X-Factor : Première étape à Montpellier

Samedi 6 novembre, devant un hôtel proche de la place de la Comédie, des centaines de candidats patientaient dès 9h pour la présélection du télé-crochet musical X-Factor. Montpellier est une des onze villes étapes du casting de la seconde saison de l’émission de télé-réalité.

Deep Purple en 2010, Deep Purple quand même ?

Le Zénith Sud de Montpellier risque de trembler fort samedi soir, à l’occasion de la venue des pionniers du hard rock : Deep Purple. Mais le groupe n’est plus tout jeune, et certains membres historiques ont quitté le vaisseau. De plus, le billet n’est pas donné. Est-ce grave docteur ?

C’est un événement. La venue d’une telle formation à Montpellier ne peut être qu’un événement. Pour ceux qui n’ont pas vécu sur la même planète ces quarante dernières années, rappelons que Deep Purple, aux côtés de Led Zeppelin et de Black Sabbath, a contribué à l’émergence du hard rock dès le milieu des années 60. En effet, en pleine vague psychédélique, saturer les guitares à fond, monter le son et chanter comme un eunuque n’allaient pas forcément de soi. Eux l’ont faits.

Adulés pour des qualités techniques proches de la virtuosité et pour leur talent d’improvisation, le quintet est entré dans l’histoire de la musique grâce à des disques comme In Rock et Machine Head, ce dernier contenant d’ailleurs l’hymne Smoke on the water. Mêlant l’orgue tantôt classique et tantôt jazz de Jon Lord, les déluges de notes saturées de Ritchie Blackmore à la guitare et la voix parfois suraigüe de Ian Gillan, Deep Purple est sans contestation possible un monument du rock.
Deep Purple

Un billet cher pour un Deep Purple « discount »

Mais il y a une objection de taille : c’était il y a quarante ans tout ça. Et c’est peut-être là que le bas blesse. Car du line up historique ne restent que Ian Gillan, Ian Paice et Roger Glover, respectivement chanteur, batteur et bassiste. Exit Blackmore et Lord, pourtant indispensables au son Deep Purple.
Faut-il pour autant bouder son plaisir ? A pas moins de 45€ la place, on est en droit de se poser la question.

A l’instar des Guns N’Roses qui tournent sans leur guitariste mythique Slash, ou bien de Queen reprenant du service sans Freddy Mercury, Deep Purple fait partie de ces groupes qui, malgré une formation amputée, ont su exploiter la manne financière qu’offrait le renouveau de popularité de leur musique chez les jeunes d’aujourd’hui. A la clé, l’organisation de grandes tournées, parfois sans nouveau disque à défendre, à des prix souvent exorbitants.

Sans doute est-ce mieux que rien. Ce concert donnera l’occasion à des milliers de fans de découvrir Deep Purple sur scène. Et si l’on en croit les critiques glanées ça et sur la toile, la formation semble avoir encore la patate.

Mais la question douloureuse du prix de la culture est ici saillante. Combien de fans n’auront pas les moyens d’assister à cet événement ? Est-il acceptable, en particulier en matière de culture dite alternative, de payer 45€ (minimum) pour un concert ? Non, mais quand la logique commerciale a finalement tout emporté, plus rien n’est surprenant.

Agora des savoirs : la saison est ouverte !

Méditer sur « les valeurs, les sciences et les savoirs ». C’est le pari que se lance, cette année, l’Agora des savoirs montpelliéraine. Mercredi 3 novembre, la philosophe Sylviane Agacinski a ouvert la première conférence publique. Et pour l’occasion, elle a choisi d’aborder la question complexe de « l’inestimable ».

Forte du succès de sa première expérience, la ville de Montpellier remet ça ! L’Agora des savoirs s’offre une seconde saison. Une nouvelle occasion pour les Montpelliérains de rencontrer de grands spécialistes et d’aborder avec eux des thèmes précis, souvent peu traités. Riche de ses intervenants, à l’image de la philosophe Sylviane Agacinski, prestigieuse invitée de la leçon inaugurale, l’initiative culturelle continue ainsi de démocratiser le savoir.
Trois cycles, une trentaine d’intervenants, chercheurs, enseignants, essayistes…Le programme de la manifestation a les atouts nécessaires pour séduire, cette année encore, un large public.

