Romain Ferrara: « Pour moi, Raymond Couderc est le meilleur candidat »

Rencontre avec Romain Ferrara, étudiant en Master 1 droit des affaires à Montpellier, et responsable des jeunes[[entre 16 et 30 ans]] UMP du département héraultais.

« J’ai incité mes parents à prendre leur carte UMP »

Haut courant : D’où vient votre engagement au mouvement des jeunes populaires ?

R.F. : Je me suis engagé à l’UMP en 2005, après les manifestations anti CPE. J’étais en Terminale et mon lycée (Paul Valéry à Sète) était bloqué. J’avais pris la parole dans des Assemblées Générales et exprimé mes opinions. J’ai senti qu’il se passait quelque chose. En mobilisant un peu de monde, on avait réussi à débloquer le lycée. Puis, j’ai rencontré des sympathisants et des militants de l’UMP.

Haut courant : Dans votre famille, est-ce qu’il y avait un engagement politique?

R.F. : Non pas du tout. Mes parents sont plutôt à droite mais j’étais encarté avant eux et je les ai incités à adhérer au parti. Ce ne sont pas eux qui m’ont inculqué une quelconque doctrine.

HC : Faites-vous partie d’autres organisations?

R.F. : J’ai été membre du mouvement étudiant UNI, la droite universitaire. Il a été récemment remplacé par le Mét (Mouvement des étudiants). Je suis le président fondateur du Saint Vincent Club, un club épicurien. Nos membres ont entre 18 et 25 ans. Des jeunes qui s’intéressent au vin et aux produits du terroir. Nous faisons des rencontres dans des domaines viticoles de la région, des dégustations.

« Georges Frêche a fait de bonnes choses mais il est fini »

HC : Comment militez-vous pour les régionales 2010?

R.F. : On accompagne Raymond Couderc (maire de Béziers et candidat UMP aux élections régionales) dans les forums thématiques qu’il mène dans toute la région. On distribue des tracts sur les marchés, on discute avec les proches et les amis. La politique est une interaction, pour échanger des idées et convaincre les gens. On porte aussi le projet de Raymond Couderc via Internet. Tous les moyens sont utilisés. Contrairement à Georges Frêche qui fait un meeting par département et reste centré sur Montpellier, notre candidat va vraiment dans chaque département, notamment ceux qui sont mis à l’écart et oubliés par le Président du Conseil Régional. Chaque section jeune, par département, a travaillé sur un thème différent. Pour l’Hérault, c’était l’éducation et le logement. On s’est donc réunis pour remettre à Raymond Couderc notre livre blanc lors d’une Convention régionale. Il s’en est servi pour élaborer son programme. La politique chez les Jeunes UMP, ce n’est pas uniquement faire la clape dans des meetings.

HC : Quelles en sont les grandes lignes?

R.F. : Une des lignes principales de la campagne est la tournée des oubliés. Georges Frêche, ancien maire et député de Montpellier, a beaucoup fait pour la capitale de la région Languedoc-Roussillon et ses alentours, mais il a complètement délaissé les Pyrénées-Orientales et la Lozère par exemple. Dans notre région, tout le monde contribue à l’énorme effort fiscal. Mais pour la redistribution, tout est centré sur Montpellier. La ville est pour lui une vitrine sur laquelle il s’appuie. C’est pour cela que les montpelliérains le porte dans leur coeur. Il a encore une notoriété extraordinaire. Mais, allez en parler à des catalans ou des lozériens…

HC : Mais le programme en lui-même?

R.F. : C’est donc rééquilibrer le budget du conseil régional. La communication a un budget qui a explosé. Elle est passée de 12 millions d’euros à 95 millions d’euros en cinq ans. Quant au budget du tourisme, il est ridiculement bas. Pour ce qui est des Maisons du Languedoc notamment à Shanghai et à New-York, elles coûtent 25 OOO euros par jour mais ne rapportent rien ! Il faudrait soit les supprimer soit les repenser, comme un lieu interactif et non comme une grande affiche publicitaire. Un lieu où les producteurs puissent vendre leurs produits. Des acheteurs locaux pourraient passer des commandes pour des vins languedociens.

