés selon Studyrama. C’est deux fois plus qu’aujourd’hui. D’après la même source : « le secteur de l’écologie n’a jamais autant recruté et devrait poursuivre cette dynamique dans les années à venir ». Plusieurs sites internet sont même dédiés aux métiers de l’environnement (ex : www.metiers-biodiversite.fr, www.orientation-environnement.fr, …).

A Montpellier, le Master IEGB (Ingénierie en écologie et gestion de la biodiversité) avait organisé vendredi 10 novembre – dans le cadre du Salon de l’écologie – un forum des métiers de l’écologie : Ecolo’job. Pour informer les jeunes, des établissements scolaires et universitaires, des entreprises et des associations du secteur étaient réunis sous un chapiteau à la fac de sciences.

Quatre millions de personnes travaillent dans le secteur de l’économie verte

Selon les chiffres du Ministère de l’environnement, quatre millions de personnes travaillent dans le secteur de l’économie verte. Parmi elles, 143 000 exercent un métier « vert » – par exemple : garde forestier, agent de déchetterie, etc. – tandis que les autres exercent un métier « verdissant », un métier qui n’est pas un directement lié à l’environnement mais qui tend à prendre en compte les enjeux environnementaux.

Les emplois dans l’écologie

On peut classer les métiers de l’environnement et du développement durable dans sept catégories : la prévention et le traitement des pollutions et des risques, la gestion de l’eau, la gestion des déchets, les métiers de l’énergie, la protection de la nature, la valorisation du cadre de vie, la sensibilisation et l’éducation.

La gestion de l’eau et des déchets représente les trois-quarts des emplois, selon Studyrama. Les bureaux d’études, de plus en plus sollicités par le Ministère ou les collectivités, représentent également des recruteurs importants. « Nous employons des chargés d’études faune, botanique et milieux marins sortant d’école pour réaliser des études, ainsi que des ingénieurs écologues, des naturalistes, des hydrologues, des cartographes et des biostatisticiens », explique Nathalie Boyer, responsable partenariats chez Biotope. Mais les entreprises de tous les secteurs deviennent elles aussi d’importants employeurs en recrutant des postes de « métiers verdissants ». Les « gestionnaires de risques », « managers environnementaux », ou « responsables hygiène, sécurité, environnement » se multiplient chez les grands groupes.

Se former en écologie et environnement dans la région

Compte tenu des besoins en termes d’emploi, les cursus liés à l’environnement et à l’écologie se multiplient. Des formations avant le bac (travaux paysagers, horticulture…) et des BTS (Gestion et protection de la nature, Gestion forestière…) existent dans le domaine de l’environnement dans des établissements publics et privés (ex : Pôle Sup Nature). On trouve aussi des formations à bac +3 et à bac +5. Dans la région Occitanie, Montpellier SupAgro, l’Université de Montpellier (UM) et l’Université de Perpignan proposent plusieurs licences professionnelles qui concernent la chimie, l’agrologie ou encore la coordination de projets de développement durable. De nombreux masters – professionnel ou recherche – existent aussi. Parmi eux, le Master Biodiversité, Ecologie, Evolution (« B2E ») de l’UM réunit quinze parcours préparant aux métiers de l’écologie : le parcours IEGB forme par exemple des ingénieurs dans les métiers de l’écologie, de l’environnement et du développement durable. « Ce master peut se faire en alternance », raconte une étudiante qui commençait justement la sienne dans un bureau d’études environnementales. L’école Montpellier SupAgro propose également dix masters dans le domaine, dont cinq sont internationaux.

L’écologie : un secteur qui recrute mais aussi un secteur qui attire. De plus en plus de jeunes diplômés, notamment d’écoles d’ingénieurs, souhaitent suivre cette voie pour donner du sens à leur travail. A ce sujet, le journal lemonde.fr a publié plusieurs articles récemment ici et ici

Le secteur devrait continuer à recruter. D’ici à 2030, de nouveaux métiers verront encore le jour pour répondre aux défis d’une économie sobre en ressources. Retrouvez cinq de ces métiers ici.

Je ne peux pas… j’ai aquaponie !