Mais « l’Agora des savoirs a un gros défaut : les femmes y sont sous-représentées ». Conscient des faiblesses de ces rendez-vous culturels, Michaël Delafosse, adjoint au maire délégué à l’action culturelle, veut y remédier. L’invitation de la philosophe Sylviane Agacinski en est le parfait exemple. Spécialiste du rapport entre les sexes et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet (dont le célèbre « Drame des sexes »), elle incarne l’importance de la réflexion féminine.
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« Que voulons nous savoir ? »

Triste constat que celui de la spécialiste lors de l‘ouverture des débats. « Nous vivons dans une époque mal à l’aise avec ses valeurs. » Crise des valeurs ? Entre passion pour l’égalité et crainte des hiérarchies, il semblerait que la notion même de valeur perde sa signification. Elle a été réduite dans nos sociétés à l’intérêt relatif d’un individu. Pour la philosophe, « cette conception de plus en plus subjectiviste et individualiste des valeurs » pourrait s’expliquer par le « manque de reconnaissance commune des valeurs, au sens de ce qu’est l’estime ».

Dans le « monde désenchanté » de Max Weber, cité volontiers par la professeur agrégé de Philosophie, la neutralité scientifique est essentielle. Elle doit faire face aux conflits d’intérêts qui entourent les Hommes. Pour le sociologue allemand, la recherche scientifique serait libre des valeurs, ces dernières se trouvant ailleurs dans la société. Valeur et vérité ? Deux concepts que tout semble opposer.

Cependant, cette hypothèse des sciences neutres et libres, exemptées de valeurs, laisse de côté la question de la finalité du savoir scientifique. Sylviane Agacinski veut mettre l’accent sur l’impossibilité de séparer l’ »avoir » du « vouloir » : « que voulons nous savoir ? La question est souvent éludée pourtant la réponse n’est pas si évidente que cela ». Les connaissances scientifiques correspondent à une recherche précise, à l’utilisation d’une méthode particulière et à la poursuite d’un but singulier.

Or, l’idée de valeur n’est pas dissociable de celle d’orientation : si toute recherche implique une orientation, elle pose inévitablement la valeur de ce qui est recherché. Cette valeur n’est rien d’autre que ce qui est digne d’être recherché. Par syllogisme, si ce qui est recherché est la vérité alors la vérité est une valeur.

La conception technoscientifique, seule vérité possible ?

Cette réflexion complexe ne va pas de soi. De nos jours, la conception technoscientifique est un pilier essentiel, souvent considérée comme l’unique détentrice de la vérité. « Mais est-ce la seule vérité possible ? » La philosophe y voit un certain danger : celui de la relativisation de tout autre point de vue et du renvoi de ces derniers à des conceptions subjectives.
« On fait comme si le regard scientifique était naturel, alors qu’il n’est qu’une possibilité de la vision des choses. » La pratique technoscientifique est une technique mais n’est pas la seule. Trop souvent oubliée, la question de la pluralité des visions du monde apparait primordiale dans le discours philosophique de Sylviane Agacinski.

Après deux heures d’exposé, la brillante philosophe pose à son public admiratif une dernière question. « L’extension de la vérité technoscientifique n’est-elle pas en partie responsable de la dévaluation de toute autre façon de considérer la réalité ? » Une nouvelle réflexion qui laisse aux apprentis philosophes de quoi patienter jusqu’à la prochaine conférence.

« La rançon du succès »

Une première soirée réussie pour l’Agora des savoirs qui a attiré une foule de curieux. Obligeant d’ailleurs les plus téméraires à s’installer dans les escaliers de l’ancien cinéma Rabelais.
Que les assoiffés de savoirs n‘attendent pas le dernier moment pour se rendre aux prochaines conférences. Ces rendez-vous culturels sont très prisés et les places assises y sont chères ! Mais comme Hélène Mandroux, maire de Montpellier, le dit si bien: « c’est la rançon du succès ».

