Un étudiant français au coeur des émeutes grecques

Les 6 et 7 décembre 2009, des émeutes éclatent entre jeunes et policiers dans plusieurs grandes villes de Grèce. Ces évènements interviennent après les manifestations commémorant la mort d’ Alexis Grigoropoulos, 15 ans, tué il y a un an par un agent des forces de l’ordre (Epaminondas Korkoneas) dans le quartier d’Exarcheia à Athènes.

Génèse d’une agitation populaire

La mort de l’adolescent avait, en 2008, déclenché des violences urbaines inédites et radicalisé une partie de la mouvance contestataire.
Un an après, l’indignation est encore vivace puisque des heurts ont opposé des groupes d’étudiants et la police après la fin de la manifestation en mémoire d’Alexis. Ainsi, près de la place Syntagma, dans le centre d’Athènes, des jeunes vêtus de noir et cagoulés ont lancé des pierres sur les forces de l’ordre qui ont riposté à coups de gaz lacrymogènes et de matraques.
Sur des banderoles, s’inscrivait clairement « la jeunesse n’oublie pas ». Devant l’université, une inscription affirmait également « l’Etat et le capital assassinent tous les jours ».
De jeunes grecs appartenant à « la génération des 600 € », font face au peu de travail disponible (23% de chômage chez les 18-25 ans) et à la violence policière répandue dans le pays dans un contexte de paupérisation du pays grandissant.

Alors que le 20 Janvier prochain, Epaminondas Korkoneas sera jugé pour homicide volontaire, un élève de l’Université Montpellier I, suivant le programme Erasmus dans la capitale grecque, nous livre son témoignage sur ces heurts.

L’interview de Damien Fournier: étudiant Erasmus à Athènes et témoin des émeutes.

Haut courant: En tant que Français, comment t’es tu retrouvé au milieu des manifestations du 6 Déc. 2009?

Damien Fournier: J’avais déjà accompagné la première grande manifestation de l’année, le 17 novembre et j’avais été étonné de l’intensité de la colère et du ressenti des manifestants envers la police et le pouvoir. Je savais que le 6 décembre, jour de l’anniversaire de la mort d’Alenxadros Grigoropoulos, s’annonçait noir et effectivement c’est ce qui c’est passé.
Mon but principal était de réaliser un reportage photos et éventuellement en rendre compte après.

HC:
Connais tu des étudiants qui y ont participé?


DF: Oui, beaucoup d’Erasmus se sont rendus dans les manifestations et dans les zones d’affrontements mais sans participer activement. Pour ce qui concerne les étudiants grecs de ma connaissance, peu s’y sont rendu, la plupart portaient même un regard méfiant sur les événements à venir, dénonçant d’un coté les maux touchants le pays et la bavure sur le jeune Alexis tout en mettant en garde de l’autre sur la dangerosité des émeutes à venir. J’ai souvent entendu : «« le six décembre, restez chez vous, ça va être la guerre »»

HC: Quel regard portes-tu sur ces évènements?

DF: Les Grecs ont une véritable culture de contestation, ce n’est pas pour rien qu’un quartier entier d’Athènes, Exarcheia, est considéré comme anarchiste. Ces derniers sont nombreux et très visibles que ce soit lors des manifestations ou dans la société. Il faut savoir que la Grèce n’est redevenue une république qu’en 1973, après la chute du régime des colonels, d’où une défiance très prononcée du peuple envers les autorités policières ou l’armée. Une défiance qui s’exprime et devient rage lors des manifestations, les insultes accompagnant souvent les jets de pierres et les crachats.

HC: Les manifestations étaient elles réellement violentes?