HC : Et le Label Sud De France, qu’en pensez-vous?

R.F. : C’est bien d’avoir une marque régionale pour développer ses produits mais ça a été très mal utilisé. Aujourd’hui, on a du jambon Serrano sous la marque Sud de France alors que ce n’est pas produit en Languedoc, cela n’a pas de sens. Si une intoxication alimentaire survient, toute la marque en pâtira, alors que nos producteurs n’y sont pour rien. Elle perd de son authenticité en se banalisant ainsi. Je suis en désaccord avec l’Express notamment, qui a décrit cette marque comme un des points forts du bilan de Georges Frêche.

HC : Pensez-vous que Raymond Couderc soit le meilleur candidat pour les régionales?

R.F. : Pour moi c’est le meilleur, et il a une expérience concluante à Béziers. Comme Frêche à Montpellier certes, mais le Président de région a un mauvais bilan. Je respecte l’homme. Je ne suis pas le Jeune UMP qui va casser du sucre sur son dos. Ce qui est choquant, c’est ce qu’il est en train de devenir et les bourdes qu’il fait à répétition. Il a peut être fait de bonnes choses mais il est fini. Il doit passer la main.

HC : Finalement, la campagne des régionales tourne autour de Frêche ?

R.F. : Non du tout. Je n’aime pas ces campagnes qui se fixent sur un adversaire. C’est stérile. Raymond Couderc a un programme construit. Il pointe les points noirs du bilan de Georges Frêche mais c’est de bonne guerre et il faut informer l’électorat. Je pense que Frêche se saborde tout seul. Même son parti le critique, on ne va donc pas en rajouter.

HC : Raymond Couderc avait soutenu en 1998 la liste de Jacques Blanc qui s’était associé au FN, cela ne vous dérange pas?

R.F. : Non. Je n’étais pas là, et je ne sais pas comment ça s’est passé. Ils se sont certes réunis pour une élection, mais ce n’est pas parce qu’il y a un ou deux conseillers régionaux du FN, que le programme du parti sera appliqué au sein de notre région ! Je comprends toutefois que cela ait pu faire polémique. Je vois mal Raymond Couderc s’allier avec la fille d’Alain Jamet (ndlr. Président du Front National de la Région Languedoc-Roussillon).

HC : Que pensez-vous de la position de Christian Jeanjean (Maire UMP de Palavas), candidat divers droite qui se présente face à Couderc?

R.F. : C’est vraiment dommage qu’il y ait cette scission mais elle ne représente vraiment pas grand-chose. Elle est de l’ordre de 3 ou 4%, il ne passera pas le premier tour. Ce n’est pas un adversaire dont on doit se méfier.

HC : Dans la mesure où la majorité des régions est à gauche, est-ce que vous élaborez une stratégie entre jeunes de différentes régions?

R.F. : Tous les mois environ, on se retrouve à Paris avec chaque responsable départemental. On rencontre des ministres et des cadres du parti. On échange sur la façon de mener campagne et l’on se donne des conseils mutuels.

HC : En tant que jeune, êtes-vous bien placé dans le parti? Et y-a-il une oligarchie?

R.F. : Ils nous laissent notre chance. Pour les régionales, on a pas mal de jeunes qui sont sur les listes. Bien plus que chez les socialistes. J’ai deux amis qui sont 17 et 20ème sur la liste dans l’Hérault, et ils ont 23 et 24 ans.

« J’ai des jeunes qui trouvent que l’on n’est pas assez à droite »

HC : Que pensez-vous de la politique nationale de l’UMP?

R.F. :Je suis resté fidèle à notre Président. Contrairement à certains déçus, je me reconnais tout à fait dans le Nicolas Sarkozy qui a été élu en 2007. Il y a bien sûr des choses qui peuvent choquer sur la forme, des façons de faire, des affaires et des scandales, mais c’est sa politique qu’il faut regarder. Dans le fond, les réformes sont fidèles au programme présidentiel.