Le programme de l’Agora des savoirs

Open Sud de France, 1/2 finale : Gael Monfils mate Jo-Wilfried Tsonga

Les demi-finales de l’Open Sud de France se sont déroulées ce samedi 30 octobre à l’Arena de Montpellier. Gael Monfils (tête de série N°3), en remportant le duel fratricide 100% français face à Jo-Wilfried Tsonga (N°2), se hisse en finale où il rencontrera le Croate Ivan Ljubicic, ex-numéro 3 mondial, tombeur d’Albert Montanes en deux sets.

Les demi-finales du premier cru de l’Open Sud de France promettaient des affiches alléchantes avec quatre têtes de série au programme et quatre joueurs parmi les 25 premiers au classement mondial.

En guise d’apéritif, le premier match opposait l’Espagnol Albert Montanes à Ivan Ljubicic. Un duel qui tourna très vite court…

Le service, arme majeure d'Ivan Ljubicic Les échanges sont peu nombreux, le Croate sert le plomb et fait le break sur sa deuxième occasion pour mener 5-3. Jamais inquiété sur son service, il enchaîne les points et conclue la première manche sans coup férir six jeux à trois. Le deuxième acte est plus serré et va logiquement jusqu’au tie break. Toujours aussi imperturbable, Ljubicic l’emporte sept points à quatre et disputera la grande finale.

Gael Monfils remporte la bataille

Ce premier match a servi de mise en bouche, car tout l’Arena attend LE duel entre les deux meilleurs joueurs français, Gael Monfils et Jo-Wilfried Tsonga. Le niveau de jeu est d’entrée très enlevé, contrastant avec la première demi-finale. Les deux tricolores ne se lâchent pas et protègent leur service jusqu’au jeu décisif… Un tie break qu’on espérait serré et pourtant… Monfils prend vite les devants (5-0) et remporte le premier set (7-6).

Monfils a su rester concentré

JWT semble sonné mais sauve plusieurs balles de break d’entrée de deuxième manche. Monfils baisse de rythme, concède deux fois son engagement ainsi que le deuxième set (2-6). Le public de l’Arena est ravi, le spectacle est au rendez-vous avec un troisième set à disputer. Sûr de sa force face à un Tsonga qui baisse physiquement, Monfils break en début de set, ne lâche pas l’étreinte et conclut sous les acclamations du public montpelliérain (6-4).

Monfils et Tsonga à la fin du match
Grâce à ce succès, Monfils se retrouve en finale, mais le match reste avant tout une bonne nouvelle pour l’équipe de France à un mois de la finale de la Coupe Davis face à la Serbie. Tsonga, de retour de blessure depuis peu, retrouve ses sensations, tandis que Monfils confirme ses bonnes dispositions après son 1/4 de finale à l’US Open et sa finale à Tokyo. Le public ne s’y trompe, des « Allez les Bleus » descendent des tribunes… le compte à rebours peut commencer !

Guillaume DE STORDEUR

Open Sud de France : jeu, set et match à Montpellier

C’est parti pour les premiers coups de raquette ! L’Open Sud de France de tennis a démarré ce lundi 25 octobre et va animer l’Arena de Montpellier jusqu’au dimanche 31 ! Un premier tournoi dans la cité héraultaise où tous les cadors français ont répondu présent à un peu plus d’un mois de la grande finale de Coupe Davis face à la Serbie.

Montpellier, ville de sport, n’avait pour l’heure pas de tournoi de tennis à la hauteur de son standing. Anomalie réparée grâce à la grande salle de l’Arena (7.500 places en configuration « tennis ») qui permet d’accueillir une compétition d’envergure mondiale. En remplacement du tournoi de Lyon, la cité languedocienne accueille donc cette année (et ce pour 5 ans minimum), pour la première fois, un ATP « 250 », soit la quatrième catégorie après les Grands Chelems (Roland Garros, Wimbledon…), les Masters 1000, ex Master Series (Paris-Bercy par exemple), et les tournois 500.

Dans un contexte compliqué, avec la concurrence cette semaine des tournois de Vienne et St-Pétersbourg, ainsi que la fatigue accumulée par les joueurs, difficile pour l’Open d’accueillir les grandes vedettes. Comme souvent lors des compétitions dans l’Hexagone, les Français n’ont néanmoins pas boudé leur plaisir de jouer à domicile.
Ainsi, le tableau de 28 joueurs compte près de 50% de joueurs tricolores (12 sur 28), dont trois têtes de série.