DF: Plutôt oui, mais la violence différait selon les zones d’affrontement. Dans la rue ou sur les places publiques, les policiers prenaient souvent l’ascendant sur les émeutiers avec coups de matraques et arrestations musclées à la clef. Dans les facultés, le son de cloche était différent puisque la police n’a pas le droit d’entrer dans une université. Les émeutiers disposent donc de plusieurs bastions pour attaquer sans grand risque les forces de l’ordre. On a, d’un coté, quelques dizaines de jeunes devant l’entrée de la fac, qui caillassent les policiers, leurs lancent des cocktails Molotov, brûlent parfois des voitures et incendient des poubelles et de l’autre, des bataillons de CRS qui subissent et parfois chargent pour faire reculer les émeutiers. J’ai assisté à une scène impressionnante dans laquelle un policier recevait un cocktail Molotov sur le bras. Après avoir éteint leur collègue, le bataillon s’est lancé dans une charge anarchique vers la faculté, mais il a dû très vite reculer sous la pluie des Molotovs, des pierres et des fusées pétards.

HC: Ces manifestations ont elles des éléments analogues avec ceux de l’embrasement des banlieues françaises de 2005?

DF: Dans l’intensité des combats de rue, certainement mais pas sur les deux jours de troubles qu’a connu la Grèce les 6 et 7 décembre 2009. Maintenant on ne doit pas oublier qu’il y a eu plusieurs mois d’affrontement l’année dernière et la mobilisation d’une partie importante de la population. On doit aussi prendre en compte, pour comparer ces événements, que l’adolescent abattu était le fils d’un avocat et vivait à Kolonaki, quartier riche d’Athènes, un détail qui a eu son importance dans l’élargissement de la mobilisation. Le contexte n’est donc pas similaire à celui de 2005 en France.

HC: Quel a été l’attitude de la police durant ces manifestations?

DF: La police était avant tout omniprésente à Athènes, le centre ville faisait penser à une ville en état de siège, avec barrage à chaque coin de rue, hélicoptères survolant les quartiers en permanence et de grandes avenues régulièrement bloquées pendant des heures. On sentait la police grecque à cran, mais pas vraiment dépassée par les manifestations. Certains policiers cherchaient même l’affrontement et provoquaient les manifestants en les apostrophant dans les cortèges. Une scène m’a particulièrement marquée, après l’arrestation d’une dizaine de personnes dans un appartement d’Exarcheia: la trentaine de policiers présent est reparti en klaxonnant et en levant les mains au ciel, esquissant des V de la victoire pendant que les badauds les sifflaient. A leur décharge tout de même, le nombre de blessés dans leurs rangs a été beaucoup plus important que chez les manifestants.

HC: As tu été interpellé?

DF: Non mais plusieurs amis l’ont été. Je peux citer l’exemple de deux étudiants Erasmus : une française et un allemand, ils se sont fait arrêter dans deux endroits différents d’Exarcheia et se sont retrouvés au milieu d’une centaine d’interpellés dans le commissariat central d’Athènes. Ils m’ont raconté une ambiance surréaliste où tous étaient entassés dans un couloir, certains mangeaient, d’autres criaient des slogans révolutionnaires et deux jeunes fumaient même un pétard à coté d’eux…

HC: A quel point la situation des jeunes Grecs est-elle préoccupante?

DF: Je suis arrivé pendant les élections législatives en octobre, le soir du scrutin j’ai interrogé mon colocataire grec sur ce qu’il en pensait. Il m’a répondu d’un air presque dépité que de toute façon rien ne changerait. Le modèle social grec souffre énormément, les jeunes ont peu d’avenir et malgré le coût de la vie presque équivalent à celui de la France, le salaire minimum est à 600 euros. J’ai entendu certains étudiants grecs dire que structurellement le pays avait dix ans de retard sur les autres pays de l’Union européenne. Pour eux, la corruption ainsi que certaines dérives budgétaires, comme sur la masse importante d’argent consacrée à l’équipement militaire, sont symptomatiques des grands problèmes que connaît leur pays aujourd’hui. Donc oui, la situation est préoccupante mais si le gouvernement actuel parvient à faire appliquer la politique d’austérité qu’il souhaite mettre en place, les temps seront durs pour le peuple mais cela sauvera surement leur économie.

Languedoc-Roussillon, les raisins de la colère

Fin d’après-midi agitée en ce mercredi 25 novembre au centre ville de Montpellier. Touchés par une rude chute des cours du vin, les viticulteurs du Languedoc-Roussillon manifestaient leur colère et leurs revendications.