HC : Vous appuyez-vous sur son bilan pour faire campagne?

R.F. : Pour les régionales, non. C’est une collectivité locale et les grandes orientations du national ne pèsent pas vraiment sur la façon dont on gère une collectivité.

HC : Qu’est-ce que vous pensez de la « Fnisation » de l’UMP?

R.F. : Je n’en pense pas grand-chose parce que je ne la vois pas. Vous parlez du national ? Moi, j’entends plutôt l’inverse. J’ai des jeunes qui trouvent que l’on n’est pas assez à droite parce que l’on se tourne aussi vers la Gauche Moderne. Pour les questions d’immigration, ils estiment le ministère de l’Immigration pas assez radical.

HC : Quel regard portez-vous sur l’alliance de l’UMP avec le Mouvement Pour la France de Philippe de Villiers?

R.F. : Le MPF, j’en suis un peu loin. Ils ont rejoint la majorité pour cette élection mais ce n’est pas l’UMP pour autant. Il faut se battre ensemble quand on voit qu’il n’y a que deux régions qui sont à droite.

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Peut-on croire le sondage vérité ?

Le « sondage vérité » sur les intentions de vote aux élections régionales, publié le 09 février 2010 par Midi Libre, revu et corrigé par Aurélia Troupel, docteur en sociologie politique et professeur à l’Université Montpellier I.

Des chiffres sans surprises ressortent du sondage commandité par Midi Libre, L’Indépendant et France Bleu. L’enquête réalisée positionne, au premier tour, Georges Frêche (Divers Gauche) en tête avec 31% des intentions de vote ; suivi par Raymond Couderc (UMP) à 21% ; puis Hélène Mandroux (Parti socialiste) et Jean-Louis Roumégas (Europe Écologie) se talonnent respectivement à 11 et 10% (dans l’hypothèse où ces derniers ne font pas liste commune). Quant au second tour, pas de nouveautés là non plus : Georges Frêche arrive toujours en tête avec 40% des intentions de vote, suivi par une alliance Roumégas/Mandroux à 30 %, et par Raymond Couderc, 30% également.

Selon l’analyse de Midi Libre, Georges Frêche sortirait vainqueur de la polémique dont il a fait l’objet. En cas d’alliance PS-Europe Écologie, Hélène Mandroux serait plus convaincante en tête de liste que Jean-Louis Roumégas. En revanche, si chacun fait cavalier seul, Midi Libre parle d’«un léger avantage» de l’édile de Montpellier sur le candidat Vert.

Aurélia Troupel a une interprétation différente de ces chiffres : «le vrai enseignement que l’on peut tirer de ce sondage est que Jean-Louis Roumégas bénéficie d’un capital de notoriété conséquent. C’est un coup dur pour Hélène Mandroux». Ainsi, d’après ce sondage, Europe Écologie est en position de force et n’aurait pas grand intérêt à faire une alliance avec la tête de liste PS. «Politiquement, elle est dans une situation périlleuse. Dernièrement affaiblie, elle n’a pas pu faire voter le budget de sa propre commune. Elle joue beaucoup dans la bataille, et faire un bon score lui permettrait de retrouver une légitimité», rajoute l’enseignante. Ce sondage ne va pas faciliter les tractations entre Europe Écologie et les socialistes, et «va continuer à faire monter les enchères». Quant à Georges Frêche, ces 40% ne lui garantissent pas forcément la victoire : à un mois et demi du vote du premier tour, peut-être a-t-il atteint son score maximum? «Il y a encore une large part d’indécis qui peut tout changer. Même si le Languedoc Roussillon a une forte identité régionale et que l’abstention est rarement la plus élevée.». Autre constat: «cela va être difficile pour la droite
»

«Les sondages ne sont jamais fiables à 100%», souligne néanmoins Aurélia Troupel : «en aucun cas, ils ne modifient le vote car les effets qu’ils provoquent s’annulent». Ceux-ci se comptent au nombre de trois. Le premier : «l’électeur voit son candidat vainqueur et juge inutile d’aller voter». A contrario, voyant son «poulain» en difficulté, il va le soutenir en votant pour lui. Dernier effet, le vote utile : par exemple,«l’électeur soutient Hélène Mandroux mais va voter Georges Frêche sachant qu’il a plus chance d’être élu».

