Interview Labess – Nedjim Bouizzoul, des années noires à l’exil

Dans le cadre du Tartine Festival, organisé à Chambery du 19 au 21 novembre 2015, la salle de spectacle Le Scarabée accueillait le groupe Labess. Nous avons rencontré le chanteur algérien Nedjim Bouizzoul, exilé au Canada après la décennie noire qui a touché l’Algérie dans les années 90. L’occasion de rappeler que le terrorisme n’est pas un phénomène nouveau.

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CULTURE – Lancement de la 10e édition du festival 34 Tours

Le festival 34 Tours lance sa 10e édition! Les vendredi 14 et samedi 15 novembre, la scène Victoire 2 de St Jean de Védas accueille le nouveau fleuron de musique actuelle de l’Hérault. Julien Fortier (chanson pop) et Perfect Hand Crew (hip hop) se produiront ainsi en première partie des concerts programmés ce week-end.

34 Tours constitue un dispositif de soutien aux groupes de musiques actuelles du département. Menée par Hérault Musique Danse, cette opération tend à favoriser la professionnalisation des artistes locaux, par le biais d’un développement scénique et d’une structuration de projet professionnel.

Les deux prétendants, sélectionnés par un jury de professionnels, ont bénéficié d’une formation scénique et théorique, avec le soutien technique de l’équipe de Victoire 2, ainsi que d’un accompagnement personnalisé dans leur projet professionnel; un suivi qui abouti à leur programmation sur le festival.

L’année précédente, 34 Tours aura notamment révélé Heart of wolves, plus connu sous le nom de Jabberwocky.

CULTURE – Hommage à Georges Brassens pour les 50 ans de « Les copains d’abord »

Il ya 50 ans, Georges Brassens chantait Les copains d’abord. Cet hymne à l’amitié du chanteur sétois, écrit à l’origine pour le film d’Yves Robert Les copains (1965), fait partie des chansons les plus connues de son répertoire.

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La ville de Sète célèbre ces noces d’or en organisant un flashmob. Elle invite le plus grand nombre à venir chanter Les copains d’abord dans une ambiance conviviale, samedi 8 novembre sur la place de la mairie. Cette manifestation en hommage à Georges Brassens se déroulera en présence de son petit cousin, Bruno Garnier, également chanteur.

Le Trio Joubran : une symphonie venue de Palestine

Pour célébrer leurs 10 ans de carrière, le trio Joubran était au rendez-vous! Un concert événement s’est tenu le 3 octobre dernier au théâtre Jean-Claude Carrière du domaine d’Ô à Montpellier, dans le cadre de leur tournée ASFAR.

« Ce sont de véritables virtuoses ! » pouvait-on entendre sur le parvis du théâtre Jean-Claude Carrière, à la sortie du concert. Ou bien encore: « le percussionniste est tout simplement époustouflant ! » s’exclamait une dame aux bras de son mari, lui aussi tombé sous le charme d’une symphonie venue de Palestine. « Quand ils jouent tous les trois en symbiose sur le même instrument, c’est magique et cela démontre leur grande maîtrise de leur art ! » s’enthousiasmait une jeune étudiante algérienne.

Les compliments pleuvent et les louanges dithyrambiques ne manquent pas pour décrire le ressenti du public à la fin du spectacle. Il faut bien reconnaître que les frères Joubran, car c’est bien d’une histoire de famille dont il s’agit, Samir, Wissam, Adnam et leur percussionniste Youssef Hbeisch se sont entièrement donnés à leur public, venu en nombre les applaudir (la salle affichait complet depuis bien longtemps déjà !). La fratrie de Palestine aura su prendre du plaisir autant qu’elle en a partagé, jusqu’à revenir sur scène après un énième rappel, quand bien même certains auront quitté la salle, croyant que le spectacle était terminé et le rideau tombé !