En manifestant, les vignerons cherchent à interpeller la population et le gouvernement.  » Pour survivre, nous avons besoin que l’Etat et l’Union Européenne révisent le cours du marché. Par cela, j’entends des mesures plus protectionnistes : baisser les taxes au niveau des passages de douanes et empêcher les vins étrangers de rentrer sur le territoire français  » souligne Olivier, jeune viticulteur de Marcorignan dans l’Aude. Ce dernier refuse toute aide du type RSA (Revenu de solidarité active) auquel il a droit. Il ne veut pas dépendre de l’Etat et souhaite vivre de son métier. De même, l’élargissement de la PAC (Politique agricole commune) aux vignerons ne serait pas une solution pour lui. Contrairement à Michel, autre viticulteur de l’Aude, qui souhaite des aides de l’Etat ou de l’Union Européenne.

 » Je touche aujourd’hui 2 500 euros brut par mois, sans me sortir de salaire. Il me faudrait 2 800 euros pour payer toutes mes charges  » explique Olivier. Comme pour la majorité des producteurs de vin, la situation d’Olivier est précaire. Ses revenus propres issus du vin n’ont jamais dépassé 250 euros par mois. Il vit grâce aux rétributions de sa compagne. Une conséquence fréquente de la crise viticole. Ce que confirme Paul Lazes, premier adjoint à la Mairie de Névian (Aude) :  » Si les viticulteurs n’ont pas une épouse qui travaille, ils n’ont pas les moyens de survivre« . Il y a quelques années encore, les domaines employaient une petite dizaine d’ouvriers minimum. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas.

« Depuis 2004, la viticulture traverse la crise la plus terrible de son histoire« , déclare Philippe Vergnes, président du Syndicat des Vignerons du Midi, organisateur de la manifestation. Cette crise émane de phénomènes conjoncturels et culturels. Avec la concurrence étrangère (Australie, Chili, Italie, Espagne…), les cours ont baissé, les matières premières ont augmenté, mais en parallèle :  » Les charges n’ont pas diminué » selon Olivier.  » Les prix du vin n’ont, par contre, pas bougé depuis 1985  » ajoute Michel. Les problèmes, qui touchent la profession, tiennent également à l’évolution des modes de consommation du vin : « De moins en moins de jeunes savent déguster un bon vin. Dans mon village, sur quarante, on est que deux ou trois à en boire. L’État n’y est pas étranger. Il a longtemps préconisé de consommer un verre par jour en disant que c’était bon pour le coeur. Aujourd’hui, il fait campagne contre toute forme d’alcool  » affirme Olivier.

La crise affecte également la vie locale et régionale.  » Si un jour le secteur viticole disparaît, c’est tout une partie de la ville qui meurt avec  » relève Paul Lazes,  » On deviendrait alors un village de fonctionnaires et de retraités « . Il explique que dans sa ville, Névian, à côté de Narbonne, 20% des actifs travaillent dans ce domaine qui soutient fortement l’économie locale. Notamment par les taxes foncières. C’est pour cette raison que de nombreux maires, « sensibilisés par la problématique« , sont venus soutenir les manifestants, dont Gérard Schivardi, édile de Mailhac (Aude) et ancien candidat à l’élection présidentielle de 2007. La région se dit, de son côté, prête à participer à la mise en place d’aides à court terme destinées aux viticulteurs.

La manifestation a rassemblé entre 5 000 et 8 000 personnes de la profession selon les organisateurs, et 3 600 selon la Préfecture de Montpellier. Un très grand nombre de forces de l’ordre a été déployé :  » Plus de 1 000 fonctionnaires de la police et de la Gendarmerie Nationale dont 600 personnes détachées de l’extérieur  » informe Florian Genny, responsable de la cellule de crise qui a été mise en place à la Préfecture. Ces forces étaient destinées à « prévenir au mieux les débordements. C’est une manifestation sensible qui a déjà connu quelques exactions par le passé« . Un avis partagé par un cafetier de la place Jean Jaurès :  » Ce n’est pas de trop. Je ne souhaite pas qu’ils viennent casser nos devantures « . Paul Lazès, quant à lui, pense  » que les forces de l’ordre sont démesurées. Je ne suis pas pour la violence. Mais je comprends que les vignerons, pris à la gorge, peuvent en user « . Peu de débordements ont toutefois eu lieu. Les CRS ont reçu quelques pierres, des cocktails molotov, des bombes lacrymogènes et des pointes désossées des grilles de l’esplanade du Peyrou. Selon eux, ce ne serait pas l’œuvre des manifestants mais celle « de casseurs, d’extrémistes, d’anarchistes » introduits dans la foule, qui s’est rapidement dispersée.