Il faut donc rester prudent dans l’interprétation de ce sondage. La campagne officielle des élections régionales n’a pas encore commencé, les programmes n’ont pas été rendus publics, les listes ne sont pas déposées, et le taux d’abstention peut jouer des tours. Et la sociologue d’ajouter : «tout peut encore basculer !». Surtout en Languedoc-Roussillon où les rebondissements ne manquent pas…

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Raymond Courderc lance la tournée des « Oubliés » en Languedoc-Roussillon

L’UMP a dévoilé dimanche 31 janvier ses listes électorales pour les régionales de mars. Parallèlement, Raymond Couderc, désigné tête de liste par les militants en janvier 2009 entame une tournée à travers la région. L’objectif ? Donner la parole aux « Oubliés du développement régional »… et prendre ses distances avec la métropole montpelliéraine de Georges Frêche.

Jeanjean lance sa campagne au Mas-Drevon

Samedi 30 janvier, Christian Jeanjean inaugurait sa permanence de campagne rue Pedro-de-Luna à Montpellier. Suspendu par la majorité présidentielle pour avoir maintenu sa candidature face à l’investi Raymond Couderc, le maire de Palavas-les-Flots a présenté les grands axes de son programme.

Une candidature pour l’honneur

Le feuilleton politico-médiatique a agité la région pendant plusieurs semaines l’an dernier. Malgré la désignation, après vote interne à l’UMP, de Raymond Couderc comme tête de liste pour les régionales, Christian Jeanjean a choisi de maintenir sa candidature. Prenant acte de la victoire du sénateur-maire de Béziers aux primaires, le parti présidentiel a choisi de suspendre sine die M.Jeanjean le 7 juillet dernier. L’heure de la réconciliation n’a toujours pas sonné d’ailleurs. Le Palavasien attend le délibéré du tribunal d’instance de Paris, le 9 mars prochain, dans le litige qui l’oppose aux instances nationales du parti sur la validité de ces primaires.

Pour M.Jeanjean, les régionales 2010 sont aussi une question d’honneur. Sur son site de campagne, un onglet renvoie à une lettre que lui a adressé Raymond Couderc au lendemain des municipales de 2008. Dans cette missive, M.Couderc s’engage à deux reprises: «je ne suis pas candidat à la candidature pour les régionales». Pour l’édile de Palavas, cette lettre laissait le champ libre pour affronter Georges Frêche. Un souhait qui l’avait poussé à laisser son siège de député de l’Hérault en 2007. Ses ambitions ont été balayées, et sa dissidence rend peu probable une victoire le 22 mars prochain. Mais sa volonté de se présenter devant les électeurs est demeurée intacte.

Proposer plutôt qu’affronter

Une bonne centaine de supporters étaient présents, samedi 30 janvier, pour l’inauguration de la permanence de campagne de M. Jeanjean. Le modeste local est situé au milieu des commerces du Mas-Drevon. Et le staff du candidat Divers Droite veillait particulièrement à ne pas encombrer les artisans. M.Jeanjean a même achevé son discours en s’excusant auprès d’eux, et en s’engageant à favoriser le petit commerce s’il accède à la tête de la région.