Issus d’une famille, qui, depuis quatre générations est intimement liée au oud, les frères palestiniens ont su façonner leur singularité et leur identité musicale par leur travail et leur passion démesurée. C’est Wissam le cadet qui, à l’instar de son père, suit la tradition des maîtres luthiers en fabriquant et en personnalisant lui-même les ouds du groupe, pour que chacun des membres soit en parfaite harmonie avec son instrument, allant même considérer qu’ils sont six frères sur scène (eux-mêmes et leurs instruments). Sans doute sont-ils à ce jour sur la scène internationale les plus dignes représentants de cet emblématique cordophone du Moyen-Orient et du Maghreb.

Mêlant passion et maîtrise de leur art, il s’échappe de leur musique une authenticité, une sincérité et un vent de liberté comme un témoignage profond et engagé pour un message de paix. D’ailleurs, comment peuvent-ils passer outre la situation conflictuelle de cette région du monde quand leurs origines les renvoient sans cesse à leurs propres interrogations et inquiétudes ? Difficile alors d’échapper, entre deux mélodies orientales, à quelques douces paroles honnêtes d’émotions, de tolérance et de respect des peuples, prononcées dans la langue de Shakespeare… comme un symbole.

Il est difficile de rester insensible devant l’élégance de ces hommes et de leur musique, devant leur virtuosité à manier l’oud. Écouter le trio Joubran c’est être envouté par une poésie lyrique. On ne « boit » pas les paroles d’un poète mais les accords harmonieux de musiciens venus d’une terre trop souvent meurtrie et qui veut revendiquer sur la scène internationale son histoire et ses traditions, son art et sa culture. Et de conclure, merci les artistes pour cette rencontre et ce voyage !

Et si c’est avec désolation que vous n’avez pu assister à cette représentation ou que ces quelques mots vous ont donné l’envie de les découvrir… pas de panique ! Une seconde chance s’offre à vous pour venir savourer cette musique venue d’ailleurs puisque l’envoûtant et talentueux trio Joubran sera au théâtre de la mer, à Sète, le premier avril prochain.

K-In Actu

Les membres de l’équipe d’Haut Courant animent l’émission K-In Actu en collaboration avec Kaïna TV.

Au programme du 22 janvier 2013 :

Reportage sur les emplois sous contrat d’avenir – Jordane Burnot, Clothilde Dorieux, Marion Genevoix, Coralie Pierre

Interview de Sébastien Clausier, responsable de la crèche Zébulon et employeur d’une jeune sous contrat d’avenir

Le Rapporteur: Entretien avec Monotov – Richard Lacroix, Simon Robert

Chronique Cinéma – Coline Chavaroche

Chronique Viens dans mon quartier – Lucie Lecherbonnier

Présentation: Coralie Pierre, Simon Robert


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DJ Yas : « La musique ce n’est pas un sprint, c’est une course de fond »

Le 9 février prochain, les amateurs de hip-hop auront le plaisir d’assister à l’ouverture du nouveau night club de Montpellier : Back to basic, La Luna. Après avoir révolutionné le monde des nuits hip-hop, avec la soirée back to basic en 2012, DJ Yas revient accompagné de son collectif Wone Crew DJ Yas pour enflammer les soirées montpelliéraines. L’artiste aux multiples talents continue son ascension vers le succès.