A partir de demain et durant 3 jours aura lieu la 6ème Fête de la Vigne dans le centre de Montpellier. Un moyen de se faire connaitre pour les vignerons, surtout en cette période de précarité. Pour Olivier, « c’est une manière de se représenter et de représenter la région. Mais ce n’est pas une réponse à la crise« .

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Avortement : ce que le gouvernement espagnol veut changer

Près de 100 000 personnes manifestaient dimanche 29 mars à Madrid pour s’opposer au projet de loi visant à libéraliser l’avortement en Espagne. Dans ce pays où le poids de l’Eglise catholique est considérable, la législation ne permet d’avorter que dans des cas exceptionnels. Le gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero souhaite que l’IVG soit pleinement légale et encadrée par des délais.

La défense de la famille reste un thème mobilisateur en Espagne. Dimanche 29 mars, 100 000 personnes ont manifesté dans les rues de Madrid pour protester contre le projet de loi de libéralisation de l’avortement. Depuis 1985, la législation espagnole prévoit trois cas pour avorter : le viol , dans un délai maximum de 12 semaines de grossesse, en cas de malformation du fœtus (jusqu’à 22 semaines) et s’il y a «danger pour la santé physique ou psychique de la mère». Selon des chiffres ministériels, c’est sur cette base que 97% des IVG ont été pratiquées en 2007. La Ministre à l’égalité, Bibiana Aído, souhaite en finir avec une double hypocrisie. D’une part, la loi actuelle, souvent considérée, à tort, comme trop stricte permet aux médecins de pratiquer de nombreuses IVG sans délai limite – ce qui explique que des françaises franchissent la frontière pour avorter en Espagne une fois le délai légal dépassé (12 semaines). D’autre part, seuls 2% des IVG sont pratiquées dans des hôpitaux publics où les groupes pro-vie exercent des pressions sur les médecins. Ceux-ci pouvant se déclarer objecteur de conscience par conviction ou par crainte des sanctions en franchissant la limite de la légalité… et certains d’entre-eux, pratiquer des avortements dans des cliniques privées où l’opération est coûteuse.

Normalisation européenne

Le gouvernement Zapatero entend mettre l’accent sur la prévention et l’éducation sexuelle pour pallier à une augmentation éventuelle du nombre d’IVG, une argumentation avancée par les organisations hostiles à l’avortement (HazteOir – « Fais-toi entendre », Derecho a Vivir- «Droit à la Vie», Médicos por la Vida- « Médecins pour la Vie »). En Espagne, environ 112 000 avortements sont pratiqués chaque année ( autour de 200 000 en France). Contre toutes attentes, le projet de l’exécutif n’élargit pas substantiellement le droit à l’avortement, il vise surtout à l’encadrer pour éviter les abus. L’exemple type est celui du Docteur Carlos Morín dont le dossier est en cours d’instruction. Ce gérant de cliniques de Barcelone blanchissait l’argent des nombreuses IVG réalisées dans ses établissements. En passant à une loi règlementant l’avortement avec des délais, et non plus seulement en cas de situations de nécessité particulière, l’Espagne s’aligne sur la plupart des législations européennes en la matière. L’Autriche, la Belgique, la Bulgarie, le Danemark, la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Italie, la Norvège et la Suède règlementent l’IVG avec des délais.