Avant ça, le maire de Palavas-les-Flots a abordé pendant une trentaine de minutes les grands points de son programme électoral. Il a notamment promis d’agir pour l’agriculture: «Dans chaque département, nous lancerons de grands chantiers pour la pêche et pour la viticulture». En appellant à la création d’emplois dans le domaine environnemental, Christian Jeanjean a confirmé l’une des principales orientations de sa campagne: faire du développement durable un atout pour l’économie régionale. A ce sujet, il mise aussi sur le tourisme: «Notre région doit attirer, sur ses côtes comme dans l’arrière-pays». Pour autant, le candidat se veut réaliste sur le financement de la gestion qu’il envisage: «Nous avons des projets en quantité, mais il nous faudra les mener dans la rigueur. Notre région doit faire mieux que dans le passé.» Largement applaudi, M. Jeanjean a été à peine interrompu, au début de son discours, par une opposante, qui l’a qualifié de« menteur».

Dans une campagne qui, on l’a vu ces derniers jours, a été marquée par les règlements de comptes entre candidats, M. Jeanjean a surpris par sa sérénité face à ses concurrents. S’il a fustigé le bilan de Georges Frêche, il a fait à peine allusion à son frère ennemi, Raymond Couderc. Une modération qui a séduit ses fidèles: «Les autres listes n’échangent plus, elles se tapent dessus. Jeanjean, lui, au moins, il a un programme», assure une militante. Pour Aimée, habitante de Palavas, Christian Jeanjean a du courage de mener cette lutte seul: «Il a eu le même courage, en 2004, quand il a quitté l’agglomération de Montpellier pour montrer son désaccord à la politique de Frêche. Cela ne lui a apporté que des succès». Patrice, de Montpellier, est lui convaincu par le candidat Jeanjean: «Il s’est exprimé pour une vraie relance du Languedoc-Roussillon, avec une politique concrète pour la viticulture. Notre région a besoin de changement et il en propose».

Jeanjean l’inattendu?

Dans le sondage de la Sofres, commandité par le Parti Socialiste, la liste d’Union républicaine et populaire de Christian Jeanjean est créditée de seulement 4% des suffrages. Un score faible qui fait douter d’emblée sur la capacité du candidat Divers Droite à peser dans les tractations du second tour. Ce dernier s’est pourtant toujours défendu d’être un candidat « pantin« , assurant même, dans une interview à Midi-Libre le 16 janvier dernier, avoir eu vent «que Frêche venait de réunir son staff de campagne pour lui faire part des inquiétudes que je lui inspire». A ceux qui le disaient dans l’incapacité de former des listes pour les prochaines régionales, Christian Jeanjean, entouré de ses têtes de listes, a répondu samedi: «Nous avons réussi à monter une liste dans chacun des départements.» Réussira-t-il aussi à contredire les statistiques? Réponse le 14 mars prochain.

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Mis à jour le 1er février à 10h00

A Montpellier, Frédéric Lefebvre se livre à une attaque en règle contre Georges Frêche, « l’homme de la double outrance »

Lundi 14 décembre, Raymond Couderc, sénateur-maire de Béziers et tête de liste UMP pour les prochaines élections régionales de mars 2010 en Languedoc-Roussillon, inaugurait sa permanence, non loin de la place de la Comédie. Pour l’occasion, le candidat a reçu le soutien de Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP.

« La place de la Comédie n’a jamais aussi bien porté son nom qu’aujourd’hui, avec un président de région qui ne cesse de faire le comédien tous les jours ! ». Les propos de Frédéric Lefebvre donnent rapidement le ton et la nature de son discours : une attaque en règle du bilan et de la personne de Georges Frêche.

Il faut dire qu’au regard du contexte, il pouvait difficilement en être autrement. La venue du porte-parole intervient en effet quatre jours après le dépôt d’une plainte pour diffamation de Georges Frêche contre Éric Besson, ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale et Frédéric Lefebvre. Une plainte qui vient se rajouter aux offensives de la fin du mois de novembre quand le porte parole du parti présidentiel avait choisit de décerner au président de la région Languedoc-Roussillon deux « satanas d’or », trophées de l’UMP liés à la fiscalité régionale.