Samedi 19 janvier 2013, 1h30 du matin, à la boite de nuit Le Circus de Béziers. DJ Yas, de son vrai nom Yassine, est derrière les platines, enchaînant les derniers tubes hip-hop, RnB, soul, funk, ragga, dancehall… Les fêtards sont venus nombreux écouter et se déhancher sur la musique de leur DJ préféré. De Montpellier à Pau, en passant par le Havre, Bordeaux ou encore Valence, on ne présente plus ce petit prodige des platines. Très prisé par les clubs, le jeune homme garde les pieds sur terre malgré son succès : «La musique ce n’est pas un sprint, c’est une course de fond. C’est une passion mais je préfère rester à mon niveau et durer dans le temps plutôt que d’exploser sur le marché et redescendre brutalement. A Paris, les DJ sont nombreux et c’est la guerre pour faire sa place.» L’artiste n’a pas de quoi rougir. Sa place, il l’a déjà faite, notamment grâce à ses collaborations prestigieuses avec des artistes tels que : Soprano, Booba, 113, Zaho, Sefyu, Iam, l’Algérino, Sexion d’Assaut, Ryan Leslie et bien d’autres. Mais ses expériences les plus marquantes, il les partage avec ses modèles : DJ Abdel, DJ Kut Killer et le rappeur américain Redman : «Un jour DJ Abdel a assisté à une de mes prestations et a salué mon travail par un clin d’œil. Ce fut un très beau moment» confie DJ Yas. Son succès, l’artiste, le doit avant tout à sa volonté : «Quand tu aimes quelque chose, il faut s’accrocher et être sérieux pour pouvoir en vivre» ajoute le DJ. Personnage introverti et réservé dans la vie, le jeune homme s’exprime à travers ses passions : la musique et le foot.

De la rue vers le succès

Enfant de la DDASS, DJ Yas débute sa carrière à l’âge de 18 ans en animant des petites soirées. Amoureux du scratch, il manie les platines avec talent. Le jeune homme enchaîne très vite les collaborations avec les rappeurs du moment tel que : 113 et Iam. En 2001, il fonde son collectif Wone Crew DJ Yas à l’âge de 23 ans. Le jeune DJ fait ses armes dans les boites de nuit de la région et combine son goût pour la musique avec sa passion du foot. Son poste de gardien de but dans l’équipe de Saint-Chinian (34), lui permet de «remplir le frigo» confie l’artiste. Le DJ finit par se consacrer entièrement à la musique et devient résident du premier club de HipHop et Rnb de France, Le MayBack de Montpellier. Le public est au rendez-vous. Pendant presque 4 ans, DJ Yas anime la boite de nuit mettant à l’honneur les danses urbaines. Aujourd’hui le DJ, qu’on ne présente plus, fait bouger les plus grands clubs français. L’artiste s’est lancé dans la production et collabore sur une compilation, en téléchargement gratuit, avec DJ Hcue, du groupe de rap trés prisé du moment, Sexion d’Assaut.

L’émission Live Kingz cartonne sur les ondes Biterroise

Tous les lundis de 20h à 21h, DJ Yas investit les ondes de la radio locale biterroise, Peinard Skyrock (100.0), avec son émission Live Kingz[[A écouter sur HTTP://www.radiopeinardskyrock.com]]. Le jeune artiste souhaite avant tout faire le show et partager des nouveaux sons avec son public : «Grâce à mes collaborations avec des labels américains comme DJ Works, je reçois des exclusivités que je retravaille.» Une collaboration avec la radio locale qui dure depuis 13 ans et qui a largement contribué à sa notoriété. Le DJ invite les artistes urbains français et internationaux à venir faire leur promotion à chaque sortie d’albums. DJ Yas, dont les talents de scratch et autres disciplines des platines, ne sont plus à prouver, a su se faire une place dans le monde impitoyable de la nuit. DJ Yas, une ascension vers le succès à suivre…

Lucas : fabuleux narrateur en devenir

Samedi 15 décembre, le groupe rhônalpin de chanson française, Fabula Narratur était en concert à Saint-Genis-Laval (69) pour lancer son deuxième album « Quelque chose à propos de vous ». Lucas est l’un des fondateurs du groupe. Accompagné de ses deux acolytes, il écrit, chante et joue ses textes. Alors qu’il ne l’avait pas prévu, il semble aujourd’hui décidé à se réaliser pleinement dans l’univers de la musique.