L’aquaponie, ça vous parle ? C’est le terme qui a déclenché [
le fou rire de la députée LREM Coralie Dubost ->https://twitter.com/LCP/status/928662087567593473], présidente de l’atelier Développement durable chargé de « verdir » les pratiques de l’Assemblée Nationale. Lors de l’audition du 10 novembre, elle relayait la proposition d’un citoyen d’installer sur les toits du Palais Bourbon cette technique de culture particulière.

L’aquaponie : kezako ?

Peu connue du grand public, cette aquaculture qui allie élevage de poissons et culture de plantes pourrait pourtant révolutionner l’agriculture de demain. « Nos études ont montré que ce système permet de consommer jusqu’à 90% d’eau de moins que l’agriculture classique », indique Jean-François Baroiller, docteur en biologie des poissons et membre du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) de Montpellier.

Du Canada à l’Australie, en passant par les États-Unis et la Chine, l’aquaponie se développe peu à peu dans les pays industriels. Elle est toutefois encore méconnue en Europe, notamment en France, où elle accuse un certain retard par rapport à ses voisins.

Mais au fait, l’aquaponie, kezako ? C’est le fait de cultiver en circuit fermé des végétaux en symbiose avec des poissons. Les poissons produisent des déjections riches en nutriments naturels pour les plantes. Ces nutriments, contenus dans l’eau des poissons, sont directement transmis aux végétaux via des pompes et contribuent à leur croissance. Les plantes filtrent ensuite naturellement l’eau, qui est reversée dans l’aquarium. Magique, non ?
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« On date les premiers systèmes d’aquaculture du néolithique en Asie, où les carpes et anguilles étaient utilisées pour la culture du riz», raconte Jean-François Baroiller. Dans l’aquaponie, l’association entre les poissons et les végétaux se fait en fonction de leurs caractéristiques communes. « Par exemple, si on prend une plante qui a besoin de fortes températures, on va utiliser des espèces de poissons d’eau chaude plutôt que d’eau froide », ajoute le spécialiste du Cirad. « Il y a donc des contraintes physico-chimiques comme le pH de l’eau ou l’éclairage des plantes, qui doivent convenir à la fois au poisson et au végétal ».

Jusqu’à 90% d’économie d’eau

Dans un rapport du Parlement Européen publié en 2014, des scientifiques dressent la liste des nombreuses vertus de l’aquaponie. La principale étant l’économie considérable d’eau : jusqu’à 90% par rapport à l’agriculture classique. Les rendements seraient eux-aussi supérieurs de 25% à la culture basique en terre. Autre avantage non négligeable : les produits issus de l’aquaponie ne contiennent pas de pesticides, ni d’intrants… À cela s’ajoute une autre qualité : « on peut faire de l’aquaponie partout », assure le docteur en biologie. Car le système peut aussi bien être installé sur le toit d’un appartement en ville, que dans une serre à la campagne.
En bref, le concept a tout l’air d’être révolutionnaire. Mais alors pourquoi les autorités publiques ne prennent-elles pas en main cette technologie ? « L’Europe et la France sont en retard sur cette question car elles n’ont pas saisi assez vite l’importance de ce type de production », répond Jean-François Baroiller. Même si la région de Labège (Haute-Garonne) abrite un grand espace aquaponique de 2000 m2, la micro-ferme pour particulier reste plus courante dans l’Hexagone.
Depuis 2013, le programme Apiva (aquaponie, innovation végétale, aquaculture) financé par le ministère de l’agriculture et dont le Cirad fait partie, étudie le concept. Cependant, aucune initiative concrète n’a été portée par l’État.
Se pose alors la question des impacts de cette culture sur l’environnement. « Pour être rentable le système d’aquaponie doit être développé à grande échelle », explique Jean-François Baroiller. Mais un tel outil mis en place à une échelle industrielle nécessite des installations non seulement onéreuses, mais aussi gourmandes en électricité, pour alimenter le système de pompage par exemple. Le biologiste du Cirad se demande également si « les gens seraient prêts à payer plus cher pour des aliments de qualité ». Un pas a déjà été fait pour le bio… reste à savoir si l’aquaponie leur mettra l’eau à la bouche.

ENVIRONNEMENT – Salon de l’écologie, c’est parti !