Objectif Coupe Davis dans le viseur

Au niveau des Frenchies le gratin est donc présent. L’objectif, se jauger et se montrer à un mois à peine de la finale de la Coupe Davis face à la Serbie à Belgrade (3 au 5 décembre 2010). Ainsi, Jo-Wilfried Tsonga et Gael Monfils sont les joueurs à suivre de près (respectivement têtes de série 2 et 3).

Derrière, une meute de prétendants est à leurs basques, avec en première ligne le régional de l’étape, le biterrois Richard Gasquet (N°7) qui aura à coeur de réussir devant ses supporters. Autres Tricolores engagés, Gilles Simon, Michael Llodra ou encore Florent Serra qui devront démontrer un bon état de forme pour prétendre être dans le groupe face aux Serbes.
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Un tournoi trop franco-français ? La réponse est oui, même si les organisateurs ont réussi à dégoter quelques « noms » internationaux comme le Russe Nikolai Davydenko (tête de série N°1), l’Argentin David Nalbandian ou encore le géant Américain John Isner (N°5).

La victoire finale semble donc promise à un Français pour ne pas gâcher la fête, reste à savoir qui va brandir le trophée dimanche après-midi !

Les premiers résultats : Gasquet OK, Clément KO

Ce lundi voyait la fin des qualifications mais aussi trois matchs du premier tour avec autant de Français engagés. Dans un match à sa portée, Roger-Vasselin s’est incliné contre Federico Gil. De son côté, Arnaud Clément n’a rien pu faire face au 26ème mondial, Albert Montanes. L’héraultais Richard Gasquet sauve l’honneur avec une victoire poussive contre le modeste allemand Reister.
LES RÉSULTATS :

* GIL (POR) bat ROGER-VASSELIN (FRA) 6-4 ; 2-6 ; 7-5

* MONTANES (N°6, ESP) bat CLÉMENT (FRA) 6-4 ; 6-4

* GASQUET (N°7, FRA) bat REISTER (ALL) 6-7 ; 6-3 ; 6-3

La journée de mardi verra notamment l’entrée en lice de Michael Llodra face au belge Olivier Rochus.

Pour tous les amateurs de tennis, restez branchés sur Hautcourant qui suivra les demi-finales du tournoi samedi 30 octobre en direct depuis l’Arena !

L’homme et la rue: une brève histoire de passage

L’exposition ‘‘Soit dit en Passant’’ organisée par les étudiants en Master 2 Conservation, gestion et diffusion des œuvres d’art des XXe et XXIe siècles de l’université Paul-Valéry s’est ouverte ce mercredi 20 octobre dans les locaux du Fond Régional d’Art Contemporain. Une invitation à se regarder vivre dans la ville.

À l’image du thème du passage, de la déambulation, de l’anonymat que la ville procure au passant, l’exposition se visite comme l’on se promènerait dans les rues d’une métropole. Le badaud, l’homme pressé, le touriste, le manifestant, l’habitant, tous ces personnages que l’on croise tous les jours sans les remarquer sont à l’honneur, mis en valeur comme si les onze artistes représentés voulaient rendre un hommage à ceux qui font vivre et respirer le labyrinthe étroit, étouffant et impersonnel qu’est la rue.

JL Moulène

Le citadin et le quotidien

Des artères de New York filmées en monochrome par Cristian Alexa aux portes sacrées de Kyoto mises en valeur par Audrey Martin en passant par les photos volées aux anonymes urbains de Jean-Luc Moulène, aucun détail n’est omis. Refusant les stéréotypes, traquant l’insolite et le banal, cette exposition porte un regard à la fois critique et romantique sur ce qu’est le quotidien d’un citadin.

‘‘Soit dit en passant’’, c’est aussi la mise en exergue d’un certain réel, en total accord avec notre monde contemporain. Un univers où tout se transforme en un éclair, où l’information se transmet vite, où chacun est pressé, où l’impatience est de mise. Les étudiants de Paul Valéry proposent là une plongée réussie dans un quotidien connu mais ignoré, pratiqué individuellement mais vécu collectivement. Vaste thème qui saura toucher tous les useurs de bitume.