« L’homme de la double outrance »

Dans ce climat délétère, le discours de Frédéric Lefebvre a donc été sans vraies surprises. « Georges Frêche est l’homme de la double outrance » a-t-il asséné à plusieurs reprises. Pour le porte-parole de l’UMP, les élections régionales de mars 2010 sont l’occasion de « tourner une page qui s’assombrit de jours en jours ». Mais, visiblement peu à l’aise lorsqu’il s’agit d’évoquer avec précision le bilan chiffré de la politique fiscale de la région, Frédéric Lefebvre délaisse rapidement les aspects techniques du discours pour ne se concentrer que sur la personne de George Frêche.

Il est sûr que dans cet exercice, le proche de Nicolas Sarkozy excelle. « Les socialistes du Languedoc-Roussillon doivent avoir honte » lâche-t-il devant un parterre de fidèles comblés. Et de s’interroger, « Peut-on continuer avec un homme qui méprise à ce point les gens ? ».

L’occasion pour M. Lefebvre de revenir sur la plainte en diffamation déposée contre lui. « C’est une opération d’intimidation, de diversion, une manœuvre scandaleuse, s’emporte-t-il, il s’agit là de méthodes d’un autre âge ». D’autant plus que le président de région « a la plainte sélective ». Une raillerie qui vise directement le Parti socialiste, et notamment Arnaud Montebourg qui avait jugé « inacceptable » le soutien de son parti à Georges Frêche. « Pourquoi n’a-t-il pas déposé plaine contre lui ? » s’est faussement interrogé Frédéric Lefebvre.

En concluant son discours, le membre de la majorité s’est adressé directement à Raymond Couderc. « Raymond, on a besoin de toi, il est temps qu’il y ait à la tête de la région quelqu’un qui travaille plutôt que quelqu’un qui parle mal » lui a-t-il lancé.

« Une région apaisée »

Dans son discours, précédant celui de Frédéric Lefebvre, le tête de liste UMP s’était voulu moins offensif à l’égard de son adversaire, allant même jusqu’à s’inquiéter de son état de santé. « Je lui souhaite mes vœux de prompt rétablissement, car je veux une victoire avec panache » a jugé le sénateur-maire de Béziers.

Ponctués de « nous voulons » ses propos se sont portés en priorité vers les zones rurales de la région. « Nous voulons une région apaisée, qui ne soit pas montrée du doigt, une région qui se préoccupe de l’ensemble de son territoire, de ses habitants et non pas seulement de sa capitale » a exigé la tête de liste. Parmi ces préoccupations, la sécurité, thème phare de l’UMP, n’a pas été oubliée par Raymond Couderc : « Il faut développer la vidéosurveillance, dans les lycées et dans les transports publics, notamment dans le Ter ».

Un discours lissé, sans véhémence, qui contrastait habilement avec les propos à venir de Frédéric Lefebvre. Le porte parole de l’UMP est décidément bien dans son rôle.

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Le maire de Béziers sur les Roms : « Leur comportement pose problème »

Le maire est le plus proche élu des citoyens et mesure parfaitement les problèmes de sa commune. Raymond Couderc, qui entame son troisième mandat en tant que premier magistrat de Béziers, connaît bien évidement mieux que quiconque la situation des Roms et les difficultés que ces derniers provoquent ou sont supposés provoquer dans le Biterrois.

Où vivent les Roms de Béziers ?
Il y en a une partie qui habite à Cantagale, une autre à Revaut-le-Bas, c’est-à-dire sur la route de Maraussan. Ils se sont installés sur des terrains agricoles dans des zones inondables. L’installation ne s’est pas passée particulièrement bien et ils continuent de poser beaucoup de problèmes.

Subissez-vous des pressions d’élus ?
Pas des élus. Dans l’ensemble, il y a un certain consensus. En revanche, des gens en dehors de la mairie manipulent l’opinion en reprenant des idées d’extrême droite.