Du 8 au 12 novembre, faites le plein d’infos et de découvertes sur les sciences écologiques. Organisé par les étudiants du master Ingénierie en Ecologie et en Gestion de la Biodiversité (IEGB), le salon proposera plusieurs conférences ainsi que des animations au zoo de Lunaret ce weekend.

Organisé pour la neuvième année, le salon a pour vocation de réunir les professionnels de l’écologie et de faire découvrir leurs métiers au grand public. Philippe Augé, président de l’université de Montpellier, et Christophe Aubel, directeur général de l’Agence française pour la biodiversité, sont les parrains de l’édition 2017.

Le thème cette année est « Biodiversité et Santé : Biodiversité qui pique, qui soigne ». Ce sera l’occasion d’échanger sur les liens entre biodiversité et santé et sur notre manière de s’inspirer de la nature et de ses savoir-faire.

Du 8 au 12 novembre, les étudiants du master IEGB proposent des rencontres et animations autour de l’écologie, et au cours de trois temps différents :

  • Jeudi 9/11 : Ecolo’Tech , un congrès scientifique sur les innovations technologiques et méthodologiques dans le domaine de l’environnement. A Polytech, sur le campus Triolet de l’Université de Montpellier. 5€ pour les étudiants et 15€ pour les professionnels et visiteurs. Attention places limitées !
  • Vendredi 10/11 : Ecolo’Job , le forum des métiers et des formations de la filière professionnelle de l’écologie. A la faculté des sciences, campus Triolet.
  • Les soirées du 8 au 10/11 et les journées du samedi 11 et dimanche 12/11 : Festi’Versité , des conférences, ciné-débats et animations artistiques. Voir sur le site de l’événement pour les lieux des conférences et soirées. Le weekend : sur le parking et dans le zoo de Lunaret, ainsi qu’au cinéma Utopia pour la projection du film « Pierre Rabhi, Au nom de la Terre » dimanche à 9h45.

Greenpeace installe une piscine nucléaire sur la Comédie

Ce samedi en début d’après-midi, des militants de l’ONG de défense de l’environnement ont voulu attirer l’attention des Montpelliérains sur les enjeux sécuritaires que pose l’utilisation de l’atome. Une mobilisation nationale avec, en fil rouge, la sortie totale du nucléaire.

Greenpeace se mouille encore. Samedi après-midi, à Montpellier, des militants locaux de l’organisation de protection de l’environnement ont reproduit, place de la Comédie, une piscine nucléaire « en carton ».
Pétition en main, leur objectif était d’alerter les citoyens sur la fragilité des bassins de refroidissement des combustibles usés des centrales atomiques et des risques sécuritaires qui en découlent. Une action menée simultanément dans une vingtaine de villes du territoire national.

Une menace d’accident nucléaire

« On est dans la même configuration que Fukushima », alerte Zoé De Bonduwe. La référente nucléaire du groupe de Greenpeace Montpellier s’appuie sur un rapport établi par sept experts indépendants, sur demande de l’ONG. Ces derniers pointent la vulnérabilité des bassins d’entreposage des centrales françaises et belges face aux risques d’attaques extérieures.

« Ces piscines sont deux à trois fois plus radioactives qu’un réacteur. Et pourtant, elles sont beaucoup moins protégées. Leurs murs ne sont épais que de 30 centimètres de ciment. Parfois même de tôle. C’est largement insuffisant. On pourrait faire face à un accident nucléaire, si l’une d’entre elles était la cible d’un acte de malveillance. Or jeudi, nous avons prouvé, une fois de plus, à quel point il est facile de pénétrer sur un site nucléaire . »

En fil rouge, la sortie de l’atome

Cette mobilisation nationale est donc un nouvel acte de défiance de Greenpeace envers l’entreprise énergétique EDF « qui nous met en danger ainsi que nos voisins, renchérit Zoé De Bonduwe. Nous souhaitons qu’elle prenne ses responsabilités en renforçant ses structures ».

Si dans l’immédiat, l’ONG réclame une amélioration de la sécurité dans et autour des centrales, à terme, elle milite pour une sortie totale du nucléaire.