La rue continue à se mobiliser dans Montpellier

Face à l’inflexibilité du gouvernement, les manifestants ont continué à scander leurs revendications contre la loi sur les retraites, ce mardi 19 octobre dans les rues de Montpellier malgré cette sixième semaine de mouvement.

A l’approche du vote de la loi sur les retraites par le Sénat prévu avant la fin de la semaine, de la réunion intersyndicale de jeudi et du début des vacances scolaires, les opposants au projet de loi ont battu le pavé tout l’après midi sous un soleil radieux. Devant cette solidarité de façade, les syndicats n’ont pas exprimé un essoufflement, mais des doutes quant à la durée possible du mouvement.

Des syndicats déterminés, d’autres incertains

Nicolas Sarkozy a répété le soir même que « le gouvernement ne cédera pas face à la rue» devant les caméras présentes lors de son déplacement à Deauville. Il est clair que la stratégie gouvernementale est d’attendre les vacances scolaires afin que le mouvement s’essouffle. Mais c’est sans compter sur la détermination des syndicats tels que la CGT, notamment un de ses adhérents, Paul, rappelle que si « les routiers s’y mettent, cela peut encore se durcir ». Cependant, pour lui l’avenir du mouvement est incertain. Dans une autre mesure, le responsable départemental de la CFDT, Jacques Hartiers, a prôné « une ouverture des négociations pour qu’on puisse mettre en place une vraie réforme sur les retraites. » Enfin pour Patrick qui est représentant du Syndicat National de l’environnement, « le mouvement ne va pas s’essouffler, tout le monde n’est pas au rythme des vacances scolaires ». Les points de vue sont différents mais ils expriment dans l’ensemble, une détermination dans la volonté de continuer le mouvement. A noter quand même, que la Confédération Générale des Cadres (CGC) , qui est un syndicat réformiste exprime des doutes sur une efficacité réelle à prolonger les manifestations.

A côté de cette diversité dans les positions syndicales qui pourraient déséquilibrer le rapport de force entre les acteurs sociaux et les membres du gouvernement, les lycéens montpelliérains ont une nouvelle fois exprimé leurs revendications avec détermination. Les étudiants, de leur côté étaient peu présents. Cependant, l’université Paul Valéry a décidé sa fermeture administrative jusqu’à lundi. Suite aux nombreuses surprises survenues lors de ces dernières semaines de mouvement tel que la mobilisation des lycéens, rien n’est encore gagné pour le gouvernement si d’autres forces de contestations prennent le relai dans les réflexions et actions contre ce projet de loi qui fait tant polémique.

Montpellier : blocus des lycées, poubelles retirées

Depuis 6 jours, les lycéens barrent l’entrée des établissements pour protester contre la réforme des retraites. Aujourd’hui, suite à des interventions de la police, Mermoz et Clémenceau ont ouvert à nouveau.

Ce matin, par un froid glacial, les lycéens de Joffre maintiennent toujours leur barrage du haut de leurs poubelles. En place depuis jeudi 14 octobre, son fonctionnement est simple, en accord avec le proviseur : seuls les élèves de prépa et les collégiens peuvent pénétrer dans l’établissement. Malgré cette organisation, la police a, ce matin, tenté d’intervenir. « Quand on est arrivé à 6h30, toutes les poubelles qui nous servaient à bloquer l’entrée avaient été déplacées », raconte Anaïs, 17 ans, élève en terminale. Elle et quelques uns de ses camarades sont postés devant l’entrée du collège alors que le reste se trouve devant les portes du lycée. Ils sont accompagnés par le chef d’établissement du collège, François Chamorin qui explique qu’il est « là pour rassurer les parents et veiller à ce que tout se déroule sans incident. »
Côté prof, les réactions sont diverses. Certains soutiennent le mouvement et comptent participer à la manifestation de cette après-midi alors que d’autres viennent chercher les lycéens sur le parvis du collège pour les ramener en cours.