Les mineures en question

Ce que propose le gouvernement espagnol relève d’abord de la symbolique en reconnaissant l’avortement comme un droit des femmes. Mais un droit limité à quatorze semaines de grossesse. Le projet de loi devrait conserver des délais plus amples pour les situations particulières (malformations fœtales, 22 semaines, et grave danger pour la vie de la mère ou risque de santé, délai qui reste à déterminer). L’exécutif doit encore plancher sur des lacunes juridiques. Il devra trancher sur la possibilité de provoquer l’accouchement dans le cas où de graves malformations du fœtus sont détectées au-delà des 22 semaines accordées par la future loi. Reste également à définir les sanctions pour les femmes et les médecins qui pratiqueront des avortements hors-délais. Le gouvernement souhaite supprimer les peines de prison mais n‘exclut pas des sanctions pénales si ces avortements étaient considérés comme des délits ou alors des sanctions civiles ou administratives. Enfin, si le gouvernement veut ouvrir le droit d’avorter aux mineures à partir de 16 ans sans consentement parental, face à la mobilisation de l’Eglise catholique et des associations anti-avortement, il se dit «prêt à discuter».

Avortement : ce que le gouvernement espagnol veut changer

Près de 100 000 personnes manifestaient dimanche 29 mars à Madrid pour s’opposer au projet de loi visant à libéraliser l’avortement en Espagne. Dans ce pays où le poids de l’Eglise catholique est considérable, la législation ne permet d’avorter que dans des cas exceptionnels. Le gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero souhaite que l’IVG soit pleinement légale et encadrée par des délais.

La défense de la famille reste un thème mobilisateur en Espagne. Dimanche 29 mars, 100 000 personnes ont manifesté dans les rues de Madrid pour protester contre le projet de loi de libéralisation de l’avortement. Depuis 1985, la législation espagnole prévoit trois cas pour avorter : le viol , dans un délai maximum de 12 semaines de grossesse, en cas de malformation du fœtus (jusqu’à 22 semaines) et s’il y a «danger pour la santé physique ou psychique de la mère». Selon des chiffres ministériels, c’est sur cette base que 97% des IVG ont été pratiquées en 2007. La Ministre à l’égalité, Bibiana Aído, souhaite en finir avec une double hypocrisie. D’une part, la loi actuelle, souvent considérée, à tort, comme trop stricte permet aux médecins de pratiquer de nombreuses IVG sans délai limite – ce qui explique que des françaises franchissent la frontière pour avorter en Espagne une fois le délai légal dépassé (12 semaines). D’autre part, seuls 2% des IVG sont pratiquées dans des hôpitaux publics où les groupes pro-vie exercent des pressions sur les médecins. Ceux-ci pouvant se déclarer objecteur de conscience par conviction ou par crainte des sanctions en franchissant la limite de la légalité… et certains d’entre-eux, pratiquer des avortements dans des cliniques privées où l’opération est coûteuse.

Normalisation européenne

Le gouvernement Zapatero entend mettre l’accent sur la prévention et l’éducation sexuelle pour pallier à une augmentation éventuelle du nombre d’IVG, une argumentation avancée par les organisations hostiles à l’avortement (HazteOir – « Fais-toi entendre », Derecho a Vivir- «Droit à la Vie», Médicos por la Vida- « Médecins pour la Vie »). En Espagne, environ 112 000 avortements sont pratiqués chaque année ( autour de 200 000 en France). Contre toutes attentes, le projet de l’exécutif n’élargit pas substantiellement le droit à l’avortement, il vise surtout à l’encadrer pour éviter les abus. L’exemple type est celui du Docteur Carlos Morín dont le dossier est en cours d’instruction. Ce gérant de cliniques de Barcelone blanchissait l’argent des nombreuses IVG réalisées dans ses établissements. En passant à une loi règlementant l’avortement avec des délais, et non plus seulement en cas de situations de nécessité particulière, l’Espagne s’aligne sur la plupart des législations européennes en la matière. L’Autriche, la Belgique, la Bulgarie, le Danemark, la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, l’Italie, la Norvège et la Suède règlementent l’IVG avec des délais.