Lucas a 22 ans. Depuis trois ans, il écrit des chansons pour son groupe Fabula Narratur. Dans ses textes, chaque jeu de mots, chaque rime a un sens. Il aime prendre le temps de bien les choisir. Les cheveux courts, propre sur lui – mais les oreilles percées – il s’exprime calmement d’une voix douce. Son sourire, son regard malicieux et son optimisme, invitent son interlocuteur à l’écouter et à l’apprécier. Dans son groupe de musique, sa participation ne se limite pas à l’écriture : il chante aussi et joue de la guitare. Et même si les rôles ne sont pas fixes dans le trio, c’est lui qui écrit 80 % des textes. « C’est ce qui me passionne le plus », dit-il le sourire aux lèvres. Il n’écrit pas un seul texte de la même façon. Certaines chansons sont écrites d’un jet : « lorsque j’en ai gros sur le cœur, je me pose et j’écris ». Mais le plus souvent, Lucas choisi d’abord un titre : une expression ou une citation qui sonne bien à son oreille. Puis, indique-t-il, « je réfléchis à des formules qui y font référence et l’écriture avance petit à petit. Par exemple, pour la chanson ‘‘Tant qu’il est encore temps’’, je me suis inspiré d’un tag : ‘‘nique le système tant qu’il est encore temps’’ vu sur un mur, près de la gare d’Oullins. Mais j’ai préféré garder qu’une partie » dit-il en riant. Une fois le titre choisi, il a fouillé le champ lexical du « temps » et a sélectionné ses mots. Ce titre lui plait particulièrement parce qu’il peut être compris à des degrés différents. « J’aime faire des textes avec deux niveaux de lecture. Ils sont compréhensibles et sympas au premier degré mais ils prennent un tout autre sens au second degré ».

« Chaque chanson a un style qui lui est propre »

Son style est emprunté à des univers très variés. Les influences peuvent aller, pour certaines chansons, des textes du groupe Kyo – « mais pas la musique » insiste-t-il vivement, au rythmes du jazz manouche, pour d’autres titres. Il s’inspire beaucoup de Benoit Dorémus, Debout sur le zinc, Aldebert, Noir Désir mais aussi Brel, Brassens, Barbara. La plupart du temps, le ton est humoristique. Le style varie d’un titre à l’autre. C’est d’ailleurs ce qui fait la richesse de ces paroles bien acerbes pour un jeune garçon au style vestimentaire très classique.

Un groupe en plein développement

Il porte le groupe depuis sa création en 2009. Alors qu’il ne sait pas jouer de la guitare et n’a aucune expérience, il décide avec deux copains de lycée, Florian et Bertrand, de créer un groupe. Sans vraiment savoir quelle direction ils vont prendre, ils se réunissent au soir du 6 août et écrivent leur première chanson. « On la joue encore en concert d’ailleurs. » Bertrand compose la musique une fois que les textes sont prêts. Adeline est arrivée deux ans plus tard, juste avant que Florian ne parte. Les choses se sont accélérées à la sortie de leur premier album « Le sens de la formule » en décembre 2011. Deux jours après le dernier concert réunissant les quatre membres du groupe, ils ont gagné le prix du jury au tremplin découverte d’ « A thou bout d’chant » (association culturelle de la région Rhône-Alpes). « Ça a été pour nous la première reconnaissance professionnelle » indique fièrement Lucas. « Après ça, on a fait plein de concerts dans des bars et des salles de Lyon et Sainté, comme Le Fil, par exemple. » Grâce à ce prix, ils ont pu enregistrer en studio trois titres du deuxième album « Quelque chose à propos de vous ». Les treize autres chansons qui y figurent ont été enregistrées en quatre jours dans une maison perdue aux fins fonds de la Loire avec le matériel d’un ami, Hugo Benin, fils du chanteur Morice Benin.