Des blocages en péril

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Mais les lycéens ont d’autres problèmes à gérer. « Vendredi, les casseurs ont fait le tour des lycées, se souvient Ornella, 16 ans. On pensait les arrêter mais ils sont arrivés vite donc on est parti en courant. Nous sommes revenus pour éteindre les feux de poubelles avec nos bouteilles d’eau. »
Certains d’entre eux ont leur propre interprétation du retrait des poubelles. Selon Damien, 17 ans, « sans les poubelles, le mouvement est affaibli. Parce qu’on a beau faire une chaîne humaine, quand la manif va commencer, on va tous partir là-bas, et plus personne ne sera sur place pour bloquer. »
Pendant qu’ils font le récit de leur mouvement, ils reçoivent par texto des nouvelles de leurs camarades des autres lycées. Mermoz et Clémenceau sont tombés, les blocus sont menacés.

L’image d’un Hérault tout feu tout flamme

Hier après-midi, lundi 30 août, plusieurs incendies se sont déclarés dans l’Hérault. Aujourd’hui, le feu a parcouru environ 2.000 à 3.000 hectares de végétation au nord de Montpellier et l’a ravagé. A l’heure actuelle, les incendies sont contenus. Cependant, les pompiers interrogés restent prudents quant à l’évolution du feu. Hautcourant présente ici un reportage photographique des premières heures des incendies.

Jean Moulin, une mémoire en héritage

A l’occasion du 70e anniversaire de l’appel du 18 juin 1940 lancé par le Général de Gaulle sur les ondes de la BBC, Hautcourant est allé à la rencontre de Cécile Benoit, petite-nièce de Jean Moulin, et de son époux Gilbert. Ils nous racontent le riche héritage que leur célèbre aïeul a laissé à la France. L’héritage de celui qui incarne aujourd’hui, aux yeux de tous, la Résistance française.

C’est avec beaucoup d’humilité, mêlée à une certaine fierté, que Cécile Benoît évoque la mémoire de son illustre ancêtre. Plusieurs générations la séparent de la destinée de Jean Moulin, son arrière-grand-oncle qui a joué un rôle considérable dans l’unification des mouvements de Résistance et dans la création, en 1943, du Conseil National de la Résistance. C’est d’ailleurs principalement pour rappeler l’importance des mesures prises par cet organe pour l’avenir de la France que Cécile et Gilbert Benoît acceptent de témoigner.

Comment avez-vous appris à connaître Jean Moulin ?

Cécile : Mes tantes m’en ont beaucoup parlé… Elles ont gardé de lui des souvenirs d’enfance qui, en fait, ne correspondent pas à son engagement dans la Résistance : la mémoire de promenades en vélo par exemple… De sa période de résistant, elles n’ont le souvenir que de petits épisodes.

Gilbert : Vu de l’extérieur, c’est un personnage qui a compté et qui compte beaucoup dans la famille. De nombreux documents, photographies, ont été conservés. Le père de Jean Moulin, homme politique et homme d’art, était un intellectuel qui a conservé beaucoup de souvenirs.

Cécile : Je l’ai donc découvert à travers tous ces souvenirs… Nous avons aussi gardé la maison de Saint-Andiol où Jean Moulin a passé de nombreuses vacances.

Il avait des racines dans la région…

Gilbert : Il était né à Béziers un peu par hasard, à cause des obligations professionnelles de ses parents. Il a ensuite fait son Droit à Montpellier et a travaillé à la préfecture. Mais, le berceau familial du côté de sa mère était surtout la Provence et Saint-Andiol. Il avait un attachement très fort pour cette région.

Parlez-vous souvent de lui en famille ?

Cécile : Pas tant que cela. Nous en parlons surtout au moment des commémorations. Notamment celle du 27 mai, qui rappelle la première réunion du Conseil nationale de la Résistance (CNR), et qui a lieu chaque année au Mémorial régional de Salon de Provence.

Pourquoi le commémorer ce jour-là particulièrement ?

Cécile : C’est une date importante pour tout ce qu’il représente, l’acte principal qui l’a fait connaître. C’est à Moulin que l’on doit l’idée de réunir au sein d’une même entité les résistants, les partis politiques d’avant 39, les syndicats, pour préparer la France d’après-guerre.

Gilbert : Chose qui n’a pas été facile vu que les anciens partis politiques étaient considérés par les mouvements de résistance comme les responsables de la Défaite. Moulin incarne alors l’unité de la Résistance, et c’est pour cela qu’il restera célèbre tout de suite après le conflit. C’est grâce au CNR et à cette action-là que la France, à la fin de la guerre, n’a pas été mise sous la tutelle des Américains ou des Anglais.