Les déchets en outre-mer : le tri et le recyclage rament

Si le tri des déchets rentre peu à peu dans les habitudes des français, certains départements sont à la peine. C’est notamment le cas des territoires ultramarins. Dans le cadre de la COP21, Eco-Emballages, éco-organisme en charge du tri et du recyclage des emballages ménagers, propose une série d’actions pour augmenter les performances de ces territoires. Une opération plus compliquée qu’il n’y paraît.

Trier ses déchets : ce geste écolo n’est pas tout à fait entré dans les moeurs des départements et collectivités d’outre-mer (DOM-COM). Pour (re)motiver les citoyens ultramarins, Eco-Emballages, agréé par l’Etat, lance un plan de relance du recyclage dans ces territoires (hors Nouvelle-Calédonie et Polynésie Française qui, de part leur statut de Pays d’outre-mer, ne sont pas soumis au même Code de l’environnement).

L’enjeu est double : finaliser l’implantation des dispositifs de tri et améliorer la collecte des emballages ménagers là où elle existe déjà. Pour Véronique Héritier, responsable de La Réunion chez Eco-Emballages, « il convient de s’adapter à des mondes et à des réalités différents ». Et pour cela, elle l’affirme : « Il faut développer une autre économie du déchet pour chacun des territoires ultramarins. » Sous-entendu trier plus pour recycler plus, surtout lorsque les soutiens financiers de l’éco-organisme sont liés aux performances et restent essentiels pour atteindre l’objectif et lancer la machine.

Des DOM-COM peu trieurs

Car pour l’heure, on ne trie pas beaucoup ses déchets en outre-mer. En 2014, on parle d’une moyenne de 15,8 kilos d’emballages ménagers triés et recyclés : 9 kg en Guadeloupe / Saint-Martin, 10 kg en Guyane, 13 kg en Martinique, contre 45,9 kg en métropole. De bien maigres résultats sur des territoires où la préservation de l’environnement est intimement liée à l’attrait touristique. Véronique Héritier explique ces résultats par « la très lente installation des dispositifs ».

Quand la métropole a commencé à trier ces déchets dans les années 2000, c’est beaucoup plus récent dans la plupart des DOM-COM : A Mayotte, 100% de l’île est équipée d’un dispositif de tri des déchets, mais seulement depuis novembre 2013… A Saint-Pierre-et-Miquelon, la mise en place de la collecte sélective date de novembre 2014 alors qu’en Guyane, le premier centre de tri et la première collecte n’ont vu le jour qu’en septembre 2015… Pourquoi l’accélération du déploiement aujourd’hui ? « Le développement des dispositifs de tri est soumis à la loi européenne. Pour les territoires non-équipés, la France peut avoir des pénalités », précise Véronique Héritier. Des enjeux financiers qui incitent fortement l’Etat et les DOM-COM à devenir écolos sous couvert de la loi sur la transition énergétique.

Les Réunionnais sortent du lot

-142.jpgAvec 21,9 kg par habitant et par an d’emballages ménagers recyclables triés et recyclés, La Réunion est le DOM le plus performant. La raison ? Car « le département a lancé le tri dix à quinze ans avant les autres DOM-COM ». Mais pas que… Véronique Héritier pointe également « la motivation des élus et des personnels réunionnais que l’on ne retrouve pas toujours dans les autres territoires ». A La Réunion, il existe « une réelle volonté politique » qui serait au final incitative d’après elle. « Actuellement, si les collectivités réunionnaises ont réduit les fréquences de collecte dans une logique de baisse des taxes, de maîtrise des coûts et de réduction de l’emprunte carbone, elles ont aussi accepté de mener des actions de sensibilisation plus accrues », termine fièrement la responsable du DOM le plus trieur.

Parallèlement, des initiatives se mettent en place : « une collecte sélective des bouteilles de soda et de bière s’est développée sur l’île », indique Véronique Héritier. « Je crois en l’économie sociale et solidaire (ESS), particulièrement adaptée à l’outre-mer », lance-t-elle. L’ESS, une alternative pragmatique : « Les volumes actuels de déchets à recycler ne sont pas suffisants pour assurer le fonctionnement pérenne d’unités de traitement, et ce, même si la modernisation du seul centre de tri de l’île est en cours. »
Un manque de déchets recyclables à traiter souvent lié à l’implication de la population, au climat et à l’aspect financier. Et ce, dans tous les DOM-COM.