L’an dernier, vous avez refusé d’inscrire à l’école des enfants roms dont les parents habitent à Béziers.
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Je ne peux pas reconnaître qu’ils habitent là, c’est pas possible. Si je le reconnais, j’admets qu’ils sont en zone inondable. Imaginez qu’il y ait de fortes pluies et que ces gens soient emportés par la crue. On dira que le maire n’a rien fait pour les faire partir. J’ai donc refusé de les scolariser tant qu’ils étaient en zone rouge. J’ai été attaqué au tribunal administratif et, comme les textes indiquent clairement que l’on doit scolariser tous les enfants de la commune, j’ai cédé. Mais au cas où il y aurait un accident grave, je pourrais toujours me dire que j’ai fais le maximum pour l’empêcher.

Certains Roms veulent se sédentariser, pourquoi n’ont-ils pas accès aux HLM ?
On n’en a déjà pas pour les gens qui en demandent depuis longtemps ! Aujourd’hui, un quart des demandes de logements sociaux sont satisfaites après quatre à cinq ans d’attente, alors je ne vois pas pourquoi je privilégierais les Roms qui arrivent au dernier moment. Il faut un ordre, une justice, respecter une priorité.

« Ce n’est pas en venant à Béziers que leur problème sera réglé. »

Le problème se pose également avec la banque alimentaire.
C’est dans le même esprit que ce que je viens de dire. Si on leur donne tous les services, tous les avantages, pourquoi vont-ils aller s’embêter à trouver autre chose qu’en zone inondable ? Je ne veux pas faciliter, encourager les installations dans ces conditions. Les gens qui sont en règle, c’est normal qu’ils aient droit à quoi tout le monde a droit…

Comment les Biterrois perçoivent-ils les Roms ?
Très mal. En ville, leur comportement pose problème, ils pratiquent la mendicité avec insistance, ils ne restent pas en arrière mais vous accrochent le bras. Les personnes âgées sont très inquiètes, elles ont peur. Par contre, pour les enfants finalement scolarisés dans les écoles, je n’ai jamais eu d’écho particulier.

Les Roms sont souvent sans-papiers et ont l’impression d’être chassés, même de leur pays d’origine, en particulier après les guerres en Yougoslavie.
Ce n’est pas vrai, ils ne sont pas chassés, ils viennent de Roumanie. Leurs conditions de vie sont probablement plus difficiles là-bas qu’ici. Que les Roms de Roumanie soient mal vus chez eux, qu’ils aient les mêmes difficultés que les Maghrébins ici, c’est probable. Mais ce n’est pas en venant à Béziers que leur problème sera réglé. La ville est suffisamment en difficulté avec une population déjà très paupérisée, pas la peine d’en rajouter !

Les communes de 5 000 habitants doivent installer une aire d’accueil. Pourquoi n’y en-t-il pas à Béziers ?
La procédure est engagée depuis dix ans mais nous nous battons contre les associations de riverains qui ont fait annuler le premier permis de construire. On est allé jusqu’en cour administrative d’appel. Les recommandations qui nous ont été faites ont conclu qu’il fallait un terrain plus grand, donc il y aurait nécessité d’exproprier. J’espère que l’aire se fera si je suis réélu[[L’entretien a été réalisé avant la ré-élection de Raymond Couderc. Le 9 mars, il a obtenu 52 % des suffrages au premier tour de la municipale.]].

Le moyen de les intégrer est de construire ce fameux campement.
Justement, nous demandons le permis de construire et des demandes de subventions. Le Biterrois est une aire de grand passage. J’ai proposé que le camp soit sur notre ville à condition que l’État nous aide pour remettre en ordre le secteur de Cantagale.

Où sera le campement ?
À Cantagale, il y aura une dizaine d’hectares près de la RN 113. Les services de l’État, après avoir été enthousiastes, sont aujourd’hui très réticents, ils n’ont plus un rond. Il faut installer l’eau, l’assainissement et tout. Cela coûtera beaucoup d’argent, plusieurs millions d’euros.

La difficile intégration des Roms de Béziers

Jean-Philippe Turpin, militant à la Cimade de Béziers (Comité inter mouvements auprès des évacués) fait partie d’un collectif de soutien aux quatre-vingts Roms installés à Revaut-le-Bas, sur la route de Maraussan, à l’est de Béziers. La plupart viennent des pays de l’ex-Yougoslavie et d’Italie. L’ABCR (Association biterroise contre le racisme) est également membre du collectif. Par ailleurs, Jean-Philippe Turpin dirige le Cada (Centre d’accueil des demandeurs d’asiles).