Les mineures en question

Ce que propose le gouvernement espagnol relève d’abord de la symbolique en reconnaissant l’avortement comme un droit des femmes. Mais un droit limité à quatorze semaines de grossesse. Le projet de loi devrait conserver des délais plus amples pour les situations particulières (malformations fœtales, 22 semaines, et grave danger pour la vie de la mère ou risque de santé, délai qui reste à déterminer). L’exécutif doit encore plancher sur des lacunes juridiques. Il devra trancher sur la possibilité de provoquer l’accouchement dans le cas où de graves malformations du fœtus sont détectées au-delà des 22 semaines accordées par la future loi. Reste également à définir les sanctions pour les femmes et les médecins qui pratiqueront des avortements hors-délais. Le gouvernement souhaite supprimer les peines de prison mais n‘exclut pas des sanctions pénales si ces avortements étaient considérés comme des délits ou alors des sanctions civiles ou administratives. Enfin, si le gouvernement veut ouvrir le droit d’avorter aux mineures à partir de 16 ans sans consentement parental, face à la mobilisation de l’Eglise catholique et des associations anti-avortement, il se dit «prêt à discuter».

Montpellier se mobilise largement pour défier Sarkozy

La journée de mobilisation interprofessionnelle du jeudi 29 janvier 2009 a porté ses fruits. L’action coordonnée par huit syndicats a réuni plusieurs centaines de milliers de manifestants aux quatre coins de la France. Avec près de 40 000 participants, Montpellier n’est pas en reste. A journée exceptionnelle, mobilisation exceptionnelle.

Du jamais vu depuis les mouvements anti-CPE. Jeudi 29 janvier 2009, à Montpellier comme dans le reste de la France, la grève générale, à l’appel de huit syndicats, a été très largement suivie. Au niveau national, la CGT avance le chiffre de 2,5 millions de manifestants –contre 1,08 million selon le ministère de l’Intérieur. Des écarts de chiffres parfois étonnants à l’image de Marseille où les organisateurs comptabilisent une foule de 300 000 personnes, alors que la police n’en annonce que 60 000.

En Languedoc-Roussillon, 85 000 personnes sont descendues dans la rue. 30 000 à 50 000 pour la seule ville de Montpellier. Une mobilisation importante pour la région et pour la ville, comparable à celles de 2006 contre le CPE, ou celles d’avril 2002 après l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles.

Un cortège hétéroclite a envahi les rues montpelliéraines de l’esplanade du Peyrou jusqu’au Corum. Le départ donné à 14h30, les derniers participants ont dû patienter près de deux heures avant de commencer à battre le pavé. Tous étaient réunis pour défendre l’emploi, les services publics et le pouvoir d’achat : retraités, personnels hospitaliers, caissières, instituteurs, étudiants… Et même des banquiers ! Secteurs public et privé unis, actifs et chômeurs main dans la main, chacun avait sa raison de revendiquer et tous ont defilé ensemble. Une manifestation qui s’est déroulée dans le calme mais qui n’est, nullement, passée inaperçue.

Réactions au cœur du mouvement

Carine, médecin au Planning familial, est là pour alerter sur la mise en danger de certaines antennes de cette association. L’État va réduire ses aides de plus de 40%. C’est ce qui l’a décidée à rejoindre la mobilisation nationale.


Karine

Des élus aussi battaient le pavé. Le maire de Saint-Roman-de-Codières, commune gardoise, n’apprécie en rien les choix de Nicolas Sarkozy et il le fait savoir. L’une des plus célèbres répliques du Président de la République n’est toujours pas passée, au goût du maire.


Philippe Pibarot

Le personnel du monde hospitalier participait activement à la mobilisation. Très présents dans le cortège, vêtus de leur blouse blanche, ces employés sont en attente de meilleures conditions de travail, et d’une revalorisation des salaires.


Simone

Cette manifestation nationale regroupe des mécontents en tout genre. Certains ont des revendications précises, tandis que d’autres y voient l’occasion de protester contre la politique globale du Gouvernement actuel. C’est le cas de André, retraité de l’aviation civile, affilié à la CGT.


André

Parmi les banderoles sarcastiques, revendicatives ou simplement syndicales, flottent des drapeaux arc-en-ciel. Philippe est là au nom de la Lesbian and Gay Pride, mais surtout au nom de la solidarité et du soutien aux plus démunis.