A-t-il entendu l’appel du 18 juin 1940 ?

Gilbert : Non. Son premier acte de résistance a eu lieu la veille, le 17 juin. A l’arrivée des Allemands, il était préfet de Chartres. Ces derniers ont voulu lui faire signer un document dans lequel il était dit que l’armée française, et en particulier les tirailleurs sénégalais, avait commis des atrocités. Il a refusé. On l’a alors enfermé avec des corps de femmes mutilés. De peur de devoir signer sous la contrainte, il a tenté de se suicider. Après quelques mois, il a été révoqué par le gouvernement de Vichy. Il s’est alors retiré en Provence… et à commencer à agir.

Pourquoi a-t-il rejoint le général de Gaulle à Londres s’il n’a pas entendu l’appel ?

Gilbert : Il en a eu connaissance après. Et surtout parce que le Général de Gaulle a été vite perçu comme un rassembleur.

Pensez-vous que Montpellier, ou la région, s’impliquent suffisamment dans l’entretien de la mémoire de Moulin ?

Cécile : A Montpellier, non. Alors-même que la photo qui a fait la légende de Jean Moulin, avec l’écharpe et le chapeau, a été prise ici, aux Arceaux…

Gilbert : Dans la région, le musée des Beaux-Arts de Béziers conserve ses dessins et des œuvres qu’il avait acheté. Elles ont été données par sa sœur. D’autres villes comme Bordeaux et Paris ont des mémoriaux. Montpellier s’en tient à deux plaques, posées sur les murs de la ville, qui rappellent qu’il y a vécu.

A titre personnel, vous impliquez-vous dans son souvenir ?

Cécile : Mes tantes ont beaucoup représenté notre famille aux différentes manifestations. Avec le temps, nous nous sommes investis davantage, notamment avec le comité Jean Moulin de Salon de Provence. Depuis quelques années, on a prit conscience qu’il fallait perpétuer le souvenir de son action au sein du CNR. C’est devenu une nécessité. Sa sœur Laure, elle, lui a consacré sa vie entière. D’abord à le rechercher, puis à entretenir son souvenir.

La France d’aujourd’hui a-t-elle une reconnaissance suffisante à l’égard des résistants ?

Cécile : En dehors des commémorations, finalement, on parle assez peu d’eux. A l’école, l’Histoire permet aux jeunes de comprendre l’importance de leurs engagements. Le concours de la Résistance, proposé au collège, a une vraie valeur pédagogique, hors de toute considération politique.

En 2004, plusieurs résistants, dont les Aubrac, ont lancé un appel pour les générations futures, pour que l’héritage qu’ils ont laissé ne disparaisse pas. Pensez-vous que Jean Moulin aurait signé cet appel ?

Cécile : C’est certain. Tout l’héritage du CNR est en train de partir en déliquescence. Il faut le faire connaître.

Gilbert : Cet appel est passé inaperçu. Pour nous, le plus important est que l’on se souvienne de l’héritage du CNR, de tout ce que l’on doit à Jean Moulin, en matière sociale notamment.

L’hommage aux Justes de France est venu assez tardivement, parce que beaucoup de ceux qui auraient pu témoigner étaient restés dans la pudeur. La Seconde Guerre Mondiale a-t-elle encore des héros oubliés ?

Cécile : Le mémorial Jean Moulin à Paris a rendu hommage, pour la dernière journée de la femme, aux résistantes, avec un colloque sur le rôle des femmes dans la Résistance. Trop longtemps, leur importance était restée sous silence.

Seriez-vous prêts à vous impliquer davantage dans le souvenir de Moulin ?

Gilbert : Nous refusons de trop entrer dans l’historique, parce que nous n’en avons pas les capacités et que nous laissons ça aux spécialistes. Nous parlons avec nos enfants du rôle si fort qu’il a eu, et du fait qu’il ait saisi le sens de son devoir.

Cécile : Si nous étions plus sollicités, peut-être que nous interviendrions plus. Mais nous tenons absolument à rester dans la discrétion, pour que le souvenir de Jean Moulin ne soit lié à personne.

Recueilli par Alexis Cuvillier et Julie Derache