« Je ne ferai pas ça toute ma vie »

Destinée à n’être qu’un loisir, c’est devenu une activité « presque professionnelle ». « Quand on a commencé, je ne m’imaginais pas du tout faire ça. Même après le premier concert, je ne réalisais pas vraiment. » Encore aujourd’hui, il dit seulement profiter de ses jeunes années. Pourtant, à l’entendre parler du futur de « Fabula », les choses semblent bien parties pour durer. Le futur du groupe est assez incertain mais les projets sont là. Grâce à ses études, une licence professionnelle en communication et commercialisation de produits culturels option « industrie du disque/spectacle vivant », il est prêt à se lancer. « Maintenant, affirme-t-il, je sais comment ça fonctionne. J’ai moins peur. Je me suis rendu compte que c’est possible de rentrer dans ce milieu. En fait, il existe tout un écosystème, ça n’est pas juste fait pour les quelques artistes qu’on entend à la radio. » Plus que motivé, il se consacrera entièrement à son activité musicale l’année prochaine. Mais il sait que pour avancer, le groupe doit se confronter à des avis professionnels et rendre sa musique plus « commercialisable », même s’il déteste ce mot. « Il nous faut rentrer dans la norme de qualité de ce qu’on entend à la radio et ce qui se fait. Mais sans basculer bien sûr vers ce que font les Christophe Maé et autres Grégoire ! » Peut être réussira-t-il à laisser une trace, laisser son nom quelque part pour ne pas qu’on l’efface après le grand départ, comme il l’espère dans « Conjecture », un des textes qu’il préfère.

« Sugar Man » : à la recherche de Sixto Rodriguez

Sixto Rodriguez, c’est le soldat inconnu de la folk américaine des seventies. Il est le protagoniste de Sugar man, le premier documentaire de Malik Bendjelloul, en ce moment à l’affiche.

Sugar Man, enquête musico-journalistique de Malik Bendjelloul, revient sur le parcours d’un musicien atypique, né dans les années quarante à Détroit : Sixto Rodriguez. Le chanteur, entiché de musique grâce à la guitare de son père, écrit les banlieues ouvrières de cette Amérique que l’on oublie parfois. Ses textes sont aussi poétiques que politiques et sa voix attire rapidement les chasseurs de succès. Pourtant, après deux albums sortis en 1969 et 1971, les honneurs attendus ne sont pas aux rendez-vous. Sixto Rodriguez, toujours ouvrier, abandonne sa carrière musicale et disparaît de la scène publique. 


Une icône ressuscitée

Pendant ce temps, l’Afrique du sud s’ébranle, toute coupée du monde qu’elle est. La musique de Sixto Rodriguez y arrive, par le hasard d’un disque oublié dans la valise d’une touriste américaine. Une génération privée de liberté reprend Sugar man, l’histoire d’un dealer américain. Rapidement censuré, il devient un étendard pour les rares afrikaners qui luttent contre l’apartheid. D’aucuns le comparent à Bob Dylan et il vend plus de 500 000 albums, devenant, sans le savoir, une véritable icône de la « nation arc en ciel ».
Dans les années 90, un vendeur de disque et un journaliste musical, tous deux Sud-Africains, veulent en savoir plus sur ce mystérieux artiste. Ils le pensent mort, suicidé sur scène, immolé ou victime d’une overdose en prison. Leur démarche d’enquête constitue la base du documentaire de Malik Bendjelloul. Les pérégrinations de ces fans de la première heure nous mènent doucement vers la révélation : Sixto Rodriguez n’est pas mort. Il travaille dans la démolition, toujours bien arrimé au bitume de la Motown qu’il décrivait dans ses chansons. La suite, émouvante quoiqu’un peu galvaudée, raconte la rencontre des deux protagonistes avec Sixto Rodriguez, sa vie modeste dans la ville du moteur puis la consécration, enfin, de ce musicien talentueux. A l’initiative des deux acolytes, il découvre son public, immense et passionné, lors d’une tournée en Afrique du sud en 1998.