« Nous sommes tous des palestiniens ! »

Hier, samedi 10 janvier, ils étaient près de 5000 à Montpellier, 10 000 à Lyon, ou encore 30 000 à Paris, à manifester leur soutien au peuple palestinien. Depuis trois semaines, Gaza est à nouveau la cible des bombardements de l’armée israélienne. Le carnage devient insoutenable. A Montpellier, une vingtaine d’associations dont France Palestine Solidarité ou le collectif des musulmans de France, se sont liguées pour exiger l’arrêt du massacre, la levée du blocus, la suspension de tout accord d’association entre l’Europe et Israël, des sanctions contre l’État hébreu, et l’application des résolutions de l’ONU. Un peu partout en France, en guise de solidarité, on entendait chanter ces quelques mots : « Nous sommes tous des palestiniens ! ».

La mobilisation est exceptionnelle. La foule a regroupé des citoyens de toutes confessions au rythme de « Israël assassin, Sarkozy complice« . Des fumigènes sont lancés. Pour Batoule, étudiante à la fac de droit, « La France a voulu rester neutre, mais finalement, son travail trahit une prise de position... ». Micro en main, elle est restée debout sur le camion de l’organisation durant toute la manifestation. Elle n’est pourtant rattachée à aucune association, mais se dit être une simple citoyenne, choquée par cette crise humanitaire sans précédent. « Ce n’est pas une guerre. Une guerre doit opposer deux armées. Là je n’en vois qu’une« .

Une vague humaine envahit le boulevard du jeu de Paume

L’ambiance est électrique. Les pancartes levées au ciel représentent des enfants tués lors des bombardements. A présent, les manifestants scandent un nouveau refrain, toujours plus lugubre : « Enfants de Gaza, enfants de Palestine, c’est l’humanité qu’on assassine« …

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Plongés dans la masse, des mini manifestants s’égosillent aussi, sur les épaules de leur père, ou dans les bras de leur mère, le keffieh bien accroché autour du cou. Certains portent même des pancartes et se laissent happer par les mouvements de la foule.

Gamin au keffieh rouge, en tête du cortège

18h : retour sur la Comédie. Aucun incident n’est à déplorer. Les organisateurs appellent à respecter une minute de silence au nom des 800 personnes tuées en trois semaines. Puis ils remercient la foule. José Luis Moraguès, porte-parole héraultais de la Campagne Civile Internationale pour la Protection du peuple Palestinien est ravi de cet après midi d’hiver. « C’est une manifestation remarquable et exceptionnelle ! Nous sommes deux fois plus nombreux que la dernière fois. Près de 8000 je pense« . Soudain, une prière retentit en arabe, encore en soutien à ce peuple musulman. « Ça, ce n’était pas prévu… » ajoute José. Des regards se croisent, quelque peu inquiets, craignant une interprétation religieuse du conflit… et du mouvement. Il n’y a pourtant aucune ambiguïté ; en ce 10 janvier 2009, sous le soleil de Méditerranée, c’est une bataille politique et solidaire qui se menait de front, près de 3000 km à l’ouest de Gaza.

Jeune homme au drapeau palestinien

A Montpellier, la mobilisation anti-Darcos ne faiblit pas

Depuis le mardi 9 décembre 2008, les mouvements de contestation contre les réformes prévues par Xavier Darcos, ministre de l’Éducation Nationale, se multiplient. A Montpellier, étudiants, enseignants, parents et lycéens se mobilisent pour défendre un modèle d’éducation remis en question par le gouvernement français.

Les manifestations se suivent et ne se ressemblent pas. Une nouvelle fois les réformes de l’Éducation Nationale sont au cœur des débats. A Montpellier vendredi 12 décembre, ce sont les lycéens qui prennent les rênes de la contestation. Près d’un millier d’entre eux se sont mobilisés pour exprimer leur mécontentement devant les grilles des lycées Mermoz et Clémenceau notamment. Le manque d’organisation et la présence d’éléments perturbateurs extérieurs au mouvement ont néanmoins tendu les rapports entre manifestants et forces de l’ordre. Plusieurs altercations éclatent dès le début du rassemblement. Jets d’œufs et poubelles brulées contre bombes lacrymogènes, l’affrontement tourne vite à l’avantage de la police. Ces évènements ont rapidement mit fin au rassemblement, mais l’escalade et la radicalisation du mouvement stigmatise avant tout l’inquiétude des jeunes pour l’avenir de l’éducation en France.