Pourquoi le tri et le recyclage ne décollent pas dans les DOM-COM ?

« Les territoires ultramarins sont isolés, denses et moins riches que ceux de la métropole. Cela freine considérablement les performances de tri », expose Véronique Héritier. En outre-mer, il y a une forte pression foncière, accentuée par des zones difficiles d’accès et des transports locaux coûteux. « La collecte est parfois une véritable gageure », soupire-t-elle.
À cela s’ajoute la convention de Bâle relative au transfert transfrontalier des déchets. De fait, les DOM-COM non-équipés d’unités de traitement in situ doivent, à prix fort, expédier les déchets recyclables vers la métropole : « Cela réduit les coopérations inter-DOM et avec les autres États de la même zone géographique », témoigne Véronique Héritier qui pense néanmoins que la sortie du statut de déchet de certaines matières va faire évoluer la règlementation.

-143.jpgAutre trouble-fête : le climat. En raison de l’hygrométrie, le papier et le carton sont par exemple difficilement valorisables si on les stocke trop longtemps. Les engins techniques trop innovants sont également sensibles. A Saint-Martin, Patrick Villemin, président de la société Verde SMX qui gère le site de recyclage-valorisation, avoue qu’il s’agit là de la plus grande difficulté : « Les coûts et les délais de livraison pour du matériel neuf nous freinent énormément. On essaie de gérer au mieux avec du matériel d’occasion : le système de débrouille est très important à Saint-Martin ! »

Puis il y a les coûts de gestion. En outre-mer, le taux de recouvrement des impôts ou redevances permettant de financer la collecte et le traitement des déchets est significativement plus faible qu’en métropole. Résultat : peu de projets d’investissement nécessitant des fonds publics et peu d’engagement des collectivités. « Il faut privilégier le recyclage uniquement lorsque les bénéfices sont supérieurs aux coûts », annonce Véronique Héritier.
Une démarche liée à l’implication de la population ultramarine qui doit inexorablement remplir ses poubelles de matières recyclables. A Saint-Martin, Patrick Villemin l’admet : « Il faudrait que le tri à la source soit de plus grande qualité. » Véronique Héritier renchérit en souhaitant développer une communication engageante :« nous devons insister sur les dommages locaux induits par les comportements inciviques. » Changer les habitudes : voilà peut être ce qui s’avèrera le plus ardu.

La COP21 : accélérateur de changement en outre-mer ?

-144.jpgAujourd’hui, les déchets génèrent des émissions de gaz à effet de serre lorsqu’ils sont traités (enfouis ou brûlés). Sachant que les DOM-COM sont plus sensibles aux changements climatiques, il y a urgence.

Présenté lors de la COP21, le plan de relance pour améliorer les performances de tri et de recyclage dans les DOM-COM sera peut-être l’élément accélérateur d’une prise de conscience écologique et d’une nouvelle économie en outre-mer.
Naviguer vers plus de tri et de recyclage, c’est aussi s’embarquer dans la création d’emplois dans des territoires où le chômage reste très élevé. Les déchets : une ressource à ne pas négliger.

Montpellier : des p’tits coins écolos en centre-ville

Des toilettes publiques écolos : le projet imaginé par Ecosec, jeune entreprise Montpelliéraine, est en passe de séduire la municipalité. Ingénieur en sciences de l’eau, Vincent Le Dahéron fait partie de l’équipe et apporte son expertise en matière de valorisation des urines. Alors qu’Ecosec présente son projet à Paris dans le cadre de la COP21.

-115-r90.jpgÊtre écolo en faisant pipi ou popo c’est possible ! Ou ça le sera bientôt à Montpellier, grâce à Ecosec et son projet de toilettes sèches. Vincent y croit : «amovibles sans eau et sans sciures» ces toilettes trôneront un jour sur la place de la Comédie.