Une des interventions remarquables de la Cimade remonte au 17 mai 2006, jour d’une descente de police musclée où tous les hommes ont été embarqués privant ainsi leur famille (au sens large) de l’unique source de revenu. Le collectif a aidé les familles à organiser leur défense, à trouver des avocats et, au quotidien, à régler les problèmes administratifs et répondre à la survie élémentaire. Jean-Philippe Turpin témoigne : « La mairie de Béziers a, par exemple, la particularité de gérer elle-même la banque alimentaire mais prive les Roms de ses services. Nous sommes obligés de recueillir la nourriture par des associations pour la redistribuer. » Il a des mots très durs envers le pouvoir municipal. Le refus de Raymond Couderc, premier magistrat de la ville, de scolariser des enfants roms à la rentrée de septembre 2006 a conduit les familles au tribunal[ [Voir la réponse de Raymond Courderc, maire de Béziers ]]. « Les Roms n’en revenaient pas d’être de l’autre côté de la barre. » En plus, ils ont gagné !

Ignorants les règles de droit français, ils reçoivent des conseils juridiques et pratiques sur le mode de vie en France. Un d’entre eux, la trentaine et apatride, précise que ses origines sont indiennes. Il est né en Italie, ses enfants en France. « Le Rom veut travailler, mais sans papiers, c’est difficile. On vit des aides, souvent, je travaille au noir, pour les travaux de la maison, du jardin, ou dans les voitures d’occasion. » Il reconnaît que certains membres de sa communauté « volent pour pouvoir acheter du pain aux enfants. » Cela explique, sans doute, les tensions avec certains Gadjé (non-Roms). « Il y en a des bons, des mauvais, des racistes, comme partout. » Mais ils ne doivent pas oublier, conclut celui qui se présente comme gitan par commodité de langage, que les Roms « sont des humains, comme les autres. »

« Je dois rentrer chez moi ? Mais je vais partir où ? »

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Le collectif organise une réunion spécialement pour les Roms un mardi sur deux. L’occasion d’exprimer les doléances et pour les associations de tenter de faire avancer les choses. A l’ordre du jour, la question de la collecte de vêtements, l’avancée de la souscription ou encore la possibilité d’avoir un jardin devant sa caravane pour cultiver de quoi se nourrir. Le vendeur de voitures d’occasion au noir est présent. Il assure la traduction pour la communauté. Entre eux, ils parlent romani, la langue des Roms, mais aussi italien pour se rappeler où ils sont nés. Le ton monte lorsque Nadia Chaumont, chargée de la scolarité et membre de l’ABCR, explique qu’un enfant a été violemment frappé par de jeunes Roms à l’école. L’information n’est pas claire mais, vite, une femme rom se plaint du mauvais traitement que font subir les Gadjé à sa fille collégienne. Elle refuse d’envoyer sa fille au collège car elle a déjà commencé à fumer. La mère craint qu’elle ne passe bientôt au cannabis. Jean-Philippe Turpin rappelle l’importance de la scolarité des enfants, seul véritable moyen de prouver l’intégration des parents.

Là dessus, une mauvaise nouvelle. La préfecture serait sur le point de proposer aux Roms de rentrer chez eux par le biais de l’aide au retour volontaire. Cela concerne les habitants de Mercourant, sur la route de Bédarieux, de l’autre côté de la ville. La proposition vaut aussi pour ceux de la route de Maraussan et de Cantagale. Après échange, le traducteur gitan précise qu’aucun des siens n’accepterait cette offre. Apatride, il souligne, tout sourire : « Je dois rentrer chez moi ? Mais je vais partir où ? » Comme si chez lui, c’était au bord de la route de Maraussan. Et nulle part ailleurs.