Un documentaire original et passionnant

Malik Bendjelloul signe un documentaire presque à la hauteur du talent de Sixto Rodriguez. Les témoignages sont bien choisis, émouvants sans être complaisants. Les images sont soignées et la bande son – signée Rodriguez – ravira les amateurs de folk. La première partie du documentaire souffre parfois de longueurs, et quelques images prétextes – qui viennent pallier le défaut d’images d’archive de l’artiste – gâchent un esthétisme par ailleurs bien maîtrisé. On regrette que le documentaire soit quelque peu romancé. En effet, Sixto Rodriguez n’ignorait pas tout de son succès puisqu’il avait effectué plusieurs tournées en Australie au début des années 80 avant d’abandonner effectivement la musique. Malik Bendjelloul occulte complètement cette partie de la carrière de Sixto Rodriguez. L’histoire, vraie, se suffisait à elle-même. Le résultat est toutefois convaincant et le rythme ne souffre pas trop des quelques excès de Bendjelloul et la seule découverte du trop peu connu Rodriguez est un argument suffisant pour aller voir Sugar Man.

Concerts : le marché européen n’a plus la cote

Chargés d’organiser les tournées, les managers de groupes américains font face à la crise de la zone euro et préfèrent se concentrer sur des marchés lucratifs tels l’Australie, l’Asie ou l’Amérique latine, plutôt que de prendre un risque en Europe.

Quel est le point commun entre Metallica, les Red Hot Chili Peppers et Bruce Springsteen ? Ils sont américains, et veulent se faire payer en dollars. La crise affaiblit considérablement la monnaie européenne, malgré les efforts du duo franco-allemand. L’organisation d’une tournée en Europe devient par conséquent de plus en plus risqué pour les managers en termes de rentabilité.

Prévue en 2013, la tournée européenne de Metallica a été avancée en 2012 pour éviter d’être embourbée dans les problèmes économiques de l’Europe. « Vous devez vous demander quel est le meilleur moment de faire quoi, quand et où » explique Cliff Burnstein, manager du groupe, dans le Wall Street Journal. Le déclin de l’euro rend difficile, pour les pays utilisant cette monnaie, de payer les frais demandés.

L’économie du rock’n’roll américain

Depuis le début de la crise en 2008, les managers prennent donc soin de bien regarder des détails relatifs à l’économie, tels les taux de change ou les tendances économiques, avant de conclure un contrat avec des promoteurs de concert.

« Un dollar faible est la meilleure chose pour le rock’n’roll américain » observe William Zysblat, fondateur de RZO Productions qui a géré des tournées de U2, David Bowie, The Police ou les Rolling Stones. Sachant que 75% des revenus des groupes tel que Metallica proviennent des tournées à l’étranger, l’enjeu est crucial. « Dans les prochaines années, le dollar sera plus fort et l’euro plus faible, prévoit M. Burnstein. Je veux profiter de cela en jouant plus de concerts européens maintenant, parce qu’ils seront plus rentables pour nous ».

Le vieux continent connaît une inflation du prix des places de concert. « A cause des taux de change, les prix en Europe sont beaucoup plus élevés, et ce n’est pas une situation soutenable » explique Cliff Burnstein. Pour éviter de faire des tournées à perte, il existe deux solutions. La première est une augmentation pure et simple du prix des billets permettant ainsi de compenser d’éventuelles pertes liées à la monnaie. La seconde est de choisir si le groupe sera payé en dollar, en euro ou en une combinaison des deux, tout en se réservant la possibilité de bloquer les transactions au taux préférentiel.

« On est un produit d’exportation américain au même titre que Coca-Cola » Cliff Burnstein, manager de Metallica

Comme l’Europe ne représente plus un terrain propice, les groupes vont voir ailleurs. « On est un produit d’exportation américain au même titre que Coca-Cola. On va sur les meilleurs marchés » reconnaît le manager de Metallica. En 2013, les groupes de heavy metal dont il s’occupe iront enthousiasmer les foules d’Asie du Sud-Est, d’Amérique latine et d’Australie. Mais pas en Afrique, faute d’infrastructures et de potentiel de rentabilité.

Ayant déjà attiré, entre autres, les Red Hot Chili Peppers (en Amérique du Sud), ou Bob Dylan (en Asie), ces marchés sont donc des nouvelles terres d’accueil pour musiciens prudents.