Ecosec voudrait remplacer les toilettes publiques «sales» et «coûteuses» pour la collectivité : «notre location est plus chère, mais fait économiser 2 000 euros d’eau et d’électricité par an à la ville», explique Vincent. Et l’ingénieur l’affirme, «pour trois cabines installées en centre-ville nous pouvons créer deux emplois à temps-plein». On parle ici «réinsertion et emploi local» uniquement. Car Ecosec n’oublie pas d’où elle vient : Montpelliéraine, elle est aussi une société coopérative et participative (SCOP) récemment intégrée au parc Réalis de la ville (pépinières d’entreprises de l’économie sociale et solidaire, ndlr).

L’entreprise privilégie l’humain. Un financement participatif (12 000 euros récoltés via le site internet Kiss Kiss Bank Bank) et un lien social assuré, le service proposé incluant «des temps de sensibilisation pour les scolaires et le grand public», précise Vincent. Les déchets à valoriser : nos urines et nos matières fécales !

À Montpellier, c’est pour bientôt ?

-114.jpgPrésenté lors de l’Antigone des associations en 2014, la cabine de toilettes sèches a séduit les élus Montpelliérains. Et selon Vincent, le besoin est pressant : «Nous rebondissons sur une des promesses du maire d’installer vingt toilettes publiques en centre-ville.» Durant trois mois, un prototype a été testé au zoo de Lunaret. Même si le côté technique a été une gageure, «la collecte et le nettoyage ont été effectués bénévolement», Ecosec a essuyé «de supers retours» de la part des usagers, lance fièrement Vincent.

«En février-mars prochain, il est prévu d’installer une cabine au parc Montcalm», annonce l’ingénieur. La mairie, elle, suit de près l’entreprise Montpelliéraine et l’encourage à se professionnaliser, «d’où les phases test». Côté recyclage des déchets en revanche, tout est déjà pensé.

Des déchets réutilisés issus de WC écolos et connectés

La valorisation des urines et des matières fécales est distincte : transformation en fertilisants pour les unes, en compost pour les autres. Mais qu’en est-il du fonctionnement de la cabine ? En ingénieur vert aguerri, Vincent lance son argumentaire transition écologique : «Panneau photovoltaïque pour alimenter la cabine, microprocesseur pour sonder le niveau d’urine, système de séchage des matières fécales, détecteur de présence pour mesurer la fréquentation et géolocalisation.»

Toilettes écolos certes, mais toilettes connectées ! «À l’intérieur, il y a un Flash Code qui renvoie à un questionnaire de satisfaction sur internet», ajoute Vincent. Car aujourd’hui, on l’emporte même aux latrines, notre smartphone !

Élément important, ces WC durables sont surtout «sans odeurs». Un qualificatif un peu surprenant pour des toilettes, qui plus est publiques. Comment est-ce possible ? «Le nettoyage est effectué par un technicien, en vélo, cinq fois par jour», s’enthousiasme l’ingénieur qui insiste sur «la nécessité de limiter les émissions de CO2».

Les citoyens sont-ils prêts à passer le cap ? «Je le pense oui», affirme Vincent. «Ce n’est pas non plus un retour à la bougie, mais un confort d’hygiène et une manière de dire : allons de l’avant !» Et Ecosec s’est vite mis au vert : la cabine a trôné à Paris, dans le cadre de la COP21.

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La COP21 : nouvelle mascarade mondiale sur le climat ?

Pour écouter le reportage:

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La conférence des Nations unies sur les changements climatiques approche à grand pas. Plus connue sous le nom de COP21, elle est organisée à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015.

Depuis plus d’un an, cet événement de notoriété mondiale a envahi l’espace politico-médiatique français. Pourtant, en connait-on réellement les enjeux ? Pourquoi les pays en voie de développement – également les moins pollueurs – sont-ils les premiers concernés ? Comment les citoyens peuvent-ils s’emparer de la question climatique ?

Pour tenter de répondre à ces questions, je suis allée à la rencontre de Noël Mamère (député écologiste de Gironde), Ian Simpson (militant au NPA et membre de la commission nationale écologie du NPA), Sébastien Martarèche (membre du collectif Alternatiba) et des habitants de Montpellier.

Reportage à retrouver également sur Aligre FM 93.1

Réalisation : Nejma Brahim
Aide micro-trottoirs : Sara Douza