Sifflets et gilets jaunes

Deux jours plus tôt même si l’ambiance est tout autre, la crainte est la même. Mercredi 10 décembre, l’atmosphère est bon enfant dans le cortège. Sifflets à la bouche, casseroles et cuillères en bois à la main, parents, enseignants, étudiants et lycéens étaient particulièrement bruyants. Un gilet jaune sur le dos, comme la plupart des parents d’élèves, Jean-Louis Gély, adjoint aux écoles de la Ville, ironise : « la voiture de l’Éducation Nationale est en panne, on attend la dépanneuse ».

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Dans la plupart des villes de France (Paris, Rennes, Toulouse, Marseille…), la mobilisation à l’appel des principaux syndicats et association de parents d’élèves a été bien suivie. A Montpellier, 2 000 à 3 500 personnes (selon les estimations) ont manifesté de la place du Peyrou à la Comédie.
Outre les 13 500 suppressions de postes dans l’Éducation Nationale prévues pour 2009, les revendications sont multiples. «Nous sommes contre la fermeture des classes dans le primaire, contre la suppression des Rased [réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté], contre les suppressions de postes dans le second degré, contre la réforme des lycées notamment la suppression des SES, contre la dégradation des conditions de travail et la « masterisation » des IUFM », la liste du mécontentement est longue pour Julien Colet, secrétaire de la CGT Éducation 34. Autrement dit, c’est la défense du système éducatif français qui est au centre des préoccupations.

Mardi 9, à la veille de la mobilisation déjà, les parents d’élèves occupaient trois écoles sur quatre autour de Montpellier pour réclamer un investissement supérieur dans l’Éducation. Mardi après-midi, les IUT de la région manifestaient pour protester contre la loi de réforme des universités qui menacerait leur financement. La sanction du directeur de l’école maternelle de Saint-Jean de Védas, Bastien Cazals s’ajoute aux motifs de mobilisation. L’enseignant avait rédigé une lettre à Nicolas Sarkozy pour exprimer son refus de supprimer les Rased et d’appliquer les nouveaux programmes.

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«Nous sommes en résistance»

Au coeur des manifestants, plusieurs élus ont dénoncé la politique du gouvernement. Jean-Louis Gély, venu pour « représenter le soutien de la majorité municipale au mouvement » insiste particulièrement sur la situation des écoles maternelles. « Une menace plane sur cette spécificité française », affirme t-il. « Enfants et parents vont perdre un lieu d’accueil et d’intégration sociale, les enseignants vont devoir faire face à de nouvelles suppressions de postes ». Conséquence : de plus en plus d’enfants en âge d’être scolarisés (3 ans) ne pourront plus être accueillis. Selon Patrick Tolédano, coordinateur académique du SnuiPP (FSU), c’est déjà le cas dans certaines écoles maternelle classées ZEP (zone d’éducation prioritaire). Manifestant également son mécontentement, Jean-Louis Roumegas, élu local et porte-parole national des Verts, rappelle pour sa part que « l’éducation est menacée par des suppressions de poste massive alors que les effectifs augmentent ». « C’est à n’y rien comprendre » conclue t-il.

Mercredi soir, le cortège festif s’est achevé sur un simulacre de vente aux enchères, place de la Comédie. Les manifestants ont procédé en vain à la mise en vente de la laïcité, « pilier de l’ Éducation » ou encore des classes de découvertes. En scandant « nous sommes en résistance dans tous les coins de la France», les manifestants n’entendent pas abandonner la lutte. Prochains rendez-vous: lundi 15 décembre à l’appel des lycéens et jeudi 17 décembre devant l’Inspection Académique pour demander la levée des sanctions contre Bastien Cazals. Toutefois, l’arrivée des congés de noël risque de jeter un coup de froid sur l’élan revendicatif amorcé au début de la semaine.